- Merdemerdemerdemerdemerdemerdeuuuuuuuuuuuuuh !
Courant comme un dératé, il jetta un coup d'oeil en arrière, par-dessus son épaule. L'énorme chien (enfin, "chien"... C'était plutôt un ours, cet animal) lui courait toujours après, ses babines écumantes de bave. Hop, un saut pour éviter un jeune mage rouge chargé de potions aux couleurs brillantes ! Hop, une glissade pour passer prestement entre les jambes d'un garde en faction qui avait voulu lui bloquer le passage ! Hop, un nouveau corridor emprunté à toutes jambes, un nouvel escalier plus sauté que réellement dévalé... La course-poursuite continuait pour un Aydhan qui s'étonnait lui-même de pouvoir battre de tels records de vitesse tout en ne laissant pas son coeur dans son sillage tellement ce dernier semblait battre dans sa poitrine, prêt à en sortir tellement la cavalcade le mettait à contribution.
S'infiltrer dans la Tour Naturelle n'avait peut-être pas été une SI bonne idée, finalement. Pourtant comme ça, dans la théorie, ça ne s'annonçait pas si mal non plus.
***
Tout avait commencé un peu plus tôt, en fin d'après-midi, à la Terrase de la Taverne Lève-le-coude. Installé au pied de la Tour des Rouges, ce petit café était un rassemblement hétéroclite de couples en quête d'un endroit romantique pour amorcer leur soirée, d'étudiants en potions désireux de partager leurs recettes, de voyageurs à la recherche d'un peu de repose avant leur retour à la route et aussi de quelques fripouilles pas forcément méchantes, mais pas forcément très propres sur elles non plus.
Aydhan était de ce dernier groupe, attablé avec deux superbes femmes blondes. Les Jumelles Dipsy et Patty étaient de petites Rôdeuses qui s'attaquaient aux bourses - pas forcément celles avec de l'argent dedans - des bourgeois un peu crédules et qui entretenaient une amitié avec le beau brun. Lui aurait aimé que l'amitié se concrétise sous quelques draps froissés et elles profitaient des fantasmes d'Aydhan pour le rouler dans la farine tout en lui faisant accomplir quelques menues corvées.
Et ça n'avait pas manqué, une fois encore ! Alors qu'Aydhan avait fatalement finit par faire revenir la conversation au niveau de la culotte, les jumelles lui avaient proposé un petit jeu.
- Ecoute beau-gosse, c'est simple : On voudrait bien un petit souvenir d'Alicia Mayfair. Ca nous aiderait à payer quelques dettes en retard, tu vois... T'es doué pour te faufiler partout, la Tour Naturelle ne devrait pas être un problème pour toi ! Dipsy avait dit ça d'un ton charmeur et ce fût sa soeur qui enchaîna, décolté en avant et note érotique dans la voix. Tu nous ramène un petit quelque chose et nous...hmmmm... On te récompensera comme on sait si bien le faire....
Vous pensez bien qu'Aydhan ne se perdit pas en reflexion. Il topa avec les Jumelles et attendit la nuit tombée pour aller se balader discrètement dans les couloirs de la Tour, finissant par tomber nez-à-nez avec un énorme chien de garde qui l'avait reniflé avant de faire claquer ses mâchoires pour lui grignoter les doigts que le Rôdeur aurait laissé traîné.
Et la poursuite avait débuté, le brun entraîné dans les couloirs dans l'idée d'y semer l'animal qui en aboyant avait bien entendu alerté la garde...
***
Là, ça sentait le roussi pour lui. Aydhan sentait presque l'haleine de bestiau sur ses reins, et entendait distinctement ses crocs se refermer dans le vide juste à quelques centimêtres de ses fesses. Et les gardes qui déboulaient de part et d'autre ! Plus qu'une seule solution, la fuite !
Et puisque les couloirs lui étaient interdits, notre bellâtre se décida purement et simplement à passer par une fenêtre... Oubliant qu'il avait gravit quatre bons étages dans sa course.
Ses reflexes (et un peu de Lévitation spontanée) lui permirent d'aggriper un lierre dans sa chute, la freinant un peu tout en le faisant tourner un peu sur le corps de la Tour, pour qu'il finisse par purement et simplement défoncer une fenêtre, entrant comme une bombe dans la pièce.
BADABOUM !
Aydhan se retrouva -sans trop savoir comment d'ailleurs- la tête la première dans tout un tas de petites culottes, couvert de ces éléments de lingerie et lamentablement écrasé dans un lit heureusement moelleux qui avait amorti le choc.
Sonné, la tête en bas et les pieds sur la partie supérieure de l'allonge, le Rôdeur ne pût se permettre qu'un mot, hautement constructif.
- Gaaaah...