Parvis en garde à vue [Ambrosia]

Le parvis de la Cathédrale Impartiale est clairsemé de sa population. C'est la fin de l'après-midi et tout le monde vaque à ses occupations habituelles. Comme d'habitude. Les aigrefins aussi vaquent à leurs occupations habituelles. Peu de gens sent quelles sont les occupations habituelles des aigrefins. Spontanément, ils répondraient sans doute terroriser, tuer et détruire, mais beaucoup de gens croient qu'ils ne peuvent pas être que ça. De toute façon, ils le sauraient s'il y avait des assauts d'aigrefins tous les jours. Par contre, ce qu'ils font à la Cathédrale Impartiale n'est probablement pas une occupation habituelle. Ou peut-être que oui, mais pas ici.

Le quatuor d'aigrefins débouche sur le parvis de la Cathédrale Impartiale avec l'assurance d'un glissement de terrain. Tous à cheval, ils descendent de leur monture, sauf un d'entre eux. Euh... non, à bien regarder, il semblerait que ce soit une d'entre eux. Elle, elle reste sur sa monture et récupère les trois autres brides qu'elle attache à la sacoche de son propre cheval. Les trois autres pénètrent dans la cathédrale. Elle, elle reste dehors. Est-ce que ça la vexe de garder les chevaux ? Pas du tout. elle n'a jamais été à l'aise dans les endroits de cultes. Elle préfère l'extérieur. Garder l'extérieur est nettement plus important que de garder l'intérieur. Ils sont deux pour ça. Elle, elle garde un endroit beaucoup plus vaste toute seule.

Postée en hauteur, puisqu'elle est sur le dos de Brusque, elle a une très belle vue de tout le parvis. Elle peut savoir qui entre et qui sort de la cathédrale. Enfin, non, elle ne sait pas qui vraiment, puisqu'elle ne connait pas le nom de tout le monde. Mais au moins, elle peut voir si ceux qui entrent dans la cathédrale sont une menace potentielle ou non pour ses acolytes. Pour l'instant, ça va, il n'y a que de la populace comme on retrouve dans toutes les villes. Certes, ils la dévisagent, mais elle reste de marbre. Mieux ils en savent sur son humeur, mieux c'est. Parce que les populations sont instable en groupe. Un air trop mauvais déclenche la panique et un air trop avenant provoque le manque de respect. Mieux vaut rester de marbre.

Parvis en garde à vue [Ambrosia] Thadba13

La religion a quelque chose d'obsolète et pourtant elle semble éternelle. Elle existe en effet depuis la nuit des temps. Ambrosia n'est pas une vraie croyante, non elle ne passe pas sa vie à prier. Mais elle respecte profondément ceux qui ont voué leurs vies aux cultes. De plus, elle reste admirative face à l'énergie qu'il a fallu pour construire la cathédrale impartiale.

L'endroit est magnifique et semble indestructible. Sa pureté reste intacte. En tout cas, les mages rouges font tout pour. En effet, depuis la disparition, dans un glissement de terrain suite à l'attaque des anges, de leur temple voué à Eäkhyn, la cathédrale est devenue le seul lieu de culte pour la population.

C'est d'ailleurs dans ce but qu'une fois n'est pas coutume, l'alchimiste est venue se reposer dans ce lieu. Elle a besoin de l'aide du dieu juste pour supporter la menace des mages noirs qui pèse sur son ordre. Depuis la disparition d'Alicia Mayfair, même si leur armée a pris un sacré coup dans l'aile suite à l'explosion de leur tour sanglante, ceux-ci semblent quand même très présents sur Nelberaid. En tout cas, ils n'éprouvent aucune peur et n'hésitent pas à faire quelques attaques.

La violence gratuite agace l'archimage. Elle ne comprendra jamais pourquoi ils agissent ainsi. A quoi cela sert de faire couler du sang de manière si abusive? La jeune femme était donc paisiblement assise sur un banc en marbre rose près de l'autel dédié à Eäkhyn lorsque des aigrefins pénétrèrent à l'intérieur de l'édifice.

La populace fut effrayée instantanément. Ils quittèrent leurs places et vinrent se réfugier pour la plupart derrière l'autel. D'autres étaient trop pétrifiés pour oser même respirer. Ils semblèrent transformer en statue vivante ce qui faisaient bien rire les chevaliers maudits. Ambrosia n'avait pas bougé. Ses yeux verts étaient clos. Dans sa main droite, se trouvait un livre sur diverses potions. Ils ne l'avaient pas encore remarqués.

"Allez ramener de l'or sinon on saccage tout."

Des sanglots se firent entendre. Le prêtre essayait de protéger ses fidèles ainsi que deux nones mais cela semblait peine perdue. Elle était la seule mage présente dans l'édifice. La jeune alchimiste soupira et se leva doucement, habillée de sa robe rouge :

"Vous n'aurez rien du tout. Je vous prierai de déguerpir. Ceci est un endroit saint vous devez le respecter."

Elle n'eut que des ricanements gras en retour... Sa main gauche vint caresser sa dague empoisonnée... Elle les fixait calmement... Elle ne les attaquerait pas en premier.

Pas étonnant que la populace se fige en les voyant approcher. Les aigrefins sont d'une magnificence terrifiante dans ce lieu d'une sombre quiétude. Oh, ils sont sombre eux aussi, mais ils ne dégagent aucune quiétude. Au contraire. En plus, ils volent, à leur simple passage, tout sentiment de sécurité et de sérénité. Et ceux-là ont un quelque chose de particulier. Ils ont une certaine prestance, pas une noblesse comme les bénéfiques, mais un aura de grandeur. Visiblement, ils sont de haut niveau, ou ils en ont l'air. Ils déclarent qu'ils veulent de l'or ou ils saccagent avec un calme terrifiant.

Les trois aigrefins observent avec attention les gens effrayés autour d'eux. Visiblement, ils aiment instaurer un environnement de terreur comme l'ambiance ici semble le devenir. Ils attendent une réponse positive, calmement, comme s,ils avaient tout leur temps. Ils l'ont, en fait. Évidemment, ce serait gênant de se faire coincer dans une cathédrale à quatre contre une centaine de gardes, mais ce sont les risques du métier et Thadea n'est pas dehors pour rien. Une voix s'impose à eux. Une voix calme mais qui semble déterminée. Ils se retournent d'un bloc, tous les trois et dévisagent l'origine de cette voix féminine. C'est effectivement une femme, toute habillée de rouge. Oui, bon, il fallait s'attendre à croiser une Mage Rouge à Naturalia.

Ils ricanèrent, sauf celui qui semble être le chef de cette petite expédition. Il dévisage la Mage Rouge avec un mélange d'amusement et d'agacement. En fait, ça l'amuse que quelqu'un s'interpose, mais il aurait préféré que ça se passe bien. Ce n'est qu'une mission de routine. Mais bon, la routine des aigrefins est sanglante, il doit l'avouer. Pourtant, il se détache de son petit groupe et fait face à la Mage Rouge. Il reste à distance prudente, tout de même. Il n'est pas un imbécile. Un sadique, mais pas un imbécile. Il la toisa, jugeant son cran, puis il sourit.

- Il n'y a pas que les lieux saint que nous devons respecter. Les contrats et les promesses aussi. N'est-ce pas Sire Rondecour ? interroge-t-il en haussant le ton.

Un silence accueille ses paroles. Durant les premières secondes, il soutient le regard de la Mage Rouge avec une détermination à faire courber un chêne, puis, sans la quitter du regard, il soupire.

- Raymond, tu veux bien tirer Sire Rondecour de sa position inconfortable ?

Raymond hoche la tête et se dirige vers l'autel, à l'avant. Il se penche au-dessus et on entend un couinement grave. Raymond plonge la main et tire un homme plutôt rond et qui visiblement tente en vain de se faire tout petit. Il le traine sans ménagement vers un des premiers bancs et le jette dedans.

La jeune femme ne bougeait pas. On ne lisait dans son regard verdoyant, la froideur s'imposait. Bien sûr, son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine... pas de terreur mais bien d'excitation. L'adrénaline de l'affrontement coulait dans ses veines. A tout moment, le combat pouvait se déclencher. Elle méprisait des êtres qui vouaient leurs vies à faire couler le sang des autres. Il y avait tant de choses plus merveilleuses à faire et à observer. Mais ils ne le comprendraient jamais. Avait-elle de la pitié pour eux? Bof. Peut-être un peu mais la vie est fait de choix, ils doivent donc assumer les leurs.

"Les contrats? Moi qui croyait que vous agissiez juste pour le plaisir... Vous voilà donc transformés en gentils soldats obéissants? Je suis ébahie."

L'ironie et le sarcasme étaient infiniment présents dans ses paroles. Elle s'enhardissait. Elle les testait. Après tout, dans la fureur, nous ne sommes plus maitres de nos émotions et actes. Elle comptait bien là dessus afin de mieux les combattre. Mais il est vrai que son étonnement était sincère. Certes, elle avait bien entendu dire qu'ils agissaient beaucoup pour l'appât du gain. Mais Ambrosia n'aurait jamais pensé que cela serait une telle raison qui les aurait emmené jusque ici.

C'est Sammius, s'il est encore en vie, qui doit être choqué. Car par le passé, sa réputation de saccageur de cathédrale et de viol des nones était son plus grand plaisir. Les aigrefins qui lui font face ne semblaient pas avoir la même trempe. Cela en était presque offusquant.

La mage rouge laissa l'homme aller chercher sa "proie". Elle y jeta un oeil. Quoi qu'ait fait l'homme, il ne méritait pas d'être malmené ainsi. Elle pinca les lèvres de mécontentement.

"Pourquoi traiter cet homme ainsi? En quoi cela va t'il vous faciliter les choses?"

S'ils tentaient de le tuer, l'alchimiste interviendrait. D'ailleurs, elle avait reculé de quelques pas afin d'être à distance égale entre lui et les maudits. Elle sourit doucement et murmura :

"Quelle était la nature de votre contrat? Je suis curieuse."

Sire Rondecour blémit et se mit à gémir. Il ne voulait pas que cela se sache apparemment. Les autres croyants s'étaient formés en un groupe et étaient pétrifiés de terreur sur leurs gauches, collés au mur de la cathédrale.

Raymond est impressionnant. Il est massif et il a une tête de sale brute. En fait il serait plus précis de dire qu'il a une sale tête de sale brute sadique. I a les cheveux sales et plaqué sur sa tête et une longue cicatrice lui barre la joue. On a déjà tenté de l'appeler le balafré, mais c'est arrivé qu,une seule fois. Raymond se poste juste derrière Sire Rondecour et il lui tapote l'épaule. Venant d'un autre, peut-être que le geste aurait été rassurant. Mais venant de Raymond, il n'en est rien. Même pas en apparence. Tous ceux présents dans la cathédrale devinent aisément que sa seule envie en ce moment est de broyer les épaules du Sire entre ses doigts.

- Oh, on est bien payés. Même les chevaux seront bien payés, ricane-t-il. Je ne vois pas pourquoi on s'en priverait. Il sourit. Un sourire qui n'a rien de charmant. C'est un sourire de pur sadisme.
- Ça nous fait plaisir, je vous rassure.
- Steve, a raison. Êtes-vous rassurée ? demande-t-il d'uton mielleux qui ne va pas du tout avec la conversation. Je ne vois pas en quoi le malmener nous rendra la chose plus difficile. N'est-ce pas Raymond, qu'il va participer ?
- Oh, oui, il sera ravi de participer. Hein Sire que tu vas participer ?

Raymond ricane. Un ricanement qui fait presque aussi peur que la largeur de sa main qu'il pose presque amicalement sur la tête de Sire Rondecour avant de l'agiter presque doucement, du moins doucement pour ce genre de colosse. Visiblement, l'énorme Raymond s'amuse bien à terroriser le noble Naturalien décoiffé. Celui-ci est soit sur le point de perdre connaissance, soit d'éclater en sanglot. visiblement, il sait de quoi les aigrefins parlent. Et visiblement, il sait que ce qui l'attend n'est pas une partie de plaisir.

- Notre contrat ?
- Ouais, pourquoi on est payé.
- Oh, ça ? C'était quoi, donc, Raymond ?
- Oh, oui, je sais, on doit rapporter le corps disloqué de sire Rondecour.
- Elle a pas parlé de sa tête, on peut donc vous la laisser.
- Elle n'a rien dit au sujet de sa vie non plus. Je suppose qu'il doit la perdre dans le feu de l'action.
- C'est ce qui arrive d'habitude. Hé hé hé.

Le chef de ce petit groupe d'aigrefin offre à Ambrosia son sourire sadique, encore une fois. Rien à redire, il lui va comme un gant ce sourire.

- Je dois avouer que cette conversation est fort agréable, je n'ai pas la chance de bavarder souvent avec des Mages Rouges sans avoir envie de les voir contempler leurs propres organes, mais j'ai du boulot. Si vous voulez bien m'excuser, nous allons bosser dans les règles de l'art, sous le regard de je sais pas qui, termine-t-il en désignant le plafond.
- C'est comme un sacrifice de toute façon, non ? interroge Raymond
- Ouais, confirme Steve.

"C'est là que vous faites erreur."

La voix de la jeune femme s'était imposée dans la Cathédrale comme si de rien était. Un brin autoritaire, elle semblait redonner de l'espoir au pauvre Sir. Cette histoire ne la regardait pas mais du fond de ses tripes, elle ne pouvait pas le laisser perdre la vie sans réagir tant pis si au passage, son corps se retrouverait parsemé de blessures. Elle commencait doucement à en avoir l'habitude.

Elle fit quelques pas afin d'être encore plus près d'eux. Certes, son sourire sadique lui avait donné envie de partir en courant loin de toute cette affaire mais elle n'était pas une peureuse et était surtout une haut rang des mages rouges. Si malgré son statut, elle ne bougeait pas alors les villageois perdraient confiance en eux et ça, en mémoire d'Alicia Mayfair, elle ne pouvait pas voir cela se réaliser.

"Torturer quelqu'un dans un lieu sacré à quelque chose de blasphématoire. Certes, à Malificium c'est autorisé d'après ce que j'en sais. Mais ici c'est un crime puni par la loi. Et la sentence est votre mort. Donc vous avez deux choix : le lâcher ou trépasser."

L'alchimiste s'était mise en position défensive à savoir qu'actuellement venait d'apparaitre deux dagues autour d'elle qui tournoyaient afin de la protéger mais surtout être prêtes à se ficher dans la gorge des malotrus sur simple ordre psychique de sa part. La terre gronda sous leurs pieds. La cathédrale devrait être assez solide pour résister, Ambrosia l'espérait. Le pauvre habitant s'était mis à pleurer. Il avait peu d'espoir de finir sain et sauf. Quant au groupe, ils espéraient s'en fuir dès que le combat commencerait.

"Votre verdict? Allez vous combattre à la loyale une femme digne de vous ou bien continuer à maltraiter ce pauvre bougre. Vous m'avez d'ailleurs toujours pas dis pourquoi on veut sa mort. C'est si secret que cela?"

Afin de s'assurer de leurs choix, le tremblement de terre s'intensifia tandis qu'une bourrasque de vent vint frapper les mains qui tenaient le pauvre naturalien.

Le trio d'aigrefin se replie sur le pauvre Sire Rondecour, le faisant gémir de terreur avant même d'y toucher concrètement. Bien sûr, la poigne de Raymond sur ses épaules est douloureuse, très douloureuse, mais ils l'ont à peine toucher encore, selon eux-même. Tant qu'il n'y a pas de sang, ils ne l'ont pas toucher, c'est bien connu. Mais encore une fois, la mage rouge s'interpose. Ils se trompent ? Ils font erreur ? Où ça qu'ils font erreur ? Lentement et avec une pointe d'agacement, ils se retournent tous vers la mage rouge et la dévisagent. Qu'est-ce qu'elle a encore cette bonne femme, hein ?

- Tu veux dire que pour une seule vie de perdue en ces murs, vous allez mettre fin à trois en même temps ?

En parfaite synchronisation, il feintèrent, un peu exagérément certes, la plus parfaite des consternation. Un peu comme si cette idée les révulsait totalement. Ils émirent un "ooooooh" à l'unisson et jetèrent un coup d'oeil aux villageois terrifiés dans un coin. Des dagues apparurent autour de la mage rouge.

- Euh... je pense qu'elle parle que de toi, Gus.
- Ah, dans ce cas c'est plus raisonnable.
- Ah, oui, certes. Vous ne parliez que de ma sentence de mort à moi, dites ?

Le sol tremble et le lustre au plafond vacille. Ils entendent avec un plaisir évident les gémissement de la population coincé derrière l'autel. C'est toujours un son plaisant à entendre, même s'ils ne sont pas responsable de cette crainte. Enfin, oui, un peu, mais pas directement.

°°°°°

Dehors, Thadea attend toujours sur le dos de Brusque que ses camarades sortent avec le type, ou avec ce qui en reste. Probablement qu'ils s'amusent beaucoup à le dépecer. Thadea ne dépèce jamais les gens. Elle en éventre parfois, mais prendre son temps pour les dépecer, c'est pas son truc. Elle préfère une mort implacable. Elle est là pour ça, non, tuer ? Mais bon, si ça les amuse, qu'ils s'amusent. Mais lorsque Brusque se met à piétiner et qu'elle sent les vibrations du sol à travers l'animal, elle se doute que quelque chose ne tourne pas rond. Elle sait que Raymond est capable de faire trembler le sol quand il s'assoit, mais elle sait que ça n'a rien à voir pour le moment. Sur le dos de Brusque, elle s'approche des portes de la cathédrale.

°°°°°

Le trio observe toujours la Mage Rouge, contrarié à l'idée même d'une résistance. La conversation était agréable jusque là, mais elle commençait sérieusement leur courir sur les nerfs. Une bourrasque de vent tape les doigts de Raymond qui émet un aie et relâche Rondecour, qui aussi lâche qu'il en a l'air malgré ses antécédents de chevalier, maintenant à la retraite, s'échappe par l'ouverture offerte et se dirige en courant vers la porte.

- Oops, s'excuse Raymond.

Rondecour atteinte la porte et la tire pousse vers l'extérieur, inondant la salle de soleil, provoquant un contre jour plus que désagréable. Il disparait dans le rayon de lumière avant de pousser un cri de surprise étranglé. Les trois aigrefins entendent un son caractéristique. Brusque qui renâcle et qui claque des dents. C'est toujours surprenant, surtout pour un ex-chevalier sans envergure à deux centimètres de son visage.

- Eh, les gars, vous avez perdu quelque chose ?

Rondecour est propulsé dans l'allée centrale de la cathédrale et Thadea s'impose de toute sa stature au-dessus de lui. Fatal en main elle passe au niveau de Rondecour et l'agrippe par le collet avant de le traîner derrière elle, l'étranglant à moitié avec ses propres vêtements. Les villageois s'empressent de profiter de l'ouverture pour s'enfuir. Thadea s'adresse à eux quand ils passent à son niveau.

- Faites gaffe, le cheval mord.

Elle ne s'en préoccupe pas d'avantage et ramène Rondecour entre les mains de Raymond. Un hurlement douloureux se fait entendre à l'extérieur.

- J'avais prévenu. Le bruit des sabots de Brusque frappe les dalles du parvis, mais un peu sourd. Ah, oui, il piétine aussi... Elle regarde l'état de Rondecour et regarde Gus. Qu'est-ce que vous faite ?
- On a de la résistance.

Thadea jette un oeil à Ambrosia, de la tête aux pieds, non sans remarquer les dagues qui flottent, mais elle ne semble pas trop s'en soucier. Elle sourit à Gus, un sourire qui est plutôt explicite.

- Ouais, j'vois ça. Je devine où est la résistance.

Steeve et Raymond ricanent. Gus lève les yeux et secoue la tête.

- Nan, elle veut savoir ce qu'on reproche à ce minable.
- On lui a dit qu'on ne lui reprochait rien personnellement, qu'on était payé, c'est tout, mais qu'elle, elle voulait son corps disloqué.
- Après elle nous a dit que si on le sacrifiait ici, Gus allait être jugé puis mis à mort pour blasphème.
- Sacrifice ?

Ils haussent tous les trois les épaules. Ils observent la scène avec intérêt. Ils se demandent bien comment ça va se passer. Une mage rouge contre une trop proche des mages noirs. Ça risque d'être intéressant. Thadea lève le menton et dévisage Ambrosia. Elle hausse les épaules.

- Excepté l'histoire du sacrifice, le reste est tout à fait exact. C'est quoi le problème ?

Tuer les gens et se faire justice soi-même par aigrefins interposé est si courant dans la mentalité aigrefine qu'ils ont tendance à ne vraiment pas voir le problème. Où qu'ils soient.

Avoir une invitée surprise n'était jamais de très bon gout sauf si celle-ci était dans votre camp. Or, pour la mage rouge, ce n'était visiblement pas le cas. Cette femme n'avait rien de bien gracieux mais elle semblait bien plus puissante que les autres. Faut dire qu'ils semblaient boire littéralement ses paroles.

"Vous êtes leur chef. Intéressant."

Simple constatation. Elle s'était donc trompée d'interlocuteurs jusqu'à maintenant. Soit, elle rattraperait cela. Les villageois en profitèrent pour dégager et malheureusement certains en furent payés de blessure. Un pli de colère barra son front. Ils commencaient sérieusement à l'agacer.

"D'abord, vous jouez avec un des miens, maintenant vous abimer de pauvres villageois. Votre liste s'allonge. Les geoles de la Tour Naturelle semblent vous ouvrir les bras de plus en plus."

Sa voix était calme... trop calme pour ceux qui la connaissaient. Elle les fixait amusée quelque peu par leurs conversations. Ils ne comprenaient pas? Mais bien sûr... Et dire que les aigrefins étaient réputés pour être des gens raisonnés et intelligents... Ah mais non, elle s'était trompée... C'était le cas des chevaliers et non de ces êtres sanguinaires proches des bovidés. Elle soupira.

"Un contrat, je peux le comprendre. Mais il y a une chose qui me gêne c'est bien le fait que vous l'éxécutez aussi méthodiquement sans savoir le fin mot de l'histoire. A moins que vous préférez ne pas me le dire histoire de paraitre moins lache que vous l'êtes déjà."

La jeune femme les titillait. Elle n'avait pas peur d'eux. Oh ils étaient impressionnants et en surnombre mais quelque part, elle avait plus pitié d'eux qu'autre chose. Ce sentiment s'infiltrait un peu plus au fil des minutes qui passent.

"Vous n'aurez pas cet homme. Soit vous le comprenez, soit pas. Je n'ai rien contre vous. Mais si vous continuez, je vais juste être obligée de vous estropier."

Ambrosia refit grogner le sol sous leurs pieds. L'ex chevalier était à terre entre eux. Il était proche de l'évanouissement tant sa vie semblait être proche de se terminer créant une vague nerveuse dans son corps qui menacait dangereusement la vitalité de son coeur.

"Votre verdict? Je commence à perdre patience."

La mage rouge semble surprise de la voir. C'est possible, elle attendait dehors. Elle n'a jamais été particulièrement à l'aise dans les endroits de culte. Probablement parce qu'elle ne croit qu'en les gens et à leurs travers et que son malaise vient surtout qu'elle les trouve ridicule, mais qu'en même temps, c'est si impoli de parler culte.

- Leur chef ? Nan, notre chef est facilement reconnaissable, il est grand comme ça à peu près, dit-elle en abaissant sa main juste un peu au-dessus de ses hanches. Moi je garde les chevaux dehors, mais on a un horaire à respecter.

Les gens se vexent pour rien... ou pour tout, ça dépend. Tout l'agaçait dans les lieux de culte, tout en commençant par la grandeur des bâtiment pour des trucs qui n'existaient même pas. Enfin, pour des trucs auxquels on devait avoir foi parce que personne ne savait vraiment.

- Jouer ? Qui joue ? Elle tourne la tête vers le trio. Qui a joué ? Vous vous faites plaisir en effectuant votre boulot ? Les trois lèvent la main, sans hésiter. Vous n'allez quand même pas leur reprocher d'aimer leur job, non ? Elle hausse les épaules. Vous n'aimeriez pas m'avoir sur les bras, croyez-moi. Et puis j'avais prévenu de se méfier du cheval.

Thadea écoute attentivement les reproches d'Ambrosia, hochant la tête et prenant un air grave. Oui, ce sont des objections valables, mais en temps normal, tout le monde s'en fiche, trop heureux de ne pas être la cible. Thadea ne s'entend pas très bien avec les empêcheurs de tourner en rond. Chacun son boulot, mais certains veulent jouer les héros. Oh, c,est tout à leur honneur, mais très peu survivent. Parce qu'après tout, c'est se mettre volontairement dans le pétrin. Et face à des aigrefins, le pétrin est plutôt brutal. Mais Thadea sait qu'elle ne peut pas tuer tout le monde qui s'oppose à elle et aux aigrefins. Autrement, il n'y aurait plus personne et ce serait mauvais pour les affaires.

Le sol tremble à nouveau. Dehors, Brusque renâcle, caché par le soleil qui entre dans la cathédrale, mais il est bien là. Thadea réfléchit quelques secondes, jaugeant Ambrosia, puis elle adopte une nouvelle tactique.

- Voyez-vous, mademoiselle, nous exécutons des contrats et nous sommes payés pour le faire. Si on savait le pourquoi des choses, nous serions alors peut-être aveugler par notre jugement. Et puis, ceux qui font appel à nous veulent que le contrat soit exécuté, rien de plus. S'il fallait commencer à vouloir tout savoir de nos clients, plus personne ne ferait affaire avec nous. Elle se penche un peu vers Ambrosia, comme pour lui faire une confidence. Mes camarades ne savent rien de cette histoire. Vous savez, certains trucs sont plutôt gênant à raconter à un homme. Une histoire de femme, vous comprenez, dit-elle en adressant un regard appuyé à Ambrosia, lui laissant présager le pire en frais de problèmes féminins qui poussent une femme à vouloir payer pour engager des mercenaires pour torturer et tuer un homme, chevalier à la retraite qui plus est. Steeve va voir les chevaux, ils s'énervent.
- D'accord.

Il s'en va, visiblement heureux de s'éloigner de la matrone rouge.

[Désolée pour l'affreux retard ma chérie]

"Les chevaux? Voilà une coutume fort intéressante... Je savais les aigrefins impolis mais aussi rustres, non... Vous battez tous les records!"

Laisser les chevaux à une femme... Il n'y avait rien de plus ingrat à ses yeux. Les demoiselles méritaient un minimum de galanterie. Chez les chevaliers, jamais ceci arriverait. Les maléfiques sont vraiment très étranges. Bien sûr, Ambrosia s'en moquait royalement. Elle faisait juste en sorte de gagner un peu plus de temps afin de mieux préparer une offensive. Peut-être qu'ils finiraient par s'éloigner juste par lassitude.

"Ce n'est pas le plaisir qu'ils ont qui me gênent... C'est juste... leur manque d'intelligence... On dirait des moutons qui agissent par une obéissance complètement absolue tout cela parce que le berger les a menacé de les punir de bouffe... Pitoyable."

Et hop, une nouvelle insulte à peine voilée. La mage rouge avait fait de plus beaux discours par le passé, il faut lui pardonner, là, elle en a juste marre. Elle veut juste les voir loin de leurs victimes... C'est simple non? Elle ne le connait pas, elle se moquait éperdument du crime qu'il avait pu faire, elle voulait juste qu'il n'y ait pas de morts dans la cathédrale. Mais apparemment, c'était plus difficile à comprendre qu'elle ne l'aurait pensé.

La conversation continua. Tout le monde campait sur ses positions. Mais une chose était sure : la femme se faisait respecter par les autres mercenaires. L'alchimiste en était assez bluffée. Elle écouta attentivement les dires de l'aigrefine... Ainsi c'était surtout l'histoire d'une femme blessée dans son orgueil, l'homme avait du la tromper... et elle souhaitait se venger... Elle soupira...

"Ah les humains et leur égo surdimensionné..."

Elle fit un pas. Son protégé la suppliait du regard. Elle commencait à éprouver de plus en plus de dégout pour lui... Peut-être était-ce du à son coté hyper romantique? Allez savoir...

"La vengeance n'est appréciable que si elle est éxécutée par soi-même... Mais je peux le comprendre... l'adultère... a quelque chose de repoussant..."

Peut-être n'était-ce qu'un mensonge? La conversation s'enlisait... La mage devait donc trouver un autre moyen. Elle passa une main dans ses cheveux mordorés et demanda :

"Faisons un marché! Vous ne le tuez pas! Vous l'emmenez juste vers votre commanditaire afin qu'ils puissent parler et après, on verra si elle veut toujours sa mort! Je suis sûre qu'elle n'est pas bien loin... Donc on a juste à sortir d'ici et voyons comment se passent les choses? Qu'en dites-vous?"

Rustre et impolis ? Oui, évidemment, ils sont des aigrefins. À quoi d'autre peut bien s'attendre la mage rouge ? Les aigrefins ont cette réputation et elle est à peine surfaite. Mais ils s'en accommode plutôt bien. Ça évite les mal entendus habituellement. Mais visiblement, cette mage rouge nage en plein malentendu. Et puis, laisser Brusque à quelqu'un d'autre, c'était risqué. Mais cette Mage Rouge ne connaissait pas Brusque. Contrairement au villageois qui l'avait vu en face.

- Oui, vous savez, nous avons les meilleurs chevaux du coin , affirme Thadea avec une fierté non feinte. Brusque est quand même le plus merveilleux des destriers.

La mage rouge poursuit, en insultant le statut d'aigrefin au grand complet et sans doute eux en particulier. Tous et chacun des aigrefins gardent un moment de silence, se demandant sérieusement s'ils lui bottent les fesses maintenant ou s'ils attendent encore quelques minutes. Les aigrefins ont très mauvaise réputation. Et la plupart du temps, elle est justifiée. Du coup, qu'une bénéfique neutre les insultes ne blesse pas vraiment leur orgueil. Par contre, s'ils ne répliquent pas et qu'ils laissent tomber, là ça risque de blesser leur orgueil de malfrats. Par contre, s'acharner conte elle risque de leur faire perdre plus de temps qu'elle ne leur en fait perdre déjà...

- Euh... je crois qu'elle confond les aigrefins avec des chevaliers corrompus...
- J'en ai bien peur, dit-elle, l'air sincèrement désolée. Si on avait un peu plus de temps, je pourrais vous faire comprendre la différence, mais on a un horaire chargé, vous savez.

Elle doute sincèrement que ça puisse faire pencher la balance en leur faveur. Oui, les humains ont un égo surdimensionné. Et alors, ils sont comme ça, c'est tout. Tenter le contraire ça revient à couper les ailes d'un oiseau. Vouloir forcer le contraire, c'était comme vouloir découper une montagne avec une cuillère de bois. Beaucoup trop d'efforts pour pas grand chose. La prétention des elfes est tout aussi agaçante, mais elle n'en fait pas tout un plat. Et la mage rouge parle d'adultère. Si les deux hommes n'ont aucune réaction, la femme aigrefin, elle, baisse les yeux sur la masse tremblante à leurs pieds. Du pur mépris passent sur son visage. elle renifle et Rondecour lève aussi les yeux vers elle. Elle pince les lèvres et se penche encore une fois un peu vers Ambrosia.

- Vous savez, on ne parle pas vraiment d'adultère ici, parce que...
- Non ! Tuez-moi ! Torturez-moi, mais si vous parlez, c'est la réputation de tous les miens qui va y mourir avec moi.
- Ah, vous voyez ? Il implore la mort.
- Abrégeons ses souffrances.
- Non, attendez, c'est intéressant sa proposition. Quoique ce p'tit village ou on doit être payé est pas vraiment tout près... enfin, si un village près de Bénécius c'est pas loin, allons-y, j'y vois pas d'inconvénients.
- Ah, oh, j'te vois venir, Thad, pas question que je joue au chevalier.
- Nan, d'accord, sortons, juste pour voir comment se passeront les choses. Et elle tourne le dos à la mage rouge et commence à remonter l'allée centrale. Raymond, escorte Sire de Rondecour.
- Avec plaisir.

Et il agrippe le sir par le collet et le traîne sans ménagement. Gus, lui, s'incline et cède le passage à Ambrosia. Mieux vaut ne pas l'avoir dans le dos à son avis.

"Ah il y a une différence? Je ne le savais pas, excusez moi."

La surprise était vraiment réelle à moins que cela ne soit que de la pure ironie? Allez savoir. Tout était possible à l'heure actuelle. Dans la cathédrale, l'atmosphère était très différente de celle qui y pèse d'ordinaire. A tout moment, les choses pouvaient basculer, tout le monde le savait et chacun avait les nerfs de plus en plus tendus. La mage rouge essayait de ne perdre aucune once du terrain qu'elle essayait de garder de son côté. Mais il était vrai qu'elle pensait vraiment que les aigrefins n'étaient que des mercenaires ou des chevaliers tentés par la corruption et non la noblesse.

Plus les minutes passaient et plus la mage rouge en apprenait un peu plus sur la cible qu'elle essayait de protéger. Et il faut l'avouer, plus elle en apprenait et plus elle le méprisait. Néanmoins, son grand coeur l'empêchait de l'abandonner. Elle ne se le pardonnerait pas. C'était un naturalien avant tout même il est vrai qu'Ambrosia avait de plus en plus envie de le gifler pour le ramener à la raison.

D'ailleurs, son attitude venait de changer. Ce n'était pas de l'adultère? Pourquoi paniquait-il ainsi? Les yeux verts de l'alchimiste se plissèrent de suspicion. Pourquoi donc faire autant de faux semblants? Pourquoi ne pas dire la vérité tout simplement? Son coeur était-il si sombre que cela? Elle fixa l'aigrefine.

"Oh la mort peut parfois sembler douce mais c'est qu'une fois celle-ci réalisée qu'on se rend compte que la vie avait plus de gout que cela."

Quoi qu'il était pour le moment, la demoiselle Mayfair suivait les aigrefins vers l'extérieur. Elle jeta un regard sur les murs de la cathédrale, le sang n'aura pas coulé dans ce lieu saint, elle aura au moins gagné cela. Une fois à l'extérieur, l'air frais vint caresser leurs visages. Rondecour était on ne peut plus mal. Et dans un geste complètement dépourvu d'intelligence, il mordit son bourreau et s'en alla sur la gauche pour s'enfuir. Afin de l'aider, Ambrosia fit apparaitre un séisme pour ralentir les maudits... mais elle savait que ceci ne serait qu'une simple parade banale... D'ailleurs... l'affligement venait de la gagner... L'homme s'était écroulé au sol au bout de deux pas sans qu'on le touche. Il pleurait toutes les larmes de son corps... Elle cessa sa magie.

"Dites moi ce qui le tue ainsi? Je crois que vous ne pourrez jamais le torturer autant qu'il le fait lui-même à présent."

Son coeur cèderait de chagrin. Il était si pitoyable qu'elle avait du dégout pour lui... un profond dégout qui lui donnait juste envie de partir au loin...

Gus eut un soupir presque triste, mais peut-être pas tant que ça. En fait, il eut plus l'air décourage que d'autre chose. Il faut le comprendre, le pauvre, se faire comparer à autre chose au lieu d'être déterminé comme en étant une à part entière, ça avait de quoi vous taper sur les nerfs. Il émet un grognement contrarié, vraiment très contrarié, et il se tourne vers Thadea et prend son autre compagnon à témoin.

- Je déteste ça... non, vraiment, les gens connaissent rien et c'est pire à Naturalia qu'à Bénécius ! Au moins à Bénécius, ils savent que les chevaliers et les aigrefins n'ont rien à voir ! Elle a osé insinuer qu'il n'y a aucune différence ! J'vais lui montrer la différence, moi, dit-il en faisant un pas en avant, nettement plus menaçant que n'importe quel chevalier corrompus, mais Thadea le retient d'une main fermement posée sur l'épaule.
- Je t'en prie, Gus, on est pas payé pour ça. On reviendra si tu veux, mais on est payé pour le boulot, pas pour tabasser une mage ignorante, dit-elle d'une voix ferme qui rend toute réplique impossible.

Gus soupire, grogne presque, mais hoche la tête, acceptant le proposition de revenir plus tard. Les aigrefins restent plutôt à l'aise et confortable dans cette position. Ils sont certes contrariés d'être retardés, mais ils ne laissent pas du tout sous-entendre qu'ils puissent craindre quoique ce soit. Ils savent qu'ils sont dans leur bon droit et ils savent que ce n'est qu'un contre-temps. Ou peut-être n'est-ce qu'un malencontreux malentendu.

- Oui, mais dans son cas, s'il reste en vie, sa vie ne sera plus qu'un long parcours parsemé de terreurs et de paranoïa. Mais vous avez raison, après la mort, c'est fade, et sans goût. Les morts le disent tous.

Gus et Raymond jettent un regard oblique à Thadea, indiquant qu'ils n'apprécient pas du tout le commentaire de leur supérieur. Elle feint celle qui n'a rien vu et observe avec un amusement certain la tentative d'évasion de leur victime. Raymond agite les doigts, seulement pour s'assurer qu,il n'y a pas de dégâts, mais il n'a poussé aucune exclamation de douleur, ni même esquissé le moindre mouvement signifiant qu'il ait pu avoir mal. Raymond n'a même pas le temps de tenter de rattraper le fuyard qu'un tremblement de terre les secoue tous. Ils se figent, prêt à réagir, amis tout se termine quand ils portent tous le regard sur Rondecour qui n'a même pas eu la force de caractère de ficher le camp pour vrai. Les trois aigrefins secouent la tête de mépris face à cette masse de chair sanglotante. La mage rouge insinue, avec visiblement le même mépris que les aigrefins, que ce Rondecour se torture bien d'avantage lui-même que n'importe quelle torture qu'ils pourraient lui infliger. Thadea hausse les épaules.

- Et alors ? On est là pour rapporter le corps disloqué de ce pauvre type à notre cliente, pas le faire souffrir plus que lui-même. Elle jette un coup d'oeil au sire. On n'est pas là non plus pour détruire sa réputation et jeter la honte sur sa famille. On est la pour rapporter son corps disloqué à notre cliente. C'est tout. Elle tâte du bout des doigts la garde de Funeste. Si vous voulez, je lui règle son cas vite fait et je le disloque après. Il ne souffrira donc pas plus qu'il ne se fait souffrir lui-même. Pour épargner la famille, je peux aussi réexpédier le corps ici, s,ils veulent lui offrir une sépulture décente. Mais je crois que pour sauver son âme, c'est mort depuis longtemps. Pour la nôtre aussi, d'ailleurs, alors je vous épargne donc l'idée de tenter de nous sauver.

Les deux autres ricanent.

"Pas forcément. Il peut peut-être survivre malgré tout cela. Peut-être trouvera t'il du courage ou alors décidera t'il de se priver de la civilisation afin de vous éviter. Mais je suis sûre qu'il préfèrerait cela à la mort."

La jeune femme ne connaissait pas celui qu'elle protégeait mais elle doutait fortement qu'il ait si envie de mourir que cela. Oui, la mort est fade car elle est privée de tout plaisir. Aucun problème même insurmontable pouvait donner aussi envie de décéder. Il y avait toujours une solution. Ambrosia essayait de lui en trouver même si les aigrefins ne l'aidaient pas vraiment. En tout cas, elle était contente d'arriver à les agacer lorsqu'elle les comparait à des chevaliers. Elle ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de différents entre eux... Mais bon, elle avait préféré changer de sujet. La vie d'un homme était bien plus importante qu'une question d'égo.

Rondecour tenta de s'enfuir. La mage rouge en fut gré... Mais malheureusement cette joie fut de courte durée. En effet, l'envie de partir de l'humain avait été aussi brève qu'une inspiration... elle commencait à en avoir marre de lui. Il était si pathétique... Sa vie était devenue un tel chaos qu'il n'avait plus de force pour rien. Elle ne supportait pas l'abattement... Il fallait avoir du nerf pour survivre dans le monde actuel... et lui... à part pleurnicher... il ne faisait rien...

"Je n'ai pas envie de vous sauver. Je sais bien que votre cas est désespéré. Je ne suis pas une sainte. Ne me prenez pas pour une nonne en quête de bonne action."

L'alchimiste avait éclaté de rire joyeusement. Elle l'avait prise pour la mauvaise personne. Elle avait écouté avec soin les dires de leur chef. Elle ne voulait pas salir sa réputation. Elle n'arrivait pas à comprendre vraiment pourquoi mais elle appréciait le geste. Elle était de plus en plus lasse. Elle jeta un regard vers l'humain... celui-ci rampait vers les aigrefins... Il avait choisi son destin. Elle eut une moue de déception et prononça :

"Je vous le laisse. Si j'arrivais à le sauver, il ne comprendrait même pas la chance que je lui offre. Faites en ce que vous voulez mais attendez juste que je sois partie. Je n'ai pas envie d'assister à un massacre gratuit."

Elle fit un pas vers la sortie et finit par se retourner une dernière fois :

"Nous nous reverrons... Je ne sais pas pourquoi... Mais je suis sure que je croiserais de nouveau votre route chère Thadea."

Elle eut un sourire ironique puis Ambrosia s'éloigna. Elle avait passé une sale journée... elle avait besoin d'un bon remontant...

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