Première mission (Edalion)

Paladin, niv 2 Messages : 149 Date d'inscription : 07/02/2012

Le cœur de Katherine battait la chamade. Elle se sentait nerveuse jusqu’au bout des ongles. Comment ne pas l’être, après tout? Ses supérieurs immédiats avaient jugés bon de l’envoyer, avec quelques autres recrues, remplir sa toute première mission en tant que future chevalière. La nouvelle l’avait presque fait bondir de sa chaise tant elle avait été surprise d’avoir été sélectionnée, avec deux confrères, pour remplir la tâche qu’on allait leur assigner sous peu. Tout juste la nouvelle apprise, l’écuyère était retournée chez elle au pas de course afin d’annoncer cela à son paternel. Cependant, contrairement à ce qu’elle avait d’abord pensé, elle n’avait reçu de sourire de sa part ou de marque de félicitations. Seulement un petit grognement d’approbation, par la suite coupé par une moue contrariée. Elle ne se le cacherait pas. Katherine savait pertinemment que son père ne la croyait pas prête encore pour remplir ses fonctions comme un parfait chevalier le ferait. Peu de gens la croyaient assez forte pour cela, en fait.

Pour atténuer sa tristesse grandissante, Richard Ilias avait alors décidé d’occuper l’esprit de sa fille avec une surprise, comme il avait l’habitude de le faire depuis qu’elle était enfant. Il lui donna les pièces qu’il fallait et lui ordonna d’aller se choisir un cheval de son goût. D’abord folle de joie, Kathy s’était exécuter. Bien entendu, la plupart des chevaliers avaient accès à l’écurie du château, mais Katherine aurait alors le loisir d’avoir son cheval personnel, maintenant. Comme à ses préférences, l’adolescente avait opté pour une belle monture blanche et fière. Une fois qu’elle eut tout le loisir de faire connaissance avec sa nouvelle acquisition, son père lui fit ses au revoir, accompagné d’un ‘’bonne chance’’ plus que sérieux. Le ton qu’il utilisa inquiéta presque la belle en armure, mais elle n’en laissa rien paraître, retournant le plus rapidement possible au Château pour rencontrer ses coéquipiers et son affectation.

Katherine laissa son cheval à l’écurie du château avant d’aller jusqu’à la cour, la où tout leur serait dit. Malgré la belle température et ce beau cadeau qu’elle avait reçu, un filet de noirceur pointa le bout de son nez dans son esprit. Elle eut la mauvaise surprise de voir que l’un de ses camarades, si on pouvait dire ça comme ça, était William, l’écuyer le plus prometteur jusqu’à maintenant. Il était odieux et mesquin, prenant malin plaisir à se moquer de ceux qui ne faisait pas parti de son petit cercle d’amis, dont Katherine. Elle était tout simplement la plus apte à la moquerie de William puisqu’en plus d’être particulièrement fragile, elle était une femme. Le sexisme était monnaie courante pour les jeunes coqs en armure…

William, lorsqu’il l’aperçut, eut un sourire désagréable avant de détourner la tête pour regarder leur supérieur immédiat, un ex paladin passez au rang de fier Chevalier depuis peu.

- Bien, commença celui-ci en voyant qu’ils étaient tous là. Votre tâche ne sera pas bien compliqué, sachez-le tout de suite…

De la main, il désigna un petit homme à chapeau melon qui se trouvait derrière lui, plus en retrait.

- Messire Wilibert que voici nous donne le contrat de l’escorter jusqu’en Naturalia avec son chariot de marchandise. Nul besoin de vous dire qu’il transporte son gagne-pain et qu’il vous sera primordial de veiller à ce que personne n’y touche. Pas même vous. Pour cette mission, vous bénéficierai de l’aide d’un instructeur que nous avons spécialement sélectionné pour vous.

Un instructeur? Katherine fut soulagée de ne pas avoir à rester seule avec William. D’ailleurs, elle faillit ne pas remarquer son autre confrère, un petit jeune homme chétif et un peu simple d’esprit du nom de Thomas. Elle ne le connaissait pas très bien, celui-là. On pouvait dire qu’il s’effaçait sans cesse. Quoi qu’il en soit, ce n’était sans aucun doute pas lui qui allait la défendre contre les méchancetés quotidiennes de William.

Celui-ci, d’ailleurs, prit le soin de jouer au plus malin avec son supérieur.

- Excusez-moi… Mais je croyais que nous serions trois écuyers…
- Oui, William… Thomas, Katherine et toi.
- Kathy? Kathy la Pleureuse? Ce n’est pas une écuyère, c’est l’idiote du village! Ou plutôt du château!

L’insultée fronça les sourcils un instant avant de détourner la tête. De son côté, le chevalier soupira en roulant les yeux. Il n’en ferait pas plus pour défendre l’honneur de la jeune femme, ça non…

Le château de Bénécius, quartier général des soldats de la cité blanche. Gardes, chevaliers, miliciens, se côtoyaient et vivaient ensemble pour garder une harmonie de paix dans cette ville. Le pont levis était ouvert dès le matin, laissant les gens venir demander assistance. Certaines personnes venaient aussi en ce lieu pour apprendre à se défendre, même s’il n’était pas forcement militaire. En passant le pont et enfin l’entrée surplombé par les tour et les mur de garde, on arrivait dans une grande cour, toujours animée. Dans cette place de pavé, il y avait une forgeron, des dortoir, des lieu administratifs, une salle d’entrainement, des appartements pour les plus haut gradé. Autour de ce bâtiment de protection, se trouvait diverse champs et terrain que pouvait exploiter les habitants du château.

Depuis quelques temps, l’atmosphère avait changé. Alors que les Hommes accomplissaient leur devoir par obligations, il y a encore quelques temps, ils étaient devenu plus brave, plus motivé que jamais à rendre ce lieu digne des célèbres chevaliers. Les gardes de Bénécius n’étaient plus en retard pour récupérer leurs postes. Les entrainements étaient pris aux sérieux, et les missions n’étaient plus bâclées. Les nouveaux combattants de la justice étaient plus nombreux, être et devenir chevalier, n’était plus une punition. Le peuple recommençait à avoir confiance en eux car la corruption des chevaliers était désormais terminé. Un homme était responsable de tous ses changements. Non pas le seigneur Erek, chef ultime des chevaliers. Mais il avait nommé un guerrier au poste de conseiller, un homme dont son seul nom évoqué honneur et espoir. Le chevalier, instructeur Hélioz, dont les autres conseillers le jalousaient. Le chevalier était très différent du stéréotype du conseiller. Il ne passait pas son temps sur une chaise au chaud, critiquant les agissements des autres. Non, il était partout dans le château, la moindre décision d’Erek était discuter et réfléchit pour que tout entre dans l’ordre. On pouvait l’apercevoir en haut d’une tour, discutant avec la garde, pour un rapport, ou bien à la forge, pour enseigner l’art des armes aux nouveaux, sur le terrain d’entrainement, valorisant la prochaine génération. Et souvent, il quittait le château pour exécuter les missions, ce qui était la fonction même du chevalier. Venir en aide au peuple.

Ce jour-là, il descendait des escaliers entourés d’un soldat et d’un messager. Papier en mains, il lisait les directives d’une mission de protection. Un marchand, Mr. Wilibert demandait un accompagnement. Au début, Edalion voulait y aller seul, mais après réflexion et étant donné qu’il avait le droit de le proposer. Il demanda à ce que trois jeunes chevaliers l’accompagnent. Sortir les recrues des entrainements pour passer à la réalité était une bonne idée pour leurs expériences. Cependant, ce n’était pas lui, qui avait sélectionné les élus. D’ailleurs, il avait sous les yeux, les noms de ces trois chevaliers ainsi ce qui fallait retenir d’eux. Il arriva dans la cour, et les voyaient au loin, d’ailleurs, il entendit la dernière phrase de ce William.

« Epargnez vos alliés de votre insolence Chevalier William, et préservez-vous de vos ennemis, sinon je ne donne pas cher de votre peau avec un tel discours. »

Edalion se posa devant les trois, donnant congé au messager et au soldat qui l’accompagnaient. Il les dévisagea un par un. Non pas pour juger, ni pour critiquer, mais pour apprendre à les connaître. Bien qu’il avait un œil caché, Edalion était un fin observateur, bien plus qu’un combattant. Il commença par ce William. Un chevalier fier et orgueilleux. Son arme était l’épée à deux mains, il misait donc tout sur sa force. Edalion priait pour que l’arrogance ne l’aveugle pas dans les combats. Puis vint au tour d’une jeune demoiselle. D’après sa fiche, il s’agissait d’une des filles Ilias. Edalion connaissait son père, Richard. Il lui avait était très utile pour des renseignements. Cette fille a eu des frères malheureusement pu de ce monde. Connaissant le père, il savait que Katherine était la contre le volonté de son père. Ce qui voulait dire qu’un soutien moral pour elle était nécessaire. Le combat lui fera le plus grand bien, bien plus encore si ses alliés la soutiennent. Il y veillerait. Il vit aussi qu’elle était fortement préparer et armé. Savait elle tous les utilisé ? Ou n’avait-elle pas encore choisit son arme ? Le dernier était un fils de fermier. Thomas. Edalion l’avait déjà vu à l’œuvre à l’entrainement, il avait encore beaucoup de travail à faire et il se demandait presque pourquoi, on l’avait choisi pour cette mission, peut-être pour lui montrer que c’était trop dur pour lui et qu’il y renonce. Edalion fera de lui un des meilleurs chevalier. Il avait remarqué qu’il ne portait qu’une épée à une main comme lui, ce thomas misait donc beaucoup sur sa technique…ou la chance.

« Bonjours chevaliers ! Je suis Edalion Hélioz, je vous accompagnerai dans cette quête et veillerai à votre formation. Je veux de votre part, une observation et un sérieux dans vos entreprises. Chevalier ilias ! Vous avez un cheval et un bouclier, vous ouvrirez la marche. Chevalier Thomas ! Vous monterez avec le marchand, ne le quittez sous aucun prétexte. Chevalier William vous serez en soutien tout autour du chariot. Quant à moi je fermerais la marche. Des questions ? »

Si aucunes questions n’est posé, alors ils se mettraient en marche. Le marchand salua Edalion, et était soulagé de le voir avec lui, car ce n’était pas du tout la première fois que le chevalier protéger ce convoi.

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Il fallait dire qu’avec William dans les parages, la première mission de Katherine commençait assez mal et risquait d’ailleurs de continuer sur la même trame de sentiments partagés. Colère, tristesse et anxiété. La jeune écuyère était partagée entre rendre une insulte à son collègue en armure, fondre en larmes ou alors tout simplement continuer à l’ignorer dans ses boutades plutôt blessantes. La deuxième option étant sans doute la plus probable lorsqu’elle sentait de l’eau remplir ses yeux peu à peu. Ses petits se serrèrent, ainsi que ses paupières afin de contenir le flot d’émotion qui menaçait de la faire tourner au ridicule, une fois de plus.

Une forte voix la tira cependant de ce risque trop présent. Trois têtes se tournèrent à l’unisson afin de voir le nouveau venu dans la cours. À la vision de cet homme, le cœur de Katherine Ilias faillit bondir hors de sa poitrine. Ce chevalier… Elle savait exactement de qui il s’agissait! Un sourire nerveux s’inscrit sur son visage de poupée alors qu’elle se remémorait son identité. Il était Edalion Hélioz, le Porteur d’Espoir, fièrement connu au sein de la communauté des Chevaliers. Il était un model pour tous les écuyers dans son genre et Katherine se sentait folle de joie à l’idée que c’était lui qui allait leur servir d’instructeur. Elle n’aurait pu demander mieux!

Oui, elle aurait pu… Elle eut le plaisir d’entendre Edalion remettre ce sale paon de William à sa place, là où devrait rester en tout temps! Elle cacha d’ailleurs le peu d’hilarité qu’elle ressentit derrière sa main et tâcha d’écouter attentivement ce que leur supérieur avait à leur dire.

Son corps se raidit et se redressa lorsqu’Edalion prononça son nom de famille afin de lui donner son rôle à jouer dans cette histoire. Son semblant de fierté fut promptement remplacé par une vague d’angoisse. Elle? À l’avant? Vraiment? Au contraire, elle aurait davantage perçu William avec ce rôle. Disons qu’il était plus crédible qu’elle, même sur une monture. Malgré tout, elle n’osa pas proposer cette idée au Porteur d’Espoir.

- Oui, messire, se contenta-elle de dire, tout bas.

De son côté, lui, William ne manqua pas de s’offusquer.

- QUOI!? Pourquoi ELLE!? J’en vaux mille fois le coup! Cette sotte ne saurait repéré un ennemi même s’il lui trouait le ventre d’une dague!

Et c’était elle, qu’on appelait la pleurnicharde? Katherine garda le silence mais baissa quelque peu la tête alors que William continuait de grommeler son mécontentement.

Chaqu’un savait ce qu’il avait à faire, mais pas tout le monde semblait satisfait de son rôle. Ce William notamment. Malgré qu’Edalion restait impassible, dans une posture droite et juste, dans sa tête, si ça tenait qu’a lui, il aurait déjà collé le jeune chevalier contre le mur en lui mettant les point sur les I. Mais, il devait faire preuve de retenu en tant que chevalier, et montrer l’exemple. D’abord, l’instructeur avait parfaitement ignoré les propos injurieux du jeune chevalier, préférant régler quelques détails avec le marchand, à savoir combien d’arrêt ils feraient, ainsi que le meilleur chemin à suivre. Tout était enfin prêt. C’est en montant sur un cheval préparé pour lui, qu’Edalion se retourna vers William.

« Ici, tu es encore libre de ne pas venir. Mais si tu viens, tu devras obéir à mon commandement, sinon je t’interdis l’accès au château. Katherine passe en tête, car elle est équipé pour se défendre, toi appart une bonne épée tu n’a rien. Et surtout, elle à quelques choses que même moi n’a pas, elle est une femme comme tu sembles si bien le crier. Elle fera beaucoup plus attention à son environnement que n’importe quel autre chevalier. Et comme tu sembles être si fort que ça, je te rends responsable d’elle. Protège-la, si jamais tu vois qu’elle va mal. Aller ! En avant ! »

C’est ainsi que le voyage commença par un temps bleu et agréable. Durant le parcours, Edalion ne put s’empêcher de remémorer ses premières missions sur ce chemin qu’il connaissait si bien. Il connaissait les endroit idéal pour faire une halte, les zones à risque, depuis qu’il était entré dans la chevalerie, ce fut le premier endroit, ou route, qu’il rendit plus sûr pour tout le monde. Mais il revint rapidement au moment présent, prêtant un peu plus attention à ses subordonnées. William, bien qu’arrogant, était nécessaire et utile, même pour les autres. Certains jeunes chevaliers essayaient de le surpasser pour mieux valoir que lui. Thomas semblait calme, peut-être un peu trop. Un véritable automate. Son manque de vie, risquerait de lui jouer des tours si ’il ne changeait pas un peu. En ce qui concernait la jeune guerrière, elle semblait bien émotive, arrivant à passer des larmes aux rires en un instant. L’expérience la durcira grandement. Remporter une victoire, voir un camarade tomber, subir une défaite, se faire insulter par les autres, tant de choses qui forge l’esprit d’un combattant. S’i elle avait la volonté de continuer elle réussira, car après tout, les meilleurs techniques et conseils viennent des survivants…

Le chevalier en chef, savait que sa présence pourrait faire fuir les attaquants, car sa réputation et son nom ne s’étaient pas arrêtés aux frontières de la cité blanche. Mais il fallait être prudent, car certains n’avaient pas froid aux yeux. D’ailleurs, après un tournant, un tronc d’arbre était couché sur le chemin obligeant la caravane de s’arrêter. Edalion avait déjà repéré les responsables, mais il devait laisser les jeunes observer correctement et anticiper. Il y en avait deux caché derrière un arbre de chaque côté du chemin, un perché dans un arbre un peu en arrière, et il en déduisait que un ou deux devaient se cacher au sol. Ce qu’ils voulaient s’été encerclé la caravane. Voyons voir si William, Thomas et Katherine arrivèrent à la même conclusion.

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Les propos de son frère d’armes, si on pouvait l’appeler comme ça, blessa profondément la jeune femme, dont le coin des lèvres se retourna vers le bas. Bien sûr, au plus profond d’elle-même, Katherine savait qu’il exagérait dans l’intention volontaire de lui faire perdre encore plus confiance en elle. Le problème, en fait, c’était que ses tentatives de lui faire de la peine fonctionnaient à merveille. Malgré ce fait, comme à son habitude, la jeune écuyère garda le silence et se contenta de croiser ses bras derrière son dos en baissant ses beaux yeux sur le sol, les lèvres pincées, s’imaginant être invisible pour qu’on la laisse enfin tranquille. Elle ne désirait pas être le maillon faible du groupe, mais personne ici, hormis le Chevalier Hélioz, ne semblait éprouver le moindre soupçon de confiance envers elle.

Elle releva les yeux quand son supérieur prit sa défense envers William. Cet homme-là semblait gentil. C’était ce qu’elle espérait d’un instructeur, en fait. Quelqu’un pour la défendre. Son père lui avait pourtant tiré les oreilles en lui criant qu’un supérieur n’était pas là pour lui servir de nounou et qu’elle allait devoir apprendre à se défendre elle-même contre armes et mots. Cependant, Katherine préférait de lui se cacher derrière le dos des plus forts pour ce qui était des mots… Elle ne pouvait pas se défendre, surtout devant William. Elle ne désirait pas causer de conflits internes au Château.

Enfin, le sujet fut clos, et William resta là, en plan, la bouche pincée de colère alors qu’Edalion se détournait de lui, vainqueur de cette joute verbale. Il fallait se mettre en route, et Katherine ne perdit pas une seconde pour aller quérir son cheval. Sa monture était calme et paisible, c’était exactement ce qu’il lui fallait pour faire bonne impression devant son instructeur. Elle caressa la tête de l’animal avant d’y monter, et, enfin, ils purent se mettre en route afin de débuter leur première mission. Ce n’était pas un entraînement, pensa Katherine. C’était la vraie vie. Elle ne pouvait alors pas nier qu’elle avait la peur au ventre, même si tout allait bien pour le moment. Elle ne pouvait s’empêcher mille et unes possibilité de mort atroce, de blessures handicapantes, de…

Elle interrompit ses pensées lorsqu’ils rencontrèrent, plus loin sur leur route, on tronc d’arbre qui bloquait le chemin. Kathy pencha la tête sur le côté avant de descendre de monture.

- Mais qu’est-ce que tu fous! Lui cria William en lui emboîtant le pas. Remonte sur ton poney! On va le contourner, c’est tout!

Sur son attelage, Wilibert secoua tristement la tête, comme si William était un abrutit. En effet, avec les arbres et les deux petits fossés sur chaque côté de la route, son cargaison ne passerait pas.

Katherine fit ce qu’elle faisait d’ordinaire. Elle ignora totalement ses mots et s’approcha du tronc d’arbre, cherchant visiblement une façon de l’écarter du chemin. Cependant, un détail attira son attention. Elle se pencha contre l’une des extrémités du tronc.

Son sang ne fit qu’un tour.

- Williaaam…. Chuchota-t-elle d’une voix chevrotante.

Ses mains se mirent à trembler, sa lèvre inférieure aussi.

- Quoi! S’emportant le garçon en la rejoignant. C’est qu’un tronc, merde!!! On va l’écarter, c’est tout! Arrête de faire ta pleureuse!

- Mais… Il… (Sa voix se fit plus basse encore.) Il... Il a été coupé à la hache…

William se pencha pour voir ce qu’elle voyait.

- À la hache!? s’exclama-t-il.

Plus ou moins découverts, c’est à ce moment là que les intrus décidèrent de frapper. Une flèche fut décochée et se planta dans le tronc, près du visage de Katherine. Celle-ci poussa un cri digne d’une soprano alors que William faisait un bon en arrière. Kathy tomba sur les fesses et recula au sol, les yeux écarquillés. Des bruits dans les buissons lui confirmèrent que tout allait mal, ainsi se retourna-t-elle, afin d’être à quatre patte, et marcha comme un petit chien jusqu’au chariot afin de se cacher derrière, les genoux contre le torse, les bras autour des jambes, la tête entrée entre les épaules et les yeux fermés très fort.

Elle entendit un fracas d’épée et elle ne sut si c’était William, Thomas, Wilibert ou Edalion qui engageait un combat. Ça n’avait pas d’importance… Elle allait rester ici et se bercer jusque ce soit terminé… Jusqu’à ce qu’elle soit chez elle, dans sa chambre, avec ses sœurs…

Ou jusqu’on lui tranche la gorge…

- Non non non non non non non… ne cessait-elle de murmurer en secouant la tête de gauche à droite.

Edalion savait qu’il y avait encore des défauts dans le travail de chaque chevalier, mais il était loin d’imaginer que c’était à ce point. L’instructeur devait agir assez vite afin qu’aucun ne soit blesser ou pire, tuer. La situation dégénéra rapidement au grand n’importe quoi. Les ravisseurs avaient réussi à intégrer une grande confusion parmi le groupe ciblé. Thomas, qui devait protéger le marchand coute que coute, remplissait sa directive, mais il s’exposait beaucoup trop. William se donnait à cœur joie avec son épée, mais un aveugle obtiendrait le même résultat. Il avait beaucoup trop confiance en sa force au point d’oublier le reste. S’il ne faisait pas attention, il va venir épuiser pour rien et serra tuer comme un simple passant. Quant à la fille du groupe, c’était le chevalier qui se protégea le mieux, en oubliant ses objectifs. Le marchand craignait le pire et n’était plus du tout rassuré en voyant l’ensemble du résultat.

Une fois tout observait, un ennemi dans son arbre, un qui attaquait le convoi, deux autres contre William un, se dirigeant vers Katherine et le dernier osa s’imposer devant Edalion. Celui-ci posa pieds à terre. L’assaillant chargea l’instructeur, mais se fit directement repousser par un coup de pied poussant. Il tomba un peu plus loin contre le chariot. Droit, le visage neutre le regard perçant, le conseiller des chevaliers imposa son ultimatum.

« Hors-la-loi ! Laissez vos armes et recevaient les conséquences de vos actes. Mort ou vif, vous venez avec moi ! »

Tous s’était retourné vers le chevalier, William tomba au sol épuisé, Thomas et lui se retrouvèrent à la merci des briguant menaçant Edalion de les tuer. Katherine n’avait pas bougé et semblait hors d’atteinte, pour le moment. Sur les cinq criminels, trois avança vers Edalion tandis que les autres gardaient les jeunes chevaliers et le marchand. L’instructeur avança vers le chariot et prit une longue corde qui trainait parmi les articles de la caravane. La première attaque fut une attaque frontale grotesque. Edalion fit un pas sur le côté, enroula le poignet de l’attaquant, lui donna un coup de genou dans le ventre pour le plier afin d’entourer son cou et balaya ses jambes pour le mettre à terre. Le second n’attendait pas, visant le chevalier avec plusieurs attaques latérales. Edalion entra en accompagnant la main qui revenait et l’amena derrière et ligota les deux mains ensemble et le mit au sol avec un coup dans les genoux. Le troisième n’eut pas le temps d’attaquer qu’il se fit fouetter au visage, laissant le temps au chevalier d’entourer ses mains et de les ligoter dans un même nœud avec la tête. Les deux autres restant, paniqué décida d’exécuter les otages, mais ils se prirent chaqu’un un caillou du sol entre les yeux. Edalion créa un lasso avec le reste de la corde et emmena à lui, un après l’autre les deux restants et les attacha ensemble au sol comme les autres. Une fois tout terminé, il y avait derrière lui, les cinq assaillants ligotés un derrière l’autre sur la même corde.

« Chevaliers ! »

C’était d’une voix forte qu’il appela ses apprenties à venir devant lui. Après un tel résultat de leur part, il devait leur expliquer quelques choses. Il venait même à se demander qui était leur instructeur avant lui. Thomas fut le premier devant lui sans dire un mot, William se releva respirant fortement pour récupérer un souffle normal, et Edalion du aller lui-même chercher celle qui était planqué.

« Ilias ! Tu peux sortir. »

Une fois les trois devant lui, il le regarda un après l’autre durant de longue secondes.

« J’avoue que pour une première impression je suis assez déçu de votre prestation…mais je ne vous en veux pas. Vous devez apprendre à regarder ! Observez l’environnement, ne vous exposez pas sans réfléchir, ne frappez pas comme un sourd, et maîtrisez votre peur. Dans ce cas, Thomas, tu aurais dû prendre ton arc et contre-attaquer au lieu de te mettre devant le marchand. S’ils t’auraient tué, le client aurait été exposé et ta mission aurait échoué. William ! Tu as une force et un courage admirable, mais ton arrogance aurait pu te couter la vie. Je ne pense pas que te faire tuer comme un lapin est ce que tu souhaites. Katherine ! Il ne peut y avoir de courage sans peur, ai du cran ! Tu aurais dû assister William afin de lui limiter la fréquence des attaques. On reprend la route. Et cette fois, observez ! Et maitrisez-vous ! »

Le temps que tout le monde se mit en place, Edalion poussa le tronc d’arbre sur le côté de la route comme s’il s’agissait d’une simple porte coulissante. Il prit soin aussi d’attacher le bout de la corde ou les bandits étaient fixés, derrière le chariot les obligeant à marcher ou à se faire trainer. Edalion avait bien l’intention de les mener devant la justice.

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Paralysée par la peur, Katherine n’était jamais sortie de sa cachette. Alors que les autres se battaient pour leur vie, elle, elle faisait la mauviette, encore une fois, incapable de lever le petit doigt pour porter une assistance aux autres… Les bruits de fracas s’étaient poursuivit pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’un certain calme ne revienne… Cependant, Katherine entendait des grognements mécontents, ainsi que des insultes, sans doute venant des brigands. Ils étaient toujours en vie? Avaient-ils donc gagné si facilement? Tremblante, Katherine garda ses yeux bien fermés, jusqu’à ce que la voix puissante de son instructeur lui ordonne de quitter son coin. Là, elle ouvrit grand les yeux, papillonna des paupières, et jeta un coup d’œil nerveux de l’autre côté du chariot. Les malfrats étaient hors d’état de nuire… Mais Edalion ne semblait pas bien content… À vrai dire, il avait l’air de tout, sauf de bonne humeur…

- Ooh… gémit Katherine en se redressant sur ses jambes frêles.

Elle s’approcha à petits pas du groupe en se tenant les mains, la tête bien basse. Elle fixait le sol en se mordillant la lèvre inférieure. Elle venait de faire preuve d’une couardise des plus humiliantes, et elle en entendrait parler durant des lustres quand William irait dire ça à tous les résidents du château. Les blagues cruelle sur son gendre ne feraient que rage de nouveau, et elle allait devoir se préparer aux corvées ménagères qu’on allait lui assigner jusqu’à la fin de ses jours…

Le visage crispé, près du sanglot, la jeune fille écouta le monologue de son supérieur. Pour le moment, il ne parlait pas d’elle, c’était ‘’bon’’ signe. Il avait toujours des réprimandes à faire sur William, voir même sur Thomas. Mais, quand elle entendit son nom et ce qu’on avait à lui reprocher, ses épaules se mirent à trembler. Ne pas pleurer. Ne pas pleurer…

- Je suis…désoléééée… arriva-t-elle à dire d’une voix à peine plus forte qu’un murmure.

Elle n’avait pas la force d’en dire plus sans se mettre à pleurer comme une enfant, ainsi garda-t-elle le silence sans se justifier davantage. D’ailleurs, elle savait bien que les excuses pitoyables et les raisons loufoques qu’elle aurait pu lui offrir ne l’intéresseraient pas. Elle ne ferait que se ramasser des claques derrières la tête.

À pas rapide, elle passa près du groupe, ignorant du mieux qu’elle le pouvait le regard meurtrier que lui lança William, ainsi que le regard désapprobateur de Wilibert. Les mains tremblantes, elle arriva avec peine à se remettre en selle alors qu’Edalion les débarrassait du tronc qui leur bloquait la route depuis tout à l’heure. Puis, enfin, ils se remirent en chemin.

Les minutes passèrent, et Katherine ne pouvait se débarrasser de ce sentiment de honte doubler d’humiliation qui la couvrait de part en part depuis l’attaque. Ses épaules tressaillaient sous ses pleurs, mais elle ne s’autorisa aucun son afin de ne pas trop attirer l’attention. Elle pinça les lèvres afin de ne pas gémir de tristesse contenue. Elle n’était pas digne d’être un Chevalier. Elle n’était bonne à rien, en fin de compte.

Le convoi a pu se remettre en route. Il n’y avait pas trop de dégâts, et le marchand semblait serein, peut-être moins qu'au démarrage. Edalion devait garder les prisonnier dans son champ de vision, même si leur présence ne l’arrangeait pas, il ne pouvait pas les laisser comme ça et encore moins les tuer. Par chance, au bout de quelques minutes, la caravane croisa une patrouille de soldat de Bénécius. Après quelques salut respectueux et une échange de nouvelles, Edalion confia les criminel capturaient à la garde afin qu’ils soient mis au plus vite à l’ombre, loin des routes.

La suite du chemin s’annonçait assez calme, peut-être un peu trop calme, les jeunes chevaliers étaient silencieux, le marchand s’occupait de ses affaires et l’instructeur pensait à l ‘improbable, observant chaque buissons, chaque recoin. Normalement, en une journée les trajets serait fait, mais avec un convoi, il fallait couper le trajet et établir un campement. Monsieur Wilibert était au courant et savait exactement ou s’arrêter pour dormir. Un coin d’herbe, bordé par une rivière et entouré de buissons. Le conseiller allait pouvoir observer ses protégés lors des tours de gardes, et peut être allé les voir un après l’autre pour discuter. Car Le chevalier Hélioz n’était pas un qu’un justicier, il faisait preuve d’humanité et de compassion, mais en tant qu’instructeur il devait être objectif. Il pensait en particulier à Katherine. Il savait, par l’intermédiaire de son père, quel genre de femme elle était, et sa prestation de tout à l’heure était envisageable, mais cela devait plus se reproduire, pour le bien de tous et surtout pour elle.

« Ecoutez-moi bien. Nous allons installer un camp, vous suivrez le client et l’aiderait à installer ce qui faut. Mais votre fonction reste la même, ayez une arme toujours avec vous, même pendant votre sommeil. Il y aura évidemment un tour de garde, et je serai le premier. Je désignerai le suivant au moment venu, alors soyez toujours attentif. Des questions ? »

Une fois tous les détails expliqués, le campement se dressa doucement, offrant à chaque personne la possibilité d’aider l’autre et de préparer son petit nid. D’après ce qu’Edalion avait pu observer, il dirait que le plus attentif était Thomas, la plus soigneuse, Katherine et le plus vigoureux, William. Ils étaient tous si différents, mais il comptait bien sur ces différences pour combler les manques des autres. Wilibert, lui, était encore plongé dans ses comptes. L’instructeur se positionna près de la rivière, un peu en retrait de groupe. Une vue de l’ensemble était primordial. Mais il avait appelé Thomas à le rejoindre. Depuis le camp, on pouvait entendre qu’ils discutaient, mais sans vraiment les comprendre. Le jeune chevalier baissait des fois la tête, de temps en temps il hocha la tête, et au final, un grand sourire apparut sur son visage avant de rejoindre le campement. Thomas s’approcha de Katherine et lui posa une main sur l’épaule.

« Il désire te voir, tu verras, il est beaucoup moins dur que ce que j’aurai cru. »

Il lui adressa un sourire et roula des yeux lorsque William soupira et alla se coucher.

Paladin, niv 2 Messages : 149 Date d'inscription : 07/02/2012

La route s’était poursuivie dans le moindre problème, jusqu’à maintenant. En fait, le parcours s’était surtout déroulé dans un silence des plus complets, depuis l’attaque commise quelques temps plus tôt. Les seuls sons humains qu’on avait pu entendre étaient les raclements de gorges nerveux de leur client et Edalion qui s’était arrêté quelques minutes auparavant afin de parler à une patrouille en service, histoire de leur livrer la marchandise composée de voleurs en défaite. En dehors de tout ça, seule la nature leur apportant le son de la vie en général. Mais tout ça, Katherine n’en avait rien à faire. Elle était bien trop chavirée encore, les yeux plantés sur la route mais non moins embués par de grosses larmes, qui roulaient ensuite sur ses joues de porcelaine pour s’écraser sur le pelage impeccable de sa jument.

Et cela continua longtemps, jusqu’à ce que le soleil décline quelque peu à l’horizon, donnant le signal à leur instructeur pour ordonner que l’on monte un campement. Bien entendu, William avait souhaité faire tout le trajet d’un coup, afin de montrer comme il était vaillant, serviable et tout ce tralala mensonger… Mais une pause, en réalité, ne ferait que le plus grand bien à notre écuyère. Aussitôt dit aussitôt fait, la jeune femme s’occupa de monter une partie du campement, alla chercher du petit bois pour le feu et se prépara même un petit dîner froid. William l’ignora superbement pendant tout ce temps mais n’hésita pas à démontrer sa supériorité en apportant plus de bois, de plus gros morceaux encore… Kathy l’ignora donc à son tour alors que le ciel se teintait de noirceur. Oh, la nuit… La nuit! Elle avait su peur des ténèbres. S’il n’y avait pas eu ce feu, elle aurait sans doute fuit sous sa couverture, tremblante. Les flammes, cependant, diffusaient une lumière rassurante alors qu’elle les contemplait. Elle resta assise ainsi, longuement, jusqu’à ce qu’une main se pose sur son épaule et la fasse hurler de terreur et de surprise.

D’instinc, Will avait dégainé son arme, Wilibert avait échappé son ardoise… Mais ils s’étaient tous rembruni en voyant que ce n’était que Katherine, qui s’énervait pour rien, encore… Le cœur battant comme un fou, Katherine leva les yeux sur Thomas et fronça les sourcils en voyant qu’il souriait. Malgré tout, elle ressentit une vague d’angoisse lorsqu’il lui apprit qu’Edalion souhaitait la voir, et ses propos ne suffirent pas à la rassurer davantage.

Lentement, la jeune chevalière se redressa sur ses jambes fines et se dirigea tant bien que mal vers la direction hasardeuse que lui avait indiquée son confrère. Regarder le feu si longtemps n’avait pas été une très bonne idée. Cela aveuglait trop les gens lorsqu’ils devaient se déplacer dans la noirceur par la suite. Évidement, elle avait oublié ce détail, cette petite tête en l’air. Finalement, elle détacha la silhouette impressionnante d’autorité d’Edalion, près de l’eau. Elle se rapprocha donc à petit pas, la bouche crispé d’appréhension et se planta près de lui, à quelques mètres de distances, se tordant les doigts de nervosité. Elle ne dit pas un mot, attendant de voir comment la discussion allait commencée.

Elle se sentait ridicule et vulnérable devant un tel personnage. Elle avait l’impression de ne pas être à sa place. Elle baissa alors les yeux et fixa l’herbe au sol, toujours silencieuse. Elle ne pouvait pas soutenir un regard plus de quelques secondes.

Le temps entre la présence des deux chevaliers était particulièrement long. Edalion regardait le ciel étoilé avec les mains dans le dos sans jamais perdre patience. Il était un courageux chevalier, mais avant tout un homme. Dans ce genre de situation, lorsqu’il était seul, même pour quelques instants, il se remettait en question. A savoir, si ses actes étaient justifiés et si ses paroles avaient réussi à percuter ses interlocuteurs. A croire que les réponses qu’il cherchait venaient du ciel, tellement il resta plaquait devant. Il songea un instant à Miranda, sa belle Miranda qui lui manquait tant, mais, il savait que son rôle au sein de la chevalerie était indispensable, ainsi, il se permettait d’aller la voir de temps en temps entre deux missions, ou quand il jugeait le temps favorable à une visite plutôt qu’a un tour de garde. Il soupira doucement, puis sourit normalement en écoutant les bruits venant du campement. Il aimait beaucoup faire partie d’un groupe, pas spécialement être le meneur, ça ce n’était qu’arbitraire pour lui, il pensait lorsque lui était à la place de ces jeunes combattants. Il était consciencieux et professionnel selon ses anciens mentors, mais ce qui rejaillissait souvent, peut-être un peu trop chez Edalion, c’était son humanité, et c’était peut-être ce petit détail qui faisait de lui un chevalier qu’on pouvait qualifier de « juste ».

« N’ai pas peur Katherine, je ne te veux aucun mal et je n’ai pas l’intention de te gronder, je veux juste discuter. »

Oui, il l’avait entendu arriver. Edalion ne relâchait que très rarement son attention à ce qui l’entourait. Le petit chevalier semblait perdue et triste, c’était dommage à voir. Ainsi elle était vulnérable aux paroles sans parler si quelqu’un surgit des buissons pour l’attaquer…mais cette fois, elle n’avait absolument rien à craindre. Elle était seule avec lui, loin du campement. Ils pouvaient parler ouvertement. Il se retourna puis le va une main pour l’inviter à se tenir à ses côtés, plutôt que derrière. Ce n’était pas conseiller de forcer quelqu’un à faire ce qui ne voulait pas, mais dans le cas présent, Edalion savait qu’elle ne le regretterait pas. Une fois à sa hauteur, il lui sourit chaleureusement avant de commencer.

« Je suis content que tu sois venu. C’est sincère ! Dis-moi, comment te sens-tu au château, ou dans la vie de tous les jours ? Et comment vas ton père ? S’inquiète-t-il toujours autant ? J’ai moi-même ma femme qui s’inquiète toujours pour moi et pourtant ça me ferait bizarre si elle ne le ferait pas, non ? »

Il parlait un peu de lui, et peu d’elle, de tout et de rien. C’était en communiquant ainsi entre eux qu’ils apprenaient à mieux se connaitre et surtout, à mieux se faire confiance. Tisser des liens, ne favorisait pas seulement le moral, mais aussi l’ardeur et la détermination aux combats. Et Edalion savait que c’était ce qui manquait cruellement à cette jeune femme, d’ailleurs, il n’avait pas souligner ce détail dans sa conversation, il était sûr qu’elle le savait déjà mieux que lui.

Paladin, niv 2 Messages : 149 Date d'inscription : 07/02/2012

Dans le noir de la nuit, Katherine avait une peur bleue, même sachant que le feu de camp n'était qu'à quelques dizaines de mètres plus loin et qu'elle se trouvait en compagnie du très connu Edalion Hélioz. Peut-être, qu'au fond d'elle, une partie de cette peur était en fait tournée justement vers le Porteur d'Espoir. Mais son esprit fragile était si affolé par toutes sortes d'informations et d'idées plus inquiétantes les unes que les autres qu'elle n'arrivait pas à raisonner correctement sur les dangers réels ou non. La jeune écuyère ne pouvait d'ailleurs pas s'empêcher de lancer des petits regards craintifs à gauches et à droites, dans les buissons et les arbres, au cas où quelque chose s'y cacherait dans l'attente probable de leur sauter dessus pour les massacrer. Katherine, depuis l'attaque des brigands sur la route, se montrait à présents beaucoup plus parano qu'autrefois, et l'une de ses raisons étaient principalement qu'elle se sachait incapable de se défendre. Elle avait peur de figer, comme tout à l'heure. C'était resté ancrée dans son souvenir. L'idée qu'Edalion lui tire les oreilles sur cet évènement lui donnait froid dans le dos.

Elle sursauta quelque peu quand son interlocuteur ouvrit la bouche afin de commencer le dialogue avec elle. Elle ne sut pas trop si elle devait se sentir soulagée par ses paroles anodines sur tout et rien ou alors tout simplement nerveuse face à ce qui pouvait probablement l'attendre par la suite dans ses propos. Néanmoins, elle obéit à son supérieur, se rapprochant de ses petits pas rapides jusqu'à sa hauteur. Elle dut d'ailleurs lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, tant elle était petite comparer à lui. Elle crispa ses deux mains ensemble et tâcha de contrôler l'expression de son visage afin de paraître le plus neutre possible, quoi que cela s'avéra plutôt difficile. Elle tenta par la même occasion de lire l'air sur le visage d'Edalion, mais l'obscurité rendit l'expérience plutôt ardue. Malgré cela, la lune éclaira assez bien la scène pour qu'elle puisse voir qu'il ne semblait pas en colère.

En l'écoutant, la jeune fille baissa de nouveau les yeux et lissa une longue mèche sombre de sa chevelure. Elle ne savait pas trop si elle pouvait se confier comme ça aussi facilement à son supérieur. Il pouvait très bien enregistrer tous ces mots et ensuite les reporter à plus haut dans la hiérarchie, ce qui la mettrait dans le pétrin. La dernière chose que Katherine désirait était de se faire renvoyer de l'Ordre des Chevaliers.

- Hum... Je me sens... Bien. Oui, je me sens chez moi.

Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle ne cessait de regarder sur la droite. Son père la connaissait si bien qu'il aurait facilement pu dure à Edalion, s'il avait été présent, que sa fille fixait toujours la droite quand elle mentait.

- Mon père va bien, je crois... (Elle marqua un temp de pause plus prononcé.) Je crois que le fait de ne plus être en fonction le frustre un peu. Il voudrait bien continuer à se battre mais... Il est trop vieux maintenant...

Elle regrettait presque de l'admettre, mais c'était pure vérité. Son père était devenu bien plus sombre le jour où ses supérieurs de l'époque lui annoncèrent en toute politesse qu'il pouvait prendre sa retraite de l'Ordre. Aujourd'hui, le vieil homme restait assis toute la journée, un air crispé sur le visage, visiblement jaloux de tout les jeunes hommes en armure qu'il voyait passerpar la fenêtre. Ses filles ne lui apportaient aucun réconfort, même quand elles faisaient de leur mieux pour l'occuper. Mais leur père était un homme d'action et ne supportait pas de rester enfermer toute la journée avec pour seule arme une canne.

Edalion piqua la curiosité de Katherin à ses derniers propos.

- Ah... Votre...femme?

Elle pencha la tête sur le côté, les joues très légèrement empourprée. Elle n'avait nulle idée que cet homme ait pu avoir une femme. Elle ne savait pas trop quoi en penser. D'un côté, c'était logique, vu sa popularité, mais d'un autre, n'était-il pas trop occupé pour entretenir une relation stable avec quelqu'un? Et puis, quel était cet autre petit sentiment qui lui perçait la poitrine? Katherine se mordit la lèvre d'appréhension en chassant cette pointe de jalousie de son esprit, puis repris la parole.

- Mon père s'inquiète d'une certaine manière, mon...seigneur...

Elle ne savait pas trop comment s'adresser à lui. Il était assez illustre et bien plus haut gradé qu'elle et elle ignorait si les formalités avaient beaucoup d'importance à ses yeux. Elle opta alors pour la politesse excessive.

- Je crois... qu'il préfèrerait que je... (Sa gorge se serra quelque peu.) Je crois qu'il aimerait mieux échanger ma vie contre celle d'un seul de mes frères...

C'était sorti tout seul... Sentiment et pensé refoulées depuis trop longtemps déjà. C'était cruellement dit, mais elle sentait que c'était la vérité. Katherine était sûre et certaine que si son père en avait l'occasion, il sacrifierait toutes ses filles les unes après les autres pour que le royaume des morts recrache ses biens-aimés chevaliers héritiers.

Les yeux de Katherine s'assombrirent alors qu'elle fixait de nouveau le sol, le coeur lourd.

Edalion écoutait attentivement la jeune femme sans oublier d’observer ses mimiques. Il ne cherchait pas à savoir si elle disait la vérité ou pas. Libre à elle de dévoiler ses craintes et ses joies. Il n’était pas là pour la sonder. Cependant, le chevalier Hélioz fut rapidement rattrapé par la réalité de sa présence. Entendre le mot : Seigneur. En le désignant le fit frissonner. Il se rendait compte, qu’aux yeux de cette jeune femme , il sera toujours un supérieur, un grand, quelqu’un de respectable et honorable. Elle ne verrait que l’armure du chevalier qu’il était, jamais un homme qui cherchait simplement à étendre ses relations amical. Et pour un futur chef, les mots devaient être choisit avec parcimonie. Heureusement, qu’il pouvait compter sur l’amitié des autres. Il masqua comme il pouvait un petit soupir vers le ciel, avant de continuer la conversation.

« C’est important de bien se sentir à son lieu d’activité. Et comme je suis ton…supérieur, tu pourras compter sur moi si jamais tu as un souci. Je suis avant tout la pour aider et former la prochaine génération de Chevalier. La préparation mentale est importante. »

Edalion désigna William des yeux lorsqu’il parlait de soucis. Et ces paroles était censé et non pas ciblé. Elle avait autant droit qu’un autre de venir le voir. Il refusait de devenir quelqu’un de dur, un chef impitoyable et froid. Mais en acceptant de ne pas être ce personnage, il s’exposait à des responsabilités plus difficiles à gérer. Mais il était prêt à soulever des montagnes si ça pouvait favoriser la justice qui émanait du château. Les citoyens devaient se sentir en sécurité, comme le père de Katherine. Edalion éprouvait un peu de peine à son égard, mais aussi un sentiment d’injustice. Cet homme était de la vieille école. Seul les hommes avaient eu le droit de revêtir l’armure. Avoir perdu ses fils était une insulte à ses principes, surtout si une de ses filles se prétendait prête à reprendre le flambeau. Ce père était tout simplement malheureux. Edalion eut alors une idée.

« Que dirais tu si, ton père retravaillait au château ? Bien sûr, rien de dangereux, je tiens en compte son âge. Mais, les recrues s’inspirent beaucoup des aînés, et en voir un toujours en activité serait une bonne idée. Enfin, je n’oblige rien, c’est juste une proposition. »

Puis, il se tourna pour se mettre face au chevalier, une main vint se poser sur l’épaule accompagnée d’un sourire et un regard sincère.

« Et pour ce qui est de toi par rapport à lui. On peut lui prouver que tu es capable de tenir la distance autant et peut être plus que tes frères. Je peux aussi t’y aider. Si tu acceptes. Et rassure toi, des bourdes, nous en faisons tous. Toi c’est la peur qui te clou dans un petit trou. Au moins tu ne t’expose pas. William, lui, j’ai eu vent que lors de sa première mission, il avait oublié son épée avant de charger la cible. Des erreurs tu en feras encore, et tant que tu apprends et que tu les corriges, je t’autorise à refaire des erreurs. »

Puis, il se remit à sa place à ses côtés, face à l’eau. Il songea alors à sa femme, Miranda. Katherine semblai autant bloqué dessus que la mesure de la hiérarchie d’Edalion. Mais le cas était différent pour le conseiller. Il avait accepté de devenir un seigneur en dépit des amitiés, mais jamais, il n’abandonnera sa bien-aimée. De plus, son amour n’était pas un secret, il pouvait prouver à tous les guerriers du château qu’il était possible d’avoir une vie privé à côté de ses engagements.

« Oui, je suis marié à une très belle femme. Elle s’appelle Miranda Tolmed, je ne sais pas si tu la déjà rencontré. Je dois dire que sans elle, je ne me tiendrais pas ici à diriger ce groupe. Je lui dois beaucoup et pas seulement mon amour. Et toi ? Qu’es ce qui te fais avancer, a quoi penses-tu quand tu te lèves le matin ? »