Pour un réveil difficile… C’était un réveil difficile. Il s’était adossé a un arbre pour faire une (courte) sieste… Et… Il se réveillait en hurlant. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois… Mais ça ne l’empêche pas d’avoir des sueurs froids en se remémorant son rêve…

Seule une sortie précipitée du rêve lui avait évité d’y connaître une mort relativement douloureuse alors qu’un mage noir (puissant mais visiblement inconscient de l’endroit ou il se trouvait) s’apprêtait a le… Attendez. Perdus ? Normal… Prenons les choses depuis le début.

Plutôt que de rester dans ses propres rêves il avait décidé de faire un tour dans le… monde onirique (songeant au passage qu’il serait pratique de lui donner un nom un de ces jours)… Comme toujours il avait découvert l’endroit ou il s’était endormi. Voyant pour la première fois cette clairière… Dieux… Que le monde pouvait être beau.

Comme souvent dans ces circonstances tu te parle a toi-même histoire de te donner un peu de consistance…

- Bon. Au final je vais vers où ? Le lac ? J’y suis bientôt… Mais ensuite ? Faut que j’troue du travail… Enfin… Ou… Elles sont où ? Et si jamais j’essais de les trouver comme ça ? Letie ?

Il mis un pied devant l’autre… Et le paysage autour de lui devint flou… Il avançait… Avançait et traversait le monde si vite que…

Il était en ville. Probablement. Dans un bâtiment. Plutôt sombre… Plutôt glauque même… Une salle de torture ? Quel rapport entre Letie et une salle de torture ? Peut-être étai-ce simplement sur le chemin pour…

Quelqu’un. Quelqu’un avait fait subitement son apparition. Un mage vêtu d’une grande robe noire.

Le temps que tu comprenne ce qui se passait le rêve du mage basculait dans la "réalité" du monde onirique… Ce n’était pas la première fois que tu voyais ça… un rêveur qui, pendant quelques minutes venait dans ce monde… Y imposait sa réalité… Puis repartait. Comme si de rien n’était.

Le problème c’est que, de par ta présence tu t’imposait dans sa réalité… Et… Et… il t’avait attribué une place pas particulièrement accueillante : celle de victime sur laquelle il escomptait tester un appareil de torture tout droit issu de l’imagination du rêveur…

Bref. Un réveil précipité… Et plus tellement l’envie de dormir. Non. L’idée que Létie puisse être liée, de prés ou de loin, a ce qu’il venait de voir l’inquiétait au plus au point… Pourvu qu’elle aille bien…

Et c’est encore plus perdu dans tes pensées que tu parvint, quelques heures plus tard, sur les berges du lac… L’odeur… les sons… tout cela avait quelque chose de magnifique… Moui… L’endroit serait parfait pour y passer la nuit. Et cette fois… Pas de tentative de trouver quelqu’un… Juste un petit coup d’œil a son chemin et… Dodo. Un vrais sommeil. Réparateur.

Harmonie se trouvait à la Tour Céleste dans sa chambre. Elle avait enfin réussit à finir le poison que peu de mages noirs utilisaient car il causait la mort de leurs victimes bien trop rapidement. En attendant, trouver un antidote à ce poison serait génial car il pourrait soigner tous les autres poisons. Mais là, Harmonie était assez fatiguée, elle avait passée ses dernies mois de manière éprouvante. Allez à Malificum pour chercher des documents, se faire attaquer au bal puis par Neelahn dans la forêt. Et puis son village et Nathan sans parler de sa montée en grade.

Tout ça pour dire, que la demoiselle ne demandait que du repos et justement, elle allait en avoir. Harmonie se trouvait à la fenêtre et regardait la pluie tombée sur les carreaux. Sa poupée Amanda était posée sur son bureau à côté de celle que lui avait offerte son frère, Mentali se trouvait allongé à roupiller sous les couvertures du lit d'Harmonie quand soudain quelqu'un frappa à la porte. Il s'agissait d'un mage blanc qu'elle avait rencontré la veille.

- Harmonie, ton cheval est prêt.
-Merci, j'arrive.

Elle se retourna et regarda sa chambre, sa sacoche avec des fioles vides et son livre de botanique s'y trouvaient, elle avait des assittes, des couverts ainsi que des couvertures et un petit oreiller dans un autre sac. Elle avait tout, elle pouvait partir. Elle alla à son armoire et prit son manteau à capuche, elle attrapa Amanda ainsi que ses sacs et sortit.
Arrivée en bas, elle accrocha ses affaires à la selle du cheval et inséra dans son sac de voyage de la nourriture. Puis elle se mit en route.

Pour commencer, elle alla en direction de Malificium pour remettre les documents qu'elle avait pris à leur place, ce qui ne posa pas trop de problème. Heureusement, car si elle avait été repérée, cela aurait posé pas mal d'ennui et elle aurait du fuir. D'ailleurs de ce qu'elle put entendre et voir, elle n'était plus l'ennemi numéro un, on ne la recherchait pas activement sur tout le continent. Cela faisait plaisir à savoir, elle pourrait se consacrer aux potions trnaquillement. Enfin bref, après ce détour, elle passa par la forêt pour arriver au lac, il y avait des plantes aux vertus médicinales au fond de celui-ci, du moins c'est ce que racontait les récits et les livres de botanique. Peut être n'était-ce qu'une rumeur et comme l'archimage est très curieuse, elle est allée voir.

Elle arriva au lac dans la nuit, n'étant pas un animal, elle n'y voyait rien et n'avait pas envie de se faire mal, elle décida de passer la nuit près d'un arbre et d'atendre le lendemain pour aller faire ses recherches. La jeune fille enleva les affaires du dos de l'animal et accrocha son licol au tronc de l'arbre. Elle sortit ses affaires et s'allongea, peu de temps après, Morphée venait la chercher et la transportait au pas des rêves. De quoi elle rêva, je n'en ai pas la moindre idée mais elle passa une agréable nuit comme cela ne lui était pas arrivée depuis longtêmps. Quand elle ouvrit les yeux, le soleil était levé depuis un moment, elle décida donc de prendre quelques fuits comme petits déjeuner puis de se mettre au travail. Elle se déshabilla et se mit en maillot de bain. Harmonie était folle de plonger dans l'eau alors qu'on était en hiver, l'eau devait être gelée mais tant pis, ses recherches ne pouvait attendre et du coup, elle devait aller dans le lac coute que coute.

L'eau comme prévue était d'une chaleur glaciale mais la jeune fille plongea tête la première et regarda les végétaux qu'elle devait chercher, elle finit par les trouver et remonta à la surface totalement frigorifiée. En remontant sur la rive et en se séchant, elle aperçut un homme en face d'elle. Il semblait dormir mais il faisait froid et sans couverture, elle avait peur qu'il ne soit entrain de se transformer en galçon. Harmonie se sécha et s'habilla donc rapidement, mis ses plantes en fiole et attrapa ses sacs tout en courant vers l'inconnu. Arrivée à sa hauteur, elle lacha ses affaires et prit une couverture qu'elle posa sur lui avant de le réveiller.
-Monsieur, vous m'entendez? Si oui, faites moi un signe, ouvrez les yeux ou je ne sais pas quoi d'autres.

Harmonie était vraiment inquiète, s'il avait passé la nuit ici, il était peut être... Il faut bien dire que la nuit avait été plutôt froide quoique la demoiselle n'en ait rien sentit grâce à ses couvertures.

Habitué a marcher a travers ses rêves… A y vivre des vies plus palpitantes que ce qu’il fait a l’êtat de veille… Il est bien rare que Gen s’offre de véritables nuits de sommeil. Long et lourd sommeil réparateur. Sans rêve. Sommeil pendant lequel le corps aussi bien que l’esprit se reposent…

Sommeil indispensable pour ne pas sombrer dans la folie.

Sommeil réparateur.

Mais invariablement venait le moment fatidique. L’heure de la fin des temps. L’heure du commencement.

L’éveil.

Pour le coup il n’aurait pu être plus agréable. Enfin… Si. Mais la tâche aurait été malaisée… Et surtout… pas aussi… surprenant.

Etre éveillé par la douce voix d’une jeune femme a quelque chose d’exquis… Que ne pouvait-il ouvrir les yeux pour la contempler ? Que n’avait-il d’yeux pour lui donner un visage ? En attendant… La douceur de sa voix évoquerait pour lui la beauté de son visage. Et il laissa un sourire fleurir sur ses lèvres…

Le plus délicieux là dedans était peut-être l’anxiété qui perçait dans sa voix… Comme une main tendue vers lui… Amusé il leva la tête vers elle… révélant l’état de ses yeux a la visiteuse… Non. Il ne pourrait surement pas les ouvrir pour la contenter.

- Si je m’attendais a un aussi charmant réveil…

Tu t’ébroue… Ton corps est tout engourdi par le froid… mais tu commence a avoir l’habitude. Ce n’est pas la première ni la dernière des nuits que tu passe a la dure… Et a l’abris de l’arbre tu n’as souffert ni du vent ni de la rosée.

Et voilà que tu réalise qu’une couverture te protège un peu du froid… C’est de son fait ? Tu lève une main hésitante a la recherche de cette muse venue veiller sur ton éveil… Et bientôt tu trouve quelques cheveux… Tes doigts jouent avec l’espace d’un instant puis poussent leur aventure un peu plus loin…. Du bout des doigts tu effleure de douces courbes…

Harmonie s'était inquiétée pour rien, l'homme était en vie mais quelque chose n'allait pas, ses yeux étaient toujours fermés. L'archimage étincelante réfléchit à la situation assez rapidment, pourquoi un homme ne pouvait-il pas ouvrir les yeux? Pendant ce temps, elle s'était agenouillée et se tenait près de l'homme qui finit par lui dire qu'il ne pouvait être plus heureux d'être réveillée par une charmante personne bien qu'il ne la voye pas puisqu'il avait les yeux fermés.
Harmonie uet alors un déclic dans son cerveau, il devait probablement être aveugle, c'est pour celà qu'il ne pouvait la voir et qu'il cachiat certainement ce blanc dont elle avait entendu parlé derrière ses paupières.

Elle vit une main s'approcher d'elle et ne sachant à quoi s'attendre, elle se laissa faire, la main s'amusa avec ses cheveux puis continua sa route. Harmonie fut parcourue d'un frisson et tous ses membres se raidirent. C'était la première qu'on la touchait de cette manière et à vrai dire, elle ne savait pas si elle devait s'en offusquer ou si elle devait le laisser continuer. Dans le doute, elle ferma les yeux et le laissa continuer pendnat un petit moment.

La demoiselle rouvrit les yeux, on ne sentait pas le froid de l'hiver sous cet arbre, il avait été bien protégé tant mieux. D'une voix douce, elle lui demanda de ne pas bouger, elle allait revenir dans peu de temps mais il fallait qu'elle fasse quelque chose. Sans perdre de temps, Harmonie se leva et courut à son sac d'où elle sortit deux bols et une petite marmite. Elle alla chercher du bois et alluma un feu près de l'homme. Ce n'était pas parce qu'il ne faisait pas froid qu'ils devaient rester sans feu. Ensuite, elle posa la marmite remplie d'eau sur le feu et attendit qu'elle soit bien chaude, elle versa l'eau dans les bols et y mit des pétales de fleurs. Cela donnait une excellente tisane et la demoiselle la servit.

-Tendez les mains, s'il vous plait. Attention c'est chaud mais ça vous fera du bien.

Délicatement, elle posa le bol entre les mains de l'homme et saisit l'autre qu'elle porta à ses lèvres une fois qu'elle se fut assise près de l'homme, plus vieux qu'elle mais trop aurait-elle dit.
Harmonie regarda le ciel, il était nuageux mais il ne pluevait pas. Le soleil était dans le ciel mais comme à chaque hier, il ne chauffait pas la terre, il gardait sa chaleur pour lui même. Des oiseaux rares en cette période de l'année passèrent dans le ciel, leur vol était magnifique. Dommage que son compagnon ne puisse les voir danser dans le ciel.

Lorsque les doigts de Gen rencontrent la douce poitrine de la jeune femme il stoppe son mouvement… indécis. Hésitant… Inquiet de sa réaction… incapable de mettre un terme a un contact si exquis…

Un frisson de surprise avait parcouru le corps de la belle mais nulle réaction outrée… Tant et si bien que l’aveugle continua son geste… la caresse engloba, l’espace d’un instant la délicate poitrine naissante avant de monter… abandonnant ces formes exquises il laissa monta, en une douce caresse, vers son cou… et enfin son visage.

Lentement, délicatement, laissant toujours a la jeune femme une chance de le repousser il caressa chaque courbe de son visage… seule manière pour lui de la voir. Passer ses doigts sur ses lèvres… ses sourcils… la courbe de son nez… effleurer ses oreilles… et enfin s’attarder sur sa joue… ne voulant pas l’abandonner.

Mais toute chose doit prendre fin. Alors que tu lui adresse un sourire reconnaissant elle se lève et s’éloigne… l’as-tu vexée ? Non. Sa voix ne le laisse pas entendre… Elle… Oui. Elle prépare quelque chose. Les craquements du feu qui prend t’avertissent avant que sa chaleur ne vienne illuminer ton visage…

Avec reconnaissance tu accepte l’offrande qu’on te fait mais tu murmure, amusé :

- Ne vous en faites pas tant pour moi. Ce n’est pas la première ni la dernière fois que je passe ainsi la nuit… Je tiendrais néanmoins a vous remercier : je n’ai pas eu le courage, hier soir, d’allumer un feu… Cette entreprise prend toujours un certain temps.

Tu porte la tasse qu’on t’a offert a tes lèvres et bois avec plaisir le liquide brûlant.

- On m’appelle Gen. Puis-je vous être agréable en quelque chose ?

Il fallait avouer qu’en ces lieux il ne s’attendait pas a trouver une jeune humaine (a en juger ses oreilles elle n’était en tout cas pas une elfe) aussi… serviable. Et débrouillarde.

Une pensée vient s’ajouter… Il rougit légèrement : et charmante...

- Merci de m’avoir laissé vous voir… Vous semblez belle.

Depuis combien de temps ne t’es-tu pas laissé aller ? A la réflexion… Ca doit remonter a la perte de ta vue… Elle t’as tellement pris en pitié… Et visiblement pas a cause de ta cécité… Pas a la base du moins. Presque instinctivement tu as envie de prendre autant soin d’elle qu’elle a pu prendre soin de toi.

Au moins un temps.

Harmonie n'avait pas bougé, elle avait laissé faire l'homme; elle avait laissé l'aveugle effleurer sa peau, caresser son corps non pas parce qu'il était aveugle mais parce que cela lui plaisait d'une certaine manière.
Elle était gênée mais savourait ce moment de plaisir, il finit par s'arrêter sur sa joue et quand il lui souria, elle se décida à faire du thé. Harmonie était gelée de la tête aux pieds, sa baignade dans l'eau du lac glaciale n'évait pas été une bonne idée et il lui fallait quelque chose de chaud.

- Il est vrai que faire du feu met du temps mais c'est autant pour vous que pour moi que j'ai du thé. Vosu avez du remarquer que mes cheveux sont mouillés et ce du fait que je suis allée faire une baignade matinale dans l'eau du lac.

Il s'appelait Gen, bien la demoiselle s'en rappelerait, il était aimable et sympathique au premier abord.

-Enchanté de faire votre connaissance. Je me nomme Harmonie et je ne pense pas que vous puissiez faire quoique soit car ça, c'est mon métier d'aider les autres...

Et elle laissa sa phrase sans rien rajouter, le vent commençait à venir et la demoiselle frisonnait, elle posa sa tête sur l'épaule de l'homme doucement, pour ne pas lui faire peur mais aussi parce qu'elle ne savait pas comment il allait réagir. Elle tenait toujours entre ses mains le bol encore remplit à demi et chaud.
Harmonie but le reste de sa tisane et se lottit un peu plus près de l'homme. Elle ferma les yeux et l'entendit la remercier de l'avoir laissé la voir.

-Je ne sais pas si on peut dire que je suis belle. Pour moi, je pense être une jeune fille comme les autres, dont la beauté physique n'est ni haute ni basse mais dont la beauté intérieure est à l'égale de celle des autres mages blancs.

Elle sentit que son visage deveniat chaud, elle porta doucement sa main à son front et sentit qu'il était chaud. Cela n'avait pas tardé, elle avait de la fièvre et forcément aucune potion avec elle. Harmonie avait laissé ses fioles remplies dans sa chambre. Peu après, elle s'endormit, la tête posée sur l'épaule de l'homme qyui risquait de ne pas comprendre ce qui lui arrivait.

Mouillés… Oui. Ses cheveux étaient encore trempés. Sur le coup il n’avait pas fait particulièrement attention… Supposant qu’elle avait fait ses ablutions matinale dans quelque auberge a proximité… mais… Dans le lac ? Il n’était certes pas particulièrement raisonnable avec sa manière de dormir a la dure aux endroits les plus incongrus… Mais se baigner ? Dans un lac ? Par ces températures ?

Si encore elle l’avait fait non loin d’un feu pour se réchauffer… Mais là… Elle venait a peine d’en allumer un. La chaleur de son visage quand il l’avait touché… Subitement ce simple petit détail prenait une signification toute autre. Il s’était (bêtement) imaginé que c’était le fait de la gène… et de ses mains glacées qui avaient du surestimer la température de la peau de la demoiselle… Non. Il se faisait sans doute des idées… Après tout elle venait plus ou moins d’avouer qu’elle était mage blanche… non ?

Les mains serrées autour de ta tasse bien chaude tu ne la sentit pas s’assoir a côté de toi… Et c’est avec une certaine surprise que tu la sentit poser sa tête sur ton épaule… Alors ça ! Si tu t’y était attendu ! Dieux… A quand remontait la dernière fois ? La dernière fois qu’une femme s’était ainsi inséminée dans ton intimité ? Même dans tes rêves cette situation n’est pas souvent apparue… Enfin. Tu es jeune. Très jeune… Selon les critères des tiens tu es a peine adulte… encore un adolescent…

Surprenante. Incontestablement surprenante… Mais l’expérience n’en est pas moins exquise.
Tu libère une de tes mains pour la passer (timidement) autour de sa taille tendis que de l’autre tu continue a boire… voilà qui fait un bien fou.

Et la voilà (naturellement) qui repoussait les compliments qu’il avait fait… c’était mignon. Mais tellement attendu… Mais y répondre n’était pas forcément simple. Alors il se contenta de lui sourire…

Avant qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait la jeune femme s’était endormie… sans doute vaincue par la fièvre… A part attendre il ne pouvait pas grand chose pour elle… Pas pour son corps du moins.

Tant bien que mal, agissant le plus délicatement possible pour ne pas la réveiller tu fit en sorte de l’allonger dans une position plus confortable… pour vous deux : au lieu de rester plus ou moins adossé a l’arbre qui avait veillé sur ta nuit tu t’allongea de travers par rapport au feu pour mieux profiter de sa chaleur… quand a la belle endormie tu l’installa entre toi et le feu avant de tirer la couverture sur vous.

Le feu éloignerait les bêtes et l’endroit n’était pas si fréquenté que tu ai a craindre des brigands… Tu passa quelques exquises minutes a détailler son visage endormi… puis, sur une impulsion, décida de la rejoindre au pays des songes…

Pour Gen, s’endormir était presque aussi naturel que marcher. Il lui suffisait de le souhaiter pour le faire… Pas de longue attente insomniaque pour lui… Un peu d’expérience lui avait même appris a dormir (assez profondément pour rêver) tout en étant a cheval…

Il ferma simplement les yeux… Et découvrit la scène qu’il venait de quitter… A quelques détails près : sa compagne, loin d’être endormie était occupée à l’embrasser avec passion… Sans compter la main qu’il sentait s’insinuer sous ses vêtements… Soit. Il fallait si attendre.

Avec ce qu’on aurait pu assimiler a un haussement d’épaules mental il repoussa la scène qui, si elle était fort agréable, n’était après tout qu’un reflet des fantasmes nourris par son inconscient… Il pourrait aussi bien en profiter la nuit prochaine. Non. Pour le moment ce qu’il voulais était simple : sortir de son propre rêve…

La méthode a appliquer n’était, en soi, pas particulièrement compliquée… Mais nécessitais une certaine pratique. Mais surtout… Il aurait été bien en peine de l’expliquer avec des mots. Comment expliquer les règles de cet univers a part ? Enfin… Il suffisait de… s’élever… de s’éloigner… se couper de soi… Bref : sortir.

Et te voilà dehors. Perdu dans une immensité de néant… Au cœur de la voix lactée. Certaines étoiles sont proches… D’autres sont infiniment lointaines… aucun rapport avec la distance physique… Tu n’as pas la moindre idée de ce qui régit ce lieu… mais tu sais que les rêves de ceux que tu connais sont plus vifs, plus brillants que ceux des inconnus…

Tu pense a Harmonie, doux corps endormi entre tes bras… Et le monde se met a défiler… Jusqu'à ce que tu arrive devant une étoile. Une parmi tant d’autre… C’est elle. Tout simplement. Tu te laisse absorber.

Elle avait posé sa tête sur l'épaule de Gen, vaincue par la fièvre qui envahissait peu à peu tout son corps. Elle avait fermée les yeux, ses paupières devenues trop lourdes pour les garder levées. Elle avait tenté de résister au sommeil en répondant à la remarque de son partenaire mais rien à faire, le sommeil était trop fort et Morphée avait vite eu raison de l'archimage.

Harmonie dormait profondément et ne savait rien de ce qui se passait dans le monde réel, elle se trouvait dans le monde des rêves, là où tout peut arriver. Quand elle ouvrit les yeux, elle se trouvait dans un univers blanc, aussi blanc que la neige, qui a la longue faisait mal aux yeux. Des personnes apparaissaient au fur et à mesure: ses parents, son frère, Cirdan, Xadr, Calliopé, Edalion, Nathan, Neelahn, Ilaria, son chef et enfin Gen. A chaque fois qu'elle couriat vers l'un, son image disparaissait et quand elle avait voulu attraper par le bras ce dernier, elle était tombée face contre terre.

Au sol, elle s'était mise à quattre pattes et sanglottait.

-Ne m'abandonnez pas! Ne m'abandonnez pas!

Soudain, elle se sentit transporter ailleurs, quand elle se releva pour voir où ses rêves la conduisait, elle se trouvait à Bénécius et devant elle, une petite fille âgée de huit ans se trouvait devant les portes en fer de la Tour Céleste. Un garde venait d'arriver pour lui ouvrir et la demoiselle s'engouffra dans la Tour. Harmonie se rappelait très bien de jour, elle allait devenir mage blanche et était promise à un bel avenir.

Petit à petit ce monde changea encore, elle se retrouvait dans une clairière où le vent amenait une brise tiède, on se trouvait en été et soudain apparu devant elle Gen. Pourquoi pensait-elle à lui? Pourquoi l'avoir fait apparaitre?
Harmonie avait posé sa main droite sur sa poitrine. Pourquoi a cette apparition, son coeur sembalait-il ainsi? Ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait des hommes, mais c'était la première fois qu'elle éprouvait un tel sentiment de joie mélangé à la gêne.

Voilà que son inconscient s'y mettait, vos peurs, doutes, envies et fantasmes se rélaisent toujours dans vos rêves car votre inconscient les déguise pour les faire passer dans le conscient. Les rêves sont une fenêtre de l'âme d'une personne et en cet instant, Harmonie ne savait pas que le Gen qu'elle avait en face d'elle était bien réel. Elle était certaine que c'était le fruit de son imagination. Les rêves n'étant que des rêves, la jeune fille s'approcha de l'homme doucement et le coeur battant toujours plus vite, elle céda à son envie.
Elle se mit sur la pointe des pieds et embrassa l'homme sans se soucier de quoi que ce soit.

S’introduire dans le rêve de quelqu’un est toujours une expérience étrange… Tout commence plutôt calmement… Comme si on descendait du ciel pour admirer la scène… Un instant de flottement pendant lequel on observe le rêve… Un instant de flottement pendant lequel on ne fait pas partie du rêve… Mais pendant lequel on peut quand même l’observer.

Gen observait avec horreur la jeune femme pleurer… Ce rêve devait être dur… terrible… Que n’aurait-il pas donné pour tendre une main vers elle et la réconforter ? Mais le rêve changeait… Déjà sous ses yeux se passait une scène dépourvue du moindre sens pour le rêveur…

Un pas en avant… Encore. Il imposait peu a peu sa présence dans le rêve… Et bientôt la demoiselle l’intégrerait (d’une manière ou d’une autre) a son rêve… Et ne l’en sortirait plus.

En terme d’étrangeté cet instant était sans aucun doute le plus remarquable… Une force invisible le happait et l’entrainait dans le rêve. Un tourbillon molestant son être pour l’intégrer (purement et simplement) dans cet entité onirique qu’Harmonie associait a Gen.

La première chose qui te frappa fut tout bonnement l’obscurité. Evidement. La jeune femme te rêvait tel qu’elle te connaissait : aveugle. Rares sont les gens qui n’associent pas ce détail de ton anatomie a l’image qu’ils ont de toi…

Immobile tu habite un corps qui n’est pas le tien. Tu es dans un corps qui n’es rien d’autre qu’une poupée entre les mains de l’inconscient de la rêveuse… En prendre le contrôle n’avait rien d’impossible. Mais la tache serait éprouvante… La première chose était d’ouvrir les yeux.

Du moins était-ce là ton idée première lorsque ta tête se baissa pour recevoir un délicat baiser de la rêveuse… D’exquises lèvres venues a la rencontre des siennes… Tu n’as pas besoin de te faire prier pour répondre a l’invite de la jeune femme… Ta volonté se tend pour que tes bras se referment sur elle… Pour lui rendre son baiser avec passion… Mais tu sais que quoi qu’il advienne tu ne fera que ce qu’elle rêve de te voir faire…

Il faut que tu t’habitue au rêve pour en prendre les rênes… Modifier légèrement une action est toujours plus simple qu’en entreprendre une. Pourtant… Plus tu es intégré au rêve et plus il te sera compliqué d’y appliquer ton libre arbitre, de dissocier tes pensées de celles qu’elle aimerait te prêter…

Retrouver la vue. Ce serrait un bon début ça… Un moyen de prendre un peu de pouvoir sur le rêve… Lentement… se pliant a sa volonté son visage torturé s’adoucit alors que la cicatrice en disparaissait… Quand a ouvrir les yeux… ça attendrait que ce baiser prenne fin.

Lorsqu’il ouvrit les yeux ils étaient dans une salle de bal… L’endroit était tout bonnement grandiose… Musiciens… Lustres… Dames et damoiseaux enlacés virevoltant sur la piste… S’il n’avait pas été occupé a admirer sa sublime partenaire (si bien mise en valeur par sa robe) il se serait sans doute demandé s’il ne détonnait pas en ces lieux…

Au moins n’était-il pas défiguré. Un sourire sur les lèvres il éleva la voix, s’inclinant respectueusement devant elle.

- M’accorderez-vous cette dance ?

Vos regards se croisent… Elle acquiesce. Oubliées tes volontés de l’entrainer dans un monde onirique plus libre… Non. Pourquoi aurais-tu voulu interrompre cet instant… Au prochain changement de décors peut-être… A la fin de cette dance… Pas avant.

Oublié les détails insignifiants. Tu te plie aux exigences du rêve et dans ce rêve tu sais danser… Dans se rêve tu as une charmante demoiselle a ton bras… Et le temps n’as plus aucun sens pour vous… Les danses se succèdent… Mais jamais la fatigue ne vous atteint…

Puis une horloge sonna. Sonna la fin du bal… La musique prenait fin… Tout sourire tu rapprocha ton visage du sien pour y cueillir ces lèvres tendues…

Fissure. Fracture. Le rêve se craquelle… Et Gen reprend le plein contrôle de ses pensées… Encore troublé par ce qu’il vient de vivre… Encore frustré par se baiser qu’il n’a pu donner… Il met quelques instants a réaliser ce qui s’est passé. Le rêve d’Harmonie s’est effondré. Et il n’y a qu’une explication a cela : elle s’est réveillée.

Alors le rêveur quitte les limbes… Et s’éveille. A nouveau il est aveugle… La respiration de la jeune femme lui indique qu’elle est bien éveillée… Il tend une main incertaine vers elle… rencontre son dos…

- Merci pour la dance…

Quelques mots… Quatre mots a peine… Mais dont les implications sont… Non… Difficile de les décrire…

Harmonie s’est assise, faisant dos rond comme une chatte qui s’étire. Ses yeux plongés dans le feu ne voyaient rien d’autre que la danse des flammes. Elle revoyait aussi son rêve; pourquoi revenait-il dans sa tête. Elle tourna son visage vers le sien, il était pourtant bien plus âgé qu’elle, il devait avoir une trentaine d’année et elle, elle n’en avait que quinze. Quinze petites années d’existence. Que croyait-elle qu’il allait se passer.
Elle devait revenir sur terre, se reprendre et pourtant son cœur n’avait pas la même envie. Certains disent que le cœur a ses raisons que la raison ignore, ce qui était vrai pour Harmonie en ce moment précis.

Elle se disait qu’il serait préférable pour elle de partir tout de suite, sans rien dire, sans le réveiller. Elle rentrerait à la Tour et s’enfermerait pour un moment dans sa chambre mais elle avait beau se dire cela, elle ne se leva pas pour autant. Sa raison lui dictait une chose mais son cœur, lui en dictait une autre.

Alors que cet affrontement continuait en elle, une main vint toucher son dos, sur le coup, elle ne bougea pas mais quand elle entendit la voix de Gen la remercier pour la danse, tout son corps se raidit. Sa tête se releva, sa colonne vertébrale droite comme un « i ». Que venait-il de dire? Sa respiration se coupa net, son regard se perdit à l’horizon.

Elle se tourna tout doucement, enlevant la main de l’homme de son dos et la posant sur le sol. Elle n’en croyait pas son ouie. Comment pouvait-il savoir que dans son rêve, qui était bel et bien un rêve et non la réalité, ils avaient dansé ensemble. Ses joues devenaient de plus en plus rouge et elle commença à parler en bégayant.

- Que… que dites-vous? Je.. Je ne sais pas… de quoi vous parler. Nous n’avons jamais dansé ensemble. Je me suis endormie… à cause de la fièvre et je viens de me réveiller… il y a environ cinq minutes maximum.

Pouvait-il lire dans les pensées? Harmonie se leva, elle ne comprenait pas ce qui se passait, elle comprenait de moins en moins. Elle regarda autour d’elle, ses affaires: où étaient ses affaires? Elle les voyait, ils étaient à côté de l’arbre. Son esprit commençait à s’affoler alors qu’elle ne bougeait pas. Elle imaginait fuir, courant en prenant ses affaires au vol, montant en quatrième vitesse sur son cheval et retournant à Bénécius au galop. Il ne la suivrait pas comme ça, il ne pourrait pas la suivre, il était aveugle, il ne saurait pas où la chercher.

Mais elle n’arrivait pas à partir, ses jambes, tout son corps tremblait, ses yeux commençaient à avoir des perles d’eau à leurs extrémités. Elle allait pleurer. Pourquoi? Non, elle ne pouvait pas se mettre à pleurer comme une petite fille devant cet homme. Ce serait perdre toute crédibilité, si toute fois, elle en avait eu.

Réaction standard. A présent qu’il a une bonne idée (et pas seulement au toucher) du visage de la demoiselle, Gen se l’imagine fort bien… Il imagine parfaitement l’expression d’incompréhension dans son regard… Cette impression de perde pieds que même sa voix chamboulée ne pouvait totalement retranscrire.

Après tout quelqu’un venait de la remercier pour un rêve qu’elle venait de faire. Difficile de faire plus improbable. Difficile de faire plus dérangeant. A l’origine il avait voulu lui expliquer ça dans le rêve… mais il n’avait pas eu la motivation… le courage… la volontée de briser le rêve dans lequel elle l’avait emporté.

Et les choses allaient se compliquer. Restaient deux options. Dire la vérité (de bout en blanc) et passer (au choix) pour un fou ou un malappris venant fouiller les rêves des gens sans rien leur demander… Ou (peut-être) un pervers influant les sentiments de la jeune femme… L’autre option n’était pas bien glorieuse. Il s’agissait de mentir. Ou du moins de ne pas révéler toute la vérité.

Pas franchement satisfaisant. Pour ne pas dire pas du tout. Mais bon. Il y a peut-être moyen de feinter… Alors autant essayer. Le rêve qu’elle t’as offert altère encore un peu ton jugement… Tu en as conscience… difficile de ne pas être quelque peu troublé par sa présence après… ça.

Mais ce n’est pas comme si c’était foncièrement désagréable…

Alors tu prend un air (relativement) contrit en prenant la parole…

- Heu… désolé… je… encore dans mes pensées… Pas bien réveillé… Je… j’ai rêvé… pardon. Je n’aurais pas du… mais…

Oui… Tu es perdu. C’est pas forcément simple de dire la vérité. Pas alors que tu veux avoir l’opportunité de vivre une nouvelle fois ça… A quand remonte donc la dernière fois que ce trouble s’est imposé a toi ? Bon… Si tu compte les rêves ça n’est pas réellement équitable… Et là… il émane (tu le sais) en grande partie du rêve… Mais voilà. Il as une fâcheuse tendance a te déteindre dessus (ce rêve)…

En parlant tu t’es relevé pour être assis aux côtés d’Harmonie et tu tend une main vers elle… Tu veux simplement attraper sa main pour qu’elle ne puisse pas s’enfuir… Pas avant d’avoir entendu tes excuses. Après tout tu as violé son intimité de la pire manière qui soit… Et étrangement (pour une fois) tu es presque sincère en t’excusant…

Harmonie s’était retournée, le visage tellement pâle qu’on aurait dit qu’elle était morte sur place. La jeune fille ne comprenait pas ce qui se passait, elle avait reposé la main de cet homme en douceur et celui-ci la rattrapait. Il lui attrapa la main et se plaça près d’elle avant de parler. Son cœur s’était stoppée net, au moment où elle allait se lever, il la retenait.

Il s’excusait, il déclara qu’il venait de rêver et qu’il n’était pas encore totalement réveiller. Harmonie se sentit à la fois rassurée et à la fois stressée. Il avait si elle avait bien compris fait un rêve dans lequel ils avaient tous les deux dansé ensemble. Dans son propre rêve, c’était ce qui s’était passé. Combien y a-t-il de chance pour que deux personnes qui ne se connaissent quasiment pas fassent le même rêve en même temps ? Très peu, trop peu même. Elle n’y croyait pas.

Harmonie enleva sa main et se leva, une fois debout, elle ferma les yeux puis les rouvrit. La situation allait lui échapper, il ne restait qu’une chose à faire, rentrer pour Bénécius. Elle regarda l’homme, une dernière fois puis récupéra ses affaires, sans rien dire. Elle alla jusqu’à son cheval et monta.
Elle partit au galop dans les bois, elle finit par stopper l’animal pour descendre et fondre en larmes.

Que lui arrivait-il ? C’était bien la première fois qu’elle se retrouvait dans un état pareil, elle arriva finalement à s’arrêter de pleurer et sécha ses larmes, elle s’assit près d’un tronc d’arbre et reprit les évènements calmement. Ils avaient tous les deux rêvé de la même scène. Elle se mit à réfléchir si elle connaissait une caste capable de faire cela. Au bout de quelques minutes, elle se rappela d’une caste : les shamans. Elle avait lu, il y a un petit moment, qu’ils avaient des pouvoirs psychiques, ils étaient donc peut être capable de sentir les rêves de certaines personnes.

Elle se sentit bête tout d’un coup et fit faire demi-tour à son cheval, le visage de Gen la hantait, elle l’avait laissé là comme un idiot sans rien dire et s’il lui était arrivé quelque chose. Elle se reprocha de ne pas réfléchir avant d’agir, ce n’était pas la première fois que son idiotie l’emportait. L’archimage revint sur place, il n’avait pas bougé. Elle mit pied à terre et tout doucement, elle lâcha les raines et s’avança vers l’homme qui s’était remis debout et qui semblait près à partir.

Elle tendit sa main et l’appuya contre le dos de l’homme. Elle ferma les yeux.

-Ne partez pas… s’il vous plait… j’ai agis comme une enfant… comme une idiote. Excusez-moi… je devrais réfléchir avant d’agir, cela risque de me couter cher un jour ou l’autre… on me l’a déjà dit. Je crois… savoir ce qui s’est passé… ne seriez vous pas un shaman par hasard ? On dit qu’ils ont des pouvoirs psychiques, ce qui explique que nous ayons fait le même rêve.

Harmonie avait toujours les yeux fermés et voilà que des larmes revenaient à ses yeux, avait-elle encore besoin de pleurer ? Peut être pas, mais s’il partait, elle serait capable d’aller se noyer dans le lac, plus le temps passait et plus elle se sentait seule bien qu’elle rencontrait des gens et qu’ils deviennent ses alliés, cela ne changeait rien au fait que dans son cœur, elle sentait un froid passer en son dedans.

Quand elle rouvrit les yeux, elle vit le sac posé au sol. Il ne partait donc plus, cela était une bonne nouvelle. Une nouvelle chance se présentait à elle, un nouveau commencement.

-Et si nous reprenions dés le début ? Je me nomme Harmonie, je suis mage blanche et vous êtes ?

Un sourire revint sur son visage, lui, forcément, ne pouvait pas le voir mais ce n’était pas grave.

Au final le pire était advenu. Elle avait pris la fuite… Sans demander son reste. Sans essayer de comprendre. Comment aurait-il pu la blâmer ? Après tout… Il était a l’origine de cette situation pour le moins déstabilisante… Il y avait de quoi choquer a peu prés n’importe qui…

Et du rêve qu’il avait distingué elle ne devait pas être bien âgée… Et humaine qui plus est. Elle a probablement vu moins d’étés que toi lorsque tu as quitté ton village… Moins que n’en avaient vu tes deux charmantes jumelles a cette même époque. Et pourtant… Elle était humaine. Et les humains de ton âge étaient considérés depuis longtemps comme des adultes mûrs.

Les humains de ton âge étaient généralement mariés. Avec des enfants… Alors que toi… Tu es a peine adulte. La preuve vient encore d’en être faite. Jamais un adulte n’aurait fait pareille bourde…

C’est les épaules voutées que tu entrepris de ranger tes affaires… Mieux valait partir. Après tout… Cette nuit une opportunité de t’excuser te sera offerte.

Ce fut d’abord le tonner des sabots de son cheval qui te firent relever la tête… Quelqu’un venait ? Ami ? Ennemi ? Impossible de savoir… Foutue cécité.

Pour l’instant rien ne prouve que l’inconnu s’intéresse a toi. Donc autant faire profil bas et continuer tes petites affaires… Ton cœur manque un battement lorsque les sabots cessèrent de marteler le sol.

C’était donc pour lui. Bonne ? Mauvaise nouvelle ? Sa volonté de gaina alors qu’il se préparait a repousser violement un éventuel agresseur… Ses chances frisaient le zéro absolu mais ce n’était pas une raison pour ne pas vendre chèrement sa peau.

Ses pas sont légers… Sa respiration légèrement saccadée… Rien n’indique les intentions de l’arrivant… Et lorsqu’il pose sa main dans son dos Gen se crispe… Que… Qui ? Une femme a en juger par la taille de la main… Harmonie ?

Sa voix confirment l’hypothèse… Elle est revenue. Elle s’excuse ? Pourquoi ? Après tout il est seul fautif dans l’histoire…

Il laissa son sac tomber a ses pieds et se retourna. En cet instant il bénissait cet esprit qui avait emporté ses yeux… Et avec eux toutes les larmes qu’il aurait pu verser. Comment sinon aurait-il pu se tourner vers elle ? Elle aurait vu les larmes de dépits qui auraient coulé sur ses joues… celles de soulagement en la retrouvant…

- Harmonie ?

Une main délicate monta vers son visage… Confirmer ce qu’il savait déjà en entendant sa voix : elle pleurait. Par sa faute. D’un doigt il repoussa l’une des larmes, prolongeant son geste en une caresse un peu plus tendre…

- Tu ne devrais pas pleurer. Tout es ma faute…

Et voilà qu’il la tutoyait. Imbécile. Mais comment lui parler autrement après cette dance ?

Et la voilà qui propose de tout reprendre a zéro.

- Je… Merci.

Tu t’éloigne d’un pas. Effectue une petite révérence.

- Gen O’sou, shaman… a votre service.

Une main se lève pour lui interdire de rebondir.

- Mais les shamans n’ont pas pareils pouvoirs. C’est quelque chose de personnel. Qui me permet de voyager dans les rêves… je… heu…

La suite allait être compliquée a expliquer… Et probablement gênante. Elle se souvenait probablement a la perfection de son rêve. Au moins de la partie dans laquelle il avait été réellement présent… Il en avait toujours été ainsi… Pas de raison pour que ça ne soit pas son cas a elle.

Et surtout… comment s’excuser ? S’excuser d’avoir agit ainsi ? Et de ne pas l’avoir avertie ? Non… Pour avoir une chance de s’en sortir mieux valais lui laisser prendre un peu les devants…

Qu’elle pose ses questions.

Harmonie est là comme une idiote, le bras tendu, la main posée dans le dos, pour lui montrer sa présence. La tête baissée, les yeux fermés, les larmes qui coulent, une voix saccadée par les pleurs et une reprise de respiration après avoir été en apnée. Elle est là, ne bouge plus d'un pouce car elle ne sait pas quoi faire, et voilà qu'il se retourne vers elle et que d'une main, il enlève une de ses larmes avant de poser cette main sur sa joue et de la faire rougir.

La jeune fille le regarda stupéfaite, d'un coup elle se rend compte qu'il lui semble moins vieux d'un coup. On dirait qu'il n'a que quelques années de plus qu'elle. Et le voilà qu'il se met à parler, il lui dit qu'elle ne devrait pas pleurer. Non, c'est vrai? Elle le sait mais ne peut pas s'en empêcher, c'est un besoin maladif, un besoin d'espier ces fautes par la souffrace de son coeur.

Le voyant s'arrêter au milieu d'une phrase, elle saisit l'occasion et lui propose de reprendre à zéro, dans la voix de Gen se sent le remerciement qu'il exprime finalement mais aussi de la gêne. Pour tout ce qui vient de se passer certainement, mais ce n'est pas le seul à éprouver de la gêne sauf qu'Harmonie la cache bien au fond d'elle-même.

Il recule et lui fait un salut en se présentant. Et alors que la jeune fille souhaite approuver ce qu'elle vient de dire, il lui interdit de parler et lui explique que d'aller dans les rêves des gens est un pouvoir personnel et qu'il est possible que personne d'autre ne le possède dans sa caste.
Harmonie ouvre de grands yeux, beaucoup de choses se bousculent dans sa tête.

- Donc si je comprends bien, vous voulez dire que vous étiez dans mon rêve et c'est un peu comme si cela avait été la réalité. Ce qui veut dire que vous savez que...

Elle s'arrête net, trop embarassée pour continuer, déjà la phrase avait été dites doucement, quasiment sur le mode du murmure, espérant que qu'il ne l'ait pas entendu. Un souvenir lui revient: le baiser. Etait-il déjà présent à ce moment-là? Très certainement, dans quelle situation ne c'était-elle pas mise.

Elle enfouie son visage brûlant dans ses mains, tournant sa tête dans tous les sens, refusant de voir la vérité, se disant que c'est un mauvais rêve qu va se terminer. Mais elle lui pose tout de même la question:

-A partir de quand avez-vous interférez avec mon rêve?

Elle a peur de la réponse, c'est comme si son coeur s'arrêtait de battre une nouvelle fois, elle le regarde le visage décomposée. Elle est heureuse d'un coup qu'il soit aveugle, qu'il ne puisse pas voir tous les sentiments par lesquels passait son corps.

-N'ayez pas peur de me répondre, dites-moi la vérité. Quelqu'elle soit, je ne partirais pas, je ne m'enfuierais pas. Je ne bougerais pas d'un pouce.

Après avoir eu la confirmation de ce qu'elle craignait, ses mains retombent dans le vide et ses yeux se ferment, elle a besoin de se calmer. Elle qui croyait avoir vécu un simple rêve, fruit de son imagination, venait d'apprendre que le personnage qu'elle croyait issu de son invention avait bel et bien été présent depuis le début. Foutu pour foutu, elle cherche quoi faire en pareille circonstance. Et pourquoi pas reprendre là où s'était arrêté le rêve? Au moment, où elle voulait de nouveau l'embrasser?
Tout doucement, Harmonie se rapproche du shaman et se met sur la pointe des pieds, les mains posées sur le buste de l'homme délicatement, cherchant à voir s'il la repousse ou non. Elle approche une nouvelle fois ses lèvres des siennes et se dit en elle-même que ce baiser-là, elle ne pourrait pas dire qu'il n'était pas réel.

Un voyant n’aurait probablement pas entendu la phrase murmurée par Harmonie. Non. Un voyant n’aurait prêté attention a un murmure aussi léger… Oh… Il aurait sans doute vu les lèvres de la mage bouger… Il se serrait probablement questionné sur ce qu’elle avait voulu dire… L’aurait questionnée.

Gen, lui, avait depuis longtemps du arrêter de se fier a sa vue. Elle l’avait laissé. Elle lui avait été prise. A jamais. Et c’est sur ses autres sens qu’a présent il reposait. Son ouïe s’était affinée... Toujours plus fine pour tenter d’être (d’une certaine manière) a la hauteur…

Dans un simple murmure qu’elle n’entendrait probablement pas il répondit :

- D’une certaine manière… Mais dans le rêve de quelqu’un je suis sujet a ses règles…

Il aurait peut-être poussé plus loin les explications. Il aurait peut-être élevé la voix suffisamment pour qu’elle puisse l’entendre si elle n’avait posé une question : A quel moment ? Cette question… il l’avait laissé informulée. Espérant pouvoir repousser le moment ou il devrait y répondre… Sachant pertinemment qu’il devrait en passer par là. Révéler a quel point il avait violé son intimité.

- Je…

Hors de question de lui mentir. Et sa promesse te permet de répondre d’une voix qui ne tremble presque pas.

- Lorsque je suis entré dans votre rêve le décors a changé. Vous étiez seule. Isolée. Vous pleuriez ceux qui vous ont quitté. Et… Le rêve c’est adapté a moi. Vous m’y avez intégré.

Plutôt bien joué. Tu es fière de toi. Ce n’est qu’une petite pirouette mais ça t’as évité de vous mettre tous les deux dans une position gênante en parlant de manière explicite de ce qui s’était passé. Comment lui expliquer tout ça sans lui mentir ? Comment allait-elle le ressentir ? T’accuser d’avoir modelé le rêve a ta manière ? Probablement… Et si tu tentais de lui expliquer… tu ne vaudrais pas mieux qu’un enfant essayant de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre.

D’autant que ce n’est pas exactement comme si tu avais souhaité t’opposer a ce qui se passait… Si tu l’avais souhaité tu aurais pu briser le rêve. T’y imposer… Et ainsi parler avec elle… Peut-être même l’entrainer en dehors… Pour ne pas la berner plus longtemps. Mais tu n’en avais pas eu le cœur. Le courage. Non. Elle t’avais si bien envouté…

Mais de toutes les réactions envisagées celle qu’elle choisit ne t’avais même pas effleuré l’esprit : elle se rapprocha de toi. Se glissa dans tes bras. Chaude. Délicieuse. Inquiète. Tentante… Elle se glissa jusqu'à toi pour déposer sur tes lèvres surprises un baiser.

Il faut presque une seconde pour que la tension de la surprise t’abandonne… Une seconde pendant laquelle tu ne répond pas a ton invite. Une seconde pendant laquelle tu es figé hors du temps. Une seconde pendant laquelle ton cœur a oublié de battre.

Puis tu te rappelle. Tu te rappelle qu’elle est là. Belle. Tout contre toi. Et bien réelle. Ce n’est pas un rêve ou ton corps agit sans réellement te demander ton avis. Non. Si tu ne lève pas les bras pour l’empêcher de partir elle vas t’abandonner. Si tu ne lui répond pas elle pensera que
tu la repousse… Qu’elle te laisse indifférent…

Déjà elle s’éloigne de toi lorsque tu l’enlace. Une main au creux de ses reins la plaque contre toi… l’autre viens trouver sa nuque pour rapprocher une nouvelle fois ses lèvres des tiennes… Et tu l’embrasse.

Ce n’est pas une réponse chaste au baiser qu’elle t’as fait… non. Tes lèvres s’entrouvrent… Ta langue viens caresser les lèvres de la demoiselles… Les invitant a s’ouvrir…

Exquise. Depuis combien de temps ce corps n’as-t-il pas connu cet exquis contact ? Et surtout… Combien de fois en a-t-il profité avec autant de sincérité ? Et Harmonie était hésitante… étrangement hésitante. Pas cette hésitation d’un premier baiser offert a quelqu’un… Non. Ce n’était pas cet instant d’incertitude qui se transforme en passion…

Il y avait autre chose. Quelque chose qu’il n’aurait su décrire s’il ne l’avait pas vécu des milliers de fois… Plusieurs fois par nuit pendant des années… Ce baiser qu’il avait échangé avec Letie… Elise toute serrée contre lui qui s’était fait en devoir de faire de même… Par jalousie ? Non… Elles n’avaient jamais été jalouses l’une de l’autre…

Le premier baiser. Etait-elle plus jeune qu’il ne se l’était imaginé ? Les vies des humains sont si courtes…

Pourtant la danse de leurs langues eu tôt fait de balayer toute autre pensée… Oubliées les deux belles qui hantaient ses nuits… Pour un temps du moins Harmonie était là… Et même si elle semblait totalement perdue elle savait intuitivement comment accaparer toute l’attention de l’aveugle…

Son corps, ses formes, serré contre toi… Ce qu’elle avait éveillé en toi un peu plus tôt avant que vous ne dormiez n’était plus rien par rapport a ce qu’elle t’offrait a présent…

Finalement vos lèvres se détachèrent…

La caresse dont elle te gratifia te fit frissonner… La peau de ta cicatrice était terriblement sensible… Et ses doigts courant le long de tes paupières cousues était presque douloureux… Pourtant tu en savourais le passage… La délicatesse… L’intimité… Qu’elle montre tant de tendresse pour cette ignoble boursouflure de chaires mortes que même les soins magiques n’ont pu faire cicatriser proprement éveille un certain trouble en toi…

Dans son rêve (tu t’en souviens) tu n’as pas eu besoin de soigner la blessure avant d’ouvrir les yeux comme tu le dois habituellement… Non. Elle te vois comme si elle n’était pas là. Elle vois par delà elle. Elle te vois.

Quelques instants de bonheur passent… Enlacés… Sans prononcer un seul mot… Simplement biens. Puis elle bouge a nouveau et tu sent ses lèvres chercher une nouvelle fois les tiennes. Et cette fois c’est elle qui t’embrasse… Et la timidité dont elle avait fait preuve la première fois est bien loin…

Ce n’est pas meilleur. Non… Mais c’est différent. Plus doux… Plus intime. Vous lèvres ne sont plus des étrangères qui se rencontrent.

Cette fois lorsque vous vous écartez tu t’éloigne un peu plus… et (la tirant délicatement avec toi) retourne t’adosser a l’arbre ou elle t’as trouvé endormi…

- Je n’aurais pas du me faufiler dans tes rêves… Mais force est d’avouer que je ne le regrette pas.

Saisit d’une étrange impulsion tu enchaine :

- Si tu le souhaite je peux te montrer d’autres rêves…

Les mots sortent de ta bouche avant que tu ne les pensent convenablement. Tu ne pensais pas aux tiens (dieux non… mieux vaudrait qu’elle ne les visite pas) mais au monde qui s’étend au delà des rêves… Tu viens de gaffer ? Sans doute…. Encore. Reste a voir comment elle vas réagir.

Embrasser quelqu'un n'est jamais chose facile, cela implique certaines autres choses, cela implique avoir un minimum de sentiments pour l'autre sinon à quoi bon l'embrasser si ce n'est pour lui prouver sa tendresse. Elle avait toucher toute tremblante ses paupières cicatrisées, cet homme qui avait perdu la vue, elle ne le connaissait même pas, elle ne connaissait rien de lui si ce n'est son statut de shaman et que c'était un homme plus âgé qu'elle. Après qu'il l'ait embrassé, elle avait cherché à retrouver cette sensation de bonheur et l'avait embrassé d'une manière plus certaine d'elle-même il fallait bien l'avouer. La première fois, elle avait été surprise par ce contact, par tout ce qui l'entourait par tout ce qui s'était suivis.

Quand leur lèvres se séparèrent, il s'éloigna un peu d'elle et lui prenant le bras, il la tira délicatement vers l'arbre où elle l'avait trouvé où il s'adossa. Il la lâcha et se mit à parler, il n'aurait pas dut entrer dans son rêve, il le savait mais ne le regrettait pas. D'une certaine manière elle non plus. S'il n'était pas entré dans son rêve, il n'aurait pas sut que si c'était passé, elle ne serait pas partit puis revenue mais surtout, ils ne se seraient pas embrassés.

Puis il lui proposa de voyager, d'aller voir d'autres rêves. Cela lui sembla un peu risqué, et s'ils tombaient sur les rêves d'une personne cherchant à les tuer que feraient-ils? De ce qu'elle avait cru comprendre, lorsqu'on est dans le rêve de quelqu'un, on se plie à ses volontés. Elle ne répondit pas sur le coup, la tête baissée, les yeux fermés, les mains sur sa poitrine.

-Je ne suis pas sure que ce soit une bonne idée... mais... si tu peux me promettre qu'il ne m'arrivera je veux bien te suivre.

Elle le tutoyait maintenant? Bah faut dire que lui c'est ce qu'il faisait et puis ces baisers avaient mis fin au vouvoiement. Quand on embrasse quelqu'un si on le vouvoie ensuite, ça risque de faire bizarre, elle avait donc opté par le tutoiement. Elle ne disait plus rien, si cela se trouvait, il aurait préféré qu'elle refuse, peut être n'avait-il dit ça que de manière à combler un blanc. Elle aimerait en savoir plus sur lui mais ce n'était pas le moment de poser des questions indiscrètes. Après tout, lui non plus ne savait quasiment rien sur elle, tous deux avaient le même nombre d'informations sur l'autre et il s'en fichait.

Le présent était un cadeau très précieux qu'il fallait chérir et Harmonie comptait bien profiter de chaque instant avec lui, elle savait bien qu'elle devrait repartir, qu'elle devrait rentre à la Tour et le laisser vagabonder. Elle avait une promesse à tenir, elle ne pouvait pas partir comme cela sans prévenir, au pire, elle devait au moins rentrer à Bénécius pour faire ses affaires si elle voulait le suivre mais ce n'était pas son intention, ils se reverraient et se retrouveraient, elle le savait. Alors à quoi bon penser au futur quand on vous offrait si charmante compagnie.

-Mais je crois d'abord qu'il serait préférable de manger. Le temps passe si vite quand on s'amuse.

Le soleil allait bientôt atteindre son apogée. La mage se posa près du feu et remit un peu de bois, il restait des braises, le feu repartirait assez rapidement.

Elle a peur (au moins un peu) et c’est tout naturel. Il est naturel d’éprouver une certaine appréhension face a l’inconnu… Et il n’es rien de plus étrange et inconnu que les rêves… Et a plus forte raison les rêves d’autrui.

- Tu es libre… Mais je ne te ferais pas ce cadeau s’il risquait de te blesser… Il y a peut-être quelque chose que tu désire apprendre ? Un endroit que tu aimerais visiter ? Quelque chose que tu souhaiterais trouver ?

Bon. Tu exagère peut-être un peu en disant qu’elle ne risque pas d’être blessée : si elle accepte ton cadeau tu l’emmènera au delà des rêves ou évoluent normalement les dormeurs. Tu lui offrira un voyage en ce monde ou les blessures se répercutent jusque dans le corps physique des gens… Tu n’as pas la moindre idée a ce qu’il adviendrait si jamais quelqu’un meurt en ces lieux… Mais tu sais (pertinemment) que les écorchures dont tu as pu écoper en traversant (prosaïquement) un buisson se font un plaisir de saigner a ton réveil…

Alors tu préfère ne pas penser au pire. Par ailleurs la solitude presque absolue qui règne en ces lieux en fait un endroit particulièrement sûr… Bon. Il demeure toujours le risque d’un rêveur égaré… D’un fragment de cauchemarda baladeur… Ou celui de croiser l’un des (rares) résidents de ces lieux.

A peine plus dangereux que le monde réel… Et là bas… La bas tu peux détourner le cours d’une rivière par la simple force de ta volonté… Jamais encore tu n’as été réellement menacé là bas… Il n’y a aucune raison pour que ça commence.

Elle s’était un peu éloignée de lui… Elle l’avait quitté. Elle n’était qu’a quelques pas, occupée a raviver le feu, et lui proposait de manger… Ce n’était pas du tout une mauvaise idée… Et ce n’est pas comme si les provisions allaient manquer. Bon. Rien de bien délicieux. Mais son sac était principalement remplis de rations… De quoi tenir pendant plusieurs semaines…

A condition d’être prêt a se nourrir de biscuits, de pain de fromage et de viande séchée. Avec (de temps en temps) quelques raisins secs et autres fruits du même acabit pour égayer son ordinaire…

- Hum… Vrais qu’il commence a faire faim. Tu as quoi ?

Pour sa part il avait attrapé (du bout du pied) son sac et l’avait ramené jusqu'à lui histoire d’en extirper quelques vivres… Il y a probablement moyen de cuisiner quelque chose avec tout ça… Mais ça fait maintenant plusieurs années qu’il a abandonné… Non. En aveugle c’est bien trop malaisé…

Enfin… Le fromage n’est pas encore trop sec… Et ton pain peut encore être coupé a la dague.

- Désolé par contre… Ce n’est rien de bien délicieux…

En terme d’agrément tu te contente fort bien de tes rêves… Et de quelques gourmandises de temps a autres. En terme de gourmandises d’ailleurs ta main s’est refermée sur la flasque d’eau de vie de poire qui t’accompagne bien souvent… Et la fraicheur ambiante te dit qu’une gorgée ne sera pas particulièrement désagréable.

- Tu en veux un peu ?

Sans attendre la réponse tu porte le goulot a tes lèvres en bois une gorgée… Pas plus. Tu n’en a pas beaucoup… Et être saoul ne t’as jamais particulièrement attiré. Tu profite simplement de la chaleur de l’alcool et du délicieux goût fruité de la liqueur… Avec un sourire tu lui tend ta flasque.

Elle était prêt du feu, à essayer de faire brûler bois comme elle pouvait puisqu'elle ne pouvait de toute manière pas compter sur son compagnon aveugle pour le faire repartir. Elle travaillait et quand elle entendit de tous petits crépitements signifiant que le bois commençait enfin à s'enflammer son compagnon lui demanda s'il y avait quelque chose de particulier qu'elle voulait voir.

- Non. Je voudrais juste me rendre compte s'il y a une différence de perception entre le rêve qu'on fait et voir le rêve de quelqu'un d'autre. Je suppose que oui mais j'aimerais m'en rendre compte par moi-même.

Elle alla à son cheval et déchangea son sac, elle avait sur elle des légumes et de la viande. Ainsi que des fruits.

-Je te propose un ragout. Tu es partant?

Elle s'était assise près du feu et coupait les légumes en morceaux, déjà pour elle et s'il lui répondait oui, elle en recouperait pour avoir deux portions. Elle mit un peu d'eau dans la casserole et posa le tout sur le feu. Elle prit sa viande et une planche de bois qu'elle avait crée à la tour dans un moment de liberté et coupa finement la vaiande qu'elle ajouta aux légumes.
Pendant que le repas cuisait, elle ajouta doucement des épices et remua délicatement. Cela prenait forme et l'odeur qui s'échappait était plus que cloncluant à son goût. Elle tourna la tête vers l'homme, il avait du fromage.

-Je peux te prendre un peu de fromage?

Elle s'était accroupie devant le sac, attendant d'avoir l'approbation. Puis elle prit un morceau de fromage et le coupa en petit morceaux avant de l'ajouter à la préparation. Laisser encore quelques minutes et ce serait prêt. La demoiselle se retourna vers son compagnon, il lui proposait une boisson, elle prit la bouteille dans les mains et passa le goulot sous ses narines pour savoir de quoi il s'agit: alcool.
Comme une lumière dans sa tête elle tendit de nouveau la bouteille à son propriétaire.

- Je te remercie de ta proposition mais je ne suis pas très portée sur l'alcool. Désolée.

Désolée de quoi? Elle n'en savait rien mais elle vait pensé que ce serait plsu poli si elle rajoutait ce mot. Elle s'assit sur le sol en attendant la fin de la cuisson.

- Gen? Je pourrais te poser une question? Comment t'es-tu fais ça? Je veux dire: comment es-tu devenu aveugle? Bien sur si tu ne veux pas répondre je comprendrais.

Elle était allée un peu loin là, c'est pas une question qu'on pose comme ça et surtout à une personne qu'on ne connait que depuis quelques heures.

Ce ragout qu’elle prépare sent délicieusement bon… Surtout pour quelqu’un habitué a manger froid. Et alors qu’elle cuisinait il n’avait pas grand chose a faire… A part écouter le monde… écouter cette petite princesse affairée a quelques pas de là… Sa respiration… Le moindre de ces mouvements…

Le vent dans les branches au dessus de vous… le clapotis de l’eau heurtant la berge a quelques mètres de là…

Paisible havre de paix qui s’offrait a eux… Nulle rumeur de vie humaine (ou assimilable) ne parvenait a l’aveugle… Comme s’ils étaient là. Figés hors du temps. Ça ne durerait pas. Bien entendu. Mais ce n’était pas une raison pour ne pas s’en délecter. Vivre de cet instant de plaisir avant de plonger (a nouveau) dans la tourmente… Car il le sait : aussi charmante qu’elle puisse être… Jamais, jamais elle ne lui fera oublier Letie… Jamais il n’oublierait Elise… Pas avant qu’il les ai retrouvées.

Pourtant lorsqu’elle s’assit (non loin de lui) et repris la parole ces pensées sombres s’envolaient déjà au loin… Elle le questionnait sur son passé… Et loin de s’en sentir offusqué (comme une intrusion dans sa vie privée) il s’en sentait flatté… Heureux qu’elle souhaite en apprendre plus sur lui… Un sourire. Il tend la main vers elle… Pour trouver la sienne… Pour trouver quelque chose d’elle… La toucher…

Il sourit lorsque ses doigts rencontrent le tissus de la robe de la jeune femme… Une idée lui vient. Une manière de réaliser son offre sans glisser sur la mauvaise pente… Et de répondre a cette question.

- Mes yeux… Ce serrait très long a raconter… Ne t’en fait pas tu ne m’as pas vexé… Je te montrerais tout ça tout a l’heure… lorsque nous dormirons.

Il se lève… fait quelques pas prudents… son pied rencontre le corps de la jeune femme et (délicatement) il s’agenouille près d’elle… il l’enlace. Etrange comme cette sensation de sentir un corps chaud contre le sien a pu lui manquer. Etrange comme elle l’emplit de félicitée… Etrange ? Pas forcément tant que ça quand on y pense.

Tu aurais pu ajouter quelques mots… Des mots faits pour la titiller… pour l’inciter a répondre a tes gestes… Pour l’engluer dans ta toile… Oui. Tu aurais pu. Mais tu te contenta, muet, de repousser ses cheveux du bout de ton nez pour lui embrasser le cou.

Visiblement il était allé trop vite. Trop vite pour la jeune femme du moins… Elle s’était éloignée presque aussi tôt… Libre a elle. Les limites qu’elle venait de poser il ne chercherais pas a les franchir une nouvelle fois.

Déjà une fois il avait eu le mauvais goût de "forcer" le passage… Il ne recommencerait pas. Pas plus qu’il ne chercherait a s’insinuer dans ses rêves…

Calmement il se laissa aller sur le sol… et attendit. Tout simplement… Il aurait pu se laisser aller a dormir… Il le peut presque toujours… Mais il ne peut s’empêcher d’écouter avec attention la respiration de la demoiselle…

Ce n’est pas celle de quelqu’un qui a transigé froidement… Non. Effrayée ? Triste ? Tu ne saurais dire… Mais dans les deux cas ça veux probablement dire que tu l’as blessée…

C’est sans un mot que tu reçoit le bol qu’elle t’apporte… Ton esprit commence a divaguer… Dormir ? Oui… ça te ferais sans doute le plus grand bien. Peut-être même sombrer dans les limbes pour une fois… Dormir d’un véritable sommeil… Depuis quand ? Deux ? Trois semaines ? Oui. C’est sans doute là ce qui trouble ton jugement…

Le plat qu’elle a fait est bon. Et le rêveur en savoure chaque bouchée… Et lorsque, finalement, il le repose un sourire satisfait flotte sur ses lèvres… Et il se serrait probablement endormi si une goute d’eau tombée des cieux ne l’avait averti qu’une averse se profilait.

Tout habitué qu’il était aux rudes conditions de la vie en plein air il ne tenait pas a se faire saucer s’il pouvait l’éviter… Alors il entreprit de monter sa tente. Ce n’était rien de bien complexe… Mais sans rien voir ça demandait une certaine attention… Et surtout une grande habitude du matériel.

En cinq minutes a peine il avait monté un abris qui (a défaut d’être grand) était étanche… Il y plaça son paquetage avant de s’y glisser… D’un sourire il invita la jeune fille a faire de même si elle le souhaitait. Ce serrait serré… Mais pas impossible. Lui, en tout cas, ne comptait pas bouger sous la pluie pour le seul prétexte qu’il faisait jours.

Après tout pour lui la nuit n’était guère plus sombre que la journée…