Aux travers des méandres et de l'agitation ambiante, Violette parvint à se frayer un chemin jusqu'au marché de Naturalia. A l'entrée de la place des marchés, Violette fut interpellée par une gigantesque tour qui trônait fièrement au dessus de la populace. La Tour Naturelle. Ébahie par l'architecture soignée et artistique du monument, Violette resta là, au milieu du passage, une bonne dizaine de minutes. Les gens peu scrupuleux qui la bousculait n’eurent le pouvoir de la déconcentrer. Elle était en pleine admiration.

Un moment après, l'Inventrice reprit ses moyens et s'avança sur la place pavée. Au milieu de l'agitation, du bruit et des senteurs, la jeune rouquine ne savait où donner de la tête. Après un petit tour au milieu des étalages, après s'être fait gentiment draguée par un petit vieux tout a fait aimable, et après avoir découvert que le piment... bah ça piquait, elle décida de chercher un marchand de métaux ou d'outils. La demoiselle au parapluie trouva son bonheur non loin du centre du marché. Un homme gigantesque qui mesurait facilement deux mètres tout vêtu de cuir et de métal tenait un étalage bien attrayant. Des lunettes-jumelles spécial Inventeur trônaient sur son large front. Ses énormes mains étaient glissées dans des gants de cuir élimé. L'homme leva les yeux d'une sorte de montre à gousset quand Violette s'approcha.

"-Bonjouuur! Je vois que certains Inventeurs n'ont pas tardé à bien s'adapter au nouveau monde!"

"Faut vivre avec son temps ma p'tite dame! Alors... De quoi a besoin une jeunette sorti tout droit D'En Bas?"

"Mmmh... Vous n'auriez pas quelques pièces de cuivre ou de fer à vendre à bon prix?~"

Violette revêtit son sourire de négociatrice et attendit le géant qui s'était retourné pour farfouiller dans une sorte de mallette. Quand l'homme revint vers la rouquine, il tenait trois tubes de cuivre de même longueur (globalement 50 centimètres) et deux petites plaques de fer. Violette sourit, revêtit ses lunettes-jumelles et inspecta les objets à sa disposition. Discutant tranquillement avec le charmant géant de la meilleure façon d'utiliser les points forts de ces matériaux, elle commençait peu à peu à oublier son rendez-vous avec Psaro devant l'Arène. Il la pardonnerait sans aucun doute! Lui aussi sait comment un Inventeur s'embarque dans une discutions qui implique de comparer la couleur et l'aspect d'une plaque de métal et la résistance et la maniabilité d'un cylindre de cuivre...

Bianca était enfin rentrée de Malificium…Bon sang, qu’elle avait envie de se changer les idées…Une sorte d’évasion. De répit…Quelque chose pour se calmer ! Bon sang de bonsoir ! Elle avait fait le chemin presque en courant, plongée dans ses pensées. Un jour…Deux….Combien ? Plus ? Des heures, peut-être ? Qu’importe. Seul le résultat comptait et la voilà qui était arrivée à Naturalia. Elle avait pris la peine d’aller se reposer un instant une nuit au Chaudron et ce ne fut que dans la journée du lendemain qu’elle décida d’aller faire quelques ‘‘bonnes affaires’’.

L’allée des marchands, ses gens, ses pavés, étalages et bâtiments ! Aaaah ! Enfin quelque chose où elle se sentait à l’aise. Elle avait laissé sa capuche baissée, sa queue de cheval suivait les mouvements de sa tête tandis qu’elle regardait partout et poursuivait sa petite balade parmi les ruelles. Des herbes, armures, vêtements, armes….Oh des armes ! Parfait ! Elle allait pouvoir se racheter des couteaux de lancer tiens ! Et cette fois, elle avait été honnête, dépenser quelques pièces pour trois couteaux, ça n’était pas cher payé. Peut-être devrait-elle se prendre une autre robe aussi ? Son corset déchiré laissait apparaitre son ventre ferme lorsque le vent soufflait un peu. Bah, plus tard peut être.

Elle progressa ainsi jusqu’à arriver vers ce qui semblait être le centre du marché. Encore une fois différent étalage, d’autres personnes, mages surtout, d’autres avec des capuches, des guerriers parfois, une rouquine avec un parapluie, des….Euh… ? Hein ? Roussette tourna de nouveau la tête vers la fille qui se distinguait assez du décor. Curieux instrument. Elle sourit et commença à s’approcher. Elle parlait au marchand de l’étalage apparemment, Bianca ne comprenait pas tellement. Qu’étaient ses gens ? Des Inventeurs ? A discuter sur les pièces devant eux, peut-être.

Elle attendit qu’ils aient finis leurs affaires, les bras croisés, légèrement en retrait, les yeux rivés sur les pièces et le parapluie de la rousse. Tiens, pour peu elle aurait pu dire qu’elles se ressemblaient, après tout, elle en avait croisé peu. Quand ils eurent terminé et que la rouquine s’éloigna, Roussette la suivit un instant pour se placer à sa hauteur. Toute souriante et curieuse, presque comme une enfant malgré elle.

‘‘Sympa ce que tu transportes, qu’es ce que c’est ?’’

"-Et donc si j'utilise ces métaux pour fabriquer une sorte de carcasse supposée tenir sur deux roues aux rayons dont le métal reste encore à déterminer... Enfin bref. Vous pensez que c'est possible?..."

"-Je pense que c'est faisable oui... Vous pourrez toujours me contacter si vous rencontrer un problème!"

"-C'est vraiment sympa de votre part! Je les prend donc! 50 pièces pour les trois éléments, ça vous va?~"

Après une petite argumentation sur le prix de ses achats, Violette repartit avec son butin le sourire aux lèvres et le parapluie à la main. En chemin vers la sortie du marché, elle se fit interpeller par son homologue Rôdeuse.

‘‘-Sympa ce que tu transportes, qu’es ce que c’est ?’’

"-De? Hein, quoi?" L'Inventrice tourna la tête pour remarquer que la Rôdeuse la suivait. "Euh... Vous parlez de ça?" Elle désigna ensuite son parapluie métallique. "Biensûr que vous parlez de ça! De quoi pourriez vous bien parler si non!" Elle sourit, s'arrêta puis reprit.

"-Ceci est ma plus grande fiereté! C'est un objet qui peut servir de bouclier, d'épée, de lance, et même d'arbalète! J'imagine qu'une démonstration s'impose."

Toute contente qu'on s'intéresse à sa création, Violette réarma son jouet. Les pales métalliques se déplièrent toujours aussi vite alors que la pointe se sur-élevait. La soucoupe cliqueta en tournant avant de s'immobiliser quand la pointe reprit sa position initiale. Violette appuya son parapluie déployé sur son épaule pour se protéger du soleil. Un grand sourire trônait sur ses lèvres.

"-Oh mais je ne me suis même pas présentée! Violette Ruford, nouvelle arrivante dans le monde D'En Haut!"

La fille au parapluie tendit sa main gantée vers son interlocutrice en faisant tourner son parapluie de l'autre.

Elle souriait toujours, c’était son habitude après tout. La rouquine se tourna vers elle après que Roussette lui ait posé sa question.

"-De? Hein, quoi…Euh... Vous parlez de ça?"

Elle leva le curieux objet, décidément, c’était inédit pour Bianca, elle avait déjà vu quelque nobles avec des ombrelles…Du moins, petite. Mais avait-il une autre utilité ?

"Bien sûr que vous parlez de ça! De quoi pourriez-vous bien parler si non!"

Comme son interlocutrice, Bianca s’arrêta, les mains dans le dos, se balançant d’avant en arrière, les pans de sa courte robe comme sa queue de cheval suivant ses mouvements.

"-Ceci est ma plus grande fierté! C'est un objet qui peut servir de bouclier, d'épée, de lance, et même d'arbalète! J'imagine qu'une démonstration s'impose."

Une démonstration ? Cet objet pouvait-il vraiment servir de tout ça ? C’était une sorte d’a-..A.AAAH ! Héééé !! Roussette bondit en arrière rapidement, comme un chat qui aurait été surpris par l’ouverture d’un parapluie. Ce qui fut exactement le cas ! Sauf que bon, elle avait beau être agile, elle n’était pas un chat…Bref ! Elle avait bougé vite encore, sa queue de cheval s’était défaite, le ruban pendait à ses cheveux, de plus elle avait sorti sa lame.

‘‘Enchantée’’

Elle tâcha de se remettre de la surprise, souriante toujours. Elle tendit sa main, après avoir rengainé son poignard.

‘‘Je suis Roussette ! Le monde D’en Haut hein ? Tu es une inventrice ?’’

Elle se pencha pour observer le parapluie.

‘‘Superbe création en tout cas, je n’en ai jamais vu de pareille !’’

Un peu surprise par le bon que Roussette venait de faire, Violette n'en prit note. Elle continuait de sourire en serrant là main de la Rôdeuse.

‘‘-Je suis Roussette ! Le monde D’en Haut hein ? Tu es une inventrice ?’’

"-Oui je suis une Inventrice. Ce n'est pas surprenant quand on voit ce que je me traîne!" Violette rigola un court instant en désignant les tournevis insérés dans les petites boucles de cuir de son corset.

‘‘-Superbe création en tout cas, je n’en ai jamais vu de pareille !’’

"-Oh bah merci! Ça m'fait vraiment super plaisir!" Rougissant légèrement, Violette referma son arme après les deux "frac" consécutifs émis par la anse.

"-Et si on s'trouvait un endroit sympa pour faire plus ample connaissance? Ce serait bête que je laisse passer ma chance de faire connaissance avec une fille D'En Haut qui ne me regarde pas de travers!"

Époussetant quelque peu son chemisier blanc toujours étonnamment propre, Violette ouvra la marche à la recherche d'un banc ou d'une terrasse sympathique où discuter autour d'une boisson D'En Haut. Son vœu fut exhaussé car non loin de la place du marché, un petit banc à la carcasse métallique et à l'ossature en bois n'attendait que de sentir le fessier des deux rouquines se poser avec douceur sur ses planches. Ce fut le cas pour Roussette mais pas pour Violette qui posa lourdement son sac et son parapluie dans un fracas métallique. Souriant toujours, elle observait l'agitation du marché qui s'étendait dans les rues.

"-Et si on s'trouvait un endroit sympa pour faire plus ample connaissance? Ce serait bête que je laisse passer ma chance de faire connaissance avec une fille D'En Haut qui ne me regarde pas de travers!"

‘‘Ca me va ! Si tu as un endroit où aller, pas de soucis pour ma part.’’ Elle rigola un peu. ‘‘ Je te suis.’’

Elles allèrent s’asseoir sur un banc non loin….Quel bruit Violette fit lorsqu’elle s’asseyait ! Elle transportait de quoi assommer un Aigrefin ou quoi ? Quoique pas sûr qu’elle réussisse…

‘‘Il m’a l’air bien lourd ton sac dis-moi. Tu dois avoir mal au dos et aux épaules à force non ?’’

Elle rigola doucement.

‘‘A moins que ca ne soit que le strict minimum ou une simple formalité pour les Inventeurs ?’’

Elle regarda le monde alentour….C’était une bonne journée.

‘‘En tout cas, c’est une petite ville tranquille ici. Tant qu’il n’y as pas vraiment de conflits. Je suis revenue ce matin même. Mais il y as quelques semaines, j’ai rencontré d’autres personnes par ici. Deux nouveaux compagnons. Du moins….un qui est certifié, l’autre semble plus froid.’’

Elle soupira.

‘‘Nous étions allés à Malificium…..Et là-bas ça a été mouvementé…’’

Elle se recoiffa, serrant le ruban sur sa queue de cheval, toujours souriante.

‘‘C’est à peu prés tout…..A moins que tu ne veuilles savoir autre chose ? Sur moi peut être ? Mais en ce cas, je te demanderais de m’en dire un peu plus sur toi avant.’’

Elle lui tira la langue, espiègle.

‘‘Une échange de procédés comme je les aimes !’’

‘‘Il m’a l’air bien lourd ton sac dis-moi. Tu dois avoir mal au dos et aux épaules à force non ?’’

Violette rit avec elle. "C'est une formalité mais c'est vrai que cela peut être éprouvant parfois..."

‘‘En tout cas, c’est une petite ville tranquille ici. Tant qu’il n’y as pas vraiment de conflits. Je suis revenue ce matin même. Mais il y as quelques semaines, j’ai rencontré d’autres personnes par ici. Deux nouveaux compagnons. Du moins….un qui est certifié, l’autre semble plus froid. Nous étions allés à Malificium…..Et là-bas ça a été mouvementé…’’

Juste avant que Roussette poursuive, Violette rajouta: "Malificium est vraiment glauque à ce qu'il parait..."

‘‘C’est à peu prés tout…..A moins que tu ne veuilles savoir autre chose ? Sur moi peut être ? Mais en ce cas, je te demanderais de m’en dire un peu plus sur toi avant. Un échange de procédés comme je les aimes !’’


Violette ricana puis prit la parole à son tour.

"Mais bien-sûr! Cela va de soie!" Violette serra légèrement le métal de son parapluie "Moi je viens D'En Bas, chez les Inventeurs. Après la disparition de mon père, ma mère m'a tout apprit sur la conception de gadgets en tout genre. D'où mon parapluie. Maintenant je vais arpenter le monde D'En Haut pour me perfectionner encore plus et tenter de confectionner une machine qui faciliterait les déplacements longs et éprouvant. Si en plus cela peut avoir la classe, tant mieux!"

Violette rit doucement en arrangeant un peu sa tenue. Sa hantise était vraiment de paraître sale aux yeux des gens D'En Haut!

Une fois de plus et comme à son habitude, Bianca écoutait l’histoire comme une enfant….Aaaaah ! Bon sang ! Ca l’agaçait ! Et pourtant elle adorait ça !

Moi je viens D'En Bas, chez les Inventeurs. Après la disparition de mon père, ma mère m'a tout apprit sur la conception de gadgets en tout genre. D'où mon parapluie.’’

‘‘ Un bien bel objet, encore. Très sympathique’’ rigola Roussette.

‘‘Maintenant je vais arpenter le monde D'En Haut pour me perfectionner encore plus et tenter de confectionner une machine qui faciliterait les déplacements longs et éprouvant. Si en plus cela peut avoir la classe, tant mieux!"

‘‘Une machine facilitant les déplacements ? Whoua ! C’est un beau projet cela !’’

Elle rigola un peu en voyant Violette s’épousseter encore.

‘‘Tu sais ? Il ne va pas devenir encore plus blanc même si tu le frottais pendant plus de trois jours !’’

Elle s’étira de nouveau, les pans de son corset volèrent un instant sur les côtés par un petit vent. Elle baissa les yeux sur sa tenue et secoua la tête, faisant valser sa queue de cheval.

‘‘De mon côté……Eh bien….Euhm.’’

Elle hésita un instant, bon allez, elle allait encore servir son histoire sans pour autant aller trop dans les détails.

‘‘J’ai quitté ma maison vers 10 ans. Je voulais devenir magicienne. J’ai grandi loin de ma famille donc, principalement dans les rues à 12 ou 13 ans, peu à peu j’ai commencé des petits tours, vols et autres. Et un jour, j’ai rencontré mon mentor. C’était un Rôdeur lui aussi, il m’a entrainé pendant cinq ou six ans avec d’autres de ces camarades. Et j’ai maintenant quitté ce groupe-là, ensuite vient la rencontre avec Mikaeüs et Kharn.’’

Non, elle n’allait pas parler davantage, surtout pas de l’histoire avec Jeuvodent….Après tout, c’était un secret non ?

‘‘Et en ce qui concerne mon objectif….Je n’en ai pas vraiment. Pas du tout même. Je vis ma vie, je m’enrichie, je….Bah voilà !’’