Wonderland…
Bien que proche de la forêt, Neelahn se s’était jamais hasardée à aller y mettre les pieds. Et pourtant, cet endroit n’était pas plus dangereux que la forêt des illusions ou les marécages de Malificum.
Qu’y avait-il à Wonderland ? Depuis toute petite, la druidesse rêvait d’aller y jeter un petit coup d’œil. Mais les druides, méfiants et pessimistes, n’arrêtèrent pas de lui répéter qu’il valait mieux éviter de côtoyer les esprits lorsqu’on le pouvait. En tant que personne raisonnable, Neelahn préférait donc rester dans sa forêt et imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette mystérieuse partie de Nel Beraid.
Mais, depuis qu’elle était devenue Ermite, tout avait changé. N’étant plus une pauvre brindille nécessitant de la protection de ses aînés, la druidesse avait décidé qu’il était temps d’explorer les alentours de sa forêt. Elle tenta de se donner bonne conscience en se disant qu’elle le faisait pour le bien de la Nature et qu’il ne s’agissait pas seulement d’une question de curiosité. Après tout, comment les druides pourraient-ils protéger la forêt s’ils ne savaient même pas de quoi elle était entourée ?

Persuadée que son voyage méritait d’être fait, l’elfe se vit cependant remettre en cause par les esprits. Pour arriver à Wonderland, il fallait traverser un chemin qui n’apparaissait que sous le bon vouloir des esprits. Le chemin, évidemment, Neelahn ne parvînt pas à le dénicher ; en revanche, elle eût la chance de tomber sur des esprits mais sans doute n’eût-elle pas assez de veine car ils étaient peu enclins à la laisser entrer dans Wonderland.
Pourquoi une druidesse comme elle voulait-elle y mettre les pieds ? Que cherchait-elle ? Bredouillant des réponses sans queue ni tête, Neelahn ne s’était pas préparée à subir un tel interrogatoire. Cependant, renoncer aurait donné le dernier mot à ces esprits et aurait confirmé le fait qu’elle n’était en fin de compte pas si motivée que cela.

« Tu n’as pas répondu à notre question. » souffla l’un d’entre eux pour la énième fois.

Cela faisait bientôt une heure que Neelahn tentait de les convaincre de lui montrer le chemin. En fait, elle aurait même pu y avoir l’accès depuis longtemps si Tigrou n’avait pas eu la stupide idée de donner un coup de pattes à un esprit après avoir perdu patience. Évidemment, le fantôme ne ressentit absolument rien mais cela ne l’empêcha pas pour autant de s’offusquer devant pareilles manières. Du coup, comme le tigre ne possédait pas la capacité de parler, Neelahn dut s’excuser à sa place sous l’œil critique de tous ces êtres qui avaient le fâcheux don de la mettre vraiment mal à l’aise.

« Promis, je ne ferai pas de bêtise. »

L’un des esprits éclata de rire devant cette annonce enfantine pendant que la druidesse soupirait. Elle commençait à être à court d’idée. Elle avait pourtant été polie et ne les avait pas offensés d’une quelconque manière que ce fut.
On disait que seuls les shamans n’éprouvaient aucune difficulté à entrer dans Wonderland. Alors, peut-être que si elle attendait patiemment, l’un d’eux passerait par ici et lui donnerait accès au chemin ? Pourtant, cette idée qui semblait être la meilleure ne plu pas beaucoup à Neelahn. Chez elle, les shamans n’étaient pas beaucoup apprécié mais il en était de même lorsqu’on ne comprenait pas quelque chose. La mort, les esprits, … comment pouvait-on parvenir à communiquer avec l’au-delà ? A quel prix pouvait-on jouer avec les morts ? Rien qu’à y penser, l’elfe en eut la chair de poule et ne put s’empêcher de sursauter malgré elle lorsqu’un esprit s’approcha derrière dans son dos pour lui souffler un gros « BOUH ! » à l’oreille.
Finalement, la druidesse constata que les esprits n’étaient pas aussi terribles que cela. En fait, ils étaient surtout très facétieux.

Une silhouette sombre se découpait sous les feuillages verdoyants. D'un pas mesuré, l'individu qui s'approchait revêtait une particulière apparence. Le corps peu habillé, si ce n'était d'un curieux mélange de peaux de bêtes et de cuir et le tout surmonté par un étrange masque, aux longues cornes. L'homme se fraya un chemin entre deux fourrés, avant de débouché sur un sentier étroit et tortueux qui le mènerait à sa destination.

Wonderland, pays de mystères et landes chamaniques... Gaan s'y rendait peu en vérité, bien que là bas résidaient ses semblables, ils demeuraient des êtres humains, dont ils n'appréciait guère le contact. Mais pour diverses raisons, il lui fallait se rendre parmi les siens, afin d'obtenir ce qu'on ne pouvait trouver qu'en ces lieux magiques, arcanes mystérieuses que seule la communauté chamanique recélait.

Il s'apprêtait à ouvrir un passage, lorsque des échos étranges lui parvinrent aux oreilles. Non loin de lui, des brides de rires moqueurs étaient porté par la légère brise. Ce qui l'intrigua fut la nature de ces bruits, car à l'évidence, ils n'étaient pas humains. La présence d'esprits en cet endroit n'avait rien d'inhabituel, mais ceux-ci évitaient en général de se manifester de la sorte. Poussé par la curiosité, il prit la direction des échos.

Deux êtres translucides ondulaient entre les arbres, l'attention tournée vers une jeune femme à l'air quelque peu égaré et dépité. Il ne fallut pas bien long au shaman pour comprendre la teneur de la situation, et il s'apprêta à faire demi-tour, jugeant cela sans le moindre intérêt et ne désirant pas être mêlé à l'histoire. Malheureusement, les esprits présents semblaient avoir décidé de jouer les fauteurs de troubles, et la voix de l'un d'eux s'éleva avec un ton désinvolte.

-"Peut-être ce shaman pourrait-il vous indiquer votre route?"

Cette question voulue innocente, et qui n'en était d'ailleurs pas vraiment une, fut accompagnée d'un geste qui montrait Gaan s'éloigner. Et à son compagnon d'ajouter.

-"Peut-être bien qu'oui, peut-être bien qu'non."

Le démon soupira avec lassitude et continua d'avancer, espérant ne pas être interpellé par la jeune personne en quête d'un passage vers Wonderland.

Neelahn avait toujours eu de la chance et l’arrivée du shaman prouva une fois de plus que sa bonne étoile veillait en permanence sur elle.
L’elfe ne se fit pas prier. Après avoir remercié les esprits, elle couru vers l’inconnu. Si les esprits ne lui avaient pas indiqué qu’il était un shaman, l’elfe l’aurait probablement confondu avec une de ces créatures étranges qu’elle avait eu l’occasion de voir dans la forêt d’illusions. Habillé de peaux de bêtes et coiffé d’un masque à cornes, cet homme (ou cette femme) possédait un sacré accoutrement ! Mais en y repensant, sa tenue vestimentaire parut logique aux yeux de Neelahn. Pour elle, les shamans étaient des dérangés du ciboulot.

« Euh… bonjour ! »

Neelahn se sentait quelque peu mal à l’aise face à cet être dont elle ne distinguait pas le vrai visage. Et puis, à première vue, il n’avait pas l’air d’être du genre à rendre service facilement. A vrai dire, à sa façon lasse de trainer ses pieds sur le sol, elle aurait même dit qu’il était comme ces vieilles personnes qui aimaient qu’on les laisse en paix. Cependant, elle avait marché pendant des heures rien que pour satisfaire sa curiosité et ne concevait pas qu’il était possible d’abandonner si près du but !

« Excusez-moi de vous déranger mais les esprits m’ont dit que vous seriez peut-être en mesure de m’ouvrir un passage pour aller à Wonderland… »

S’empourprant légèrement, elle se remémora tout d’un coup tout ce qu’on lui avait raconté sur les shamans. On disait que ces personnes étaient non seulement capables d’invoquer des esprits mais en plus de les contrôler. Communiquant régulièrement avec la mort, certains pensaient même que les shamans n’étaient pas des êtres comme les autres et qu’ils s’adonnaient à de mystérieuses expériences mêlant rituels et os d’animaux.
Mais pour Neelahn, un shaman était moins à craindre que nécromancien car si un shaman était capable de communiquer avec la mort, le nécromancien, lui, servait avec ardeur la mort. L’elfe se souvînt alors de Morgane et de sa faculté à faire apparaître des zombies. Rien que ce souvenir lui donnait la chair de poule.

Battant des cils pour chasser ses pensées néfastes, elle inclina ensuite légèrement la tête. C’était la première fois qu’elle se tenait devant un shaman et le masque qu’il portait l’intriguait beaucoup. En fait, elle se demandait ce qui pouvait se cacher tout d’un coup mais s’empressa vite de penser à autre chose en se souvenant que, paraît-il, certains shamans possédaient le don de lire dans les esprits des autres. Ne voulant pas offusquer la personne qui se tenait face à elle, Neelahn se contenta alors de songer à ce qu’elle voulait faire dans l’immédiat : pouvoir enfin mettre un pied dans Wonderland.

« Je suis vraiment désolée de vous importunez mais les esprits ne veulent pas me laisser entrer. Oh bien sûr, ils ne sont pas méchants mais apparemment, ils aiment bien enquiquiner les personnes comme moi. »

Plus elle regardait ce masque, plus l’elfe se disait qu’il était vraiment étrange et déconcertant que de parler à une personne dont on ne voyait pas le visage.

« Je suppose que pour une personne comme vous, ça ne vous prendra que quelques secondes pour ouvrir le passage vers Wonderland. En tout cas, je vous en serai très reconnaissante. »

Esquissant un sourire, elle montra ainsi qu’elle était sincère et qu’elle n’avait pas l’intention de faire du mal à qui que ce soit. Pourtant, dans son dos, les esprits piquaient un fou rire, comme si elle venait de sortir une ânerie.

La voix retentit, sonore, aux oreilles du shaman qui ne désirait l'entendre. Pourquoi fallait-il que cela lui tombe dessus? et maintenant... Aider une pauvre petite égarée ne l'inspirait nullement, surtout pour la faire pénétrer dans un tel lieu, si particulier. Gaan se tourna lentement dans sa direction et la regarda de toute sa hauteur, le visage dissimulé derrière son masque à l'allure animale. Bien que peu enclin à lui venir en aide, il décida d'utiliser la situation à des fins personnelles, car il y avait toujours une possibilité de trouver son compte en toute chose.

D'abord intrigué, il jaugea la femme qui lui faisait face sans mot dire. Elle voulait passer en Wonderland? Bien, peut-être pourrait-elle le convaincre de lui offrir le passage. Mais pour cela il faudrait éveiller la curiosité du shaman, ce qui n'était pas une mince affaire. Méthodique, il commença par une simple question, conservant un ton calme et posé.

-"Que cherchez vous en cet endroit?"

Après tout, il fallait bien une raison à ce désir n'est-ce pas? Ou bien s'agissait-il de pure curiosité? Gaan essaya de ne pas anticiper la réponse, peut-être se trompait-il, lui qui aimait si peu fréquenter les autres êtres, leur fonctionnement lui échappait quelque fois.
Il ajouta avec lenteur.

-"Rares sont ceux qui aiment que l'on pénètre en leur domaine, lorsqu'on y possède la moindre place."

Ces propos pouvaient s'apparenter à un refus, bien qu'il ne s'agissait pas encore d'un 'non' définitif. Mais le démon aimait à jouer avec les autres, et se jouer d'eux surtout. Il tenait sous yeux une certaine source de divertissement, il lui fallait l'entretenir au mieux, en espérant qu'elle se montrerait docile, mais pas trop naïve pour la cause. De ses lèvres pâles s'échappèrent une phrase plus dure, malgré le ton toujours calme.

-"Je pourrais tout aussi bien... Vous ôter la vie, afin de m'assurer que vous ne tenterez plus d'indisposer les membres de ma communauté."

Cela pouvait sembler plus que menaçant, mais la jeune femme qui lui faisait face n'avait aucune raison de le craindre. Car aussi inconnue lui était-elle, le shaman n'avait rien d'un ignorant, et il ressentait pleinement la différence d'aptitudes qui les séparait. La personne qui lui faisait face exhalait de puissance, bien que cela soit très peu perceptible et sans doute involontaire...

Le silence qui survînt juste après la requête de Neelahn était pesant. Le shaman semblait dévisager l’elfe comme s’il la soupçonnait de quelque chose. Mal à l’aise, Neelahn essaya tant bien que mal de rester tranquille. Même si elle n’avait rien à reprocher, elle n’aimait pas du tout la façon dont il la jaugeait. A vrai dire, son masque ne laissait pas voir son expression indéchiffrable et ce fut sans doute pour cette raison que Neelahn se sentait intimidée.

« Hé bien… »

Ça devait être au moins la cinquième fois qu’on lui posait la question. Pourquoi voulait-elle donc mettre les pieds dans Wonderland ? Sachant que la stricte vérité ne lui ouvrirait pas l’accès à cet endroit, elle tenta d’embellir sa réponse mais dans le même temps, le shaman ajouta quelques mots qui firent bondir la druidesse de surprise.

« Mais je… je n’ai aucunement l’intention de vous nuire ! »

Pourquoi la menaçait-il donc de mort alors qu’elle n’avait même pas pointé une lame sur lui, ni même propager des mots outrageux à son égard ?
Fronçant les sourcils, Neelahn était cependant plus surprise par la remarque du shaman que par sa menace. Pointant un doigt accusateur vers lui, elle s’écria :

« Je pourrai très bien dire la même chose de vous ! Bien qu’à la frontière de Wonderland, vous vous trouvez actuellement dans la forêt de Nel Beraid. Est-ce votre domaine ? Je ne pense pas. Des centaines de personnes traversent cet endroit tous les jours, non seulement pour se rendre à tel endroit mais aussi pour cueillir des plantes, chasser ou même se reposer ! Si j’avais vraiment voulu nuire à votre communauté, pensez-vous réellement que je me serai embêtée à venir vous aborder aussi poliment ?
De nombreux voyageurs avides de connaissances se rendent à Naturalia uniquement pour avoir la chance de contempler l’architecture de cette cité de leurs propres yeux. Indisposent-ils les habitants ? Ces personnes ne sont pas en quête de pouvoir ou de richesse. Elles sont seulement venues se cultiver et partagent leur savoir avec les autres.
Quant à moi, je recherche seulement à mieux connaître les domaines qui entourent la forêt. N’avez-vous donc jamais eu l’envie de savoir ce qui se trouve autour de votre territoire ? »

Neelahn ne connaissait rien de ce shaman et une fois qu’elle eût terminé son monologue, elle prit conscience qu’elle l’avait peut-être vexé. Et si celui-ci parvenait à ressentir la puissance qui émanait d’elle, Neelahn, elle, n’était pas capable de faire la même chose que lui. Son accoutrement était si étrange qu’elle n’aurait pu dire s’il était un simple novice ou un expert dans son domaine. De plus, c’était la première fois qu’elle avait l’occasion de rencontrer un shaman et mis à part des histoires souvent tirées par les cheveux, elle ne savait rien de cette caste nébuleuse.

« Je suis désolée de vous avoir parlé ainsi… Je vous assure que je n’ai aucunement l’intention de faire à votre communauté… »

Raaah, pourquoi poser tant de question? Gaan observa la jeune druide déverser un flot continu de paroles, notant quelques éléments nécessaires aux réponses les plus appropriées qu'il pourrait lui fournir. Réfléchissant un instant, il réalisa que celles-ci s'avéraient plutôt acerbes, et tenta une approche moin désagréables. Au final, il n'était guère ici pour se battre avec qui que ce soit, et n'avait aucunement la tête à ça.

-"La forêt n'appartient à personne, car quiconque peut y poser le pied, tout comme Naturalia. Mais, dites-moi... Pourquoi l'accès à Wonderland vous est-il interdit par des forces magiques naturelles?"

Oui, pourquoi, si ce n'est parce que nul autre qu'un shaman ne peut y poser le pied? Oh bien sûr, comme pour toutes choses, il existait des exceptions, et possibilités de contourner les forces de ce lieu. Mais Gaan ne comptait point lui faciliter la tâche pour l'instant.
L'allusion au désir de connaissance, le marqua cependant. Il pouvait aisément concevoir cette envie, bien que la défense de l'elfe à l'égard de son objectif était fort maigre. Lui-même avide d'apprentissage, il décida de lui laisser une chance de le convaincre par la suite.

-"Je sais fort bien que vos motivations ne sont guère néfastes. Mais cela ne suffit pas toujours."

Car avoir de belles aspirations ne faisait pas tout, aux yeux des esprits et des shamans. Cependant, Gaan n'avait pas plus de raison valable pour lui interdire l'accès à Wonderland, si ce n'est l'envie d'ennuyer encore un peu la druide.

-"Et une fois entrée, comment comptez-vous ressortir? Avez-vous seulement envisagé la réaction des membres de ma communauté? Qui vous dit qu'ils ne seront pas moins cléments que moi à votre égard?"

En soi, les propos du shaman n’étaient pas tout à fait faux. La forêt n’appartenait en réalité à personne même si une partie des druides consacraient leur temps à veiller sur les arbres. Quant à la cité de Naturalia, on ne pouvait pas réellement dire qu’elle appartenait aux mages rouges puisque d’autres résidents possédaient légitimement une parcelle de ce territoire. Pourtant, les mages noirs n’étaient pas les bienvenus et les fauteurs de troubles étaient impitoyablement jetés hors de la cité.

Et tandis que Neelahn réfléchissait à tout ceci, le shaman lui débita une série de questions. La tête penchée sur leur côté, elle dut bien admettre qu’elle n’avait pas réfléchi à tout cela. Elle s’était rendue aux portes de Wonderland comme elle se serait rendue à Naturalia.
Gênée, Neelahn finit par hausser les épaules en guise de réponse. Puis, après avoir pointée du doigt un chemin invisible, elle dit.

« Sur le chemin de Wonderland, je ne risquerai rien. »

Mais d’où sortait cette certitude ? Neelahn elle-même aurait été incapable de l’expliquer. Elle savait seulement que rien de mal ne lui arriverait. Tout comme les animaux, la druidesse était capable de sentir le danger. C’était une faculté qu’elle n’avait découvert que très récemment et à vrai dire, elle ne savait même pas s’il s’agissait vraiment d’une capacité. Peut-être n’était-ce que son instinct naturel et elle dut admettre que son optimiste pouvait lui jouer des tours.
Mais voilà, pour une raison qui lui échappait, elle savait qu’il ne lui arriverait rien de fâcheux. Oh bien entendu, cela n’excluait pas quelques petits désaccords et mécontentements qu’elle serait susceptibles de rencontrer sur son chemin mais dans sa globalité, la direction qu’elle souhaitait prendre n’avait rien de dangereux… Mais peut-être changerait-elle d’avis une fois qu’elle finirait par mettre les pieds dans Wonderland.

« Et puis, pour sortir de Wonderland, je demanderai à un shaman… ou peut-être que les esprits, lassés de voir trainer une pipelette comme moi dans le coin, finiront par me laisser sortir de là sans me faire d’histoire. En plus, je suis sûre qu’il doit y avoir des shamans sympathiques à Wonderland. »

Un sourire fleurit sur ses lèvres.
Finalement, elle avait décidé de ne pas s’embêter avec les questions que le shaman venait de lui poser. Elle agirait en conséquence. Et puis, il n’y avait pas de raison de se faire du souci. On racontait beaucoup de choses sur les shamans mais il fallait admettre qu’ils étaient plutôt « calmes ».

« Je vous rappelle que nous sommes voisins. Et j’aimerais bien m’entendre avec mes « voisins » ! »

Le visage resplendissant de joie, elle se tourna vers un buisson, comme s’il s’agissait d’un chemin menant vers un grand domaine.

« Bon, on y va ? »