Citation :

Recherche aventuriers pour explorer Eternia.
Possibles dangers.
Rémunération en conséquence.
Envoyer message à Ernest Palombre à la Bibliothèque.
Sérieux demandé, petits malins s'abstenir.
Equipement de montagne recommandé et non fourni par l'employeur.

La première fois, Neelahn avait aperçu cette annonce placardée sur les murs de Bénécius. N’ayant jamais mis les pieds à Eternia et désireuse de mettre ses compétences au service d’autrui, la druidesse avait donc envoyé une missive à Ernest Palombre. Pourtant, après sa petite aventure dans les sables mouvants, on aurait pu croire qu’elle aurait préféré se terrer dans sa forêt pendant un petit bout de temps. Mais non. Elle n’était pas suicidaire mais avait un goût prononcé pour l’aventure. Curieuse, elle désirait tout connaître du monde. En fin de compte, elle aurait pu donc répondre à l’annonce d’Ernest comme à l’annonce de n’importe qui d’autre, quoi que, le « sérieux demandé » avait un petit côté rassurant. Après tout, on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber.

En rentrant chez elle, dans la forêt, Neelahn avait donc soigneusement fait son sac. Elle n’avait jamais mis les pieds dans une montagne. Étant donné les dangers potentiels qu’elle était susceptible de rencontrer à Eternia, ce n’était peut-être pas la bonne solution que de partir pour l’aventure sur un terrain inconnu. Ceci dit, Neelahn connaissait le froid et les milieux hostiles. C’était donc déjà suffisant, n’est-ce pas ?
Quoi qu’il en soit, assise au milieu de chez elle, l’elfe s’était longuement demandée ce qu’elle pourrait emmener avec elle. Bien entendu, certaines choses étaient indispensables comme les vêtements, les bandages et la nourriture. Mais après avoir prit ce qui semblait être le plus évident, Neelahn se demanda s’il y avait réellement du matériel spécifique à avoir sur soi pour aller en montagne. En consultant ses collègues, l’elfe entendit parler de pioches, de corde, … Ceci dit, est-ce que cela en valait vraiment la peine puisqu’elle savait voler ?

Préférant voyager léger, Neelahn décida donc de ne rien emmener de plus que ce qu’elle transportait habituellement dans son sac. La seule chose qui sortait de l’ordinaire était la masse de fourrures qu’elle avait jugées bon de prendre avec elle.
Arrivée à Naturalia, Neelahn finit tout de même par se demander si elle avait vraiment sur elle tout ce dont elle avait besoin pour participer à l’aventure. Elle déambula dans l’allée des marchands, se disant que ce serait la dernière fois qu’elle aurait l’occasion de faire des achats avant son long périple dans les montagnes. Autant en profiter !
Parcourant les étales, Neelahn s’attarda sur les différentes plantes que proposaient les marchands. Elle étudia leurs propriétés et tenta de les graver dans sa mémoire, se disant que cela pourrait lui être utile par la suite. Elle eût alors l’occasion d’apprendre une nouvelle recette pour confectionner des baumes. Ce n’étaient en aucun cas des potions miracles mais la crème permettrait de favoriser la cicatrisation des blessures. On lui montra également quelles plantes ajouter pour éviter que les plaies s’infectent. Là aussi, il n’y avait rien d’extraordinaire. Rien de ce qu’on lui apprit ne releva de la magie mais au moins, Neelahn savait désormais quelques petites choses qui lui faciliteraient la vie dans les montagnes.

Après s’être arrêtée devant un nouvel étal, la druidesse prit entre ses doigts une cotte de mailles. On lui suggéra une autre qui était beaucoup plus légère et plus adaptée à son gabarit. Intéressée, elle se laissa présenter l’armure mais même si elle pesait deux moins lourde que celle qu’elle venait de tenir, elle avait tout de même son poids. En y repensant, elle se dit qu’avoir une cotte de mailles la gênerait plus que tout autre chose. En effet, durant ses transformations, il lui serait peu aisée de garder la cotte sur elle.

Une cotte de mailles pouvait s’avérer très utile dans certaines circonstances. La preuve, les chevaliers en portaient toujours une sur eux et Neelahn ne doutait pas un seul instant de son efficacité. Sans doute leur avait-elle contribué à gagner certaines batailles et éviter des blessures mortelles. Ceci dit, la druidesse se demandait comment ils faisaient pour porter une protection aussi lourde durant toute une journée. N’était-ce pas fatiguant à la longue ? Soulevant la cotte de mailles à l’aide de ses doigts, elle soupesa une nouvelle fois l’armure. Elle n’avait jamais porté de ferraille sur elle et était toujours vivante et bien portante. Il fallait aussi admettre qu’elle n’avait pas une vie aussi trépidante que les chevaliers, ce qui diminuait ses risques de se faire transpercer le cœur par une épée. Cependant, récemment, avec son ascension au rang d’Ermite et toutes ses aventures, Neelahn commençait à se dire qu’une cotte de mailles ne pourrait pas lui faire du mal. Quoi que. Encore une fois, elle songea que porter une telle ferraille sur le dos ne l’aiderait pas beaucoup durant ses transformations. D’ailleurs, un inconnu qui passait par là ne se gêna pas pour confirmer inconsciemment ses pensées et, pour couronner le tout, il lui montra même une défaillance au niveau de quelques mailles.

« Oh ! Merci ! Sans vous, je ne m’en serai jamais aperçue. »

Grâce à ces paroles, l’inconnu pourrait rapidement deviner que Neelahn était une novice. D’ailleurs, tout en elle portait à croire qu’elle n’était pas faite pour tenir une épée entre les mains. Elle était beaucoup trop frêle et n’avait pas l’allure d’une guerrière. Il suffisait de jeter un simple coup d’œil sur son gabarit et sa façon de se vêtir pour le voir. D’ailleurs, Neelahn ne cachait pas sa provenance. Avec ses vêtements marron, ses bottes, son sac de voyage, son bâton et son arc, il n’était pas bien difficile de deviner qu’elle était une habituée des randonnées en forêt. Sa carrure laissait à penser qu’elle devait d’ailleurs être une excellente guide forestière, ce qui n’était pas faux étant donné que c’était son lieu d’habitat !

« Vous avez vu l’annonce ? celle où un homme recherche des gens sérieux pour aller à Eternia ? »

Plissant le nez, Neelahn se pencha vers la cotte de mailles pour examiner quelques mailles déformées. L’inconnu devait vraiment être un expert car pour elle, ce n’était pas le genre de chose que l’on voyait au premier coup d’œil.
Après s’être relevée, elle constata que l’homme ne possédait d’ailleurs qu’un seul œil. Ne le connaissant pas bien assez pour lui demander comment il était devenu borgne, elle ne dit rien à ce sujet et poursuivit celui qu’elle avait entamé :

« Je compte participer à cette aventure mais je ne connais pas du tout Eternia. Savez-vous ce qu’on doit emmener comme équipement en montagne ? »

La druidesse ne savait rien de l’inconnu mais peut-être pourrait-il la renseigner un peu sur les Montagnes Interdites ? Peut-être pourrait-il lui conseiller sur le meilleur équipement à avoir sur soi ? Après tout, Neelahn se disait qu’elle n’avait rien à perdre. Il semblait plutôt enclin à bien vouloir partager ses connaissances et cela permettrait à l’elfe de mener son expédition dans les montagnes avec la conscience tranquille. Ceci dit, elle avait beau réfléchir, elle ne voyait pas tellement ce qu’elle pouvait emmener de plus que ce qu’elle avait déjà sur elle mais peut-être avait-elle ces pensées à cause de son manque de connaissance. Mais bon, mieux valait prendre des précautions. On ne savait jamais ce qui pouvait advenir. Ce fut donc avec de grands yeux pétillants et le regard tourné vers l’inconnu qu’elle attendait la réponse à sa requête.

La réponse de l’inconnu aiguilla un peu la druidesse quant à sa profession. Il parlait de « château » et de « missions ». De plus, avec sa grande carrure, Neelahn cru comprendre qu’il devait être chevalier. Et pas n’importe quel chevalier ! Une aura puissante émanait de lui signalant ainsi à l’elfe qu’il valait mieux être son ami plutôt que son ennemi. Cet homme ne restait pas imbattable mais il était loin d’être un adversaire facile à vaincre. La druidesse ne savait pas réellement comment elle avait pu deviner tout cela, rien qu’en le regardant. Mais depuis quelques temps, elle était capable de mesurer la puissance des personnes qui se tenaient face à elle. Elle savait également pressentir le danger. D’où cette aptitude sortait-elle ? A chaque fois, Neelahn mettait tout sur le compte de son instinct. Après tant d’années, elle n’avait toujours pas comprit le vrai potentiel qu’elle possédait…

Pendant que l’inconnu lui conseillait sur le meilleur équipement à avoir en montagne, quelque chose titilla la druidesse. Elle aurait été incapable de décrire ce qu’elle ressentait mais savait que quelque chose de pas net trainait autour d’elle. C’était assez désagréable. A chaque instant, elle avait l’impression que des ombres allaient sortir de nulle part pour la tirer vers le néant. Cependant, elle avait beau regarder tout autour d’elle, elle ne voyait absolument rien qui pouvait menacer sa vie. Tout semblait calme et paisible, comme à son habitude. Et pourtant, alors que Neelahn se grattait la nuque comme si cette sensation désagréable qu’elle éprouvait allait s’en aller comme ça, l’inconnu s’excusa auprès d’elle et parti s’adresser vers un homme. Cet homme avait reprochait apparemment quelque chose à la druidesse. Ne le connaissant pas, elle le regarda avec de grands yeux étonnés. Elle l’aperçut alors décocher un coup de poing au borgne. Ce dernier ne paraissait pas plus atteint que ça. Restant stoïque, il regarda l’imbécile se secouer la main et partir en courant.

« Je suis désolée, je ne veux pas vous attirer des ennuis mais sachez que je ne l’ai jamais vu. Je ne sais pas ce qu’il me veut. »

Peut-être avait-il était attiré par son sac de voyage. Peut-être s’était-il dit qu’elle avait des objets de valeurs sur elle – ce qui n’était pas faux – et qu’il pourrait la détrousser facilement puisqu’elle avait une allure frêle. A vrai dire, Neelahn n’en savait rien. Elle ne savait absolument pas ce que cet inconnu lui voulait et tout comme sa nouvelle rencontre, elle pensa également qu’il allait revenir. D’ailleurs, la sensation désagréable qui la gênait depuis quelques minutes n’était toujours pas partie et avait même tendance à s’accentuer. Plissant le nez, Neelahn essaya de l’oublier et se laissa guider dans une échoppe. L’aventurier.

Ce magasin portait bien son nom. Toujours en se grattant machinalement la nuque comme si quelque chose la gênait – et c’était effectivement le cas -, Neelahn laissa sa main libre glisser sur quelques fourrures. La qualité de ces vêtements n’était pas à contredire mais ayant déjà ce qu’il lui fallait à ce niveau là, l’elfe s’en détourna bien vite après avoir fait un gros câlin à une fourrure blanche qu’elle trouvait particulièrement douce au toucher.
Le magasin comportait deux salles et Neelahn fut rapidement attirée par celle qui contenait divers objets. Boussoles, couteaux, … l’elfe s’approcha d’une table sur laquelle reposaient plusieurs cartes. Plutôt bien détaillée, elle se dit qu’en prendre une lui serait bénéfique. Elle avait pourtant déjà bien une carte dans son sac mais elle n’indiquait pas où se trouvait les montagnes interdites et ne décrivait que la partie Est de Nel Beraid.
La druidesse se dirigea ensuite vers d’autres objets dont elle ne savait même pas à quoi ils servaient. Elle contempla quelques boussoles, s’amusa à retourner des sabliers de différentes tailles, … L’inconnu qui l’accompagnait ne manquerait pas d’ailleurs de constater qu’elle faisait tout pour trainer dans la boutique. Neelahn ne voulait pas sortir de là. Quelque chose dehors l’embêtait. Si elle devait décrire ce qui l’ennuyait, elle répondrait simplement « Ça sent le danger ». Cependant, elle ne dit rien à son guide. Après tout, aucune preuve ne pouvait justifier cette sensation que quelque chose d’imminent allait se produire.

« Il m’arrive parfois de venir ici, pour vendre des produits mais c’est la première fois que j’entre dans cette échoppe. » dit-elle au borgne pour essayer d’oublier

« Enchantée, je me nomme Neelahn. »

La druidesse adressa un joli sourire au propriétaire de L’Aventurier qui s’empressa de lui conter ses folles aventures après les présentations. En même temps, il lui prodigua plusieurs bons conseils afin d’affronter les montagnes. Il lui parla de vêtements, de nourriture, de corde… Mais en ce qui concernait ce dernier objet, Neelahn se demanda si dans son cas, il était vraiment utile d’en posséder puisque son animal totem était un colibri et que son sac de voyage s’adaptait à ses transformations. Bien sûr, avoir une corde sur soi lui permettrait d’aider ses coéquipiers à escalader les montagnes et qui sait, peut-être aurait-elle également d’autres occasions de s’en servir. Il ne fallait cependant pas oublier qu’une corde n’était pas un simple bout de ficelle que l’on pouvait placer dans une de ses poches. La druidesse savait qu’il en existait qui ne pesait pas plus lourd qu’une pomme et ne prenait pas plus de place qu’une casserole. Ceci dit, ce genre de corde devait probablement valoir une fortune et ne devait pas être accessible au premier venu.

« Avez-vous des cordes elfiques ? »

C’était exactement le type de corde auquel pensait Neelahn. Évidemment, elle ne se faisait pas trop d’illusion. De plus, ce genre d’objet était généralement plus considéré comme un artefact qu’une simple corde banale.
Et tandis que Neelahn attendait la réponse de William, elle tourna la tête vers Edalion qui semblait préoccupé par ce qui se passait à l’extérieur. Le propriétaire de l’Aventurier vînt alors s’excuser auprès de la druidesse. Il se disait trop bavard et pensait l’assommer avec ses monologues. L’elfe s’empressa alors de le rassurer. Il ne l’embêtait pas du tout, bien au contraire. Il lui fournissait beaucoup de bons conseils. Peu de gens étaient enclin à partager leurs connaissances aussi facilement. Les aventures qu’il avait vécues étaient tout à fait admirables et Neelahn se serait bien volontiers assise en tailleur près d’une cheminée pour l’écouter raconter ses histoires.

« Non, ça ne vient pas de vous. C’est juste que… Je n’en sais trop rien, en fait… A quoi servent ces objets qui se trouvent sur l’étagère là-bas ? »

Neelahn n’avait pas regardé à travers les vitres de la boutique. Elle n’avait donc pas aperçu que le larcin était revenu avec du renfort. Grâce à son instinct, elle n’était pas obligée de sonder ce qu’il y avait autour d’elle pour détecter le danger. Elle possédait une sorte de sixième sens qui lui permettait de le sentir arriver. Et là, à cet instant, plus que jamais, elle le sentait tout proche. C’était idiot mais la druidesse avait une envie irrésistible de se transformer en oiseau pour aller se cacher dans un des petits coins sombres de l’Aventurier. Idéalement, elle se serait bien cachée sous une armoire ou se serait dissimulée sur une des poutres en hauteur qui soutenait le bâtiment.

La druidesse entraina donc William dans la seconde salle, celle où elle avait joué avec sabliers et les boussoles. En fin de compte, elle ne s’inquiétait pas réellement pour elle. Avec son animal totem, il lui serait facile de fuir si jamais elle en avait besoin. Mais il y avait William et Edalion. Aussi robuste que le chevalier pouvait l’être, il aurait sans doute du mal à vaincre ce qui allait arriver. Peut-être y arriverait-il mais Neelahn n’aimait pas se baser sur des « peut-être ».

« Vous voyez, ça. Je me demande ce que c’est. » dit-elle très nerveusement à William après avoir pointé son index sur un… sablier…

Frustrée de ne pas savoir à quel danger elle avait à faire, Neelahn se décida à tourner la tête une nouvelle fois de gauche à droite. Ce fut seulement à cet instant là qu’elle aperçut celui qui voulait l’agresser un peu plus tôt, accompagné de trois collègues.

« Ils sont là… »

Lorsque William percuta Neelahn, celle-ci tomba par terre et en eût le souffle coupé. Même s’il avait beau avoir l’âge d’un vénérable ancêtre, il pesait aussi lourd qu’un taureau – effectivement, Neelahn abusait un peu sur la métaphore mais William était loin d’être une petite plume ! Sonnée, elle ne put réagir face aux évènements qui surgirent sous ses yeux. D’ailleurs, la succession des images qui défilèrent devant elle se fit de manière si rapide qu’elle n’eût pas l’occasion de distinguer quoi que ce soit. En réalité, l’elfe ne comprenait pas réellement ce qui se produisait devant elle et plutôt que de juger une scène étrange, elle préférait se dire que ses yeux n’avaient pas pu lui permettre d’émettre un jugement correct. En effet, alors que celui qui lui voulait du mal était à deux doigts d’abattre sa hache sur William, son arme changea brusquement de direction pour aller assommer… ses collègues.

Peut-être avait-elle mal vu ou peut-être que cet homme était-il complètement fou. Quoi qu’il en soit, Neelahn était complètement stupéfiée par cette scène. Elle ne pensa même pas à se relever, ni même à se protéger. Face à une telle incongruité, la druidesse ne savait plus quoi penser. Incapable de réagir, elle laissa Edalion se charger des trois intrus. Contrairement à elle, il ne semblait pas ébranler par ce qui venait de se produire. En un peu de temps, il parvînt à maîtriser ses adversaires. Après les avoir ligoté tous ensemble, il les traina comme un vulgaire sac de pommes jusqu’à l’entrée de la boutique. Ebahie devant cette prouesse, Neelahn regarda bouche bée le chevalier revenir. Il l’aida à se relever et lui demanda si elle allait bien.

« Bah euh… oui… »

Une fois la menace envolée, William s’indigna du comportement des trois intrus et se mit à raconter des anecdotes. Neelahn se demanda ce qu’il avait pu faire dans le passé pour s’être attiré autant d’ennemis. Même si ses histoires étaient très intéressantes, ce fut d’une oreille distraite qu’elle finit par écouter la fin. Les évènements étranges qui venaient de se produire lui torturaient toujours l’esprit. Et apparemment, elle n’était pas la seule à se poser des questions. Intrigué par ce qu’elle avait pu ressentir avant l’attaque, Edalion vînt l’interroger à ce sujet.

« Je savais qu’un danger approchait mais j’étais incapable de déterminer les évènements qui allaient se produire. »

Elle espérait qu’il n’allait pas la prendre pour une folle ou une voyante car elle n’était rien de tout cela. En fait, à bien y repenser, on pouvait dire que son instinct pouvait être comparé à celui des animaux. Tout comme certains d’entre eux, Neelahn était capable de sentir le danger arriver. Et si certaines espèces savaient reconnaitre un séisme ou autre catastrophe, la druidesse, elle, n’était pas en mesure de révéler ce qui allait se produire.
Ne voulant pas s’attarder sur le sujet, elle décida de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques instants.

« Avez-vous compris ce qui s’était passé un peu plus tôt ? »

Puisqu’Edalion ne semblait pas avoir été surpris par ce qui s’était produit, Neelahn se disait donc qu’il avait peut-être compris ce qui s’était passé. Elle avait du mal à croire qu’il était possible d’agir de manière si illogique.

Alors que Neelahn était en train de discuter, sa main se leva une nouvelle pour venir gratter sa nuque. A force, elle aurait pu croire qu’il s’agissait d’un geste machinal, comme se ronger les ongles lorsque quelque chose n’allait pas. Ces tics étaient parfois tellement mécaniques qu’elle ne se rendait pas compte qu’elle était en train d’exécuter l’un d’eux. Pourtant, esquisser un geste inconsciemment ne procurait pas la même sensation désagréable que de se sentir manipuler comme une marionnette. Spectatrice de ce que lui infligeait son propre corps, Neelahn sursauta lorsqu’elle se rendit compte qu’elle avait perdu le contrôle de son bras. Elle avait beau lui donner l’ordre de se baisser, il continuait obstinément de gratter sa peau. Les yeux écarquillés, la druidesse se demanda ce qu’il lui arrivait. Ce ne fut que lorsque le chevalier cessa son emprise sur elle qu’elle comprit ce qui s’était passé avec les voleurs. Sur l’instant, elle ne sut comment réagir. Devait-elle avoir peur qu’un tel don pouvait exister ou devait-elle être soulagée que cette capacité soit entre de bonnes mains ? Dans un cas comme dans l’autre, la druidesse ne pouvait que se montrer fascinée par ce pouvoir aussi puissant que mortel. Si Edalion l’avait voulu, il aurait pu ordonner aux voleurs de se suicider eux-mêmes. Rien qu’à cette idée, Neelahn en eût le sang glacée.

« Au moins, je sais désormais qu’il ne faut pas vous embêter. » parvînt-elle à dire sur le ton de la plaisanterie.

Et puisque le chevalier venait de dire qu’il n’était pas tout à fait borgne, Neelahn se demanda s’il voyait bien à travers son œil blanc. La druidesse avait un peu de temps devant elle et pouvait largement écouter ses histoires. Cependant, il n’avait pas l’air disposé à lui révéler une partie de sa vie. L’elfe préféra donc ne pas le forcer. Après tout, ils venaient à peine de se rencontrer et elle-même aurait été incapable de se confier tout son passé au premier venu. Certes, Edalion n’était pas n’importe qui et Neelahn savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Cela dit, maintenant qu’elle avait croisé son chemin, elle se dit qu’Edalion viendrait sûrement lui raconter son histoire un jour ou l’autre. L’elfe était curieuse mais elle respectait l’intimité des autres. Pour cette raison, elle décida de changer de sujet de conversation mais William l’envoya chercher une fine corde dans l’arrière-boutique. Dès que le chevalier lui eût tourné le dos, le vieux s’empressa de faire des éloges sur son ami et accompagna la druidesse jusqu’au comptoir. Arrivant à destination, le vieil homme posa une question à Neelahn. Cette question ressemblait d’ailleurs bien plus à une affirmation qu’à une question.

« Vous voulez voir ? »

A première vue, William n’avait pas l’air d’avoir de mauvaises pensées comme certains face à ce statut. Du coup, la druidesse se permit de lui faire une petite démonstration, se disant que ça l’amuserait sans doute un peu. Après s’être transformée en colibri, l’elfe effectua quelques pirouettes aériennes et s’amusa à faire pousser une plante dans un pot de terre posé sur le comptoir. Ressemblant un peu à du lierre, elle rampa sur le bois et décora une partie du meuble. Ici et là, quelques fleurs vinrent apporter une petite pointe de couleur. Pendant ce temps, Neelahn sautillait autour du pot, toute guillerette. Bien évidemment, la druidesse savait faire des choses bien plus spectaculaires mais son but n’était pas de fanfaronner et se fatiguer pour rien. Après avoir fait éclot certaines fleurs et laisser d’autres sous forme de bourgeons, elle leva la tête vers William afin de guetter sa réaction. S’il ne voulait, elle était tout à fait en mesure de faire pousser quelques arbustes afin de décorer sa boutique.

Quant à ce que manigançaient les deux hommes, Neelahn n’en eut strictement pas conscience. L’elfe était capable de pressentir le danger, pas les jolies surprises qu’on lui préparait dans son dos et c’était sans doute très bien comme ça !

Sautillant joyeusement sur le comptoir, Neelahn s’arrêta à son bord et leva la tête vers Edalion. Avec sa tête d’oiseau, l’elfe ne pouvait pas sourire mais il était évident que les compliments du chevalier l’avaient profondément touché.
Sautant à terre, Neelahn reprit sa forme elfique et se cacha derrière le comptoir pour se rhabiller. Même si le fait de se transformer en oiseau pouvait se révéler pratique à bien des moments, il était tout de même fastidieux de devoir à chaque fois se planquer comme un voleur pour enfiler des vêtements. Dans la forêt et entourée de ses confrères, Neelahn n’avait aucune gêne à se présenter nue devant eux car ils étaient tous d’accord pour dire que faire autant de manières lorsqu’on était druide était franchement bien ennuyeux et inutile. Ceci dit, cette façon de pensée ne pouvait pas s’appliquer dans une cité pavée et Neelahn respectait les mœurs et coutumes des autres.

Après avoir fait ses lacets, Edalion demanda à Neelahn d’ouvrir sa main qui s’exécuta immédiatement sans broncher. Un insigne tomba sur sa paume. Intriguée par cet objet, la druidesse le leva jusqu’à hauteur de ses yeux pour le contempler sous tous les angles. Pendant ce temps là, le chevalier lui donna quelques explications. Il trouvait que le cadeau qu’il venait de lui faire n’avait rien de spécial. Elle n’était pas d’accord avec lui. Au contraire, c’était un formidable présent. Ne se rendait-il pas compte de ce qu’il venait de lui offrir ? Pour Neelahn, il s’agissait là d’un gage d’amitié. Elle venait de le recevoir avec grand plaisir et suite à cela, elle accepta bien évidemment d’accéder à sa requête qui consistait à lui narrer une partie de sa vie. Ils venaient de deux mondes différents et elle était persuadée qu’ils auraient beaucoup de choses à se dire.

« Que voulez-vous savoir exactement ? »

Neelahn était prête à lui partager son savoir mais elle réalisa qu’elle n’avait qu’en fin de compte rien à dire. Elle avait passé son temps dans la forêt et n’y était sortie que récemment. Edalion devait sans doute avoir vu plus de paysages qu’elle. Comparé aux aventures que le chevalier avait pu vivre, la vie parmi les arbres était finalement bien paisible. Des grizzlis et quelques bandes de voleurs menaçaient parfois la tranquillité des druides mais ce n’était rien devant les carnages auxquelles assistaient certaines cités. Ceci dit, Neelahn pouvait toujours expliquer pourquoi elle avait choisi d’emprunter la voie des druides et ce qui l’avait poussé à aller visiter le vaste monde.

« Je suis née dans la forêt – enfin, je crois. Je n’ai jamais connu ma mère – ou alors, je ne m’en souviens plus. Mon père et tous ses amis étaient druides donc, d’une certaine manière, mon destin était déjà tout tracé. Plus précisément, je ne savais pas grand-chose des autres castes. Je ne me voyais pas passer mes journées à lire ou tenir une épée. Et surtout, je ne me voyais pas vivre dans une cité. Vous vous imaginez abandonner tous vos amis et vos habitudes du jour au lendemain pour aller vivre dans une forêt ? Bah moi, c’est inversement pareil. Au début, je craignais d’avoir commis une erreur mais aujourd’hui, je suis très heureuse d’être druidesse. Mais bon, la forêt, la forêt, toujours la forêt, voilà quoi… mais j’adore, hein ? Mais je voulais aussi voir du paysage. Je voulais savoir à quoi ressemblaient les rues de Naturalia. En somme, je suis curieuse ! »

Elle ne le dit pas mais tout comme Edalion, elle désirait se faire des alliés. Les druides ne sortaient pas souvent de chez eux et n’avaient donc pas l’occasion d’établir des contacts avec le monde, ce qui pouvait se révéler dangereux. Neelahn était de nature optimiste mais elle savait que la paix qui régnait sur Nel Beraid ne serait pas éternelle.

« Mais je suppose que ce n’est pas ça que vous voulez savoir, si ? » demanda-t-elle après avoir débité son monologue sans s’essouffler.

Comment parvenait-il à débiter une telle histoire avec autant d’aisance ? Edalion avait eu une dure enfance et malgré la facilité avec laquelle il se livrait, il semblait ronger par le regret. Le visage sombre, Neelahn ne pouvait que compatir. Elle n’avait pas le même regard que les autres, ce qui expliqua pourquoi elle ne tentait pas de fuir. Dans certains ouvrages qu’elle avait eu l’occasion de lire, l’auteur décrivait parfois les atrocités que certains mages infligeaient à leurs prisonniers. Il était alors facile de se dire que cela ne pouvait pas réellement exister tellement ces horreurs étaient épouvantables. Pourtant, l’elfe savait bien que l’imagination de certains êtres ne possédait aucune limite en matière de mal. Mais cela était plus simple de ne pas y penser. Pourquoi se torturer l’esprit et s’empêcher de dormir avec de telles atrocités dans l’esprit ? Rien que savoir que tout ceci existait réellement donnait la chair de poule.

« Ce qui vous ai arrivé est malheureux mais pourquoi voulez-vous vous racheter pour un acte dont vous n’êtes pas fautif ? Vous n’avez tué personne. Lorsque votre bras s’était abattu sur ces âmes innocentes, vous étiez sous l’emprise d’une malédiction. Ce sont les mages noirs qui ont tué ces pauvres victimes, pas vous. »

La druidesse esquissa un sourire.
C’était comme ça qu’elle voyait les choses. Pour elle, Edalion n’avait été qu’une victime manipulée comme une vulgaire marionnette par des personnes malhonnêtes. Les gestes fatals qu’il avait portés avaient été dictés par ces personnes et non par son esprit. En conclusion, il n’était pas responsable de tous ces meurtres.

« Tout à l’heure, vous avez poussé un voleur à commettre un acte contre sa volonté. Mais c’est votre pouvoir qui l’a forcé à assommer ses collègues. Vous l’avez manipulé et il ne pouvait rien faire. En fin de compte, c’est vous qui êtes responsable de cet acte, pas lui. »

Grâce à cet exemple, Neelahn tentait d’enlever cette culpabilité qu’Edalion portait sur ses épaules. Peut-être n’arriverait-il pas à adhérer à son point de vue car avoir vu sa propre arme tuer tant d’innocents l’avait révulsé mais la druidesse était persuadée d’avoir raison. Et s’il avait été le réel auteur de ces meurtres, sans doute continuerait-il à poursuivre ces crimes. Hors ce n’était pas le cas. Lorsqu’il fut libéré, Edalion avait choisi de rejoindre l’ordre des chevaliers afin de défendre les innocents. En fin de compte, les évènements tragiques qu’il avait connu dans son enfance avaient permis contribué à le rendre meilleur. S’il avait décidé de mener une vie de fermier, il n’aurait pas pu aider autant de personnes. C’était une façon bien optimiste de voir les choses mais c’était ainsi que Neelahn concevait la vie.

« Après avoir assisté à toutes ces horreurs, vous auriez pu baisser les bras mais vous avez préféré vous servir de ça pour vous rendre plus fort. Pour moi, votre parcours est tout simplement admirable. Vous avez survécu malgré ce qu’on vous a fait subir et maintenant, vous combattez le mal. Vous êtes l’incarnation de l’espoir. »

Par ces mots, Neelahn espérait convaincre Edalion. Il semblait douter de ses capacités et de ses convictions. Pourtant, ses actes ne pouvaient que confirmer qu’il avait bon cœur. Tournant la tête vers William, l’elfe chercha son soutien. Le vieil homme était intelligent et serait sans doute d’accord avec les propos qu’elle venait de tenir.
Si Neelahn avait connu le même destin qu’Edalion, que serait-elle devenue ? Se serait-elle laissé abattre ou aurait-elle trouvé la force de combattre ? Elle possédait beaucoup de courage mais en aurait-elle eu assez pour réagir comme le chevalier ?

« Je pense que si j’avais eu à connaitre les mêmes peines que vous, je ne m’en serai pas aussi bien sorti, sauf si j’avais pris connaissance de votre histoire car vous aurez été alors mon modèle. »

Neelahn acquiesça humblement de la tête face aux propos d’Edalion.
Comme la majorité de population, l’homme se souciait de l’image qu’il pouvait dégager de lui et l’elfe ne voyait pas vraiment pourquoi les autres auraient à douter de sa bienveillante. Il était loin de ressembler à un profiteur. Un peu plus tôt, il avait repéré des voleurs qui voulaient la détrousser. Il aurait pu ne pas la prévenir et la laisser seule face à son sort. Cependant, sa nature protectrice l’avait poussé à l’aider. Il avait mis les voleurs hors d’état de nuire et ceci, sans rien demander en retour. Peut-être qu’il ne se rendait pas compte mais il était le stéréotype même du parfait chevalier. Ses actes ne ternissaient en rien la réputation de sa caste et avaient même tendance à l’affirmer. Edalion n’était pas du genre à se complaire dans les avantages que lui procurait son grade sans fournir une seule once d’effort en échange. En fait, Neelahn se disait même qu’elle le voyait mal mourir vieux et édenté. Il était plutôt le genre de personne à rendre l’âme durant un combat ou en essayant de sauver un orphelin du feu.
Tout ceci, la druidesse voulu l’exprimer haut et fort mais elle n’en eut pas le loisir. Edalion venait de lui faire signe de la suivre pendant que William la bouscula un peu dans ses courses.

« Hé bien, je vais prendre une carte et ensuite, je crois que j’ai déjà tout ce qu’il me faut… »

Avec les petits trésors qu’elle avait trouvé ici et là en parcourant les terres de Nel Beraid, Neelahn aurait probablement pu acheter la moitié de la boutique de William. Ne voulant toutefois pas gaspiller son argent pour des choses qu’elle avait déjà, la druidesse préféra se contenter du strict minimum. Évidemment, elle aurait pu essayer de marchander mais elle considérait que les circonstances ne s’y prêtaient pas. En essayant de se faire vendre des objets à un prix moins élevés que prévus, elle aurait eu l’impression de profiter de la bonté du vieil homme et elle n’aurait pas eu la conscience tranquille.
Lorsqu’elle revînt au comptoir, elle aperçu à quelques mètres d’elle, la fourrure qu’elle avait caressée lorsqu’elle avait franchi le seuil de l’Aventurier. Posant son regard là-dessus, elle se dit qu’elle pouvait bien se le permettre, même si acheter une fourrure en soit, était un peu stupide pour une druidesse qui savait chasser. En même temps, la fourrure était tellement jolie qu’elle ne put y résister. Même si certains de ses collègues se moqueraient d’elle en apprenant qu’elle s’était offert une peau de bête, l’elfe songea qu’ils la jalouseraient lorsqu’ils s’apercevraient de la qualité de sa nouvelle acquisition.
Après avoir posé la carte et la fourrure sur le comptoir, Neelahn sortit une bourse d’argent de son sac. Pendant ce temps là, le chevalier lui demandait des conseils sur la flore.

« Oh hé bien tout dépend de l’endroit où vous voulez mettre des plantes. Certaines s’adaptent facilement au climat tandis que d’autres sont un peu plus capricieuses. Mais si j’ai un conseil à vous donner ça serait d’éviter de laisser une plante toute seule. Si vous décidez de planter une fleur, par exemple, plantez-en au moins deux. Il ne faut pas oublier que les plantes sont des êtres vivants et personnellement, je détesterai devoir vivre seule sans personne à qui parler. »

La druidesse esquissa un sourire et entendit la plainte de William. Sans lui, elle n’aurait sans doute pas comprit qu’Edalion venait de l’inviter indirectement chez lui. Aussitôt qu’elle comprit cela, l’elfe s’empressa donc de dire :

« Si vous voulez, je serai ravie de venir décorer votre intérieur. Votre compagne sera ravie d’avoir des fleurs chez elle. J’en suis persuadée. Évidemment, il faudra en prendre soin mais si vous voulez, je peux venir de temps en temps chez vous pour voir si tout va bien. »

Après tout, elle lui devait au moins ça après ce qu’il avait fait pour elle.

Il était facile d’imaginer la demeure d’Edalion. La description du chevalier était si claire et limpide que Neelahn n’eût aucun mal à visualiser les différents éléments qui constituaient son petit nid douillet. Elle voyait le soleil se refléter sur le saule pleureur, le reflet du ciel dans le bassin, … En somme, Edalion avait eu la chance de trouver un petit paradis sur terre et la druidesse en fut bien contente pour lui.
Ceci dit, ils n’eurent pas le temps de discuter davantage. Le chevalier devait partir veiller à la sécurité de Naturalia. Quant à Neelahn, il était temps pour elle de reprendre la route. Si elle trainait trop, elle arriverait en retard au point de rendez-vous.
Après avoir salué Edalion, la druidesse adressa un signe de la main à William. Peut-être auraient-ils l’occasion de se revoir ? Désormais chargée de venir faire du commerce à Naturalia pour pouvoir subvenir aux quelques besoins matériels de ses confrères, Neelahn se dit qu’elle serait peut-être possible de passer une tête pour dire bonjour au propriétaire de l’Aventurier. En revanche, en ce qui concerne Edalion, il serait sans doute plus difficile de pouvoir le croiser. En tant que chevalier, il devait se promener à gauche et à droite. Mais qui sait, avec l’insigne qu’il lui avait donné, Neelahn serait peut-être en mesure de mettre la main sur lui quand elle aurait l’occasion de remettre les pieds à Naturalia ?

Après avoir réajusté son sac sur le dos, Neelahn salua encore une nouvelle fois le vieil homme et sorti de la boutique. Elle réalisa alors qu’une fois arrivée dans les montagnes, elle n’aurait peut-être plus la possibilité de manger un bon repas chaud. De plus, ce n’était pas tous les jours que l’elfe avait l’occasion de passer près des tavernes ou des auberges. Puisqu’elle était à Naturalia, autant en profiter ! Un bon déjeuner avant de reprendre la route ne pourrait lui faire que du bien.
Tournant à gauche, Neelahn s’engouffra dans une petite ruelle. Son ventre gargouilla lorsqu’elle sentit les effluves des délicieux mets qui s’échappaient des fenêtres ouvertes ou des cheminées. Elle se demanda alors quel était le plat du jour du Chardon Ardent. Gourmande, l’elfe salivait d’avance sur son déjeuner.
Dommage que Tigrou ait préféré rester chez lui. Il ratait là une belle occasion de se remplir le ventre ! La nourriture était tellement exquise dans la cité des mages rouges que Neelahn aurait volontiers fait le déplacement rien que pour cela. En revanche, Tigrou n’était pas de cet avis. La viande fraiche coulait à flot dans la forêt. Pourquoi se serait-il donné la peine de marcher pendant des heures et des heures alors qu’il suffisait de donner un bon coup de patte pour obtenir de quoi manger ?

Contournant une petite rue, Neelahn vit au loin le panache de fumée qui se dégageait du Chardon Ardent. Ravie de voir qu’elle n’était plus très loin, l’elfe accéléra le pas.