Adhémar m'avait convoqué. Une simple lettre écrite de sa main ou de celle d'un de ses sbires. Il souhaitait me voir dans la salle du trône.

"Tu penses qu'il me veut quoi?"

"Avec tous tes manquements à la discrétion, tout est possible."

"Tu fais référence au théâtre et au bal?"

"Entre autres oui. Peut-être que ta relation avec ton preux chevalier est aussi montée à ses oreilles."

"J'en doute. A ce sujet, le mot d'ordre est : nous sommes juste amis donc s'il me le reproche, bah tant pis mais je ne romperais pas mes liens avec Orpheus que cela te plaise ou non."

Morphée miaula. Je lui tira la langue et finis de me préparer pour cette entrevue. Je mis ma plus belle robe noire. Celle-ci avait un beau décolleté mais aussi des poches invisibles à l'oeil nu pour me permettre d'y cacher quelques poisons et mes armes. Je brossai mes cheveux courts et je partis en direction de la salle du trône.

J'étais arrivée à la veille à la Tour. J'avais besoin de récupérer quelques fioles, j'étais donc tombée un peu par hasard sur la lettre. Une folle idée m'avait traversé à ce sujet : et si c'était pour que je monte en grade? Après tout, j'avais fais mes preuves. J'avais participé à une quête avec Orpheus, au bal et combattu mon hôtesse, je m'étais engagée pour le futur combat contre le dragon. Ce n'était donc pas rien! Donc allez savoir tout était possible. Je souhaitais détrôner le démon qui me servait de chef. Je trouvais qu'il se faisait trop discret, il restait trop dans sa tour d'ivoire souterraine et pas assez à la surface à mon gout mais bien sûr, je restais très discrète à ce sujet.

Morphée était en compagnie et trottait à mes côtés. Mon chat pouvait m'être utile après tout, sait-on jamais. Je pris une profonde inspiration et je toquai à la porte. J'attendis quelques secondes et un serviteur m'ouvrit. D'une voix respectueuse, je prononçai :

"Sir Adhémar souhaite me voir. Je suis Morgane Evans."

Attendre... Quelle âpreté! Tout le monde dans la Tour savait que je détestais agir de la sorte. Et c'était ainsi depuis des générations dans ma famille. D'ailleurs, à ce sujet, ma grand mère, feu Garvera Steel, en avait tué plus d'un par le passé parce qu'ils étaient arrivés en retard alors qu'elle les attendait. D'ailleurs, le sol de son bureau était resté longtemps rougi après sa mort à cause du sang qu'elle y avait fait versé. Malheureusement le dit endroit n'existe plus. Il était dans les étages et la Tour ayant implosé, il n'y avait plus aucun étage de garder.

Je trouvais cela fort dommage car j'aurais aimé y vivre lorsque moi aussi je deviendrais conseillère ou chef. Je ne savais pas encore ce que je souhaitais. L'un et l'autre avaient des avantages et des inconvénients. Déjà qu'on voulait ma mort régulièrement, je ne savais donc pas quoi prendre puisque dans les deux cas, ma longévité risquerait d'être compromise ou tout du moins on tenterait d'agir dans ce but. Et puis... de vous à moi... je déteste les réunions!

J'étais donc tranquillement appuyée contre un mur et je patientais. Je ne pouvais pas savoir s'il s'agissait d'un test ou non, en tout cas, à part me mettre de mauvaise humeur, mon chef n'arriverait à rien. Il était hors de question que je parte. Je devais monter en grade et aujourd'hui, cela serait le cas qu'on se le dise!

Par moment, pour me délasser, je faisais quelques pas. Je ne disais mot mais le bruit de mes talons indiquait ma fureur grandissante tout comme mon regard qui s'assombrissait de plus en plus. J'imaginais comment, si j'étais plus forte bien sûr, je pourrais torturer notre dirigeant. Le sous-fifre m'importait peu, qu'il m'observe, je m'en moque. Je connaissais la rumeur et je ne ferais pas la même erreur. J'avais des bonnes manières.

Je réfléchissais donc à ma famille. Je me demandais qui avait fait passer ses tests à Garvera. J'aurais bien aimer être là et l'avoir à l'oeuvre. Même dans la vieillesse, elle avait toujours gardé une prestance qui avait jusqu'à la fin imposer le respect. Je ressemblais plus à ma mère dans le sens où j'avais meilleur caractère par rapport à ma consoeur mais il ne fallait pas abuser.

Je ne fixais qu'à peine ceux qui passaient devant moi. Ils ne me feraient pas changer d'objectifs et je dois avouer que peu de mes confrères avaient mon respect.

Morphée en eut marre en premier ou tout du moins, il osa le laisser transparaitre. Je soupirai à fendre l'âme et le regardai s'éloigner. Il était vraiment insupportable. D'une voix glaciale, je répondis :

"Ramènes tes coussinets ici ou je te crame. Je hais attendre mais si tu pars, tu me fais échouer. Dépêches toi et pour une fois, ne me fais pas honte. Il va venir."

Une flamme apparut entre mes doigts, je le fixais du regard et l'animal, sachant très bien que je n'hésiterais pas à l'attaquer. Je fis disparaitre mon incantation et interpellai le sbire sèchement :

"Faut-il que je lui ramène une vierge pour qu'il arrive?"

Morphée posa son arrière-train à la limite extrême de la pièce, entreprenant de se lécher les coussinets avec une application savamment étudiée pour ignorer avec une maîtrise toute féline les menaces de Morgane. Certes il avait parfaitement conscience que sa maîtresse n'hésiterait pas à lui griller le pelage s'il venait à continuer dans sa lancée mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il allait se plier à ses désires avec force soumission... Au lieu de cela il prit cette attitude toute étudiée, le temps de reprendre contenance. Et que Morgane abandonne son sort...

Le préposé à la garde se contenta de répondre à sa question par un haussement d'épaules et un sourire obséquieux à en vomir. Il devait avoir autan de pouvoir ici que Morgane. Autant dire pas du tout... Mais elle pouvait toujours essayer... Qui pouvait savoir? Peut-être qu'un peu de chaire fraiche pousserait Adhémar a enfin sortir de son trou pour faire passer ce satané entretien à la jeune femme...

Estimant probablement que ses pattes, et ses griffes, étaient désormais propres, l'impatient félin poussa un gros soupir de consternation clairement audible par toutes les personnes à potée d'oreille dans les 10m à la ronde. Il s'installa un peu plus confortablement sur son séant et, surtout, juste à coté de la sortie Si jamais Morgane venait à perdre son calme, il n'aurait qu'à bondir pour profiter pleinement de la sécurité que lui offrirait le mur...

-Non mais, vraiment... Faut vraiment que tu m'expliques pourquoi on l'attend lui alors que tu es une descendante de Steel... Je suis sûr que ce que tu as fait ces derniers temps vaut largement ses dernières actions non? Pourquoi tu vaudrais moins que lui? Franchement, je suis tout ouïe... Et va pas fuir la question, je sais que tu n'es pas lâche à ce point...

Ni le sbire, ni mon chat ne semblaient d'humeur à m'aider. Je poussai un profond soupir d'exaspération alors qu'une boule de rage pure était entrain de naitre dans mes entrailles et mieux ne fallait pas que celle-ci sorte sous peine de faire de gros dégats. Je fusillai du regard Morphée. Franchement, il avait mal choisi son moment pour jouer les capricieux. Il y a des fois où je me dis que ma mère avait vraiment mal choisi comme compagnon à me donner. Mais même s'il me tapait sur les nerfs, je l'aimais profondément. Il me rattachait à ma famille.

Le voir mourir mais je gênerais mais par contre, le sbire... Non... Non... Ne pas céder à la tentation... S'il était là, c'était pour un but précis. Je ne devais donc pas l'égorger même si imaginer son sang couler le long de mes doigts me procurait une joie mesquine. Ah franchement, j'allais faire un malheur si les choses continuaient ainsi.

Et c'est un instant précis alors que j'avais commencé à faire les cents pas dans la pièce pour passer mes nerfs, que mon chat décida de m'adresser de nouveau la parole. Il avait apparemment fini sa toilette. Je le fusillai du regard et écoutai ses dires. J'éclatais de rire sadiquement. Je passai une main dans mes cheveux blancs et marchai jusqu'à lui.

"Je suis une Steel et une Evans. Rien que par ce fait, je le surpasse aisément. Son sang est bien moins célèbre que le mien. Mais que veux-tu? Il doit prendre un malin plaisir à se dire que si je force le passage, il activera son joli rayon et hop, la question Steel disparaitra de sa liste de soucis. Sa jalousie m'a toujours fait rire. D'ordinaire, il me traite avec plus d'égards même s'il m'a envoyé dans des reconnaissances pour débutants histoire de me rappeler que je ne suis pas encore du niveau de ma célèbre grand mère. Mais crois moi un jour, j'aurais suffisamment de pouvoir pour le défier et il ne rira plus."

Oui, tout le monde aimerait être à ma place. Tout le monde sait que je possède le grimoire de ma grand mère et que par conséquent, j'ai appris des poisons dont je suis la seule à connaitre leurs secrets. Du coup, ce petit détail, en plus du fait que je suis appréciée par une grande partie de la Tour et l'autre jalousée, gêne notre cher vénéré. Car il sent bien que le jour où je serais conseillère, il aura des problèmes d'autorité.

"Qu'est-ce que j'ai fais? Je suis allée au bal des marécages alors que messire avait été convié. J'ai donc du supporter les mixtures étranges de la Siderea qui m'a servi d'hôte et j'ai participé à son massacre. J'ai aidé un aigrefin à comprendre son passé et au passage, on a récupéré un de mes artefacts. Je suis allée envoyer aux enfers des nomades qui ont osé croire que les confins de Malificium leurs appartenaient. Et surtout, après ce gentil entretien dont j'attends que cela commence, je dois aller partir à la recherche du dragon qui terrorise Nelberaid. Je crois que niveau courage, je n'ai rien à prouver! Ni niveau cruauté, comme peuvent en témoigner les corps des vierges qui trônent dans le temple interdit. J'aime m'entrainer dans la salle des tortures aussi."

Je bouillais de rage. Je ne parlais pas d'Orpheus. Personne n'avait entendu parler de nous. Juste que j'avais réussi à voler dans le théâtre comme c'était convenu.

"Je vaux mieux que lui parce que moi, je ne passe pas ma vie dans ma tour d'ivoire mais bien sur le terrain. Je n'ai pas peur de me salir les mains et je suis suffisamment proche des aigrefins pour savoir que je peux compter sur eux en cas de besoin. J'ai même rendu un service à un chevalier du nom d'Edalion pour qu'un jour, j'ai un infiltré dans les chevaliers... Ca pourra toujours servir en temps de guerre... lui? Qu'est ce qu'il a fait? Rien... Certains même croivent que c'est juste un zombie ou un fantôme..."

Sagement assis sur son arrière-train, Morphée couvai du regard la rage grandissante de Morgane, prêtant une attention toute particulière à ce qu'elle était en train de dire. Ou crier... Car le félin sentait bien que sa maîtresse étai à deux doigts de craquer et d'évacuer sa rage d'une façon des plus musclée. S'il se faisait assez confiance pour éviter d'y laisser sa pelisse, il n'était pas sûr que le malheureux préposé à sa surveillance s'en sortirait... Et il y avait de grandes chances que cela laisse une vilaine tâche sur son CV juste avant d'aller voir son dirigeant... Mais Morphée ne chercha pas pour autant à la couper dans son discours ou à chercher à minimiser ses propos. La demoiselle était désormais bien assez grande pour assumer la portée de chacun de ses mots. Puis elle avait son caractère, elle ne se cacherai probablement pas d'avoir pensé ou dit telle ou telle chose... Non?

Le chat se redressa alors et, à nouveau, s'étira de tout son long. Visiblement, pour lui, cela signifiait la fin de la discussion et il semblait bien désireux de changer de sujet. Il jeta un regard au préposé qui regardait la demoiselle d'un oeil un peu rond. Difficile pour ce simple larbin de concevoir que quelqu'un puisse ainsi parler de son chef alors qu'une simple et unique porte les séparait. D'ailleurs il ne savait pas trop s'il devait faire un rapport à ce sujet ou pas. Car il le voyait bien, et il connaissait aussi la réputation de la mage noire, la demoiselle était suffisamment énervée pour chercher à le retourner proprement et simplement...

-Bon... Dans ce cas, étant donné le peu d'estime que tu as pour lui et, soyons honnête, ton écrasante supériorité par rapport à lui... A quoi ça sert d'exécuter ses ordres?

Disant cela, le chat indiqua clairement la sortie d'un mouvement de la tête, presque prêt à quitter définitivement les lieux. Il était vrai que la proposition était bien tentante puisque Morgane avait visiblement déjà fait ses preuves... Sauf qu'alors même qu'il entamait son mouvement, la porte s'ouvrit lentement dans le dos de la mage noire, sans l'aide de quiconque. Etrangement il était difficile de voir quoi que ce soit dans la pièce ainsi découverte car elle était presque entièrement plongée dans le noir. Tout juste pouvait-on discerner les contours de certains éléments comme des colonnades ou le trône. Ainsi qu'une silhouette installée dessus. Deux choix s'offraient à la demoiselle. Suivre son chat et prendre son indépendance avec, peut-être, sa place sur un trône qu'elle aurait elle-même bâti ou se retourner et aller présenter ses hommages à un dirigeant qu'elle ne reconnaissait pas et qui ne la reconnaissait pas plus...

Je fulminai. On m'avait rarement mis dans un tel état de rage, d'ailleurs à part Morphée, personne n'arrivait à autant m'exaspérer. Ma famille n'avait jamais été réputée pour faire partie des moutons de la Tour Sanglante. On était douée et nous le savions. Notre égo s'en retrouvait décuplé. Certains chefs avaient du mal à le supporter. Par chance, ma grand mère s'était fait comme amie Enma Damnas, du coup, elle n'avait pas eu trop de soucis alors qu'avec Armand, son prédécesseur, oui.

Moi... Comment dire? Le démon qui trônait dans la plus belle salle de la Tour, je ne lui faisais pas confiance. Ma famille avait été trahie par un membre de cette race, du coup, on avait une très grande méfiance à ce sujet. De plus, il n'avait fait à mon sens aucun fait d'armes récents qui devaient m'imposer le plus grand respect. Je le voyais comme un rat de bibliothèque... pire... je doutais même de son existence car depuis mon entrée dans l'ordre, je ne l'avais croisé qu'une seule fois.

Morphée prit la parole et jeta un peu de sel sur le feu de ma fureur. Je le fusillai de nouveau du regard. Je m'étais aperçue de la nervosité du sbire. Mes propos l'avaient choqué? Tant pis pour lui. J'assumais chacun de mes actes et de mes dires. J'étais une Steel, c'était ainsi. Nous étions forgés dans une lame de feu et notre coeur était fait dans un rubis des plus purs. Nous étions la liberté incarnée mais nous avions quand même des principes. Je soupirai à mon chat et répondis :

"Parce que je n'ai pas le choix. Si je veux avoir la force des habitants de mon côté, je dois suivre les ordres. Après, je pense ce que je veux. Mon chef est un peu une épine dans mon pied, je m'en accommode voilà tout."

Je me retournai vers le sbire et allai l'agresser verbalement de nouveau quand je vis que la porte s'était enfin ouverte. Mon chat semblait décider à partir. Mais non... Je n'allais pas reculer. J'avais besoin de l'artefact qui correspondait à mon niveau trois dans l'ordre. Sans mon chef, je ne pouvais l'atteindre et comment dire au vu de mes futurs projets, il fallait mieux que je sois le plus armée possible.

"Viens. On nous attend."

Je fis craquer mes doigts et ma nuque et j'entrai dans la salle d'un pas élégant et le regard fier. Je lui fis une légère révérence. J'avais été élevée dans la politesse. Je pris la parole :

"Vous m'avez convié Sir? Me voilà. Je suis prête."

Oh j'aurais pu lui clamer ma tirade sur le fait qu'il pourrait être bien plus ponctuel mais je préfèrais garder ma bile pour moi. Elle me servirait pour plus tard. En tout cas, j'avais hate de voir ce qu'il allait me faire subir... Plus vite, je partirais d'ici... mieux je m'en porterais... Comment ma grand mère avait pu supporter tout cela?

Bien qu'elle ne puisse le voir, car elle lui tournait le dos et qu'il s'agissait tout de même d'un simple chat, Morphée sourit. Il sourit à cause de ses propos mais aussi à cause de son choix. Ainsi elle préférait rester dans le rang pour mieux avancer. C'était une façon comme une autre même si l'indépendance aurait mieux sied à la jeune mage noire. Le félin n'esquissa pas la moindre amorce de mouvement pour la suivre, la laissant pénétrer seule dans la salle de trône, la laissant seule aller vers son destin. Le sbire non plus ne chercha pas à l'en empêcher, il travaillait là depuis assez longtemps pour savoir quand son maître appelait à lui l'un de ses subordonnés...

Lorsque Morgane entra enfin, les choses n'avancèrent pas beaucoup plus. Adhémar ne se leva pas pour l'accueillir, il ne dit d'ailleurs pas un mot, et la salle resta obstinément plongée dans une pénombre dense. Alors même que la jeune femme finissait de prononcer sa phrase, elle put entendre une sorte de cliquetis, comme un engrenage qui commençait lentement à se mettre en mouvement. Le son se fit de plus en plus "souple", comme si la machinerie qu'elle ne pouvait localiser atteignait un rythme de croisière d'utilisation. Alors le sol se mit à trembler avec violence avant que tout se stoppe. La porte se referma soudainement dans le dos de Morgane, l'isolant du hall et de Morphée... Et le sol se déroba brusquement sous ses pieds...

La chute ne fut en fait pas réellement longue en soit mais elle parait toujours terriblement longue lorsque l'on ne peut rien voir et que l'on ne sait pas ce qui nous attend à l'atterrissage. Il fut d'ailleurs question d'amerrissage... L'eau dans laquelle Morgane plongea lourdement était glaciale, au point d'enserrer ses poumons dans un étau douloureux. Bien qu'elle soit envoyée par le fond grâce à la gravité, elle ne toucha pas pour autant la base ce qui l'empêche de connaître la profondeur de l'étendue d'eau dans laquelle elle se trouvait. De même, il n'y avait toujours aucune source de lumière qu'elle puisse utiliser pour se repérer. La vague tâche claire au plafond qui marquait l'endroit où elle était tombée disparu au bout de quelques secondes...

Le froid, l'eau et les ténèbres... Voila un cocktail déjà bien détonnant. Mais à cela s'ajouta une petite information qui n'était pas pour rassurer Morgane. Elle sentit distinctement quelque chose la frôler dans l'eau. Quelque chose de gros et de véloce. Et probablement de carnivore...


(c'est une pieuvre géante particulièrement friande de mages noires sexy... Etant donné l'espace tu ne pourras pas atteindre fond, berges ou plafond. Si tu appelles ton pouvoir de la terre tu pourras constater que quelques zones au plafond te répond. Le reste ne semble pas fait de "terre")

Combat épique s'il n'en fut. Le choix d'utiliser l'électricité était surprenant car particulièrement risqué. Si un élément était à proscrire lorsque l'on était immergé presque complètement, c'était bien l'électricité. Son efficacité devenait alors à double tranchant, touchant sans distinction ennemis et amis. Pire, lanceurs de sort. Malgré cela Morgane n'hésita pas bien longtemps à en faire usage pour sauver sa vie. La pieuvre en fut pour ses frais mais la demoiselle aussi. Si, contrairement à son adversaire, elle était encore en vie, elle était tout de même gravement affectée par ces décharges qu'elle s'était indirectement affligée...

Peut-être est-ce pour cela que la jeune femme manqua d'énergie pour nager suffisamment loin de la pieuvre à l'agonie. Après tout, c'était normal, son corps déjà compressé quelques fois était déjà douloureux... Alors que la créature sombrait dans la mort, la jeune femme sentit une dernière fois les tentacules s'enrouler autour de sa cheville en une prise inextinguible. L'instant qui suivait, Morgane était brusquement entraînée au fond, lestée par le poids du cet immense corps mort. Le froid se fit plus présent, les ténèbres encore plus épaisses et cette tentacule qui ne voulait pas céder...

Mais alors même que la jeune femme sentait ses poumons atteindre leurs limites, le corps toucha le fond, l'entrainant et lui donnant une réponse à sa question... Le fond était complètement lisse, froid... Cristallin... Mais en étant aussi proche du fond elle sentit aussi quelque chose. Il y avait de la roche non loin, au fond... Sous le cadavre de la pieuvre. Un tunnel... Probablement vers une possible sortie...


(Tu peux comprendre que l'ensemble du "bassin", faute d'autre mot, est fait de cristal,d'où la perturbation de ton contrôle de la terre. Sous la pieuvre tu as un long goulot rôcheux... Et suffira de s'arrêter quand tu as avancé dedans)

La jeune femme commença à nager le plus rapidement qu'elle le pouvait, espérant vivement que se trouverait une sortie au bout du tunnel... Mais rien ne vint. Alors que ses poumons semblaient emplis de lave, seule l'obscurité et la pierre s'offraient à la mage noire. Le salut ne semblait pas décidé à s'offrir à elle. Au bout de quelques secondes ses réflexes humains prirent le dessus sur sa volonté pourtant de fer et ses poumons expulsèrent les derniers reliquats d'air avant de prendre une grande bouffée... La sensation de l'eau pénétrant dans ses poumons fut des plus désagréable et alors qu'elle s'étranglait, l'inconscience vint lui offrir une alternative bien appréciable à la douleur d'une noyade...
Tout devint noir.
Elle ne sentait plus rien...


La sensation râpeuse d'une langue féline lui léchant avec persistance le bout du nez parvint à ramener Morgane d'entre les morts. Alors que son esprit reprenait possession de son corps, elle put constater certaines informations assez intrigantes. D'un Morphée était couché sur sa poitrine et essayait désespérément de la réveiller. Probablement depuis un moment vue la sensation de brûlure au niveau de son nez. De deux, elle était allongée sur l'un des bancs qui jouxtait la salle du trône. De trois, ses vêtements étaient complètement secs. De trois, elle ne ressentait aucune blessure et n'en portait d'ailleurs aucune marque. De quatre, une cordelette était enroulée autour de son poignet gauche. Au bout de la cordelette, un sac de velours noir. Dans le sac un magnifique bracelet d'argent aux arabesques elfiques serti d'une obsidienne. Et un parchemin qui disait:

Citation :

Ce fut un entretien des plus intéressant Mademoiselle Evans.
Je vous souhaite bonne réception de Beltionne, je suis certain que vous saurez lui trouver une réelle utilité.
Au plaisir de vous revoir,

Adhémar Ibur

Si la jeune femme venait à chercher le sous-fifre, ce dernier avait disparu. Quant à Morphée, il ne se souvenait pas de leur arrivée ici, reprenant juste conscience pour découvrir Morgane allongée au sol comme si elle était tombée. C'était un inconnu qui l'avait couchée avec son "paquet"...

(tu peux poster ta sortie )

Mon corps devenait gourd... je n'avais plus de force... ma vue s'embrouillait... à l'eau se mêlait mes larmes... je perdis conscience alors que mon corps me trahissait. L'eau pénétra dans mes chairs, dans mes poumons. Je songeai à Orpheus et au fait que je ne le reverrai plus jamais. Allais-je devenir un fantôme ou bien juste un futur zombie? Impossible à savoir. Je maudis une dernière fois le démon responsable de tout cela.

Et puis la mort m'apporta du repos... un agréable cocon où je ne ressentis plus rien... Ah comme c'était agréable.. J'avais hate de retrouver ma mère et mon père. Ils me manquaient tant tout comme ma grand mère qui serait furax de ma venue mais je m'en accommoderais.

Combien de temps dura ce phénomène? J'en sus rien. Mais je ressentis quelque chose de chaud et de mouillé sur mon visage. Qui osait agir ainsi et abimer ma beauté? Tel un électrochoc, je revins à moi et me relevai subitement envoyant valser au passage Morphée qui revint mi penaud mi furax vers moi. J'eus une moue de confusion et lui ouvris l'espace de mes bras. Je le caressai doucement. Il avait été inquiet et avait pensé se débarrasser de moi en s'enfuyant puis avait eu peur du traitement qu'on pouvait lui accorder sans moi dans la Tour donc il était resté et avait tout fait pour réanimer.

Je n'avais pas mal... juste le nez mouillé que je séchais rapidement. C'est alors qu'entra dans mon champ de vision un petit cadeau. J'ouvris la bourse avec soin m'attendant à un piège et y découvrit un sublime bracelet et un petit mot. Je lus les dires de mon chef et broyai le morceau de papier avec rage. Le plaisir n'était pas partagé mais au moins, j'étais satisfaite d'avoir réussi! J'étais donc archimage et ce bijou en serait la preuve! J'avais hate de le tester. Je caressai la pierre de mon doigt aussi sombre que l'ordre dont j'appartenais.

"Viens. J'ai faim."

Mon chat quitta mes bras et l'un à côté de l'autre, nous quittâmes la Tour... Je devais fêter ma réussite...

=> ??? [terminé]