Le garçon avait cessé de pleurer. Il avait séché ses larmes et avait reprit son rôle de guide. Neelahn était contente. Après s’être relevée, elle lui emboîta le pas après avoir jeté un regard noir à Cirdan. Comme le lui avait déjà précédemment dit, elle ne l’avait pas forcé à venir avec elle. Il l’avait suivit de sa propre initiative.

« Je te rappelle que nous ne sommes pas lié par un contrat. Tu peux sortir d’ici quand tu veux. »

L’endroit était toujours aussi macabre. Dormant souvent à la belle étoile, l’obscurité ne l’intimidait pas. En revanche, le fait d’être enfermée et de ne voir ni lune, ni étoile la mettait mal à l’aise. En fait, ce qui la gênait le plus, c’était d’être enfermée dans un espace limité par un plafond et des murs de pierres. Mais bon. Elle essaya de ne pas y penser et continua à avancer.
Et tandis que le garçon leur conseillait de suivre exactement ses pas, Neelahn, elle, avait l’air d’être partie dans un autre monde. Elle mettait ses pieds là où le garçon avait posé les siens mais il arrivait parfois qu’elle fasse un écart. Lorsqu’il remarque cela, le jeune homme regarda tout autour de lui, s’attendant visiblement à ce que le plafond ne lui tombe sur la tête. Mais étrangement, rien n’arriva. Il contempla l’elfe pendant un instant, l’air sceptique puis il émit l’hypothèse que les pièges que son grand-père avait installés devaient être usés avec le temps et que les mécanismes d’enclenchements avaient rouillée.

« Es-tu sûr qu’il y a des pièges ici ?
_ En fait, je ne sais pas exactement à quels endroits ils se trouvent. Peut-être que dans ce couloir, il n’y en a pas. En revanche, je sais où marcher pour les éviter. Je préfère être prudent, vous comprenez ? Essayez de mettre les pieds là où je les mets.»

Neelahn haussa les épaules. Elle n’avait pas l’air convaincue. Toutes les dalles au sol avaient l’air identique. Ne le faisant pas exprès, elle fit un petit écart à un moment donné. Elle fut reprit violemment par le tigre blanc. Ses yeux agrandis par l’étonnement se déposèrent sur lui. Mais qu’avait-il à se comporter de la sorte ? Elle n’avait rien enclenché pour l’instant. M’enfin, si ça pouvait le rassurer… Neelahn fit alors en sorte de marcher et seulement là où le garçon posait ses pieds. Cependant, elle ne put s’empêcher de penser que c’était d’un ridicule… En fait, elle n’arrivait pas à imaginer comment on pouvait enclencher un piège juste en marchant sur le sol. Pour elle, c’était inconcevable. Mais bon, puisque le garçon disait qu’il fallait faire attention, Neelahn obéit docilement. Après tous, elle savait bien qu’elle avait encore beaucoup à apprendre sur le monde.

Le sol était en pierre, les murs étaient en pierre et le plafond était construit avec le même matériau que le reste. Et même si le sol était dallé, il avait la même couleur et la même texture que tout le reste. Et puisqu’il y avait des traits au sol, on aurait pu penser qu’il en serait de même avec les parois mais il en était rien. Pas de motif, pas de gravure ; s’il n’y avait pas eu des toiles d’araignées ni autres bêbêtes rampantes, ils auraient sûrement été aussi lisses que la peau d’un bébé.
Après avoir vu une étendue infinie de sable, Neelahn se retrouva à admirer une éternité de pierres taillées. Les couloirs faisaient toujours la même taille. Le plafond était toujours situé à la même hauteur et les pierres étaient toujours d’un gris triste. En somme, le paysage était mille fois plus redondant que le désert. En plus, avec l’obscurité, l’elfe finit par avoir la mauvaise impression de marcher dans le néant.
Avec la diversité des couleurs et des textures qu’offraient ce monde, Neelahn avait toujours pensé que partout où elle irait, il y aurait toujours quelque chose à voir. Or après avoir vu le désert et cet espèce de labyrinthe, elle finit par penser que les êtres transcendants qui avaient crée l’univers manquaient parfois cruellement d’inspiration. Néanmoins, elle compatit. Après avoir façonné des montagnes, des fleuves et des plaines, il était compréhensible de se retrouver en panne d’inspiration.

« Oui, mais je ne peux pas regarder si tous les murs sont exactement identiques. »

La druidesse avait réalisé depuis longtemps que où qu’elle aille dans ce labyrinthe, le décor resterait toujours aussi sobre et sinistre. Mais voilà. Il fallait qu’elle s’occupe. Cette balade dans le noir commençait à l’ennuyer. Elle avait hâte de trouver le bâton. Elle était pressée qu’un quelconque évènement ne se passe. Elle se disait qu’elle allait finir par s’endormir.

« Oh ! »

L’enfant venait de les mener jusqu’à l’artefact. Enfin ! Depuis le temps qu’elle le cherchait et qu’elle espérait que quelque chose n’arrive ! Pourtant, malgré la direction vers laquelle le jeune homme pointait du doigt, Cirdan ne vit absolument rien. Intriguée, Neelahn approcha à son tour et plissa les yeux. Tout comme le nomade, elle ne vit nulle trace du bâton de schnock.

« Euh… Moi non plus je ne vois rien, c’est normal ?
_ Mais si, juste là, vous ne le voyez pas ?
_ Ne le prends pas mal mais il n’y a absolument rien.
_ Regardez plus attentivement.
_ Ah oui, là haut ! Je vois quelque chose ! »

Avec la noirceur qui régnait en ces lieux, Neelahn ne l’avait pas mais le bâton du schnock était bien là. Sur le mur, proche du plafond, il y avait une toute petite ouverture et si on regardait attentivement, on pouvait constater que quelque chose était à l’intérieur. L’elfe n’aurait su dire si c’était réellement le bâton mais s’il y avait une chose dont elle était certaine, ce fut que ce mur cachait quelque chose.
S’approchant de la paroi, elle se hissa sur la pointe des pieds. Malheureusement, elle était trop petite. Une liane immergea du sol et vînt fouetter l’ouverture. L’elfe pesta. Son idée ne fonctionnait pas. En même temps, ce n’était pas avec une telle plante qu’elle allait éclater le mur.

« Est-ce que je peux grimper sur tes épaules, s’il te plaît ? » demanda-t-elle alors à Cirdan.

Elle enleva ensuite ses bottes pour ne pas salir les vêtements du nomade.

Lorsque le nomade lui dit de le laisser faire, l’elfe se contenta d’acquiescer simplement de la tête. Pourtant, durant les premières secondes, il ne sembla pas esquisser le moindre mouvement. Avait-il une idée en tête ou était-il en train de réfléchir à une meilleure solution que la sienne ? Regardant ses pieds, Neelahn émit l’hypothèse que Cirdan ne voulait qu’elle monte sur ses épaules. Après avoir bougé ses orteils et renifler ses aisselles, elle se dit qu’elle n’y comprenait rien. Le matin, avant de partir, elle avait prit soin de faire sa toilette et, à moins que son odorat ne lui fasse défaut, elle ne sentait pas mauvais.
Mais alors qu’elle commençait une nouvelle fois à se vexer, elle sentit une bourrasque de vent arriver. Levant les yeux vers le plafond, l’elfe regardé le bâton vaciller un peu... mais il ne tomba pas. Une petite moue apparue sur son visage. Il avait tout de même eût une bonne idée, même si cela n’avait pas fonctionné.

« Je me sens grande ! »

Et voilà ! L’idée de Neelahn fut finalement adoptée. Perchée en haut des épaules du nomade, elle chercha à prendre appui quelque part. Cirdan n’était pas très stable et elle se dit qu’il devait peut-être la trouver un peu lourde. De là où elle était, il n’aurait sans doute pas pu le voir mais Neelahn venait de faire une grimace. Elle venait de réaliser que ces derniers temps, elle avait beaucoup mangé et qu’il fallait qu’elle fasse attention à sa ligne si elle ne voulait pas devenir obèse.

« Excuse-moi. Promis, j’arrête de manger trop de gâteau. »

Oui, c’était sûrement ça qui lui avait prendre du poids…
Vraiment désolée, Neelahn essaya de faire le plus vite possible pour soulager les épaules du nomade. Et alors qu’elle se dressait sur la pointe des pieds, elle sentit le serpent grimper le long de son corps. De toutes ses forces, elle tenta de ne pas trop bouger. Le reptile la chatouillait. Son porteur pouvait aisément le deviner puisqu’elle n’arrêtait pas de rire.
L’elfe finit tout de même par se calmer lorsque le serpent arriva dans la cavité. Cette formidable créature poussa le bâton vers l’extérieur. Neelahn se mit alors à lui faire des louanges. Elle lui dit qu’il était très gentil, intelligent, beau, …
Mais avant qu’elle n’eût fini sa tirade, le bâton tomba dans le vide. Les yeux écarquillés de terreur, l’elfe en fut bouche-bée. Non ! Ils n’avaient tout de même pas fait tout ce chemin pour voir l’artefact se briser en mille morceaux !

« Cirdan ! Rappelle ton petit vent ! »

Paniquée et peu habituée à ce genre de chose, Neelahn ne trouva rien d’autre de mieux que de faire pousser un petit buisson pour amortir la chute de l’artefact. Dans le même temps, elle tenta de faire grandir une liane qui viendrait s’enrouler autour du bâton. Toutefois, c’était un exercice bien plus compliqué et l’elfe n’était pas sûre d’y arriver. L’objet tombait bien trop vite et, prise par surprise elle n’eût pas le réflexe d’agir immédiatement, il était sans doute trop tard. De tout son cœur, Neelahn pria pour que le bâton ne se brise pas au sol.
Tigrou, quant à lui, et contrairement aux trois autres, resta tranquillement assis à sa place, contemplant les trois idiots se décarcasser pour un misérable morceau de bois. D’un dédain impassible et royal, il observa la trajectoire du bâton. S’il avait été un chien, il aurait peut-être tenté de le rattraper. Mais ce n’était pas le cas.

Ok. Ce n’était pas un petit vent. Mais c’était un vent quand même et il suffit largement à rattraper la maladresse de Daigho. Avec un grand soupire de soulagement, Neelahn regarda le bâton du schnock atterrir tout en douceur sur le sol. Ah ! Comme elle avait hâte de le tester !
Et alors qu’elle voulait redescendre des épaules de Cirdan, le serpent rampa le long de son corps. Elle essaya de se tenir tranquille pour ne pas compliquer la tâche du nomade mais ce fut plus fort qu’elle. Le reptile la chatouilla et elle tomba par terre.

« Un peu mais ça va. »

Neelahn attrapa la main que Cirdan lui tendait et se releva tant bien que mal. Puis, sans crier gare, elle le serra fort dans ses bras. C’était sa façon à elle de lui remercier de l’avoir aidé, surtout au moment où elle en avait le plus besoin.
L’étreinte ne dura pas longtemps mais il fût certain qu’elle aurait pu lui briser les cotes si elle avait eu plus de force.

« Il a l’air vraiment banal pour un bâton magique. »

Neelahn venait de ramasser le bâton et le retournait dans ses doigts, manquant de frapper Tigrou qui avait eu la mauvaise idée d’approcher de trop près.
En bois de chêne, on pouvait très facilement le confondre avec un simple bâton de marche. D’ailleurs, pour une voyageuse comme la druidesse, cet artefact lui serait sans doute très utile. Elle contempla un instant les symboles mystiques qui y étaient gravés et se demanda si c’était grâce à cela que le bâton était magique. Mais quoi qu’il en soit, il ne brillait pas. Et pour l’instant, il avait l’air vraiment inoffensif. Dommage qu’il n’y ait pas un lapin à proximité pour pouvoir tester l’objet.

« Bon bah… on sort ? »

Maintenant qu’elle avait eu ce qu’elle voulait, elle ne voyait pas pourquoi ils s’attarderaient plus longtemps dans cet endroit lugubre.
Tigrou non plus n’aimait pas cet endroit et fut le premier repartir dans le sens opposé. Il finit tout de même pas se retourner lorsqu’il se rendit compte qu’il ne pouvait pas se diriger tout seul vers la sortie dans le noir. Levant la tête vers les autres, il attendit qu’on lui éclaire le chemin.
Pendant un bref instant, Neelahn songea à tester son artefact sur le félin. Après tous, Tigrou courrait très vite…

Oh évidemment, il aurait été possible de tester le pouvoir de cet objet magique sur une chose inanimée. N’importe quoi aurait pu faire l’affaire. Mais elle voulait évaluer la puissance de cet artefact. Elle voulait voir jusqu’à quelle vitesse il pouvait poursuivre sa cible et s’il était précis. Pour Neelahn, Tigrou était le parfait cobaye. Et puis, il commençait à l’énerver à la regarder comme ça. Qu’est-ce qu’il voulait au juste ? Il ne pouvait pas faire comme tout le monde et chercher un meilleur moyen de communication que le regard ? Fronçant les sourcils, elle aperçut Tigrou regarder en arrière tout en grogant pour attirer l’attention de tout le monde et elle finit par comprendre ce qu’il voulait. Hé bah il en avait du toupet de leur demander ça ! Il n’avait même pas levé le moindre petit doigt pour l’aider et voilà qu’il se permettait d’imposer sa volonté à tout le monde !

« Merci de nous avoir conduit jusqu’ici. » dit-elle au garçon lorsque Cirdan lui donna le paquet de biscuits.

Prenant délibérément tous son temps, Neelahn farfouilla dans ses poches. Elle savait bien qu’elle n’avait pas rangé sa bourse d’argent à l’intérieur mais c’était simplement pour irriter Tigrou. Et puis, lui aussi, des fois, il se comportait de la même manière…
Finalement, elle ouvrit son sac et sortit toutes ses affaires, jouant ainsi avec la patience du félin et, peut-être de Cirdan qui avait l’air bien pressé de sortir de là où elle se trouvait (et elle le comprenait parfaitement). Après quelques secondes (mais qui, elle en était sûre, avait du en paraître une éternité pour son ami), elle sortit un petit sac de cuir. A l’aide du pouce et de l’index, l’elfe se saisit d’une des pièces d’or qu’elle avait trouvé dans le désert avec Cirdan (à moins que ce fut l’argent qu’elle avait gagné aux jeux à Naturalia… à vrai dire, elle n’en savait rien).

« Tiens, cadeau. Avec ça, tu vas pouvoir être tranquille pendant quelques temps. »

Émerveillé, le garçon récupéra la pièce d’or dans ses mains. Il lui dit que c’était la première fois qu’il voyait une pièce d’or de si près et qu’il n’était pas sûr de vouloir la dépenser, préférant la garder dans sa poche comme un joli trophée. Pourquoi pas. De toute façon, c’était désormais sa pièce. Il en faisait ce qu’il voulait.
Continuant son petit manège, Neelahn remit dans son sac tous ce qu’elle avait sortis. Oh tien. Sa couverture était mal pliée (oui, elle avait parfois mauvais caractère mais Tigrou le lui rendait souvent tellement bien qu’elle avait fini par assumer son comportement). Fixant le félin, l’elfe replia couverture minutieusement. Certes, Tigrou était un félin indépendant et bla bla bla. Mais bon. Quand même. Il pouvait tout de même lui témoigner un peu plus respect et éviter de la regarder comme si elle était sa domestique. Et même Cirdan qui avait un caractère exécrable s’était montré serviable lorsqu’il le fallait. Pas le félin.

« Oui, c’est bon, on peut y aller. » dit-elle au nomade « La prochaine fois qu’on me demande si t’es mon animal domestique, je répondrai oui » ajouta-t-elle ensuite à l’adresse de Tigrou.

Laissant passer le garçon devant, Neelahn lui emboîta ensuite le pas. Le tigre blanc grogna de mécontentement. L’elfe fit comme si elle n’avait rien vu et passa à côté de lui sans lui accorder le moindre regard.

Maintenant qu’elle y repensait, ce qu’elle avait le plus apprécié dans ce souterrain, ce fût cet escalier, parsemé d’insectes et menant vers la sortie. Oui. Voilà. C’était ça qu’elle préférait par-dessus tout. Mais évidemment, entre sa forêt et cet escalier ou entre un plat chaud ou cet escalier, il était bien clair que ses marches infestées de bestioles étaient la dernière chose qu’elle aurait choisie.
Avec horreur, elle aperçut la quantité astronomique de vie que ses camarades et elles avaient réduite en cendre sans le vouloir. Elle se garda bien cependant à ne rien dire à voix haute, sachant que Cirdan allait se moquer d’elle une nouvelle fois. Mais même si aucun son ne sortait de sa bouche, on pouvait tout de même voir ses petits yeux qui compatissaient avec ses bêtes retournées et aplaties sur le dos, les pattes parfois à moitié brisées en l’air.
D’un petit coup de pied, elle fit signe à Tigrou de regarder. Le félin posa un regard dédaigneux sur la petite trainée de cadavres et remercia du regard l’elfe de lui avoir indiqué qu’il fallait faire attention aux endroits où il posait ses pattes. Contrairement à elle, voir cet amas d’insectes mort n’éveilla aucune peine en lui. Il avait simplement l’air un peu dégoûté.

Et alors que tous deux hésitaient à grimper les marches, Cirdan fit apparaître un incendie, ce qui força tout le monde à se précipiter jusqu’à la sortie pendant que le fond de la cave commençait à s'écrouler. On aurait pu alors se demander comme il était possible que la pierre s’effrite au contact des flammes mais après tous, il s’agissait peut-être d’un piège que le malchanceux avait déclenché sans le vouloir.

« Oui, c’est un peu bête. Il avait l’air pourtant d’apprécier le petit cadeau que je lui avais fait. »

L’elfe s’accroupit et ramassa la pièce d’or qu’elle avait donnée au garçon. Regardant tout autour d’elle, elle essaya de retrouver le gamin. Mais apparemment, en voyant les flammes et le souterrain s’écrouler, il avait prit peur et était parti à toute vitesse.
Neelahn se releva et rangea sa pièce dans sa bourse en cuir. Resserrant les sangles de son sac, elle demanda ensuite au nomade.

« Je suppose que tu vas partir maintenant… Où vas-tu aller ? »

C’était une question comme un autre qui lui était sortie de la bouche sans qu’elle n’y eut vraiment le temps de réfléchir au préalable.
Maintenant qu’elle avait eu ce qu’elle voulait, Neelahn se demandait quels autres lieux de Bénécius pouvaient être intéressants à visiter. Mais peut-être était-il temps pour elle de rentrer. Ses amis les druides devaient l’attendre. Mais bon. Ils ne lui en voudraient sans doute si elle restait un jour ou deux de plus dans al cité des mages blancs.

Voilà. C’était la fin. Et même si Cirdan l’avait exaspéré à plusieurs reprises, un grand « déjà ??? » résonna dans la tête de l’elfe.

Lorsqu’elle lui demanda où il comptait se rendre, il se mit à rire. Il lui donna alors l’impression que sa curiosité était mal placée. Elle se sentit un peu gênée. Elle, tous ce qu’elle voulait savoir, c’était s’ils avaient une chance de se recroiser un jour. Il avait beau être exécrable avec elle des fois, il restait tout de même un bon compagnon de route. A chaque fois qu’elle en avait eu besoin, il avait été là pour elle. Lorsqu’il fallu plonger dans les profondeurs de l’oasis pour récupérer les pièces et diamants, il avait été là (même s’il fut à l’origine de cet incident). Lorsqu’elle voulu aller récupérer le bâton du schnock, il avait été présent à ce moment là aussi. Alors, maintenant qu’il lui faisait part de ses projets, l’elfe était un peu triste. Elle aurait bien voulu faire un petit bout de chemin de plus avec lui ou qu’il lui dise qu’ils se reverraient très bientôt. Mais tout ça, elle ne le lui dit pas. Elle savait bien qu’il allait se moquer d’elle.

Neelahn réajusta son sac sur ses épaules. Elle n’avait pourtant pas besoin de le faire, s’étant déjà assurée dans le souterrain qu’il lui allait bien. Mais c’était histoire de faire quelque chose et d’avoir un prétexte pour rester quelques secondes de plus avec le nomade. Elle savait bien que c’était stupide mais voilà, elle l’aimait bien. Elle se disait même qu’elle l’aimait presque autant que Tigrou.
Et alors qu’elle commençait à se trouver stupide à rester là sans rien dire et à remettre son sac sur son dos comme s’il la gênait affreusement, Cirdan lui proposa de visiter un peu Bénécius avec lui. Ne s’attendant pas du tout à ce genre de proposition venant de lui, elle resta quelques secondes à se demander si elle venait d’avoir une hallucination.

« Ok ! On va où ? »

Elle était aussi qu’une contente qu’une enfant à qui on venait d’offrir une confiserie. Les yeux pétillants, elle se demanda où est-ce qu’il comptait l’emmener. Il y avait tellement d’endroits qu’elle n’avait pas encore vus ! Le château, le fleuve, les jardins, … Elle ne pourrait sans doute pas avoir l’occasion de tout voir en même temps et devrait revenir plus tard. La druidesse eut alors une pensée pour ses amis les druides. De nature patients, ils ne lui en voudraient pas si elle s’attardait un peu. Ils lui avaient dit en plus de ne pas se presser lorsqu’elle leur avait dit qu’elle passerait par la cité des mages blancs.