Enfin entré. Bon ça n'avait pas été de toute facilité mais le voila à l'intérieur. Sa première impression fut direct, tranchante et sans appel: cette ville est à la hauteur des merdes qui la gouverne. D'accord c'est peut-être un peu extrémiste mais franchement oser dire que ce territoire est neutre n'est qu'une vaste blague. On trouve encore plus de calepins souriant dans les bas-fonds de cette cité que dans les hauteurs de Bénécius. Son premier but de trouver une auberge à la hauteur de ses attentes s'était donc avéré bien plus fastidieux que prévu. Potage d'asperge à deux pièces, vin de mûre pas capable de lui racler le gosier, vendeur à l'air si béat que le premier débile mal intentionné pourrait tout faucher et repartir en sifflant, l'ambiance n'était vraiment pas à son goût où qu'il aille. Mais grâce à ses oreilles un peu beaucoup indiscrètes il avait réussi à trouver un endroit à sa hauteur. L'Arène. Au-delà du fait que se cogner avec des champions était une idée assez tentante pour un accroc de l'escrime comme lui, c'était sa dernière chance de trouver un coin où il allait se sentir un peu plus chez lui. Et ce fut à la hauteur de ses espérances. Ici pas d'efféminés en robe rouge qui dispense des potions toutes aussi douteuses les unes que les autres, pas de passants à l'air hébétés -ou très peu en tout cas-, on pouvait sentir l'odeur du cuir bouilli, des armes trempés et de la sueur des combattant dés lors qu'on s'approchait du large édifice construit en ovale.

Ce n'était pas du machisme mal placé ou un certain relent de caractère misogyne qui le menait par ici. C'est juste que ces lumières et ces attitudes puérils typiquement occidentales lui filait de l'urticaire plus vite que la pire plante du désert.
Trainant ses bottes dans le quartier pendant une bonne dizaine de minutes, il réussit finalement à trouver un semblant d'auberge assez discrète aux carreaux plus crasseux que ce qu'il avait vue jusque là. Surement l'endroit de prédilection des combattants qui venaient se reposer après s'être mis sur le crâne toute la journée. Et bonne pioche, dés qu'il passa le pas de la porte il se retrouva tout droit projeté dans une ambiance très familière pour lui. On aurait dit un de ces feux de rassemblement quand les chasseurs du camps revenait après une longue période d'absence. La joie était au rendez vous bien entendu, hommes et femmes présents en part égal, mais une ambiance guerrière faite de métal et de bière. Quelque chose de franc, de direct, sans faux semblant, très terre à terre. Difficile d'expliquer ce ressentit mais ce coin pouvant passer pour très primitif pour certain était aux yeux de Raos un des premiers endroit agréable qu'il avait a voir en occident.

Son entrée ne fut pas plus remarquée que ça, seul quelques badauds tournèrent la tête vers lui et en découvrant un Nomade aux habits de guerre léger fait en tissu maillé et armé d'un katana épais, ils retournèrent à leurs consommations sans rajouter de commentaire. Un type comme lui, bretteur de longue date, ça se fond dans la masse sans soucis. D'épais nuage de fumée blanchâtre venait entremêler leurs odeurs musquées a celles des alcools différents servit au bar, le tout créant une atmosphère presque décadente mais qui restait tout de même dans une optique honorable et droite dans ses bottes.
La pièce était large et assez haute de plafond pour faire tenir les grands nordiques avoisinant la toise. Des tables rondes étaient disposés contre le mur ouest et, agrémentées de chaise, s'étendaientt presque jusqu'au milieu de la pièce pour laisser finalement place à des tables de jeux bondés de guerriers avides de gagner quelques pièces de plus. Le bar en bois massif s'étendait tout le long du pan de mur droit et derrière lui se tenait un couple charpenté accompagné de deux jeunes garçons visiblement fière de leurs parents. Sans être surpeuplé pour autant, le monde ne manquait pas et à en juger par le bruit de fond omniprésent c'était surtout des habitués du coin qui venait couler des demie ici. Raos alla se placer sur un tabouret haut tout juste libéré et cala son épée contre sa hanche pour qu'elle ne vienne pas percuter son voisin de son fourreau.

"Ah un Nomade c'est ça?" le devança le tavernier en lui adressant un sourire dévoilant ses dents manquantes "Première fois que vous venez dans le coin je suppose?"
"Ouais." répondit laconiquement Raos "Je viens juste d'arriver en ville ça a pas été une partie de plaisir."
"J'comprend bien, ces foutus gardes aiment bien jouer les gros bras quelques fois dans l'année histoire de se donner l'impression qu'ils bossent. Fait longtemps que vous avez quitté le désert?"
"Trois mois environs, pas trop le mal du pays pour le moment."
"A la bonheur, j'vais vous servir un truc local qui change des saloperies qu'ils servent dans les grandes enseignes!" clama le barman avec un grand sourire et un petit clin d'oeuil complice.
"C'est exactement ce que je cherchais en venant ici."

Raos lui rendit son sourire de manière plus discrète, fidèle à son caractère introverti, ses yeux dorés ne figurant pas d'émotions particulière. Pas du genre timide et renfermé, juste que la démonstration n'était pas son fort et qu'il était comme tout bon joueur de poker: assez neutre pour cacher tout un tas de carte dans ses manches jusqu'au dernier moment. Le type du bar était une bonne patte mais changeait radicalement des bons vivants utopiste des grandes enseignes comme il disait. D'ailleurs il lui offre le premier verre soit disant pour "fêter la venue d'un nouveau chez lui", surement une manière de fidéliser la clientèle dés la première venue.
A mieux y regarder la peau burinée de sa femme aurait pus laisser penser qu'elle avait été Nomade avant de ratterir ici. Sa musculature fine et gracieuse ne laissait pas de doute sur ses capacités et cela expliquerait la sympathie du tenancier face au jeune Nomade qui venait d'entrer dans son auberge. Mais après ce réconfort il faudra penser à l'effort. Il s'était trouver un bon point de chute, c'est une chose, mais pas question de s'éterniser et de faire copain copain avec tout le monde. Il était là pour faire des cadavre, il lui fallait des noms et des provisions pour prendre la fuite si besoin est.

Avec sa charpente carrée et son air pas causant, personne ne vint le déranger aux primes a bords. Même si il avait été cordial avec le mec du bar, Raos n'avait pas le profil d'un enfant de choeur et on devinait vite le genre de mec qui n'hésitait pas à se sâlir les mains si on vient trop à l'emmerder. Il vida le tord-boyaux d'une traite, ne rivalisant pas trop avec les alcools fort du désert, et indiqua au jeune garçon venant à son encontre qu'il ne partira pas pour un second tour. Garder les idées clair c'est primordial. Puis se tournant sur son tabouret il commença à jeter des coups d'oeuils aux autres clients pour voir si quelqu'un serait propice de lui fournir des informations plus précises sur ses affaires. On ne fait pas attendre la vengeance qui gronde.

Il y avait de tout ici. C'est une chose oui mais parmi ces guerriers et guerrières, qui serait vraiment prompt à l'aider? Il avait devant lui une pléthore de gens d'arme mais surement pas d'historiens capable de lui citer tout les membres des conseils des Mages Rouges durant les deux cent dernières années. C'était une bonne planque ce rade, un bon point de chute ou une bonne adresse où donner des rendez vous discret, mais pas un endroit où trouver des contacts capable de le renseigner. Cette évidence lui sauta aux yeux en a peine quelques minutes d'analyse sur le personnel de la salle. Son regard s'interrompait quelques secondes supplémentaires sur tout ce qui pouvait sembler elfique, nanique ou démoniaque. Ces races à l'espérance de vie plus longue que la moyenne aurait plus de chance d'avoir des membres capable de lui fournir des informations. Mais si les nains étaient légions au fond du bar, tous accoudés à la même table, les elfes et démons n'étaient pas bien nombreux voir pas là du tout. En même temps vous imaginez un elfe se battre contre un féroce guerrier d'arène? Quelle blague, ces mangeurs de pissenlits sont bon à peigner leurs chevaux, bien cachés dans leurs forets sombres. Et qu'on aille pas dire que c'est un cliché, plus d'un Héritier Helkar est rentré avec cette vision très terre à terre du peuple elfique! Dans le désert les pointus ne sont pas légions et grand bien leur en fasse.

Bref, il reprit une seconde tournée du coup.
Le gamin revint vers lui tout sourire en glissant une boutade qui n'arracha pas une once de rire au Nomade. Il ravala sa joie en croisant les yeux dorés de Raos qui commençaient à s'impatienter et s'empressa de lui servir un nouveau tord boyaux en échange d'une maigre pièce de cuivre. Ce genre de chou blanc ne le rendait pas vraiment jouasse et même si l'endroit était agréable il ne cherchait pas le confort mais le résultat. Et comme pour couronner le tout, une femme a l'allure assez étrange choisit ce moment là pour venir lui faire la causette. Il tourna la tête vers elle et la regarda droit dans les "yeux" si on peut nommer ses larges billes anthracites comme tel.

"Pourquoi, vous êtes de la milice?" répondit-il d'un ton tranchant.

C'est quoi cette habitude de poser des questions indiscrètes dés le début? C'est typique de la région ou bien? Déjà le rigolo qui l'a fait rentrer qui lui demande son nom de but en blanc comme si il s'attendait a voir Raos lui baiser les pieds dans la minute qui allait suivre et maintenant une femme qui vient demander ce qu'il cherche. Mais qu'ils se mêlent de leurs oignons ceux là oui! Son ton rustaud était clair et cachait plusieurs questions en une. Primo "De quel droit venez vous m'emmerder?". Secundo "A qui ai-je l'honneur de m'adresser?". Et tertio "Je ne vous connait pas alors vous pensez franchement que je vais vous répondre?". L'art de la diplomatie chez un Nomade est très peu répandu, surtout concernant Raos. Et son art a lui consiste a faire du court avec du long, que ce soit avec les mots ou avec ceux qui viennent l'importuner. Oui vous avez bien comprit le double-sens je croit.
Puis il revint à son verre et le vida d'une traite sans que cela vienne lui sonner les neurones. Il reçu comme compliment le sifflement appréciateur d'un autre voisin de comptoir mais lorsque celui-ci fut acceuilli par le regard mauvais de Raos il ravala sa note aiguë et s'empressa de retourner à sa bière. Bon là il commençait vraiment à faire ours, il allait devoir inverser la tendance sinon cette probable planque allait devenir un vrai guêpier pour lui. Pas question de se faire des potes dans le voisinages mais il ne vaudrait mieux pas se faire des ennemis non plus. Afin de rester discret, il allait falloir se fondre dans la masse. Et si finalement cette femme lui servait d'alibi pour montrer qu'il n'était qu'un Monsieur X parmi tant d'autre badauds tient? Finalement elle allait peut-être utile cette indiscrète de bas étage. Et comme à son habitude: au pire un coup de lame dans la gorge et elle poseras plus de question. Son côté Nomade Diplomatique ne le quitteras jamais, le côté communicatif de Cïrdan lui manquait cruellement en ces moments là.