J’étais herboriste depuis pas mal de temps, je ne possédais pas de boutique, mais je venais récolter les plantes pour ceux qui en ont une et ça leur évitaient d’être trop absent dans leur magasin. Malgré que je croisais beaucoup de personne, mon moment préféré était lorsque je me retrouvais seul à la récolte. Je parcourais les zones naturelles dans tous les sens pour trouver ce dont mes clients avaient besoin. Je déteste décevoir les gens, alors j’essayais de m’appliquer aussi bien que possible. Je n’étais pas quelqu’un qu’on remarquait facilement, j’étais quelqu’un de normal, sans particularité bien précise, toujours habillé de manière propre avec ma tunique bleu. Les marchands avaient des charrettes tirées par de puissants chevaux pour transporter leurs biens. Moi je faisais comme eux, à pied, je tirais mon petit chariot de bois, dans lequel j’avais déposé un lit de terre noir pour mieux transporter mes plantes. Et je marchais à longueur de journée, sans vraiment me poser des questions sur mon avenir, et ce dont je serai dans l’année à venir.

Ce jour-là, je me suis rendu à la cascade enchantée. La bas, il y avait pas mal d’herbe riche en minéraux nécessaires à certaines mixtures. Bien que je trimbalais une petite potion de soin avec moi, ces mixtures étaient souvent destinées à des recettes de grand-mères et même parfois pour de la soupe ou de la salade, comme quoi, j’étais quelqu’un de pas très important, et c’était très bien comme ça. Armé de ma petite pelle, je m’arrêtais régulièrement, j’évitais de tout prendre, laissant la nature faire son travail multiplication de végétaux. Ca faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds ici, comme c’était beau. J’en avais même profité pour faire une petite pause. Assit, sous un arbre sur le côté de la route et au bord de l’eau, je contemplais la cascade jusqu’en haut, à l’horizon que dessinait les falaises. Malgré la beauté du lieu, et la tranquillité, je ressentais un manque en moi, comme si un sentiment me poussait à me dépêcher de rentrer. J’étais quelqu’un d’effacé, mais qui pensait énormément, je me demandais ce qu’aurait été ma vie si j’étais quelqu’un d’autre. Comment les gens me voyaient ils encore à ce moment-là ? Mon rêve était de devenir un de ceux qui ferrai avancer le monde, Nel beraid, devenir quelqu’un qui saurait aider les gens. Mais je me suis toujours dit que je n’avais pas le cran ni le caractère à faire ce que d’autres ferraient beaucoup mieux que moi. Alors je ne suis qu’un herboriste

Ma conscience m’ordonnait de me lever et de me remettre en chemin, mais je ne savais pas exactement si c’était de la conscience, ou de la peur, car je me disais que n’importe qui pouvait surgir de je ne savais ou pour me faire du mal, et je n’étais pas un combattant, et ma seul arme, si jamais j’avais assez de cran pour la lever contre un éventuelle agresseur serait ma petite pelle. Mais je n’étais pas prudent non plus, c’est pour ça que je prenais mon temps à me laver les mains, et boire un peu l’eau du bassin. J’aimais me sentir propre sur moi et dans ma tête, mais je savais très bien, qu’il ne suffisait pas à passer sa tête dans l’eau pour se changer les idées…

Je reprenais des forces tranquillement, profitant d’une journée douce et d’une solitude qui m’était depuis toujours familier, et il fallait l’avouer, des fois assez pesante. Mais cette solitude finit par disparaître à la venue d’un étrange individu. Moi je ne l’avais pas encore vu, mais lui oui. Jamais je n’aurai songé à la présence d’un personnage aussi singulier. Je n’étais pas sur mes gardes, même si au fond de moi-même je me disais qu’il fallait faire attention aux endroits trop beaux. Je finis par sursauter lorsque j’entendis pour la première fois sa voix. Je manquai même de tomber dans l’eau. En me retournant, je constatai qu’il n’était pas de la ville. Des peaux d’animaux, des vêtements de cuir, un masque…quelques signes qui ne semblaient pas être humain, mais bon, je n’étais pas spécialiste, j’étais herboriste. Machinalement, sous la peur d’être agressé, je ne savais pas s’il était hostile ou pas, j’ai eu le réflexe d’attraper ma petite pelle et je la brandissant en tremblant devant lui. L’homme a toujours craint ce qu’il ignorait, c’était ainsi, la nature avait bien d’humour parfois et c’était sans doute pour ça que je pensais que mon outil aussi minable qu’il était réussirait à me protéger de l’homme des bois.

« Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? »

Sur le coup je me sentis ridicule à poser toutes ces questions qui tentèrent de me rassurer. Et me connaissant, même si j’avais la plus puissante des armes, jamais je n’aurai le cran de la lever contre lui et d’ailleurs ni contre quelqu’un d’autre. Je n’étais pas très vaillant et je ne m’intéressais pas aux combats, aux batailles, ou même aux guerres en général. Puis je me suis dit qu’il n’était pas forcément méchant, mais j’avouais, que je n’avais pas trop confiance, fallait-il déjà que j’avais confiance en moi-même. Pourquoi était-il venu vers moi ? Voilà une question dont la réponse pouvait m’être intéressante. C’est vrai, qui se soucierai de moi ? En bien ou en mal ? Je n’avais pas d’argent, je n’avais pas de maison, je ne connaissais personne et personne ne me connaissait. Avais-je peut être pris sa place à cet endroit ? C’était peut-être son territoire…

Quel étrange personnage, il était de plus en plus étrange. J’en avais peur, ce n’était pas un secret. Mais il n’avait pas l’air hostile, je baissai mon arme de fortune, après tout je ne voulais pas abimer mon outil de travail, cependant, je la gardais en main quand même, on ne savait jamais. Ma curiosité prenait le pas sur ma peur, bien que ma voix et mes membres tremblaient sans ma permission, je suivais mon drôle d’interlocuteur des yeux. Il n’avait pas dit qui il était et me demandait qui j’étais moi. Quelques choses me disait qu’il se méfiait de moi également, pourtant j’étais la banalité à l’état pur, je n’étais pas comme tous ces gens aux dons surdéveloppé, bon, j’en avais un, mais pour moi il n’existait pas et je m’en moquais, il m’avait assez causé de tort comme ça. Je n’avais aucune raison de ne pas me présenter, peut être que ce détail me permettrai à mieux me sentir face à un inconnu, surtout un comme celui-là.

« Je m’appelle Charly, je viens de Naturalia, vous m’avez surpris, et j’avoue que vous me mettez mal à l’aise dans l’immédiat. Vous n‘êtes pas de la ville vous… »

Je n’étais qu’un humain et ce dont j’ignorais me faisait peur, c’était ma nature. Au final, je déposais ma pelle sur ma charrette et une idée me vint en tête. Je cherchais une plante en particulière, j’étais un bon herboriste, mais cet individu semblait être un naturalise incarné, peut être que si l’ambiance se tournait dans le sens du bien, pourrait-il l’aider un peu. Mais je détestais demander de l’aide de peur de déranger les gens, et dans les rares cas, me faire frapper pour cette simple demande et je ne réplique pas forcément.

« Vous êtes d’ici, vous vivez dans la forêt ? »