La nuit avait été froide. Mais quelle nuit ? Avait-il fermé l’œil ne serait-ce qu'une seule petite seconde ? Cela en est moins sûr. Tout ce qui est sûr, c'est que nous avons pu percevoir, une ombre, dans la froideur de la nuit, bougeant au rythme des pas de son cheval. Le fier Ekyl n'avait cessé de vagabonder, portant aisément son maître et tout l'attirail qu'il emporte avec lui.
La nuit avait été fraîche et humide. Il était aisé de deviner que cette journée serait torride. Rien de mieux que d'aller faire un tour à l'oasis la plus proche, afin de refaire son stock d'eau, ainsi que de permettre à son destrier de se reposer, quelques instants.
Notre jeune homme connaissait bien ces lieux. Il avait appris à communiquer avec ce désert, qui a longtemps été son isoloir. Lui, le bâtard de ses races. Rien qu'à l'odeur du sable, à l'impact que les rayons de soleil avaient dessus, il pouvait repérer les oasis. Il les sentait. C'était tout naturellement qu'il les trouvait... Ce n'était pas un don pour autant, juste une façon de survivre, dans ce vorace désert.

Les douze coups de midi venaient de retentir. La faim ne se faisait toujours pas ressentir, la soif non plus. Avoir soif, quel douce mort, dans ces contrées. On apprend aussi, à faire sans, avec le temps.
Une tempête de sable se dressait à l'horizon, entre notre jeune nomade et sa cible.
D'un air amusé, il se contenta tout simplement de plaquer son écharpe, contre son visage. Cachant de la sorte son nez et sa bouche, lui permettant de respirer sans pour autant avaler de sable.
Cependant, cela ne faisait pas tout. Il serait donc aveugle, traversant cette tempête.
Mais cela ne dérangeait pas notre homme. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'il en traversera une. Quand on pense que n'importe quel homme normal aurait tout fait pour éviter cette tempête... Cette simple idée lui donna un rictus amusé, l'instant d'après, un léger coup de talon était porté sur son fier Ekyl, et les voilà tout deux lancés à travers cette péripétie naturelle.
Courbé en avant, presque couché sur ce qui était devenu son ami, Kannwu avançait rapidement à travers cette petite tempête. Son cheval semblait être habitué à ce genre d'exercices. Il galopait à travers le sable, comme s'il n’existait pas. Ce spectacle -que l'on ne pouvait malheureusement pas observer- montre l'aisance que les hommes du désert ont à vivre avec, s'en était presque beau, s'en était presque éblouissant.

Du monde. Il y avait du monde de l'autre côté de cette tempête de sable.
Oui, il le sentait. Kann' n'avait pas l'habitude de ce genre de surprise. La solitude était sa meilleure amie. Qu'allait-il trouver, une fois son parcours terminé ? Sur quoi allait-il tomber ?
Un hochement de tête, un redressement et Ekyl comprit instantanément la marche à suivre. Celui-ci se mit tout simplement à marcher, à marcher à travers la fin de cette tempête de sable.
La présence de l'animal et du jeune homme était masqué. Personne n'aurait pu oser prétendre qu'un guerrier allait sortir du sable, à ce moment précis. Pas même les êtres les plus puissants qui peuplent ces terres. Le pouvoir de dissimulation des Nomades était décuplé une fois dans le désert... Ne parlons même pas de son efficacité, niché dans une tempête de sable.

De l'oasis, on pouvait voir cette tempête, et tout simplement prier qu'elle ne se dirige pas dans sa direction. Heureusement pour ces hommes naïfs semblant jouer et se détendre dans l'eau, ce n'était pas le cas.
Kannwu pouvait les voir, maintenant. Son écharpe recouvrait toujours le bas de son visage. Étrangement, ses cheveux semblaient avoir résisté aux assauts du sable. Comme s'il n'avait jamais pénétré dans cet enfer dévastateur.
Peut-être que sa présence était invisible à tout esprit -même affûte-... Mais ce n'était pas le cas de son apparence.
Si l'on fixait la tempête de sable, on pouvait apercevoir une silhouette avancer dans votre direction. Petit à petit, cette silhouette se dessinait de mieux en mieux. Trop grosse pour n'être qu'un homme, trop étrange pour n'être qu'une simple créature. Serais-ce l'alliance d'un homme et d'une créature ?

Le suspense ne dura pas.
Sortant de cet épais champ de sable, le jeune nomade apparaissait à la vue de tous. Son regard semblait soutenu, il dévisageait toutes les personnes présentes à cet oasis. Un moment d'égarement... Ce serait dommage de souiller un tel lieu. Quelle attitude adopter ?
Ekyl avançait lentement en direction du groupe de voyageur. Ceux-ci ne semblait même pas avoir remarqué sa présence, contrairement à une jeune femme assise contre un arbre.
Deviner ce que ces porcs faisaient là était simple. Mais qu'est-ce qu'une rose faisait, en plein milieu du désert, de ce désert hostile ?

Un second rictus se marqua sous l'écharpe de notre homme.
Cependant, son regard restait accompagné d'une froideur légendaire. La jaune de ses pupilles étaient d'une pâleur inattendue. Est-ce la fatigue qui le rendait ainsi, ou la vue de ce troupeau d'humain, qui le rendait apathique ?...
Son fier destrier continuer d'avancer d'un pas équilibré, comme s'il marchait sur une route ou une verte pleine. Ne s'enfonçant pas dans le sable, semblant le survoler.
Par réflexe, la main droite de Kannwu se posa sur son podao. Son Katana était encore accroché à la selle d'Ekyl, qui, quant à lui, se dirigeait en direction de cette jeune femme.

À moins de dix mètres, le cheval se stoppa net.
Le jeune homme dévisageait la jeune femme. Pour dire vrai, cette vision ne le dérangeait pas. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'observer une jolie fille.
Ekyl se cambra. Cette vision était héroïque, tel un général de cavalerie sonnant la charge.
Kannwu observait. Aucune réaction ne pourrait lui échapper, la main toujours présente sur son arme.

Quand on est chevalier, on se doit de tout observer, d’être toujours sur ses gardes et Lucy ne manquait pas à cette règle, elle avait vu de loin une tempête arriver et elle avait posé une main au sol, prête à utiliser son pouvoir de la terre pour dresser un grand mur de terre pour protéger son groupe si la catastrophe climatique venait sur eux mais heureusement cela n’était pas le cas.

Lucy vit arriver quelque chose mais ne bougea pas, c’était quelque chose entre un homme et un animal : un centaure ? Impossible c’était une bête mythique qui n’existait pas. La dame chevalier surveillait ce qui arrivait d’un œil, la main posée sur la poignée de son épée. Se dessina alors un homme à cheval, bien que cette vue la rassura, elle garda sa main là où elle était. L’animal se stoppa près d’eux, Lucy faisait semblant de ne pas les voir et quand elle se rendit compte que l’homme ne bougea pas, elle prit Linéon et le posa au sol puis se leva.

Elle s’approcha de la bête et posa une main sur sa tête puis sur le long de son cou. La demoiselle caressa le cheval avec toute la douceur qu’elle avait.

-C’est un bel animal que vous avez là. Puis-je savoir qui vous êtes et quels sont vos intentions en venant ici ?

On n’était jamais trop prudent et Lucy veillait à ne pas laisser les habitants de Bénécius face au danger, elle était prête à se battre, toujours en service avec son armure et son épée, elle ne craignait pas le combat. D’ailleurs, elle avait remis une main sur la poignée de son arme. La belle posa un regard calme et observateur sur le cavalier, de ce qu’elle pouvait sentir grâce à son empathie, il ne leur voulait pas de mal. Du moins il n’y avait aucun sentiment de haine qui se dégageait de lui, la jeune femme abaissa donc sa main.

-Enchantée de faire votre connaissance. Lucy de la Lune à votre service.

Sur ce, elle lui fit une révérence. Et bien oui, ce n’est pas parce que l’on est chevalier que l’on ne doit pas respecter une certaine ligne de conduite et de bienséance. Lucy se retourna vers l’oasis où les gens s’étaient arrêtés, elle leur fit signe de reprendre leur occupation, tout en continuant de caresser la monture de ce mystérieux jeune homme.

Le bâtard ne se souciait plus du groupe d'homme se prélassant dans l'oasis. Même si à ses yeux, ils étaient entrain de le souiller, soit, passons.
Après tout, il n'avait plus l'habitude de rencontrer des gens extérieurs au désert. C'était peut-être sa première épreuve, dans le fond. C'était peut-être le début de son ascension.
Cependant, quelque chose le troublait. Cette jeune guerrière s'avançait dans sa direction, elle osait s'avancer vers un homme du désert, comme si de rien n'était. Mais pas n'importe quel homme du désert. L'exilé, l'infâme bâtard dont personne n'avait jamais voulu. Cela le déstabilisa quelque peu. Dans sa tête, dans son crâne, les pensées fusaient dans toutes les directions. Comment devait-il réagir, que devait-il faire ? C'était un peu comme une sorte de crash test, ça passe, ou ça casse.
Derrière son foulard, un léger rictus nerveux perçu. Cependant, son regard resta sobre et transperçant. Ses yeux étaient actuellement d'un jaune pâle, et fixaient cette agréable silhouette se dirigeant vers lui, se dirigeant vers Ekyl.
Kann' avait remarqué qu'elle apposait une main sur son arme. À cette distance, il était en position de force, quand bien même elle dégainerait rapidement, la différence d'allonge entre son podao et cette simple épée lui donnerait l'avantage.
Un pas, de plus, c'était trop tard. Quel genre de pensées impies fusaient, maculaient son esprit ?
Pourquoi avait-il ne serais-ce que pensé à l'affrontement ? Après-tout, les hommes civilisaient ne se comportent pas ainsi, non ? Mais civilisé, l'était-il ?

C'était troublant, oui, c'est le mot à utilisé dans ce genre de situation. La voilà entrain de caresser soigneusement Ekyl. Il pouvait même ressentir le plaisir que son compagnon éprouvait à cela.
Maintenant, son petit rictus nerveux se transforma en rictus gêné. Comment devait-il réagir ? Devait-il engagé la conversation ? Qu'espérait-il réellement en venant en ces lieux ? Voulait-il vraiment se retrouver face à une horde de brigands malpropres, souillant son oasis ? Parce que oui, c'était tout comme, c'était son oasis ! C'était son désert, c'était sa maison, son refuge.
Ou alors, espérait-il ne rencontrer personne, comme à son habitude ? Pensait-il vraiment qu'il pourrait simplement permettre à son fier destrier de boire, de se reposer quelques instants, et d'en faire de même ? Oui, non... Maintenant, il n'espérait plus rien, ses pensées étaient brouillées par cette situation, à laquelle il ne s'attendait guère pas.
Ce battre était simple à ses yeux : Il lui aurait simplement suffit de se concentrer à ses mouvements, ainsi qu'à anticiper l'adversaire.
Être seul aurait été tout aussi simple à ses yeux : Il lui aurait simplement suffit de descendre de sa monture, et d'aller s'abreuver à l'oasis, voir même fermer les yeux quelques instants, sous ce même arbre, à cette même ombre que cette jeune femme semblait apprécier.

L'instant d'après, il fut transpercé par sa voix. Il n'avait pas entendu de jeune humaine depuis longtemps. Cette fois-ci, son rictus gêné se transforma en rictus amusé. Ne perdant aucun instant de ses paroles. Il continuait de la fixer avec prestance. Oui, c'était de ça dont il voulait se nourrir, après tout. C'était ce genre d'échange qu'il recherchait. C'est ce pour quoi il avait décidé de quitter son désert, son exil.
Lorsqu'elle eut fini sa phrase, Kannwu lâcha le pommeau de son arme. Il ne comptait plus s'en servir, maintenant.
Maintenant, son attention se portait sur cette petite main qui caressait sa monte. Encore légèrement troublé par les actions de cette jeune demoiselle.

Et la voilà qui se décida à parler de nouveau. L'écoutant avec soutien, elle venait de se présenter. Qu'est-ce que cela semblait simple. Dans le désert, pour connaître le nom d'un nomade, du moins, pour connaître le nom des nomades qu'il avait croisé, il s'était senti obligé de boire avec eux, jusqu'à arriver au point de non retour, le point de l'oubli. Oubliant par la même occasion, leurs noms, le lendemain a réveil.
Et là voilà entrain de lui faire une révérence, comme pour achever ses pensées, comme pour achever son désintérêt, il ne pouvait plus faire demi-tour, maintenant qu'il avait eu droit à tant de spectacle.

Sa bouche restait close.
Peut-être parce qu'il n'avait pas envie d'être malpolie face à cette rose perlant en plein désert, du fait que sa bouche soit masquée, bâillonnée.
Peut-être parce qu'il ne savait tout simplement pas quoi répondre.
Posant sa main gauche sur son Katana, il décida de descendre de cheval, avec une grâce assez particulière dans ce genre de situation. Comme si le cheval et lui ne faisaient qu'un, comme s'il s'était envolé pour se reposer au sol. Il était maintenant à quelques centimètres de ce qui semblait être un chevalier.
Passant grossièrement son Katana à sa ceinture -sait-on jamais-, venant apposer par la suite sa main gauche proche de celle de la douce créature qui caresser son compagnon. Donnant à son tour quelques tapes dans le cou d'Ekyl, lui exprimant son remerciement de l'avoir accompagné jusqu'ici. Celui-ci hocha rapidement la tête, avant de se diriger vers l'oasis à son tour, rejoindre le groupe d'humain semblant s'amuser du peu que leur donne la vie. Ekyl se désaltéra, avant de se diriger vers l'arbre sous lequel Lucy semblait se prélasser, passant à côté de Linéon -ce qui semblait être le familier de cette jeune femme-, avant de finalement s'allonger à l'ombre.

Avec la main qui lui avait permit de donner quelques tapes à son destrier, il vint abaisser son foulard, dévoilant son visage.
Un visage fin, dévoilant son petit nez et ses petites lèvres pâles. Presque inexpressif. Ses yeux se plongèrent dans ceux de son vis-à-vis, donnant presque l'impression qu'il pouvait voir à travers votre âme, de la sorte.

« Cet animal est bien plus qu'un animal, pour dire vrai... C'est l'incarnation même du roi du désert. »

Lâcha-t-il d'un air amusé. Était-ce crédible ? Tout du moins, lui, le pensait. Le roi parmi tous les cheveux du désert. Jamais il n'avait perdu de course, jamais il n'avait reculé devant une tempête de sable, jamais il n'avait faibli : à aucun moment.

« Je pense pouvoir vous retourner cette question.
Je viens ici parce que je suis, ici, chez moi. Quant à vous, quelles sont vos intentions, en venant ici ? Vous n'êtes pas une habitante du désert. Et le groupe qui vous accompagne, encore moins. »

Marquant un temps d'arrêt, il se rendit compte de son impolitesse, et la corrigea.

« Je me prénomme Kannwu. Et je me dois de m'excuser, mais je n'ai point de noms à vous donner... Si ce n'est peut-être, du Désert. »

Une légère brise de vent chaude parcourait l'oasis. Les cheveux de notre jeune exilé virevoltaient au vent, en rythme avec son écharpe.
Il continuait de fixer cette douce créature se trouvant à ses côtés.
Aucune animosité ne sortait de ses actions. Peut-être avait-il pris un ton légèrement hautain. Mais au final, il reste quand même chez lui, non ?...

Il n’avait rien dit et du coup Lucy s’était sentie obligée de se présenter avant lui, il avait une aura si mystérieuse mais elle avait l’intuition qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’elle pouvait se fier à lui alors elle n’avait pas hésité à se présenter. L’animal partit vers l’oasis pour se désaltérer et l’homme vers l’ombre de l’arbre sous lequel elle s’était abritée un peu plus tôt. Elle suivit calmement, elle n’avait pas envie de se battre car cela pourrait amener à un problème diplomatique avec la caste des Nomades.

Elle le regarda doucement s’allonger et baisser son écharpe, il avait un beau visage mais ce n’était pas le moment de penser à ce genre de choses et d’aller s’imaginer quoique ce soit. Elle était en service, elle ne pouvait pas se permettre de perdre de vu le groupe qu’elle avait en charge. Elle s’allongea sur le côté afin de regarder cet homme qui lui paraissait si différent et familier. Elle avait l’impression qu’il lui ressemblait mais ne pouvait dire pourquoi. Il lui parla finalement, déclarant que son cheval n’était pas un simple animal parmi tant d’autre mais que c’était le roi du Désert.

Cela amusa grandement Lucy, elle regarda le cheval boire. Et puis il lui retourna sa question, déclarant que d’être dans le désert, c’était normal pour un nomade mais pas pour elle ni pour le groupe dans l’eau. Ceux-ci allèrent vite se réfugier dans les tentes, ils ne semblaient pas rassurer de voir ce jeune homme qui se prénommait Kannwu.

-Je vous l’accorde. Nous venons de Bénécius, ces gens ont voulus passer quelques jours dans le désert et ont demandé aux chevaliers si quelqu’un pouvait les escorté. J’ai été la seule à accepter mais je ne le regrette pas vu que j’ai fais votre connaissance sir Kannwu. Je tiens à vous dire que je crois à la réincarnation des âmes et par la même occasion à votre histoire en ce qui concerne le roi du désert.

Tout en parlant, elle s’était allongée sur le dos, passant ses mains derrière sa tête et regardait le ciel, quelques nuages flottaient, elle s’amusa à trouver des formes, elle repéra un lapin, un chien mais aussi un raton laveur, un sourire vint fleurir sur son visage. Elle était bien là mais cela n’allait pas durer, elle devrait rentrer à Bénécius avec le groupe quand celui-ci en aurait marre. Elle tourna la tête vers le jeune homme, il la préoccupait. Son aura la stressait, elle était chaude mais en même temps gelée, elle ne comprenait pas pourquoi il lui était si difficile de mettre un point de vu sur cet homme.

Elle ferma les yeux un instant à cause du soleil, il se trouvait presque face à elle. Lucy respirait calmement et doucement. Une femme vint la voir, la demoiselle ouvrit les yeux et se rassit peu avant qu’elle n’arrive à sa hauteur. Elle lui demanda qui était cet homme et s’il s’agissait de son petit ami dans l’oreille. Lucy sentit ses joues devenir rouges tomates mais fit signe non avec la tête et les mains. Pourquoi se sentait-elle si embarrassée face à cet homme ? Ce qu’elle donnerait cher pour être à Bénécius et avoir refuser cette mission si tordue.

Le jeune nomade continuait de l'observer, de se nourrir de chacun de ses mouvements. C'était plaisant de voir une petite fille de la ville perdue dans le désert, il appréciait le spectacle qu'elle lui offrait. Ce n'est pas tous les jours que l'on a droit à autant d'animation, en plein milieu du désert. Les hommes sensés ne s'aventurent pas jusqu'ici en temps normaux. Encore moins juste pour le plaisir. Quelle folie. Cependant, elle avait accepté d'elle-même de les accompagner... Soit nous avons droit à une preuve de courage, soit à une preuve de folie... ou peut-être un mélange entre naïveté et insouciance de la jeunesse. Quoi qu'il en soit, il ne put s'empêcher de laisser naître un léger sourire amusé.
Le regard du bâtard était en contradiction avec son sourire. D'un vide légendaire. Il semblait notamment calme, et observateur. Mais il ne laissait rien paraître de tout cela à travers.

Kann' la regardait s'allonger sur le dos, mettre les mains derrière la tête et observer le ciel, tout en buvant ses paroles. Cette vision semblait irréelle. Cela l'amusé, c'était sûr. Cela pourrait même presque le charmer. Il ne savait pas vraiment différencier ses sentiments, en fin de compte. Il était temps, oui. Il était temps de perdre cette fâcheuse habitude de tout bâillonner au fin-fond de ses entrailles, comme si le monde extérieur était incapable de le toucher. Du moins, n'était plus capable de le toucher.
C'était son choix, pas plus tard que la semaine passée. C'est lui qui en avait décidé ainsi, après tout.
C'est lui qui l'avait souhaité. Toujours vivre dans la peur, dans la crainte du continuel refus des autres. C'était terminé.
Et pour une fois, dans sa vie, ce n'était pas lui qui faisait le premier pas. C'était perturbant. Quelqu'un qui ne faisait pas attention à ses origines, lui qui a été descendu plus bas que terre à cause de cela. Lui qu'on a piétiné parce qu'il avait eu le malheur d'être mal-naît.

Et la voilà, à ses côtés. D'une douceur incontestable, acceptant sa présence et celle de son fier destrier, acceptant même l’hypothèse qu'Ekyl soit un futur cheval de Légende. Ses pensées voguaient dans tous les sens. Pour dire vrai, il ne savait pas quoi lui répondre, ni comment lui répondre. Les contacts humains n'étaient pas son fort.
Sans s'en rendre compte, quand Lucy tourna la tête pour le regarder, il n'arriva malheureusement pas à effacer son léger sourire, qui persista. Son regard scrutant le sien.
Quand elle ferma les yeux, certainement à cause du soleil, il laissa éclater un léger rictus amusé.
Absorbant jusqu'à la régularité de ses respirations, on aurait dit un gosse découvrant un nouveau jouet. On aurait dit un ado en quête de découvertes encore plus spectaculaires les unes que les autres, venant de découvrir l'une des merveilles de ce monde. On aurait dit un jeune nomade rencontrant un jeune chevalier de Bénécius, ma fois, bien charmante, pour un jeune chevalier.

Lorsque la femme vint lui chuchoter quelque chose à l'oreille, elle devint rouge tomate et s'agita pour nier la question à laquelle elle semblait avoir eu droit.
Piquant la curiosité de notre homme. Amusé d'assister à de tels agissements. Il ne pouvait vraiment plus s'empêcher d'arborer un léger sourire. Et le désert sait que ce n'est pas à son habitude.
Comment devait-il réagir, qu'est-ce qu'il devait dire, qu'est-ce qu'il devait faire ?
Devait-il simplement rester là, face à elle, et sourire d'un air niais ? Non, bien sûr que non. De toute façon, ça ne lui ressemblait pas. C'est à cet instant présent qu'il se rendit compte à quel point fuir les rencontres, par le passé, l'avait préservé. Il était perdu, désarçonné.
Ouvrant légèrement la bouche une première fois, mais aucun son n'en sortait. Un instant d'hésitation, et il recommença la manœuvre. Cette fois-ci, il arriva à prendre la parole...

« Vous étiez la seule seule à accepter cette mission ?... »

Marquant un léger temps d'arrêt, avant de reprendre la parole :

« Ce n'est pas spécialement étonnant. Surtout pour jouer les gardiennes d'une bande de vacanciers, se croyant à la plage... »

Marquant un second temps d'arrêt, un léger sourire en coin...

« Le désert et ses hommes ne vous effraient donc point ?...
Puis-je me permettre de vous demander, combien de temps pensez-vous rester dans ce désert ? Vous êtes déjà bien loin de Bénécius. De plus, les tempêtes de sable se réveillent. »

Prenant un ton grave, sur la fin de sa phrase.

La femme qui était venue lui parler s’amusait, ils n’étaient pas ensemble mais pourtant ils feraient un beau couple lui assura-t-elle au creux de l’oreille. Lucy nia encore une fois et la dame s’en alla comme elle était venue, sautillant, toute contente d’elle-même. La chevalier émit un petit soupir tout en baissant la tête, mais qu’avait-elle fait aux dieux pour mériter cela ? Franchement, elle ne voyait pas et moi non plus d’ailleurs.

Alors que Lucy venait d’émettre un soupir de fatigue, Kannwu lui posa quelques questions. La belle posa ses mains sur ses jambes repliées puis sa tête sur ses mains, regardant la belle eau de l’oasis. A la première question, elle acquiesça d’un mouvement de tête puis à la deuxième remarque du nomade, elle eut un sourire en coin. Cela n’était pas faut, c’était des vacanciers et elle s’était souvent demandée pourquoi ils avaient voulu venir ici mais ne leur avait jamais demandé. Et puis il lui posa une question à laquelle elle ne savait pas répondre tout de suite, elle releva la tête et tourna son regard vers ce jeune homme.

-Devrais-je en avoir peur ? Si je pars du principe que même à Bénécius il peut m’arriver quelque chose alors non je n’ai pas peur de ce qui peut arriver dans le désert. A vrai dire je pense qu’aucun autre chevalier n’a voulu venir à cause des rumeurs qui circulent en ville sur les dragons aperçus par ici mais en tant que chevalier on est censé pouvoir donner sa vie à n’importe quel moment alors…

Elle reposa la tête sur ses mains et regarda droit devant elle. Quand on était chevalier, il ne fallait pas avoir peur de mourir et pourtant Lucy n’avait pas eu cette impression lorsqu’elle avait vu certains chevaliers, ils cherchaient plus à faire profit de leur statut qu’autre chose ce qu’elle trouvait bien dommage.
Lucy était plongée dans ses pensées, elle en oublia presque de répondre au reste de la question de Kannwu, ce fut Linéon qui la réveilla en venant s’accrocher autour de son cou.

-Ah oui, c’est vrai. Pour ce qui est du temps que nous allons rester ici, tout dépend du groupe mais je ne pense pas que nous restions plus de deux jours car on a le retour à faire et qu’à pied ça fait une trotte. Espérons seulement que les tempêtes ne nous foncent pas dessus.

Elle tourna alors son regard vers l’étendue du désert, ses sens à l’affut, elle avait une mauvaise impression, comme si quelque chose d’affreux allait leur arriver dessus d’ici peu mais pourtant elle ne voyait rien. Elle s’était même levée avec précipitation pour avoir une vue plus lointaine. Le visage de la belle se durcit rapidement, toutes ses mauvaises impressions s’étaient réalisées, elle appela le groupe et leur ordonna d’être prêt à tout moment pour partir précipitamment. Si une catastrophe naturelle arrivait, ils devraient vite filés tous autant qu’ils étaient. Si c’était une attaque, elle pourrait les repousser s’ils n’étaient pas trop nombreux mais le groupe devrait fuir.

Elle revint s’asseoir près du jeune homme et s’excusa de cette interruption, lui demandant où ils en étaient.

Scrutant les mimiques de la jeune femme se trouvant à ses côtés, y prenant un certains plaisir. D'une certaine façon, il était déjà entrain de la respecter. Il pouvait desceller en elle de nombreuses qualités. Il n'avait certes pas encore eu le temps de découvrir ses défauts. Mais peut-être qu'il en aurait l'occasion, un jour. Après tout, il ne pouvait pas espérer tout avoir le même jour.
Son léger sourire restait inscrit sur son visage, écoutant les paroles de Lucy.
elle n'avait peur de rien, si ce n'est avoir peur de tout ? C'était amusant. Kannwu, lui, se sentait en sécurité dans ce désert. Il savait que jamais rien ne lui arriverait, s'il le décidait. Après tout, il avait passé la majeure partie de sa vie à travers ces dunes de sable interminables. Il savait se cacher, il savait trouver de quoi subsister, il savait comment éviter les ennuis. Enfin, en parlant d’ennuis... qui oserait s'en prendre à un représentant de la caste des Nomades, dans sa propre patrie ? Après tout, ils avaient beau être tous divisés en nombreux camps, nombreuses caravanes, ils pouvaient tous compter sur les autres, et se respectaient tous entre eux. Et ça, il le savait. Il avait eu le temps de le remarquer. Après, pour ce qui est des attaques extérieurs... Qui serait assez fou pour venir les attaquer sur leurs terres ? Ils n'avaient beau être qu'une poignée, il ne leur suffirait que de quelques jours pour rectifier la donne. Le concept même de la vendetta convient parfaitement à leurs actions. Visant les points stratégique, tel le veut le nerf de la guerre.
Oui, c'est ça, il s'y sentait en sécurité dans ce désert.
Comment un chevalier ne pouvait pas se sentir en sécurité à Bénécius ? Cela l'intriguait. Mais encore mieux que l'intrigue, il se devait de vérifier ces dires, quand il en aurait le temps, ou plutôt, quand il le désirerait. Peut-être aurait-il l'occasion de croiser cette charmante une nouvelle fois ? Cette idée lui traversa la tête, mais s'y installa par la même occasion. Au final, qu'est-ce qui l'intéressait plus ? Croiser de nouveau la jeune femme, ou essayer de comprendre pourquoi part-elle du principe que même à Bénécius, elle ne se sent pas en sécurité ?... Cruel dilemme. Cependant, il ne pouvait pas s'empêcher d'arborer ce léger sourire. Son esprit était en ébullition. C'est ce qu'il recherchait. Notre bâtard se doutait bien que les réponses ne lui parviendraient pas instantanément. Et c'est à leurs recherches qu'il avait décider de chevaucher.
Néanmoins, maintenant il se rendait compte que de partir en quête de réponses... On tombe sur de nouvelles questions. En aurait-il fini un jour ? Cette idée l'amusait. On aurait presque pu voir son regard briller, l'espace d'un instant, bref, immédiat.

Des dragons ?
C'est amusant. Au final, on pourrait presque l'apparenter à un dragon, ce nomade. Quand on rejoint la confrérie, on nous apprend à puiser la force de la nature, nous entourant. Mais, surtout, on nous apprend à canaliser la chaleur. On nous apprend à la révéler, on nous apprend à l'utiliser comme une arme dévastatrice. Tel un souffle de dragon, non ?
Si on y ajoute quelques illusions finement menées, le rendu pourrait en être parfaitement plausible. Amusé de cette idée, avec la complicité de quelqu'un, il pourrait être un dragon, lui aussi.

Elle semblait fatiguée. Était-ce son voyage qui l'épuisait de la sorte ? Car, il ne faut pas le nier. Le désert est redoutable, pour une personne normale. Contrairement à notre jeune homme, qui lui, s'y ressource et s'y repose.
Tout dépendait du groupe, en fin de compte. Le temps de cette escorte, elle existait à travers eux. D'une certaine façon, il trouvait cela regrettable. D'une autre façon, il trouvait cela admirable. Quelle dévotion.
Un vieux proverbe nomade osait dire que lorsque l'on reçoit la bénédiction de l'un d'entre eux, les tempêtes de sables vous fuient. Mais vu l'entrée de notre cavalier... Tous les proverbes ne sont pas forcément à prendre au premier degrés.

« Quant à la notion d'avoir peur, si j'ose dire, tout dépend de ce que vous définissez par la peur.
Vous savez, dans ce désert, généralement, les étrangers ne sont pas les bienvenues, du moins, cela dépend de ce qu'ils possèdent. Des personnes comme celles que vous escortez, eux, ils seront les bienvenues. Cependant, ils ont de fortes chances de repartir les mains vides. En partant du principe qu'ils repartent en vie, c'est déjà plutôt optimiste. »

Marquant un temps d'arrêt, il prit la décision de jouer de la situation. D'un air amusé, provocateur, scrutant chaque réactions de la belle demoiselle à ses côtés.

« Après tout, qu'est-ce qui vous permet de vous tenir là, prêt de moi, sans pour autant garder constamment une main sur votre arme ? Ne pourrais-je pas être un éclaireur, ayant repéré cette caravane de vacanciers, tâtant le terrain en attendant des renforts ? »

Marquant un temps d'arrêt, observant son vis-à-vis.

« Cependant, je vous l'accorde... Je n'aurai peut-être pas eu besoin de renfort pour une situation similaire... »

Amusé, avant de reprendre :

« Vous couper les vivres aurait certainement suffit, et je n'aurai peut-être même pas eu à me salir les mains. »

Kannwu savait que sa plaisanterie était de très mauvais goût, mais elle reflétait particulièrement bien la situation. Venir dans le désert pour des vacances n'était que pure folie. Tant que personne ne veille sur vous. Heureusement pour cette fois, et pour cette dite-Lucy, ce n'était plus le cas. Maintenant, après tout, il était là. Et avait envie de l'observer autant de temps qu'il lui serait permis. Sans pour autant lui imposer sa présence.
Il la regardait s'agiter face au loin. Apparemment quelque chose se tramait, au loin. Ce revirement de situation piqua de nouveau sa curiosité, comment allait-elle réagir, et gérer cette situation ?
Tandis que les vacanciers pliaient bagages, elle revint s'asseoir à ses côtés. Avait-elle tant confiance que cela en ses capacités, ou comptait-elle sur lui pour lui donner un coup de main ?
De toute façon, il ne tarderait certainement pas à le savoir.

« Qu'avez-vous vu ? »

Sa curiosité fut plus forte. Et la question parti quasi instantanément après qu'elle se soit rendu à ses côtés.

Continuant de se nourrir de la situation, de ce changement de situation. C'était presque plaisant à regarder. Elle ne savait plus quoi penser. Était-il si effrayant ? Lui faisait-il vraiment peur ?... C'est vrai qu'il y avait pris un malin plaisir. C'était malsain. Et maintenant, il s'en voulait quelque peu. La voir si troublée, il n'avait pas pesé le poids de ses mots. Il ne savait même pas à quel point il avait pu être aussi piquant. Cependant, il n'en perdait pas une miette. Il continuait de s'instruire aux contacts de cette charmante demoiselle. Après tout, il trouverait bien une façon de se rattraper. Dans le fond, il ne lui voulait pas de mal. Au contraire. Maintenant, il souhaitait juste rester à ses côtés quelques temps. Et pourquoi pas, l'aider dans sa traversée du désert, et son futur retour en direction de Bénécius. Même si les épaules de la jeune femme à ses côtés semblaient solides, la façon dont elle était troublée prouvait qu'elle n'était pas infaillible.
Il redescendit rapidement sur terre suite aux paroles de Lucy, lorsqu'elle lui avoua sa confiance, avant qu'il se mette à jouer avec ses nerfs.

Son regard était glacial, pénétrant. Kannwu n'osait pas bouger, tant bien parce qu'il appréciait le moment présent, que par crainte de la voir déraper, et devenir hostile envers lui. Elle semblait perdue. Au final, c'est un bon sujet d'étude pour notre homme. Elle perdait patience, et il l'avait bien remarqué lorsqu'elle lui répondit. Était-il vraiment venu se reposer, ou était-il venu pour autre chose ? Tel est la question. Cependant, il était tout de même resté sincère. Il était venu pour se reposer, c'est tout. Et heureusement pour cette demoiselle, ce n'était pas dans son habitude de s'en prendre à des vacanciers ainsi que leur garde personnel.

Les nerfs de Lucy étaient entrain de lâcher.
Le voilà maintenant menacé de la pointe d'une épée. Cependant, il ne broncha toujours pas. Continuant de regarder son visuel. Certes, son sourire s'était effacé. Quant à ses yeux, ils étaient toujours aussi inexpressif. Même si une lueur orangée avait commencée à se battre avec son jaune pâle, refusant de s'y mélanger.
Le jeune nomade semblait pensif. À quoi pensait-il ? Ce qui est sûr, c'est qu'il ne pensait pas une seule seconde au danger qui tracassait celle qui le tenait en respect. Ce qui est sûr, c'est qu'il pensait à son sujet. Elle qui se trouvait là, au beau milieu du désert, face à lui. Une rose, oui, c'est ce qui la qualifiait le mieux. Aussi jolie qu'une rose, aussi piquante qu'une rose. Cette pensée amusa notre homme. Il était entre la vie et la mort, et il s'en souciait guère. Kann' se contentait d'admirer le spectacle qui lui était offert. Certainement par naïveté. Peut-être parce qu'il ne connaissait pas encore le poids de sa vie. Au final, quand on ne compte concrètement pour personne, qu'on ne possède aucune épaule pour se reposer... Que savons-nous de la valeur de la vie ? Lui, il n'en savait rien. Peut-être que la blondinette à ses côtés aurait pu lui donner des réponses, elle qui était prête à sacrifier sa vie pour celle d'autrui. Mais est-ce que sacrifier sa vie est une solution ? On peut mourir de chagrin. Ne serais-ce donc pas une arme à double tranchant ?
Tant de questions encore sans réponses.

La pression montait, il le sentait. Ses nerfs allaient craquer.
Allait-elle le tuer ?
Voilà. C'était fini.
L'épée fracassa l'air et se jeta dans le sable. Quel spectacle. Il en restait bouche-bée. Pas devant le fait que sa vie se soit jouée à quelques centimètres, ni sur la violence engagée dans ce coup... Mais plus sur le visage de la jeune femme, se trouvant tout proche du sien. Admiratif, il la contempla. Leurs yeux se croisèrent quelques instants, avant de les fermer et de se relever. Voilà cette vilaine épée rangée.
Avait-elle perdu de son piquant ? Cette rose venait-elle de perdre ses épines ?
Elle s'excusa aussi-tôt, d'un air gêné, détournant le regard, comme s'il n'existait plus. Perturbant, oui, c'était le mot juste à employer dans ce genre de situation. Allait-il l'être encore plus ? Allait-il jouer avec les nerfs de cette demoiselle ? Il en avait envie. Mais sous une tout autre forme. La torture psychologique n'était pas son fort au final. Mais maintenant qu'il l'avait vu de si près, il ne voulait plus y renoncer.

Kannwu commença à se relever, prenant son temps, laissant toute grâce derrière lui. Après ce qu'il venait de se passer, de toute façon, cela ne servirait à rien de rester sur les faux-semblants.
Une fois debout, il s'étira rapidement, laissant le sable tomber à terre. L'instant qui s'en suivit, il se retrouvait entrain de retirer son gant droit, s'aidant de sa main gauche, dévoilant sans bras droit, maintenant entièrement nu.
Notre homme se trouvait juste en face de celle qui venait de l'agresser, quelques instants plus tôt. Semblant la dévisager, il cherchait cette émotion qu'il avait ressenti, lorsque l'épée était plantée dans le sol, et qu'il avait pu l'admirer. C'était dur à retrouver, c'était dur de la percevoir. Il n'y arrivait pas. De toute façon, il savait que ça se passerait ainsi.

Le vent soufflait de plus en plus.
Il ne s'était pas trompé, les sables comptaient bel et bien se réveiller. Mais ils avaient encore du temps, devant eux. Tout du moins, cela dépendrait du danger que la jeune femme avait ressenti.
Le vent soufflait. Il était en plein dans le dos du nomade, comme s'il le poussait. Ses cheveux étaient propulsés en avant, ils virevoltaient au vent. Tandis que son écharpe, toujours présentent à son cou, se baladait elle même... cependant, ses deux extrémités jouaient au niveau des joues de la jeune femme, osant jusqu'à toucher ses épaules, en fonction de l'imprévu du vent. Quel bel élément.
Le gants toujours dans sa main gauche, l'instant d'un battement de cil, et sa main droite s'était posée sur la douce joue de cette créature.

« Je ne suis pas votre ennemi. Si tel avait été le cas, je ne me serai jamais permis de vous approcher. Je ne me serai jamais permis de m'allonger à vos côtés. »

Sa voix était faible. Le vent avait décidé de la porter en direction de la jeune femme. Il n'avait pas envie d'hausser le ton. Après tout, il venait de jouer franc-jeu.

Scrutant son visage, scrutant le visage de la jeune femme face à lui, il n'en perdait rien. Un air légèrement amusé, il la regardait, il la contemplait. La situation n'était pas vraiment amusante. Mais notre homme y prenait plaisir. Il s'ouvrait à cette jeune personne, c'était malheureusement la première fois depuis bien longtemps qu'une situation pareille se présentait. Kannwu n'avait pas l'habitude de regarder une personne, quelque soit son sexe, son apparence, de longs moments, au point de scruter chaque lignes du visage, chaque ombres présentent. C'était agréable de s'abandonner à la contemplation. Chose qui devenait malheureusement de plus en plus rare. N'étais-ce pas le travail de l'artiste, que de s'attarder sur le monde, que de révéler chaque détails, et de les exprimer à sa façon ?
Donc de cette façon, notre jeune-homme était un artiste ? En avait-il la prétention ? Certainement pas. Lui, il se contentait d'apprendre à sa façon. Personne ne lui avait dicté de ligne de conduite, personne ne lui avait appris à observer. C'était seul et entièrement seul qu'il s'était construit, qu'il avait grandit. Heureusement ou malheureusement pour lui, ce qu'il en était devenu... Avait fini par être accepté par un caste de ce continent. Le voilà maintenant un Nomade. Et rien que pour cette marque d'acceptation, il se devrait de continuer ainsi, selon sa ligne de vie. Il se devait de continuer à apprendre, encore et encore, il se devait de continuer à observer ce qui l'entoure, et de n'en tirer que le meilleur, que le meilleur à ses yeux.

Et le meilleur, c'était certainement ce qu'il était entrain de vivre en ce moment. Vivre, oui, c'était le mot. Il était là, face à une jeune personne, en plein milieu du désert, ouvrant son être. Qu'allait-il en sortir ? Oh ça, évidemment... Personne ne pouvait le savoir, même pas lui ! Mais cela l'amusait. C'est en partie pour cela que son sourire légèrement niais sur les bords restait figé sur ses lèvres.
Jusqu'au moment où... sa main sembla être repoussée par le bras de la jeune fille, avant d'être frappé d'une gifle. Étrangement, cela ne lui laissa pas un goût amer. C'était certainement normal, après tout. Comment avait-il osé toucher un chevalier en service ? Quel fou ! Cela ne faisait que renforcer l'ancrage de ce doux rictus sur son visage.
C'était bel et bien une rose. À la fois admirable au regard, belle et douce. Mais aussi épineuse que possible. Le contraste était tout à fait intéressant. Le tout accentué par le désert en lui-même, par son désert. Elle était dans son domaine, et d'une certaine façon, il le savait, sans lui, elle ne rentrerait certainement pas saine et sauve de sa mission. Si elle se le mettait à dos, elle se retrouverait bien dépourvu de chance... Cependant, ce n'était pas une légère claque méritée qui lui ferait changer d'idées. Bien au contraire. L'envie de l'aider ne faisait que se renforcer, seconde après seconde.

Continuant de l'observer, il scrutait les différences d'émotions que ses yeux laissaient paraître. Il avait certes un peu de mal à reconnaître ceux qu'ils exprimaient, mais il oserait parier sur un mélange de tristesse couplé à de la colère avec une pointe de... Non, il ne savait pas, il n'arrivait pas à voir ce que c'était. Peut-être serais-ce un soupçon de joie, de bonheur ? Mieux valait-il ne pas faire de suppositions si hasardeuses. Oui, c'était certainement la meilleure solution. Il se contenterait d'observer, seulement.
Figée, la main en l'air, elle semblait perdue dans ses pensées. Avant de finalement lui tourner le dos. Amusé de cette réaction, il avait vraiment l'impression de se retrouver face à une enfant. Ce n'était pas pour lui en déplaire. Car lui aussi, il restait qu'un enfant, après tout. Les relations humaines qu'il avait eu la chance de vivre jusqu'à présent n'étaient que rare et certes instructives, mais pas comme celle-ci, pas comme ce qu'il vivait à cet instant bien précis.
Que devait-il faire maintenant ? Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Devait-il continuer à la torturer ainsi ? Non, bien sur que non. Maintenant, il avait envie de lui dire qu'il s'occuperait de les protéger, de la rassurer. Il n'était pas hostile, loin de là. Enfin, si, certainement plus hostile qu'il ne le pensait, mais pas dans le sens commun du mot hostile. Il l'était pour Lucy, certainement, d'une certaine façon, il la torturait, il torturait ses pensées. C'était certainement en cela qu'il lui était hostile. C'était certainement à cause de ça qu'il lui serait hostile. Alors, que devait-il faire ? Devait-il simplement remonter sur son fier Ekyll et l'abandonner, tout du moins, faire semblant de l'abandonner ? Car il ne pourrait se résigner à ne pas l'accompagner jusqu'à la fin du désert. De prêt ou de loin. Tout comme il avait envie de rester à ses côtés, après tout... Désarçonné, c'était lui qui se trouvait pris au dépourvu de ses pensées, triste sort. Mais cela lui arrivait tout de même souvent, des questions fusaient dans tous les sens... Cependant, cette fois-ci, elles avaient toutes un point commun, et ce point était la jeune-femme qui lui tournait dos à l'heure actuelle.

N'ayant pas entendu le bruit de cette 'arme'... Il se fit sortir de ses pensées par le crie de la jeune-femme, le mettant en garde. Avant de... Se faire tout simplement renverser par celle-ci, se retrouvant sur lui, leurs visages à quelques millimètres. Bien que cet instant ne s’inscrivit pas dans le temps, il sembla lui durer une éternité. Tous deux avaient pu sentir l'effet de la respiration de l'autre. Tous deux avaient leurs regards plongés dans celui de l'autre, ne percevant aucune autre chose, parallèlement.
Cependant, comme déjà dis, cet instant n'était qu’instantané. Lucy se dépêcha de se remettre à genoux et de scruter l'horizon. Lui demandant par la suite si tout allait bien. S'efforçant d’acquiescer de la tête, légèrement surpris de ce tir. Il n'avait rien, si ce n'est qu'il avait été renversé par la douce créature se trouvant à ses côtés.

Se remettant à genoux, rapidement, aux côtés de la jeune femme, observant le désert à son tour. Il le connaissait mieux que personne, après tout. Qu'est-ce que c'était. Peut-être étais-ce l'un de ses frères qui s'en prenait à cette caravane, ne sachant évidemment pas que Kannwu se trouvait à leurs côtés ? Amusé de cette situation, il se dit que c'était une autre façon de se renseigner sur cette rose épineuse. Dans tous les cas, lui, n'était pas inquiété pour un sous. Après tout, il le savait : C'était son domaine, ses terres, l'endroit où il vivait. Et de ce fait, il avait l'avantage contre n'importe quel opposant.
Cette fois-ci, c'était trois flèches qui partaient de leurs direction. Cependant, le tir était trop imprécis, et notre homme avait vu l'endroit d'où il était parti. Amusé, sachant que cela ne les toucherait pas... Lucy avait certainement entendu les flèches voler au vent, mais celle-ci regardait dans la direction opposée. Elle ne pouvait donc, pour l'instant, deviner leur trajectoire.

Mais notre jeune nomade décida de ne pas lui laisser le temps de s'en apercevoir.
Quelques instants d'après, leur situation s'était inversée. Cette fois-ci, c'est lui qui renversée la jeune femme, la faisant tomber au sol, allongée, son visage à quelques millimètres de la jeune femme, plongeant son regard dans le sien.
Tandis qu'un instant plus tard, les flèches les survolèrent, allant s'écraser dans le sable, aux côtés de la première flèche.

Elle avait accepté son aide, elle avait accepté sa présence, elle s'était laissée faire tout en soulignant l'acte, déposant sa main contre son bras. Si notre jeune nomade était en capacité de parler, ou même de réfléchir, dès cet instant, c'était fini. Pour dire vrai, il était dans sa bulle, à l'heure actuelle. Peut importe les flèches qui étaient décochaient, il n'y faisait plus attention.
Cependant, ce n'était pas le cas de tous. Encore moins celui de ce chasseur qui s'empressa de tirer de nouvelles flèches. Lucy toujours aux aguets s'occupa de les protéger. À ce moment là, notre homme redescendit sur terre. C'est vrai, il ne fallait pas oublier : Ils étaient attaqués. Sans aucun doute, c'était cette belle rose qui venait de créer une barrière de protection à l'aide du sable. Elle devait certainement contrôler la terre. Cela faisait donc parti de ses diverses épines. Un léger sourire en coin. Finalement, elle n'aurait peut-être jamais eu besoin de son aide. Cependant, il voulait quand même lui offrir. À l'heure actuelle, cela ne représentait certainement rien. Cependant, qui sait, sur le long terme ? Peut-être qu'un jour, le simple fait de prononcer son nom pourrait s'en suffire à effrayer les faibles. Mais l'heure n'était pas aux fantasmes, non, ils étaient toujours attaqués, donc leur vie était potentiellement en danger. Même si de son côté, Kannwu savait qu'en ces lieux, la menace ne pouvait être qu'une seule et unique personne : Lui.
De même, si c'était un de ses frères qui s'en prenait à eux, il ne ferait rien d'autre que demi-tour, une fois l'ayant reconnu. Cependant, il doutait de cette possibilité là. Pour la simple raison que notre homme connaissait plus ou moins les déplacements de ses frères. Et aucun d'entre eux avait annoncé se diriger vers cet oasis. Dans ce cas là, qui serait assez fou pour s'en prendre à un nomade en plein milieu du désert ? Certainement une personne qui n'avait plus toute sa tête, frappé par la chaleur, avide de vivres. Éventuellement intéressé par l'oasis lui-même... l'eau est le nerf de la guerre en ces lieux.

Observant les réactions de la jeune fille de la Lune, il admirait l'entraînement des chevaliers. Quand il s'agit de protéger quelqu'un, elle était présente, même si ces personnes n'en valaient pas la peine. Sa prestance était remarquable, même si son sang froid ne semblait pas encore tenir la route. Sûrement était-ce de sa faute. Car après tout, elle ne devait pas avoir l'habitude de se battre aux côtés d'une personne si... entreprenante, dirons-nous.
Comment trouvait-elle le temps de se recoiffer dans ce genre de situation ? Cela n'en déplaisait pas pour autant à notre bâtard. Ce contraste lui donnait une scène légèrement amusante. Toutefois, il l'avait lui-aussi remarqué depuis quelques temps, mais il n'était pas visé. De ce fait, il semblait hors danger, et il en profitait. Le voilà maintenant assis, quelques pas derrière la jeune femme. Ne perdant pas une brève seconde de ce spectacle, n'osant pas cligner des yeux.
Allez, montre-moi comment tu te bats ! Toutes les pensées de notre hybride se tournaient vers le chevalier face à lui, vers cette beauté guerrière, s'apprêtant à charger à travers le désert.
Et voilà qu'elle courrait à travers le vent, fonçant vers son adversaire. C'était agréable à regarder, surtout qu'elle était loin d'être en terrain connu, le sable la ralentissait, cela se voyait, Kannwu le voyait. De combien ses capacités en étaient réduites ? Il ne saurait le dire. C'était un habitant du désert depuis tellement longtemps qu'il ne savait plus ce que c'était que d'en être un invité temporaire.
Elle alternait entre esquive et parade des flèches. Cela donnait un côté artistique à l'action. Décidément, notre homme aurait pu passer sa journée à la regarder. C'était agréable, et le sourire sur ses lèvres le prouvait.

Au final, ce n'était que de l'intox. L'homme, une fois face à cette diablesse, prit ses jambes à son cou. Ce qui était sûr, c'est qu'ils se connaissaient. La curiosité de notre homme en était piquée. Qui était-il ? Que faisait-il si loin dans le désert pour enfin décocher quelques flèches ? Ce qui en était sûr, c'est qu'il ne l'avait pas senti jusque là. Cet homme était loin d'être faible quand il s'agit de dissimulation. Tant de questions qui fusaient dans son esprit fertile. Cependant, la seule et unique personne qui pourrait lui répondre se trouvait devant ses yeux.
D'un autre côté, il admirait sa clémence... Quoi que, la voilà entrain de le rejoindre. Elle semblait fatiguée, ses forces semblaient s'en être allées. Gardant son léger sourire aux lèvres, il se dit, qu'au final, elle n'avait tout simplement pas eu la force de le poursuivre afin de le capture, ou pire, de le tuer. Mais peut-être que son premier jugement était le bon. Après tout, il ne la connaissait pas suffisamment, et c'est la première et unique fois qu'il la voyait se battre. Même si... d'une certaine façon, il avait hâte de la voir se battre de nouveau. Peut-être que cette fois-ci, il serait debout, à ses côtés.

Oui, Kann' avait vu juste. Une fois que Lucy arriva à son niveau, elle s'écroula au sol, de fatigue, et s’endormit rapidement. Le contraste était amusant, on aurait dit un jeune enfant épuisé, sans défense, inoffensif. Mais il était bien placé, maintenant, pour savoir que c'était loin d'être le cas. Peut-être qu'elle s'abandonnait ainsi juste parce qu'elle lui faisait confiance ? Certainement. Et cela n'avait pour finalité que de renforcer son sourire niais, présent sur ses lèvres.
Sans hésiter, le nomade se releva et alla récupérer la jeune femme, la prenant dans ses bras -tel un prince charmant tiendrait sa princesse- et allant la déposé, en faisant son possible pour ne pas la réveiller, au niveau de l'arbre de l'oasis, où ils s'étaient tous deux allongés quelques temps au paravent. De cette façon, elle serait protégée du soleil, elle pourrait se reposer autant de temps qu'elle le voudrait... Pas trop, quand même. Le vent soufflait de plus en plus. Il avait donc vu juste... Enfin, il n'avait jamais faux, et ne se laissait jamais surprendre par sa maison.
Se dirigeant rapidement vers les tentes, ouvrant la première afin de prévenir ces pauvres vacanciers de la situation... Il leur expliqua rapidement qu'ils n'avaient plus rien à craindre, cependant, ils allaient devoir se préparer à lever le camp. Il ne leur donna aucune autre explication... Si ce n'est qu'il leur avouera qu'il veillerait sur eux le temps que Lucy reprenne des forces. Afin de les rassurer.

Faisant un tour complet sur lui-même, regardant l'horizon... Laissant échapper un léger soupir.
Se dirigeant vers son fier destrier, récupérant sa gourde qu'il empressa de remplir avec l'eau de l'oasis, elle était presque vide. C'était certainement la réelle motivation de sa venue en ces lieux, à prime abord. Une fois cela fait, il partit en direction de la jeune femme qui avait était rejoint par son animal de compagnie. S'asseyant à quelques pas d'elle, prenant le temps de la regarder dormir. C'était apaisant.
Lorsqu'elle se réveilla, il s'empressa de prendre la parole, avec une voix douce et posée :

« Vous allez mieux ? »

Dit-il, tendant sa gourde dans la direction de Lucy, qu'elle n'ait plus qu'à la saisir.
Affichant un large sourire, partagé entre l'amusement et la protection... Quelques instants plus tard, il reprit la parole :

« Je ne veux pas vous presser... Cependant, la tempête se dirige dans notre direction, comme je l'avais deviné. Les personnes que vous accompagnez en ces lieux sont souvent venu prendre de vos nouvelles, pendant que vous dormiez... Ils ont par ailleurs commencé à préparer leurs affaires afin de se remettre en marche... Cependant, aux rythmes où ils vont, ils sont pas prêt de terminer ! »

Transformant son sourire en un encore plus chaleureux. Il ne pouvait s'empêcher de la fixer du regard, appréciant son visage sous toutes ses formes, lui trouvant un certains charme à chaque changement d'état. Jusqu'à présent, il n'avait pas été déçu une seule fois. Quoi que... Il avait plutôt était surpris, encore et encore.
Les yeux de notre nomade se voulaient d'un jaune vif, parsemé d'orange. Légèrement plus expressif qu'à leur rencontre, certainement quelque peu charmé, par la même occasion.

Lucy se redressa et mit quelques secondes avant de comprendre ce qui se passait. Le nomade dont elle avait fait la connaissance se tenait devant elle, une gourde à la main, une gourde qu’il lui tendait. La chevalier la prit tout en cherchant à comprendre ce qui s’était passé. L’homme lui demandait si elle se sentait mieux, elle acquiesça d’un signe de tête tout en rapprochant la gourde de son corps. Elle baissa la tête et se remémora ce qui s’était passé.
Ça y était, elle se rappelait, elle avait eu comme un moment de lucidité ce qui lui avait fait relever la tête rapidement avant de la rabaisser. Oui, elle avait couru jusqu’au tireur et y avait découvert l’un des chasseurs de sa famille. Il était venu pour la tuer, elle se doutait que ce n’était pas son intention mais un ordre qu’il exécutait c’était aussi pour cela qu’elle ne l’avait pas suivi et puis qui sait, c’était peut-être seulement pour voir comment elle se débrouillait maintenant.

C’était peut-être tout simplement cela, elle était encore entrain de penser quand Kannwu reprit la parole. Il la sortit de sa rêverie en lui annonçant qu’une tempête de sable venait dans leur direction. Et elle qui s’était endormie, elle n’était pas douée mais vraiment pas. Elle s’était endormir durant ses fonctions, on risquait de lui faire nombreux reproches quand elle serait de retour à Bénécius. Lucy releva la tête et avala un peu d’eau avant de se lever et rendre la gourde à son propriétaire.
La demoiselle le salua et partit en direction du groupe. Certains n’arrivaient pas à plier leur tente, la demoiselle s’approcha, défit les piquets qu’elle tendit à un homme, attrapa un côté et demanda à trois personnes de venir, en deux minutes la tente était repliée. Le groupe s’activa alors voyant la rapidité de la jeune femme, elle n’avait pas envie de s’attarder ici. Elle se devait de les protéger mais face à une tempête, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Quand tout fut prêt, la jeune fille retourna sous l’arbre et récupéra son sac de voyage, fit monter Linéon sur son épaule et sortit une corde qu’elle passa à son épaule.

La jeune fille reporta son sac et siffla le groupe. La tempête venait de l’est, ils devraient donc faire un détour pour rentrer. Une petite fille semblait inquiète, ses vacances ne s’étaient pas passées comme souhaitées. Lucy s’approcha d’elle et s’agenouilla, posant un genou au sol, elle posa sa main libre sur la tête de la petite.

-Tu n’as pas à t’inquiéter, il ne t’arrivera rien. Je t’en fais la promesse.

Lucy avait dit cela sur un ton doux, elle devait lui donner du courage si elle voulait que tout le monde rentre. Elle leur fit signe de se mettre en route dans une direction précise. Le groupe de voyageur se mit en route mais Lucy ne bougea pas, elle se retourna vers le nomade et plongea son regard dans le sien. Elle voulait lui demander de les accompagner, elle se sentait en confiance avec lui, elle avait l’impression qu’il ne lui arriverait rien mais elle ne fit rien.

-Venez à Bénécius si vous souhaitez que l’on se revoie dans de meilleures conditions. Je dois y aller où ils vont se perdre, même si… j’aurais aimez que vous veniez avec nous.

Elle avait murmuré ce dernier passage de phrase, il ne l’avait peut-être pas entendu et c’est ce qu’elle espérait. Lucy se mit en route, elle était encore un peu fatiguée mais ce n’était pas grave, elle rattrapa très vite le groupe et alors qu’ils marchaient depuis quelques heures, elle entendit un cri derrière elle, un des hommes venait de tomber dans une partie de sables mouvants. Il était rare d’en voir à cet endroit mais ils existaient tout de même. La jeune fille posa son sac et envoya sa corde pour que l’homme l’attrape. Grâce aux autres voyageurs, ils purent le remonter.
La jeune fille ré-enroula sa corde et la remit à son bras, reprit son sac et allait repartir elle entendit du bruit se rapprocher vers eux. Ils avaient évité la tempête en prenant ce détour même s’ils devaient s’arrêter. Mais elle aurait préféré ne pas s’arrêter en plein soleil, elle aurait voulu trouver un rocher ou tout autre chose leur permettant de ne pas être exposés au soleil.