Guide moi vers ma destinée [PV Mordekaiser][Terminé]

Malificium, la contrée de tout les possibles. Au même titre que toute les contrées d'ailleurs mais celle-ci était plus spéciale. Pourquoi ? Tout simplement car le folklore maléfique regorgeait de légendes des plus étranges, bien plus étranges et occultes que toutes celles dont on pouvait entendre le récit sur les autres royaume du monde. Non, de Malificium se dégageait une aura de mystère sans nulle autre pareille...

Le Nomade avait justement fait son nomade, et avait voyagé depuis Bénécius jusqu'en terres maléfiques... Cherchait-il quelque bribes de son passé en ces terres ? Seul lui le savait. Mais en réalité, n'importe quel endroit où Cirdan décidait de se rendre était assujetti à un possible souvenir pour le jeune homme. C'est en cela qu'il devait voyager à travers le monde... Et celui lui avait bien desservi dans la globalité de son voyage.

Surtout grâce à Miranda qui lui avait montré une des voix à suivre pour retrouver sa mémoire perdues, la voix de la mémoire sensorielle. Il avait jusque là réussit à retrouver quelques éléments de plus mais ce n'était jamais suffisant pour savoir quelque chose ce concret sur son passé... Ainsi en Malificium, il pouvait peut-être trouvé d'autres éléments et puis, il y avait tellement de choses à voir de part le monde...Cela devait bien passer aussi par la visite de ces terres très peu recommandables... Peut-être même croiserait-il Calliopé, c'était ici qu'elle vivait après tout...

Mais lorsque je vous parlais de folklore, ce n'était pas par hasard. En effet, une légende intéressa au plus haut point le Nomade. D'après la rumeur, une chevalière aux éclats de pierre de lune trônait quelque part dans le Temple Oublié. Cet artefact, toujours d'après ce que Cirdan avait recueillit comme informations possédait une étrange capacité, celle de traverser les matières. C'est cela qui retint plus particulièrement l'attention du jeune homme. Avec une telle capacité, il se voyait déjà accomplir des prouesses. Il s'imaginait déjà pouvoir user de son pouvoir au combat et rien que cette perspective l'enchantait... Le seul soucis...

Où était le Temple Oublié et d'ailleurs, où se trouvait-il lui même à Malificium car oui, le Nomade était perdu... A tel point que lorsqu'il aperçu la première battisse qui ressemblait de loin à une taverne, il se dit que ce devait être le bon endroit pour trouver allié ou guide pour sa quête... Il se doutait bien qu'avec de tels pouvoirs, le chemin pour y parvenir ne serait pas une promenade de santé... Loin de là même...

Alors le jeune homme, enroulé dans sa cape marron et encapuchonné pour ne pas se faire trop voir avec ses couleurs habituelles légèrement étranges par rapport à la tenue vestimentaire local, entra dans la maison appelée « Au Piment de l'Outre-tombe ». Nom qui en soit donnait tout de suite le ton de l'endroit. Prenant place à une table, il regarda un peu plus en détail la brochette de personne qui se trouvaient déjà là... Voir si d’œil, il n'arrivait pas à repérer quelqu'un qui pouvait paraître à peu près digne de confiance...

En attendant, il se fit servir sa pitance, la fameuse spécialité au piment, qui au passage n'était pas aussi épicé que ce qu'il avait pu gouté comme plat traditionnellement Nomade durant sa vie dans le désert. Il prit également une grosse pinte de bière pour accompagner le tout. Il ne fallait pas croire que parce qu'il venait du désert, il n'avait pas le goût des bonnes choses comme le liquide ambré mousseux qui venait de lui être servit...

Dernière édition par Cirdan Dödsfall le Mar 4 Oct - 14:13, édité 1 fois

Certains soirs, il arrivait que Mordekaiser quitte le château abandonné pour s'isoler dans une taverne. Ses décentes missions avaient fait qu'il avait été congédié par les hautes instances de la Rose Noire, se doutant que s'il poursuivait les missions au rythme effréné qui était le sien, l'homme ne tarderait pas à mourir d'épuisement. Même si tous les Aigrefins le prenaient pour un fou, il n'en demeurait pas moins que ses supérieurs voyaient en lui un potentiel non négligeable qu'il serait inconvenant de gâcher par trop de zèle. Secrètement, Mordekaiser avait passé la journée à s'entraîner et à méditer dans ses quartiers. Ensuite, lorsque la nuit fut tombée et qu'il avait jugé nécessaire de prendre un petit remontant, il était parti en armure complète pour la première taverne qu'il trouverait à Malificium, couvert d'un long manteau noir. Bien sûr, il aurait très bien pu se désaltérer au château abandonné mais il craignait d'être au contact de ses congénères et de devoir supporter une fois de plus leurs insinuations et leurs moqueries. Cette situation n'était que temporaire, il le savait. Dès qu'il aurait pris deux ou trois galons, les autres Aigrefins se rependraient et mettraient un genoux en terre en le voyant. Toutefois, ce n'était toujours pas le cas et il préférait s'entourer de la plèbe de Malificium plutôt que des autres Aigrefins. S'il croisait un de ses confrères, il prétexterait être en mission de surveillance pour expliquer qu'il ait quitté le château.

La porte principale de l'établissement dont Mordekaiser n'avait même pas pris la peine de lire le nom s'ouvrait sans cesse, vomissant de nouveaux clients à chaque fois, qu'ils viennent par essaims ou seuls.
Autour du guerrier s'était formé une sorte de périmètre de sécurité. Le colosse n'avait pas l'air commode et son visage fermée ne donnait pas spécialement envie d'aller plaisanter avec lui. Une nouvelle fois seul, l'homme descendait sa choppe de bière géante avec nonchalance, perdu dans la brume de ses pensées. C'est alors qu'une jeune femme aux cheveux lisses et roux et au décolleté frisant l'outrage vint s'asseoir à sa table, juste à côté de lui.

Le guerrier lui accorda un bref regard. Il la trouvait tout à fait charmante mais son âge, que trop peu mûr et le halo à forte odeur d'alcool qui l'entourait laissaient penser qu'elle n'agissait pas selon sa propre volonté. En tortillant ses cheveux entre ses doigts et en lançais à Mordekaiser des regards aguicheurs, elle engagea la conversation, s'étonnant qu'un homme tel que lui boive seul. Elle lui posa un tas de question sur qui il était et sur ce qui semblait le tracasser. L'Aigrefin ne répondit que très brièvement et de manière évasive ce qui donnait à ses réponses un caractère lacunaire évident. Tout l'intérêt, selon lui, de se mettre à une table où personne n'était déjà installé était justement d'être seul.

La demoiselle se mit à rire de façon idiote, éméchée par l'alcool et se servit dans la choppe de l'Aigrefin sans même lui demander son avis, buvant ostensiblement sur la même partie du grand verre que lui. Après quelques secondes d'hésitation, le guerrier se pencha vers elle et murmura quelque chose au creux de son oreille. Elle le regarda ensuite de manière intense et un peu triste avant de l'embrasser sur la joue et de partir.

L'homme était un gentleman et il savait qu'il valait mieux passer pour quelqu'un qu'il n'était pas auprès d'une Dame plutôt que d'abuser de sa charmante présence ou de lui faire du tord. Après avoir poussé un profond soupire, l'Aigrefin acheva sa bière d'un seul trait.

Tout allait bon train dans la taverne. Les badauds mangeaient à leur faim et buvaient à leur soif. Les femmes aux allures plus qu'alléchantes essayait d'abuser de leur charme sur des guerriers aguerrit. Certain se laissaient même emmenés à l'étage pour de folles cavalcades et cela n'étonnait pas le Nomade, bien au contraire. Qui aurait pu résister aux avances de telles créatures... Et pourtant, un homme, à la carrure imposante venait de refouler une de ces enchanteresses.

De manière fort sympathique surement car elle ne s'était pas indignée ou quoi que ce soit, il lui avait suffit d'une tirade bien tournée pour la faire partir sans aucun griefs. Quand le demi-elfe observa la scène il ne pu s'empêcher de se demander ce que cet étrange personnage avait bien pu donner comme excuse afin de ne pas se faire embobiner comme un homme lambda... Il se dit aussi que, si l'homme avait assez de volonté pour résister de tels charmes et s'il avait une telle stature, ce serait peut-être lui le bon camarade d'aventure qu'il lui fallait pour son entreprise...

Empoignant sa choppe d'une main et sa pitance de l'autre. Il en reversa un peu au passage mais au prix que cela lui avait couté, il pouvait faire fit d'une telle perte. Les clients allaient et venaient dans toute la salle et rejoindre la table de l'Aigrefin était une épreuve assez périlleuse en vérité. Manquant de se faire bousculer plusieurs fois, le Nomade tint un regard noir à tout ceux qui osaient s'approcher de lui de trop près... Mais il n'était sans doute pas assez impressionnant pour se faire respecter. Qu'il en soit ainsi.

De toute manière, il fut quand même bien vite à la table convoitée qui était à l'autre bout de la salle tout de même par rapport à sa place première. Posant ses contenues sur le bois vermoulu de la table, il s'adressa à l'homme aux allures sombres sur un ton assez amicale. Espérant installer un semblant de fraternité dès le premier contact. S'ils devaient voyager ensemble enfin s'il acceptait déjà, il ne faudrait en aucun cas que l'un soit en désaccord avec l'autre ou même qu'une tension subsiste. Il était vêtue normalement de sa tunique bleu très pâle mais le tout, même son arme, était caché toujours par sa cape. Seul sa capuche était rabaissée pour laisser voir son visage.

« Tu permets que je m’assoies ? J'ai un truc à te proposer, tu m'écoutes, tu me dis ce que t'en pense. »

Il prit le siège qu'avait quitté la donzelle il y a de cela quelques minutes et s'assit en face de son interlocuteur. La table était ronde et assez petites pour ne pas avoir à parler trop fort, tout allait donc pour le mieux. Il entama alors les négociations en espérant être assez clair et convaincant... Il faut dire que dans le genre convaincre, le Nomade n'était pas très doué, il n'avait pas une science du langage très évoluée ou du moins pas dans le sens de la diplomatie et de la négociation... Même en étant Nomade, alors qu'ils étaient des marchands du désert, il n'avait pas hérité de cette verve là...

« J'ai entendu des gars parler d'une histoire que j'aimerais moi même vérifier. Le problème, c'est que je suis paumé à Malificium, j'y pige que dalle. Il y a seulement un objet qui m'intéresse et comme ça vient d'un rôdeur et que ce serait dans sa tombe, il paraît qu'il aurait gardé aussi son trésor avec lui. Moi ce que je te propose, c'est je te laisse le trésor, et je prend l'objet. Qu'est-ce que t'en penses ? »

Et oui, il était étonnant de voir Cirdan avoir de si longues tirades, mais il fallait bien qu'il puisse trouver un guide pour ses affaires, sans cela, il tournerait en rond pendant des jours sans trouver quoi que ce soit... Au vu de l'amabilité des gens du coin quand on leur demandait un renseignement... en même temps, allez trouver quelqu'un prompt à aider son prochain dans ces terres désolées où le mal règne... C'est aussi pour cela d'ailleurs que l'Aigrefin avait interpellé l'attention du Nomade, par son habileté à faire décamper la jeune femme, sans violence ni qu'elle lui retourne un soufflet...

Quelques instants après le départ de la jeune femme, un autre individu était venu à sa rencontre. Un homme cette fois-ci, vêtu de telle façon qu'on ne pouvait rien de deviner ni de sa classe sociale, ni de sa fonction. Mordekaiser parut surpris à son arrivée. Il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un d'autre vienne le tirer de ses pensées. D'ordinaire, on lui adressait à peine la parole. Deux rencontres dans une même soirée était donc inespéré pour lui, déjà qu'il ne brillait pas par sa tchatche.

Selon ses dires, le nouvel arrivant avait quelque chose à proposer à l'Aigrefin. Le guerrier sourit amusé quand il se fit la réflexion qu'il espérait que ce ne fut pas le même genre d'offre que l'adolescente lui avait implicitement faite quelques minutes plus tôt. D'un simple geste de la main, il avait fait signe à son interlocuteur qu'il pouvait prendre place. A Malificium, les recéleurs allaient bon train et les marchands de substances issues des alchimistes les plus tordus aussi. S'il était l'un d'eux, Mordekaiser ne serait même pas contraint de l'arrêter. Aucun ordre ne lui avait été adressé à ce sujet et les gardes étaient payés pour ça quoique eux-même fermaient parfois les yeux par fainéantise et surtout pour se faire bien voir des malfrats du coin, car oui, à Malificium, la seule loi est celle des mercenaires, des bandits et des Mages Noirs quoiqu'ils aient perdus un peu de leur influence à cause de les dommages importants causés à la Tour Sanglante lors de la dernière guerre, deux cent ans plus tôt. De toute façon, l'Aigrefin n'avait rien à perdre, si l'offre de son nouveau compagnon de boisson ne lui contenait pas, il la déclinerait simplement.

"J'écoute." Avait-il simplement dit en observant le plat de son voisin de table.

Une fois le court récit terminé, l'héritier maudit eut un sourire dissimulé en faisant machinalement tourner sa choppe sur son support de bois.
Ses supérieurs l'avaient congédiés de mission pendant un certain temps, ce qui signifiait qu'il n'avait plus le droit d'accomplir des quêtes au nom de la Rose Noire jusqu'à la fin de sa permission forcée. Néanmoins, aucune règle ne stipulait qu'il ne pouvait pas s'aventurer par monts et par vaux pour sa satisfaction personnelle. Mordekaiser avait beau avoir intégré la communauté des Aigrefins quelques semaines plus tôt, il n'en était pas moins pauvre et devait vivre chichement. L'hypothèse de récupérer un trésor lui plaisait évidemment, mais il restait méfiant.

"Ne t'en fais pas, je commence à connaître cet endroit. Si t'as au moins une idée générale de là où peut être sa sépulture on la trouvera. Tu savais que j'allais te demander ce que je gagnerai à t'aider. Cette proposition me convient mais qu'est-ce que c'est que cet objet pour que le trésor ne t'intéresse pas ? Comment je peux être sûr que tu n'essayeras pas de me doubler une fois là bas et qu'est-ce qui se passera s'il n'y a aucun autre trésor que l'objet que tu cherches ?" Demanda le guerrier en bon mercenaire.

Cirdan eut un léger sourire. Le mercenaire avait mordu à l'hameçon, enfin bien que ce ne soit en aucun cas un piège bien sure. Le Nomade était vraiment intéressé par la capacité spéciale de l'artefact. Et il ferait n'importe quoi pour le récupérer... Dans la limite du possible bien entendu. Aussi lorsque l'inconnu en face de lui en demanda plus sur l'objet de la "mission", Cirdan hésita...

Devait-il tout dire et risquer de se faire doubler? Ou devait-il faire profil bas et ne mentionner qu'une vérité seulement partielle et garder le reste pour lui... En plus, rien ne garantissait qu'au terme de cette quête, ils trouvent bien un trésor avec le butin tant convoité... Néanmoins, pour la question du trésor et de la récompense, l'Amnésique avait une idée. Il venait de repenser à sa première aventure avec Neelahn...

ll se mit à fouiller dans son sac et en ressortit un plus petit en velours noir. Ce dernier, par son ouvrage faisait contraste avec l'apparence du Nomade et de son sac mais peu lui importait. Posant le petit sac sur la table, légèrement entrouvert, on pouvait alors voir qu'à l'intérieur, une multitude de pierres précieuses y étaient cachées. Cirdan alors reprit avec une certaine assurance, sure de son coup.

"Et bien, s'il n'y a pas de trésor garanti, je m'engage à te donner ceci en récompense. C'est peut-être maigre en comparaison de ce que tu espères mais je n'ai que ça."

Il prit une profonde respiration, se calmant parce qu'il devenait nerveux. Il faut dire que la personne en face de lui était totalement et carrément imposante. Son allure baraquée lui donnait beaucoup plus de force de persuasion que le simple Nomade. Et bien que notre héro avait confiance en ses capacité, il ne voulait pas tenter le diable... Aussi, il continua par simplement dire la pseudo-vérité.

"L'objet que je cherche se trouve dans un tombeau au sein du Temple Oublié. Je ne sais pas où ça se trouve ni même si c'est dangereux. Mais bon, pour moi, le jeu en vaut la chandelle. Une bague avec une pierre de lune très rare. Si je la ramenais à mon clan, ils seraient sans doute très fier de moi."

Oui, il avait menti mais c'était pour la bonne cause. Et puis, ce n'était pas tout à fait faux, cet objet allait l'aider à rendre fier son clan en quelque sorte puisqu'il allait l'aider dans son entreprise de recouvrer la mémoire. Le visage du Nomade resta impassible depuis qu'il s'était calmé, il se voulait sérieux et déterminé.

"Les termes du contrat te conviennent-ils Mercenaire?"

Comment avait-il deviné que l'homme était une sorte de mercenaire? Tout simplement par le professionnalisme dont il faisait preuve en voulant connaître les tenants et les aboutissants comme tout mercenaire qui se respecte. Et puis même s'il n'était pas mercenaire, c'était égale, ce qui était dit était dit. Il laissa la bourse au milieu de la table le temps que l'inconnu se décide....

Dernière édition par Cirdan Dödsfall le Lun 26 Sep - 16:42, édité 1 fois

Le mercenaire écouta attentivement tout ce que son voisin de table avait à lui dire, scrutant avec curiosité les pierres précieuses qu'il lui avait montré. Il n'était pas impossible que ce soient des fausses, mais le jeu en valait sans doute la chandelle, comme l'avait lui-même dit le nouvel arrivant : même s'il s'agissait de fausses pierres, Mordekaiser trouverait toujours un moyen de les revendre au prix d'authentiques. Et s'il s'agissait bien de véritables pierres précieuses, comment diable se les étaient-ils procurées ? Comme impressionné, l'Aigrefin garda le silence un long moment, triturant son menton râpeux dans sa réflexion. Quelques instants plus tard, le guerrier eut un rictus un brin moqueur.

"J'ai peine à croire qu'il y ait encore des hommes qui accomplissent des prouesses pour que d'autres reconnaissent leur valeur. Mais si tu le dis, pourquoi pas." Déclara Mordekaiser avant de se replonger dans un conflit interne puis de reprendre :

"Le Temple Oublié... oui, je vois à peu près où c'est mais c'est presque un tas de ruines ! Plus personne ne s'aventure là-bas mis à part les fous et les Mages Noirs. Je suppose donc que c'est très dangereux mais tu n'es sans doute pas venu vers moi pour rien. Ça me va, si tu tiens ta parole tout devrait bien se dérouler, mais j'aimerais que tu m'en dises plus sur cette histoire de rôdeur, si tu en sais d'avantage."

L'Aigrefin ne connaissait évidemment rien des compétences de son interlocuteur. S'il était prêt à aller jusqu'aux confins du Temple Oublié pour récupérer une bague, il devait savoir se battre, mais jusqu'où allait son talent ? Mordekaiser serait à l'évidence une aide très appréciable notamment grâce à sa force hors du commun et à son endurance, néanmoins il n'y avait que peu de temps qu'il se battait en situation réelle et jusqu'à la mort. Il se doutait bien qu'aucune des créatures qu'ils rencontreraient ne leur ferait de fleure, mais la récompense qu'il pourrait en tirer lui permettrait de vivre au moins plusieurs mois sans craindre le besoin.

"Je suis Mordekaiser, comment est-ce que je peux t'appeler ?" Demanda le guerrier à son interlocuteur une fois qu'il lui eut répondu.

Ca y est, c'était fait. L'homme avait accepté plus ou moins son contrat. Il restait encore quelques zones d'ombre que l'aigrefin apparemment voulait éclaircir. Et ça, Cirdan ne pouvait pas lui en vouloir bien sure... C'était tout à fait normale, lui dans le même cas aurait exigé la même chose. Il lui conta alors la légende de ce rôdeur amoureux d'une mage rouge... Il omit cependant de dire le fameux pouvoir de la bague, prétextant juste une histoire de cadeau en gage de leur amour qui finalement était tombé dans l'oublie jusqu'à ce qu'il ne la retrouve quand celle-ci eut été plus vieille... Il ne la reconnu pas et l'abandonna gardant la bague jusqu'à sa mort en souvenir de l'être perdue...

Enfin, il y avait de quoi faire une histoire larmoyante pour des romans mais comme ce n'était pas cela qui intéressait le Nomade, il passa bien vite là dessus. C'est alors que l'inconnu lui demanda son nom. C'était toujours un moment fatidique dans une conversation les présentations... On ne pouvait jamais savoir si ce que disait l'homme en face de vous était bien vraie ou une simple entourloupe pour ne pas dévoiler sa vraie identité... Une sorte de paranoïa investissait le Nomade dans ces moments là...

Il répondit cependant le plus franchement du monde. Après tout, ils allaient passer un petit bout de temps ensemble, il fallait bien qu'il se connaisse davantage... Par contre, l'homme en face ne lui dévoila que son prénom et aucunes informations sur le groupe auquel il appartenait. Cela, le demi-elfe le nota. Il répondit alors avec toute l'aise du monde, se calant dans son siège, plus détendu qu'au début de leur conversation...

« Appel moi Cirdan, Mordekaiser. Tu permets que je fasse plus court ? Morde, ça te convient ? »

Il voulait instauré une sorte de code ou quelque chose comme ça, à moins que ce ne soit un moyen d'installer une certaine complicité. Il se voyait mal partir avec quelqu'un qui ne lui ferait pas confiance car la quête s'annonçait des plus difficile étant donné les informations que venaient de lui fournir Mordekaiser. Il attendit que l'homme lui manifeste son accord ou son mécontentement avant d'ajouter se penchant sur la table prenant sa chopine qu'il finit d'un trait.

« On sera donc aussi fou que des mages noirs. Si nous scellions cette aventure qui commence avec une bonne soirée. On partira demain, m'est avis qu'on se détende. T'en penses quoi ? C'est moi qui régale bien sur ! »

Il finit par un rire franc, digne d'un homme bourru. Il avait toujours ce rire franc quand il s'agissait de se faire plaisir. Aussi bien en combat qu'en soirée festoyant. Il leva le bras bien haut et s'adressa à voie haute au tavernier, comme s'il le connaissait alors qu'il ne le connaissait ni d’Adam ni d’Ève. Enfin, on dit que l'alcool ouvre n'importe qui du moment qu'il est consommé sans modération, le tenancier devait bien en avoir l'habitude des familiarité à la Nomade.

« Patron, à boire pour mon compagnon et moi s'il te plait ! »

Car le Nomade ne connaissait pas le vouvoiement et puis ici ce n'était pas le pays des bonnes manières de toute façon...

Mordekaiser écoutait toujours aussi attentivement les récits de l'homme aux cheveux blancs malgré l'heure avancée. La légende serait donc basée sur une histoire d'amour d'après lui. L'Aigrefin émit un petit rire sournois, il n'avait jamais été amoureux mais avait déjà éprouvé un profond sentiment de respect pour ses pairs. C'est en partie ce sentiment qui l'avait détruit mais dès qu'il fut mis en prison par ceux qu'il adulait, l'homme avait changé tout ce respect en une haine atrocement profonde. L'amour était selon lui le poids qui tirait les individus vers l'échec aussi vrai que les deux boulets qu'il avait portés en prison l'empêchaient de se déplacer aussi librement qu'il l'aurait voulu.

Machinalement et à travers son gant de métal, Mordekaiser toucha le fer qu'il portait toujours à son poignet. Son futur compagnon d'aventure venait tout juste de se présenter sous le nom de Cirdan.

"Morde, ça me va." Avait-il répondu simplement.

Conscient du danger que représentait un départ en mission en pleine nuit et dans un lieu probablement maudit des dieux et du temps, Cirdan avait supposé que les deux aventuriers passent la nuit dans la taverne. L'Aigrefin haussa les épaules pour montrer qu'il ne s'opposait pas à ce projet, puis Cirdan commanda joyeusement à boire. Le tavernier, aussi aimable que le plus féroce des chiens de garde, ne prit même pas la peine de répondre et toisa la table d'où provenait le bruit avec dédain. Quelques secondes plus tard à peine, deux choppes de la bière locale se retrouvèrent sur leurs tables, apportés par le tenancier lui-même. Mordekaiser avait à peine détourné le regard vers sa boisson que l'homme avait disparu.

C'est alors que le guerrier défit le lien de son manteau, découvrant son plastron de plates lourdes et noires gravé de l'insigne des Aigrefins, la fameuse Rose Noire. Mieux valait que le dénommé Cirdan sache tout de suite à qui il avait affaires. Après tout, ils ne connaissez toujours rien de l'autre et il fallait avouer que Mordekaiser ressentait toujours une certaine méfiance à l'égard de celui qui venait tout juste de l'engager. Etait-il un voleur pour parvenir à se procurer ces pierres précieuses ? Ou était-il un genre de fantaisiste toujours avide de nouveaux défis jusqu'à ce que ces derniers ne le perdent ?

"Tout à l'heure tu parlais de ton clan. Lequel est-il ? A quelle faction appartiens-tu ?" Demanda l'héritier maudit pour en savoir plus sur les valeurs de cet homme dont l'intention avait intérieurement ravi le cavalier.

Même si le tavernier n'était pas des plus sympathique, au moins, il tenait bien son rôle. A peine quelques minutes après avoir commandé de quoi se restaurer, les deux récipient pleins à ras bord de liquide alcoolisé arrivèrent en trombe sur la table. Mais à peine le temps, comme l'avait ressentit Mordekaiser de tourner la tête, que l'homme avait déjà décampé... A croire que c'était presque un fantôme ce type !

Son interlocuteur se dévoila sous ses yeux alors, retirant ce qui cachait son armure imposante. Ainsi, Cirdan comprit pourquoi l'homme avait l'air d'avoir une stature si volumineuse et qu'il imposait le respect parmi les autres clients qui n'osaient l'approcher de trop près... C'était un chevalier ou du moins, il y ressemblait de loin. Cette Rose noire sur le poitrail... Cela ne lui disait pas grand chose. Il se rendait compte de son ignorance vis à vis du monde extérieur de la barrière du désertique.

Fronçant les sourcils, essayant se rappeler s'il n'avait pas vu ce sigle quelque part quand même dans un coin de sa mémoire chaotique, l'Aigrefin venait de tenter d'en savoir plus sur lui et son clan. Chose qui en soit ne dérangeait pas notre héro puisqu'il n'avait pas honte de ses origines ni quoi que ce soit, même plutôt fier en réalité. Il resta cependant assez vague pour ne pas trop en dévoiler à la fois.

Se penchant pour prendre son verre en main, il le fit tourner légèrement sur la table comme pour s'amuser ou s'occuper les mains. Avait-il l'air nerveux ? Oui juste un peu mais c'était tout à fait compréhensible... Où il était, avec qui il était, cela pouvait être assez inquiétant, non ? Contrairement à Mordekaiser, le Nomade ne s'était pas découvert d'un fil, ses couleurs trop vives le ferait repérer trop facilement dans cette foule aux tons sombres. Il reprit alors d'un ton plus sérieux.

« Je fais parti d'un clan de Nomade, rien de bien intéressant. Et toi, j'crois avoir déjà vu cet insigne mais je sais plus où. Un ordre chevaleresque vu ton armure, j'suppose ? »

La question resta en suspend alors qu'une nouvelle femme vint les aborder à leur table. Elle avait l'air toute aussi alcoolisée que la première que l'héritier maudit avait rencontré juste avant Cirdan. Être interrompu comme cela n'était pas du goût du Nomade qui, se tournant vers elle, lui dit assez clairement.

« C'est pas pour dire mais on discute là, tu veux pas aller voir ailleurs ? »

Avait-il dit si brusquement que la jeune femme lui colla un soufflet et s'en partit à une autre table. Le Nomade resta un moment hébété. Finalement, il n'avait vraiment pas la cote avec les femmes, peut-être son coté trop rustre et pas gentleman pour un sous. S'il avait laissé faire Morde, sans doute cela se serait-il mieux passé... mais il avait démarré au quart de tour, c'était ainsi...

Restant avec cette ridicule marque rouge sur le visage, il reprit le fil de la conversation avec le guerrier mercenaire... Mais n'eut pas le temps en fait, un homme à l'imposant carrure venait de projeter son ombre sur la table. A son bras, il y avait la jeune femme qui venait de gifler Cirdan. Le demi-elfe, toisa de haut en bas le malabar. Son regard le vacilla pas dans la panique, il le regarda simplement d'un regard neutre, comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid...

« Archy', c'est lui là ! Il ma jeté comme une malpropre ! »

fit-elle en le désignant.

La dessus l'homme ne chercha pas à comprendre davantage, il colla une bonne droite dans la mâchoire du Nomade qui, ne s'y attendant pas du tout et prit de court, n'eut d'autres choix que de se la prendre en pleine face véritablement. Il perdit alors l'équilibre et tomba au sol. La baffe puis le poing... Et puis quoi encore ? La table aussi allait lui passer sur la joue ? Non mais... En tout cas, c'était peut-être le moment à l'aigrefin de montrer de quoi il était capable, sauf s'il voulait rester neutre. En tout cas, l'Amnésique se releva et se tint droit face à l'homme de main.

« Toi mon gros, tu va regretter ce que t'as fait là, foi d'Odarum ! »

Le nouveau compagnon de Mordekaiser sembla nerveux et hésitant à l'idée de parler de sa faction. Avait-il peur de la réaction de l'Aigrefin ou n'aimait-il tout simplement pas parler de lui, ce que le guerrier aurait tout à fait compris puisqu'il partageait ce trait. Toujours fut-il qu'avec une certitude discutable, l'homme aux cheveux blancs se dit appartenir au peuple des Nomades. Le cavalier ne connaissait pas bien les Nomades. Les individus rattachés à cette faction étaient des êtres discrets pour la plupart et qu'il était rare de rencontrer. La plupart du temps, ils s'aventuraient dans le désert, ce qui expliquait que Mordekaiser n'en ait jamais croisé auparavant lui qui ne voyait aucune raison d'y mettre le pieds et encore moins en armure d'acier. Le guerrier était surpris que son convive ne sache pas à quoi correspondait la Rose Noire mais il tâcherait d'éclairer sa lanterne.

"Eh bien..." entama l'Aigrefin avant d'être coupé par une jeune femme qui s'était invitée à leur table.

Cirdan avait décidé de lui répondre immédiatement de façon claire et sans doute un peu expéditive ce qui lui attira les foudres de la demoiselle aux charmes toutefois indéniables. Mordekaiser ne put retenir un ricanement de gêne.

"On dirait que je suis plus habile pour ça. Au moins ça n'a pas trainé, je n'arrive pas à être aussi direct avec les femmes quand il s'agit de les repousser." Commenta le mastodonte avant de constater l'arrivée d'un homme à peine moins grand que lui.

Sans préambule, l'individu perturbateur décocha un violent coup de poing droit dans le visage de Cirdan. Mordekaiser en était abasourdi. Lui qui avait été élevé par des Chevaliers, il avait à peine soupçonné que ce comportement était envisageable. A vrai dire, il en avait presque oublié qu'il se trouvait à Malificium et que par conséquent, les règles auxquelles obéissait la société étaient totalement différentes de celles qu'il connaissait.

Ni de une ni de deux, le Nomade se releva droit comme un pic pour faire face à son agresseur. Le plus discrètement possible, Mordekaiser s'était levé en buvant un grand trait de bière. Autour d'eux, quelques discussions cessaient, les clients concentraient leur attention sur la bagarre qui s'annonçait pendant que d'autres prenaient des paris.

Soudain, le colosse qui avait pris Cirdan à parti s'effondra dans un bruit de verre brisé. L'Aigrefin n'avait plus que la hanse de sa choppe dans la main, le reste ayant littéralement explosé sur l'arrière du crâne du nouveau venu. Des dizaines de paires d'yeux ronds comme des billes se tournèrent vers l'héritier maudit.

"Quoi ? C'est pas comme ça qu'il fallait faire ?" Demanda t-il avec une fausse naïveté.

Comme si ces mots avaient déclenché une émeute, la salle s'échauffa et un comparse du colosse que Mordekaiser venait de mettre hors d'état de nuire frappa le chevalier noir de toutes ses forces dans l'épaule à l'aide du tabouret sur lequel il était assis quelques secondes encore plus tôt.

L'Aigrefin tomba à la renverse tandis que des éclats de bois se dispersaient dans l'assemblée. Une fois qu'il fut au sol, le petit homme trapu et barbu vêtu d'un veston sale et d'une chemise verdâtre l'empoigna par l'encolure de son armure et souleva son buste en armant un coup de poing, le visage déformé par l'alcool et la rage.

C'est alors que l'homme en question sentit un objet métallique et à l'évidence très pointu se caler entre ses jambes. Estomaqué il baissa le regard pour constater par lui-même. L'arbalète de Mordekaiser était chargée et il suffisait d'une simple pression de l'index pour que le chevalier maudit ne condamne a jamais la descendance de son agresseur.

"Peu importe la taille à cette distance c'est immanquable. Si tu crois que je tirerai pas vas-y, frappe-moi." Railla l'Aigrefin.

Il avait beau se tenir droit, le coup l'avait passablement amoché, du moins, il vacillait légèrement, ce qui le rendait moins crédible dans sa prise de position... M'enfin, il n'aurait pas besoin de se battre pour le moment, puisque son comparse de mission venait de s'en mêler à sa manière. Alors que Cirdan allait s'en occuper lui même. Il ne lui en voulu pas le moins du monde cela dit. Toute aide était bonne à prendre, surtout avec ce qu'il venait de se prendre.

Un mince sourire avait illuminé son visage quand il vit la bouteille se fracasser sur l'arrière du crâne de l'assaillant. Mordekaiser avait utilisé une méthode bien à la hauteur de ce qu'aurait fait Cirdan dans le même cas. Et la remarque sarcastique qui s'en suivit plu énormément au Nomade. Il avait trouvé un compagnon de choix finalement. Même si avec tout ça, il n'avait pas pu savoir d'où il venait. Et tout ne s'arrêta pas en si bon chemin... enfin bon, tout était relatif...

L'aigrefin venait de se prendre de plein fouet dans l'armure de plate un tabouret qui s'était lui même brisé en milles morceaux sur la carapace. Cependant le choc quand à lui fit comme une cloche et la puissance donnée surement, c'est celle qui fit pencher le chevalier noir dangereusement vers le sol. Et alors qu'il flirtait avec lui, il fut immédiatement happé par le même assaillant. C'est alors que le Demi-elfe dégaina son katana. Sa cape dévoilant alors légèrement son fourreau assez pour sortir sa Déicilda sans encombres mais aussi pour voir son habit tout de bleu coloré.

L'arme se présenta guidée par la volonté de fer du Nomade au niveau de l'articulation du genoux de l'homme aux allures imposantes. Dans le même temps, l'aigrefin avait sortit l'artillerie lourde pointée vers les parties de l'homme en question. Les deux gestes avaient été effectués simultanément sans même un brin de concertation. Le Nomade se mit alors à rire, regardant son compagnon de bataille.

« Joli réflexe Morde»

Il reprit alors à l'adresse du barbu. Son ton se fit sec et autoritaire. Il ne plaisantait pas comme Mordekaiser enfin pas qu'il plaisantait mais l'aigrefin faisait un peu d'esbrouffe. Encore une chose qui plu grandement au caractère farouche de Cirdan. Commençant alors à entailler le pantalon légèrement tant sa lame était tranchante comme un rasoir.

« Cul de jatte et impuissant ? Pourquoi pas »

Finalement, il avait lui même opté pour le sarcasme pure et simple. Mais ils n'eurent guère le temps de fanfaronner car autour d'eux, tout s'agitait de plus en plus. Les paris allaient bon train mais également des âmes guerrières qui s'excitaient à vouloir se taper sur le pif elles aussi. Une soirée surement banale dans ces terres maléfiques pensait alors le Nomade Odarum.

C'est alors qu'un autre décida de se mêler de la partie. Arrivant derrière celui qui semblait le plus menaçant... Cirdan donc, encore le plus chanceux hein au passage, l'homme se saisit du Nomade comme pour retenir ses bras, l'enserrant pour l’immobiliser. C'était sans compter le coup de tête fulgurant du semi-être. L'arrière de son crâne explosa les naseaux de son opposant qui maintenant pissait le sang par le nez, lâchant sa prise par la même occasion.

« Mon nez, salop ! »

Dans un geste désespéré pour toucher le fier guerrier du clan Odarum, l'homme aux allures peu débonnaires avec sa chemise débraillée et son pantalon crasseux maintenant tout deux tachés de sang, tenta un coup de poing d'une allonge impressionnante. Mais Cirdan ne l'entendit pas de cette manière là. Taillant dans le vif du sujet à proprement parler, sa lame remonta quittant la jambe de celui dont s'occupait déjà Morde, et trancha net l'avant bras tendu vers lui alors que le combattant nomade avait esquissé un pas de coté pour l'éviter juste avant.

« A qui le tour ? Des amateurs ? »

Lança-t-il alors à travers la salle, le démon du combat semblant s'être emparé de lui, le tout accentué par le sang qui venait de maculer son visage de rouge. Il tenait fermement sa lame, sans paniquer, sans osciller d'un millimètre. On pouvait ressentir d'ici l'assurance que le Nomade avait en sa manière de combattre héritée de son père adoptif. Et pourtant le demi-elfe était froid et calme dans son expression comparé à ce que l'on aurait pu attendre des Nomades qui d'ordinaire avaient le sang chaud comme la braise...

Au moment précis où Mordekaiser avait immobilisé son opposant, la lame de Cirdan était venue l'assister. L'Aigrefin échangea un regard complice avec le Nomade, ne manquant pas de détailler l'habit qu'il avait caché jusqu'alors. Soudain, Cirdan fut pris à parti par un nouvel opposant. La surprise se dessina sur le visage du guerrier maudit malgré le fait que son allié s'en sortait le mieux du monde. Profitant de cette diversion, l'ivrogne au dessus de l'Aigrefin tâcha de dévier de sa main l'arbalète qui le menaçait.

L'homme en armure l'avait pourtant prévenu et dès qu'il sentit le mouvement brusque de son adversaire, il actionna le mécanisme de tir. Un hurlement à réveiller les morts secoua l'établissement tandis que le blessé se tordait de douleur après avoir emporté dans sa chute les clients qui se tenaient derrière lui. Avec empressement, l'Aigrefin se releva, tenant en respect par le regard tous ceux qui l'entouraient. Ensuite, il jeta un œil à son compagnon et découvrit avec étonnement la barbarie dont il avait fait preuve.

Un silence pesant s'était installé dans la taverne seulement perturbé par les hurlements continus des deux victimes. Soudain, une femme s'écria :

"Ils sont complètement tarés ceux-là !"

Cette constatation pour le moins évidente déclencha un mouvement de panique sans précédent dans la taverne. Il arrivait parfois que des tessons de bouteille ou des couteaux soient utilisés comme armes lors des bagarres mais jamais il n'avait été question d'utiliser de véritables armes de guerre telles que les arbalètes, les épées, les lances ou les haches. C'est la raison pour laquelle la majorité des clients prirent la fuite en encombrant l'accès principal tandis que d'autres regagnaient leurs places et continuaient leurs discussions à voix basse pour ne pas être remarqués des deux malades mentaux qui se tenaient au beau milieu de la taverne.

Mordekaiser jeta un regard interrogateur à Cirdan, comme pour lui demander ce qu'ils avaient fait d'anormal.

C'est alors qu'arriva auprès des deux combattants une serveuse de toute évidence effrayée.

"Ne le prenez pas pour vous, mais le patron m'a demandé de vous dire qu'il vous a à l’œil, c'est tout, voilà." Fit-elle d'une voix plus qu'hésitante avant de s'éloigner le plus loin possible d'eux.

L'Aigrefin accorda un regard curieux au tenancier qui avait pris un air hautin en essuyant machinalement une choppe à l'aide d'un chiffon noirci.

Quelle partie de plaisir. Il n'y avait rien de tel qu'une bonne partie de bastonnade bien franche dans une taverne. Cirdan ne comprenait pas non plus ce qu'il y avait de si étonnant à voir de telles choses... Enfin, il avait encore un cliché surement au sujet de tels établissements dans les territoires mauvais. Oui, c'était surement ça, une mauvaise vision des choses.

Ce fut donc tout naturellement qu'il répondit à l'aigrefin en haussant les épaules l'air de rien. Remettant sa lame au fourreau, signe qu'il n'y aurait pas d'autres membres de coupés si tout se passait bien. Le Nomade répliqua alors à Mordekaiser sur un ton plutôt frôlant la désinvolture et le je m'en foutisme répondant par la même à la phrase d'une femme visiblement non habituée à la violence... Pourtant, celle-ci n'avait pas été gratuite, ils l'avaient provoqué après tout !

« Bah, je crois que j'ai été un peu trop violent »

Il avait dit cela comme si c'était normal... En même temps, son éducation à la dure n’aidait pas dans le domaine. Il y avait des choses qu'il se permettait lui même mais qui n'étaient pas permises en société et cela ne plaisait justement pas à la société civilisée de l'occident. Eux, les voyageurs d'orient n'avaient vraiment pas les mêmes règles de conduite qu'eux... Heureusement, Morde était là pour remonter le niveau.

Soupirant, il reprit un siège alors que sans doute la femme du tavernier ou du moins une serveuse les abordait en les prévenant que le barman les tenaient à l’œil. Cela fit doucement sourire Cirdan, apparemment, il s'en contrefichait, il ferait ce que bon lui semblait en bon Nomade sans autre foi ni loi que la sienne et celle de son clan.

« Je pensais sincèrement que les gars d'ici avaient l'habitude de ce genre de sanglantes choses. J'me serais retenu sinon... »

Mais la jeune femme les avait déjà quitté avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Elle avait bien trop peur d'eux à présent. Tout de même, Cirdan se demandait comment le tavernier pourrait les maitriser s'ils voulaient mettre la pagaille. Rien qu'y pensant, il en sourit davantage encore que tout à l'heure. Sourire qui fut vite coupé par l'agitation que le Nomade perçu autour d'eux. Là vraiment tous se poussaient sur la passage de quelqu'un. Visiblement, ce devait être quelqu'un de respecté dans cet établissement.

A eux deux donc se présenta un homme bourru qui devait bien faire une fois et demi Mordekaiser en largeur d'épaule et sans armure... Un véritable géant. Ce dernier, éclata d'un rire narguant les deux comparses. Son épaisse barbe noire et ses vêtements de cuir tannée ferait presque penser de lui un ogre.

« Ici, on se tient tranquille. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Cirdan ne daigna même pas répondre, faisant mine de ne pas l'écouter. Il se tiendrait tranquille s'il voulait d'abord... Restait à savoir si Mordekaiser allait s'asseoir sans broncher ou faire de même que le Nomade au calme plat. Prenant sa chope, il finit de la boire d'un trait comme pour montrer encore plus au vieil ogre qu'il n'en avait rien à faire de ce qu'il pouvait bien dire...

D'après le bilan que Mordekaiser concluait des événements récents, Cirdan était un véritable guerrier. Un combattant tête-brûlée qui l'avait peur de rien. A vrai dire, le moment où l'Aigrefin avait senti son comparse le plus à l'aise était celui où il avait l'épée en main. Il n'avait cure du sang qui le maculait, des coups qu'il avait pu recevoir et des blessures qu'il avait infligées à d'autres. Cette attitude expliquait le butin qu'il transportait. Le chevalier maudit eut un sourire malicieux, il préférait appréciait les alliés dotés de telles valeurs.

Des amis des deux victimes les transportèrent à l'étage pour les soigner du mieux qu'ils pourraient dans l'une des chambres tandis que la foule diminuée des clients s'écartait pour laisser passer un véritable gorille. A l'approche du géant, Mordekaiser entrouvrit la bouche malgré lui, choqué qu'un corps puisse se développer un taille et en force jusqu'à ces proportions. Chacun de ses pas menaçaient presque de faire s'écrouler l'établissement.

Faisant abstraction dans un premier temps du monstre qui venait vers son compagnon et lui, le guerrier à la Rose Noire s'assied et chercha désespérément quelque chose à boire pour s'occuper les mains. C'est alors qu'il se souvint qu'il avait brisé sa choppe sur le crâne du premier type qui était venu leur chercher des ennuis. Quand le grand barbu pris la parole, l'Aigrefin grimaça en roulant machinalement les pouces par gêne. Il n'osait même pas imaginer l'effet que ferait une simple claque de cette abomination. Avec ses énormes pattes d'ours il aurait sans doute pu briser la boîte crânienne de Cirdan et de lui-même sans le moindre effort. De plus, les cicatrices qui figuraient sur ses avant bras littéralement démesurés laissait à penser qu'il s'était battu bien plus de fois que les deux guerriers réunis. Nul doute là dessus, à la moindre parole de travers, le Nomade et l'Aigrefin perdraient la vie. Cirdan ne répondit même pas à la question que le nouvel arrivant avait posé. L'homme semblait s'impatienter alors Mordekaiser pour ne pas le contrarier prit la parole avec la plus grande honte du monde.

"Compris... Monsieur." Murmura t-il.

Ne souhaitant pas humilier les aventuriers d'avantage, le géant eut un rire mauvais et ne leur demanda pas de le chanter en canon.

"C'est bien p'tit !"

Ajouta le barbu avant de mettre une claque dans le dos de l'Aigrefin qui avait parlé. Mordekaiser se retrouva catapulté contre la table qui se brisa sous la violence du choc et fit partir Cirdan à la renverse. Sonné, l'Aigrefin n'entendit qu'un sifflement suraigu pendant plusieurs secondes avant de reprendre ses esprits. Les clients riaient d'eux tandis que le monstre rejoignait la foule. Il était étalé au beau milieu d'un tas de débris de planches de bois qu'il pensait être la table à laquelle il s'était installé en entrant. A ses côtés, Cirdan se relevait. L'Aigrefin vérifia qu'aucun de ses os n'avait été pulvérisé par l'impact avant de se relever en titubant. Il murmura à son camarade alors que la fête reprenait :

"Cet enfoiré a de la chance qu'il faudrait le frapper avec un bélier pour pouvoir à peine l'égratigner sinon il aurait pris un carreau d'arbalète en pleine nuque. Mieux vaut ne plus se faire remarquer où on ne pourra pas dormir ici avant d'aller au Temple."

Après avoir dit ça, Mordekaiser songea à l'effet que ferait un carreau d'arbalète tiré à bout portant dans la tête du mastodonte qui les avait humiliés. Il pensait sincèrement que le projectile subirait plus de dommages que sa cible.

Alors qu'il n'avait pas fait attention au molosse s'étant présenté devant eux, l'Aigrefin lui, avait répondu. Et sans doute avait-il bien fait. Si tout les deux étaient restés muets, le gros se serait impatienté et ils auraient passés un sale quart d'heure. Pour une fois que c'était le Nomade et non quelqu'un d'autre, suivez mon regard sur Neelahn la druidesse, qui avait été inconscient...

Puis tout se passa rapidement. A peine le demi-elfe avait-il finit de boire sa gorgée qu'il fut propulsé par la table, elle même propulsée par Mordekaiser et lui même propulsé par la monstrueuse force du colosse digne de Rhodes lui même. C'était une étrange réaction en chaine. Le Nomade finit encastré dans le bar un peu plus loin... Bien sonné.

Ses oreilles bourdonnaient et tout tournait autour de lui. Il avait rarement prit un coup aussi violent. Tellement violent que lorsqu'il se releva aux cotés de Mordekaiser et d'un tas de planches qui furent la table des deux compagnons, il titubait les yeux mis clos. Il entendit alors vaguement ce que disait son compagnon de bataille. Il répondit d'un hochement de tête machinalement...Ce qui par malheur accentua son mal de crâne. Se tenant la tête comme si trois cent cloches teintaient dans cette dernière... Réalisant quand même petit à petit ce que lui avait dit Morde, il lui répondit après quelque vacillements maladroit qui renversèrent une chope sur le bord du bar.

« J'crois bien que t'as raison... Je suis téméraire mais pas suicidaire. »

On pouvait alors entendre le gros lard marcher jusqu'à ce qui fut sa table. Décidément, c'était une habitude à lui de briser le mobilier ? En tout cas maintenant, Cirdan mesurait également le bon sens du mercenaire qu'il venait d'engager, il avait vraiment fait le bon choix. Il était surement très doué pour choisir ses partenaires... Excepté peut-être Neelahn et Daigho, quoi que son Cobra était autrement plus pratique que l'elfette... D'ailleurs, Daigho ?

Le Nomade écarta légèrement son col pour voir l'état de son compagnon... Ce dernier était aussi sonné que son maitre. On pouvait le voir osciller de la tête dans tout les sens, un œil fermé et l'autre ouvert. Ce qui fit rire légèrement le voyageur. Se ravisant bien vite, il prit la bourse à sa ceinture et déposa deux écus d'or sur le comptoir.

« C'est assez pour une chambre ? »

« Même si ce n'était pas assez, j'veux plus vous voir »

répondit alors le tenancier de l'établissement.

« J'crois qu'on ferait mieux d'aller se coucher. Une rude journée nous attend. »

Sans demander rien de plus. Il se dirigea vers la porte qui menait à l'étage accompagné de l'aigrefin. Sa démarche était toujours aussi titubante. Tout ces remue-ménages n'avaient pas été de tout repos, les deux compagnons auraient au moins besoin d'une bonne nuit de sommeil pour récupérer. Heureusement que les guerriers sont des combattant aguerrit et qu'ils savent supporter la douleur... Enfin dans certaines limites...

Une fois à l'étage, Cirdan ne faisait plus tellement le fier et commença à avoir des petits cris de douleur quand il marchait... Mordekaiser devait avoir moins mal lui, avec l'armure qu'il se trimballait... Quoi que, Cirdan ne savait absolument pas comment cela faisait de porter une armure, il faut dire que dans le désert, porter une armure était synonyme de cuir sur place...

« Ouch, ça fait sacrément mal tout de même. Saleté de géant... »

Sur l'ordre implicite et expresse du tenancier, les deux aventuriers mirent les voiles le plus vite possible pour se rendre dans la chambre que Cirdan venait de payer pour la nuit. C'est avec toutes les peines du monde qu'ils montèrent les escaliers. Malgré son armure, toutes ses côtes faisaient souffrir Mordekaiser et il réprima au possible ses expressions de douleur en déplaçant sa carcasse. Une fois arrivés dans la chambre, les deux jeunes gens qu'on aurait facilement pu confondre avec des vieillards atteints d'arthrose aggravée prirent leurs aises. L'Aigrefin retira son armure en poussant un long gémissement avant de s'étaler de tout son long sur le lit en s'enserrant de ses propres bras.

Un long moment, il garda le silence, attendant que la douleur passe et lorsque ce fut le cas ou presque, il se redressa pour s'asseoir sur le lit.

"Je crois que je dormirai par terre, j'ai l'habitude du dur." Fit l'Aigrefin non seulement en référence à la raclée qu'il venait de se prendre mais aussi au sol glacé de la prison qui avait été la sienne pendant une décennie.

Le guerrier retira le reste de son équipement en le disposant en équilibre contre la table de chevet rongée par les mites, se retrouvant en pantalon de toile grossière. Son buste nu et imposant témoignait de peu de souvenirs de blessures pour un combattant de son adage.

"Désolé de te demander ça maintenant, mais est-ce que tu as des pouvoirs ?" Demanda l'Aigrefin, curieux de connaitre les capacités de son nouvel allié.

S'il fallait qu'ils se battent de nouveau côte à côte, mieux valait qu'ils soient tous deux conscients des capacités de l'autre. Une bonne combinaison de pouvoirs si Cirdan en disposait pourrait éviter à l'avenir bien des désagréments et pourquoi pas leur sauver la mise lors de leur aventure prévue pour le lendemain. Les pensées de Mordekaiser se dirigèrent une fois de plus vers le colosse qui leur avait fait payer le vacarme qu'ils avaient créé dans la salle principale. L'héritier maudit ne supportait pas d'avoir été ainsi humilié par un rat des bars. Il se fit le serment que lorsqu'il serait plus fort, il reviendrait pour se venger, d'homme à homme.

"Cette ordure nous le paiera tôt ou tard." Lâcha t-il, ne doutant absolument pas que le Nomade sache à quoi il faisait allusion.

Les deux aventuriers ne tarderaient plus trop à être frappés de fatigue, leur raison les conduirait sans doute à se reposer sous peu s'ils ne voulaient pas faire une sieste au milieu des morts-vivants et autres abominations que leur réservait le Temple Oublié.

Force était de reconnaître que le coéquipier que le Nomade avait récupéré était un bien bon garçon. Alors que Cirdan pestait contre ses douleurs, l'aigrefin prenait son mal en patience en se reposant sur le lit. Il se passa un long moment parsemé de complaintes de douleur mais pas seulement, aussi de ronchonnades à l'égard du gros balourd de service. Il se stoppa quand Mordekaiser refit surface. La douleur du Nomade était alors partiellement atténuée alors que Daigho était toujours dans les vapes.

« Je ne vois pas trop l'intérêt alors qu'on a des lits mais bon, comme tu veux. »

Pendant ce temps le chevalier noir retira ce qu'il lui restait de son armure. Cirdan fut un peu étonné de voir que l'homme n'avait pas de trace de combat comme il l'aurait pensé d'un combattant de sa trempe... S'était-il trompé sur la marchandise ? Il préféra ne pas y penser et se focaliser sur les prouesses qu'il avait réalisées dans la taverne en bas. D'ailleurs de ce bas là, on pouvait entendre que l'ambiance était à nouveau revenue.

Contrairement à Morde, Cirdan garda ses vêtements. Il n'avait aucuns intérêt à les enlever en fait et puis montrer les cicatrices de ses années d'entrainement n'était pas sa chose préférée encore moins faire valoir ces blessures comme une trace de bravoure. Le Nomade des Vents savait se montrer humble, une valeur qui lui avait été transmise par son clan. Au lieu de cela, il s'allongea sur le dos dans son lit, fixant le plafond.

Il fut interpelé à nouveau par l'homme à coté de lui. Sa question lui paru étrange sur le coup. Parler de pouvoir à ce moment là, cela ne serait jamais venu à l'esprit du Nomade. Cependant, en y réfléchissant bien, Cirdan se dit que ce n'était pas une mauvaise idée du tout. S'ils pouvaient déjà voir en quoi l'un l'autre pourraient s'aider alors ce serait grandiose pour la suite. Se mettant assis en tailleur sur le lit, faisant face à Mordekaiser, il lui répondit alors :

« Je pense qu'à deux, on aurait pu s'il nous avait pas prit par surprise, m'enfin. Sinon, c'est assez étrange comme appellation « Pouvoir » mais je vois ce que tu veux dire l'ami. Disons que je peux manipuler l'air et le vent »

Une bourrasque de vent vint frôler le torse nue de l'héritier maudit.

« Faire monter la température si le cœur m'en dit »

Soufflant légèrement, Morde pouvait sentir alors une chaleur suffocante s'installer brièvement avant que le Nomade n'y coupe court.

« Et me camoufler dans le décor, ça c'est plus difficile par contre à montrer, attend voir. »

Soudain Cirdan s'allongea à nouveau sur le lit et « disparu » se dissimulant sur la couverture tel un caméléon ou je ne sais quoi.

« Voilà en gros. Et toi Morde ? Tu sais faire quoi comme tour de passe-passe ? »

Redevenant visible à l’œil nue. Le Nomade était à nouveau en tailleur sur le lit, prêt à écouter les histoire de Père Mordekaiser même si un bâillement tout à fait involontaire sortit de sa bouche. C'est vrai qu'il se faisait tard. Sans doute après la petite explication, il serait temps de sombrer dans le sommeil réparateur, surtout qu'ils en avaient bien besoin les deux papy boiteux.

Pendant que Mordekaiser était en train de lui répondre, le Nomade défit sa ceinture et posa son katana fourreau et ceinture, le tout en un, sur la tête de lit, comme pour avoir son arme à portée de main si une surprise nocturne ou matinale venait à survenir. On était jamais trop prudent avec ces choses là...

A la remarque du jeune homme, Mordekaiser eut l'air surpris et balaya le mobilier du regard. A vrai dire, il pensait sincèrement qu'il ne pourrait pas passer la nuit sur ces planches de bois couvertes de draps rongés. Il avait déjà eu de la chance de ne pas se retrouver à nouveau face contre terre lorsqu'il s'était allongé dessus, il ne préféra donc pas imaginer passer une nuit entière dessus.

"Si t'appelles ça des lits. Des clous seraient moins inconfortables et une feuille presque plus résistante." Commenta t-il avec une foi discutable au vu de l'état de ce qui servait effectivement de lit.

C'est ensuite que le Nomade fit une démonstration de ses capacités à son acolyte. Ses dons étaient variés et s'assimilaient bien ensemble. L'Aigrefin ne doutait pas des ravages que pourrait faire Cirdan en combat. Mordekaiser était quelque peu impressionné mais s'était tenu droit comme un I en regardant son partenaire. Après tout, la notion de manipuler d'autres forces que celles que son corps lui offrait naturellement était nouvelle pour lui. Quelques temps plus tôt, il ignorait qu'il était doté de telles facultés. C'est une des raisons pour lesquelles tous les Chevaliers l'avaient méprisé d'ailleurs. Toute sa vie il avait été considéré comme un faible et un rebut par ceux qui partageaient le même repas que lui. Les choses avaient bien changé depuis. Hésitant il se lança dans ses explications.

"Je ne sais pas vraiment si c'est un don, mais il arrive que ma force physique augmente subitement et que je sois capable de prouesses que je n'aurais même pas imaginées il y a quelques semaines encore. Je peux aussi faire sortir des formes des ténèbres et rendre ma peau aussi solide que les armes. Je trouve encore tout cela un peu étrange mais je ne tarderai pas à maîtriser toutes ces capacités, sois-en certain. Par contre pour la démonstration il faudra atteindre demain parce que je t'avoue que je piquerai bien un petit somme, avec ce qui nous attend." Commenta t-il avant de s'allonger sur le sol en poussant un soupire d'aise.

Avant de s'endormir, l'Aigrefin saisit son arbalète et la chargea machinalement pour la mettre sur le lit à côté duquel il comptait dormir. Elle était trop loin pour qu'il ne se blesse avec par accident pendant la nuit mais elle était suffisamment prêt de lui pour épingler en un seul geste celui qui oserait entrer par effraction dans la chambre.
Le guerrier, comme tous les soirs ou presque depuis qu'il portait le blason de la Rose Noire, se plongea rapidement dans un sommeil vague et torturé.