"Vradash, aurais-tu vu Nagini? Rah, il n'en fait qu'à sa tête!"

Nagini n'était rien d'autre que mon gain pour avoir réussi mon niveau trois. Une vraie tête de mule qui se plaisait à me faire tourner en bourrique. C'était une longue chaîne forgée dans des matériaux d'origine inconnu qui déployaient une solidité à toute épreuve. Bien que canaille et friande des mauvais tours, un lien fusionnel nous unissaient, lui et moi. Je suis sure que s'il était en mesure de parler, il n'hésiterait pas à faire sèchement claquer sa langue (façon de parler) contre son palais pour me remettre à ma place. En pleine réflexion, je perdis l'équilibre suite à un accrochage et eus tôt fait de rencontrer le sol. Une douleur passagère vint me piquer les poignets sur lesquels j'avais vainement tenté de me rattraper. Cause perdue. "NAGINI!" Pas besoin d'être un devin pour deviner qui était l'investigateur de cette farce. D'ailleurs, j'aperçus quelque chose briller derrière le chaise, quelque chose qui ressemblait étrangement à cette vile fripouille. "Je te tiens petit filou!" Pas d'échappatoire pour ce petit coquin. Finalement, il devint plus sage, on dirait que mes nombreuses menaces eurent raison de lui.

"Vradash! Tu préfères laquelle, la noire ou la bleue?"

S'il y avait bien un domaine dans lequel je pataugeais, c'était bien le domaine vestimentaire. Certes, j'avais des goûts de luxe, et ma garde-robe n'était pas dérisoire, mais je pouvais passer toute une matinée à chercher ce que j'allais enfiler. Pathétique, je vous l'accorde. La boule de poil, qui me servait également de compagnon, vint caresser de son museau la robe noire. Excellent choix. Le noir était ma couleur de prédilection, du genre passe-partout et dénudée d'extravagances. Elle vint lécher le sol avec souplesse, remontant jusqu'à ma poitrine par un corset simple et élégant. Un coup d'oeil par la fenêtre m'incita à me couvrir d'une cape, noire elle aussi. De nature frileuse et fragile, j'avais le don d'attraper n'importe quelle maladie salace. Quand ce n'était pas un coup de froid, c'était une allergie, et vice versa. Le petit oiseau de mauvaise augure ne cessait de tourner autour de moi.

Foulant le sol de Maleficium, mon lieu de prédilection, j'arrivais aux abords des ruines de ce qui s'appelait autrefois "La Tour Sanglante". Je n'étais malheureusement pas née assez tôt pour avoir goûté aux massacres qu'elle avait subis, mais les vieux mages noirs que j'avais longtemps coutoyé, et qui avaient la langue bien pendue, ne rataient jamais une occasion pour me raconter les légendes d'antan. Ma curiosité juvénile ne s'était jamais envolée, et déjà je me hâtais d'un pas propice jusqu'à cette architecture condamnée. Vradash faisait un parfait contraste avec le décor sombre des lieux, ce lion imposant au pelage saupoudré de neige faisait presque tâche parmi cette pénombre ambiante. Une silhouette attira mon attention, attisant mon intérêt. Plus je m'approchais de l'individu, et plus je pus distinguer les formes harmonieuses et élancées appartenant au corps féminin. La femme qui me faisait face était d'une beauté ténébreuse, une beauté presque désirable. Mon intuition me poussait à la rejoindre, et c'est ce que je fis, assoiffée de curiosité.

"Bonsoir" osais-je, peu douée pour les relations sociales.