Carnet de Bianca, Roussette.

La rouquine repousse sa capuche en arrière et libère sa queue de cheval sous le tissu. Avec un soupir d’aise, elle s’assoit, au sol, sur une chaise, peut-être dans la rue….Qu’importe. Fouillant parmi sa sacoche, elle en tire un carnet en cuir, simple, n’étant ni usé par l’encre et le temps. Cela va faire longtemps qu’elle n’as pas écrit.

Après de longues années d’errance j’ai décidé de m’arrêter de nouveau dans une ville, j’ai quitté le groupe auquel j’étais rattachée. Non pas que je m’ennuyais mais il arrive un moment où les choses doivent changer, je l’ai fait par le passé et je continuerais à le faire. Hors donc, après avoir traversé plusieurs sentiers, des forêts et routes…Parfois des villages, me voici enfin arrivée dans une ville. Je compte m’y reposer un instant, peut être un mois, qui sait ? Ainsi que vaquer à mes occupations et vivre ma vie comme je l’ai toujours fais. Si ma mémoire est bonne, nous sommes à Naturalia: Cela expliquerait -il pourquoi j’ai croisé tant de mages rouges ?

Roussette soupire de nouveau, son sourire habituel disparait un court instant. Puis elle reprend :

Cette ville n’est pas sans me rappeler des souvenirs. Je crois que la maison de mes parents, de mon enfance était dans une ville comme celle-là. Je ne vais pas m’attarder là-dessus, le passé est derrière moi, le présent se joue de suite et le futur m’attend.
Je suis Roussette, je suis Bianca, et ceci n’est que le début !

En rapport de: ''Un grain de sable dans la soupe''

Bianca s’assoit à présent sur le sol en bois d’une maison. Le propriétaire est dans les pommes et elle l’avait solidement attaché. Elle sortit son carnet de son sac et prenant son temps, elle écrivit quelque lignes à la lueur de la bougie qui illuminait le salon où elle se trouvait.

‘‘Aujourd’hui fut une journée bien rempli je dirais. A peine arrivé j’ai dû prendre des repaires dans Naturalia, tout en luttant contre mes souvenirs déferlants ; belle époque peut être mon enfance. Je suis allé jusqu’à l’endroit, l’auberge appelée Le Chaudron ardent.

Là-bas, un Nomade se faisait trainer par un Aigrefin, dans le genre colosse de chez montagne. Ils allaient se mettre dessus, enfin surtout le colosse sur le pauvre Nomade, à cause d’une histoire de salade à la sauce aigre-fine. Je ne connais pas ce plat, mais je jure d’y goûter tiens ! Je suis intervenu finalement, mais je crois que l’Aigrefin n’est pas quelqu’un à prendre avec le sourire. Un mage a d’ailleurs fait les frais de sa remarque en emportant au sol quelques membres de la foule. Et le Nomade en question, en plus d’être…Assez, bon…beau garçon est un magicien ! Ou en tout cas qu’il utilise un drôle de magie pour se changer en loup.

L’aigrefin quant à lui à tenter de me décapiter, mais il m’a sous-estimé ! J’ai pu fuir ensuite et j’ai retrouvé le Nomade Canin, je ne connais pas son nom, peut être devrais je le lui demander ? En tout cas, nous dormons lui et moi chez un hôte pour le moment, nous verrons demain.’’

Roussette referme alors son carnet et le range, avec un sourire elle roule son manteau en boule et s’en sert de coussin. Que va lui réserver demain ?

Bianca s’éveille sur un canapé, tiens…Bizarre, elle s’était endormie sur le sol hier, elle est toujours dans le salon. Ah ! Peut-être que le Nomade l’avait déplacé ? …Ca semblait plus plausible, elle n’était pas somnambule. Elle s’assied sur le canapé et ressorti son carnet.

‘‘ Ce nomade à l’aspect si fin.
Cache, un fier esprit canin.
Animal robuste, enfant du désert.
A bien failli en baver hier.

L’Aigrefin, ce géant de muscles et de fer.
Aux armes aussi aiguisées que son caractère.
A bien failli lui faire passer un sale quart d’heure.
Qui aurait duré jusqu’à ce qu’il meurt.

Homme du désert.
Géant de Fer.
Dignes d’intérêt.
Tenez-vous prêt.’’


Roussette grimace un peu. Longtemps qu’elle n’avait pas fait de pseudo poème, et celui-là n’est sûrement ni le dernier, ni le plus réussi. Elle jura de faire un meilleur poème sur les deux personnes qui l’avaient si bien marqués. Elle soupire et se remet à écrire.

‘‘Nous sommes encore dans la maison pour le moment, notre hôte dort toujours et nous allons partir dès la première lueur. La destination est encore inconnue. Nous verrons bien.’’

Elle referme donc son carnet et se relève. Il est temps de bouger.

Roussette écrit ses lignes alors même qu’elle marche, les traits et les lettres ne sont pas toujours droits, pas du tout même, cette fois ci l’écriture est peu soignée, de toutes façons : personne n’est censé lire son journal…Dans la mesure du possible.

‘‘Mikaeüs et moi avons décidés, enfin plus ou moins, de faire route ensemble vers Malificium. Là-bas, il dit qu’il veut retrouver son cheval, comment une bête qui est normalement rattachée ainsi à son maitre peut-il fuir à ce point-là ? Peut-être rencontrerons-nous d’autres compagnons là-bas ? Qui sait. D’après lui, nous allons passer par la Cascade Enchantée et les Thermes d’abord. Vrai qu’un bon bain ne nous fera pas de mal…Et pourquoi est-il toujours devant ? Je sais que je perds de la vitesse à écrire mais je ne suis pas à ma première tentative pour le dépasser ! Jusqu’à là, j’n’avais pas fréquenter de Nomade, Mikaeüs à l’air plus habitué que moi au longues marches…Enfin, je le dépasserais, ça il peut en être sûr ! D’un autre côté, je suis curieuse de savoir comment il fait pour se transformer en loup, il faut que je songe à lui poser la question.’’

Roussette range son carnet, ils étaient arrivés.

Elle le rouvre plus tard, tandis qu’ils sont dans les Thermes, dans les vestiaires après avoir recroisé l’une de leurs ‘‘connaissances’’.

‘‘ A partir de maintenant, nous allons faire route avec l’Aigrefin d’hier, ca promet à mon avis. Il semble nous mésestimer un peu…Il verra de quoi nous sommes capables.’’

Roussette écrit quelques mots dans son carnet en marchant de nouveau, les lignes sont légèrement plus droites.

Nous sommes en route pour Malificium avec l’Aigrefin, il m’a dit qu’il ‘‘réfléchirait’’ à me donner son nom si nous survivons là-bas. Il doit croire que nous ne valons pas grand-chose. Tout est t’il que j’ai repérer déjà pas mal de points sur son armure, même s’il me semble amical….Plus ou moins, autant se méfier de l’eau qui dort….Ou de l’Aigrefin passif plutôt. Je ne sais pas ce que vaut Mikaeüs de son côté, il doit être assez fort ? Qui sait ? Nous verrons cela une fois arrivé.

La page suivante est tachée de gouttes de sang, comme si elles étaient tombées dessus.

Nous sommes enfin arrivés à Malificium, on a dû affronter des brigands en chemin. L’embuscade s’est retournée contre eux. Je soupçonnais déjà l’Aigrefin d’avoir une force quasi-surhumaine…A présent j’en suis convaincu, si jamais je tombe nez à nez face à lui et qu’il m’attrape je n’aurais pas beaucoup de solution :

- Prier pour qu’il m’épargne : Ce qui est impossible.
- Lui planter ma lame vers le visage : Un œil, la bouche, le front….Qui sait.
- Rédiger mon testament : Ce qui est aussi impossible, je doute qu’il m’en laisse le temps.
- Frapper dans l’un des points faibles de l’armure : J’en ai repéré pas mal…Il suffirait peut être d’un simple coup.

Tout ceci bien sûr s’il décide de m’attraper de front, et dans cette situation, je doute qu’il réussisse, j’ai déjà évité sa lame une fois. Je le referais.

Mikaeüs est rapide de son côté, je ne m’attendais pas à le voir digne d’une prouesse pareil. Bien sûr, sa vitesse ne vaut pas la mienne ! Mais cela lui donne un certain avantage. Ce n’est plus le chien qui s’était jeté dans mes jambes la dernière fois. Je ne saurais dire pourquoi, mais il m’attire plus que l’autre colosse…….Ah ! Suis-je bête ! Sa magie bien sûr !

Oui ! Parce que ce n’est qu’un compagnon de route ! Même si au Thermes on nous as pris pour un couple…Mais j’avoue que ce serait une alternative envisageable…Après tout, il est assez beau garçon…

Je m’égare…On se connait à peine, et puis bon ! Me connaissant, ça ne marcherait, peut-être, pas. Je suis néanmoins contente d’avoir trouvé si vite des compagnons sympathiques. Même pour l’autre colosse…

Ses lignes semblent écrites à la va-vite, la jeune fille semble les avoir tracés plus que très rapidement, certaines lettres et mots font brouillon, elle écrit rapidement un semblant de poème que racontait une des rôdeuses de ses anciens compagnons.

L’Aube, d’abord nuit
Devient peu à peu lumière
Doucement, elle luit.
De la journée, c’est la première.

Le commencement
Eternelle et pourtant
Elle ne dure qu’un instant
Avant de disparaitre lentement

La journée s’écoule paisiblement
Comme l’eau sous les ponts
Matin,midi, puis le soir venant
Le soleil enlace l’horizon

Le crépuscule vient enfin
Patiente,la nuit attends
Lumière et ombre s’embrassent longuement
Puis plus rien, de la journée,voici la fin…

…Mine de rien, certains poèmes peuvent se faire rapidement, je me souviens que cette fille là en faisait presque tout le temps, qui sait ? Peut-être pourrais-je en faire de même un jour ?

La suite n’est que certains mots griffonnés et rayés, donnant naissance à un semblant de poème malgré la tenue de l’écriture.

Dans la lumière et l’ombre.
De nuits comme de jour.
Mon heure, je l’attends toujours.
Mon destin est sombre.

Le silence, mon seul ami
Je l’écoute avec attention.
Quand soudainement, il s’enfuit.
Je dois passer à l’action.

Dans mes mains.
Deux lames brillent, promesses de mort.
Le lendemain
Croire que tu le verras, tu as tort.

Elle referme rapidement le journal, elle n’était que peu douée pour des poèmes romantiques. Mais bon un essai est un essai, elle recommencerait.
Le carnet revient dans sa sacoche.