La vie de vagabond n'est pas ardue à résumer. On se dirige d'un point A à un point B. Puis le point B devient un nouveau point A qui est le départ vers une autre destination indéfinie. La première règle est de ne pas savoir où on va. La seconde est de prendre le temps d'observer, pour que ce vagabondage soit enrichissant. Pour cela, ne pas avoir de pensées parasites. Une chance pour Masaku puisqu'il n'avait aucune réflexion à nourrir. L'application des principes de vagabond lui allaient à la perfection. Et justement, il se dirigeait vers son point B, sans connaitre son point de départ. Quatre heures sans avoir sa position exact sur la carte et à se fier au déplacement du soleil dans le ciel. La faille était le moment où il n'y avait plus de soleil...

En faisant attention aux alentours, il devinait aisément qu'il s'agissait d'un lieu aquatique. Encore un torrent ou une rivière. Parmi les arbres touffus, il ne voyait pas grand chose, si ce n'est les buissons qui lui barraient la route. De son katana, il se frayait un chemin jusqu'à l'extérieur. Stupéfaction immédiate en apercevant une cascade. Ce n'est pas la première fois qu'il en avait vu, mais la dernière remontait à son enfance, quand son père était encore vie. Masaku ne pouvait s'empêcher d'amener avec lui ce sentiment de culpabilité, brisant ainsi la deuxième règle que le vagabond se devait de respecter pour profiter de ses déplacements. La mort d'un des êtres les plus chers, la mort par sa main, la trace était indélébile sur son âme. Tous les jours, il tentait de se pardonner. Le fautif premier était également mort, lui n'était que la victime. Et pourtant, si il avait été plus fort à l'époque, il ne serait pas tombé dans un tel piège.

Ce n'est qu'une fois face à l'eau qu'il s'aperçut de la fatigue qui traversait son corps. Un peu de repos ne faisait jamais de mal. Retirer ses chausses de cuir, ses chausses pour tremper ses pieds couverts d'ampoule dans l'eau fraiche. Huum, un grand soulagement. Puis il détachait ses cheveux, ouvrait un peu sa tunique bleue en se mettant à l'aise, les armes en évidence à côté de lui. Que pouvait-il lui arriver. Personne ne viendrait jusque là pour lui chercher des ennuis, ce serait vraiment chercher la petite bête là où elle se serait réfugiée.

De toute évidence, rester seul ne serait dans aucun cas possible. Bientôt une nouvelle rencontre, un nouveau visage à retenir dans sa mémoire. Avant cela, laissons lui le plaisir de se reposer quelque peu, le temps de reprendre son souffle et de s'allonger dans l'herbe les mains derrière la tête en scrutant les nuages de ce ciel qu'il partageait avec tous les êtres vivants.

Le visage en question était situé non loin de sa position. L'expression actuelle de celui-ci n'indiquait rien de bon et pour cause, il s'agissait d'un mélange de colère et de plis soucieux. Pourquoi? Un des apprentis de la Tour Naturelle a perdu son sac. Rien de bien grave vous allez me dire sauf que si. En effet, dans celui-ci se trouvait diverses potions. Quels effets? C'était variable. Cela allait des potions de soins à celles bien plus importantes et chères de l'invisibilité.

Et c'était bien pour cela que la jeune femme était venue à la cascade. Si des mages noirs trouvaient ce bien, ils pourraient s'immiscer sur leurs terres sans soucis puisque personne ne les verraient. Ceci était intolérable. L'élève était vraiment un abruti! Et dire qu'il avait un lien éloigné avec Itsuki Kushiro, l'ancien chef des mages rouges devenu invoqueur... C'était un comble!

Ambrosia n'avait jamais été en colère contre une personne de son ordre d'une telle force. Il avait réussi à s'en faire une ennemie. L'excuse du jeune garçon d'une quinzaine d'années? Il avait voulu se baigner et était parti parce qu'un oiseau l'avait pourchassé... un gros corbeau apparemment, il avait eu peur et était parti très vite sans se soucier de ses affaires. D'ailleurs, au passage, il avait aussi perdu son épée et sa dague... Vraiment stupide! S'il voulait se faire voler, il n'avait pas trouvé mieux.

Elle soupira et arriva à destination en fin de journée. L'alchimiste prit quelques secondes pour admirer le lieu puis se mit en quête du butin. L'histoire ne serait pas une mince affaire. Le seul indice qu'elle avait? Il était près d'un rocher... La bonne blague, il y en avait tout autour d'elle! Verrait-elle l'oiseau en question? Possible. En tout cas, elle était excédée. Son chef avait failli le bannir mais avait préféré envoyer l'experte en alchimie sur le terrain pour rattraper les choses... En tout cas, Lycius n'avait pas intérêt à ramener ses fesses dans son laboratoire sinon il en ressortirait avec quelques soucis afin qu'elle puisse passer ses nerfs.

Alors que cela faisait une heure qu'elle cherchait en vain ce dont elle désirait, elle repéra une ombre. Elle pensa tout de suite à demander de l'aide. Et s'il s'agissait d'un rôdeur et bien, il y avait de fortes chances que le sac soit avec lui et dans ce cas, elle gagnerait un peu de temps. Et pourrait accessoirement passer ses nerfs à l'aide de quelques incantations sur l'inconnu. Mais elle ne devait présager de rien. C'est donc d'une manière prudente que l'elfe à la chevelure détachée sur les épaules et à la robe rouge s'approcha du nomade. La pénombre descendante allait leur gacher un peu la vue mais ce n'était pas bien grave.

"Excusez moi monsieur auriez-vous vu un gros oiseau? Ou des petites bouteilles brillantes?"

Ne pas dire que c'est des potions... ne jamais dévoiler son jeu... Un sourire accueillant était sur ses lèvres, paraitre plus faible qu'elle en était était aussi une manière de déstabiliser ses adversaires.

Emporté par la sérénité des lieux, Masaku permettait à son esprit de se détendre. Etre en permanence sur ses gardes était usant à force. Il fallait laisser la tension diminuer pour être apte à réagir en temps voulu, lorsque la nécessité se fait plus pressante. Libre, le nomade avait l'impression de s'envoler en observant le ciel, comme si son corps quittait l'herbe fraiche pour rejoindre les nuages. Quelles substances avait-il consommé pour ressentir une telle sensation? Des fruits comestibles quelque part, un peu d'eau de la rivière, rien de plus. La dernière fois qu'il lui avait été permis de manger de la viande remontait à la semaine dernière. Autant dire qu'il commençait à être en manque de chair fraiche, de quelque chose de consistant à mâcher, plutôt que des fruits mous qui fondaient dans la bouche.

Proche d'un rocher, il ignorait jusqu'alors que cette position soi-disant stratégique allait lui cause des ennuis. En réalité, à ses pieds, sous l'eau, un sac en cuir qui avait glissé de la berge avant son arrivée. Juste à trois centimètres de ses orteils, les fioles perdues attendaient de retourner dans les mains de leur propriétaire. La propriétaire en question débarqua bien assez vite. Le vagabond la remarqua à peine, juste le temps de se redresser et d'effectuer ainsi un mouvement vertical du pied qui entra en contact avec une matière rugueuse. Appuyé sur ses mains, Masaku se demandait si il s'agissait d'une plaisanterie. Un jour, il rencontre une femme qui élève un lion blanc, l'autre jour, il rencontre un nomade qui a pour compagnon un chien-tigre ou quelque chose de ce genre et un autre jour on l'abordait en lui demandant si il n'avait pas entraperçu un oiseau ou des bouteilles. Préférant répondre sur le ton de la plaisanterie, le nomade déclara:

"La semaine dernière un oiseau a rejoint mon estomac, sinon à part ça, je n'ai qu'une gourde si c'est de l'eau que vous me demandez."

D'apparence, cette personne ne semblait pas bien dangereuse, mais depuis sa dernière rencontre aux marais, Masaku savait que dans le coin, n'importe quelle femme peut s'avérer être bien loin de ce que l'on pense. Celle-ci ne ferait pas exception. Tout de même intrigué par ce qu'il avait sous les pieds, le nomade continua de triturer du bout de l'orteil le sac, sans savoir qu'il s'agissait d'un sac. Une fiole finissait par se glisser à l'extérieur, emportée par l'eau qui créait un effet d'apesanteur. Un geste brusque de son talon et le verre brillant se brisa en glissant de nombreux éclats tout aussi brillant dans la plante de son pied. Les yeux du nomade s'agrandirent de surprise alors qu'il était maintenant assis au bord de l'eau, le pantalon de toile retroussé. Qu'est-ce que c'était que ça! Une bête venait-elle de le mordre? Un regard dans l'eau et il apercevait un sac. Son esprit travailla à toute allure. Une femme cherche un sac, il y a des fioles brillantes à l'intérieur et maintenant, il marchait sur un sac, son pied saignait mais... il ne voyait plus son pied.

"J-je pense que... vous devriez aller voir de l'autre côté. Je n-n'ai rien vu par ici."

Essayer de garder son calme quand notre pied a disparu et que l'eau se tintait d'une couleur rouge. Couplé à cela une douleur qui lui déchirait le pied. Elle n'allait pas être contente si elle voyait cela. Dans sa tentative de la diriger ailleurs, le nomade paraissait encore plus suspect. Il était très beau avec sa barbe et sa moustache très vitement taillées mais les gouttes de sueur qui se multipliaient sur son front en disaient long sur sa culpabilité. Si d'habitude, l'étiquette disait de se lever pour parler à une femme, le nomade restait obstinément assis au bord de l'eau.

"Il était bon?"

La remarque du jeune homme l'avait quelque peu déstabilisée. Il avait semblé si naturel, si détaché. De l'eau... Elle sourit doucement. Il y en avait tout autour d'eux. Elle pouvait donc se servir sans avoir besoin de lui piller ses réserves. Ses yeux vinrent caresser la surface miroitante du bassin de la cascade. Elle nagerait bien un petit peu une fois qu'elle aura bien sur trouvé les potions disparues.

L'inconnu reprit la parole. Ambrosia reposa son regard serein sur lui et fut surprise de voir son attitude changer. On aurait dit qu'il était paniqué? Surtout que sa voix semblait quelque peu hésitante. Que lui arrivait-il? La mage rouge se rapprocha un peu plus.

"Vous allez... bien?"

Elle le fixa avec soin et remarqua que ses pieds étaient dans l'os. La lumière de la lune vint éclairer des morceaux de verre. Elle ne songea pas à ce qu'il ait pu s'être blessé, non. Elle pensait surtout qu'il avait volontairement cassé les fioles de son apprenti. Du mécontentement vint cueillir son corps. Elle marcha jusqu'au bord de l'eau et ramassa un morceau de verre et le lui montra :

"Je suppose que vous avez trouvé ceci brisé?"

Son ton était sec, nullement engageant. Avec la pénombre, elle ne voyait pas le sang s'écouler dans l'eau faut dire que cette partie précise était complètement invisible. Elle repéra le sac et le retira de la cascade. Il manquait beaucoup de potions... Elle passa la main dans l'eau afin de vérifier si elles n'étaient pas présentes... et son membre disparut complètement. Surprise, elle la retira vivement. Ses doigts revinrent peu à peu. Elle ne les avait pas laissé dedans assez longtemps pour que l'effet ait lieu.

"Levez vous! Il faut que je vous emmène à la garde pour votre crime! Vous avez volé des biens appartenant aux mages rouges! A Naturalia, c'est un crime qui engendre de la prison! Qu'avez-vous à dire pour votre défense?"

A son tour d'être de nouveau surpris. Déjà que sa réponse était moqueuse, la femme lui demandait par la suite si ce qu'il avait mangé était bon. Si seulement il pouvait encore avoir la saveur en bouche, il aurait pu lui faire une description précise de la tendresse ou de la dureté de la chair du volatile.

"Aussi bon qu'un volatile non assaisonné d'après mes souvenirs."

Par la suite, Masaku qui était si sûr de ne rien risqué se retrouva dans une situation cocasse. Son pied venait d'écraser une fiole, il venait d'ailleurs de se blesser avec et en se rappelant que la femme cherchait un sac et des fioles, le nomade sentait l'épée de Damoclès se rapprocher de sa gorge. Totalement innocent et encore au mauvais endroit au mauvais moment, il allait devoir se sortir de ce pétrin en se creusant les méninges. Son trouble se trahissait déjà et la femme s'approchait dangereusement de sa position.

"O-oui, tout va bien pourquoi donc? Je me porte comme un charme, haha…"

Trop proche, elle était au niveau de l'eau, pouvait tout voir sauf son pied invisible. Le sac par contre avait gardé sa couleur, ça aurait été trop beau qu'il disparaisse avec le reste. Ensuite, les morceaux de verre brisé se déposaient sur le sol sable, des dangers pour les prochains qui feraient trempette par ici. Le nomade regarda la femme tout le long de son inspection. L'expression de cette dernière se modifiait déjà en lui montrant un des éclats fait par ses soins il y a à peine quelques secondes. Masaku fit mine de le regarder avec attention puis abandonna le cinéma, se sachant déjà grillé dans tous les cas.

"Correction: je ne l'ai pas trouvé brisé, il vient de se briser à l'instant."

Le sac était hors de l'eau, le nomade complètement coupable en apparence. Elle allait lui faire sa fête. Des menaces, des menaces. Jamais elle ne se serait imaginer qu'il était innocent, non? Quand elle lui demanda de se lever, le vagabond soupira longuement. D'un bond, il atterrit sur son pied gauche, l'autre invisible ne devant pas toucher la terre sous peine d'enfoncer d'avantage les morceaux dans la plante de ses pieds et tout individu calme qu'il était, Masaku explosa soudainement.

"Vous en avez des bonnes vous! Débarquer de nulle part, demander à un inconnu si il n'a pas trouvé un oiseau ou des bouteilles! Dans cette affaire, c'est plutôt vous qui êtes en faute! A cause de vous j'ai le pied invisible et sanguinolent. Quelle idée de ranger un sac au fond de l'eau. N'importe qui aurait pu marcher dessus. Et oh, surprise, c'est moi qui me suis réservé cet honneur. Je suis une victime dans cette histoire alors vous allez rapidement descendre de vos graaaands chevaux et vous excusez, déjà pour m'avoir accusé à tord, et ensuite pour m'avoir mis hors d'état de voyager. Vous en voyez beaucoup, vous, des nomades qui font les routes sur un seul pied? Non mais je vous jure…"

Et immédiatement après, il se rassaillait, le pied immédiatement dans l'eau. La fraicheur atténuait la douleur. Vu qu'il ne voyait rien, il ne pouvait même pas essayer de procéder à une opération alors il préférait anesthésier le membre plutôt que de continuer de souffrir le martyr. En fait, il n'était même pas furieux, c'était majoritairement pour secouer cette inconnue et lui rappeler que les jugements hâtifs ne sont pas forcément les meilleurs. Prouvant qu'il n'était pas un mauvais individu, il dit ensuite d'un ton plus calme:

"Désolé pour votre fiole. J'aurai dû faire plus attention…"

Maintenant soit elle allait le croire, soit le prendre pour un bon ou mauvais comédien. Si nécessaire il allait devoir prendre les armes, en espérant que ce ne soit pas le cas car le combat à un pied n'était pas sa spécialité.

"Ah parce votre amusement c'est de casser des potions? Vous êtes inconscient ou stupide?"

La jeune femme était ébahie et agacée. Tout le monde savait que les objets appartenant aux mages rouges étaient remplis de magie et par conséquent sujets à être des fioles fort dangereuses. Combien en avait-il cassé? Est-ce qu'un "cataclysme" de pouvoirs allait avoir lieu? Elle n'était pas une mage blanc, elle ne pourrait pas le protéger à l'aide d'un bouclier.

De toute façon, elle ne portait pas bien dans son coeur les voleurs et encore moins les menteurs. Car c'est bien ce qu'il était un ignoble menteur qui avait osé la croire stupide. Elle devait se calmer. Il pouvait être innocent... c'était possible non? Même si la coincidence jouait fort en sa défaveur. Elle pensa directement à l'emmener à la garde ainsi cela serait à eux de juger des faits et de son action dans toute cette affaire.

L'homme se releva assez rapidement. Elle fut satisfaite de son obéissance même si elle trouva sa position fort étrange. Ses yeux verts vinrent caresser son corps pour comprendre pourquoi il se tenait ainsi. Elle fut surprise et assez blasée de voir que son pied semblait avoir disparu. Elle soupira et écouta ses dires en le fixant droit dans les yeux. Au fur et à mesure de ses dires, malgré qu'elle soit fachée contre lui, elle le trouva touchant.

"Des nomades j'en croise pas tant que cela donc je ne sais pas. Et puis, au pire, vous lancerez une nouvelle mode."

C'était bien sûr fort ironique appuyé d'un sourire quelque peu moqueur. Elle reprit doucement :

"Ce sac ne m'appartient pas. Je ne savais donc pas où il était mais je savais ce dont il y avait à l'intérieur. C'est un de nos apprentis qui l'a égaré. Veuillez nous excuser de ce petit inconvénient. Mais qui me dis que c'est pas vous qui l'avait forcé à l'égarer."

Elle appuyait sur le mot "égarer", car l'apprenti avait bien dit qu'on l'avait volé lors de la première version... bon, il s'était vite ravisé en avouant son incompétence mais Ambrosia voulait le tester. Son attitude avait vraiment été étrange à leur rencontre.

"Pourquoi ne pas m'avoir tout dit au lieu de vouloir m'éloigner de votre position? Vous vouliez les revendre?"

C'était vrai après tout, non? Les nomades sont bien des commercants donc tout était possible. La mage rouge le regarda s'asseoir. Elle eut pitié de lui et s'en voulait de l'avoir si facilement "agressée". Elle s'approcha de lui et fouilla dans son propre sac. Elle lui tendit une fiole et en signe de bonne foi, elle lui expliqua :

"C'est un annule sort. Votre pied réapparaitra. Je peux vous soigner. J'ai des onguents. Je m'excuse... vous êtes venu ici pour vous reposer? Ou alors vous avez vraiment mangé un oiseau sans épice?"

Une moue de dégout était présente sur ses lèvres à l'idée d'un tel met. Ils avaient mal commencé mais peut-être que les choses pourraient s'arranger, non?

Mais oui! C'était son passe temps quotidien que de briser des fioles qui appartiennent à des inconnus. Et elle, c'était de mettre cacher des sacs un peu partout dans la nature pour pouvoir accuser le premier qui s'en approcherait trop? Le nomade n'allait pas dire qu'il portait déjà cette femme dans son coeur. Toutefois, il était conscient d'avoir eu une conduite relativement suspecte. Avait-il vraiment eu le choix dans cette situation? Son pied était disparu, il était au-dessus du sac, il avait mal et pissait le sang, pas la joie. Heureusement que l'énervement s'atténuait chez les deux individus qui se toisaient nerveusement. Il avait l'air fin à hausser le ton alors qu'il avait une patte en l'air. Et puis zut, pourquoi continuer de se justifier. Qui sait, les lits de prison sont peut-être confortables? Cette pensée le laissait rêveur, un bon lit bien moelleux… Ensuite il se remémorait les histoires de l'ancien du campement, des histoires où les héros dormaient à même le sol ou bien sur des planches de bois ce qui achevait de lui remettre les idées en place.

"Une nouvelle mode bien sûr! Devenons tous des chapardeurs pour qu'on nous soupçonne à tous les coins de rue et devenons les nouveaux bouc émissaires de Nel Beraid! Je ne suis pas un malfrat et je n'ai pas demandé à avoir affaire à vous."

Il mentait. Parfois il lui arrivait de piquer des choses sur les étalages, mais juste le strict nécessaire pour survivre, rien de bien faramineux. Elle finissait par s'excuser tout en ne le croyant pas entièrement, c'était compréhensible, ça l'énervait quand même, il faisait mine de se calmer aussi.

"En arrivant, vous cherchiez un oiseau et un sac. Pendant qu'on y est, j'ai peut-être dompté l'oiseau pour embêter votre apprenti?"

Quand bien même la paix se réinstallait, il y avait toujours quelque chose qui relançait légèrement le débat. Masaku se savait un peu coupable sur les bords mais il ne voulait pas s'admettre réel coupable lorsqu'il était victime de l'incompétence d'un gars quelconque qui était sous les ordres de cette femme! Qui pouvait-elle être d'ailleurs. Une alchimiste peut-être, ou une herboriste. Enfin, une herboriste qui aurait de quoi le jeter en prison, à moins que ce ne soit que des menaces en l'air. Pour terminer, Masaku devait se justifier par rapport à sa conduite audacieuse, encore un élément qui allait le rendre louche.

"A dire vrai, je me suis aperçu de la présence du sac au moment où mon pied a brisé la première fiole. C'est difficile à croire je sais mais la malchance me poursuit pour que le timing soit parfait pour que je sois coupable…"

Difficile de croire que la coïncidence expliquait si bien les choses. Le nomade n'avait vraiment pas été au bon endroit au bon moment. Les tensions diminuaient, lui-même se calmait et c'était également le cas de la femme qui, en passant, semblait plus jeune que lui d'apparence. Une nouvelle fiole lui était tendue, fiole qu'il prenait avec l'air méfiant. La possibilité que ce soit un stratagème pour l'endormir et le jeter aux oubliettes n'était pas exclue. A l'odeur, il comprenait bien que ce n'était pas quelque chose de buvable mais juste à verser sur son pied. En espérant qu'il n'allait pas se retrouver avec des palmes à la place des orteils, le nomade hissa sa jambe hors de l'eau et versa quelques gouttes de la mixture. L'effet fut immédiat. Son pied, sa chair sanguinolente, charmant.

"Je faisais une halte avant d'arriver en ville. Avec un pied dans cet état je ne vais pas pouvoir voyager énormément… Si vous pouviez arranger ça par on ne sait quel miracle, ce ne serait pas de refus."

D'un coup, discuter pacifiquement était déjà plus agréable. A ce moment là il pouvait voir que la femme n'était pas dénuée de charme, qu'elle semblait jeune mais que son regard ne l'était pas autant, à moins que ce ne soit qu'une impression. Un soupir s'échappa de ses lèvres, pensif.

"Dire que même en venant ici les ennuis réussissent à me suivre. Mon quotidien est sans pitié pour moi pauvre vagabond!"

"Bah au moins ainsi, on vous croira pas tous morts. Non, parce que certains villageois pensent actuellement que vous vous êtes désséchés avec le désert vu la disparition de nombreux points d'eau. Donc là si on pense que vous êtes des voleurs, ca vous redorera un peu. C'est toujours mieux que rien? A moins que vous préférez qu'on pense que vous êtes des zombies. C'est aussi un choix. C'est vous qui voyez."

Mauvaise foi? Non, la jeune femme était on ne peut plus sérieuse et sincère. Avec la disparition de certains fleuves, de l'étendue glacée, de certains oasis, certains nelberiens pensaient impossible de survivre dans le désert. Donc pour certains, les nomades n'existaient plus. Il ne fallait pas chercher plus loin, l'intelligence des pégus n'était pas des plus réputées après tout. Par conséquent, certains commercants refusaient de servir des hommes du désert ou de commercer avec eux niveau marchandises car ils avaient peur suite à cela de finir maudits. C'était ridicule aux yeux de la mage rouge. Mais elle avait envie de s'amuser un peu avec lui.

"Bah pourquoi pas? Je ne sais pas si vous êtes un magicien ou pas après tout. Donc tout est possible."

Bon, c'était peu probable. Il semblait plus malchanceux qu'un réel doué en contrôle des animaux. Mais l'alchimiste restait méfiante. Les apparences sont parfois très trompeuses voire désarmantes. Elle eut une moue dubitative à la suite des explications. Un sac dans l'eau c'est quand même visible même avec la pénombre. Mais pourquoi pas après tout. Elle préféra donc garder le silence.

Afin d'améliorer leurs relations, Ambrosia lui tendit une fiole d'annule sort. Ainsi, il comprendrait qu'elle n'était pas contre lui. Bien sûr, il allait devoir lui faire confiance. Elle n'avait rien à gagner ou presque à se jouer de lui. Mais elle ne put s'empêcher de sourire malicieusement devant sa méfiance. Une fois le liquide versé, le pied revint à la vue des deux guerriers et celui-ci semblait vraiment mal au point. Elle eut une moue de dégout. Il ne s'était pas loupé.

"Je peux vous aider."

Elle sortit une pince à épiler. Il fallait d'abord extraire les morceaux de verre.

"Vous craignez la douleur? A moins que la malchance vous a rendu endurant?"

Elle attendit quelques secondes puis se mit à l'oeuvre. Une fois la plaie "nettoyée, elle lui demanda de tremper son pied un peu dans l'eau histoire d'enlever un peu de sang. Puis, elle sortit un beaume apaisant qu'elle se mit à appliquer sur sa plaie. L'odeur était particulièrement infecte. On pourra le suivre à la trace pendant un jour mais ce n'était pas grave, non?

"Vagabond vous dites? Curieux métier."

Puis, elle appliqua une autre pommade qui cette fois-ci referma les plaies en quelques secondes d'abord superficiellement puis de mieux en mieux. Satisfaite de son travail, elle rangea tout son matériel et d'un sourire serein, elle prononça d'une voix douce :

"Ambrosia Mayfair pour vous servir. Vous êtes?"

Si il avait été en train de boire de l'eau, il aurait avalé de travers. Présentement, il n'avait pas de verre en main ce qui ne l'empêchait pas de faire ce geste du corps, une espèce de mini bond sur place en l'entendant parler des nomades comme d'antiquités ou de reliques de l'ancien temps qui seraient disparus aux yeux de beaucoup. Quelles étaient ces sornettes! Ils étaient bel et bien vivant même si la vie dans le désert était de moins en moins facile chaque année. Ce sable qui engouffrait le monde n'arrangeait en rien les choses. Néanmoins, ils survivaient bravement, l'esprit encore équilibré et certains comme lui sortaient du désert par choix pour par nécessité. Alors dire qu'ils sont un peuple quasiment disparu était une pure aberration. Au moins de cette manière, il pouvait deviner que cette femme ne portait pas les hommes du désert dans son coeur. Etre zombie ou être voleur.

"On ne peut pas être nomade simplement? Je leur montrerai moi, si j'ai une tête à être un revenant."

Insultant pour les nomades, scandaleux même. Masaku n'avait pas remarqué le regard des gens de cette façon, probablement parce qu'il avait passé peu de temps en ville depuis sa sortie des étendues sableuses. La situation en devenait alarmante. Il faudrait rectifier le tir et changer les préjugés qu'on leur attribuait à tord et à travers. Pour le moment, il n'avait encore rencontré de rejet. Les gens le considéraient comme vagabond puisqu'ils ne pensaient pas que les nomades étaient dans les environs. Pourtant, il tirait l'art de sa lame depuis les contrées sableuses, un peu trop étrangère pour les yeux d'amateurs.

"Allons donc, un magicien qui combat à l'arme blanche et qui ne vous a pas encore envoyé un jet élémentaire à la figure?"

Certes il pouvait contrôler partiellement ce sol, la terre sur laquelle elle avait les pieds. Mais tout au plus il pourrait la faire trébucher ce qui n'aurait strictement aucun intérêt à part la mettre en rogne d'avantage. La confiance avait du mal à s'installer sachant qu'à chaque fois que les choses s'apaisaient, elles s'envenimaient de nouveau une seconde plus tard. Faire un effort, faire un effort pour ne pas craquer et combattre comme un abruti sans cervelle. Avec un seul pied il pourrait surement défaire une femme sans défense, mais celle-ci était-elle réellement sans défense? Pas si sûr. En tout cas, elle avait des ressources, de quoi réparer les pots cassés ou les membres invisibles. Son pied sous les yeux était un triste spectacle à voir. Sanglant, il ne s'était pas loupé dans la tâche de s'amocher.

"Je vous en serai grandement redevable."

Cependant, Masaku pâlissait à la vue de la pince à épiler. Ah oui, de cette manière là? N'avait-elle pas une potion pour atténuer la douleur ou ce genre de remède de grand-mère? A l'attaque de sa chair, le nomade tourna la tête pour éviter qu'elle ne voit son visage grimacer à chaque contact. Le verre coupant qui découpait sa chair en ressortant, la douleur était supérieure à lorsque les éclats étaient tout bonnement à l'intérieur. Vaillamment, il ne broncha pas ni ne laissa échapper un seul cri du début à la fin mais ne cacha pas son soulagement lorsque l'opération fut terminée. Le grand blessé de guerre lava sa blessure comme il était préconisé et laissa la femme terminer en appliquant un baume odorant sur sa blessure.

"Huuum, pour pouvoir donner une bonne image des nomades puants, juste parfait!"

Enfin, elle faisait tout ça pour lui alors il n'allait pas se plaindre d'avantage sous peine de manger ce baume plutôt que de l'avoir étalé sur le pied.

"Voyez ça comme vous le voulez, ce n'est pas un mode de vie si désagréable. On voit du pays, beaucoup de pays, on entend des rumeurs et on rencontre toute sorte de personnes comme des femmes qui nous accusent de voler leurs potions par exemple."

Contre toute attente, il souriait cette fois à l'inconnue. Pour le servir, ah, si seulement il avait une servante aussi belle.

"Appelez moi Masaku."

Il se gratta distraitement la tête avant d'enchainer l'air de rien:

"Je présume que maintenant que vous avez trouvé votre sac vous n'avez plus rien à faire ici? Peut-être encore un peu de temps pour tenir compagnie à un nomade blessé qui voudrait prouver qu'il n'est pas un voleur?

La jeune femme éclata de rire joyeusement. Elle aimait le titiller. Il réagissait toujours au quart de tour.

"Oui, c'est aussi une option... mais c'est moins classe qu'un zombie je trouve... enfin, surtout si vous souhaitez faire peur aux autres. Enfin, c'est vous qui voyez."

Elle esquissa un doux sourire. Même s'ils avaient mal commencé, elle commencait doucement à bien l'aimer même s'il avait détruit de précieuses potions! Des heures de travail avaient disparu au fil des gouttes de son sang. Nouveau sourire ironique. C'est vrai que vu ainsi, c'était peu probable.

"Bah vous pouviez être épuisé ou bien incompétent au point de ne pas savoir utiliser des sorts basiques de votre élément. J'en sais rien moi."

Bon, sa mauvaise foi était plus que flagrante mais elle appréciait la discussion. Donc elle continuait sur cette voie. Mais il était en effet improbable de voir un mage rouge préféré jouer à la dague au lieu de lancer un sort de feu, un séisme ou bien une violente brise. En tout cas, pour l'elfe, ce n'était pas du tout ainsi qu'elle préférait se défendre. A moins de vouloir préférer cacher son statut comme lorsque elle va à Malificium...

Mais quoi qu'il en était, le drapeau blanc entre eux était levé. Elle se mit donc en quête de le soigner. Ses méthodes étaient basiques mais ne pouvaient pas être totalement non douloureuses. Elle en était navrée mais à moins l'assommer, il ressentirait forcément quelque chose. Elle espérait juste qu'il ne se mette pas à pleurer comme un bébé ou à hurler... Tout se passa bien. Elle en fut satisfaite. Elle ne put s'empêcher de sourire à sa remarque.

"C'est dans les pires liquides qu'on trouve les plus beaux trésors."

Elle n'y pouvait rien pour la senteur. Elle pourrait éventuellement l'atténuer à l'aide de sels parfumés mais il sentirait alors la fille... elle doutait qu'il accèpte. Donc elle préféra garder le silence. Ambrosia éclata de rire à ses dires.

"Vous allez me rappeler cette méprise pour toujours? Moi aussi, je voyage mais je suis avant tout herboriste. Vous n'avez pas besoin d'argent?"

La jeune femme aimait revenir à la Tour. Elle s'y sentait chez elle. Elle y avait là bas son lit attitré. Bien sûr, elle espérait un jour emménager dans une maison avec l'homme de sa vie... mais ce n'était qu'un rêve chimérique... L'elfe regarda autour d'elle. L'endroit était si beau, idéal pour diverses romances. Elle posa son regard sur le nomade et lui sourit doucement.

"Ca serait avec plaisir. Que me proposez-vous? Une petite baignade? Un bon repas dans une auberge? Ou autre?"

Masaku ne savait pas comment ils s'étaient débrouillés, mais ils avaient réussi à passer de la tension au rire, un exploit de s'en être sorti sans hostilité. Néanmoins, il était le blessé dans l'histoire alors il n'était pas entièrement satisfait. Si seulement il avait fait plus attention, le sac aurait pu être rendu avec le contenu intact, puis ils auraient pu discuter de la même manière sans qu'il n'ait l'impression d'avoir un pied puant en moins. Même des journées de marche sans se laver ne produisaient une telle odeur. Cependant, il est connu qu'il faut souffrir pour guérir alors il souffrirait de sentir mauvais un certain temps. Ensuite, il lui faudrait trouver un bâton assez grand pour s'appuyer car marcher comme si de rien était n'allait en rien arranger la blessure,. Bien que cette dernière n'était pas profonde, elle avait le mérite d'être multiple. Pourquoi faire simple lorsqu'on peut faire compliqué pas vrai?

L'homme se démenait pour faire savoir qu'il n'était pas un mage, ni un zombie et qu'il était cent pour cent nomade de chair et de sang. Soulevant toutes les incohérences du discours de la femme, elle trouva toujours quelque chose à redire. Au final, personne ne voulait avoir tord, on passa à la suite pour ne pas se fâcher inutilement. Au moins, cette personne savait admettre certaines erreurs, la preuve, elle le soignait alors que rien ne l'y obligeait ce qui était signe qu'elle n'était pas une femme à l'orgueil démesuré qui s'en irait la tête haute en le toisant du regard. Au contraire, l'inconnue qui se présentait sous le nom d'Ambroise prenait le temps de lui parler. Sa sagesse n'arrangeait en rien les parfums nauséabonds, néanmoins, le nomade n'insista pas plus. Avec un peu de chance, si la mixture était miraculeuse, il serait guéri plus vite que si il avait passé ses journées le pied dans l'eau ça c'est sûr. Il avait beau être nomade et connaitre les rudiments des premiers secours, ce domaine là n'était pas son point fort.

"J'espère trouver le moins de trésor possible dans ma vie dans ce cas!"

Toujours à argumenter pour convaincre la femme qu'être nomade était une très bonne chose, il ne pouvait s'empêcher de lui faire souligner, surligneur, imprimer à l'encre indélébile son acte précédent qui lui restait en travers de la gorge bien qu'il n'était pas plus rancunier que ça. Ce n'était que parce que l'affaire était fraiche qu'il la ressortait aussi souvent, sinon, il n'y ferait pas mention.

"Ah! Tout s'explique. Vous avez surement concocté le contenu de ces fioles avec des plantes bizarres qui rendent invisibles les choses. Et pour répondre à votre question, je n'ai pas besoin de réel bien matériel. Je me nourris de ce que le monde m'offre et des rencontres qui m'enrichissent."

Cette phrase pouvait être prise dans les deux sens et les deux étaient vrais. Masaku gagnait en expérience en faisant des rencontres. Il délestait par contre la bourse de ceux qui l'agressaient. Ensuite, il se nourrit de ce que le monde l'offre, ou bien de petits chapardages à de rares occasions lorsqu'il n'a vraiment aucun rond en poche. Jusqu'à présent, rien à son actif qui soit assez gros pour le condamner à la prison à perpétuité. En y repensant, il était un peu voleur sur les bords, ce qui confirmait les dires précédents du mage, chose qu'il n'admettrait pas ouvertement puisqu'elle semblait capable de l'envoyer au trou pour un rien. Sensible au décor qui les entourait, le vagabond aurait aimé y rester ou bien voir un décor similaire. Seulement, sachant que l'unique compagnie qu'il avait eu depuis des jours s'apprêtait à disparaitre, il ne pouvait s'empêcher de la questionner. Contre toute attente, elle accepta de rester un peu avec le rustre qu'il pouvait représenter comparé à elle qui portait une belle robe et qui ne semblait pas vivre sur les routes bien au contraire.

"A vrai dire, un repas ne serait pas de refus. A part des animaux sauvages, je n'ai pas eu l'occasion d'avoir une vraie collation. L'unique souci étant que j'ai des soucis d'ordre… financier."

Pour souligner ses dires, le vagabond ouvrit le sac qu'il avait posé à côté de lui en montrant clairement que la bourse tristement vide. Il ne voulait pas profiter de la richesse ou de la bonté d'autrui c'est pourquoi il ajouta rapidement à l'adresse d'Ambrosia:

"Un repas simple me suffira, on apprend très vite à se contenter des choses communes lorsqu'on se prive du luxe des denrées couteuses. Si vous voulez bien me payer un repas, je m'engage à vous rendre un service en retour. N'importe lequel qui soit dans mes cordes."

Le départ était imminent alors Masaku commençait à rassembler ses affaires. Le sac en travers du dos, sa tenue ajustée et ses cheveux attachés. Ses doigts passaient par réflexe sur la fine barbe qu'il avait pour s'assurer qu'elle était toujours là ou bien pour inspecter son état. Pour le moment, il utiliserait son arme pour s'appuyer, mais sur le chemin si jamais il trouvait un bâton assez solide, il s'en servirait. La faucille à chaine accrochée à sa ceinture, il était fin prêt à se remplir la panse.

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