La jeune femme marchait tranquillement dans les allées du cimetière. Il n'était pas rare de la trouver sur place. En effet, Ambrosia y venait régulièrement pour parler à sa consoeur. Certes, c'était plus un monologue pour soi même qu'autre chose mais cela lui faisait du bien. Elle avait l'impression que sa "parente" la protégeait de cette manière.

Clérius était aussi enterré dans cet endroit. La mage rouge avait érigé par le passé, peu de temps après la quatrième guerre, un mausolée à sa gloire. D'ailleurs, le sien était juste à côté. Ainsi les deux amants damnés du passé étaient réunis. En bonne romantique, l'alchimiste espérait que son oncle ait retrouvé l'ange divin dans l'au delà après tant d'années de séparation.

Ambrosia ignorait qu'à la veille de sa mort, Alicia aimait un autre homme : Kharl Navras. Mais cela ne changerait rien à la vénération qu'elle avait pour l'ancienne chef de son ordre. Certes sa mort avait causé de terribles dommages dans leurs rangs mais aussi dans tout Naturalia mais elle la respectait du plus profond de son coeur d'elfe.

Habillée d'une robe rouge, les cheveux chatains délicatement posés sur ses épaules, elle respirait la vie. Dans sa main droite, se trouvait un livre de potions. Elle avait envie de réviser un peu. Elle venait d'atteindre le rang d'archimage. Elle en était très fière mais refusait de se reposer sur ses lauriers. Elle arriva devant le mausolée de l'enchanteresse. Elle fit une révérence devant la statue de la défunte et allait lui parler quand elle ressentit une présence.

Se sentant en danger, la jeune femme se retourna pour voir qui était là. Sa main gauche avait rejoint sa dague empoisonnée cachée dans un pli de sa robe au niveau de sa hanche gauche juste au cas où... Elle repéra la sidhe sur le banc. Etait-elle venue rendre hommage à la même personne? Prise de curiosité, Ambrosia alla dans sa direction tout en restant sur ses gardes et demanda doucement :

"Vous êtes venue la saluer? Vous la connaissiez?"

Ses yeux verts jetèrent un regard vers le mausolée. Un sourire affectueux apparut sur ses lèvres lorsque son regard caressa le mausolée blanc de Clérius. Rapidement, elle revint vers l'inconnue pour entendre ses réponses.

La jeune femme sourit doucement. Son regard était légèrement fasciné par la beauté de son interlocutrice mais elle le cachait au plus possible afin de ne pas paraitre pour plus folle qu'elle ne l'est réellement. Elle se retourna vers le mausolée. Oui, il était d'un calme olympien et dégageait une force incommensurable. La légende racontait des artefacts ayant appartenu à l'enchanteresse avaient été enterrés avec elle. De ce fait, la magie y circulait à grands flots en attendant un ou nouveau(elle) propriétaire. Mais aucun mage rouge ne chercherait à voir si oui ou non c'était le cas. Tout le monde craignait de déclencher la colère de l'esprit de l'ange divin. Et puis, aucun alchimiste n'aimait la profanation.

"Ce n'est rien. J'y viens tous les jours."

Elle avait dit cela simplement. Oui, elle passait dire bonjour à Alicia et à Clérius depuis son arrivée à Naturalia. Elle n'en éprouvait aucune honte. Certains dans la Tour disaient qu'elle aurait mieux fait d'être mage noir si elle aimait tant la compagnie des morts. Mais Ambrosia était bien sûr pas d'accord. Elle appréciait juste réviser dans ce lieu où rien n'était jamais vraiment terminé. Elle n'était jamais dérangé et pouvait parler et demander conseil... même si elle n'obtenait jamais de réponses concrètes.

"Non. Vous pouvez rester ici. Cela fait plaisir de voir que d'autres que nous n'ont pas oublié l'ange divin."

Oui, c'était bien là sa terreur ultime. Qu'on oublie sa famille et son ancienne chef... Qu'un voile incommensurable prenne place sur le passé afin que l'avenir règne. Elle ferait en sorte que cela n'arrive jamais. Mais c'était parfois difficile, certains voulant trop changer l'ordre des choses dans la Tour Naturelle à son gout. Elle lui sourit doucement et murmura :

"J'ai oublié de me présenter. Je me prénomme Ambrosia Mayfair et vous?"

Après tout, ce lieu appelait à la confidence et elle n'avait pas honte de son identité. Elle risquait d'entrainer une multitude de questions mais elle en avait l'habitude.

"Avez-vous des votres enterrés ici?"

Son uniforme ne lui disait trop rien mais il faut bien avouer que tout à son art, l'alchimiste a oublié d'apprendre les bases de discernement des autres ordres... Elle espérait bien que l'inconnue éclaircisse un peu sa lanterne sans qu'elle lui demande trop franchement car la honte risquait d'empourprer alors ses joues.

La jeune femme sourit doucement. Oh oui Alicia Mayfair avait marqué l'histoire de Nelberaid. Elle avait après tout tuer le chef des mages noirs lors de la quatrième guerre et avait ensuite dirigé les mages rouges. Son alliance avec Doukas, le chef des mages blancs et les invoqueurs étaient connus de tous. Sa nature d'ange avait surpris nombre de villageois... Et sa mort avait attristé bien plus que les mages rouges. Il parait même que certains mages noirs, encore en vie, avaient salué avec respect la fin d'un être exceptionnel.

"Sa mort a marqué à jamais les esprits et les terres de Nelberaid."

Oui, la mort avait libéré le pouvoir contenu de l'enchanteresse. Sa ressource inépuisable de magie avait toujours forcé l'envie ou l'admiration. Mais personne n'avait supposé à quel point elle avait été un catalyseur jusqu'à les rayons lumineux quittent son corps et vinrent pulvériser la Tour Sanglante et une partie de la Tour Naturelle. Elle frissonna. Elle n'avait pas été présente lors de la sixième guerre mais y repenser la plongeait toujours dans une angoisse profonde et son coeur lui faisait à chaque fois douloureusement mal.

"Enchantée Miranda."

Ambrosia fut rassurée de ne pas subir quelques questions. Il était toujours compliqué pour elle de se confier. Elle préférait en apprendre sur les autres, plutôt que d'en dire plus sur elle. L'alchimiste lui sourit doucement. Elle se retourna vers la tombe de l'ange divin puis ses yeux verts vinrent caresser avec amour la tombe de Clérius.

"Alicia Mayfair appartient à tous les gens en quête de justice et appartenant à l'ordre des robes rouges. Elle est un symbole. Certains viennent aussi ici pour être sûrs que personne n'a ombragé sa légende en dégradant son mausolée. Nous avons tous peur qu'un jour des mages noirs viennent piller ce lieu."

La légende voulait que celui-ci soit protégé par la magie de l'ange divin voire même par son fantôme. Mais Ambrosia n'avait pas envie qu'on vienne déranger son repos éternel. Elle avait assez souffert pour cela.

"Mais vous avez raison, j'ai de la famille sur place. Vous voyez le mausolée blanc aux côtés de celui de l'enchanteresse, il appartient à mon oncle."

Pendant un moment elle avait nourri l'espoir d'être reliée à l'enchanteresse ultime. Pas d'une façon directe… Elle pensait en fait à sa mort. La libération de l'énergie magique qu'elle avait emmagasiné durant sa vie aurait pu expliquer son amnésie par exemple ainsi que la soudaine apparition de ses pouvoirs de shamans. Car elle s'en était assurée auprès de ses pairs, elle n'avait encore jamais fait partie de cet ordre. Malheureusement son amnésie et ses pouvoirs ne remontaient qu'à cinq années… Ce qui était difficilement justifiable par un fait datant de plus de 200 ans… Elle s'était tout de même soigneusement renseignée sur elle, espérant que ce déluge de magie soit à la source de sa vie actuelle. Peut-être que cela avait touché quelque chose de bien particulier qui avait eut une incidence sur elle. Un portail, un artefact, quelque chose…

La jeune femme ne chercha pas à développer les propos de la mage. Elle n'était ni en quête de justice et encore moins une mage rouge. Elle appartenait à une caste à part, presque parfois injustement associée aux nécromanciens à cause de leur affinité avec les morts… La sidhe n'avait jamais porté l'habit traditionnel des shamans en cinq ans, estimant que les esprits n'avaient aucunement besoin de cela pour venir lui parler. Quant aux vivants… Ils réagissaient suffisamment mal à cette tenue pour qu'elle estime qu'elle était plus dangereuse pour son porteur que pratique. Ambrosia devait bien se douter qu'elle n'était pas une mage rouge, elle la connaîtrait sinon, mais elle n'avait pas envie de lui dire ce qu'elle était vraiment…

-Si cela peut vous rassurer, je ne suis point venue piller ces lieux. Et les occupants actuels feraient probablement en sorte que les pillards se souviennent durement que l'on ne visite pas la dernière demeure d'autrui en toute impunité…

Tous les esprits n'avaient pas une puissance exceptionnelles ou, tout au moins, suffisante pour terrasser une bande de pilleurs de tombes. Mais un « essaim » d'esprits haineux pouvait parfois faire des ravages et dissuader une grande partie de la population d'aller fourrer leur nez là où ils ne devaient pas. La sidhe n'avait pas vu trace de l'illustre occupante des lieux, laissant supposer qu'elle avait effectivement trouvé le repos… Mais il était à parier qu'elle surveillait ses biens, ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils ne tombent pas entre de mauvaises mains. Ce qui était rassurant en soit…

La jeune femme observa le mausolée que la mage lui indiquait. Celui de Clérius… Ce nom aussi faisait partie des légendes, mage blanc et compagnon de l'enchanteresse ultime, il serait tombé au champ d'honneur lors de la quatrième guerre. Si elle ne se trompait pas. De ce qui était contait, ils étaient considérés comme des amants maudits, n'ayant jamais pu pleinement jouir l'un de l'autre. Et elle n'avait pas eut vent d'une quelconque descendance commune… Le destin devait bien être joueur, voir cruel, pour ainsi créer un être qui les reliait tous deux ainsi. De leur mort…

-Patronyme et lignée appartenant aux légendes… La pression doit être considérable sur vos épaules…

"Pour cela il faut croire aux esprits errants..."

La jeune femme avait dit cela doucement. Oh, elle faisait partie des croyants et non de ceux qui se moquaient de tout. D'ailleurs, certains contaient que le spectre d'Ilda, le bras droit d'Alicia Mayfair, trainait sur les toits de Naturalia et faisait tomber tout ceux qui tentaient de l'imiter si le plaisir lui en donnait. Ambrosia, ayant le vertige, n'avait jamais tenté l'aventure. Mais elle aurait bien aimé rencontrer un jour la fameuse alchimiste. Après tout, être près de l'ange divin devait permettre de savoir un maximum de choses sur elle... et pas forcément ce que dit exclusivement les livres...

Comme sa relation avec Clérius... Sa famille refusait d'en parler avec détails... les ouvrages racontaient juste la bataille contre le chef des mages noirs... mais le reste... c'était le néant le plus total... Elle espérait donc qu'un jour son oncle la contacte pour lui en dire plus lors d'une prière devant son mausolée. Elle s'était même tatée à aller sur le lieu de sa mort mais les plaines dévastées étaient bien trop sinistres à son gout pour qu'elle s'y promène.

La mage rouge sourit doucement aux dires de la sidhe. Le silence les enveloppa. Elle cherchait les mots exacts pour bien expliquer la situation. Souvent, on se trompait sur son identité et au final, on en était particulièrement déçu, la trouvant subitement fort inintéréssante... Ce qui l'agaçait royalement.

"Je subis la pression comme la plupart des archimages mais oui, avoir un oncle connu n'aide en rien."

Elle ferma les yeux quelques secondes, des souvenirs désagréables lui revenaient à la mémoire. Une brise se leva et vint caresser les deux jeunes femmes.

"J'aurais pu comme ma famille devenir une mage blanc. Mais j'ai toujours été plus penchée sur les potions et les plantes. Je suis la fille de la soeur de Clérius. Ma mère n'a jamais rencontré Alicia. En entrant dans l'ordre de l'ange divin, j'ai choisi de prendre son nom et non garder celui que je portais à l'origine. Je voulais leur rendre hommage. Ils n'ont pas eu d'enfants. En quelque sorte, je suis à jamais ce qui les relient."

Elle serait à jamais la seule de sa famille à être une alchimiste. Elle était la dernière de la lignée Hilathium. Si elle disparaissait sans avoir eu d'enfants... aucun descendant de Clérius existerait... Oh elle avait bien une soeur... mais les choses étaient trop compliquées pour en parler.

"Vous devez me prendre pour quelqu'un de stupide. J'ai l'habitude."

La sidhe eut un sourire énigmatique, laissant son regard errer sur les différentes tombes et sur leurs occupants. Les lieux grouillaient en fait de vie. Une vie autre, éternelle et immatérielle mais pourtant bien présente. Les esprits allaient et venaient, ne reproduisant pas toujours une pâle copie de leurs actions passées. Bon nombre d’entre eux étaient devenus indépendants, parfaitement conscients de leur état.

-Les esprits errants n’ont pas besoin de croyants pour exister. Ce ne sont pas des Dieux…

Et ils continueraient très certainement d’exister bien après eux… Parfois, certains d’entre eux cherchaient une forme de reconnaissance, provoquant d’étranges phénomènes que les vivants oubliaient tout aussi vite qu’ils n’étaient apparus. Mais ils n’avaient besoin d’aucune reconnaissance, juste des souvenirs de ceux qui avaient pu les connaître aux heures de leur vie… En un sens elle les trouvait plus reposant et prévisibles que les vivants, préférant de loin leur compagnie. Bien entendu tous les êtres vivants n’étaient pas à mettre dans le même sac mais il lui était décidément plus difficile d’évoluer parmi les vivants que les morts…

La jeune femme écouta attentivement la mage rouge. Ainsi était-elle une archimage ? Elle devait donc avoir une place importante au sein de la hiérarchie de la Tour Naturelle. On devait d’autant plus en attendre d’elle même si elle tenait son sang de Clérius et non de l’enchanteresse ultime. Rien n’était plus agaçant que de vivre dans l’ombre des autres. Il devenait alors nécessaire de sans cesse faire ses preuves, surenchérissant inutilement pour ancrer sa propre histoire dans la réalité. Certains membres de l’ordre avaient du la prendre en grippe dès le début de par ses origines de mage blanche et à cause de son audace. Tout le monde ne pouvait pas se permettre d’endosser le nom d’Alicia en toute impunité. Ce choix avait du faire grincer son lot de dents…

-Il ne m’avait pas semblé que les mages rouges permettent aux gens stupides ou idiots d’atteindre leurs plus hautes sphères.

La sidhe avait un ton doux. Pas vraiment maternel, pas vraiment moralisateur, il faisait penser à ceux que certains prêtres utilisaient pour remettre leurs brebis égarées sur le droit chemin. Cela laissait surtout supposer une différence d’âge plus grande qu’elle ne paraissait, comme si une ancienne dispensait quelques conseils, ou réconfort, à un plus jeune. Même si Miranda pensait qu’elle ne devait pas avoirbeaucoup plus de 30 ou 40 ans…

-C’est un hommage qui les touche très certainement. Même si je soupçonne que vos choix ont du déclencher quelques vagues de mécontentements… Il n’y a rien d’idiot en la volonté de suivre sa propre voie et à se construire autour de ses convictions. Vous n’êtes peut-être pas leur enfant au sens biologique du terme mais vous l’êtes par la pensée, par les idées. Vous allez perpétuer leur nom et leur légende, il n’y a rien de plus louable que cette forme de transmission de mémoire…

La jeune femme eut un léger sourire triste, se demandant si elle aussi répondait à cette règle cinq auparavant.

-Mais cela ne doit pas être facile. Et ne le sera probablement jamais. Vous aurez toujours à faire vos preuves…

"Ils ont besoin d'êtres vivants pour que leurs noms ne s'effacent pas... Ce ne sont pas des dieux mais ils restent éphémères."

La jeune femme semblait bien amère à ce sujet. Avait-elle peur qu'on oublie son oncle? Oui, son nom n'était cité que dans quelques rares livres contant la quatrième guerre. Alors que pour d'autres grands de ce monde, tel que Doukas, Enma Damna, Alicia Mayfair, les livres regorgeaient d'anecdoctes à leurs sujets.

Il était mort trop jeune. Il avait rejoint Idrilaen bien trop tôt à son gout. Ambrosia est croyante, elle fait partie du culte d'Eakhyn. Depuis la dernière guerre, la religion a pris de l'essor. Les villageois se sont retournés vers les dieux du fait que ceux qui les protégeaient ont subi de très graves dommages.

La discussion continua. La mage rouge se confia sur sa vie et sur son parcours. Elle l'avait fait avec sincérité. Elle ne redoutait juste que de l'incompréhension et de la déception par Miranda. Trop de gens la trouvaient subitement inintéressantes parce qu'elle n'avait pas le même sang que l'ange divin. Les anges avaient quitté Nelberaid à jamais après leurs attaques. Alicia n'avait pas eu d'enfants. C'était donc logique que l'elfe ne fut pas de son sang. Mais certains villageois avaient eu espoir qu'il y ait une descendance cachée...

Elle sourit à sa remarque. C'était un compliment d'une certaine manière. Elle en fut touchée. L'émotion continua de la gagner quand elle entendit la suite de son discours. La jeune femme était bien sage. Oh oui, elle avait eu des mécontentements. Sa mère avait regretté qu'elle ne choisisse pas la voie des guérisseurs. Et les alchimistes se demandaient si elle n'était pas folle... mais elle avait fait ses preuves. Bientot, elle deviendrait une experte... Et dans ce cas, ils ne pourraient plus rien à redire... Briguait-elle le poste de chef? Qui ne le voudrait pas?

"Oui. Mais si cela peut permettre qu'on oublie pas Alicia et Clérius alors je veux bien les subir."

L'archimage fixa les deux tombes avec tendresse puis se retourna de nouveau vers la sidhe et murmura :

"Vous en savez beaucoup apparemment sur les esprits... Vous avez fait des recherches sur eux? Je me demande ce qu'est devenue la conseillère de l'enchanteresse. Si elle est encore en vie, j'ose fort peu possible, j'aimerais bien la rencontrer."

La magicienne ne se doutait pas qu'elle faisait face à une invoqueuse... Peut-être que celle-ci pourrait lui permettre de parler au membre de sa famille?

[Désolée du retard ma puce]

La jeune femme sourit doucement. Elle prit de longues minutes afin de regrouper les renseignements qu'elle avait sur Ilda, la fameuse conseillère d'Alicia Mayfair. Une brise les caressa. Cela la réveilla. Intérieurement, elle venait de se demander si ce n'était pas la caresse d'un fantôme. C'était assez idiot comme pensée mais cela pouvait être vrai non?

"Elle était très indépendante par rapport aux autres mages rouges. Si les rumeurs sont vraies, elle fuyait la Tour autant qu'elle le pouvait... je peux le comprendre... Ilda et Alicia étaient comme des mères et filles. Elles étaient vraiment très très proches. C'était une elfe à la chevelure blanche. Je ne sais pas si elle avait un compagnon donc je ne sais pas si elle a une descendance ou non."

Ambrosia avait lu sur elle dans la tour. Elle en savait un peu plus mais il ne fallait jamais tout dévoiler sous peine d'avoir des ennuis. Et puis, certes, d'un premier abord, elle avait confiance en son interlocutrice mais les choses pouvaient changer entre elles, l'alchimiste restait toujours sur ses gardes juste au cas où.

Quant à son gout ou dégout de la Tour, c'était plus compliqué que cela. La jeune elfe aimait l'édifice mais elle préférait chercher des ingrédients dans la forêt pour ses potions plutôt que d'assister aux cours ou bien aux comptes-rendus de réunion. Elle admirait Alicia pour cela. Si un jour, elle gérerait l'ordre des mages neutres, elle n'aurait pas le choix... Mais tant qu'elle le pouvait, elle préférait rester libre tout en ayant à coeur le bien être de son peuple.

"J'aimerais bien. Je ne sais pas où Ilda vivait. Je suis allée dans l'ancien magasin de l'enchanteresse. Je me demande si leurs fantômes le hantent. Vous les avez vu là bas?"

La jeune mage se sentait bien stupide voire complètement crédule. Miranda avait l'air bien plus sage, bien plus sereine et sure d'elle.

"Durant votre apprentissage, vous n'avez jamais eu peur?"

La jeune femme réfléchit quelques secondes. Non, elle n'avait jamais entendu parlé de la maison d'Ilda. Si elle en avait eu une, deux solutions : soit elle avait été anéantie lors de la dernière guerre, soit elle avait été oubliée, perdue dans les méandres d'un passé lointain. En tout cas, quoi qu'il arriverait, elle ferait des recherches à la Tour Naturelle à son retour dans celle-ci.

"Pas à ma connaissance mais je vérifierais ce détail dans les prochains jours"

L'alchimiste n'aimait pas l'approximation. Elle était mécontente d'elle de ne pas être si sure d'elle à l'heure actuelle. Son caractère perfectionniste lui avait toujours permis d'évoluer, cela ne changerait pas. Elle ne le permettrait pas.

Ambrosia écouta avec soin les dires de la sidhe. Elle ne connaissait rien ou presque sur les esprits au contraire de son interlocutrice. Cette source d'information n'était pas négligeable et elle comptait bien la questionner un peu plus pour bien comprendre la situation. Une idée... un groupe... ou errant... La demoiselle se demandait ce qu'avait choisi Alicia Mayfair. Protégeait-elle toujours les siens même une fois dans l'au-delà? C'était fort possible.

"Les grands de ce monde continuent-ils à surveiller leurs ennemis? Ou trouvent-ils forcément la paix? Et ceux qui se sont fait assassiner cherchent-ils à se venger?"

Son ignorance l'agacait mais bon, personne ne pouvait être parfait. Si Miranda souhaitait en savoir plus sur son propre ordre, elle n'hésiterait pas à la renseigner. Elle lui sourit doucement. Elle regardait de temps en temps autour d'elles se demandant si actuellement, des fantomes les écoutaient ou non. Si seulement, elles pouvaient les voir... les choses seraient plus simples... Elle frissonna en regardant le mausolée. C'était plus de l'appréhension qu'autre chose.

"L'enchanteresse avait une maison au lac, elle était un peu retirée de la route principale. Si elle était si éprise de la liberté, elle y sera surement."

Une question lui vint. D'une voix un peu timide, elle demanda :

"Est-ce qu'un mage blanc est présent devant le mausolée actuellement?"

L'elfe pensait évidemment à Clérius. Elle fixa le propre caveau de son parent souriant affectueusement. La dernière question de Miranda la fit sourire un brin joyeusement. L'herboristerie était sa passion.

"Oui et non. J'aime la nouveauté. J'ai souvent trouvé par le passé des plantes qui m'étaient inconnues et j'ai pris un réel plaisir à les tester pour en voir leurs spécificités... je n'ai jamais pensé que cela pourrait me tuer, je dois l'avouer."

Un sourire candide apparut sur ses lèvres. Pourtant, par le passé, elle en avait fait explosé des tubes à essais et avait même brulé quelques robes au passage. Mais elle ne regrettait rien.