Lyn Xiang était une mage blanche qui, à certains moments, se voulait discrète. Cela s’avérait forcément bien utile quand on avait un pouvoir de guérison ou de bénédiction. Selon elle, un peu trop de personnes la connaissait – soudainement – pour cette raison. Il y avait bien des jours où elle ne savait que faire des blessés qui lui demandaient de l’aide. D’ailleurs, elle évitait de se rendre à l’auspice depuis un petit moment. La jeune femme savait pertinemment que posséder un tel pouvoir pouvait se révéler dangereux. Ce jour-là, elle en fit les frais.

Prise entre un sentiment de pitié et de compassion, elle ne put s’empêcher de guérir un énième blessé qui venait se rajouter à sa liste. Celui-ci attendait la purificatrice dans une zone soit-disant isolée, loin du monde et des allées et venues de la foule, mais se trouvant pourtant proche de l’allée des marchands. Cette information erronée qu’on avait osée lui transmettre la fit presque sortir de ses gonds. Mais Lyn s’exécuta une fois arrivée sur place.

Lorsqu’elle eut terminé d’offrir volontiers ses soins au blessé, celui-ci se releva et s’éloigna rapidement de la mage, de la même façon qu’un voleur l’aurait fait, sans dire un mot. Désespérée, Lyn laissa d’abord échapper un soupir. Les gens n’étaient décidément plus ce qu’ils étaient dans le temps. Respectueux. Puis, suite à ce manque de politesse, Lyn se releva à son tour. Elle ne prit pas directement conscience de ce qu’elle faisait, mais elle entama rapidement une course poursuite entre elle et l’irrespectueux. Elle qui était plutôt du genre à rester zen en toute circonstance fit l’expérience de la colère et elle était incapable de la gérer.

Les mains ensanglantés, son corps un peu déséquilibré par les prouesses qu’elle venait de réaliser, elle s’engagea dans l’allée des marchands. Elle retrouverait l’impoli et lui demanderait de s’excuser avant que tout ne rentre dans l’ordre. Mais il restait pourtant un hic. A coup sûr, les commerçants la prendrait pour une meurtrière, avec son sang sur les mains ! Ceux-ci n’étaient guère réputés pour être très intelligents. La tâche s’avérerait donc plus difficile que prévu et même si elle pouvait rebrousser chemin, sa fierté ne le lui permis pas.

Sans vraiment regarder autour d’elle, elle heurta soudainement quelque chose. Quoi qu’il en soit, cette chose la fit tomber à terre. Cette fois-ci, elle était bonne pour être étiquetée de criminelle et être à jamais défendue de revenir dans cette allée. On l’aida à se relever et elle découvrit un grand jeune homme, plutôt beau. Elle pensa un instant qu’il serait différent des autres commerçants, en admettant évidemment qu’il s’agisse de l’un d’eux. L’espoir lui revint et son calme naturel se réempara d’elle.

" Oui, vous pouvez ! J’ai besoin que vous me faites disparaître cette saleté " répondit-elle en regardant ses mains.

Curieuse, son regard fut attirée par de mystérieux éclats, facilement visible à travers l’étroite ouverture des rideaux.

" Tiens ? Qu’est-ce donc que cela ? " dit-elle en écartant un peu plus l’une des tentures pour mieux y voir ce qui y était caché.

Elle vit alors de magnifiques bibelots de toute sorte qu’elle pouvait aisément qualifier de mystique, ce qui l’intéressait beaucoup.

" Quel genre de commerçant pouvez-vous bien être pour vendre d’aussi belles choses ? "

Carolyn ne savait ni si cela lui appartenait, ni encore moins s’il était commerçant. Elle ne pouvait réfléchir à cela, trop émerveillée par ce qu’elle venait de découvrir.

Hein ? Quoi ? Faire disparaître une saleté ? Ah oui, à ce propos, c'était quoi tout ce sang qu'elle avait sur elle ? Aussi mystérieuse que cette jeune fille cachée derrière ses voiles soit, elle n'avait pas l'air d'une meurtrière. Et quand bien même elle en était une, je m'en moquais royalement, quand bien même on me prendrait pour un complice. J'en était un aussi, de meurtrier, après tout. Et le sang, bien que lavé, caché, dissimulé, restait ancré dans la mémoire.

- Eh bien, eh bien ! Ma foi, vous n'y êtes pas allée de main morte avec votre victime ! 

Je m'étais mis à rire après avoir dit cela. Comme ça, parce que j'en avais envie. La pauvre, je pouvais être très taquin lorsque j'en avais envie. Et puis, avouez quand même que ça peut porter à confusion, une situation pareille !

-  Ne vous inquiétez pas, on devrait pouvoir …

Arranger cela. C'était ce que j'allais dire, mais la jeune fille en avait décidé autrement . De quoi, ça ? Elle regardait à travers mes tenture, et je faillis faire une syncope lorsqu'elle ouvrit les rideaux. Ne salope pas mes tentureeeeees. Elles m'avaient coûtaié un bras. Au bas mot. Autrement dit, c'est peut-être elle que j'aurais peut-être tué si elle me les avait tâchés. Reprendre son souffle. Ouf, ils n'avaient rien.

- Désolé de vous décevoir mademoiselle, mais ils ne sont pas à vendre car, voyez-vous, ce sont mes outils de travail.

Je l'invitais à entrer à l'intérieur. La question était toujours un peu délicate. Et il me fallait avouer que cette fille était plutôt surprenante. D'habitude, c'était plutôt « c'est quoi ces machins ? ».

- Autrement dit, je suis un voyant, un devin, un médium, ce que vous voulez. Oh, le savon et l'eau sont à votre droite, je vous demanderais de bien vouloir les utiliser si vous voulez voir mes outils d'un peu plus près.