Trouver l'éden dans les ténèbres. [PV]

Ce lieu… Il était improbable que tu y arrive seul… Et pourtant. C’est en suivant tes rêves que tu avais fini par le dénicher… Toi qui habituellement ne marche jamais seul… Toi qui voyage généralement confortablement installé dans une carriole… tu as passé des journées entières a marcher. Dans l’obscurité la plus totale… ne suivant que l’intuition du monde que te donnais un rêve que tu avais fait… Le monde y était si semblable a celui que tu avais connu…

Et entre tout un lieu avait attiré ton attention. Tu avais bien vite compris de quoi il s’agissait… Et n’avais plus eu de cesse que d’y aller. Pour comprendre… Pour y rencontrer d’autres Shamans… Là bas tu serais a même d’apprendre bien des choses…

Mais pas moyen qu’on t’y emmène.

Alors tu t’étais résolu a tenter le diable en te fiant a tes seuls rêves…
Une semaine. Deux semaines. Presque un mois avait passé… Le rêveur marchait dans le noir… Se nourrissant comme il pouvais… Buvant l’eau que son oreille lui indiquait…

Comment avait-il pu réussir cet exploit ? Mystère. Et pourtant… Un jour il sentit comme un voile se déchirant sous ses doigts. Un voile fait d’air. De cet instant il n’avait eu qu’a suivre le chemin qu’il devinait devant lui grâce a sa cane…

Tu le vois encore ce chemin… Lumineux. Fleuri. Alors même que la neige tombe des cieux impénétrable il est là… Entouré d’un dôme pourpre qui ne peux être franchi par le tout venant… Et a son bout se trouve un foyer. Un foyer où tu pourra attendre et vivre. Te reposer.

Apprendre a voire autrement peut-être.

Bon. La réalité est visiblement un peu moins douce et accueillante. La neige de ton rêve est bien là. Glaciale. Et nul parfum floral n’est là pour assurer le charme. Non… La neige crisse sous tes pieds et d’ici quelques heures si ça continue ainsi… Tu aura bien plus de mal a trouver ton chemin…

Miranda n'allait finalement pas si souvent que cela à Wonderland... Certes, c'est là que se trouvait la grande majorité de ses confrères et consoeurs, ainsi que leurs formateurs et leur Conseil mais elle ne parvenait jamais à rester bien longtemps. Si les lieux étaient idylliques à ses yeux, il n'en allait pas de même avec la population. Même s'ils avaient tous les mêmes capacités à dialoguer avec les esprits, cela ne voulait pas forcément dire qu'ils avaient systématiquement les mêmes points de vue. Et à être étrangère, il n'était pas rare que la jeune femme soit en désaccord avec eux, notamment sur leurs tabous ou leur façon de vivre un peu trop reclus. Les esprits ne venaient pas tous à eux, il fallait parfois aller à leur rencontre. C'était pour cela qu'elle avait opté pour une vie errante. Et à choisir, si elle devait régulièrement mettre les pieds quelque part c'était bien chez sa tante et pas chez eux...

Malgré cela, elle ne pouvait pas couper à certaines obligations "sociales". Régulièrement, bien trop à son goût, trop peu eu leur, elle devait aller les voir pour les tenir informés de son évolution. Il fallait qu'elle rapporte ce qu'elle avait fait mais aussi ce qu'elle avait vu... Tous les membres ne pouvant quitter les lieux, elle faisait partie des nombreuses fenêtres vers l'extérieur. Et de ce qu'elle leur annonçait découlaient des directives. Directives qui seraient plus ou moins suivies à la lettre par la sidhe et les autres shamans. Si elle savait que certains étaient très à cheval là-dessus, elle avait eut vent de quelques cas de dissensions, certains avaient même été plus ou moins bannis... Elle n'en était pas encore à ce point mais les autres savaient qu'elle préférait agir à sa manière, en électron libre, préférant reconnaître la valeur de quelqu'un à ses actions qu'à sa carte de visite lourdement chargée...

Au moins le temps était-il du coté de Miranda. Certes la neige ne facilitait aucun voyage mais la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'adorer l'étendue blanche. Rien ne pouvait plus la ravir qu'une superbe tempête, un blizzard... Même maintenant alors qu'elle peinait quelque peu à avancer, elle ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller du décors que lui offrait son environnement, allant même jusqu'à observer les minuscules flocons de neige qui venaient se perdre dans la fourrure de la capuche de sa cape. Pour une fois la sidhe était heureuse comme une enfant, sans soucis et sans arrière-pensées. Ses pas la menaient où elle devait sans qu'elle n'ait à y réfléchir...

Et c'est là qu'elle remarqua qu'elle n'était plus vraiment toute seule. Il était rare de croiser des inconnus dans cette zone du territoire... Soit il s'agissait de voyageurs passablement égarés, soit d'un shaman en devenir qui suivait la route qu'un esprit bienveillant lui soufflait à l'oreille. Sauf qu'elle ne voyait nulle trace du dit esprit pour l'instant. Ce n'est qu'en l'observant un petit peu mieux qu'elle finit par noter la canne. Il n'avait pas l'air de boiter, ni de chanceler, il semblait plutôt "tâter" le terrain lui faisant face. La sidhe finit par comprendre, du moins supposer, pourquoi il agissait de la sorte et préféra donc l'approcher sans chercher à se faire plus silencieuse...

-Bonjour? Vous cherchez votre route peut-être?

Depuis quelque minutes les choses se passaient de moins en moins bien : par ici le chemin était un peu plus étroit et le trouver relevais de la gageur… Sans même prendre en compte la neige glissante sur le sol… Et les racines traitres dans lesquelles il ne se prenait pas les pieds que grâce a des trésors de prudence qu’il déployait a chaque pas.

Tomber avait une fâcheuse tendance a lui faire perdre son sens de l’orientation…
Et en forêt il était impossible (ou presque) de compter sur le vent… Et encore moins (vu le temps) sur la chaleur du soleil sur sa peau… Il ne pouvais donc que faire attention.

Et prier.

Prier pour que rien de fâcher n’arrive. Prier pour ne pas tomber sur une bifurcation. Encore que là dessus… Il n’as pas trop a s’en faire. Pour le moment son rêve s’est montré d’une précisons infaillible. Pas de raison pour que ça change.

Attend ? Inquiet tu tourne la tête sur le côté… N’as-tu pas entendu le crissement d’une botte sur la neige ? Un danger ? Vu les circonstances autant dire que c’en est fini de toi… Tu continue a marcher… Puis te rend a l’évidence : s’il y a quelqu’un il ne bouge plus depuis un bon moment… Il te piste ? Ou alors il n’y a tout simplement personne. Rien d’autre que le vent dans les branches. Qu’une bestiole passant par là….

Tu commence tout juste a te calmer lorsqu’une vois surgit de nulle part. Vif comme l’éclair tu te tourne vers la position supposée de l’importun (où plutôt, a en juger par la hauteur de sa voix, l’importune)… Ta cane est a demi levée… Instinctivement tu t’es mis en garde. Souvenir de l’époque ou tu voyais. Souvenir d’une époque où une épée t’étais utile…

- Qui vas là ?

Puis tu réfléchit. Tu cogite. Vu l’endroit… C’est probablement une shaman… Et elle a plus que probablement compris que tu était aveugle… A moins de d’être soi-même aveugle il était malaisé de passer a côté de ça… Et surtout… c’est le sens des mots qui avaient été prononcé qui te rappelèrent les bonnes manières…

Ta cane retrouve le sol et tu adresse un sourire a l’arbre situé un peu a droite de la Sildhe… Comment pourrais-tu savoir après tout ?

- Heu… Pardon. Je… Je crois qu’il y a un village non loin…

Dans ta situation autant oublier ton honneur… Ce ne sera pas la première fois…

- Je vous serais grandement reconnaissant si vous pouviez m’aider…

Visiblement, la jeune femme aurait du s'annoncer de manière bien plus explicite. Instinctivement elle recula d'un pas et leva les mains en signe de paix avant de réaliser qu'il n'était probablement pas en mesure de voir son geste. D'un autre coté, il était un peu normal d'être quelque peu tendu... Même si elle aimait beaucoup les lieux, et la neige, ils pouvaient se révéler assez hostiles pour quelqu'un qui ne pouvait pas voir où il mettait les pieds. Elle ne pouvait qu'imaginer la tension constante nécessaire à sonder le sol face à soit pour esquiver un maximum de racines traîtresses.

-Vous n'avez pas à vous excuser, ce serait plutôt à moi puisque je vous ai fait peur.

La jeune femme ne se formalisa pas du léger décalage, qu'il ne lui parle pas vraiment en face. Là aussi il était parfois malaisé de déterminer avec précision d'où pouvait venir une source de bruit. Se sachant bien incapable d'en faire la moitié avec les yeux simplement fermés elle ne pouvait trouver son adaptabilité qu'admirable... Maintenant que sa cane n'était plus brandie, elle se permit de se rapprocher un peu plus de lui.

-Effectivement une communauté vit non loin d'ici. Vous êtes sur la bonne route mais cette partie du chemin n'est pas forcément la plus facile à pratiquer...

Que l'on soit voyant ou non d'ailleurs. Elle-même avait parfois du mal à arriver avec une mise présentable tant les arbres étaient parfois rapprochés. Les shamans n'étaient pas nombreux, ceux qui étaient appelés encore moins... Autant dire que les accès vers l'extérieur étaient souvent laissés plus ou moins en friche. De toute façon c'était aussi un moyen de dissuader le voyageur égaré. Si les shamans étaient relativement serviables, ils n'appréciaient que moyennement que l'on vienne les déranger jusque dans leur refuge. La sidhe se rapprocha encore un peu sans pour autant envahir complètement sa bulle personnelle, elle était juste à portée de bras.

-J'ai d'ailleurs souvent quelques difficultés à arriver en un seul morceau...

Elle eut un petit rire léger, repensant d'ailleurs à la dernière robe qui avait rendu l'âme ici. Elle évitait désormais les jupons trop volumineux lorsqu'elle allait voir ses confrères...

-Pourquoi ne me donneriez-vous pas votre bras? Cela nous permettra d'arriver tous deux avec une mise suffisamment civilisée...

Présentement, la jeune femme était sincère. Elle ne lui proposait pas un bête assistanat mais une association toute simple. Bien que le chemin soit un peu ardu, elle se doutait qu'il serait capable d'arriver à sa destination. Il ne s'était pas généré spontanément à cet endroit après tout, il avait déjà parcouru une grande partie de la route seul et il semblait s'en être sorti avec talent, sans quoi il ne serait certainement pas vraiment présentable...

-Vous avez été appelé récemment ?

Une telle politesse en est presque gênante… Toujours cette déférence envers les infirmes… fatiguant. Limite déprimant. Mais c’est ainsi. Il a appris a vivre avec depuis le temps… C’pas vraiment comme si il avait le choix. Il ne releva donc pas la réponse faite a ses excuses et se contenta de sourire. Le timbre de cette voix n’était pas déplaisant. Et c’était lui qui avait demandé de l’aide après tout.

Quand a la manière dont elle présentait les choses… Au final… C’était plutôt pas mal. Presque comme si elle quémandait son aide autant que lui la sienne.

Tu lève donc le bras pour qu’elle puisse le prendre… Dommage qu’il fasse si froid. Tu aurais bien aimé sentir sa peau. Tu aurais bien aimé prendre le temps de la toucher un petit peu pour te faire une idée de ce a quoi elle ressemble…

Mais ce n’est ni le lieu ni le moment : il fait froid… Et la neige ne vas pas faciliter les choses si on se met a trainer…

Tu commence a te tourner vers la direction supposée du chemin… ta main droite tiens fermement ta cane qui explore le terrain devant toi… Et la gauche… La gauche qui habituellement t’aide a savoir si tu ne vas pas rencontrer une branche un peu trop haute… tu la laisse a la voyageuse.

Pourvu que le rêve ne t’ai pas menti. Pourvu que cet endroit soit bien un havre… La voix de la femme te rassure plutôt. Elle ne semble pas être une mauvaise personne… Mais ses propos sont étranges.

- Appelé ? Heu… Je ne crois pas. Je ne sais pas. Je voulais trouver cet endroit… Et je me suis fié a mes songes…

Pourquoi en dire tant a une étrangère ? Et pourquoi pas ? De toute manière elle ne comprendra probablement rien a tout ça… Donc mieux vaut réorienter la conversation vers un sujet plus frivole… Mais avant tout… Il y a un détail a régler :

- Je m’appelle Gen.

Ni l’un ni l’autre n’avait encore prononcé son nom… et pour le rêveur c’était quelque chose d’important… Associer une personne a une seule voix n’est pas facile… L’époque ou les visages pouvaient lui servir lui manquait... Mais avec un nom… Avec un nom les choses étaient quand même bien plus simples en règle générale.

Rien que le cas de Letie et Elise le prouvait : malgré leurs similitudes il n’avait jamais eu de mal a différencier leurs visages… Mais leurs voix ? Impossible. D’autant qu’il est bien aisé de falsifier la voix… Les inflexions… La hauteur du ton…

La déférence qu'elle lui montrait n'était pas celle qu'elle réservait aux infirmes... Malheureusement pour lui Miranda était de cette espèce étrange qui semblait sortir d'un palais plutôt que d'une route poussiéreuse. Elle lui témoignait en fait le même type de politesse qu'à n'importe qui d'autre, exception faite de ceux qui l'agaçaient véritablement... La sidhe prit donc le bras que le jeune homme lui tendait, glissant le sien afin d'assurer sa prise. Il ne tarda pas à sentir les jupons de la robe de la jeune femme contre sa jambe et bien qu'il ne puisse toucher sa peau il sut qu'elle portait une capeline de qualité fait d'une forure bien agréable. Même ses mains étaient gantées afin de les protéger du froid... S'il voulait une chance de mieux la "voir" il devrait alors toucher son visage sous sa capuche. Si elle lui en donnait l'autorisation...

Ce n'était pas désagréable de finir sa route avec quelqu'un, de vivant, pour changer. Bon nombre d'esprits traînaient aux alentours mais les shamans n'étaient pas assez nombreux pour que les rencontres fortuites soient courantes. C'était regrettable d’ailleurs, d'autant plus que certains persistaient à ne pas vouloir sortir de leur refuge. Il y avait pourtant tellement de choses à voir à l'extérieur !! La jeune femme le laissa s'orienter à sa guise. Visiblement, bien qu'elle ne sache pas encore comment, il connaissait la direction à prendre, aussi n'intervint-elle à aucun moment. Il était apte à retrouver son chemin, il n'avait pas besoin qu'elle le materne... Elle faisait juste en sorte qu'il n'y ait pas trop d'obstacles sur la route. Certaines branches un peu basses auraient pu leur fouetter le visage si elle ne les avait pas délicatement repoussées à l'aide de sa télékinésie. C'était tant pour lui que pour son confort personnel... Elle avait horreur de se retrouver avec de l'écorce dans le chignon... La sidhe eut un léger sourire qui du déteindre sur sa voix douce.

-Vous vous dirigez vers un endroit qui n'est pas aisé à atteindre. Il ne se laisse découvrir que par quelques personnes... Habituellement les nouveaux venus sont guidés jusqu'ici par un esprit, qu'il lui soit familier ou non. Mais je ne vois pas d'esprit autour de vous... D'où ma curiosité, je m'en excuse.

Il n'y avait pas de mal à livrer ces informations... S'il n'avait pas été destiné à rejoindre les shamans il n'aurait jamais pu aller aussi loin sur ce chemin, que ce soit volontairement ou en s'étant égaré. Le nom de ce nouveau venu la fit sourire. Gen... Gem... Ce nom était très proche de celui de son loup et elle avait la même impression qu'avec lui. Un être qui avait été blessé... Sa cécité faisait échos à la cicatrice blanche dans son pelage noir.

-Enchantée Gen. Je me prénomme Miranda.

Ils continuèrent à avancer quelques longues minutes dans le silence uniquement troublé par leurs pas et la neige qui tombait parfois des arbres. Elle continuait à doucement écarter les obstacles dans lesquels elle n'avait pas envie de se prendre les pieds ou la tenue, s'assurant que Gen prenait toujours la bonne route. Mais son rêve avait du être particulièrement précis puisqu'elle pouvait constater qu'il ne se trompait jamais...

-Je dois bien avouer que je rentre rarement ici... Et je ne m'attendais pas à croiser la route d'un jeune appelé.

Elle ne put s'empêcher d'avoir un petit rire malicieux.

-Avec un peu de chance ils seront tous focalisés sur votre arrivée et je pourrai passer inaperçu. Même si cela ne sera que de courte durée.

Son rire ne tarda pas à s'achever.

-Pardon, vous devez avoir l'impression que je me sers de vous pour me cacher dans votre dos... Je dois vous donner bien mauvaise impression !

Une grande dame ? A un endroit pareil ? Etrange… Franchement étrange… Mais les femmes du bas peuple ne sont pas du genre a avoir des robes aussi volumineuse… Et quand bien même… En pleine forêt ? Une idée un peu… incongrue ? Y’a de ça oui…

Et puis… Pourquoi pas ? Le coup d’un aveugle marchant seul en pleine forêt doit en imposer aussi pas mal dans le genre "étrange"… Et les quelques souvenirs qu’il a d’histoires parlant d’affaires de la haute société lui reviennent en mémoire.

Aurait-tu du faire quelque chose de plus ? Un baisemain ? Une révérence ? Bon… En pleine forêt de toute manière c’aurait-été un tantinet déplacé… Presque autant que ce que tu parviens a deviner de ses vêtement en fait…

Bref. Son histoire a propos d’esprits t’éclaire subitement… mais c’est bien sur ! Voilà comment il font d’habitude… C’est triste… Toi qui espérait trouver d’autres rêveurs là bas… Mais… Si il y avait eu plus de rêveurs tu les aurait probablement croisés… Enfin… Tu le ressent ainsi.

- Guidés par des esprits… C’est pas bête… J’aurais pu essayer… ça m’aurait probablement facilité la tâche…

Il marque une pose… Songeur.

- Mais j’suis pas très très doué pour ça… Enfin… Je sais que j’ai un pouvoir en rapport avec eux… Mais… heu… J’sais pas trop comment ça marche.

Un haussement d’épaules… Ce n’est pas ton genre de jouer les obscurantistes… Enfin… Pas a ce point là. Tu vas donc en expliquer un peu plus. Qu’elle comprenne tout ou pas… ça… c’est autre chose. Et ce n’est pas de ton ressort.

- Pour ma part j’ai laissé ma seule volonté guider mes pas jusqu’ici… Tenez… Cette montagne sur notre gauche… De temps a autres elle doit paraître entre les arbres… A moins que la douceur cotonneuse ne la cache… Comme un phare elle m’a guidée. Il suffit de suivre ses songes pour aller là ou on le souhaite. Quand a votre curiosité… Pourquoi en tenir rigueur alors que la mienne plus que la votre a été assouvie ?

Le sujet était clôt pour lui… Et déjà on esprit divaguait a la recherche du prochain signe qui lui indiquerais la bonne direction… Et où il en serrait. Ha… Oui. L’embranchement. Un chemin allant vers une petite hutte isolée… Et de l’autre… Un menant vers le village a proprement parler…

A priori restait moins de vingt minutes de marche… Avoir quelqu’un a ses côté facilitait grandement les choses… Et un peu de conversation ne faisait pas de mal…

- Ils sont si terribles que ça ? De toute manière je suppose que j’y couperais pas… Alors autant que ça aide quelqu’un non ?

Puis… Cédant son sourire amusé et son port plein d’assurance pour une expression un peu plus inquiète le voilà qui enchaine :

- Je dois avouer que je viens un peu comme un cheveux sur la soupe… Ha et… Qui habite au bout de ce chemin ?

Tu as posé la question, l’air de rien, l’accompagnant même d’un geste négligeant de ta cane vers la direction de la hutte isolée lorsque, après une brève hésitation, tu as finalement opté pour le chemin menant vers le village.

Il fallait une certaine pratique pour réussir à se promener un peu partout habillée comme elle l'était. Lorsqu'elle était arrivée dans ce monde, elle portait les lambeaux d'une tenue aussi élaborée. C'était donc tout naturellement qu'elle s'était tournée vers ce style une fois sa convalescence terminée. Et, sans surprise, elle s'était immédiatement adaptée avec aisance aux corsets, jupons et capelines. Il en avait été de même avec son "éducation". Vouvoyer, parler avec un certain vocabulaire, l'étiquette... Tout cela lui était venu le plus naturellement du monde. De là était née l'hypothèse que sa famille était probablement assez distinguée et importante. Sauf qu'elle ne l'avait toujours pas retrouvée...

Elle n'attendait aucun baisemain ou traitement particuliers... Elle était ainsi mais n'imposait pas aux autres de se soumettre à l'étiquette. Ce n'était pas parce que cela lui était naturel que cela l'était pour d'autres. Autant demander à un nomade d'arrêter d'être nomade, c'était illogique et déplassé. La sidhe écouta ce que disait l'elfe à son bras... Il semblait être quelqu'un de vraiment particulier. Elle espérait vivement qu'il n'éprouverait pas les mêmes difficultés qu'elle avec ses futurs confrères...

-Si se servir d'esprits comme guide est la façon la plus courente d'arriver ici cela ne veut pas dire que les autres sont proscrites. De ce que je peux constater vous vous en sortez admirablement bien !

A nouveau la jeune femme eut un sourire. Gen lui renvoyait des souvenirs encore récents. Sa première rencontre avec les shamans, la compréhension, l'apprentissage puis l'expérience que l'on cherchait toujours à se forger par soit-même...

-Ne vous inquiétez pas, les gens qui vivent ici vont vous permettre de mieux appréhender vos capacités. Et avec le temps vient la maîtrise. Par contre j'avoue que le monde des ésprits continue de me surprendre un peu plus chaque jour... Votre cécité peut très bien ne pas vous empêcher de les voir par exemple...

Par contre cela faisait plusieurs fois qu'il parlait des songes... De même il semblait connaitre la route comme s'il l'avait déjà vue ou parcourue. Ce qui était impossible...Le fait qu'il parvienne à aussi bien localiser la montagne était déjà impressionnant en soit. Elle repensa à ce qu'elle venait de lui dire. Se servir de son arrivée pour passer inaperçue auprès des gens de sa communauté. Voila une bien triste réputation qu'elle était en train de leur forger alors que tous n'étaient pas "désagréables". C'était comme partout, elle avait plus d'atomes crochus avec certains qu'avec d'autres.

-Oh non, ils ne sont pas tous si terribles. J'ai juste un peu de mal à me faire comprendre de certains, voila tout. Nous sommes comme une grande famille. Vous connaissez certainement le dicton...

Et être shaman n'était pas spécialement un choix. Ces capacités vous tombaient dessus du jour au lendemain et vous vous retrouviez obligé d'en assumer les conséquences. Le point positif à appartenir à une telle communauté était que, finalement, on était jamais vraiment seul à faire face. Il y avait toujours quelqu'un pour vous guider et vous enseigner les sens de ces visions parfois dérangeantes. Mais on ne pouvait jamais les ignorer pour se tourner vers un autre destin. La sidhe ne le regrettait pas, elle ne parvenait pas à se projeter autrement que comme une shaman, mais elle avait vu certains nouveaux venus ne pas résister à cette fatalité. Certains étaient épris d'aventures, voulaient devenir chevaliers ou de puissants mages... Dialoguer avec leur grand-père mort n'était pas la vision du futur qu'ils se faisaient et ils avaient besoin de temps pour encaisser la nouvelle...

-Dites moi? Vous parlez beaucoup de vos songes... Vous avez vu le village en rêve?

Ce trajet avait commencé… Lent et fastidieux. Ne trouvant personne pour le guider il aurait pu demander a quelqu’un de l’accompagner… lui. Mais quel idiot accepterait de suivre les indications géographiques d’un aveugle ? Déjà que le commun avait tendance a s’imaginer qu’il avait perdu l’ouïe et la raison en même temps que la vue…

Que ne pouvaient-ils pas tous se comporter normalement avec lui ? Lui parler comme le faisait cette jeune femme ? Sans élever le ton et parler doucement… Les choses s’étaient améliorées au fil des mois puis des années a mesure qu’il réapprenait a vivre dans l’obscurité…

Mais on ne lui faisait pas pour autant… Confiance. Pas étonnant. Et pas anormal.

Restait la solution de payer des gens pour qu’ils vous aident… Où de trouver des amis.

Deux tâches complexes pour ne pas dire impossibles… L’une pour des raisons financières évidentes… Et l’autre… L’autre… Car il n’était pas quelqu’un de très facile d’accès. Voire tout bonnement inaccessible pour le commun. Presque toujours perdu dans ses rêves il use souvent de métaphore plus qu’alambiquées qu’il n’est pas donné a tous de comprendre… Et encore moins d’en deviner le sens véritable.

- Une lueur venue par delà le voile. Feu follet guidant celui qui n’as besoin de l’être tressant les égarés. L’animal perce le cœur du rêveur qui oublie les promesse d’antan et les remodèle.

Ces trois phrases t’on échappé… Fragment d’un songe dont tu ignore le sens. Mais elles t’on semblées… Appropriées. En partie du moins. Comme si elles éclairaient la situation. Comme si elles s’y adaptaient… Augurant du futur ? D’un possible ?

Bref. Tu reviens a la réalité… La femme a ton bras te rassure… te complimente… t’informe… Mais pose également des questions. Quoi de plus normal ?

Il aurait pu répondre du tac au tac. Rebondir sur chaque phrase pour en lancer une nouvelle… Oui. Il l’aurait même fait… S’il n’avait pas eu l’esprit si loin, égaré dans ses songes… Cherchant a se remémorer les images de cet endroit… Au lieu de quoi il laissa s’installer le silence… Ce silence absolu qui ne prend vie que lorsque la neige tombe et amorti tous les son… Comme si le vent lui-même s’était tût. Seul le son assourdissant des flocons tombant sur le sol raisonnait.
Silence.

Puis comme s’ils étaient cinq à prendre la parole, déchirant le paisible silence… Un cœur de voix. Une voix unique. Douce. Prudente.

- Dans l’au-delà mes yeux ont été emportés. Paiement d’un voyage non souhaité. Et l’éveil ne me laisse voir au delà du néant. Il n’est question de voir un mort. Ou du moins pas en ce monde. Quand au havre… J’ai été à lui. J’ai marché jusqu’à lui. Par delà les rêves. Dans le monde.

Et voilà… Tes mauvaises manies reprennent le dessus. Tu le sais. Mais tu les laissent faire… Elles sont toi.

L’une des choses que l’on reprochait souvent aux shamans était leur façon peut commune de parler… Quand certains ne faisaient pas d’obscures références à des choses que seuls eux connaissaient, ou une poignée d’esprits, ou parlaient par énigmes, il était aussi parfois difficile de savoir s’ils s’adressaient directement à vous ou à un esprit se trouvant derrière votre épaule droite. Elle-même était affublée de ces travers, au moins celui d’oublier que tous le monde ne pouvait voir son interlocuteur… Mais de ce qu’elle pouvait entendre, Gen risquait de rapidement devenir un excellent shaman. Leurs dirigeants avaient un penchant nettement marqué pour ce genre de tournures sibyllines. Cela ne la dérangeait pas vraiment, pas énormément… Mais pour certaines choses elle ne le supportait pas. Jouer avec les choses ou les gens était l’un de ses passe-temps préféré mais elle savait où se trouvaient les limites…

-Une mauvaise rencontre à vos débuts je suppose ?

De ce coté là, elle avait de la chance. Elle n’avait jamais eut maille à partir avec un esprit néfaste suffisamment puissant pour la mettre en danger. Elle était toujours parvenue à se sortir des différentes situations dans lesquelles ces « mauvais » esprits l’avaient entraînée. Ensuite, avec le temps, était venue l’expérience. La sidhe parvenait maintenant à repérer certains d’entre eux… Suffisamment de loin pour qu’elle puisse les ignorer sans trop de difficultés… Mais tous ces esprits mauvais ne l’étaient pas de naissance… Si certains vivants restaient aussi maléfiques une fois passés de vie à trépas, d’autres le devenaient par frustration de ne plus pouvoir se mêler aux vivants… Il s’agissait souvent d’anciens esprits qui avaient largement eut le temps de perdre tout espoir… Ceux-là devaient être repérés assez tôt pour pouvoir les libérer et éliminer la potentielle menace… Quant aux autres… Il était alors plus question d’aider les vivants que les morts en faisant en sorte qu’ils ne nuisent plus à personne.

-Je n’ai jamais rêvé de cet endroit avant d’y aller… Même encore aujourd’hui, il n’est que très rarement le sujet de mes songes…

Il y avait comme un voile de regret dans le ton de sa voix… Pendant un temps elle avait pensé qu’elle finirait par trouver des indices dans ses rêves… Des choses qu’elle ne pourrait avoir vu ou connu que durant son passé inconnu et qui se traduirait inconsciemment dans ses songes. Mais cela n’était jamais arrivé. Pire, lorsque son subconscient cherchait à dériver dans cette direction, des mécanismes magiques se mettaient systématiquement en place. Elle se réveillait alors en sursaut, sachant pertinemment avoir rêvé d’un élément important mais ne pouvant absolument pas se rappeler… Cela ne faisait qu’augmenter sa frustration…

-Sans compter que je ne me souviens que très rarement de ces derniers…

De nouvelles présences se faisaient sentir. Il y avait désormais de nombreux esprits sur leur route, des habitants de ce refuge… Certains avaient presque débuté une nouvelle vie ici, partageant leur savoir avec les shamans, d’autres avaient juste étaient attirés en ces lieux. Le passage du nouveau venu ne manqua pas de déclencher les passions, toutes proportions gardées. De nombreux chuchotis étaient audibles, on parlait, on se questionnait, se demandant qui était cette nouvelle recrue, quelles seraient ses capacités, si quelqu’un le connaissait déjà… Mais ce qu’elle espérait se passait effectivement, elle n’entendait que peu de remarques sur son retour, forcément temporaire, en ces terres. Sous leurs pieds le chemin venait de se faire nettement plus stable, net, presque recouvert d’un fin gravier. Quant à la sidhe, elle n’avait plus besoin de les protéger des branches basses. Elle se pencha légèrement vers lui afin de s’assurer qu’il soit seul à entendre.

-Et bien vous faites sensation… Et pas un pour vous souhaiter la bienvenue…

La shaman eut un sourire.

-Bienvenue parmi nous !

Il n’y a rien d’étonnant au fait qu’elle n’ai jamais rêvé de cet endroit… En tout cas… pas avant qu’elle y ai mis les pieds. Gen n’as pas eu besoin de très longtemps pour réaliser que le commun n’avait pas franchement le même rapport aux rêves que lui…

Et bon… Voir un endroit dont on ignore tout demande une maitrise étonnement développée. En comparaison donner naissance a un paysage fantasmagorique est d’une simplicité écœurante.

Et pour ce qui est de se souvenir de ses rêves… Les tiens ont autant de consistance que la réalité. Evidement que tu t’en souviens ! C’est parfois un peu surprenant de recevoir aussi nettement des images tout droit sorties des profondeurs de son subconscient… Mais on s’y fait. On apprend même a vivre avec… Et a accepter ses rêves comme des exutoires a ces… pulsions qui habitaient son être.

Comment expliquer cela a quelqu’un qui ne connais pas ça ? La réponse t’étais apparu il y a des années de cela… Alors que tu contrôlais encore si mal ton pouvoir que tu ne pouvais sortir de tes propres songes… Alors que tu vivait encore paisiblement chez toi… Tu avais découvert qu’en dormant au contact de quelqu’un tu partageais son rêve. Toujours. Jusqu’au moindre détails des rêves avaient concordé lorsque tu avais posé des questions au réveil… Au point de vue près.

Depuis que ton pouvoir a grandit l’occasion ne s’est pas encore réellement présentée de pousser l’expérience plus loin. Tu as rarement dormi dans les bras de quelqu’un… Et ces fois là tu as soit manqué de force pour t’extirper du rêve de ton amante d’un soir… Soit eu aucune envie de l’entrainer avec toi en le fuyant.

Quand a ceux ou celles avec qui tu avait pu partager un lit faute de place… Tu aurais bien été en peine de leur expliquer pourquoi tu voulais t’endormir en touchant leur peau. Tu ne le souhaitais de toute manière pas particulièrement.

Mais tes quelques expériences t’on laissé la sensation que tu aurais pu entrainer l’autre dans le monde des rêves. Si tu l’avais souhaité.

- Disons que je ne rêve pas réellement au sens ou vous l’entendez…

Une manière simple et expéditive de traiter le problème. Bon. Ca ne comble en rien le mystère… Cette femme est une shaman… Et sa manière de se comporter avec toi n’amène a l’apprécier suffisamment pour ne pas fermer les portes.

Aux oreilles d’un aveugle il n’était pas bien dur d’entendre beaucoup plus que ce qu’on se serrait attendu… Mais Gen ne s’appliquait pas outre-mesure. Pourquoi l’aurait-il fait ? On parlait de lui… C’était naturel. Les choses passeraient. C’est avec un petit rire qu’il reçut le commentaire de sa compagne de route…

- Merci ! Mais pour l’instant je dois avouer que je rêve de trouver l’auberge ou ce qui s’y apparente le plus… Je n’ai rien… discerné a ce sujet.

Etrange d’ailleurs. Habituellement trouver le prochain endroit ou il pourrais dormir ne lui posait aucun problème mais là… Trop grande incertitude ?

De toute manière pour l’heure le sommeil n’est pas la principale raison pour laquelle tu veux trouver un abris. La neige n’as cessé de tomber… Et ce sera avec délice que tu trouvera la chaleur d’une maison… A ce moment tu pourra enlever tes gants… Et peut-être "voir" ta compagne de route… Tu n’aime pas te sentir redevable a quelqu’un dont tu sais si peu…

Gen devait avoir une approche différente d’elle du monde des rêves… Mais n’étant pas une grande experte dans ce domaine, elle avait du mal à déterminer si cette spécificité était l’apanage d’un quelconque pouvoir ou une simple différence de race… Cela faisait partie des savoirs qu’elle estimait perdus pour elle, pour l’instant. Et elle ne pouvait pas vraiment se permettre de le questionner plus avant. S’il avait voulu développer la chose, il l’aurait probablement fait de lui-même. Il était donc fort malvenu, à ses yeux, de l’inonder de questions déplacées et de le pousser dans ses retranchements… Puis il avait des soucis plus pressants, il n’était pas là pour une simple promenade après tout.

Par contre Wonderland n’était pas vraiment un lieu comme les autres. Sa spécificité première, hormis la présence constante d’une grande quantité d’esprits, était son autarcie. A moins d’être un shaman, on allait pas là-bas, les lieux faisaient en sorte que votre route soit savamment détournée afin que vous n’atteignez jamais le refuge des anciens invoqueurs. Cela voulait donc dire qu’ils n’accueillaient personne d’extérieur à la communauté, à moins d’une exception suffisamment rare pour qu’elle puisse compter ces dernières sur les doigts de la main. Cette absence d’ouverture vers l’extérieur signifiait donc une chose. Il y avait certes des maisons… Mais cela s’arrêtait là. Il n’y avait pas vraiment d’établissement destiné à accueillir des gens de passage, des étrangers.

-Vous n’avez rien discerné à ce sujet car il n’y en a tout simplement pas…

La jeune femme eut un sourire, lui tapotant doucettement le bras qu’elle tenait.

-Mais rassurez-vous, vous n’aurez pas à dormir à la belle étoile, dans la neige. Il y a une sorte de maison communale qui offre gîte et couvert aux shamans qui ne font que passer ici…

C’était là qu’elle allait à chacune de ses visites. Bien qu’ils ne soient pas majoritaires, certains shamans faisaient comme elle et allaient par monts et par vaux plutôt que de vraiment rester en Wonderland. Ceux là n’avaient pas de maison attitrée ici, ou n’en avaient pas voulu comme elle. Cette maison « communale » leur offrait une bonne alternative, leur permettant d’avoir un toit pour les quelques jours qu’ils devaient passer ici. La personne qui s’en chargeait était un shaman probablement aussi âgé que les lieux eux-même. Elle était d’ailleurs persuadée qu’il ne quitterait pas son poste une fois mort. Il changerait seulement d’état…

De par son statut un peu à part, cette maison était d’ailleurs l’une des plus proches de la « sortie », lui du centre et de là où siégeait le conseil… Elle était aussi la plus grande et, de loin à ses yeux, la plus chaleureuse. D’une légère pression sur son bras, elle signifia à Gen qu’ils devaient ralentir. Ils n’étaient qu’à une maison de celle qu’ils occuperaient probablement et elle préférait avoir son avis plutôt que d’imposer ses propres préférences… Après tout ce n’était pas elle qui arrivait ici pour la première fois de sa vie, physique…

-Que préférez-vous Gen ? Vous reposer quelques instants au chaud ou directement aller vous présenter à Sheros Uis ?

La sidhe prit quelques secondes de réflexion. Il y avait aussi d’autres options. Bien que le « village » ne soit ni très grand ni très intéressant à visiter car à seul but utilitaire, le jeune homme pouvait aussi avoir envie de découvrir son potentiel nouveau fief de lui-même…

-A moins que vous ne préfériez que je vous laisse seul pour faire vos propres découvertes ?

Elle le laissa donc prendre sa décision. Et mieux se retrouver aussi, il avait tout intérêt à se trouver des repères pour pouvoir s’y retrouver lorsqu’il reviendrait seul ici.

Ceci explique cela… Il avait probablement mal exprimé sa pensée dans son rêve… Et si ses pas n’avaient pu le mener a bon port… Sans importance de toute manière puisqu’il était accompagné… Il suffisait de faire confiance donc.

Et pour l’heure… plus que toute autre chose… Ce dont il avait envie était d’un bon feu et d’un repas chaud. De quoi se remettre de cette petite balade dans la neige et le froid.

- Je vous serais très reconnaissant de m’amener a cette… Maison commune.

Le reste… le reste attendrait sans peine le lendemain… Après tout si quelqu’un souhaite le voir… Il a déjà attendu plusieurs mois. Une nuit de plus ne lui fera pas de mal.

- Quelque chose de chaud ne sera pas de refus après une… randonnée pareille.

Tu ne précise pas plus les choses… Mais tu t’en voudrais de quitter si tôt cette femme… Elle a quelque chose de surprenant en elle… Et pendant votre marche tu n’avais pas tellement l’esprit libre pour une conversation passionnante…

Non. Dans ce genre de situation tu essai quand même un minimum de faire attention a où tu met les pieds… Pas comme pour les voyants qui n’ont qu’a jeter un coup d’œil… Non… toi, même avec de l’aide, tu es obligé de t’assurer que chacun de tes pas ne vas pas te faire tomber bêtement…

Lorsque, enfin, ils pénètrent dans un bâtiment, Gen soupire de soulagement… Et entreprend d’ôter au moins une partie des couches qui le recouvrent… ses gants pour commencer… retrouver la sensation de l’air sur ses doigts… Un vrais délice. Comme si on lui avait enlevé des œillères…

- Y-a-t-il quelqu’un dans la pièce ?

La question avait été murmurée (en aparté) a Miranda… Car s’il entendait bien des voix il n’aurait su dire d’où elles venaient exactement…

- Puis-je un petit peu me débarrasser ?

Bon. Oui… Tu te laisse assister… Dorloter… Et tu n’aime pas particulièrement ça. Mais c’est la moindre des choses quand on rentre chez quelqu’un : Eviter de tout chambouler en cherchant a l’aveuglette.

La sidhe pouvait bien comprendre son choix… Etrangement, elle s’était découvert une certaine facilité à résister aux grands écarts de température. Bien qu’elle ressente le temps comme froid, elle n’en souffrait nullement, elle avait juste à lutter contre un léger sentiment de léthargie. Elyane avait plus d’une fois plaisanté en prétendant qu’elle devait être issue d’une famille de plantigrades pour avoir une telle inclinaison envers l’hibernation… Penser à sa tante la fit sourire alors qu’elle tapotait la main de Gen dans un geste machinal.

-Sagement décidé. Je suis certaine que vous allez beaucoup aimer cet endroit.

La maison en elle-même était agréable à voir, accueillante, comme dans les contes de fée. Mais le point le plus agréable pour Gen serait certainement sa totale absence de marches. Il s’agissait d’une sorte de corps de ferme en plein pied. Il n’aurait donc pas à se soucier de potentiels escaliers… Guidant son nouveau compatriote, la sidhe poussa la robuste porte de chêne. La chaleur et une bonne odeur de ragoût les enveloppèrent immédiatement, les tirant presque à l’intérieur alors que la porte se refermait sur le froid et la neige.

Bien que réfractaire au refuge des shamans, la jeune femme apprécia de retrouver ce lieu familier. Elle entreprit d’enlever sa propre cape pour avoir suffisamment d’amplitude pour aider Gen. Ils étaient pour l’instant dans un couloir où nombre patères attendaient d’être chargées. Seul un unique manteau occupait déjà la place, laissant supposer qu’ils étaient les seuls visiteurs du jour. Pour l’instant tout du moins.

-Je dirai qu’il n’y aura que trois couverts de dressés. Mais il y a du monde dans l’autre pièce.

Gen put sentir deux mains délicates sur ses épaules alors qu’elle l’aidait à retirer ses couches de vêtements. On parlait dans le grand salon mais elle était presque certaine qu’il n’y avait plus qu’un seul cœur qui battait là-bas. La voix la plus grave appartenait au propriétaire des lieux, âgé. Les deux autres, plus aériennes, une féminine et l’autre masculine devaient appartenir à quelque résident éthéré des lieux… Wonderland avait cela de particulier, les esprits évoluaient librement parmi les shamans, constituant une population à part entière, retrouvant parfois une existence presque normale…

La sidhe se débarrassa de leurs vêtements sur les patères, prenant soin que chacun et la sienne et prit la main de Gen dans la sienne. Délicate et douce seraient certainement les adjectifs qui correspondraient le mieux alors qu’elle lui faisait toucher le chambranle de la porte puis la patère supportant ses affaires afin qu’il puisse aisément les retrouver sans l’aide de qui que ce soit… Au passage elle lui fit sentir la présence d’un système pour verrouillé la porte. Il n’était presque jamais utilisé mais il valait mieux connaître sa présence. Au cas où… Elle lui rendit ensuite sa liberté, le couloir ne permettrait pas qu’ils soient dans la même position que lorsqu’ils marchaient en foret.

-Venez, je vais vous présenter. Le Grand Salon est à quelques mètres sur votre droite…

Elle ne l’abandonna pas brusquement dans ce nouvel environnement. Elle attendit juste qu’il s’avance vers elle…

La chaleur de l’endroit… La douceur… C’est avec un plaisir non dissimulé que Gen se débarrasse de son manteau… Qu’il retire ses gants… Bref : qu’il retire ces œillères qui jusqu'à présent avaient limité ses sens… Mais que le froid le condamnait a conserver…

Et effectivement a présent que trois épaisseurs de tissus ne le séparent plus du monde il remarque qu’ils se trouvent dans une petite pièce, l’entrée, qui n’est pas réellement chauffée… Et ceci explique aussi pourquoi les voix qu’il avait entendu avaient semblé si… lointaines. Ainsi que leur absence de réaction a l’entrée des deux voyageurs.

Enfin. Tu finis rapidement de retirer tes épaisseurs et descend une petite pièce d’étoffe sur tes yeux. Ce n’est pas particulièrement agréable… Mais il semblerait que l’aspect de ta blessure répugne quelque peu certaines âmes sensibles… Donc quand tu es en bonne société… Tu évite de trop te montrer dérangeant…

Tu hoche la tête pour signifier a Miranda qu’il l’avait entendue et comprise… Sous leurs pieds le plancher proteste… Et t’indiquent précisément où se situent les choses… Tu la suis sans avoir a tellement user de ta cane pour te repérer… Et t’engouffre dans la pièce.

A présent tu comprend pourquoi elle avait parlé de trois couverts seulement… Esprits. Difficile de s’habituer a ces lieux ou les morts marchent parmi les vivants… Mais au son de leur voix tu parvient a distinguer un… petit quelque chose. Un changement. Comme s’ils parlaient a travers du coton… Ou… le voile… En y réfléchissant ce n’était pas la première fois que tu entendais des voix venues de l’autre côté du voile… Simplement… Simplement tu n’avais pas fait le rapprochement.

L’entrée des visiteurs interrompit (brièvement) la conversation en cours… Qui se fit un devoir de reprendre de plus belle… Sur un tout autre sujet. On demandait des nouvelles… On s’informais sur cet étrange nouveau venu… Enfin… Tout ce a quoi on pouvait s’attendre.

- Je me nomme Gen O’sou… Et j’arrive tout juste… Mirianda m’a beaucoup aidé.

Remerciement publiques… Certes. Mais aussi une manière comme une autre de se venger un petit peu d’elle en renvoyant l’attention sur elle… Et s’offrir ainsi le temps d’observer (ou plutôt d’écouter) un peu…

La jeune femme sourit à la façon dont Gen se présenta. La tentative de reporter l'attention générale sur elle était à peine masquée. Mais c'était de bonne guerre... Elle-même n'appréciait que fort moyennement et bien que sa présence ici puisse défrayer la chronique ce n'était rien en comparaison de l'arrivée d'un nouveau membre ! L'aveugle allait devenir la toute dernière attraction à la mode, il était légitime qu'il cherche un échappatoire... Et elle pouvait bien la lui offrir pour encore quelques instants. La sidhe eut un sourire amusé que Gen ne put voir. Mais le ton de sa voix était tel qu'il pouvait bien le déduire...

De toute façon elle connaissait bien les personnes présentes et les appréciait. Ce n'était pas forcément le cas de tous les occupants de Wonderland. Tous trois semblaient clairement amusés par les propos tenus par le jeune shaman. Il suffisait de connaître un minimum Miranda pour savoir qu'elle était parfois assez étrangère à ce monde pour ne pas agir comme la multitude. Bien que globalement serviable il fallait que le vivant attire suffisamment son attention pour qu'elle daigne s'intéresser vraiment à lui. Et l'aider... Le vieil homme tourna donc un regard intrigué vers Gen avant de reporter son attention sur la jeune femme qui se contenta de hausser les épaules avec un air malicieux.

-J'ai eut le plaisir de croiser ce charmant jeune homme à l'entrée de Wonderland.
-Charmant... Oui, tu as toujours eut bon goût...

La sidhe eut un léger rire avant de se tourner vers Gen...

-Gen, je te présente Anna, la propriétaire de cette douce voix.

Anna avait été une courtisane d'une grande beauté avant qu'un client jaloux ne décide qu'elle serait à lui à tout jamais. La mort ne lui avait rien enlevé de son charme et elle passait son temps à taquiner les shamans de sexe masculin... Hormis cela elle s'inquiétait toujours du bien-être de ses amis. Elle se tenait à coté d'un second esprit, un immense guerrier aux épaules impressionnantes. Dureté et rudesse émanaient de lui et il se contenta de grogner des salutations à Gen, le jugeant probablement pas assez "étoffé"...

-Et voici Paxor.

Le vieil homme, lui, préféra se présenter de lui-même. Il se leva difficilement de son fauteuil et alla vers le jeune homme, prenant sa main pour serrer la sienne. Sa peau était rugueuse, pleine de cales, signe qu'il était encore un manuel. Lui aussi se déplaçait à l'aide d'une canne mais pour des raisons différentes. Au bruit que faisaient ses pas il n'était pas difficile de comprendre que l'un de ses pieds, le gauche, ne devait plus vraiment répondre à ses ordres... Miranda lui avait demandé une fois ce qui l'avait ainsi mit dans cette état et il s'était contenté de répondre que lui aussi avait vu son lot de morts...

-Bienvenue mon garçon. Je me nomme Balg, tu es ici chez toi.

Comme pour ponctuer ses propos, la sidhe prit la main du nouveau shaman pour la poser sur le dossier d'un fauteuil qui semblait particulièrement moelleux...

Les choses se précisaient. Les voix des êtres en disait souvent pus sur eux que leur apparence… Mais pouvaient se montrer toutes aussi trompeuses. Car il est bien plus aisé d’altérer son timbre que l’étincelle au fond de son regard…

Ca n’empêche pas Gen de se faire assez vite une idée des personnages autour de lui… Une femme raffinée sachant se jouer des hommes… Exacerber leurs désirs… Et très probablement morte. Sans que cette mort n’ai pu le moins du monde altérer son talent.

Tu ne retiens pas le sourire qui fleuris sur tes lèvres en entendant les compliments qui te sont faits. C’est bien rare que des femmes oublient de mentionner que tu es défiguré… Et il faut bien avouer que c’est plutôt plaisant.

Tu t’incline gracieusement en remerciement mais aussi pour saluer la morte…

L’autre mort t’apparaît comme une espèce de barbare décérébré probablement pourvu de son vivant d’une masse musculaire au moins trois fois supérieure a la tienne… Mais bon. Les grognements donnent souvent cette impression… Et lui adresser un sourire ne coûtait pas grand chose.

Puis vint au tour du seul vivant de se présenter (par lui-même cette fois-ci)… Sa voix était usée… mais chaleureuse… Il ne devait plus être de la prime jeunesse… Et sa main vint confirmer les choses… Tout en démontrant a Gen qu’il était toujours actif malgré son âge avancé… Malgré sa patte folle.

- Merci de l’accueil… Le chemin n’as pas été facile… Et sans Miranda je serais sans doute encore en train de patauger dans la neige.

Oui il radote un peu… Mais ça lui permet de se donner un peu de temps pour retrouver de la consistance… La main délicate de la Sidhe le guide jusqu’au dossier d’un fauteuil… Un nouveau sourire… Mais cette fois c’est moins de la reconnaissance que du plaisir qui transparait.

A peine assis son attention se détourne de la réalité. Ce fauteuil est particulièrement moelleux. Ce serait parfait pour faire un somme. Faire un somme et visiter un peu plus l’endroit… Oubliés les gens autour de lui… Comme si souvent… Le monde réel n’est pas celui qui lui importe le plus au final.

Les deux esprits tournèrent autour du nouveau venu, profitant allègrement que ce dernier ne pouvait les voir et qu'ils ne déplaçaient que peu d'air lorsqu'ils se mouvaient ainsi. La sidhe leva les yeux au ciel en voyant leur petit manège bien que cela l'amuse. Ces deux esprits faisaient partie du "paysage" ici, elle les connaissait bien ainsi que leurs habitudes... Leur attitude n'était pas méchante ou véritablement déplacée, ils étaient juste très intrigués par ce nouveau vivant qui s'offrait ainsi à eux. Le passage était assez rare et leurs occupations restreintes, la petite révolution que représentait Gen était irrésistible pour eux.

Et Miranda pouvait les comprendre. Le jeune homme était intrigant et fascinant dans sa façon d'être. Savoir comment avait évolué son pouvoir pour s'adapter à sa cécité était déjà un sujet à débat passionnant... Et puis il y avait aussi eu ses réponses sibyllines sur les rêves. Elle était curieuse de savoir ce qu'il voulait exactement dire mais elle avait trop de tact pour l'harasser de questions alors qu'il arrivait à peine après une longue route... Et puis il avait l'air tellement bien installé dans ce fauteuil qu'elle avait peine à lui demander quoi que ce soit. Pour manquer parfois de tranquillité, elle savait combien elle pouvait être précieuse.

-Allez savoir qui a mit qui sur la route de qui...

La shaman eut un petit rire tant sa phrase était bancale alors que l'idée qu'elle avait en tête lui semblait parfaitement claire...

-Enfin, je suppose que les Parques peuvent parfois être bénéfiques.
-Surtout en Wonderland, les esprits ont le chic pour savoir placer leurs pions... Et ils nous utilisent sans la moindre vergogne hein?

Il brandit sa canne vers Anna qui eut un rire de gorge mais le ton de sa voix montrait bien qu'il s'amusait de la situation... La jeune femme décédée en profita pour prendre la poudre d'escampette, passant par un mur et suivie de près par Paxor toujours aussi renfrogné...

-Et si tu allais nous chercher de quoi requinquer ce jeune shaman ma belle?

Miranda acquiesça et s'esquiva en un bruit doux de tissu, laissant derrière elle un parfum floral et naturel. Elle savait que Gen était entre de bonnes mains avec Balg et ne s'en faisait pas le moins du monde... Et puis elle le connaissait assez pour savoir qu'il voulait en savoir plus avant de le livrer à leur communauté... Elle lui était suffisamment redevable pour lui offrir cette opportunité...

-Alors, d'où venez-vous exactement en fait?

S’il avait pensé pouvoir vexer quelqu’un en abandonnant le monde réel… Il aurait probablement tenté de conserver une part de sa conscience en ces lieux. Mais voilà. Que sa conversation puisse réellement intéresser quelqu’un ne l’effleurait même pas.

Pour lui il aurait aussi bien pu être seul.

Et d’ailleurs. Tu as déjà "glissé". Tout doucement tu t’engouffre dans ce demi-sommeil qui occupe la plus grande part de ta vie… Et presque aussi sec tu quitte ton rêve pour t’engouffrer dans un lieu bien plus dangereux. Bien plus intéressant.

Pour une fois lorsque tu ouvre les yeux tu es (plus ou moins) là ou tu l’escomptait : sur la place du village… Et (même si la température n’as aucun sens ici) tu es chaudement vêtu.

Tu marche dans le rêve et c’est sans doute la première fois que tu vois un endroit aussi "peuplé". Les esprits (qui vivent plus ou moins sur un autre plan d’existence) sont plus ou moins présents. Oh… Ils ne font pas attention a toi. Après tout il est plus que rare que quelqu’un s’approche d’eux par ce "biais"… Et ils ne sont pas "réellement" présents.

Quelque chose te dit que (s’ils le souhaitaient) ils pourraient être réels (au moins autant que
toi) en ces lieux… Mais qu’ils n’y prêtent tout simplement pas attention. La dernière fois tu t’étais simplement imaginé que des rêveurs avaient donné vie a ce village et que ce simulacre prendrait fin d’ici quelques heures. Visiblement ce n’était pas le cas. Et a présent que tu avais entendu certaines voix tu en était tout simplement certains.

Pas l’une de ces certitudes explicables, rationnelles. Non. L’une de celles qui occupent ton esprit, l’habitent sans donner la moindre raison valable de les croire sur parole et qui pourtant…

Sans un bruit (en prenant soin de ne pas éveiller l’attention des esprits) tu entreprend de visiter un peu les lieux… Rapidement tu trouve la pièce ou tu t’es endormis. L’endroit et douillet. Une agréable odeur de nourriture y flotte. Peut-être serrait-il plus sage de revenir ? Pour profiter d’un repas ?

Oh… Et puis… Pourquoi ? Ta main se tend. Dans ton esprit des images prennent vie… Et dans le rêve… La table se dresse comme par magie. Les assiettes se remplissent de plats fumants… Et tu t’attable. Oh… Tu sais pertinemment que ça ne suffit pas. Que manger dans cet univers ne veux pas dire que ton corps sera nourris. Mais ça t’apaise… Et surtout… Ca repose ton esprit. Il en a presque autant besoin que ton corps molesté par le froid.

Le visage serin Gen dort. Dort tout simplement, ignorant des questions qui lui sont posées.

Le silence répondit à la question du vieil homme… Mais ce dernier ne s’en offusqua pas, il était patient et avait conscience que le voyage jusqu’ici pouvait être éprouvant. S’il ne pouvait pas voir les yeux de Gen, d’autres indices trahissaient son assoupissement aux yeux avertis. Le corps n’était jamais plus détendu qu’au début au sommeil, les muscle n’ayant plus la nécessité d’assurer quoi que ce soit. Surtout dans un fauteuil pareil ! Et la respiration étai aussi sensiblement différente, plus profonde et régulière… Le jeun shaman aurait ronflé que cela lui aurait certainement facilité la tache mais le peu qu’il voyait lui suffisait. De toute façon, il n’était pas pressé…

De on coté Miranda était dans la cuisine, regardant ce qui pourrait convenir à un collation. Elle n’était pas une grande cuisinière mais savait tout de même suffisamment de bases pou se débrouiller. Grâce à Elyane d’ailleurs. Mais elle n’avait pas envie de faire quelque chose de vraiment évolué, ni compliqué, ni qui demanda du temps. Elle n’était pas spécialement fatiguée mais se savoir ici ne l’aidait pas à conserver son calme, ce qui lui coupait de facto l’appétit… Quant au jeune homme, elle supposai qu’il serait assez fatigué pour ne pas faire la fine bouche. Il ne lui fallut pas bien longtemps pou dénicher un vaste plateau de bois qu’elle commença à charger. Le silence qui provenait de autre pièce pouvait être relativement inquiétant mais elle faisait confiance à leur hôte pour ne pas s’offusque de cet absence de réponse.

Elle s’empara d’un quart de fromage, d’un beau pain rond, d’une saucisse sèche qui pendait paisiblement du plafond de la cuisine et posa le tout su le plateau. Puis elle dénicha des bols mais n’en prit qu’un qu’elle remplit copieusement du ragoût odorant qui mijotait dans le foyer. Malgré l’odeur alléchante son estomac ne protesta pas, attestant d’un nœud soigneusement installé depuis qu’elle avait mis les pieds ici… Délaissant les bouteilles de vin, elle préféra opter pour une cruche d’eau. Inutile de dire qu’avec le froid qui régnait en maître à l’extérieur, elle appréciait que la pompe se trouve en intérieur, même si l’exercice n’était pas dans la liste de ses préférés…

Lorsqu’elle revint enfin dans la pièce, lourdement chargée, elle fut frappée par la paix qui y régnait. Balg lui sourit, tapotant ses lèvres e son index pour lui dire de garder le silence. Intriguée, elle arqua l’un de ses sourcils en le regardant et ce denier désigna donc Gen mollement installé sur le fauteuil… La sidhe articula un « oh ! » silencieux et essaya d’installer la table de façon la plus silencieuse possible. Elle lui aurait bien fait passer son bol sous le nez pour le fumet le réveille mais elle n’était pas sure de ses réactions et s’il se montrait un peu trop vif il risquait de tout renverser sur lui… Et elle était à peu près certaine qu’une douche au ragoût bouillant n’était pas un réveil des plu agréable…

La jeune femme déposa délicatement le plateau sur la table, elle aussi pouvait comprendre que l’on puisse s’endormir ainsi. Le contraste était tel entre l’effort dans le froid mordant de l’extérieur et le confort chaleureux de l’intérieur que le corps pouvait se détendre brusquement, entraînant le sommeil… Cela ne lui serait jamais arrivé tant elle était nerveuse et Balg le savait bien. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait finit en cuisine… Miranda se rapprocha du dormeur et, doucement, mit une main sur son épaule.

-Vous avez faim ?

Les plats s’enchainaient et étaient exquis… En ces lieux seule l’imagination (fertile) du rêveur limitait l’univers des possibles… Son imagination et sa volonté… Aussi laissait-il libre cours a ses souvenirs… puisant dans les meilleurs plats qu’il avait eu l’occasion de gouter… Dont il avait parfois senti l’odeur… Ou simplement entrevu la couleur.

Et pourtant… Bientôt même dans ce rêve la faim se fit sentir. On l’appelait. Ce n’était rien (ou presque) mais son sommeil avait été dérangé. Il aurait (sans peine) pu ignorer cette "gène"… Il aurait pu ignorer a peu prés n’importe quoi et rester endormi…

Mais il n’en voyait tout simplement pas l’intérêt. Alors il quitte le monde onirique… Et sans même repasser par ses propres rêves s’éveille. Une main sur son épaule l’informe de qui l’a éveillé… Quand a la raison… Il n’est pas bien compliqué de la deviner. L’odeur est plus que présente. Presque comme si une nouvelle personne s’était invitée dans la pièce.

Une personne exquise.

La physionomie de Gen indique a peine qu’il s’est éveillé. Peut-être une légère tension dans ses épaules qui n’était pas là quelques instants plus tôt ? Mais rien de bien notable… Non. Jusqu’au moment ou… Dans un sourire :

- Merci… Ca sent délicieusement bon.

Il se redresse. Conscient que sa position avachie ne vas pas faciliter les choses…

- Peut-être ferais-je mieux de me rapprocher de la table ?

Et voilà que tu recommence. Tu agis en fonction de choses que tu ne devrais normalement pas connaître… Oh… Et tant pis. L’endroit ne brille pas par la banalité de ses habitants… Et tu n’es probablement pas le seul a avoir quelques dons un peu surprenants… Bénéficier de visions ou autres… S’il y a un endroit ou ça ne choquera pas le premier venu… C’est probablement ici.

Et puis… Miriana en sait déjà tant qu’elle n’est plus a une bizarrerie près.

Etrange d’ailleurs… Te voilà a peine retourné a la civilisation que tu reprend certains habitudes… Question de survie sans doute.

Visiblement le contact suffit à réveiller le jeune homme, même si elle était bien incapable de savoir s’il dormait, somnolait ou non… Il dût parler pour qu’elle puisse savoir avec certitude. La jeune femme eut un sourire amusait. Le ragoût de Balg paraissait souvent terriblement exquis lorsque l’on arrivait d’une route arasante. Il était bon dans les autres circonstances mais celui de l’arrivée avait une saveur particulière, celle du repos enfin mérité, de la tache accomplie, de la récompense difficilement obtenue. Mais elle se devait de rétablir la vérité à ce sujet…

-Le ragoût que cuisine Balg est toujours une petite merveille.

Elle échangea un sourire avec le susnommé qui brandit brusquement sa canne en faisant des moulinets.

-Je ne peux peut-être plus me battre mais je n’ai pas tout perdu de mes années d’aventures ! !

Gen ne pouvait pas vraiment voir ce que faisait son hôte mais le son de sa voix bizarrement haché lui indiquait déjà pas mal de choses. Il ne pouvait peut-être pas savoir ce qu’il faisait exactement mais il n’avait pas de difficultés pour déduire qu’il gesticulait. Et que cela devait être coutumier chez lui, et amusant à voir. Après tout la sidhe ne chercha pas à l’arrêter et, même, eut un éclat de rire. Tous deux devaient être relativement complices pour se permettre ce genre d’échange.

-Grand mal me fasse de douter de tes compétences en cuisine ou une épée à la main…

-C’est pour ça que tu n’as presque rien prit pour toi ?

L’atmosphère de la pièce se terni légèrement. Balg avait mis le doigt sur un point de détail qui devait gêner la shaman et cette dernière s’était imperceptiblement crispée en entendant la question. La preuve en était, elle se focalisa brusquement sur l’aveugle, l’aidant à se guider jusqu’à la table. Même s’il n’en avait pas besoin… La jeune femme n’avait pas été choquée par la mention d’une table, la déduction de sa présence lui paraissant assez logique pour que son esprit ne soit pas choqué par sa mention. Et quand bien même Gen aurait-il voulu découvrir les lieux seul pour l’atteindre qu’elle lui aurait quand même gentiment pris le bras pour le guider. Tout simplement parce que cela lui permettait de rompre le contact visuel avec l’ancien et d’ignorer sa question…

La table était bien là où l’avait « rêvée » le jeune homme et il se retrouva installé d’office sur une chaise avant qu’elle ne dépose le bol devant lui… Visiblement s’occuper les mains devait lui faire du bien car elle s’affaira à mettre la table avec un zèle obsessionnel. De sa démarche à trois pattes, le vieil homme se rapprocha doucement jusqu’à atteindre la chaise juste à droite de Gen. Dans un raclement de bois sur le bois, il s’installa tranquillement laissant le silence planer entre eux. Il ne pouvait pas le voir mais l’homme ne cessait de fixer Miranda, avec la patience du vieux chasseur…

-Que vont dire les autres si tu tombes d’inanition à ses pieds ?

C’était dit avec une certaine malice, comme s’il cherchait à faire de l’humour. Mais les gestes soudainement plus brusques de la sidhe indiquaient surtout que ce n’était qu’un discours cent fois ressassé qui ne faisait que l’agacer d’avantage…

La tension… Etrange comme une seule phrase peut tout bonnement transcender l’atmosphère… Une gène était née… Et n’était visiblement pas décidée a s’éloigner. Et bien entendu là dedans… L’aveugle ne pouvait que se fier a ses oreilles. Pourquoi n’avait-elle presque pas pris a manger ? C’était son affaire… Mais ce point semblait la gèner…

- A l’odeur je dirais simplement qu’elle n’as pas pu résister et a déjà grignoté dans la cuisine…

Il est rare de te voir t’introduire ainsi dans une conversation… Rare de t’entendre prendre le parti de quelqu’un… Mais voilà… la douceur de cette femme qui te guidais vers la table t’avais donné l’envie de l’aider dans une certaine mesure… De lui rendre la pareille…

Déjà tu sais a quoi sera consacrée une partie de ta nuit. Car elle semble hantée… Hantée par quelque chose dont tu ignore tout. Oui aller la "visiter" serrait une intrusion (forcée) dans sa vie privée… Mais ce n’est pas la première (ni la dernière) fois que tu le fais…

Visiter le rêve de quelqu’un qui ne ressent rien de particulier pour toi n’est pas particulièrement dangereux… Et tu sais qu’ai final ça aide souvent… Nul besoin de lui parler de ça. Et ainsi ne sera-t-elle pas chamboulée par le "viol" qu’elle aurait subi.

Et en attendant ? Tu montre une certaine compassion a son endroit… Au lieu de te contenter d’un léger contact avec elle pour te guider tu resserre légèrement ta main autour de son bras… Tu "t’accroche" a elle.

- Et bien si ceci arrive je la nourrirais… Même si je risque d’avoir quelques difficultés a trouver sa bouche.

Ton léger mais emprunt d’une certaine lassitude… Gen a ressentit sans le moindre mal l’énervement de la dame… Et cherche un moyen d’alléger l’atmosphère… Mais surtout d’indiquer qu’il ne faut pas continuer sur ce chemin.

- Mais si elle est au bord de l’inanition rappelez moi de ne jamais l’approcher lorsqu’elle est en forme… Elle m’a beaucoup aidé dans la forêt… Et si dans cet état elle est… faible…

Et voilà que sans plus attendre tu commence a manger… Tu ne sais pas ce que tu apprécie le plus… Es-ce de manger ? Ou simplement d’avaler quelque chose de chaud ? En tout cas ça fait un bien fou.

Balg était un vieil homme. Un vieil homme adorable et borné... Chaque personne qu'il hébergeait chez lui était automatiquement classifiée dans la catégorie "protégé" de son esprit... Lorsque Miranda était arrivée ici guidée par l'esprit d'une enfant, il était immédiatement parvenu à cerner une partie de son problème. Il sentait qu'elle n'avait aucune attache et ne parvenait pas à se faire à ce monde. Non pas celui des morts mais le réel, celui empli de vivants avec lesquels il fallait communiquer. Sa première rencontre avec leur dirigeant n'avait pas été une réussite. Il avait été clair que, pour l'instant, la jeune femme était un électron libre. Une étrangère qui se considérait comme tel et qui estimait donc qu'elle n'avait pas forcément la nécessité de répondre à certains ordres. Si elle n'était là que de passage, pourquoi s'encombrer avec ce genre de détails? Et puis elle avait plus urgent à faire que de rester cloitrée en Wonderland. Ce refus de s'afficher clairement comme shaman alors qu'elle ne rechignait jamais à aider les esprits fit que Sheros et elle ne s'entendait pas très bien. Une méfiance naturelle s'était instaurée entre eux et elle l'évitait autant qu'elle le pouvait. Aussi, à chacun de ses passages et de ses visites nécessaires à ce dirigeant qu'elle ne reconnaissait pas vraiment, sa nervosité grimpait en flèche. Cela se traduisait pas un appétit d'oiseau anorexique.

Le réel problème n'était pas vraiment son appétit, Miranda comme Balg le savait... Ce n'était qu'un symptôme de son anxiété, de son ressentiment, de son trouble. Au final parler de cela et la forcer à se détendre revenait à évoquer les interminables discussions, voir engueulades, qu'ils avaient pu avoir sur Sheros et sa vison de la communauté des shamans. D'où la tension grandissante qui alourdissait l'ambiance de la pièce. Même s'il en avait conscience, le viel homme considérait la sidhe comme sa protégée et voulait lui faire reconnaître que sa vison de Sheros était mauvaise. Bref, qu'il fallait qu'elle s'installe ici tranquillement et qu'elle rentre dans le moule en quelque sorte. C'était toujours la vieille rengaine qui fatiguait systématiquement la jeune femme. Mais elle aimait suffisamment le vieux shaman pour essayer de ne pas envenimer la situation. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle venait quand même et concédait ces rapports réguliers. Alors qu'elle essayait de prendre sur elle sans pour autant devenir un monument d'amertume et d'aigreur, la sidhe fut surprise par l'intervention de Gen. Pendant un instant elle avait presque oublié qu'il pouvait fort bien les entendre, les comprendre et intervenir. Elle s'était en fait attendu à un simple silence gêné de sa part, comme la plupart des témoins qu'ils avaient pu avoir. La jeune femme le considéra en silence, entre le choc et la reconnaissance même si sa tentative d'intervention pouvait fort bien échouer.

Un sourire vint tout de même étirer ses lèvres lorsqu'elle sentit sa main se serrer en signe de soutien. Cela fait à peine quelques heures qu'elle connaît le jeune homme mais il lui vient en aide et cela la toucha. Elle lui serra elle aussi la main de façon fugace avant de le laisser correctement s'installer. Une façon discrète de le remercier d'essayer de dénouer la situation. Il est vrai qu'avoir ce genre de dispute de "vieux couple" n'était pas vraiment poli. Surtout devant un tout jeune arrivant, invité à la table. Balg dût le comprendre lui aussi car il observa avec plus d'intensité le jeune aveugle. Sa réaction allait venir nourrit le portrait qu'il était déjà en train de se faire. Au final il sembla estimer que ce qu'il avait dit été juste et s'installa à son tour d'une façon un peu plus détendue, grappillant un petit quelque chose à manger du bout d'un long couteau qu'il venait de sortir de sa ceinture.

-Et encore. Vous ne l'avez jamais vue "vraiment" énervée.

Disant cela il regarda Miranda dans les yeux, lui offrant un sourire d'excuse. Les épaules de la jeune femme se détendirent, la hache de guerre était à nouveau enterrée pour l'instant et Balg avait la gentillesse de s'excuser. Elle lui rendit donc son sourire avant de prendre place à table avec eux. Si elle ne prit rien à manger, elle utilisa la cruche pour se servir de l'eau. Ainsi qu'aux autres attablés...

-Mais c'est tellement rare que Gen n'aura certainement jamais à s'en préoccuper...

C'était une façon comme une autre de faire passer le message au vieil homme. Elle ne lui en voulait pas. Après tout elle savait pertinemment pourquoi il agissait tout le temps ainsi... La jeune femme prit deux longues gorgées d'eau avant de plus ou moins jouer avec son verre. Maintenant qu'elle était à la maison communale, la fatigue lui tombait sur les épaules, la poussant à chercher un peu de repos. C'était aussi une façon comme une autre de repousser le moment qu'elle appréhendait d'ailleurs. Fuir dans le sommeil restait une solution assez polie. Certainement plus que si elle prenait ses jambes à son cou...

-Tu as toujours des chambres de libres?

L’atmosphère s’est allégée… Et c’est là tout ce que l’aveugle espérait… Oh… Il aurait sans peine pu se réfugier hors de ce monde… Mais s’il s’était réduit a ça… C’est que son voyage jusqu’ici n’aura servi a rien. Et puis bon… Pour peu que certains des esprits (légions en ces lieux) ne se décident à jeter un œil sur un autre plan d’existence… Et il ne serrait plus seul pour un sou. Même là bas.

Pas ici du moins.

Alors mieux valais garder une bonne ambiance… Surtout autour de soi.

Il adresse quelques sourires polis a ses interlocuteurs lorsqu’ils parlent mais cette fois il ne répond pas. Non. Le plat qu’on lui a donner occupe une grande part de ses pensées… Manger autrement qu’avec les doigts constitue toujours un gageur… Chaque nouvelle cuillère constitue un petit défi… Bon. Un défi qu’il relève invariablement avec brio (telle est la force de l’habitude) mais qui lui demande tout de même beaucoup plus d’attention que marcher…

C’est seulement lorsque la jeune femme évoqua l’opportunité d’un lit où dormir qu’il redressa la tête… Son assiette était presque finie (pour ce qu’il pouvait en juger)… Et le vieil homme s’était empressé de répondre par l’affirmative : oui. Evidement. Des chambres libres il en avait toujours… Et il se ferrait un plaisir d les y accueillir.

Tu n’eu pas a demander pour que le maître des lieux te guide jusqu'à ta chambre… Quelques (rapides) échanges de politesses plus tard tu l’écoutais refermer la porte derrière lui… Et toi, assis sur le lit, tu t’offrit un luxe dont tu n’avait pas bénéficié depuis plusieurs semaines : retirer quelques couches de vêtements avant de dormir…

Tu es encore tout crasseux de tes errances… Mais ce n’est pas ce soir que tu te lavera. Non. Tu as certaines choses a vérifier cette nuit… Et tu aimerais autant passer aussi un peu de temps dans les profondeurs des limbes… Pour te reposer réellement si l’occasion se présente…

Le contact des draps sur ta peau nue est plaisant… Mais ce n’est rien en comparaison du confort d’un véritable lit sous toi… Oh… ce n’est pas quelque chose d’excessivement moelleux… Mais ça reste infiniment plus confortable que le sol… Même avec la couverture que tu y pose généralement histoire d’adoucir les choses.

Il ne t’as pas fallut longtemps (même selon tes critères) pour t’endormir… Mais ça ne t’empêche pas de quitter rapidement tes rêves. Tu sais que si tu les laisse filler ils s’accrocheront a toi… Enfin. Tu es ici… Au milieu de cet océan sans fin de rêves… Et tu observe.

Tu le vois bien. Tu les vois bien. Elles sont là. Toutes deux. Partageant comme toujours un unique rêve… Et comme toi elles errent… Voguant de rêves en rêves pour y butiner…

Mais non. Malgré tous tes efforts tu ne peux pas t’approcher… Tu ne peux effleurer ce rêve… Ce rêve ou t’attendent tes moitiés…

S’il avait été possible de pleurer en ces lieux il l’aurait probablement fait. Si son corps endormi avait encore disposé d’yeux a leur commissure une larme aurait perlé… Mais non. Rien. Il était seul. Définitivement seul.

Une petite flammèche lorsqu’un rêve s’allume. Juste a côté de lui. A des univers de lui un rêve vient de voir le jour… Et ce rêve il le guettait… Celui de cette demoiselle… Tout doucement il se glissa en lui… Attendant tout simplement qu’il accepte l’intrus comme une partie intégrante de lui.

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Trouver l'éden dans les ténèbres. [PV]

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