Quête : La Plume de Lévy SUITE [Harmonie & Camael Kynn.]

Suite de ce sujet.

Camael avait l'impression que cela faisait une éternité depuis la dernière fois qu'il s'était aventuré dans le désert. La dernière fois devait avoir été il y a une trentaine d'année, pour une mission d'Aigrefin, et avec leurs armures et leur nombre ils n'avaient pas été vraiment été bien vus par les nomades. Depuis que Camael avait quitté leurs rangs il était encore mieux accueillis par ceux qu'il croisait. De nos jours, pas mal de voyageurs cherchaient une armoire à glace pas trop chère pour traverser le pays. Ainsi, le rôdeur redécouvrait son pays sous un angle complètement différent.
L'opportunité de s'aventurer dans le désert lui avait été offerte par un marchand itinérant. Bien fourni autant qu'en graisse qu'en argent, il avait embauché Camael sous une impulsion : voisins de comptoir et de bières, le démon avait réussi à le faire vivre tout en le convainquant de sa puissance destructrice de premier ordre. Cet homme semblait persuader de pouvoir récupérer quelques objets typiques des nomades à vendre à des riches nobles avides d'exotisme. Sa monnaie d'échange ? De l'argent, des bijoux, des tissus, … Connaissant un minimum la culture nomade, Camael doutait profondément de la réussite de son expérience mais n'en dit pas un mot : le marchand le nourrissait de victuailles, lui payait sa propre chambre dans les auberges et il lui avait promis une coquine somme à l'arrivée. De quoi faire survivre Camael pendant plusieurs semaines au moins.

Le voyage avait été particulièrement tranquille, en dehors de quelques bandits (dont un qu'il réussit à convaincre de rebrousser chemin juste en faisant tourner sa lance à une main) et un petit problème de roue embouée le troisième jour. Toujours était-il qu'ils étaient enfin arrivés au village, le marchand livré à la place du marché, sa paye empochée (avec la proposition de le raccompagner sur le retour jusqu'à Naturalia) et il semblait impossible de séparer Camael de sa bonne humeur.
Sans aucun problème apparent, il se joignit tranquillement à un groupe de nomades à qui il raconta des histoires de ses voyages, des anecdotes de mœurs de chez ainsi que quelques tours de passe-passe (c'est fou tout ce que l'on peut apprendre dans des tavernes). L'expérience fut complètement différente de celle de son temps d'Aigrefin, on lui offrit même de quoi manger et de précieuses informations.
On parlait d'une jeune fille étrangère qui était arrivée il y a quelques jours avec une quête étrange et de l'or. Elle serait partie avec un jeune du village en direction des sables mouvants et n'en serait pas revenue. Pourtant ce n'était pas vraiment loin. Bien sûr, les nomades se moquaient de la jeune fille, mais le sort du jeune les troublait déjà davantage. En entendant cela, Camael entendit aussitôt une bonne occasion de faire une bonne action et puis, qui sait, il serait peut-être récompensé d'une manière ou d'une autre par cette étrangère (de Bénécius d'après les descriptions des autochtones). De l'argent, de la nourriture, un emploi provisoire.... peu importait en vérité, il décida de partir dès le lendemain avec les indications qu'on lui donna avec joie et reconnaissance.

Enthousiaste à l'idée de venir en aide à une pauvre jeune fille en détresse dans le désert, il se leva tôt, emporta ses quelques biens en laissant son cheval aux nomades, et se mit en route en sifflotant une chanson paillarde de son pays. Il sifflait d'abord parce qu'il était satisfait, il était bien chanceux dernièrement et qu'il comptait bien en profiter, puisque la chance a tendance se retourner contre soit. La seconde raison, c'était à cause du silence oppressant qui régnait dans le désert. Dès que le campement de nomade avait disparu dans son dos, il s'était retrouvé entouré de sable, de ciel et d'un vide sonore absolu. Il avait l'impression d'être seul au monde, et pour quelqu'un d'aussi bruyant et sociable que Camael, ce n'était pas véritablement agréable. La solitude faisait partie des problèmes majeurs de son nouveau « métier » de rôdeur et c'était la raison pour laquelle il s'accrochait à son job de mercenaire : il n'aimait vraiment pas voyager seul.
Grâce aux indications précises et des conseils des nomades au sein du désert, le rôdeur en herbe réussit en quelques heures à atteindre ce qu'il recherchait : l'ombre d'une tente. Aussitôt, un large sourire s'installa sur le visage du voyageur, qui commençait à fatiguer à force de siffler et de chanter tous les airs qu'il avait pu apprendre durant ses voyages et ses rencontres. Il força le pas jusqu'à ce qui semblait être un campement. Non, il ne rêvait pas. Par contre, pas de signe de jeune femme. D'autres voyageurs ? Auraient-ils croisé proie ? Serait-elle morte idiotement dans les sables mouvants ? Non, d'après les témoignages elle n'avait pas l'air si idiote.
En s'approchant, il finit par voir une forme devant une des deux tentes. Les longs cheveux blonds, la robe, aucun doute : c'était elle. Il s'approcha tranquillement et lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques mètres d'elle il lui lança son plus beau sourire et lâcha : « Alors mam'zelle, il parait qu'on s'perd ? B'soin d'un coup d'main ? » Il eut un petit silence, puis réalisant qu'elle ne le connaissait pas du tout et devait se demander ce qu'il pouvait bien faire là, il s'expliqua en indiquant vaguement la direction du camp nomade : « C'est les nomades qui m'envoient, il paraît que ça fait longtemps qu'vous êtes partis. Ils s'inquiètent pour le mioche. Alors me voilà. »

Harmonie se tourna et se retourna dans son sommeil, elle s’agitait de plus en plus, ce qui réveilla Mentali qui ne savait pas quoi faire, il ne pouvait pas la réveiller alors qu’elle avait besoin de sommeil même si elle faisait un cauchemar, elle dormait tout de même. L’animal sortit de sous les couvertures et alla s’allonger plus loin sur une couverture tout en regardant d’un œil sa protégée humaine.
La jeune fille faisait un de ses cauchemars habituels, un dans lequel, tous ceux qu’elle connaissait disparaissaient devant ses yeux sans qu’elle ne puisse les retenir. Cela l’énervait et voilà que les racines calcinés lui entouraient les jambes et la maintenaient étroitement serrées. Elle ne pouvait plus bouger et pourtant elle essayait désespérément de se débattre pour défaire ses liens alors que cela ne servait à rien et surtout qu’elle se fatiguait plus qu’autre chose. Soudain, elle fut aspirée par le sol et se retrouva dans un chemin entourée de verdure où un silence de mort régnait.

La jeune fille se mit à avancer et finit par tomber sur une salle où se trouvait assis ses parents, tout ça était un beau rêve, elle commença à leur parler et ils lui déclarèrent qu’ils étaient fiers d’elle et qu’elle devait continuer dans cette voie qu’elle avait choisi et ne jamais faire marche arrière quoiqu’il arrive. La jeune mage acquiesça et peu de temps après elle se réveilla, le soleil était déjà levé, depuis pas longtemps mais tout de même. La jeune fille se changea et renfila sa robe blanche puis sortit de la tente afin de se remettre les idées au clair.

Harmonie se rappela alors qu’elle avait une patiente mais quand elle rentra dans sa tente, il n’y avait plus personne, Elise avait disparut. Où était-elle partie ? La jeune fille ressortit de la tente paniquée, elle était partie sans rien lui dire et si elle se sentait mal de nouveau ? La petite mage ne savait plus où donner de la tête et en plus elle se sentait fatiguée après la nuit qu’elle venait de faire.
Elle courut dans la tente du jeune homme qui refermait ses affaires, près à lever le camp. La jeune fille ressortit, il n’avait aucune idée d’où pouvait se trouver cette inconnue et devait s’en ficher pas mal d’ailleurs.

Harmonie retourna vers sa tente et alors qu’elle allait rentrée, un homme l’aborda lui proposant de l’aider, elle se retourna et arqua un sourcil, qui était-il ? Que faisait-il là ? D’où venait-il ? Et puis comme s’il lisait dans son esprit, il lui déclara qu’il avait entendu un groupe nomade dire qu’elle et le jeune homme était parti depuis longtemps et qu’ils s’inquiétaient pour lui alors il venait en renfort.

-Cela ne fait que deux jours que nous sommes partis et à moins que vous ne connaissiez ces sables mouvants comme ce jeune homme les connais, que vous puissiez me conduire à un certain campement pour récupérer une certaine chose, je ne pense pas que vous puissiez m’aider.

Harmonie était jeune mais avait déjà du répondant. Elle ne savait pas d’où il sortait et puis sa manière de parler ne lui disait rien qui vaille. Vu son attitude, il ne semblait pas être un nomade, elle pariait sur un aigrefin ou un rodeur. Elle devrait faire attention à elle ainsi qu’à ses affaires.
La demoiselle s’excusa auprès de l’homme de ne pas pouvoir discuter plus longtemps puis rentra dans la tente. Elle rangea ses affaires et en ressortant de la tente la replia. Voilà, elle était prête à reprendre la route.

Elle n’avait même pas fait attention à l’homme qui était arrivé, elle avait assez perdu de temps à soigner une ingrate alors maintenant il était temps de se mettre en route pour le campement de nomades qui avait la fameuse plume de Levy.

C'était qu'elle était agressive la brunette... Le voyageur haussa un sourcil tandis qu'elle l'envoyait comme un vulgaire mendiant. Il se serait trainé jusqu'ici, dans un désert total et un soleil de plomb, pour qu'une gamine en robe le congédie avec morgue ? Ça aussi c'était différent de son Aigrefin. C'est vrai qu'il était louche avec ses cheveux bleus, son imposante lance et sa manière de sortir de nulle part pour proposer son aide.
Et voilà qu'il se faisait à présent superbement ignorer. Je n'ai pas le temps de parler qu'elle disait. Pas besoin de lui qu'elle disait. Rentrez chez vous qu'elle disait. Même pas un sourire, ni rien. Pour tout avouer, Camael était perplexe et intrigué : il n'était pas vraiment habitué à être rejeté de manière aussi catégorique, encore moins par plus petit que lui. Il n'était pas énervé pour un sou mais honnêtement curieux de ce petit bout de femme qui repliait sa tente tout en l'ignorant complètement. Il essaya d'attraper le regard du nomade pour un petit peu d'aide, mais le gamin avait l'air de vouloir éviter les ennuis et sa tentative se solda par un échec. Il avait bien envie de rire de cette situation grotesque, mais cela risquait de juste braquer davantage encore son interlocutrice. Il attendit donc sagement qu'elle termine de ranger ses affaires, en observant les alentours à la recherche du camp en question... bien sûr, il ne vit rien. Maudit désert.
En vérité, Camael avait très peu eu l'occasion de rencontrer de femmes durant ses voyages et avait parfois beaucoup de mal à se dire qu'il fallait s'adapter à son interlocuteur. Pourtant, il avait réussi à comprendre qu'elle se méfiait de lui, qu'elle avait peut-être peur de ce qu'il pourrait faire, ou alors peut-être juste que sa tête ne lui revenait pas ou qu'elle était dans une mission louche top secrète. Dans tout les cas, il ne coutait rien à Camael d'insister et dès qu'elle sembla prête à repartir il l'aborda de nouveau, de manière un tantinet plus délicate.

« 'Scusez-moi si je vous ai brusquée. Je suis Camael Kynn, je suis une sorte de garde itinérant. J'accompagne le plus souvent les voyages, les caravanes ou les marchands là où ils veulent. Je les protège des petits problèmes de la route quoi. Je viens d'accompagner un marchand de Naturalia jusqu'ici. Et vu que je suis ici, j'aimerais m'occuper un peu avant de repartir chercher un job. » Bon, peut-être que ce dernier point n'était pas complètement vrai. Il aimait bien les nomades, d'accord. Mais le désert, vraiment, il avait du mal. Il sentit qu'il n'arriverait pas à la convaincre sans expliquer en long et en large ce qu'il faisait ici. « Donc j'peux p'tete pas jouer la carte ou le guide, mais j'sais me battre. J'ai de l'argent et de la bouffe, donc j'vous gênerai pas. Promis. » Il aurait bien juré et craché, mais il avait eu comme l'instinct qu'elle ne l'aurait pas vraiment bien pris. Que dire d'autre ? Si ça se trouve elle avait des préjugés sur les démons et elle allait encore l'envoyer bouler ? Il n'aimait pas vraiment ça, mais la curiosité le rongeait : il ne comprenait pas pourquoi, mais il sentait que cette fille promettait d'être intéressante. « Voyez-moi comme un voyageur à la recherche d'aventures. »
Il finit son explication en se grattant l'arrière du crâne, un peu gêné à l'idée d'avoir peut-être déballé tout ça pour rien. C'est qu'il commençait à avoir soif, tiens...

Harmonie venait de terminer de replier sa tente et allait partir quand l’homme qui lui avait parlé tout à l’heure et qu’elle avait envoyé bouler, revenait à la charge. Que ne comprenait-il pas ? Pourquoi insistait-il comme cela ? Elle eut la réponse peu de temps après, elle se demanda s’il avait le pouvoir de lire dans les pensées, ce qui expliquerait bien des choses mais ce qui pouvait aussi signifier qu’il lisait en elle comme dans un livre ouvert et qu’il pouvait prendre certaines informations qu’elle possédait. Cela pouvait être dangereux, tout dépend de ce qu’il cherchait mais si cela se trouvait, c’était une simple coïncidence, oui probablement, c’était très certainement une coïncidence, une pure coïncidence, rien de plus qu’une coïncidence.

Harmonie ferma les yeux et poussa un soupir, écoutant cet homme s’excuser. Elle lui jeta un bref regard en coin, elle allait peut-être changer d’avis sur cet étrange personnage qu’elle rencontrait. Il se mit à lui expliquer d’où il venait et pourquoi il était ici. La jeune fille ne répondit pourtant rien, elle le laissa parler dans le vide, et quand il lui déclara qu’elle devait le voir comme un voyageur à la recherche d’aventure, elle posa son sac au sol.

Elle en sortit deux chapeaux et une gourde d’eau, elle posa un chapeau sur sa tête à elle et tendit l’autre ainsi que la gourde à cet homme prénommé Camael Kynn, à ce qui paraissait.

-Vous devez avoir soif à force de parler, buvez un peu.

Harmonie attendit qu’il lui rende sa gourde et pendant ce temps, décidant qu’il serait poli de se présenter à son tour, elle déclara :

-Je me nomme Harmonie Eclat, je suis mage blanche et je suis à la recherche d’un artefact nommé la plume de Levy, je ne sais pas si vous en avez entendu parler. Cette plume est en possession du pouvoir de léviter pendant eu de temps soit mais c’est tout de même un sérieux avantage pour celui qui l’a en sa possession. En ce moment, c’est un groupe de nomade qui la garde précieusement et ce jeune homme s’est porté volontaire pour m’accompagner jusqu’au campement de ce groupe. Si cela vous tente, venez avec nous.

Elle lui fit un timide sourire en récupérant sa gourde et la rangea dans son sac, elle le remit sur son dos et tendit les bras en attendant que son compagnon à quatre pattes lui saute dans les bras. L’animal ne se fit par prier et sauta dans les bras pour aller se cramponner sur le sac de la mage. Il regarda l’homme et lui déclara par télépathie :

*Elle vous fait peut-être confiance mais votre air de bon monsieur, ne marche pas avec moi. Il me faudra plus que quelques paroles pour me prouver votre sincérité. *

Harmonie lui demanda s’il était bien installé pour commencer à avancer, l’animal acquiesça télépathiquement et en commençant à se mettre en route, la jeune archimage rajouta :

-Lui, c’est mon ami Mentali. Il a le pouvoir de parler avec les gens par la pensée. La plupart des personnes ont beaucoup de mal à s’habituer à sa voix parce qu’entendre des voix dans sa tête peut-être un signe de folie. Alors, nombreuses sont les personnes qui ont peur de lui.

Il avait réussi. Il en fut persuadé dès qu'il la vit lui tendre chapeau et gourde. Et comme d'habitude, le naturel rattrapa Camael : un sourire éclata sur son visage en lançant un « Merci mam'zelle ! », il fit tournoyer le chapeau avant de le nicher sur sa tête et lentement descendre quelques longues, lourdes et rafraichissantes gorgées d'eau le long de sa trachée. Cela faisait un bien fou. Cela lui apprendrait à siffler et chanter pendant des heures dans un désert surchauffé.
Harmonie Éclat disait-elle, c'était pas chez lui que l'on voyait des noms comme ça. Il faut dire, Camael c'était baptisé lui-même, et un gamin de trois ans n'avait pas véritablement l'imagination nécessaire pour faire quelque chose de bien élaboré. Et puis, un prénom était souvent porteur de significations pour les parents, le nom ramenait à la vie des ancêtres oubliés... Camael se sentait parfois fier de lancer (pensait-il) l'arbre généalogique des Kynn, mais parfois il aurait bien aimé en avoir un préparé d'avance pour lui, en fait. Rien que d'un point de vue pratique, tiens. Des parents, c'est censé avoir de l'argent non ? Il balaya bien vite ces pensées négatives qui n'étaient pas vraiment son genre et, en rendant la gourde à la jeune fille, lâcha un : « Joli nom, Harmonie Eclat. » d'une voix un peu plus profonde que d'habitude, et un sourire moins simplet. Il remit machinalement la hache qu'il portait à la taille avant d'ajouter : « C'est parti pour vot' plume volante alors. Ca m'tente carrément votre histoire étrange. Ca promet. »

C'est à ce moment-là que le chat fit son entrée dans le cerveau de Camael. En l'aperçevant se jeter dans les bras d'Harmonie, il avait levé un sourcil intrigué : que faisait un chat domestique au beau milieu du désert ? L'ancien Aigrefin avait toujours eu l'affection facile des animaux, seuls les chats semblaient résister à son charme et à sa nourriture. Les chats étaient méfiants, voire pédants et beaucoup trop agiles pour le soldat. Petit, il était persuadé que ces animaux du diable le regardaient de haut et il en avait chassé plusieurs en revanche. A présent, il évitait juste ces bestioles qui avaient tendance à lui faire écoper une ou deux griffures.
Ainsi, quand il entendit une voix sortir de nulle part, il fut complètement pris au dépourvu. Il fit volte-face, une main en arrière prêt à sortir sa lance de son attache dans son dos, pour se retrouver à l'éternel vide du désert. Il se retourna donc de nouveau vers le camp, lança un regard vers le nomade qui était trop loin pour avoir parlé et pataugea un peu dans l'incompréhension avant de bénéficier de l'explication de la mage blanche. Il resta un instant interdit, fixant le chat en question avec étonnement.
Ce ne fut que lorsqu'il se souvint des paroles prononcées et qu'il comprit leur signification, venant de ce chat, qu'il finit par vraiment réagir : il éclata de rire. Comme toutes les émotions de Camael, son rire était vif et instinctif, bruyant et enfantin : il riait de la situation, de sa propre bêtise, de la simple idée qu'un chat puisse parler par télépathie et de toutes les promesses que lui offraient ce duo bien étrange. Lorsqu'il sortit de son rire, ce fut avec ce sourire éclatant et idiot de l'homme de plus en plus persuadé qu'il est en plein dans sa semaine de chance. « Un chat qui parle. Bah écoutez, pourquoi pas. Quand on voit les conneries que peuvent sortir les humanoïdes, franchement, j'comprends que les dieux donnent la parole aux animaux. » Puis, en jetant un regard tranquille vers l'animal en question : « T'inquiète Mentali, je suis habitué à ce que les chats ne m'aiment pas. J'attends ton jugement avec impatience. » Jugé par un chat. Qui aurait pu dire quelques heures plus tôt qu'il aurait dit ça ?

Enfin, il tendit sa large main rugueuse vers la jeune fille : « Je suis ton homme Harmonie Eclat, on part quand tu veux. » Il ne savait pas ce qu'elle pouvait bien vouloir faire avec une plume qui faisait voler (ces trucs de mages le dépassait complètement) mais ça promettait d'être drôle.

Elle lui avait tendu la gourde et un chapeau, se sentant mal pour lui qui venait de parcourir les sables mouvants sans rien à ce qui lui semblait voir. Elle venait de se présenter pendant qu’il buvait et puis elle écarquilla les yeux quand elle l’entendit dire que son nom était joli, c’était bien la première fois qu’un homme la complimentait.
Entre nous, cela n’était rien, il l’avait certainement dit par pure politesse mais cette jeune mage blanche n’avait jamais été complimentée alors même si c’était sur son nom ou prénom, elle appréciait l’effort fait par la dite personne. Elle lui rendit son sourire comme elle avait l’habitude de le faire. Elle était jeune et probablement pas très expérimentée mais certaines choses lui étaient innées comme la politesse envers ses ainés. Elle ne leur manquait quasiment jamais de respect, elle les saluait quand elle les croisait. La liste serait trop longue donc restons-en à ces deux exemples, vous comprenez donc que cette demoiselle ne pouvait pas laisser cet homme en plein désert, toutes ses paroles avaient eu comme impact de le prendre en pitié. Oui, elle s’était promise de ne pas recommencer mais elle avait bon cœur et ne pouvait qu’aider les autres puisque c’était dans sa nature.

Elle lui présenta par la suite Mentali et voilà qu’il se mettait à rire, qu’est ce qui le faisait rire comme ça ? Elle n’en avait aucune idée et puis voilà qu’il promettait à son compagnon à quatre pattes qu’il était habitué à ce que les chats ne l’aiment pas et qu’il attendait son jugement avec impatience, la jeune fille ne comprenait rien à la situation et cela commençait grandement à l’agacer. Elle lança un regard interrogateur à son familier qui ne fit que miauler, elle l’attrapa par la peau du cou et le fixa.

-Ne me prends pas pour une idiote Mentali ! Qu’est ce que tu lui as dit alors que tu ne le connais pas ? J’attends ta réponse !

*Je lui ai simplement dit que je ne lui faisais contrairement à toi pas confiance*

- Et si son caractère avait été autre ? Tu y as pensé ? Et si au lieu de se mettre à rire, il avait sorti sa hache pour te découper en morceau, t’aurais fait quoi ?

Mentali ne répondit rien, la jeune fille le reposa sur son sac assez rapidement car l’homme lui tendait une main qu’elle se dépêcha de saisir, tout en la serrant et en acquiesçant ce que venait de dire l’homme, elle s’excusa pour les paroles de son compagnon. Il était froid avec les étrangers et même avec elle à certains moments mais quand on le connaissait, ce n’était pas un mauvais bougre et elle le remerciait d’avoir pris ses propos de cette manière. Elle ne savait réellement pas ce qu’elle aurait fait s’il avait agit d’une toute autre manière.

Elle se mit à le regarder entièrement, ce qu’elle n’avait pas fait auparavant, en faisant pas attention à qui il était, il était plutôt grand –nous pouvons enlever le plutôt qui ne sert à rien- et avec une musculature bien développée. Il avait aussi de longs cheveux bleus, bleus ? Bon, pourquoi pas. Elle avait déjà vu des êtres avec des particularités encore plus bizarres comme avoir un escargot comme compagnon ou pouvoir se transformer en colibri. Alors pourquoi ne pas avoir des cheveux bleus ? Elle se demanda rapidement s’ils étaient naturels ou non mais laissa tomber la question, cela était probablement une coloration fait à partir d’on ne sait quoi.
Et puis ses yeux, ils étaient rouges ? Elle avait enlevé sa main et avait commencé à marcher en direction du nomade, elle était entrain de réfléchir. Elle avait lu quelque part que les démons avaient des yeux de couleurs très bizarres. Se pouvait-il que Camael en soit un ?

Si cela était le cas, il ne ressemblait à ce qu’elle avait imaginé, elle se rendit alors compte qu’elle ne connaissait rien, ou tout du moins très peu de choses du monde extérieur à la magie blanche notamment. Elle devrait se cultiver d’avantage si elle voulait un jour monter en grade.

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