Festivités morbides (PV Harmonie/?) TERMINÉ

Il faisait un froid de canard, même pour ce temps dans cette saison. La pluie diluvienne qui était tombée un peu partout dans différentes terres avaient bien suffit à rafraichir la température ambiante. En plus de la froideur qui règnait dans les ruines du Temple Oublié, les ténèbres les plus sombres recouvraient l’endroit. Ce n’était pas vraiment pour déplaire à Sven, habitué à ce genre d’ambiance macabre.

Ce n’était pas la première fois qu’il venait dans cet endroit presque désert en permanence. Il y était déjà venu lorsqu’il n,était encore qu’un petit apprenti Mage et qu’il servait d’«assistant» aux sacrifices de vierges. À cette époque, il devait se contenter de regarder et d’allumer les torches afin d’éclairer l’autel principal, de préparé la cérémonie, de tenir les livres de formules pour ses supérieurs... Bref, il n’avait pas eu de tâches bien complexes à accomplir.

Mais bientôt, cependant, il pourrait rythmer lui-même l’offrande faite à sa bien aimée Déesse. Il en jubilait, il en sautillait presque d’impatience à la manière d’un jeune garçon qui attendait l’arrivée de ses cadeaux d’anniversaire. Depuis que Sven avait mis la main sur cette petite Mage Blanche, un sourire béat ne lui quittait plus la bouche. Il semblait heureux, tout à fait heureux à l’idée de pouvoir éventrer cette brunette lors de la prochaine pleine lune. Parlant de la Mage Blanche...

Ça n’avait pas été simple de se rendre à Malificium avec elle, puisque le démon n’avait pas pu la garder inconsciente durant tout le trajet jusqu’au temple. Cela avait nécessité quelques petits jours de marche... Ainsi, pour l’empêcher de fuir, Sven lui avait liés les poignets dans son dos, ainsi que les jambes et lui avait également bandé les yeux afin qu’elle ne puisse pas user de ses pouvoirs. Avec toutes ces précautions, il avait espèrer s’en tirer à bon compte. Il l’avait transporté comme un paquet qu’on livrait, quelques heures sur son épaule gauche, quelques heures sur son épaules droites, quelques heures dans ses bras. Quand il était fatigué, il faisait des pauses à l’abri des passants. Il n’avait pas pris la peine de lui couvrir la bouche lors du trajet. Si elle lui avait dit des bêtises, des insultes ou bien des supplications, ç’avait été tout simplement hilarant.

Il était arrivé dans les terres sombres une heure auparavant. Il n’avait pas prit le temps de passer chez lui pour ne pas gaspiller les précieuses heures qui lui restaient. Il s’était tout simplement empressée de mener son otage au Temple oublié.

La jeune fille sur son épaule gauche, Sven monta de courtes marches à moitié démolites et erra un moment entre les colonnes effondrées...jusqu’à ce qu’il puisse trouver la pièce qu’il cherchait. Il entra dans la «salle» sans porte. Il ne s’y trouvait qu’un autel de pierre secondaire, pas celui sur lequel il tuerait son sacrifice. Sven se souvenait avoir vu plusieurs autres Mages Noirs ammené les vierges ici pour patienter jusqu’à la pleine lune. Sans ménagement, Sven fit basculer la brunette pour la coucher sur l’autel de pierre qui lui servirait de «lit» improvisé jusqu’à l’heure propice.

Avec ce qui restait de la corde qu’il trainait avec lui, il s’en servit pour ligotée la Mage Blanche sur la table. Puisqu’elle avait déjà les mains dans le dos et les cheville liées, il enroula simplement la corde autour de son corps, la faisant passer sous la table de pierre plusieurs fois pour faire un noeud en dessous. Ainsi, elle ne pourrait pas se redresser.

Sven se hissa ensuite sur l’autel et se plaça au dessus de la kidnappée, à quatre pattes. Il leva un bras et lui arracha le bandeau qu’elle avait sur les yeux. Toujours de très bonne humeur, le démon s’exclama :

- Coucou!!!

Souriant comme s’il était aux anges, il pointa ensuite au dessus de lui et murmura, comme s’il confiait un secret :

- Le plus génial dans tout ça, ma chérie, c’est le toit de pierre au dessus de nos têtes... (Son sourire s’élargit encore.) Tes petits éclairs n’y passeront pas sans que tout s’écroule sur toi...

Il se pencha davantage sur elle, son visage à quelques petits centimètres du sien. Sa voix se fit plus basse et plus doucereuse encore, comme du velours.

- Je te prendrais bien comme concubine... Mais tu es un peu jeune encore... Tu seras donc un magnifique sacrifice offert à ma Déesse...

Il se redressa par la suite, presque assis sur elle, puis croisa ses bras sur son torse.

- Demain sera la Pleine Lune... Nous avons alors le plaisir de passer toute cette nuit et la journée de demain ensemble...

Mentali était comme l’avait demandé Harmonie partit pour se mettre en sécurité mais il n’était pas allé à la Tour, il s’était caché près de l’entrée du jardin suivant de loin se qui se passait et il vit ce qu’il ne crut jamais voir. Harmonie s’était faite piégée à son propre jeu, elle avait perdue et voilà qu’elle était dans les vapes. Cet homme allait le regretter, foi d’animal, il ne le laisserait pas s’en sortit comme cela.
Qu’il attaque l’humaine encore, cela ne le gênait pas tellement car elle se trouvait toujours face à des ennemis mais qu’il la touche de près, là, cela ne lui plaisait pas. C’était son humaine, il n’y avait que lui qui avait le droit de lui faire du mal et PERSONNE d’autre.

Mentali suivit alors discrètement l’homme à la trace mais ne pouvait intervenir sans se faire repérer et puis Harmonie ficherait tout en prononçant son nom même tout bas, il avait entendu dire un jour que les démons avaient une excellente ouïe, aussi bonne que celle des chats. Si cela était juste, il ne pouvait se permettre de tout faire échouer si facilement. Il resta donc à plusieurs kilomètres d’eux lorsqu’il n’y avait pas d’arbre sur lesquels ils pouvaient avancer de branches en branches.

Mentali le suivit jusque dans les environs de Naturalia et le vit se diriger vers Malificium. Il se mit à réfléchir rapidement, il lui fallait de l’aide, il ne pourrait pas sauver sa compagne tout seul. Mais à qui faire appel et comment ? Harmonie était toujours transportée par ce mage noir et il l’emmenait en direction de Malificium, le chat avait envie de les suivre mais le temps qu’il fasse demi tour et qu’il revienne avec les secours, cela ne serait-il pas trop long ? Harmonie ne risquait rien à trop attendre ?

L’animal n’en était pas certain, préféra retourner à Bénécius. Il courut jusqu’à la route principale et attendit de voir passer une charrette, là il monta. Il eut beaucoup de chance car la voiture se rendait justement à la cité Blanche. Arrivé aux portes, il descendit et monta sur les toits, cela serait plus rapide pour s’y rendre. Là, il le trouverait et lui demanderait de l’aide, enfin c’est ce que Mentali espérait.

Du côté d’Harmonie, les choses allaient de mal en pis et elle commençait à paniquer sérieusement. Elle se réveilla après un long moment et se retrouva dans le noir, il y avait quelque chose dans le noir, elle comprit rapidement que c’était un bandeau et sentit quelque chose l’entraver au niveau de ses poignets et de ses chevilles, elle était prisonnière. Elle ne pouvait bouger, elle essaya de remettre tout en ordre dans sa tête, al dernière chose qu’elle se souvenait c’était que l’homme lui avit mis un coup sur la tête. A bien réfléchir, ce devait être lui qui l’avait ainsi fagoté et il semblait l’emmener quelque part.

L’archimage ne bougea pas d’un poil, elle finirait par avoir des crampes c’était certain mais voulait savoir où il l’emmenait, alors elle se concentra sur ses oreilles. Elle le sentit s’arrêter plusieurs fois pour la prendre autrement. Et puis sa concentration étant si forte qu’elle s’épuisait par moment et s’endormait littéralement. Et au bout de ce qui lui sembla être une éternité, elle se sentit secouer de haut en bas, comme quelqu’un montant les marches
Elle était certaine d’être dans la cité de Malificium car si c’était bien un mage noir, c’est là qu’il l’aurait emmené. Elle espérait seulement qu’il n’avait pas prévu de la vendre à un marchand pour en tirer un bon prix parce que la dernière fois qu’elle en avait croisé un, cela s’était mal terminé pour lui mais pour elle aussi en y réfléchissant bien.

Harmonie sentit que le mage la posa sur quelque chose de froid. Elle se trouvait allongée sur le dos comme sur un lit mais vu comment la rigidité de la matière sur laquelle elle se trouvait, elle pensait être sur quelque chose comme de la pierre ou du granit. C’était dur et froid et puis il l’attachait de nouveau. A quoi jouait-il ? Ou voulait-il en venir ? Elle ne pouvait pas bouger très rapidement même sans être attachée de cette manière. Elle aurait put essayer de s’enfuir en sautant à pieds joints mais même en faisant ça et en imaginant qu’elle arrive à sortir de la pièce où elle était, il faudrait qu’elle descende des escaliers et cela semblait impossible. L’homme l’aurait rapidement rattrapé et ramener dans cette salle où elle se trouvait.

L’archimage sentit l’homme se mettre à quatre pattes au dessus d’elle et tirer sur son bandage en la saluant. Il ressemblait à un enfant qui vient de trouver un de ses partenaires de jeun durant une partie de cache-cache. Elle ne put résister à rire un peu, sa tête était trop comique mais elle s’arrêta bien vite car la situation en elle-même n’était pas drôle du tout. Il lui expliqua qu’elle ne pouvait utiliser ses pouvoirs mais elle resta impassible.
Elle ne réagit que lorsqu’il lui déclara qu’elle mourrait le lendemain dans la nuit car se serait la pleine lune, ce fut le seul moment où il put la voir pâlir un peu.

Elle ne pouvait s’échapper seule et espérait que Mentali se dépêche de venir lui filer un coup de main. Mais comment saurait-il qu’elle s’était faite enlevée ? Elle lui avait dit de partir à la Tour. Elle se mit à réfléchir que si quelques mages blancs venaient au jardin, ils le trouveraient gelé et lanceraient peut-être une patrouille de chevalier à sa recherche. Mais le continent était vaste, et ils n’arriveraient peut-être pas à temps. Elle tourna sa tête vers l’homme qui se trouvait au dessus de lui et le regarda doucement. Elle émit un petit soupir avant de dire :

-Croyez-vous vraiment que cela était nécessaire de m’attacher de cette manière. Avec les liens que vous m’aviez faits je ne risquais pas de m’enfuir quelque part. Et puis comment je fais si j’ai envie d’aller au petit coin sans compter que je n’ai rien mangé ni bu depuis Bénécius. Vous pensez que j’arriverais à m’échapper dans l’état actuel de mes capacités physiques ? Non, cela est improbable.

Le démon aux cheveux noirs ne s'était pas vraiment attendu à une réponse de la part de la petite mage blanche. Ce qu'elle dit, cependant, menaça de le faire éclater d'un rire tonitruant... Il se contenta seulement de laisser son sourire s'élargir alors qu'il descendit de l'autel de pierre. Il s'adossa contre le mur gris et posa sur la jeune fille un regard qu'on aurait presque pu qualifier de bienveillant, si ce n'était la lueur malsaine qui brillait au fond de ses pupilles.

- Me prendrais-tu pour un sot, petite fille? Je ne risquerait pour rien au monde que mon offrande à la Déesse puisse s'échapper... Tu ne fileras pas entre mes griffes, oh que non!

Le démon perdit un peu de son entrain et croisa lentement ses bras sur son torse, continua de fixer intensément l'enlevée.

- Je n'aurai qu'à redresser ta tête pour t'abreuver, mon chou. À moins que tu n'aies peur que du poison ait été versé dans ma réserve d'eau? (Il ricana.) Tu n'as pas besoin de manger, de plus, tu n'en as plus vraiment besoin...

C'était en parti vrai... On racontait partout que l'être humain pouvait survivre sans nourriture pendant plus d'une semaine, voir un peu plus. Cependant, personne ne pouvait vivre sans eau plus de trois jours de suite. Ç'aurait été trop bête qu'elle crève avant d'avoir été offerte en cadeau... Si elle avait vraiment soif, elle n'aurait qu'à lui demander à boire... Ou plutôt à le supplier gentiment.

Le Mage Noir se déplaça pour regarder par l'entrée du tout petit édifice sans porte. Le vent sifflait entre les structures endommagés, créant l'effet sinistre de plaintes fantomatiques. L'air de Sven se fit quelque peu soucieux, ses sourcils se froncèrent et une moue fit son apparition sur son visage couleur craie.

- Je vais probablement devoir rythmer ce sacrifice tout seul, se plaignit-il à lui-même à haute voix.

Il devrait préparé l'endroit de sacrifice, mais il faisait maintenant beaucoup trop noir pour qu'il s'en charge tout de suite. Cela devrait donc attendre le lever du jour. Il avait des torches, déjà en place depuis les dernières pleines lunes, à allumer, l'autel à nettoyer du vieux sang qui le recouvrait encore, le sable noir à rependre en forme de symboles complexes autour de la scène et des litanies à pratiquer pour être parfait lors de la cérémonie.

Sven soupira avant de revenir vers sa ''tendre protégée''. Il s'installa près de l'autel et se pencha vers elle, les mains posées sur la pierre glacée qui servait de lit à la Mage Blanche.

- Comment t'appelles-tu? demanda-t-il.

Harmonie le sentait de moins en moins mais elle ne pouvait lui laisser voir les failles qui s’ouvraient en elle, on ne pouvait pas dire qu’elle menait la danse et bien au contraire, elle se trouvait attachée sur une pierre et allait servir de sacrifice. Elle essayait de gagner du temps en jouant les médiatrice pour elle-même mais cela ne marchait pas vu le regard de l’homme noir. Elle le fixait depuis qu’elle s’était éveillée au temple. Son regard était à la fois dur et en même temps vide comme si son esprit était ailleurs.

La jeune fille avait proposé à l’homme de la relâcher car vu dans l’état où elle était elle ne pourrait jamais marcher longtemps et il aurait vite fait de la rattraper et pourtant… il refusait et trouvait des solutions pour le reste. Des solutions bien trouvées, elle devait l’admettre, tout ce qu’elle voulait s’était rire mais… elle ferma les yeux et tout son corps trembla de spasme avant d’exploser de rire.

Elle n’avait rien à répondre à tout cela, son fou rire calmé, elle écouta ce que disait le mage et puis elle le sentit près d’elle avant de rouvrir les yeux, il était appuyé à la pierre et la regardait avant de lui demander son nom.

- La situation est si drôle que je n’ai pas put m’empêcher de rire, veuillez m’en excuser. Je ne vous dirais pas mon nom, après tout vous vous en fichez c’est juste pour passer le temps n’est ce pas ? déclara-t-elle d’une vois sombre.

S’il voulait jouer et bien elle jouerait avec lui, elle allait attendre les secours que Mentali ramènerait en restant près de cet homme. Il n’allait pas la tuer jusqu’au lendemain soir, la jeune fille espérait juste que les renforts ne mettraient pas trop de temps à arriver.

-Dites moi plutôt pourquoi cela vous chagrine de devoir préparer le cérémonie tout seul ? Après tout, vous deviez le savoir au moment où vous avez décidé à Bénécius de faire de moi un sacrifice, n’est ce pas ?

ne se laissait pas démonter, elle avait beau être jeune, elle n’avait pas son pareil pour être aussi franc qu’elle. Elle était certaine de ce qu’elle disait et puis si cela pouvait énerver l’homme et le faire partir quelques instants du temple, ce ne serait pas plus mal. C’était ce à quoi elle pensait pendant qu’elle plongeait son regard dans celui de son kidnappeur en lui souriant mauvaisement.

Si seulement elle n’était pas allongée, elle se serait prêtée au jeu d’une toute autre manière mais elle pouvait toujours rêvée. Elle devrait donc trouver un autre moyen pour s’en sortir.

Sven se serait attendu à n’importe quelle reaction de la part de cette jeune Mage Blanche. De la panique, des larmes, des sanglots, de la nervosité... Mais absolument pas de la voir éclater de rire face à lui! Commet? La peur la prenait-elle à ce point qu’elle sombrait lentement dans la folie? C’était probable, se marmonna Sven pour lui-même alors qu’il attendait, toujours contre la table de pierre, que cette jeune insolente ait cessé de lui rire en pleine face. Lorsqu’elle arrêta enfin son petit manège, qui n’était, en fait, même pas drôle, elle s’excusa pitoyablement. Elle ne voulait en effet pas lui offrir son nom. Tant pis pour elle, après tout. Sven s’expliqua tout simplement, d’un ton accablant de douceur :

- Je trouve dommage de tuer des anonymes...

En effet, ça enlevait le sérieux de son oeuvre, quand il tuait des gens qu’il ne connaissait absolument pas, et surtout quand il n’avait même pas leur nom. Il aimait se souvenir de ses victimes, aussi étrange que cela puisse paraître. Il n’aurait alors en tête que l’image de cette jolie petite Mage Blanche et pourra s’en remémorer autrement que par son patronyme.

N’empêche, elle ne semblait même pas craindre ce qui était sur le point de se passer... Elle ne semblait pas inquiète du fait qu’elle allait, dans une petite journée, être poignardée sur un autel. Cette idée fit monter le rouge aux joues du Mage Noir, qui se vit assez vexé par le manque de terreur de cette sale petite brunette mal polie. Il se donnait tant de mal pour elle! Il faisait des efforts pour sa déesse, de plus! Il ne devait pas être traité avec autant d’indifférence...

Son air et son attitude changea alors presque en un éclair, comme une soudaine tempête s’abattant sur la Mage Blanche. Il lui agrippa la mâchoire avec tant de violence que ses ongles acérés s’enfoncèrent quelque peu dans la chair délicate de sa pauvre petite victime prochainement sacrifiée.

- Qui crois-tu être pour te ficher comme d’une guigne de ce qui va se passer? siffla-t-il, tremblant de rage contenue. Ne te rends-tu pas compte que je vais te tuer?

Sven ressentait une irrésistible envie de la punir, mais se retint de justesse de la trucider tout de suite pour son insolence. Il ne devait pas trop l’abîmer avant l’heure, après tout, au risque d’attirer sur lui la fureur de sa divinité. Il tremblait de rage et ne pouvait pas vraiment l’exprimer, de plus. Presque à regret, il relâcha la mâchoir de la Mage Blanche avant de se redresser de toute sa hauteur, la jaugeant d’un air supérieur.

- Tu riras moins quand je te coucherai sur l’autel afin de te planter cette fichue dague en plein coeur! cracha-t-il d’un ton venimeux.

Ne désirant pas s’attarder plus longtemps avec cette stupide gamine, Sven fit le tour de la table de pierre et retourna dans son coin pour s’y asseoir, l’air de plus en plus sombre. Il ne la regarda plus, le regard perdu dans le vide le plus obscur. Il regardait, par l’entrée du minuscule bâtiment dans lequel ils se trouvaient, les ténèbres de la nuit. Au loin, on entendit même un loup hurler à la lune. Demain, elle serait pleine. Demain, il tuerait la vierge. Demain, sa déesse serait heureuse...

Épuisé par son voyage, Sven Merinstal sentit ses paupières s’affaisser... Il devait impérativement se reposer...un peu...juste un peu...

...

Le démon se réveilla plusieurs fois durant la nuit, en sursaut presque bruyant. Il ne cessait de rêver que ses plans échouaient, que la Mage parvenait à s’échapper...Ou alors il se réveillait tout simplement d’urgence afin de vérifier que tout allait bien dans la place. Le Mage Noir eut cette nuit peu reposante jusqu’à l’aurore. Quand le soleil fut bien en place dans le ciel, il se redressa sur ses longues jambes et offrit à sa victime, endormie ou pas, le spectacle de le voir s’étirer paresseusement, comme un félin. Vicieux, il sortit de ses affaires ses rations de nourriture, histoire de déjeuner devant elle. Elle n’avait pas besoin de manger aujourd’hui...son heure allait sonner bientôt, après tout...

Quand il eut terminé, il se frotta les mains afin de se débarasser des miettes qu’il avait sur les paumes. Puis, calmé depuis la veille, il revint vers elle.

- C’est le grand jour, mignonne. Tu es nerveuse?

C’était une bien vilaine question, en effet.

- J’espère que tu as changé d’attitude, la prévint-il. Tu n’aimerais pas que Sven se fâche, non?

Elle lui avait dit en face ce qu’elle pensait et cela l’avait agacé vu sa réaction, il lui empoigna la mâchoire enfonçant ses ongles dans sa chaire. La demoiselle sentit la douleur mais ne ferma qu’un œil en signe de mal, elle ne voulait pas le laisser gagner la partie, elle devait rester forte et ne pas montrer ses émotions.
L’homme s’énervait ce qui d’un côté était bien mais d’un autre… qui sait ce qu’il était capable de lui faire. Harmonie le laissa parler, il était devenu furieux, ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela de le mettre en colère. Une fois qu’il eu fini de parler, il la regarda de haut, Harmonie planta son regard devenu triste dans celui de l’homme. Et puis il partit dans un coin, Harmonie restait seule sur cette autel froid. Elle regardait le plafond qu’elle ne pouvait voir à cause de la noirceur de la nuit.

Harmonie ferma les yeux et s’endormit, elle ne se réveilla que lorsqu’elle entendit l’homme s’approcher. Il lui posa une question idiote à son goût puis lui donna finalement son nom : Sven. Ainsi c’était son prénom, si jamais elle s’en sortait, elle n’oublierait pas de le noter quelque part.
Elle regarda tristement Sven.

-Je suis navrée de vous avoir mis dans un état pareil. Mais je n’ai aucune raison d’avoir peur car au fond de moi je veux mourir, vous êtes donc quelque part mon sauveur.

Cette phrase allait probablement l’énerver encore une fois.

-Je suis vraiment désolée monsieur Sven mais vous n’avez pas choisi la bonne personne pour satisfaire votre envie, j’en ai bien peur.

Il devait être midi, si on en jugeait par la position du soleil déjà bien haut dans ce ciel bleu sans nuage. La nuit qui s’en suivrait serait parfaite, se dit Sven non sans un sourire en coin, presque invisible. La lune brillerait fort et rien ne pourrait obstruer ses rayons glacés au moment où il enlèverait la vie à cette abominable fille. Malheureusement, celle-ci n’avait pas fini de le faire sortir de ses gonds. Ses paroles, aux yeux du démon, n’avaient pas le moindre sens. Qui donc voudrait mourir à cet âge? Se fichait-elle donc de lui? Sa bouche se crispa en un rictus énervé, mais l’Archimage se retint de lever la main sur elle, à nouveau. Il aurait bientôt tout le temps nécessaire pour lui faire regretter son insolence.

Il la toisa d’un voile d’arrogance avant de se détourner d’elle. Il marcha jusqu’à l’entrée du bâtiment minuscule où il se trouvait et regarda brièvement à l’extérieur. La température s’était quelque peu réchauffée depuis hier, mais un vent frisquet persistait toujours. Ce ne serait pas un problème pour le Mage Sombre. Il prenait l’habitude de rafraichir la température de son corps grâce à ses pouvoirs. C’était pour le contexte de manier la glace… Juste un petit coup d’éclat supplémentaire. Pour faire ‘’joli’’, quoi. Malgré cela, c’était une capacité assez inutile sur soi-même. Il pourrait toujours donner un gros rhume à un ennemi…

Bref, sans adresser le moindre mot à sa prisonnière, il sortit de l’édifice en demi-ruine afin de se mettre à l’œuvre. Ne pouvant pas le voir, il lui serait difficile de lui balancer des éclairs par la tête, à moins d’être particulièrement chanceuse. Ce qui n’avait toutefois pas été son cas jusqu’à maintenant. Le démon aux cheveux noirs traîna ses pieds sur les dalles craquelés du Temple. Il marcha jusqu’à l’autel des sacrifices, passant par les quelques trois ou quatre marche y menant. Ses yeux se promenèrent sur le sol avant de trouver ce qu’il recherchait.

Le matériel que la plupart des Mages Noirs laissaient sur place avant de quitter le lieu de cérémonie. Cette fois, on avait laissé un vieux balai au sol, et quelques lanternes à moitié vide. Cela datait de la dernière pleine lune, mais ça ferait amplement l’affaire. Sven s’occupa alors à balayer les débris qui recouvraient le tour de l’autel afin de faire en sorte que ce soit le plus propre possible au massacre. Il ne prit cependant pas la peine de nettoyer les tâches de sang brunies sur la table de sacrifice. Cela faisait partie des décors, après tout. Chose faite, il ramassa les lanternes éteintes et les accrochèrent aux endroits respectifs. Il les allumerait plus tard, lorsque le soleil se ferait trop bas. Il s’empara des chandelles passe partout qu’il traînait dans son sac et les disposa également autour de la scène, si l’on pouvait appeler cela comme ça. Il passa ensuite le reste de son temps assis par terre, le dos contre l’autel de pierre. Il avait prit soins de sortir de son sac de voyage léger un livre qu’il traînait partout avec lui. Une sorte de grimoire avec toutes les petites choses utiles à savoir, étant Mage Noir. Il tourna les pages jusqu’au chapitre sur les rituel sacrificiel simple. Il ne voulait pas faire trop compliqué. De plus, il n’en avait pas les moyens. Il étudia un long moment les prières à formuler, dans cette langue étrange et sombre qu’était celle des démons. Il ne voulait pas faire le sacrifices en langue commune, ce serait barbant et peu imaginatif…

Le soleil se promena dans le ciel jusqu’à toucher la ligne de l’horizon. C’est à ce moment là que l’Archimage ferma son bouquin afin de se remettre sur ses pieds. D’un pas lent, il retourna jusqu’à l’endroit où il avait laissé Harmonie.

- C’est l’heure…

C’est tout ce qu’il lui dit avant de détacher les cordes qui la liaient à la pierre. Il prit cependant le soin de garder ses poignets attachés et lui banda à nouveau les yeux, afin d’éviter plus de risques. Comme d’habitude, il la souleva et la balança sur son épaule afin de retourner sur le lieu du prochain sacrifice. Là, il la recoucha sur cette nouvelle table mais ne l’y attacha pas. Ce ne serait pas nécessaire. Le soleil déclinant toujours plus vite, le Mage Noir s’empressa d’allumer les lanternes et les bougies disposées ça et là autour de l’autel de pierre. Puis, finalement, il ouvrit son livre.

- Ça va bien se passer…

Il s’auto réconforta lui-même, ces mots n’étant nullement adressés à cette petite Mage Blanche. Ensuite, il posa la dague sacrificielle qui lui servirait sur le large autel, près des jambes de la fille. Enfin, il attendit que la lune soit assez haute pour commencer sa litanie. Les prières seraient longues. On comptait environ une vingtaine de minutes de ‘’blabla’’ avant de plonger une lame dans le corps de la vierge condamnée.

Le compte à rebours était commencé, et les vingt dernières minutes d’Harmonie commençaient à s’écouler…

Il avait laissé Harmonie toute la journée sur son autel, elle avait put penser et repenser à Mentali. Où était-il allé ? Qui avait-il prévenu ? Si c’était à la Tour Céleste, elle était fichue, le temps qu’on parle au chef et que tout se mette en place, elle serait morte avant qu’on ne la trouve. S’il était allé voir les chevaliers ou s’il s’était débrouillé pour que Xadr vienne, elle avait de la chance de s’en sortir et encore cela n’était pas certain.

Le mage noir revint finalement après ce qui lui sembla être des lustres. La jeune fille se laissa détacher, bander les yeux et porter comme un sac à patate, après tout, elle n’avait pas de force pour partir. Elle se laissa également couché sur une autre table, certainement celle du sacrifice et puis il lui reparla. Tout irait bien disait-il, après une petite incompréhension, la demoiselle comprit que ce n’était pas à elle qu’il s’adressait mais à lui-même.

Harmonie ne bougea pas d’un pouce, ne sachant pas où il était et ce qu’il faisait. Il commença à réciter ce qui semblait être des prières mais dans une langue particulière. Harmonie pensa très fort à Mentali.

Ce dernier, une fois arrivée à Bénécius, était allé directement au château dans le but de trouver les chevaliers et un en particuliers. Une fois arrivé et l’homme dit trouvé, il lui expliqua la situation très rapidement par voie télépathique et il insista sur le fait qu’il fallait se dépêcher d’arriver au temple de Malificium avant qu’Harmonie ne serve de sacrifice humain pour une cérémonie en hommage à une déesse maudite.

« Si tu lui fait la moindre égratignure, je te promet que je te fait disparaître avec le temple !»

Edalion se tenait à l’entrée du temple prêt à en découdre avec ce mage noir. Son épée était dégainée, sa posture était droite et son visage impassible et dépourvu d’émotions.

Le jour d’avant, loin de Maléficium, le chevalier se trouva dans son bureau au château de la cité blanche, détaillant des directives destinées aux missions que devaient accomplir les jeunes recrues. Escorte de civile, enquête, recherche d’individus. Il ne s’épargnait pas le travail et tâchait de le faire le plus consciencieusement possible. Ayant grimper chaque échelon de la chevalerie, il savait qu’avant qu’il ne prenne les choses en mains en tant que conseiller, les quêtes publiait sur le tableau de missions n’était pas adapté aux niveaux des plus faibles. Edalion avait bien failli y rester plusieurs fois. Mais c’était là aussi un risque à prendre quelques soi l’objectif à atteindre.

Alors qu’il était concentré dans sa tâche, il entendit un boucan dans la cour notamment prêt du pont levis en premier. Agacer par tous ses cris de gardes, le chevalier se leva en soupirant pour aller scruter par sa fenêtre et savoir enfin ce qui se passait. C’est alors, qu’il vit un animal être poursuivit par des soldats qui voulaient tout simplement le virer. Mais cet animal était familier. Edalion l’avait déjà vu quelques part, et plus il s’approchait plus un souvenir se recomposa dans sa tête, et quand enfin ce qui semblait être Mentali le vit à la fenêtre, le souvenir d’harmonie lui revint enfin. La mage blanche qu’il avait aidé, il y a longtemps. Elle était son amie et voir ainsi son animal sans elle et dans un tel état de célérité, Edalion se doutait que quelques chose clochait avec la mage blanche. D’autant plus si Mentali venait chercher le chevalier c’est qu’il devait s’agir de quelques chose de vraiment très grave.

Une fois que le chevalier avait récupéré l’animal, et grâce à la particularité de Mentali, il sut ou aller et à quoi s’attendre. Un sacrifice, harmonie en tant qu’offrande. Un mage noir. Le temple de la cité noir. Il n’y avait pas une minute à perdre. Il laissa tout en plan, prit deux potions revitalisantes de son tiroir et prit un cheval et fonça vers Maléficium. D’après ce qu’il lui avait dit. Harmonie serai morte le soir même à la pleine lune. Mentali avait déjà trop de temps à parcourir la distance entre les deux cités. Edalion s’inquiéta et commençait à maudire les chevaux de ne pas pouvoir aller plus vite. A mi-parcours, il posa pieds à terre, donna son cheval de bon cœur à un fermier, prit Mentali dans ses bras et se mit à courir de plus en plus vite jusqu’à atteindre une allure plus rapide qu’un destrier. Il ne voulait pas aller plus vite, afin de ne pas se fatiguer une fois arriver. Grâce aux indications de l’animal d’harmonie, le temple ne fut pas difficile à trouver. Le soir était déjà arriver, et il devait se préparer à se battre. C’est pourquoi, il but sa première potion revitalisante afin d’être en forme. Il avait ouvert la porte discrètement pour se faufiler à l’intérieur, mais quand il s’aperçut que le mage noir était en train de formuler une prière de sacrifice, il dû agir rapidement. C’est ainsi, qu’il se retrouva face à Sven.

« Libère la fille et laisse la partir tout de suite ! Je ne le répèterai pas ! »

Alors qu’il avait son œil sur le mage noir, son esprit, lui, avait commencé à jeter son emprise sur la table de rituel. Heureusement pour Edalion, elle était en pierre. Il était facile pour harmonie ou Sven d’entendre d’étrange grincement, provenant de la table. La pierre était en train de recouvrir le corps d’harmonie et d’un coup, des pieux de pierre en sortaient toute autour telle la protection d’un hérisson.

Edalion ne pouvait que commencer par protéger son amie, car pour attaquer un adverse, il fallait savoir ce dont il était capable et de pouvoir l’analyser.

Tout allait comme prévu, jusqu’à maintenant. Presque serein, Sven récitait sans le moindre accroc les formules compliquées de son vieux grimoire passe-partout. Déjà, on sentait dans l’air quelque chose de louche, de sombre, d’envoutant et de glacial. C’était comme si une présence maléfique ne cessait de se rapprocher et tournait autour d’eux, spécialement autour de la jeune mage blanche. Les ombres projetées par les bougies et les lanternes semblaient se modifier, de déformer, formaient des mains aux doigts crochus se tendant dans la direction de l’autel de pierres, pressées de récolter l’âme précieuse de cette vierge. Mais Sven ne voyait nullement ces choses, absorbé par les lettres d’encre couché sur les vieilles pages de son livre.

Les minutes passèrent jusqu’à ce que deux seulement subsistent toujours. Le rituel achevant, Sven s’empara de sa dague et la garda levée, prête à s’abaisser pour s’enfoncer dans les chairs délicates d’Harmonie. C’est quand il acheva une phrase particulièrement gore qu’une voix retentit au loin, dans l’obscurité de la nuit. Surpris, Sven hoqueta, bafouilla dans sa phrase et fit alors échoué tout ce qu’il avait commencé. Les ombres autour semblèrent rugir avec le vent et siffler, et les mains tendues dans leur direction se rétractèrent pour redevenir normale. Trop prit sur le coup pour être fâché Sven leva les yeux vers la source du bruit, et son œil tiqua de nervosité comique en voyant l’homme en armure, plus loin.

Cet homme, il l’avait rencontré au Jardin lors de l’attaque de la sorcière. Il avait pour un temps collaboré ensemble pour se débarrasser de créatures immondes, mais rien de plus. Le voir ici, gâcher tout son travail, le fit grincer des dents. L’Archimage Maléfique se sentait tout simplement furieux. Jamais il ne l’avait été autant, à vrai dire.

- Chevalier!!!

S’en était presque une insulte, de dire son titre sur un ton aussi accusateur. Il ne pensait d’ailleurs pas pouvoir être plus hors de ses gonds… jusqu’à ce qu’Edalion le prive d’Harmonie en la protégeant avec sa pierre. Bouche-bée, il regarda la fille disparaître sous sa protection de pierre, loin de sa portée.

- MA VIERGE!!!!

S’en était de trop pour lui, évidement. Son visage d’ordinaire si parfait se mua en colère brulante, ses traits parurent plus cruels, plus horribles. Il grognait si fort qu’on aurait dit un chien sauvage sur le point de japper pour ensuite sauter au visage de son interlocuteur. D’ailleurs, il en montrait les dents, notre Sven.

Ses doigts se serrèrent sur la dague qu’il tenait, faisant blanchir ses jointures. Le poing serré de l’autre fit percer la chaire de sa paume avec ses ongles, et des gouttes écarlates tachèrent la pierre à ses pieds. Le démon n’avait maintenant qu’une seule idée en tête…. Se venger de cet imbécile de chevalier et tenter de recommencer son rituel, si la Déesse n’était déjà pas trop en colère contre lui…

- Très bien, siffla-t-il de façon presque inaudible. Tu la veux? (Il écarta les bras presque théâtralement.) Viens la chercher! Mais d’abord….

Un rictus cruel s’étendit sur son visage de marbre blanc. Le givre sembla recouvrir le sol autour de lui, grimpa sur les bougies et les lanternes jusqu’à leur tige, et les fit de ce fait s’éteindre, les plongeant dans les ténèbres.

- Passes-moi sur le corps….

Sven était si en colère qu’il ne voyait même pas l’absurdité de ses propos. Il avait vu le Porteur D’Espoir à l’œuvre et n’avait pas la moindre chance de le vaincre dans un combat comme celui-là, en face à face. C’est pourquoi, d’ailleurs, qu’il opta pour la déloyauté d’un duel… Il recula dans l’ombre des ruines qui surplombaient l’autel pour en disparaître littéralement, et s’éclipsa dans un édifice à moitié démoli. Il passa d’ailleurs d’édifice à édifice, par les trous dans leur murs, par leurs crevasses, aussi silencieux et discret qu’une ombre elle-même, jusqu’à parvenir à une distance bien plus rapprocher du Chevalier, s’il n’avait pas trop bouger.

Là, il le fixa d’un regard presque animal, caché dans les ombres. Son aura maléfique ne laissait cependant aucun doute. Il était dans les parages. Il ne pouvait pas masquer cela. Ses yeux se plissèrent alors qu’il utilisa une touche de magie noire afin d’invoquer de petits serviteurs, comme ses dons le lui permettaient. Il ne l’avait encore jamais fait, n’en ayant pas eu l’occasion, mais celle-ci se présentait, maintenant. Sortant du sol comme si la pierre la recouvrant n’ayant jamais existée, trois espèces de petits démons, semblable à des diablotins, s’extirpèrent derrière le Chevalier, ricanant de leur petites voix aigues. Ils savaient pertinemment ce que voulait leur maître. Ainsi se projetèrent-ils dans la direction du serviteur du Bien, tentant de l’entourer et le percer avec leurs petites lames. Si cela ne fonctionnait pas, cela ferait amplement de diversion pour que Sven échafaude un nouveau plan, plus fatal, cette fois.

Edalion semblait avoir contrarié le mage noir, et c’était donc tant mieux, cela voulait dire que le chevalier faisait son travail en dérangeant les activités des Noirs. Et à l’entendre râler, il se disait qu’il avait déjà croisé celui-là. Mais oui, c’était celui qui l’avait aidé au jardin de la cité blanche et même qu’il avait crié « Boîte de conserve » à son égard ! il se souvenait également que ses actions étaient souvent issus de la ruse et de la malice. Autrement dit, il ne doit pas être assez fort encore pour affronter un adversaire en face. D’ailleurs, il renouvelait son mode opératoire ici dans le temple en soufflant les lumières. Néanmoins, le guerrier de la cité blanche devait rester sur ses gardes, encore plus que dans le jardin. En effet, il se trouvait à Maléficium, là ou la loi que représentait le chevalier n’avait plus d’effet, et ou ses connaissances des lieux étaient désavantagé par rapport à son adversaire.

Donc, Sven avait décidé de commencer par une petite partie de cache-cache. Il était vrai que dans le noir, le chevalier ne voyait rien, et qu’il n’avait rien sous la main qui lui permettait de faire de la lumière, appart faire effondrer une partie du plafond pour que la lumière de dehors entre un peu, mais ça serai attirer encore plus d’ennui. Non, la solution résidait dans ses sens, bien que normal, ils savaient qu’il pouvait faire confiance. Mais voilà que ce magicien du chao se mit à ricaner dévoilant parcellement sa position. Alors que le chevalier s’avança, non pas vers le rire, mais vers le centre du temple. Il devait d’abord prendre l’avantage du terrain, mais voilà, que d’autres ricanements apparurent derrière lui. Des rires inhabituels et sauvages. Edalion se disait qu’il ne pouvait pas les empêcher de l’attaquer dans le dos, il devait donc augmenter sa défense. Silencieusement, il contracta son corps pour le rendre aussi dur que l’acier.

A peine avait-il le temps de faire ça, qu’un être étrange s’accrocha à son crâne. Edalion ne connaissait pas les diablotins, mais son premier geste fut d’agripper ce petit monstre. Dans sa main, la bestiole ne semblait pas très épais, voir même fragile, mais il gigotait vivement, s’il le lâchait, il allait devoir attendre une prochaine attaque pour l’avoir. Alors il préféra l’écraser sans retenu avec son autre main. Mais les bruits continuèrent. Il y en avait d’autre encore. Comme à son habitude, le chevalier resta silencieux, surtout que là, il n’avait pas d’allié et donc, parler, même à son ennemi, serait une perte de temps et peut être désavantageux pour lui.

Ca ne lui plaisait pas d’attendre de se faire attaquer afin de pouvoir riposter aussitôt. Il devait faire quelques choses. Il avait vu plusieurs statues et statuettes d’une déesse un peu partout dans le temple. Il lui suffisait de tendre la main pour sentir que de la pierre se trouvait là. Il attira à lui une de ses statues, et d’un coup de concentration, il l’explosa envoyant des centaines de particules fusé tout autour de lui. Il ne savait pas s’il avait touché quelques choses, mais en tout cas, il y avait un ricanement de moins. Selon le résultat, il était prêt à recommencer le processus, surtout que de la pierre, il y en avait dans ce temple…

Bien que la scène se montra plutôt amusante, le Mage Noir n’eut pas le culot d’esquisser le moindre sourire à la vision de ses diablotins s’attaquant au fier chevalier venu libérer la petite princesse en détresse. Il n’était visiblement pas d’humeur à rire en ce moment. D’ailleurs, même s’il ne le remarqua pas de lui-même, c’était sans doute le seul combat qu’il menait avec un sérieux exemplaire. Du moins, pour le moment. Pour une fois dans sa vie, il ne désirait que tuer son adversaire. Aucune pitié ne lui serait accordée, ni la moindre chance.

De la chance, pourtant, c’est lui qui en aurait besoin durant cette nuit. Edalion avait nettement plus d’expérience que lui en matière de combat et plus encore. Il allait devoir être drôlement malin, voir même exceptionnellement vicieux, pour mettre hors jeu ce Chevalier de mille malheurs. D’ailleurs, les Diablotins ne semblaient pas s’en tirer si mal… L’un fut cependant attrapé et réduit en bouillie par les mains puissantes du Porteur d’Espoir. À cette vision, le visage de Sven se tordit de nouveau de rage. Il lui en restait encore quelques uns, c’était déjà ça…

Les statues du Temple Maudit se mirent à bouger d’elle-même. C’était un réelle sacrilège, venant de la part d’un serviteur du bien, mais le démon se contenta de regarder la scène, les yeux plissés de fureur contenue. S’il voyait si bien le spectacle, c’était bien parce qu’il possédait un collier de vision nocturne, ainsi voyait-il tout ce qui se déroulait comme en plein jour, mais dans un spectre de lumière quelque peu différent de la normale. C’était un avantage assez sérieux contre le chevalier qui lui, avec son œil humain, aurait bien plus de mal à distinguer son ennemi dans les ténèbres.

Quand les statues explosèrent d’un grand coup, le démon se protégea des éclats derrière une grande colonne à moitié effondrés. Il entendit les gargouillements d’un autre diablotin maintenant hors service et retint un juron. Un seul persistait. Bien sûr, il avait la possibilité d’en invoquer d’autres, mais cela siphonnerait un peu plus de son énergie magique. Il allait attendre de voir si cela serait vraiment nécessaire…

Son dernier Diablotin ricana comme une petite peste avant de sortir d’un coin sombre et de planter sa lame dans le mollet d’Edalion…Du moins, tenta de la planter. Le mince acier se brisa contre le corps étonnement dur de l’homme et la créature resta la, le visage surpris, la bouche en O, fixant son épée miniature brisé.

- Ooooh! s’exclama-t-il d’une petite voix inhumaine.

Sven faillit s’étamper une main honteuse au milieu visage, mais cela n’aurait fait que trahir sa présente… Il décida alors de changer de place. Se mêlant au silence et à la couleur des ténèbres, l’Archimage monta un escalier fragile afin d’atteindre une mézanine craquelées de partout. Il avait plein accès à la scène par le biais des hauteurs. Edalion se trouvait plus bas, une dizaine de mètres plus loin. Au dessus de Sven, un grand trou perçait le plafond, laissant voir la Lune, grosse, pleine et lumineuse. Comme un projecteur, celle-ci éclairait l’endroit où le combat entre son petit diable et Edalion se passait. Contre la lune, la silhouette noire de Sven se détacha sans le moindre problème alors qu’il usa de sa magie, une nouvelle fois.

Il leva le bras et une longue tige de glace, imitant la forme et la mortalité d’une lance, s’étira dans sa main. Il prit une seconde pour viser, le plus précis possible, et lança son arme improvisée en direction du chevalier. Si celui-ci ne bougeait pas trop, il le toucherait sans doute. Peut-être serait-il même blessé, malgré sa peau si solide, mais il en doutait…

La partie continua, alors que le chevalier prêtait attention à ses oreilles, pour connaître le résultat de son action offensive. Il sentit quelques choses le toucher derrière lui, plus bas, suivi d’une petite voix irrégulière. Un troisième larron démoniaque s’était attaqué à lui sans prendre en compte la défense du chevalier. Edalion se retourna et le chopa comme le premier, mais cette fois, il le garda vivant, mais prisonnier de ses mains. D’abord, il avait l’intention de s’en servir comme projectile contre le mage noir. Mais celui-ci semblait se déplacer. Prochainement, il devra envisager de s’entrainer d’avantage dans le noir total ou alors de prévoir de quoi faire un feu avec ses possibilités. Toutes les attaques du chevalier étaient physiques et non magique. Mais le contrôle de la terre était une magie physique. Il fallait donc, qu’il réussit à l’attraper, et pour y arriver, il devait user de ruse.

Un nouvel élément arriva, la lune, qui se mit à éclairer sa positon, le chevalier cacha d’abord son œil aveuglé par cette lumière vive soudaine. Il grogna silencieusement. Ce mage noir semblait avoir plus d’un tour dans son sac. Ce malicieux, profita de sa position lumineuse, pour se dévoiler, mais aussi pour lui envoyer un projectile glacière. Le chevalier avait juste entendu le bruit de la glace se former, lorsque sa vue revint, l’attaque était déjà lancé. Il ne savait pas si son épiderme allait résister, étant donné que l’acier conduisait les grandes et faibles températures. Son reflex fut de placer le petit diablotin devant lui, et au moment où la glace transperça le petit monstre, Edalion se servit de son otage comme poignet pour dévier le projectile vers le sol. Il leva les yeux à nouveau et vit enfin le mage noir. Il avait parié beaucoup trop sur cette attaque pour s’exposer ainsi.

D’abord, le chevalier voulait se déplacer assez rapidement pour se retrouver derrière lui et le prendre par surprise, mais comme il ne voyait pas l’escalier, ce n’était pas envisageable. Bondir de la force de ses jambes jusque-là hautes laissées le temps à Sven d’esquiver. Non, il fallait être un peu plus malin que ça. Chaque chose en son temps. Il tendit sa main vers le plafond au-dessus de Sven. Alors qu’on pourrait croire qu’il voudrait faire effondrer le haut sur le mage noir, le résultat fut totalement différent, c’est toute la partie en étage, autrement dit sous les pieds de Sven qui s’effondra d’un coup. Le temps n’était pas encore à la saisit. Le chevalier garda sa distance entre l’éboulement et lui. Il ne savait pas si le sorcier était sous les gravats, es ce qu’il était blessé ou pas.

En tout cas, Edalion avait décidé d’éliminer un à un ses possibilité de fuite et de se cacher l’obligeant à faire face…ou à fuir. C’est pourquoi, il reprit le contrôle de quelques statues, mais cette fois, il les fit tourner autour de lui comme des astres autour d’un soleil. Certains prêts de son corps, et d’autres dans les zones d’ombres qui restaient un mystère pour lui. Si les pierres touchaient quelques choses, un obstacle, ou quelqu’un, le chevalier en saura directement informé.

Comme il l’avait précédemment craint, la lance n’eut pas le moindre effet sur lui, non pas à cause de son corps solide, mais car le chevalier empoigna l’un de ses serviteurs afin de l’interposé entre l’arme de givre et lui. Sven en grinça des dents en regardant son diablotin s’agiter mollement sous la poigne rigide du Porteur d’Espoir puis mourir. Bon… Il était maintenant seul contre ce balourd et devrait redoubler d’efforts afin de pouvoir arriver à ses fins avec lui.

Le démon se préparait de nouveau à changer de position quand il ressentit sous ses pieds quelque chose de plutôt étrange. Une sorte de tremblement, suivit de bruit sinistre de craquements, de plus en plus violents et forts. Non… Il n’osait quand même pas? Et si… Sous ses pieds, la pierre se déroba et le démon vacilla, avant de tomber dans le vide. Lorsqu’il heurta le sol avec la pierre de façon douloureuse, il se hâta à créé, au dessus de lui, une sorte de mini dôme afin de protéger sa tête des débris qui tombait toujours. Une lourd nuage de poussières enveloppa la scène et masqua ainsi ce qui se passait pour Edalion. Quelques gros morceaux de roches tombèrent encore pendant deux ou trois secondes, si bien que la protection improvisée de Sven se craquela et manqua d’éclater. Il était entièrement enseveli sous les décombre. S’il n’avait pas été si vif d’esprit avec ses pouvoirs, il aurait été totalement écrabouillé par les pierres.

Le silence revint enfin et le nuage de poussière retomba, permettant au chevalier d’admirer le résultat. Dehors, on entendait le hurlement d’un loup et les grillons, mais c’était tout. Il semblait en avoir terminé avec le démon. Terrassé? Écrasé? Cela semblait être le ca, à présent… Jusqu’à ce que…

D’un coup raide et violent, un avant bras émergea des débris, les doigts replié comme les serres d’un corbeau.

(Effet sonore ;) : >>> https://www.youtube.com/watch?v=vfthzU3V4zo <<< )

Sous la couche de pierre, qui n’était pas si épaisse que cela, Sven fit éclater son dôme de glace, ce qui projeta une bonne partie de décombre se trouvant au dessus de lui un peu partout. Le démon se redressa du mieux qu’il le pouvait sur ses jambes, vacillant quelque peu de gauche à droite. Il fallait dire qu’il était sonné par cette stratégie, et surtout par la chute. Un filet de sang ruisselait sur la partie droite de son visage, montrant en évidence qu’il s’était sans doute pris un éclat de pierre en tombant, ou alors qu’il était mal tombé et qu’il s’était heurté la tête. Au chevalier d’émettre son hypothèse là-dessus.

Haletant, Sven serra et desserra ses doigts, comme s’il tentait de les dégourdir. Face au Porteur d’Espoir, il ne lui restait maintenant que deux solutions possibles. L’affronter face à face, à la loyale, ou bien fuir. Mmmh… Ni l’un ni l’autre…

Sven tendit ses bras douloureux vers l’homme, ou plutôt vers ses jambes, et fit en sorte de créer du nouveau givre au niveau de ses pieds. Son plan? Garder le chevalier en place alors qu’il tâchait de trouver quelque chose de plus malin. Sa glace se durcirait au fur et à mesure qu’il travaillerait dessus, si Edalion ne faisait pas quelque chose pour arrêter le processus, du moins.

L’Archimage Maléfique porta la main à sa ceinture et s’empara de la dague sacrificielle récupérée quelques instants plus tôt. Sans un mot, il reprit le chevalier en joue avant de projeter la lame en direction de son visage. Serait-il aussi chanceux que la dernière fois?

Lorsque Sven réapparut au milieu des gravats, Edalion changea sa position, pour se mettre en garde. Comme si les choses sérieuses allaient commencer. Alors qu’Edalion voulait profiter d’un instant pour passer à l’offensif, il sentit se pieds coller au sol, et lorsqu’il y jeta un coup d’œil, il comprit, que le mage noir utilisa sa glace contre lui et de manière assez rapide. Sous une telle température, Edalion devait abandonner sa peau d’acier sous peine de tomber engourdit par le froid. Le malin ! Et à peine avait-il le temps de le regarder à nouveau, qu’une lame s’empressa de lui arriver au visage. Son reflexe, fut de mettre son bras devant le visage. Un cri de douleur étouffé se fit entendre, la dague tomba au sol la lame couverte de sang. Le dessus de l’avant-bras du chevalier fut entaillé malgré l’armure qu’il portait. Le chevalier se redressa, laissant le sang couler. Le mage noir pouvait se réjouir de cette blessure, mais savait-il que cette blessure faisait partie d’une collection ? Le corps entier du chevalier était recouvert de blessures plus grande et plus petite, en commençant par son œil gauche.

Grandissant dans les réalités de l’esclavages pour finir gladiateur, avait conditionné le corps du guerrier à être habitué à la douleur. Tenant à la vie, il s’était souvent sacrifié à se blesser plutôt que de mourir pour rien. Ayant toujours eu une âme charitable, on le vit souvent se prendre un coup à la place de quelqu’un d’autre. Ses proches, et surtout sa femme, Miranda, disait que ce n’était pas son armure ou son blason qui faisait de lui un chevalier, mais sa façon d’être, un esprits et une âme qui est le bras armé de la lumière et de la justice. Bien qu’il déteste donner la mort, lorsqu’il le fait ce n’est pas par châtiment, car la mort selon lui doit être une liberté. Nombreux étaient les détenu à la prison qui furent garder en vie sous sa justice, vivant avec leur péché et peut être leur remords. Sven, faisait, semblait il, partie de ceux qui ne pouvaient faire marche arrière

Le mage noir avait donc décidé d’élever le niveau de combat, alors soit. Le Porteur d’espoir, reprit le control de ses deux statues pour les envoyer littéralement sur son adversaire. Mais il s’agissait d’une tactique de diversion, enfin de se libérer de la glace. Deux simples coups de pieds suffirent pour la briser et le chevalier disparut dans un courant d’air. Ses déplacements étaient tout simplement imperceptible à l’œil, et ainsi, il changea les rôles durant ce court instant. L’image d’Edalion décochant un coup de poing de fer apparut derrière Sven. Mais le chevalier détestait attaquer par derrière, c’est pourquoi, lorsque son coup de poing allait le toucher, l’image disparut pour se placer devant le mage noir et finir son attaque.

Pour la première fois depuis le début de ce fichu affrontement entre bien et mal, un grand sourire malsain et vicieux s’étendit sur le visage blanchâtre du démon aux cheveux de ténèbres. Son plan avec la glace semblait fonctionner, pour le moment. Il avait d’ailleurs cru en finir avec cet imbécile de bonhomme en armure lorsqu’il lui avait lancé sa dague de façon meurtrière. Malheureusement pour lui, la boîte de conserve avait eu le bon réflexe de laisser son bras prendre le coup à la place de son visage repoussant. Malgré tout, la douleur qu’il exprima fit de nouveau sourire Sven, et son sourire s’était étiré, dévoilant ses deux rangées de dents plus qu’impeccable, rendant son sourire carnassier à faire froid dans le dos.

Il se préparait à dégainer sa lame pour en finir avec le Porteur d’Espoir, mais celui-ci eut la brillante idée d’envoyer vers lui deux des statues de sa déesse. Le démon n’eut d’autre choix que de se jeter sur le côté, tombant sur les côtés irréguliers de morceaux de pierres brisés. Disons simplement que ça ne lui fit pas de bien. Puis, le temps que l’Archimage Maléfique se remette sur ses deux jambes endolories, le Chevalier n’était plus là. Très surpris, les yeux de Sven le cherchèrent à gauche et à droite durant une seconde, le temps d’entendre le bruissement du vent se faufiler derrière lui.

Il eut l’impression que tout se passait au ralenti, à partir de ce moment fatidique. Sa tête se tourna afin qu’il puisse regarder derrière son épaule un Édalion au poing levé et menaçant. Les yeux bleus glacial du démon s’écarquillèrent à cette vision et sa jambe sembla bouger dans l’espoir de pivoter et d’éviter le coup. Cependant, face à la vitesse surprenante de cet homme, Sven bougeait à la vitesse d’une tortue. À peine eut-il le temps de lever le genou qu’Edalion disparut à nouveau.

L e courant d’air suivant força les réflexes de Sven, qui retourna son attention devant lui…

Et il n’y vit, que du coin de l’œil, que de belles jointures…

Le coup qui percuta le côté de son visage fut si violent que le sombre Mage eut l’impression que sa tête allait faire deux tours sur elle-même. Son cou en craqua même un peu sous la pression. Pour être un sacré coup de poing, s’en était un! Sven vola vers l’arrière et s’écrasa à nouveau contre les débris cassés de roches. Instinctivement, sa main se posa sur le côté de son visage douloureux. Il se demanda si le borgne ne lui avait pas cassé la mâchoire… Non, mais il avait tout de même brisé quelque chose.

Dans un crachat de sang, Sven expulsa de sa bouche une dent. Une troisième prémolaire, pour être plus précis. Ça ne gâcherait pas ses sourires, certes, mais c’était tout de même une dent! Plus que sonné, Sven se remit, péniblement, sur ses jambes. Du moins tenta-t-il. À peine à moitié redressé, il s’écrasa de nouveau, vacillant comme un ivrogne. La scène se répéta deux fois avant qu’il ne semble décidé de rester au sol, avachi contre les roches, la tête dodelinant d’étourdissement.

- Mmh…aww… Saleté…Conserve…La Boite…

Ses propos étaient si incohérents qu’il ne se comprenait plus lui-même… Il ne voulait pas laisser cet homme lui prendre la fille.

- Merdouille…

Et il tomba dans les pommes, vaincu.

Enfin Edalion avait pu toucher sa cible, et visiblement, cela avait suffi à mettre un terme au combat. Tant mieux, car le chevalier n’était pas là pour multiplier les affrontements, mais pour venir en aide à une de ses amies. Bien que Sven fût au sol, Edalion ne baissa pas sa garde. La fourberie de cette caste noir était bien connu et leur tour vicieux bien connu. Il préféra alors s’assurer qu’il ne se relèvera pas tout de suite. Il jeta son emprise sur les débris de pierre tout autour de son adversaire et en fit une jolie couverture sur lui, un petit poids supplémentaire qui rassura le justicier, baissant enfin sa garde. Mais rien n’était terminé. Harmonie devait être mise à l’abri. S’approchant de l’autel, il libera la fille de son bouclier de pierre d’un revers de la main.

« Je suis la Harmonie, je suis là. Tu ne crains plus rien. Tiens, bois ça ! »

Le chevalier avait soigneusement conservé sa deuxième potion revitalisante. Il l’ouvrit et bu un petite gorgée afin de ne pas être ralentit par la blessure qu’il avait à l’avant-bras. Le reste, il le donna à son amie. Il se disait que depuis tout ce temps et avec un hôte comme Sven, elle n’avait pas du boire ou manger souvent. La potion vide, Edalion pris la mage blanche dans ses bras et décida de quitter ce lieu maudit. Cependant, il s’arrêta une minute devant le corps du mage noir. Il le regarda. Bien qu’il fut vainqueur ce jour-là, il se disait qu’à l’avenir, il allait devoir se méfier de celui-là, car, non seulement il sera plus fort, mais il connaîtra ses capacités également et sans doute ses faiblesses. Le chevalier tâcherait d’être prêt. Enfin, il quitta le temple.

« Mentali ! On part ! »

Le chevalier avait déconseillé à l’animal d’harmonie d’entrer avec lui. Peut-être s’était-il caché ou avait trouvé un endroit pour entrer quand même, mais là, il fallait partir. Surtout qu’il fallait au moins quitter Maléficium pour être en meilleur sécurité. Au milieu de la nuit, le chevalier avec harmonie dans les bras et Mentali à ses côtés courait sans relâche, il tâcha aussi de trouver une bouteille d’alcool qui trainé, à défaut d’avoir des soins, il fallait apprivoiser. Il tâchera de lui demander comment est-elle tombée dans cette situation. Il devait bien le comprendre pour faire en sorte que cela n’arrive plus, à elle ou à quelqu’un d’autre. Harmonie était surtout son amie, une personne qu’Edalion ne voulait pas voir partir comme ça. Sven avait misait sur le mauvais cheval.

Une fois la porte noir passé, le chevalier se cacha loin de la route, parmi des broussailles afin de faire une pause bien mérité. Malgré son endurance et sa force hors du commun, il devait faire quelques choses pour son bras en dépit des effets de la potion. Mais d’abord, il allongea son amie dans l’herbe et alluma un feu à ses côtés. Avec des feuilles séchés, un peu de bois pris dans le coin, un entrechoque entre pierre et la lame de son épée, les flammes prirent assez rapidement. Pour son bras, il ne pouvait pas demander à Harmonie d’user de sa magie blanche, non, elle devait se reposer. Il fallait donc penser à un moyen plus traditionnel et un peu plus douloureux. Il retira soigneusement l’armure de son avant-bras et le tissu. Il chercha la bouteille de rhum qu’il avait pris au passage et versa la totalité sur la blessure, le contact de l’alcool le fit grimacer de douleur. Il savait que ce n’était pas la phase la plus douloureuse. C’était pour cette raison qu’il hésita à prendre une branche qu’il avait préalablement mis au feu. Finalement, il l’empoigna et dans un geste vif il toucha la blessure avec le feu et l’alcool s’enflamma sur l’avant-bras. La douleur fut si intense que le chevalier respira fort et perdit l’équilibre. Il devait supporter la douleur sans crier. Mais la blessure était cicatrisée et soignée.

Sven récitait son incantation et maintenant, il levait son couteau juste au dessus d’elle, il ne lui restait que quelques secondes à vivre mais voilà que le destin s’en mêlait, quelqu’un était venue pour la secourir : quelqu’un qu’elle connaissait bien et qu’elle reconnu à sa voix : Edalion. Il était venu jusqu’à Malificium en très peu de temps pour la secourir des griffes de cet homme, elle pouvait dire qu’elle avait de la chance. Oui, elle pouvait remercier Mentali et sa bonne étoilée, avec son interruption, le rituel était gâché mais alors qu’un combat allait naitre, elle se fit entourée par de la roche, une solide roche.

-Edalion ! Edalion ! Laisse-moi sortir !

Elle frappa pendant quelques secondes sur la roche mais celle-ci était très solide, elle entendit au loin les voix des deux hommes qui se livraient un combat sans merci de ce qu’elle pouvait entendre sans parler des cris qui suivirent. Et puis soudain, tout se termina, elle n’entendit plus rien et la roche qui l’encerclait disparu. Edalion se trouvait près d’elle et lui fit boire une potion revitalisante, la jeune fille se sentait fatiguée tout d’un coup mais elle put voir une blessure au bras et Sven au sol.
Elle se sentit soulevée, elle voulait s’arrêter près de Sven pour lui administrer quelques soins mais Edalion ne la posa pas au sol, il interpela Mentali et se remit en route.

Harmonie se sentit envahir par le sommeil et se laissa glisser dans les limbes. Elle ne se réveilla que bien plus tard, Edalion était allongé au sol, elle émergeait doucement mais pouvait apercevoir une bouteille d’alcool et l’armure de l’homme au sol. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qui s’était passé durant son sommeil. La jeune fille se leva et s’approcha doucement du bras de son compagnon.

-Tu n’es qu’un idiot…

Elle apposa délicatement ses mains sur la plaie cicatrisée et une douce chaleur envahit le corps d’Edalion, il n’allait rester de cette blessure aucune trace visible. La demoiselle avait progressé dans ses compétences, elle était apte à enlever toutes blessures, une petite marque resterait peut-être mais rien de bien visible, il faudrait se pencher dessus pour s’en rendre compte.
Une fois cela fait, la demoiselle se recula et s’assit, elle attendit une réaction de la part du chevalier.

Le temps et les évènements semblaient faire une pause durant le repos d’Edalion qui subissait la fin d’une thérapie de choc. Harmonie était assoupie. C’était durant ces moments de tranquillité, des moments où il fallait attendre que le temps calme les ardeurs et apaise les maux que le chevalier repensa à son parcours aussi chaotique et vertueux pouvaient être. Les arènes, être chevalier, Miranda, devenir conseiller, et se battre contre d’innombrable adversaires et surtout sauver bien plus de vies à chaqu’une de ses actions. Il pouvait de temps en temps soupirer de ses activités aussi épuisantes qu’elles pouvaient être, mais jamais, il n’a baissé les bras et jamais l’honneur du chevalier l’avait quitté. Ce fut Harmonie qui se réveilla en premier, et de sa critique qui réveilla le chevalier.

« Bonjour Harmonie, comment tu vas ? »

Il n’eu même pas le loisir de se justifier. La mage blanche s’exécuta immédiatement pour soigner le reste de sa blessure. Il la remercia évidement, même si cela n’aurait pas été nécessaire pour lui. Elle devait avant tout garder ses forces. Mais Edalion doutait que dans l’immédiat, que son autorité ou son expérience avoir un effet sur elle. Mais il préféra se concentrer sur ce qu’il s’était passé.

« Comment t’es-tu retrouver sur cette table de pierre avec ce mage noir ? »

Edalion se redressa sur ses jambes, analysant un peu son avant-bras et vérifiant que tout va bien pour lui. Pour harmonie, il s’inquiétait un peu quand même. Il savait qu’elle était malheureusement bizarre et que venant d’elle rien ne pouvait plus l’étonner. Heureusement que Mentali était là pour lui expliquer un peu les intentions de son amie. Des intentions souvent troubles et inquiétant. Le chevalier prit alors son armure, et se mit à l’examiner, il n’avait pas était toucher ailleurs durant ce combat, mais, il était méticuleux, un trait de caractère qui se voyait dans sa façon de vivre et de rendre justice. Enfin, il prêta son œil à Harmonie pour enfin l’écouter attentivement.

Harmonie était assise et regardait le chevalier, elle lui en voulait. N’avait-il pas confiance en elle ? Ne se rappelait-il pas qu’elle était mage blanche ? Qu’elle pouvait s’occuper facilement d’une blessure comme la sienne ? C’était pour cette raison qu’elle lui avait dit qu’il était idiot. Il se réveilla et lui demanda comment elle allait, pour toute réponse, la jeune fille s’était occupée de son bras avant de se reculer. Et puis voilà que le chevalier lui demandait ce qu’elle avait fait pour en arriver là.

La jeune fille ferma les yeux et poussa un petit soupir.

-Si je te dis que c’est un malheureux accident, un fâcheux concours de circonstances qui m’a fait me retrouver sur cette table me croirais-tu ?

Harmonie avait toujours les paupières closes et n’ayant aucune réponse de la part d’Edalion, elle rouvrit les yeux et plongea son regard dans celui du chevalier qu’elle considérait comme son frère protecteur.

-Je peux pourtant t’assurer que je n’y sui pour rien cette fois. I cela devait être la faute de quelqu’un je dirais que c’est celle de Mentali, après tout c’est parce qu’il est sorti sous la pluie que je l’ai suivi jusqu’au jardin paradisiaque et qu’on a rencontré Sven qui était entrain de tout congeler. Et puis en voulant le stopper, je me suis fais piégée comme une débutante, il en a profité pour m’assommer et m’emmener à Malificium dans le but de faire une cérémonie pour sa déesse. J’espère tout de même que tu ne l’a qu’abruti et non tué…

Cette dernière phrase pouvait paraitre des plus singulières lorsque l’on sait ce qui s’était passé mais la jeune fille ne le voyait pas de cette façon.

-Après tout, il n’a fait que ce qui lui semblait juste. Les mages blancs et les mages noirs ne sont pas si différents au final, si les deux couleurs s’alliaient je suis sur que nous pourrions faire de grandes choses ensemble.

Et puis les mages noirs n’étaient pas aussi horribles que ce que l’on pouvait penser : prenez Calliopé Grey, c’est une enfant. Si les gens arrêtaient d’élever leurs enfants dans la haine de l’autre caste, les mages pourraient enfin trouver un terrain d’entente, Harmonie en était certaine.

Edalion et Harmonie avaient la même vision des différentes castes. Ce n’était pas la couleur de la robe ou de l’armure qui donnait l’alignement. Le chevalier écouta attentivement les causes de sa présence ici. Oui, c’était la faute à pas-de-chance. Mais Mentali avait eu le bon réflexe d’être venu le chercher. Une fois le silence revenu, Edalion s’avança vers elle et lui serra la main dans la sienne.

« Mages noir ou blanc, je ne permettrais à personne de te faire du mal. »

Un frère parlant à sa sœur. La suite, il parla une fois debout, comme pour bien réfléchir à ce qu’il allait dire. Il songea à Enma, à ce Sven, aux autres, ainsi que à la vision des choses qui était en commun avec la magicienne blanche.

« Je suis d’accord avec toi, l’habit ne fait pas le moine. Je l’ai toujours pensé et j’en ai eu la preuve en recevant l’aide et le soutien d’Enma damna en personne et il y a quelques temps et j’ai eu vent d’un chevalier renégat. Mais tu sais, je défends une justice qui convient à tout le monde sauf à des crétin comme le mage noir qu’on à rencontrer. Ma justice, celle que je défends, celle de Bénécius, n’autorise personne à sacrifier quelqu’un pour un rituel. Kidnapper quelqu’un, je ne trouve pas ça juste moi. Je n’ai pas l’intention de projeter mon idéal jusqu’à Maléficium, j’essaie juste que le peuple de la cité blanche reste un peuple libre et heureux, et malheur à celui qui ose déranger ma tentative. Et pour la santé de ce mage, je m’en fiche. Et je ne l’aurais pas soigné même si j’en avais le don. S’il à décider de faire du mal il doit être prêt à en recevoir également. Pour ce qui est de la mort, je ne tue pas par châtiment, mais par liberté. A chaque début de conflit, je laisse une chance à chaqu’un de mes adversaires de tourner les talons et de se racheter. Comme je l’ai fait avec lui. »

Il lui afficha un sourire. Il ne critiqua pas sa façon d’être, elle était libre de penser à ceux qu’elle voulait. Il avait juste exposé ce que lui penser de la manière d’être juste. Car pour lui, la liberté d’une personne s’arrêtait là où commence celle des autres, tout simplement. Il regarda autour de lui.

« Tu te sens apte à faire le voyage ? Où tu veux passer une nuit ici, je me chargerai du repas. Je suis capable de courir au moins jusqu’à Naturalia. Etre proche de la cité noir ne me ravi pas trop, je l’avoue. »

C’était selon la volonté d’Harmonie. Avait-elle froid, ou faim ? Avait-elle besoin de quelques chose de précis, Ils devaient songer à tout ça avant de choisir. La blessure du chevalier, maintenant soigné, ne l’empêcherai pas de courir très vite, même avec son amie dans les bras, qui faut dire, n’était pas très lourde.

Harmonie était assise et le regardait, elle n’était pas fatiguée mais lasse de tout ça, elle espérait nait de comprendre que jamais elle ne pourrait l’être en faisant le choix d’être celle qu’elle voulait être : c'est-à-dire une mage blanche. La jeune fille laissa Edalion exposer son point de vu sans rien dire mais elle se sentit resserrer sa main quand il déclara que Sven était un crétin. Non, ce n’était pas le cas pour elle, c’était un homme malheureux qui avait succombé aux ténèbres de l’âme humaine et qui s’y était plus.
Et Harmonie pouvait parfaitement le comprendre, elle aussi y avait songé, elle aussi avait failli tomber dans les ténèbres si elle n’avait pas attrapé les mains qu’on lui tendait. La jeune fille prit une grande inspiration pour se calmer et lorsque son compagnon lui demanda si elle pouvait voyager, la damoiselle se leva brusquement. Elle secoua sa robe et fit signe à Mentali de venir dans ses bras.

-Nous pouvons partir. Je voudrais retourner à la Tour le plus rapidement possible, j’ai encore beaucoup de choses à faire et puis je suis sortie précipitamment de ma chambre, en laissant tout en plan.

La jeune fille tourna la tête vers Malificium une dernière fois, le visage triste. Ses pensées s’embrouillaient, elle se demandait si ce qu’elle avait dit elle le pensait réellement ou non. Elle espérait ne pas le penser vraiment sinon elle allait avoir du mal pour la suite.