Aguenzia, la quête oubliée [Pv Mordekaiser][Terminé]

Bien que les deux aventuriers aient déjà fait face à de terribles épreuves et soient parvenus à mettre la main sur l'un des trésors que cachait le Temple Oublié, leur périple ne s'acheva pas de la sorte. Selon toute vraisemblance, les catacombes mêmes où l'entité qui les hantait ne souhaitait pas abandonner l'anneau. C'est ainsi que les couloirs humides et obscures changèrent de forme et que les murs se déplacèrent bloquant certains accès pour en révéler de nouveaux.

"Génial." Souffla l'Aigrefin en toute ironie.

Sur proposition de son camarade, Mordekaiser laissa se dernier un court instant pour armer un coup de poing dirigé contre le mur qui les empêchaient de rebrousser chemin. Le guerrier avait quasiment épuisé toutes ses forces dans sa lutte contre Gurip et il doutait d'être capable de détruire une structure de pierre. Plein d'appréhensions, il entendit du bruit alors qu'il s'apprêtait à s'élancer. Cirdan venait malgré lui de débloquer un nouvel accès.

"On dirait que t'es pas si malchanceux que ça après tout." Railla le combattant avant de soutenir de nouveau son allié comme il l'avait fait un peu plus tôt.

Naturellement, les deux hommes empruntèrent le chemin qui se présenta à eux. Derrière la porte, Mordekaiser crut reconnaitre un couloir qu'ils avaient déjà traversé. Si le reste du labyrinthe s'agençait de la sorte, ce ne serait qu'une question de temps avant qu'ils ne retrouvent la sortie à moins que de nouveaux obstacles ne viennent leur barrer la route.

Un peu plus loin, l'irrégularité de la transformation des catacombes avait fait que le passage était surélevé et plus précisément à à peine plus de deux mètres du sol. D'un bond, L'Aigrefin n'eut aucun mal à se hisser mais il allait en être autrement pour le Nomade blessé.

Le chevalier de la Rose Noir s'accroupit donc sur le rebord et tendit une main à Cirdan. Contre toute attente, cette main n'était pas destinée en premier lieu à l'aider.

"Les pierres." Exigea le mastodonte.

Un peu plus tôt à l'auberge, le Nomade avait promis à Mordekaiser un paiement en pierres précieuses au cas où le tombeau ne présenterait aucune autre richesse que l'anneau convoité. Peut-être avait-il espéré qu'il oublierait tout simplement ou alors il pensait pouvoir rouler un Aigrefin ; toujours était-il que Cirdan ne pouvait pas rejoindre Mordekaiser sans son aide. Il allait donc devoir tenir sa parole s'il souhaitait quitter le temple en vie.

Le sens de l'honneur n'était pas un vain mot chez les Nomades. On ne pouvait pas en vouloir à Mordekaiser de vouloir sa part du butin, surtout pas Cirdan. Et puis une promesse était une promesse donc... Il fallait s'y plier. Et puis avoir trop d'argent sur soit quand on est Nomade et donc voyageur seul, ce n'était pas un bon plan. C'était même l'occasion de se faire attaquer plus de fois qu'il n'en faut pour rendre un voyage impossible à vivre. Par la conséquente, le Nomade était décidé à donner sa part à l'aigrefin. Et puis, il l'avait amplement mérité après tout. Il passa sa main dans son sac pour en sortir la petite bourse qu'il allait tendre à son compagnon quand une force venue d'ailleurs l'en empêcha soudainement, son bras s'était bloqué.

La bague qu'il avait mise au doigt se mettait à scintiller d'une lumière rougeâtre légèrement fantomatique. Encore une manifestation qui ne disait rien qui vaille. Et pour cause, l'objet avait l'air d'être envouté lui même. Finalement, Morde avait eut beau dire que notre Nomade n'était pas si malchanceux, pour cette fois, il avait tort... Mais cela devient une habitude quand on côtoie souvent le loustic aux cheveux neige. Bien qu'ayant toute la volonté du monde, il ne pouvait résister au charme que la bague exerçait sur lui. Sa main redéposa la bourse dans son sac de voyage et referma l'ouverture. Ses jambes, inexplicablement fléchirent et le firent bondir plus haut qu'il ne pensait pouvoir le faire, atterrissant à coté de l'Héritier Maudit. Dans la continuité de l'action, une chose étonnante mais pour le moins effrayante se produisit.

Le Nomade des Vents prit son manche à deux main, d'un geste sec sortit son katana de son fourreau alors qu'il fit un bon en arrière pour être à une distance correcte du colosse en armure. L'attitude du drôle avait changée du tout au tout, d'amicale, notre héro était devenu inexplicablement hostile à Mordekaiser... Que lui arrivait-il ? Avait-il perdu la raison ou avait-il prévu de se retourner contre son coéquipier ? De toute évidence, aux vus de ce que nous savons, Cirdan allait vraiment donner cette récompense à son compagnon alors il n'y avait qu'une explication : La bague... Et tout fut plus clair quand la bouche du demi-elfe articula ces mots avec une voix semblant venir d'outre tombe, ce toute évidence, ce n'était pas lui qui parlait mais un autre...

« Jamais tu n'auras mon trésor Griffin ! Je l'emporterais dans la tombe avec moi ! »

Visiblement, le véritable possesseur de l'artefact semblait avoir prit possession du corps du Nomade. Celui-ci semblait libéré des contraintes dut à son état comme si l'esprit qui le possédait ne pouvait pas ressentir la douleur... En réalité, Cirdan souffrait le martyr mais ne pouvait lutter contre cet intrus venu de l'au delà. Il était comme un spectateur dans son propre corps, ce qui le frustrait au plus haut point... Il espérait seulement que Mordekaiser comprendrait de lui même que ce n'était pas la volonté du demi-elfe qui guidait son propre corps mais quelqu'un d'autre... Le tristement célèbre et fameux rôdeur Parl...

Brandissant son arme contre l'aigrefin, il s'élança à toute vitesse contre lui. Le chevalier noir pu dégainer son arme et s'apprêter à parer ou frapper Cirdan mais au moment où il tenterait son action, le fantôme du rôdeur, qui connaissait et savait se servir du pouvoir de la bague à la perfection, ainsi que son vaisseau Cirdan ici présent, passeraient au travers de la contre-attaque pour se trouver en position de force dans le dos de leur ennemi. Alors il pourrait le planter là où ça fait mal dans l'interstice de l'articulation de l'épaule, sans pour autant le tuer, le bougre était tout de même en armure lourde, difficile donc de passer par deçà sa cuirasse même pour un guerrier aussi agile et astucieux que celui qui possédait le Nomade. Et puis ce n'était pas le but de Parl, lui était un rôdeur devenu vicieux et acariâtre depuis le temps, il préférait faire souffrir ses pilleurs avant de les éliminer une fois pour toute.

Une suite charmante attendait notre duo en somme... La solution serait peut-être d'arriver à ôter la bague du doigt du Nomade... Mais y arriverait-il sans devoir lui couper la main ou le doigt ? Bien que la bague soit utilisée par son possesseur originel, cette dernière était contrainte à ses nouvelles conditions d'utilisation : cinq fois et s'en serait finit de son pouvoir pour la journée... Mais ça, Parl ne le savait pas. Cirdan, le vrai, dans un élan d'effort pu arriver à articuler quelques mots, et cela disait quelque chose à propos de « cinq » de « fois » et de « plus pouvoir ». Sans doutes ces indications que le Nomade avait glanée avant de s'engager dans cette quête seraient utiles à Mordekaiser pour percer le secret, s'était-il dit...

Alors que Cirdan s'appétait à donner les pierres à l'Aigrefin, il bondit pour le rejoindre et dégaina son arme. Surpris, l'Aigrefin fit de même en assénant un coup vertical descendant, comptant l'emporter sur cet échange grâce à sa force brute. Contre toute attente, le Nomade disparut et la lame de Mordekaiser se planta dans le sol avant qu'il ne ressente une douleur vive à l'épaule.

Grimaçant, l'homme envoya à l'aveugle un coup de talon au bas de l'abdomen de son assaillant le faisant néanmoins que reculer. Le guerrier fit volte face. Il avait entendu les mots de Cirdan et comprit tout de suite que ce n'était pas sa voix. Quelle était cette bague qu'il avait récupéré ? Le Nomade venait tout juste de se téléporter or il n'avait jamais mentionné au chevalier noir qu'il en avait la capacité. On ne pouvait décidément pas faire confiance à un Nomade.

C'est alors que Cirdan parla de nouveau, de sa véritable voix cette fois. Il semblait peiné et Mordekaiser ne comprit pas très bien où il voulait en venir. Il allait devoir forcer un évènement à se produire cinq fois avant de prendre l'avantage. La suite des évènements lui permettrait peut-être d'éclaircir ce mystère.

Ne perdant pas plus de temps, le colérique Aigrefin se rua vers son adversaire en réalisant d'habiles moulinets de son épée lourde. Cirdan parvenait à éviter toutes ses attaques malgré ses lourdes blessures, mais quelque chose ne tournait pas rond. Mordekaiser était quasiment persuadé que le Nomade serait parvenu à contre-attaquer rapidement.

Autre chose mit la puce à l'oreille du guerrier. Une lame de vent se préparait autour du katana du Nomade. Elle semblait instable ; trop instable pour avoir été créé par quelqu'un qui maitrisait ce pouvoir en réalité. L'Aigrefin ne voyait qu'une seule explication à cela : son allié était possédé.

Au moment où Cirdan ou plutôt l'esprit qui le contrôlait arma son coup, le colosse eut un sourire narquois.

"Je te tiens !" Fit-il en reculant d'un pas.

Pendant leur bref corps à corps, Mordekaiser avait lié son ombre à celle de son adversaire et l'avait enroulé autour de sa cheville. En reculant brusquement, il fit chuter Cirdan sur le dos, suite à quoi il arma une nouvelle frappe verticale dévastatrice.

Comme prévu, l'homme se téléporta de nouveau dans son dos. Cette fois, le guerrier bloqua la lame du katana de son assaillant en pivotant. De sa main libre, il saisit le front du Nomade pour lui adresser un violent coup de tête. Une plaque de métal s'était formée sur le front de Mordekaiser, ne lui faisant ressentir pratiquement aucune douleur.

Cirdan tomba à la renverse, sonné. Son front était ouvert mais il ne semblait pas en souffrir. Ses autres plaies, en revanche, semblaient s'ouvrir de nouveau. Le mouvement perturbait l'effet des onguents. L'Aigrefin ne savait pas encore comment venir à bout de cette chose, il allait devoir le faire au plus vite.

"Les années sans combattre t'ont rendu assez idiot pour penser que je me laisserais avoir une seconde fois Parl ?" Railla le guerrier pour masquer son inquiétude concernant son allié.

A peine le Nomade relevé, Mordekaiser le saisit par la gorge et usa de sa force surhumaine pour accroitre l'efficacité de son étranglement. Il voulait forcer Parl à faire cette chose dont Cirdan avait parlé.

A nouveau, le Nomade se téléporta, emmenant son adversaire avec lui. Les deux hommes chutèrent longuement avant de tomber lourdement dans un lieu plus proche encore de la sortie du Temple que le précédent. Il s'agissait de la salle remplie de pierres vertes cachant des guerriers morts-vivants. Dans sa chute, Parl avait pivoté de manière à ce que Mordekaiser et lui encaissent en égale proportion la chute, n'était pas parvenu à renverser complètement le mastodonte.

Au sol, les deux aventuriers se séparèrent. L'Aigrefin se roulait par terre en se tenant les côtes. Il souffrait le martyre. Pendant ce temps, Cirdan se relevait tranquillement, comme si de rien n'était.

En reculant difficilement au sol, le guerrier posa sa main sur son arbalète contre sa cuisse. Il était tourné de façon à ce que le possédé ne le voit pas. Parl ne savait pas que Mordekaiser disposait d'une telle arme. Il s'en servirait pour le surprendre dès son prochain mouvement.

Heureusement que Mordekaiser n'était pas un homme né de la dernière pluie. Heureusement que Cirdan savait choisir ses alliés et ne tombait pas que sur des incapables. Une autre personne n'aurait pas cherché à savoir et aurait prit cela pour une simple trahison et y aurait « coupé » court, c'est le cas de le dire. Mais la manipulation hasardeuse du pouvoir et l'apparente transe du Nomade n'avait pas mit longtemps à mettre la puce à l'oreille de l'Héritier Maudit. Heureusement donc oui que c'était Mordekaiser et pas un autre. Et tout se déroula comme il le pensait...

Cependant, l'esprit de notre héro souffrait de plus en plus de forcer sur des blessures pas qui n'étaient pas encore totalement refermées. Comme l'a souligné Morde, les plaies commençaient à se ré-ouvrir et le sang faisait apparaître petit à petit des tâches brunâtres sur la surface des bandages immaculés... Il y avait une hémorragie si importante que le liquide sanguin avait réussi à imprégner toutes les couches de bandes jusqu'à celle superficielle. Aucune douleur ne se lisait sur visage du corps possédé, c'était à la fois terrifiant de voir cela mais attristant en pensant à ce que notre demi-elfe endurait réellement...

Les années inactives de Parl cependant eurent pour effet un handicape notoire face au guerrier aguerri qu'était l'aigrefin. Ses coups, sans le pouvoir de passe muraille de la bague, n'auraient pas été assez habiles pour ne serait-ce qu'effleurer Mordekaiser... Quoi que, l'état dans lequel se trouvait la force de la nature n'était pas des plus mirobolantes non plus à vrai dire... Une sorte de combat d'éclopés ou les éclopés se débrouillaient tout de même vachement bien vue leur états avancés. Au fil des combats, ils avaient tout de même réussit à se rapprocher de la sortie... Cela était-ce une épreuve finale voulue pour être digne de sortir du dédale ? Sans doute non, mais il serait amusant de le concevoir ainsi...

Le Nomade était en sueurs mais ne paraissait pas faiblir. Mais le corps de notre vagabond semblait avoir atteint ses limites, même un esprit frappeur, des plus puissant soit-il ne pourrait plus rien en faire. Et par chance, ils avaient atteint la chambre idéale pour poursuivre le combat... Il devait bien y avoir une momie surpuissante à s'accaparer tudieu ! En effet, dans une des colonnes encore debout était enfermé une autre des créatures que nos deux comparses avaient affrontés dans les balbutiements de leur quête... Néanmoins, la dernière réservait bien des surprises pour Mordekaiser. Le fier guerrier avait tout le poids de la bataille à venir sur ses épaules, le corps du Nomade étant tombé inerte quand l'esprit de Parl s'était échappé.

Chose étrange, pendant son sommeil provoqué par la fatigue, notons le, Cirdan refaisait le même rêve qu'il avait pu faire aux cotés de Miranda... Ce même rêve qui l'obsédait depuis maintenant des semaines... Mais là n'était pas le propos actuel car pendant que ce cher Cirdan profitait des joies oniriques, dans la dure réalité, la situation devenait critique. La colonne venait de s'effondrer et un magnifique cadavre animé d'un énorme troll qui dépassait largement Mordekaiser d'une tête, en sortit et se dressa devant lui dans un ricanement rauque, timbre de voix toujours aussi sinistre :

« Ahaha tu ne t'attendais pas à ça Griffin ! Tu va tâter de ça »

Disait-il en brandissant une énorme masse qui devait bien faire la taille de notre chevalier noir enfin non, la moitié de sa taille, ce qui était déjà assez énorme pour être notablement dangereux... Heureusement pour l'Héritier Maudit qui devait être à moitié mort de fatigue, ce dernier zombie n'avait pas de pouvoir de régénération de ses congénères par contre, la vitesse était toujours fulgurante ce qui rendait « l'animal » ou plutôt la « bête » tout de même dangereuse... Ce fut à ce moment là que Cirdan décida de montrer signe de vie. Derrière la créature, il s'était mis à genoux et brandissait sa lame au dessus de l'anneau qu'il avait retiré de son doigt, d'une voix fébrile, il lança dans le dos :

« Hey Parl, t'en dit quoi si j'te pète ton souvenir à deux sous ? »

A ces mots, le troll zombie se retourna vers le Nomade, grognant comme si sa vie dépendait de cette bague et quelque part, c'était le cas, l'esprit était lié à cet artefact... Tournant le dos à l'Aigrefin, grossière erreur, il s'élança vers l'amnésique dont la prise sur son katana était des plus vacillante, il était plus tétanisé par la douleur que maitre de ses mouvements mais ça, Parl ne s'en rendait pas compte et avait eut un moment de panique donc... Cette diversion devrait aider maintenant le chevalier noir à prendre son adversaire au dépourvu par surprise et le terrasser... Mais cela serait-il aussi facile que ça ? Peut-être pourrait-il tirer un carreau mortel dans le crâne du mort-vivant, tant que celui-ci ne faisait pas attention à lui, puisqu'il avait son arbalète en main?

Contre toute attente, Parl quitta le corps du Nomade en continuant ses divagations pour en choisir un plus robuste : celui d'un troll apparu d'une colonne de pierre. N'en croyant pas ses yeux, l'Aigrefin poussa une série de jurons que la bienséance préconise de ne pas retranscrire. A la limite du désespoir, il regarda impuissant le corps de Cirdan chuter au sol sans même savoir s'il avait trépassé.

La bête s'avança vers lui. D'un rythme plus lent, Mordekaiser s'attelait à reculer en glissant sur le sol du mieux qu'il le pouvait mais il était indéniable que la distance entre les deux protagonistes se réduisait. C'est alors que l'homme au katana eut une idée de génie en refaisant en apparition pour menacer Parl non pas directement mais par l'intermédiaire de l'artéfact qu'il lui avait dérobé quelques instants plus tôt.

Le monstre se rua vers l'allié de l'Aigrefin et ce dernier ne manqua pas une occasion pareille de dégainer son arbalète pour en tirer un carreau à la base de la nuque de sa cible, à un endroit décharné où la colonne vertébrale était apparente. Déséquilibrée et stoppée dans son élan, la bête ne succomba pas pour autant.

Sa mine affreuse et patibulaire se tourna de nouveau vers le chevalier noir. Celui-ci se releva tant bien que mal, faisant face à son ennemi. Soudain, des chaînes d'ombre émanèrent du projectile toujours planté dans le corps du troll pour venir s'enserrer autour de son cou, de ses bras et de ses cuisses.

Ce court instant d'immobilisation fut suffisant pour que Mordekaiser s'élance dans un hurlement barbare, rassemblant ses toutes dernières forces. Le brassard métallique sur le bras gauche de guerrier vola en éclat, révélant ses muscles au volume décuplé par sa force surhumaine. D'un bond, l'homme atteint de son poing vengeur la poitrine de la créature qui s'enfonça sur une dizaine de centimètres dans une série de craquements atroces.

Projetée contre le mur d'en face, l'énorme masse du troll le transforma en débris. A bout de force, l'Aigrefin se jeta au sol pour régurgiter une épaisse flaque de sang. Lui aussi aurait besoin de soins magiques ayant développé son potentiel bien au delà de ses limites.

"Foutons le camps avant qu'il ne se relève. Si on passe la porte il ne pourra pas nous suivre." Fit Mordekaiser fébrile.

Alors que presque à genoux le guerrier venait tout juste de remettre le bras de son allié en écharpe, le hurlement terrifiant du troll se faisait entendre.

"GRIFFIN !!" Hurla t-il à pleins poumons en abattant sa lourde arme sur les deux aventuriers dépourvus de tout moyen de défense.

La massue fut bloquée à deux mains par un individu en armure noire. Littéralement stupéfait, Mordekaiser orienta son regard vers celui qui venait de lui sauver la vie ainsi qu'au Nomade.

"Malog..." Souffla t-il en reconnaissant son bandeau rouge.

Malog était tout comme Mordekaiser un ancien Chevalier qui avait rejoint les rangs des Aigrefins. L'héritier maudit avait été surpris de croiser cet individu qu'il n'appréciait guère dans une taverne de Malificium alors qu'il était en compagnie de Morgane Evans, la Mage Noire fille de Halloween Steel et de Kessler Evans.

Le demi-elfe usa à son tour de son pouvoir d'accroissement de force brute mais cette fois pour repousser le troll dans un cri déluré se transformant en un rire sadique.

Le monstre déstabilisé chuta de tout son long. C'est ce moment que choisit Malog pour dégainer sa hache enchaînée à son poignet.

"Qu'est-ce que tu fais ici, imbécile ?" Demanda l'Aigrefin à son pseudo-confrère avant de tousser une nouvelle giclée de sang.

"Je me suis dis que si je voulais me faire de l'argent facile je n'avais qu'à te suivre, comme tu avais l'air d'air toujours sur de bons coups... Enfin c'est ce que j'ai compris l'autre soir à la taverne. Du coup oui, je t'ai "un peu" suivi. " Répondit-il sans la moindre once de honte.

Mordekaiser comprit plus tard que Malog parlait en réalité de Morgane.

"QUOI ?!! Tu nous suivais depuis tout ce temps et tu ne te montres que maintenant ?" Rétorqua l'héritier maudit révolté.

"C'est l'avantage de pouvoir se rendre invisible. J'ai fouiné un peu pour voir s'il n'y avait pas d'autres trésors mais cette fois on dirait que j'aurais mieux fait d'aller voir ailleurs. Tu pourrais au moins me remercier ! Et j'espère que tu le feras en argent ! En attendant restez à l'écart et laissez-moi faire, débutants !" Fit le demi-elfe en se gargarisant de ses propres paroles faisant preuve de tout son orgueil et offrant la démonstration de la personnalité prétentieuse qui lui avait valu d'être détesté de tous.

Même un aveugle aurait pu lire sur le visage de Mordekaiser la rage qui bouillait dans ses entrailles. Malog était peut-être en pleine forme et peut-être bien que la chance lui avait toujours sourit, mais il restait un crétin inexpérimenté qui n'avait aucune chance contre un tel adversaire. L'Aigrefin serra le poing, comme refusant d'admettre qu'il avait été sauvé par un débile profond qui le répugnait. D'une main, il rechargea son arbalète bien que sa vision commençait à se troubler.

"Reste en alerte. Cet idiot peut encore tout faire foirer. Dans mon état je ne sais pas si j'arriverai à rattraper ses co**eries tout seul." Souffla le guerrier à Cirdan.

La ruse avait eut de l'effet, c'était parfait. Pourtant l'idée qu'avait eut Cirdan, même lui n'était pas sûr à cent pour-cent que cela aurait marché. Mais à situation suicidaire et désespérée, mesure désespérée. Le demi-elfe pu voir alors la charge massive du mastodonte vers lui et se demandait si Morde allait le laisser pourrir ici et s'enfuir ou combattre encore une fois jusqu'au bout de leurs forces conjointes... Il n'eut pas longtemps à attendre quand il vit une pointe de flèche ressortir de la trachée de troll zombie. Voilà une nouvelle qu'elle était bonne mais cela ne stoppa qu'un temps la terrible créature, la chaire morte ne craint que peu ce genre de blessure qui seraient mortel pour tout être vivant. La suite fut étonnamment bien orchestrée...

Les chaines d'ombres, le Nomade des Vents n'y aurait pas mieux penser que le chevalier noir. Ils le tenaient prisonnier maintenant et pouvaient sans trop d'effort normalement en venir à bout... C'était sans compter la ressource de ce bougre de Parl. Cependant, Mordekaiser eut le temps de porter un violent coup radicale dans la carcasse décharnée de leur adversaire. Le troll fut inexorablement projeté par l'impact, ce qui étonna notre héro. Le semi-homme fut d'autant plus étonné de tant de force déployée alors qu'il pensait son coéquipier aussi épuisé que lui... Mais c'était là le dernier coup de désespoir pour l'Héritier Maudit qui cracha une gerbe de sang assez inquiétante.

Répondant à l'appel de son compagnon, le Nomade se releva tant bien que mal et tout deux s'épaulèrent pour sortir de ce trou à rat avant d'y laisser leur peau... Mais comme nous disions, ce n'était pas sans compter la ressource de ce bougre de Parl. Tout semblait perdu car le gros méchant troll venait de se rétablir encore plus furax que précédemment, beuglant toujours ce nom sans aucunes significations pour personne « Griffin ». Néanmoins, comble du comble de la providence, quelqu'un vint à leur rescousse. L'amnésique ne savait qui c'était et encore moins pourquoi il les aidait mais son aide était la bienvenue, de quelque intention qu'elle fusse. La situation néanmoins s'éclaircit par la suite quand il comprit que l'Aigrefin connaissait cet intervenant : Un collègue apparemment. Bonne augure ou contraire ?

Pour le moment de bonne augure puisqu'il leur évitait de passer un sale quart d'heure mais... Après réflexion, quand notre Nomade des Vents vit la réaction de son comparse à l'égard de ce Malog, il se demandait si le nouvel aigrefin fraichement venu n'allait pas ensuite les faire trépasser lui même sur le motif d'une vieille rancœur. La suite fut plus abasourdissante encore quand ils apprirent que le bougre les suivait depuis le début sans rien faire et sans se faire repérer. C'était quelque chose de vraiment perturbant, Cirdan détestait toutes ces personnes qui épient dans le noir le moindre fait et geste, lui qui était quelqu'un à faire toujours les choses en face. M'enfin, bon...

Puis vint la fameuse phrase « En attendant restez à l'écart et laissez-moi faire, débutants ! ». Ça ce n'était pas vraiment la chose à dire à Cirdan surtout quand il était dans un tel état de stress dut à l'incertitude de l'issue de tout ça. Il profita du commentaire de Mordekaiser pour surenchérir. On pouvait sentir une pointe d'agacement dans son ton malgré la fébrilité de son corps. Le Nomade restait toujours lui même, quelque soit son état physique. Il rétorqua donc :

« Surtout pour lui montrer que nous ne sommes pas des débutants à ce blanc-bec. Pas question qu'il ait un seul kopeck de ta récompense en tout cas, je hais les profiteurs. Je crois que je partage ton dégoût envers ce type »

finit-il à demi-mot pour ne pas que l'autre entende.

Le Nomade savait à quel volume parler pour ne pas qu'un demi-elfe puisse entendre d'ailleurs, un des avantages à être de la même branche raciale que lui. L'opportun luttait tant bien que mal contre la créature du diable. Elle paraissait pratiquement invulnérable, comment en venir à bout ? Si encore ils avaient toutes leur force mais cette excursion les avait mené au bout du rouleau. Il fallait donc faire des efforts extrêmes. Malog perdait du terrain indubitablement, même s'il faisait le fier, il n'était pas de taille seul et ça, Morde' l'avait très bien senti avant même que cela se produise... Après tout, ils se connaissaient, quoi de plus normale que de savoir ce dont l'autre était capable... Le Nomade lança néanmoins :

« On pourrait aussi le laisser ici et fuir pour lui faire ravaler ses paroles... Mais ça ferait de nous des moins que rien un peu comme lui. Au moins, il nous permet de souffler un peu, je me sens déjà « mieux » mais c'est pas encore ça. »

Se détachant de son coéquipier, notre kamikaze s'approchait de Malog et de l'autre brute épaisse, dans un sourire à moitié voilé par la douleur qu'il éprouvait encore, il avançait à couvert de la silhouette de l'Aigrefin en dissimulation Nomade de manière à vraiment limiter les chances de se faire voir. Dégainant fébrilement son katana, il devait bien avoir assez de force pour faire cela encore quand il déferla sur l'une des jambes du cadavre de troll. Sans doute Mordekaiser tenterait lui aussi une approche voyant son comparse s’exécuter. En tout cas, Cirdan fondit donc dans un dernier assaut et trancha la jambe gauche du zombie espérant que celui-ci au contraire de ses congénères n'ait pas de régénération auquel cas son action n'aurait servie à rien... Par chance, il ne l'avait pas !

Le troll zombie fut déséquilibré par la perte d'une de ses jambes qui gisait au sol dans une marée de sang noirâtre pourri ce qui laisserait une ouverture pour Malog et pourquoi pas pour l'Héritier Maudit s'il s'était décidé à tenter le diable... Juste après cet ultime effort, le Nomade des Vents s'effondra au sol, moitié inconscient, il avait perdu beaucoup de sang durant l’hémorragie de la possession fantomatique... Beaucoup trop pour tenir encore debout après avoir forcé son corps à une dernière prouesse...

A l'évidence, la désinvolture particulière de Malog horripilait également le Nomade. Cela permit notamment à Mordekaiser de vérifier ce qu'il savait déjà : Il existait bel et bien des individus capables d'excéder quiconque par leur comportement, qu'ils viennent de Bénécius ou de Malificium. Tout en approuvant les paroles de son allié, l'Aigrefin était consterné de voir le demi-elfe fondre sans retenue sur le troll et éclater bêtement de rire à chaque fois que sa lame mordait la chair morte.

Il demeurait néanmoins indéniable que le borgne au bandeau rouge s'en tirait plutôt bien face à un ennemi de cette taille. L'héritier maudit en arriva même à être surpris de sa vivacité à certains instants. Même si Malog avait très nettement progressé pendant les dix dernières années, il ne pourrait tout simplement pas vaincre le troll seul, ne connaissant rien aux zombies et encore moins sur la façon dont il fallait les combattre.

Tandis que Malog venait tout juste d'être saisi par la créature, Cirdan se décida à renverser la situation au sens littéral puisqu'il parvint à faire chuter le monstre en sectionnant une de ses jambes. L'Aigrefin inexpérimenté n'avait pas été suffisamment agile pour se dépêtrer avant de tomber. Sonné par la chute de plus de trois mètres de haut qu'il venait de faire, il ne put réagir à temps.

C'est ce moment là que choisit Mordekaiser pour retourner dans la bataille. Dans un tel état d'épuisement, il aurait été capable de rater un ours dans un couloir ce pourquoi il s'était approché discrètement et par derrière. Le viseur de son arbalète touchait le sommet du crâne du troll. Impossible de le manquer à cette distance. A bout portant, l'Aigrefin actionna le mécanisme de tir et son carreau vint s'enfoncer dans le crâne du troll pour littéralement traverser ce qui restait de son cerveau, éclaboussant le tireur d'un liquide grisâtre, noir et puant.

Mortellement blessé pour la seconde fois, la créature se figea au sol dans un râle. De la plaie s'échappa une masse fantomatique et bleue. Il s'agissait de Parl qui alla tant bien que mal se recroqueviller dans un coin de la salle. L'esprit était des plus vulnérables, en témoignait son aspect difforme. A vrai dire, son visage était la seule partie reconnaissable de son corps. Sa voix était sifflotante et extrêmement faible.

"Griffin..." Articula t-il tristement et avec toutes les peines du monde.

Pendant ce temps, Malog était revenu à lui et après avoir frotté l'endroit de son crâne vide où une légère bosse venait d'apparaitre, il se releva.

"Oh ! Tu l'as eu !" S'exclama t-il en voyant l'esprit de Parl.

"On dirait. Finis le. Et bien." Exigea Mordekaiser.

Sans un mot de plus mais toujours avec le même sourire stupide, le demi-elfe fit tournoyer sa hache en la tenant par la chaîne. Autour du spectre que le mouvement créait apparut un cercler noir tournoyant à la même vitesse que l'arme. Ce damné était parvenu à copier la technique de Mordekaiser en ne l'ayant vu qu'une seule fois. Peut-être n'était-il pas si perdu qu'il voulait bien le laisser penser.

Sans pitié et sans détour, Malog expédia son arme en direction du fantôme. Son front fût brutalement désolidarisé du reste de sa tête et bientôt, Parl disparut dans une cascade de flammes bleues.

Soudain, le visage du demi-elfe se fit plus grave. A vrai dire, jamais Mordekaiser ne l'avait vu si sérieux. Surpris, il l'observa. L'homme appliqua quelques rapides bandages sur Cirdan presque inconscient afin de ralentir du mieux qu'il le pouvait ses hémorragies.

A l'aide de sa force surhumaine, il souleva ensuite le Nomade d'une seule main et le disposa sur son épaule droite avant d'aider son supérieur à se relever et à marcher en le laissant s'appuyer sur son épaule gauche de presque tout son poids.

"Garen, je sais pour Gurip et sache que..."

"Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Foutons le camps d'ici le plus vite possible." Avait commencé Malog avant d'être sèchement coupé par l'héritier maudit.

Le demi-elfe resta immobile et pensif pendant de trop longues secondes pour supposer que tout allait bien.

"Quoi encore ?" Demanda l'Aigrefin fébrile mais sentant néanmoins revenir en lui l'énergie nécessaire pour aligner une tarte à son second au besoin.

"... ... ... C'est par où déjà ?" Demanda l'autre.

Mordekaiser poussa alors un profond soupire d'agacement et de honte. Cet idiot était incorrigible.

Cirdan était dans un piètre état, il avait vraiment user son corps jusque dans ses derniers retranchements. Contrairement à Mordekaiser, le Nomade n'était pas du genre « force de la nature » même s'il était très endurant pour autant. Mais comparé au colosse aigrefin, c'était sur que le demi-elfe amnésique devait faire office de gringalet. Pourtant, il était sure que notre héro n'avait rien à envié aux plus grands guerriers occidentaux. Il était une fierté de son clan, ce n'était pas pour rien. Bien que dans son état actuel, il avait plus l'air d'une loque humaine qu'autre chose. Il sentit simplement ses bandages se «refaire » sans voir qui en était à l'origine et au fond, il s'en fichait, il était tellement dans les vapes que cela ne lui faisait rien de se faire secourir par la bonne sœur du coin ou son pire ennemi, tout ce qui comptait était son état.

D'ailleurs, ce même état ne pu lui permettre, malgré son ouïe fine, seulement de saisir quelque bribes de ce que les deux hommes se racontaient. Il avait brièvement pu percevoir que l'ennemi commun était hors d'état de nuire avant de sombrer dans une sorte de coma temporaire dut à l'épuisement et la trop grande perte de sang. Il fallait qu'il se refasse, comme on dit, une santé le petit semi-être. Il ne sentit pas même le fait que Malog le prit comme un sac à patate sur son épaule. Si le Nomade avait vu cela de ses propre yeux et avait été conscient, il aurait sans doute protesté de se faire tant assister mais là, heureusement que ce caractère de cochon était profondément endormi si on puis dire. En tout cas, l'autre demi-elfe était quelqu'un de valeur au combat apparemment au vu de ses prouesses qui avait peut-être même étonné son confrère lui même...

Se faisant trainer comme un fardeau lourd de quelques dizaines de kilo, Cirdan n'avait cependant pas un sommeil sans rêve. Ce n'était pas un coma ordinaire ou bien était-ce juste un roupillon bien mérité ? En tout cas, il ne se doutait aucunement de tout ce qui se passait aux alentours de lui. Il était plongé encore dans ce rêve étrange, celui où il voyait une personne chère à son cœur mais dont il ne se rappelait aucunement, cette situation était de plus en plus frustrante au fur et à mesure qu'elle se répétait dans ses rêves chaque nuits. Il était temps qu'il trouve réponse à ses questions sous peine de devenir vraiment obsédé par son inconscient. Car même s'il n'était qu'un guerrier en apparence, au plus profond de lui, oublié, se cachait un caractère bien plus réfléchit donc il n'avait pas forcément conscience en l'état actuel des choses.

Cependant un élément se dévoila à lui sans aucune raison apparente, des paroles. Jusqu'à présent ses rêves de ce type là avaient toujours été muet mais là, il semblait percevoir une voix. Était-ce la sienne ou celle de la personne qu'il voyait en rêve ? Ça il ne pouvait le savoir sans comprendre ce que disait cette personne. « Maman » ? C'était bien là ce que la voix disait ? Cirdan en était presque persuadé sans pour autant en être sûr. Était-ce sa mère qu'il avait devant les yeux ? Pourtant cela lui semblait irréel. Bien qu'un rêve soit irréel, la réalité que représentait ce rêve elle même paraissait irréelle mais sans pouvoir en expliquer la cause, c'était comme si le demi-elfe le ressentait au plus profond de son subconscient. Mais il n'eut guère le temps de continuer son si précieux rêve du souvenir, il fut réveillé brusquement par on ne sait quoi... Peut-être son subconscient mettait en place des barrières infranchissables ?

Il fut donc surpris de se retrouver en hauteur, ses pieds ne touchant plus le sol. Le temps qu'il réalise ce qu'il lui arrivait, il ne bougeait pas mais quand il en prit pleinement conscience, il essaya de bouger pour reprendre le contrôle de lui même. Grave erreur ou plutôt douloureuse erreur, tout ce qu'il put faire ce fut émettre un râle profond de douleur qui alerta les deux autres que le Nomade avait enfin reprit ses esprits. Pour le meilleur comme pour le pire... Le pire car apparemment, ils semblaient perdu dans ce dédale de couloir tous plus semblable les uns que les autres. Allaient-ils pourrir ici ? Non, pas question, maintenant que notre amnésique avait récupéré l'artefact au péril de sa vie et de celle de son compagnon de quête, il serait trop bête de renoncer à cet instant précis.

« Tellement mal partout que j'peux pas bouger. J'ai horreur d'être un fardeau tsss. En tout cas, je dirais tout droit, ça me paraît plus éclairé à moins que ce ne soit ma vue qui se trouble ? »

Était-ce le bout du tunnel ou une pièce très bien éclairée ? Ils avancèrent encore un peu et finalement ce fut la sortie plus qu'autre chose qu'ils aperçurent dans le fin fond du couloir. Enfin ils allaient pouvoir « respirer » l'air libre... Ironie quand on savait qu'ils allaient ressortir dans l'air malsain de Malificium... Mais en réalité, le tunnel qu'ils venaient d'emprunter les mènerait plus à une sortie secrète dans les rues de Malificium qu'au Temple Oublié, leur point de départ... Visiblement, le combat contre l'esprit vengeur les avait conduit sur une toute autre voix...

Le trio de choc poursuivit sa route pour attendre la sortie du Temple. Forcé de faire fi de la remarque du Nomade, Malog continua sans lui répondre. Il était évident que ni Cirdan ni lui-même n'avaient le choix au vu de l'état dans lequel se trouvait le demi-elfe. Malgré ses blessures graves, Mordekaiser restait alerte doutant de pouvoir compter sur son subordonné pour prêter attention à ce genre de choses.

Les trois hommes atteignirent rapidement une sortie au détour de quelques couloirs humides, sombres et nauséabonds qui se faisaient légion dans le Temple Oublié. Au bout du couloir ; une grille incorporée au plafond bloquait l'accès à un niveau supérieur. Entre les barreaux filtraient une lumière faible et tamisée mais elle semblait pourtant éblouissante compte tenu de l'obscurité qui régnait dans les couloirs du temple.

L'Aigrefin se sentit soulagé. Il était certain de ne pas avoir emprunté ce chemin avec Cirdan pour arriver jusqu'ici mais leur périple semblait prendre fin. Comme le lui avait demandé Malog, Mordekaiser prit brièvement la relève pour porter le Nomade tandis que l'autre Aigrefin bondissait pour saisir la grille de ses deux larges mains. Il resta ainsi suspendu pendant plusieurs secondes faisant appel à sa force surhumaine pour déloger la structure du plafond en appliquant tout son poids ainsi que celui de ses équipements à ses tractions répétées.

Dans un dernier effort, l'homme parvint à arracher la grille et bien qu'il retomba un peu lourdement sur le sol, il fallait au moins reconnaitre son succès. Il fit ensuite la courte échelle à Mordekaiser qui se hissa le premier tant bien que mal. Malog enroula ensuite la taille du Nomade à ses chaînes pour le faire monter à son tour une fois que Mordekaiser l'aurait aidé à faire de même.

Au bout de quelques courtes minutes, les trois compères se retrouvèrent dans une salle recouverte de bois du sol au plafond et dans laquelle était entreposée de vieux meubles recouverts de draps poussiéreux. La lumière que les aventuriers avaient aperçue plus tôt était filtrée par l'unique fenêtre sale qu'offrait la petite pièce. Se dirigeant à l'instinct, l'héritier maudit trouva une porte et l'ouvrit.

Éblouit, l'homme dut couvrir son regard à l'aide de son bras afin de soutenir cette désagréable sensation. Au bout de quelques secondes, il y vit plus clair et souffla une série de jurons, soulagé. Les trois hommes étaient dans les rues de Malificium et s'ils sortirent rapidement du local dans lequel ils se trouvaient, ils y retournèrent aussitôt sur le commandement de Malog.

"J'arrive pas à croire que la seule sortie qu'on ait trouvé nous ait mené tout droit dans le quartier le plus mal famé de la ville. On a intérêt à se faire discrets où on ne fera pas de vieux os." Fit-il inquiet.

Vraiment, se sentir un fardeau pour ses coéquipiers n'était pas le meilleur souvenir qu'allait tirer le Nomade de cette aventure... M'enfin, quand on a plus d'autres choix que de subir, il vaut mieux se faire aider que de rester enfermé à tout jamais et pourrir dans un sous-terrain, n'est-il point ? Et puis, il fallait bien avouer que le fier guerrier Nomade n'avait pas l'énergie même de se plaindre de quoi que ce soit, sauf peut-être de gémir des mouvements trop brusques mais inévitables du transport. Serrant les dents, ils arrivèrent bientôt au bout du calvaire enfin... presque au bout... Il restait encore à hisser le poids mort de notre héro jusqu'à la sortie qui se trouvait en hauteur... Heureusement qu'il avait des gros bras avec lui, si cela avait été Neelahn par exemple... N'osons pas même imaginer le résultat...

Le Nomade avait finalement récupéré l'objet tant convoité et Mordekaiser avait été récompensé. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, non ? En plus, le téméraire semi-être avait apprit à ses propres dépends les limites de ses capacités et l'Aigrefin, son compagnon, avait lui aussi eut son lot de révélation et d'évènements importants. Ne restait que Malog, impossible de savoir ce que cet autre demi-elfe avait retiré de son mince passage dans le périple de nos deux comparses et sans doute Cirdan ne le saurait jamais et au fond, c'était là les affaires internes des Aigrefins plus qu'autre chose donc... Pas de raison de s'en mêler donc. Ce qui le préoccupait plus, c'était le fait qu'ils avaient finit par déboucher dans un quartier coupe-gorge de la cité maléfique et dans son état il craignait de ne pas pouvoir se défendre ne serait-ce que contre le plus minable des malfrats des environs... C'est donc reprenant l'usage de ses pieds difficilement qu'il se retourna vers les deux Aigrefins et leur parla d'un ton cordial :

« En effet je serais pas contre un peu d'aide pour arriver dans un endroit plus sûr. J'crois que dans mon état, j'ferais pas deux pas avant de crever la gorge à l'air. Kof kof »

Finit-il par un toussotement crachant quelques goutte de nectar sanguin au sol.

Il avait l'air d'un pauvre clochard atteint de tuberculose dans un tel état... Ses vêtements étaient salit et en lambeaux par endroits et il se tenait en appuie sur son katana qu'il venait de décrocher de sa ceinture pour s'en servir de canne. Il était clair que sans une main tendue encore une fois, il allait tout droit dans un mur. Une fois sorti de Malificium, ils pourraient se dire au-revoir mais pas avant. D'ailleurs, le Nomade n'avait de cesse de se dire aussi que cela n'arrivait que dans ce foutu pays occidentale. Dans le désert, il s'en serait sans doute mieux sortit... Mais ainsi va la vie et puis c'est tout. Il avait choisit de faire ce voyage après tout, donc il n'y avait pas lieu de se plaindre de son sort.

Le petit groupe se fraya un chemin tant bien que mal sans trop s'attirer d'ennuis. C'était incroyable ce que Malificium pouvait paraître encore plus immense quand on la traversait de part en part en étant dans un piteux état... Et bien sur dans cette terre où seul l'égoïsme règne, pas question d'un quelconque aide extérieur non intéressée et les intéressées ne les intéressait pas de toute manière... Ils finirent par se rendre jusqu'à la porte Nord de la ville. Cirdan se posa sur le premier tas de cailloux qu'il trouva pour reprendre son souffle. L'onguent Nomade avait bien fait son effet, il se sentait déjà bien mieux, juste cet ésoufflement et une grosse fatigue, ce qui était tout à fait acceptable. Relevant le visage vers ses deux interlocuteurs, il leur parla franchement :

« J'aurais jamais cru que Malificium pouvait paraître aussi énorme. En tout cas sans votre aide c'était cuit. Merci. Mordekaiser, j'espère que tu t'améliorera encore, j'aimerais croiser le fer avec toi en toute dignité la prochaine fois héhé. Malog, rien à dire d'autre, heureusement que t'étais là »

Se relâchant en arrière contre le mur du rempart derrière lui

« Fiou, quelle aventure. J'crois que j'vais dormir pendant des jours entiers moi ! »

Il ferma alors les yeux, respirant longuement. Ouép, c'était clair, un peu de repos bien mérité ne lui ferait pas de mal et après peut-être pourrait-il essayer le nouveau joujou en sa possession qui sait !

[HRP: Tu peux faire ta sortie si tu veux ^^]

La traversée des quartiers mal famés de Malificium ne fut pas chose aisée mais le pouvoir de contrôle de l'ombre de Malog combiné à celui de Mordekaiser permit au petit groupe de se trouver en quelques minutes hors de danger. Leur périple dans le mystérieux Temple Oublié resterait à coup sûr gravé dans les esprits des trois aventuriers, chacun pour ses propres raisons. L'Aigrefin avait mené beaucoup de combats mais rares avaient été ceux qui l'ont fait passé si près de la mort et qui l'avaient tant affaibli qu'il parvenait tout juste à tenir son arme entre ses mains sans tomber à la renverse.

Cirdan remercia les deux maudits de manière chaleureuse malgré l'épuisement. Mordekaiser eut même un sourire discret à la remarque du Nomade. Il ne payait pas de mine, mais le semi-elfe était un valeureux combattant qui préférait surmonter les difficultés plutôt que de les contourner. Cela plaisait à l'Aigrefin. Et puis, il n'avait pas perdu son temps en l'accompagnant dans sa quête. Il pouvait tirer assez d'or de la vente des pierres pour être à l'abri de la faim des semaines durant et il avait rendue possible la chute de l'un des Chevaliers les plus hauts gradés. A vrai dire, il espérait croiser de nouveau la route du Nomade.

"Aller, on rentre à la maison." Fit Malog en soulevant Mordekaiser pour l'aider à s'assoir sur son cheval aux portes de la ville.

"A la maison ? Je te trouve bien optimiste. Un endroit pareil n'existe pas pour les gens comme nous." Répondit l'Aigrefin à son subordonné d'une bien faible voix.

"Je sais." Ajouta Malog, à peine audible.

Le galop de la monture du demi-elfe fouetta bientôt le pavé de Malificium en direction des plaines dévastées. Les deux combattants de la Rose Noire allaient penser leurs plaies et s'offrir un repos bien mérité. Discrètement, les deux hommes souriaient. Leurs bras étaient encore tremblants des combats qu'ils avaient du mener pour sortir du temple. Peut-être n'étaient-ils pas si mal lotis que cela chez les Aigrefins, peut-être avaient-ils trouvé leur véritable voie.

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