Wild Whispers [Luccia]

Il embrasait l'étendue sauvage de sa langue taquine, enveloppant le toit de la forêt sous un fin duvet rayonnant. Doux et chaud, il suscite la fascination, le bien-être et l'émotion. D'apparence tranquille, cette vaste étendue naturelle regorge de vie, courtisé par des vagues tumultueuses et revigorantes. C'est pour cette raison que Sigrid aime particulièrement se perdre dans les bras rassurants de mère nature, loin de la foule retentissante des capitales. Elle n'était pas friande de ces villes peuplées d'imbéciles qui avaient sans cesse le besoin de crier à tout le monde tous les faits et gestes de leur petit quotidien. Si ça ne tenait qu'à elle, et si elle en avait la capacité, elle détruirait incessamment sous peu toute construction bâtie ces derniers millénaires, ainsi que les détritus bruyants qui y vivent. Cette idée lui arracha un mince sourire ravi, satisfaite du résultat que pourrait provoquer ses projets imaginaires. Elle fut interrompue dans ses pensées par l'arrivée de Vradash, son ami le plus intime, mais aussi son compagnon de route. Le lion tout vêtu de blanc frétilla son pelage contre l'écorce d'un vieux chêne, adepte de ce genre de gâterie. La jeune femme l'entendit ronronner de plaisir et ne put s'empêcher de sourire. Il y en avait qui se payait du bon temps! Elle se contenta de l'observer, adossée contre le tronc robuste d'un vieil arbre dont elle estimait l'âge proche de quelques décennies. Elle se voyait mal se gratter contre ce dernier. Ce n'est pas comme si elle avait envie de s'écorcher la peau du dos, mais c'était tout comme. Elle répondit par un long sourire à l'interrogation silencieuse qu'elle put lire au travers du regard ambré de son ami. "Non, je ne me frotterai pas contre cet arbre. N'insiste pas!" Vradash se contenta d'un simple clignement des yeux avant de retourner à son occupation alléchante. Grmrlmrlrmrlrmrlmrlr Rassurez-vous. Ce n'est que son ogre d'estomac qui s'exprime. Une grimace disgracieuse fendit son visage anguleux, tant par l'embarras que par l'appétit naissant. "Vradash, j'ai faim" Mais celui-ci n'écoutait que d'une sourde oreille sa maîtresse, la laissant ruminer sur le côté. "Stupide lion" bouda-t-elle, se décidant à partir à la cueillette aux fruits. Elle n'eut guère besoin de faire deux mètres qu'elle tomba sur un couple de buissons teintés de rouge et de noir. Ses papilles gustatives s'activèrent furieusement, éveillant en elle une gourmandise non feinte. Devant elle s'étalaient un nombre croissant de mûres. Elle prit soin d'analyser leur propreté avant de combler son appétit féroce. Ses mains délicates arrachèrent une à une les petites sucreries qu'elle dégusta lentement. Titillée par des saveurs délicieuses, elle ne se rendit même pas compte qu'elle s'était assise par terre, sur une racine rebelle qui s'extirpait de la terre. "Tu ne sais pas ce que tu rates Vradash" Elle aimait bien le narguer. D'ailleurs, elle ne dut pas attendre longtemps pour entendre quelques feuilles sèches craquer sous les pattes fugaces du félin. Sigrid haussa un sourcil, lorgnant son compagnon comme s'il était coupable. Histoire de l'ennuyer, il l'ignora royalement, une nouvelles fois de plus, s'octroyant le loisir d'admirer son visage ronchon. Les lèvres pincées, une lueur irritée au travers de son regard sombre, la mage noire abandonna l'idée de se venger et retourna à sa dégustation. Après tout, la vengeance est un plat qui se mangeait froid. Elle aurait tout le temps pour concocter une petite farce à l'encontre de son charmant ami. Une mûre tomba sur sa robe bleu-marine, laissant une jolie petite tâche sur sa fine soie. "Flûte" S'il y avait bien une chose qui l'horripilait, c'était de salir ses vêtements. Elle grommela et se goinfra de fruits pour oublier cette petite mésaventure.

Durant de longues années, elle n'avait pu retourner sur les terres habitées... Ou plutôt dévastées. De la culpabilité ? Oui, un peu. Une culpabilité pas vraiment fondée puisque elle demeurait seulement en une simple question : Pourquoi elle ? Savoir pourquoi elle avait eu la chance de vivre encore, de survivre à cette guerre pourtant remportée pas les maléfiques était une question qu'elle n'avait cessé de se poser, sans réponse. Il y avait seulement une suggestion à cela... Peut-être avait-elle un rôle à jouer pour la suite. Il faudrait donc de toute évidence retourner à Bénécius, voire à Naturalia.
De la peur ? Oui, il y en avait un peu également. L'anxiété la hantait lorsqu'elle songeait au jour où elle remettrait les pieds, ou les pattes, sur les lieux qu'elle avait quittés il y a deux siècles. C'était surtout la peur de voir l'état des lieux, les nouveaux visages, s'il y en avait, mais surtout, de ne pas revoir les anciens... De savoir qu'ils ne reviendraient jamais. Et il faudrait s'y faire, de toute évidence.
De la haine ? Oui, beaucoup de haine contre les maléfiques. Elle avait peut-être peur de ne pouvoir se contrôler si elle venait à en rencontrer un. Ses anciens principes seraient brisés. Elle ne le voulait pas vraiment, aider son prochain était toujours un but de sa vie, mais elle savait qu'après ces funèbres évènements, il serait bien trop difficile de tenir ainsi. Elle avait quand même un peu changé...

Luccia était donc restée en forêt, auprès des druides, de manière à apprendre, évoluer à leur côtés, et repartir plus forte, pour ne pas voir se reproduire le même destin pour ce monde. Pendant les quelques dernières années, elle s'était détachée de son peuple pour reprendre son indépendance d'antan. Beaucoup de choses avaient pu se passer en deux cents ans, mais au moins, maintenant, elle était prête, enfin plus ou moins. Elle préféra quand même ne pas se montrer sous sa forme humaine, soit par honte, soit parce qu'elle avait peur d'affronter la réalité et le regard transparent de ceux qui l'observaient peut-être d'un autre monde. Surement la deuxième proposition d'ailleurs. Néanmoins, elle ne devrait pas garder son masque bien longtemps, car si elle comptait venger ses êtres chers partis trop tôt, elle voulait le faire droit dans les yeux de ses ennemis.

La démarche majestueuse de la panthère des neiges reflétait bien la personnalité de l'ancienne Gardienne Sacrée. Et, l'aura lumineuse qui se dégageait de ce bel animal pouvait trahir sa personnalité face aux plus sensibles à ces choses là. Mais peu importe. Elle avançait, dans la forêt qu'elle connaissait par cœur. Cependant, elle arrivait désormais à la limite de ce qu'elle avait réussi à franchir. Elle se rapprochait dangereusement de son passé, ce qui la fit frémir. Mais il était temps. Elle franchit cette limite, lorsqu'elle sentit l'odeur d'un animal de la même famille que celui dans lequel elle siégeait. Un fauve. Elle s'approcha avec méfiance, planquée derrière un buisson garni en mûres lorsqu'elle aperçut l'animal. Mais son attention fut davantage attirée par la demoiselle qui se régalait en face d'elle.

La druidesse crut rêver. La femme qu'elle avait en face lui rappelait énormément Alicia Mayfair, son ancienne amie, mais en plus sombre. Elle lui ressemblait, et ce ne pouvait pas être une coïncidence. Décidément, ce passé la rattraperait éternellement. Était-ce un cauchemar que de revoir ces traits bien connus se dessiner ? Il faudrait en avoir le cœur net. Alicia était morte, et cette femme, malgré sa ressemblance, ne pouvait pas être cette même personne. Peut-être était-ce dangereux de se montrer, mais elle ne pouvait se retenir devant cette femme, même si elle était accompagnée d'un lion. Avec l'expérience qu'elle avait acquise, Luccia n'avait plus peur. Elle laissa donc apparaître ses yeux bleus translucides à travers le buisson, alors que la main de l'inconnue allait attraper une mûre juste au dessus de son oreille couverte d'un pelage doux et conséquent.

La forêt était un lieu où je me sentais légère comme une plume, loin des fluctuations tumultueuses qui berçaient les villes et les villages. Je n'était pas friande de toute cette agitation, et au sein de cette sauvageonne, j'étais bien. Enveloppée par un cocon de chaleur, des myriades de saveurs vinrent titiller le bout de mon nez, attisant une gourmandise qui m'était bien connue. Accroupie, je finis par poser mon derrière sur la terre molle, dégustant mon festin sucré avec appétit. Mon estomac ne criait plus famine, et bientôt, je serais assaillie par une envie de sieste, afin que ce capricieux passe par la phase 'digestion'. J'avais récemment découvert un grimoire sur la végétation qui peuplait nos terres, une source de richesse non négligeable que j'eus tôt fait de dévorer avec une soif de savoir insatiable. Il était toujours bon d'avoir un aperçu sur les plantes qui nous entouraient, sait-on jamais quel malice elles renfermeraient. Bien qu'aventurière dans l'âme, j'avais malheureusement déjà fait les frais d'une demoiselle végétale qui n'avait pas perdu son temps pour m'asperger de son doux nectar, un poison qui m'avait clouée au lit pendant une semaine. Ce souvenir indésirable m'arracha une grimace disgracieuse, ce genre de mauvaise surprise n'était pas vraiment à mon goût. D'ailleurs, Vradash ne s'était pas gêné pour se moquer de moi. Stupide lion inutile! Il sembla comprendre que le sujet de mes pensées n'était nul autre que lui, m'apostrophant d'un regard où curiosité et malice s'embrassaient comme des vieux amants. Je l'ignorais et poursuivit ma cueillette, croqueuse de fruits rouges que j'étais.

Soudain, des frissons vinrent lécher mes bras et mon échine, comme des vagues engloutissant tout sur leur passage. Mes pores se dilatèrent, comme poussés par des forces inconnues. Je connaissais bien cette sensation, cette impression d'être observée. Les sourcils froncés, ma main glissa prudemment vers ma ceinture où logeait ma dague, sa jumelle poursuivit la cueillette. Il était inutile d'éveiller les soupçons de l'intrus. Je jetai de furtifs coups d’œil autour de moi, aux aguets. Inutile de vous dire que ce genre de situation n'était pas pour me mettre à mon aise. Un imperceptible bruit attira mon attention, juste devant moi. Ma main n'était qu'à quelques centimètres de individu, et j'entraperçus une ombre mobile à travers les feuillages. Je prévins Vradash d'un coup d’œil urgent, et ce dernier comprit rapidement le message, laissant un imperceptible grognement s'échapper de sa gueule. Sans crier gare, il se jeta sur le voyeur qui n'était rien d'autre qu'une panthère.

"Suffit Vradash"

Le lion blanc me rejoignit en restant sur ses gardes. Quant à moi, j'observai avec un intérêt non feint la magnifique créature qui se tenait devant moi. Moi et les félins, c'était une grande histoire d'amour. Je préférais encore tuer un homme plutôt qu'un félin. J'attendis une quelconque réaction de l'animal, gardant un minimum de prudence. Je m'accroupis, une expression se voulant amicale sur le visage.

"Coucou toi. Désolé pour la brutalité, on ne te voulait aucun mal."

Luccia, sous sa forme de panthère des neiges, ne cherchait pas spécialement à se cacher. Au début, oui, pour observer un instant la demoiselle à la ressemblance frappante avec Alicia Mayfair, mais très vite, elle ne chercha pas à se faire la plus discrète possible. En revanche, elle ne pensait pas que le bruit qu'elle ferait engendrerait la réaction qui suivit de la part de l'inconnue. Les gens sont bien méfiants de nos jours, manifestement, comme si le danger rôdait sans cesse. Ils n'ont peut-être pas tord... Il est vrai que l'ancienne Gardienne Sacrée avait été habitué à vivre à Bénécius il y a longtemps, où le calme régnait et la sureté rendait le peuple paisible. Mais après la guerre tout avait changé, et l'on avait beaucoup de raisons de se méfier désormais.

L'inconnue avait fait appel à son lion, ce que l'elfe craignait le plus, car celui-ci avait bondi sur elle. N'étant pas une véritable panthère des neiges, elle n'eut pas l'instinct sauvage de se défendre contre cet animal dont elle ne voulait aucun mal, de peur de le blesser avec ses crocs. Pourtant, si elle ne faisait rien, elle pourrait devenir très vulnérable et être blessée très violemment. Heureusement, la voix de la jeune femme la sauva, lorsque celle-ci rappela son animal. Luccia recula subitement lorsque le lion la relâcha, quelque peu terrifiée par cette brutalité et la surprise qu'elle avait eut. Elle ne s'attendait certainement pas à s'exposer ainsi à un tel danger. La peur qui se lisait dans son regard, alors que l'inconnue s'excusait vaillamment, déclencha une espèce de 'colère des plantes'. Lorsqu'elle était en danger, Luccia avait dû mal à contrôler ses pouvoirs de défense, et, le buisson derrière lequel elle se cachait précédemment vint à s'allonger, formant des sortes de lianes, qui vinrent enlacer l'inconnue et son animal. Elles les serrèrent de manière à ce qu'ils ne puissent plus bouger. La druide essaya tant bien que mal de stopper ce maléfice dérivé de son contrôle des plantes, et ne réussit qu'à l'arrêter alors qu'ils étaient maintenant inoffensifs.

Cependant, elle n'avait ressenti en la femme sombre aucune haine pour la panthère qu'elle était. Elle ne lui voulait aucun mal, et Luccia s'en voulait de n'avoir pu contrôler ce pouvoir. C'est pourquoi elle s'élança rapidement vers eux, en essayant du mieux qu'elle pouvait de ne pas se montrer agressive. Puis, grâce à ses crocs acérés, elle arracha les lianes qui avaient neutralisé les deux êtres. Elle ne voulait pas que la surprise soit trop grande lorsque l'inconnue verrait qu'il ne s'agissait pas d'une vraie panthère des neiges. C'est pourquoi elle décida de révéler au plus vite son identité. Alors qu'elle arrivait à bout des lianes, elle prononça :

" Einame velbèn vestal mie. "

Pas qu'elle ait besoin de prononcer ces mots elfiques pour se re-transformer, non, mais pour avoir ses vêtements et ne pas se retrouver nue, ils étaient nécessaires. Elle avait appris cette formule chez les elfes, et dût s'exercer durant de longues années avant d'y parvenir. Mais c'était souvent très utile quand on était accompagné. Immédiatement, elle redevint la belle elfe qu'elle était, drapée de blanc, scintillante, ses longs cheveux blonds lisses tombant, ses yeux bleus et sa peau ferme et pâle. Elle avait récupéré son allure angélique lorsqu'elle s'adressa à l'inconnue d'un regard gêné, terminant d'ôter les dernières lianes :

" Je suis désolée... "

Je m'en voulais déjà d'avoir effrayer la panthère qui, manifestement, n'était pas habituée à tant de brutalité, mais les sombres desseins de certaines créatures m'avaient,à de nombreuses fois, poussée à devenir méfiante et prudente. Mes idéaux et mon statut n'étaient pas au goût de certains, et l'habitude de m'attirer les foudres de quelques sacripants n'en était que plus assurée. D'autant plus qu'avec les rôdeurs qui aimaient bien jouer sur les embuscades, je n'était pas plus sereine d'esprit. Je me mis à son niveau afin de la rassurer, la voix douce et apaisante. S'il y a bien une chose que je me refusais de faire, c'était de causer du tort à une magnifique créature comme cette panthère. J'aimais trop les félins pour oser les blesser. D'ailleurs, il m'était déjà arrivé de sacrifier la vie d'un homme pour la survie d'une panthère noire, hypnotisée par son regard chatoyant et son pelage aussi sombre que la nuit. L'animal qui me faisait face était tout aussi somptueux, et j'étais prise d'une envie fulgurante de m'en approcher, désireuse de rentrer en contact avec cette charmante créature.

Néanmoins, il semblerait que les mécanismes de défense de la bête apeurée soient enclenchés, et sans crier gare, je me retrouvais prisonnière, immobilisée par les prolongements d'un buisson en colère. Frappée par la stupeur, j'en venais à me poser des questions sur la panthère, assaillie par des doutes concernant sa véritable nature. Les lianes vinrent lécher ma peau avec un peu trop d'intimité à mon goût. Vradash n'avait pas non plus été épargné et s'asticotait dans tous les sens. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on état mal barré. Je soupirai, ennuyé par la tournure qu'avaient pris les évènements. Il ne manquerait plus que je sois morte étouffée, et tout ça à cause de quoi, des simples lianes. C'est pourtant avec surprise que l'animal étranger vint nous arracher de l'étreinte tenace de ces demoiselles végétales, nous libérant de leur sombre affection.

" Einame velbèn vestal mie. "

Les sourcils froncés, j'assistai à la transformation de la panthère en une délicieuse jeune femme, son beau visage anguleux était encadré par de longs fils d'or et ses prunelles respiraient l'océan à mille lieux d'ici. Celle-ci semblait gênée, et la jeune femme n'en paraissait que plus fragile, ou peut-être sensible?

" Je suis désolée... "

Mes mains caressaient affectueusement le lion blanc qui se remettait peu à peu de ses émotions. Mon regard se porta sur la belle inconnue, la dévisageant de la tête aux pieds, une vieille habitude dont je n'arrivais pas à me défaire.

"Vous n'avez pas à vous excuser. C'est par ma faute que vous avez réagi ainsi, vous m'envoyez désolée. Je pensais qu'il s'agissait d'une mauvaise âme en quête de malice."

Je m'autorisais quelques secondes de silence, avant de poursuivre sur un ton égal;

"Vous n'êtes pas blessée? Vradash peut parfois être une vraie brute avec les étrangers, mais au fond, c'est une crème. "

Lorsque l'inconnue se mit à parler, la tension redescendit. Manifestement, ni l'une ni l'autre ne s'étaient préparées à ce que les évènements tournent ainsi. Aucune ne s'attendait à tout cela. Mais, elles n'étaient pas rancunières pour autant. Non, chacun s'excusait de ses erreurs et des conséquences de celles-ci. Cela fit prendre conscience à l'elfe qu'elle ne ressemblait finalement pas à une 'mauvaise âme en quête de malice'. Mais, il faut dire qu'elle s'en doutait, personne n'aurait pu prétendre ceci à son égard. En revanche, la jeune femme au lion blanc paraissait sombre à première vue, et pourtant, son attitude ne la montrait pas ainsi. Luccia ne ressentait aucune agressivité apparente. Heureusement, car elle ne lui voulait aucun mal, au contraire. Ce qu'elle cherchait c'était seulement comprendre la ressemblance avec l'Enchanteresse Ultime, et en apprendre un peu plus de ce fait. Inconsciemment, cela permettait à la druide de faire revivre son ancienne amie d'une certaine manière, même si l'aura qu'elles dégageaient n'était pas la même.

Blessée ? Non, pas vraiment. L'inconnue avait réagi à temps. Elle s'en tirerait simplement avec une griffure sous les côtes, qu'elle sentait picoter au contact de ses vêtements. Mais ce n'était qu'une broutille, ça guérirait rapidement. Et peut être plus vite que la normale chez les druides. D'une voix douce et apaisante, elle répondit, toujours obnubilée par la jeune femme :

" Non, ne vous en faites pas. Votre réaction et celle de votre ami étaient normales et compréhensibles. Je ne voulais pas vous effrayer. C'est juste que... Je retrouve chez vous des traits qui ne me sont pas inconnus... Et ça m'intrigue. "

L'ancienne Gardienne Sacrée continuait de l'observer, et remarqua qu'elle en avait oublié la politesse. Elle s'empressa dont de rajouter :

" Je m'appelle Luccia Petrone, et je suis druide. Puis-je vous demander à qui ai-je l'honneur ?

Puis, un sourire aimable se dessina sur son visage, adressé à la demoiselle. Et, elle se permit enfin de contempler le lion, qui était une bête magnifique, même s'il lui avait laissé un petit souvenir... Luccia avait un bon feeling avec les animaux, et elle savait qu'il ne recommencerait pas, et qu'il ne lui en voulait pas non plus.

A priori, la jolie donzelle qui me faisait face n’avait rien de dangereux. Tout du moins ne semblait-elle pas en position d’attaque. Combien de fois avais-je eu la malchance de tomber sur des frustrés gorgés de sang et de violence ? Et malgré mon mental en fer, je n’en garde pas moins une santé vulnérable. Je pouvais bien pester mère nature sur ce point-là. Heureusement, je pouvais compter sur les puissants muscles de son compagnon, Vradash, ainsi que sur ses crocs menaçants. Son instinct protecteur m’avait bon nombre de fois sortie d’une situation délicate. Après un coup d’œil furtif vers mon ami, je reportai mes deux prunelles ambrées sur la jeune femme qui respirait la gentillesse et la curiosité. C’était bien la première fois que j’avais l’impression d’être une source de curiosité, et ce n’était pas pour me mettre à mon aise, bien au contraire.

" Non, ne vous en faites pas. Votre réaction et celle de votre ami étaient normales et compréhensibles. Je ne voulais pas vous effrayer. C'est juste que... Je retrouve chez vous des traits qui ne me sont pas inconnus... Et ça m'intrigue. "

Plus de peur que de mal. Pas d’égratignures, juste une belle frayeur, rien de plus. J’aperçus Vradash se détendre, son pelage d’hiver retombant sur sa peau où jaillissaient un peu plus tôt des myriades de frissons électriques. Il semblerait que cette rencontre ait un avenir sans débordement. La dernière remarque de ma congénère m’arracha un rictus amusé. J’avais l’habitude qu’on me toise comme si j’appartenais à un passé lointain. Après tout, j’étais la nièce de la célèbre mage rouge, Alicia Mayfair. Ma sœur avait décidé de porter son nom, en hommage à cette femme que beaucoup respectaient, et respectent toujours. Une douleur lécha mon abdomen en repensant à ma sœur. Depuis combien de temps nos chemins ne se sont-ils plus croisés ?

« Sans doute ai-je une certaine ressemblance avec une femme appartenant au passé ? Cela pourrait soulager votre curiosité si je vous dis être la nièce d’Alicia Mayfair. Ce nom vous dit sans doute quelque chose ? »

Inutile de la tourmenter davantage, elle ne ferait que s’enfoncer dans les hypothèses les plus absurdes. Cette dernière se révéla sous le nom de Luccia Petrone, un pseudonyme qui lui était absolument inconnu.

« Enchanté Luccia. J’ai déjà eu l’occasion de croiser quelques Druides et j’avoue avoir apprécié leur compagnie. Appelez-moi Sigrid »

Inutile de lui préciser mon statut, ce serait sans doute la meilleure façon de faire fuir les gens, ou de se faire insulter et cracher dessus. Elle le devinerait un jour ou l’autre, comme une grande fille.

« Et voici Vradash. Un cœur tendre sous son allure parfois imposante. Un grand gourmand ! » Ajoutai-je en caressant la tête de mon lion préféré. Celui-ci émit un léger ronronnement, friand des marques d’affection.

L'annonce de l'identité de l'interlocutrice de Luccia confirma en quelques sortes ses suggestions. Pas qu'elle savait exactement que cette femme était la nièce d'Alicia Mayfair, mais elle avait remarqué certaines ressemblances, des traits appartenant à elle et à son ancienne amie. Mais, même si elle s'attendait à ce genre de révélation, l'annonce de ce lien de parenté lui procura une sensation étrange. C'était comme si le passé était soudainement plus proche que ce que le temps laissait paraitre. Deux cents ans, et pourtant, elle trouverait certainement tout au long des années qui s'offraient encore à elle, des marques de ce passé, des traces laissées sur son passage, pouvant être des conséquences de la guerre, ou des descendances qui, même si elles n'en avaient pas vraiment conscience, se devaient d'être fiers de leur appartenances.

" C'est donc bien ça... Oui, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de lui parler, et de la considérer, au fil du temps, comme une amie. "

Elle parlait de cette personne comme si elle était encore de ce monde, pourtant, les preuves étaient bien là... Ou était-ce cette femme qui lui donnait l'impression de la faire revivre ?

L'interlocutrice de la belle elfe se présenta sous le nom de Sigrid. Si les druides lui avaient laissé bonne impression, c'était une bonne chose. Mais malgré tout, même si cela faisait maintenant de deux siècles que Luccia faisait parti des leurs, elle se sentait d'abord être une Gardienne Sacrée. Et, elle avait davantage l'impression de représenter cet ordre. Pas qu'elle reniait les druides, non, elle les appréciait à leur juste valeur, et leur était extrêmement reconnaissante de l'avoir sauvée, et de lui avoir permis de se joindre à eux. Elle était fier de faire parti des leurs, mais son statut d'origine était ancré en son cœur. Et, elle ne l'oublierait jamais. Il avait disparu en même temps que la guerre, et voir des personnes lui rappelant cette époque le faisait resurgir, comme si rien ne s'était passé depuis.

" Enchantée également Sigrid. "

Luccia posa doucement la main sur la tête du lion, comme pour se faire pardonner des derniers événements, de l'avoir surpris, et pour repartir sur de nouvelles bases. Jamais elle ne souhaitait se mettre à dos des animaux. C'était comme une chose perdue de sa vie, une chose très dommage.

Puis, elle reporta son attention sur la demoiselle, et l'observa un instant. Elle paraissait jeune et, tiens! C'était une elfe aussi.

" Vous dites être la nièce d'Alicia. Alors, étiez-vous là quand... enfin... la guerre ? Vous avez combattu à ses cotés ? Ou vous n'étiez pas encore de ce monde ? "

Les interrogations se bousculaient dans l'esprit de Luccia, et, ce qui en ressortait était un mélange pas très clair qu'elle venait d'exposer... Mais Sigrid avait sans doute compris globalement ce qui pourrait satisfaire sa curiosité.

Ainsi donc, Luccia connaissait son ancêtre, ou tout du moins, elle en était proche. Elle devait donc avoir un certain âge, et Sigrid n'eut aucun mal à reconnaître en elle une consœur. La race elfique sait se différencier de celle de l'homme par sa longévité de vie. Elle même affichait cent vingt-trois ans, mais les âges ne sont pas comparables entre race. Elle repensa à Alicia Mayfair, à ses principes et ses actes, et combien elle serait déçue de voir le chemin qu'empruntait la mage noire. Bien qu'elle éprouve du respect pour la défunte entité, elle n'a pas les mêmes dogmes que celle-ci et a préféré suivre un sentier gorgé de sombres desseins plutôt que la voie de la lumière comme sa chère sœur. Au moins, elle ne risquait pas de souffrir pour des causes perdues.

« Je comprends mieux la source de votre curiosité... »

Elle sentit la nostalgie embrasser Luccia comme une douce amante, reflétant au travers de ses pupilles un soupçon de mélancolie. La jeune femme devait sans doute ressasser les souvenirs appartenant à une époque révolue. Elle n'était pas la première personne du passée dont elle croisait la route, et ce furent les récits fantômes de nombreuses créatures qui avaient pendant longtemps attisé son intérêt quant aux dernières guerres dévastatrices. Parfois, les grimoires ne suffisaient pas à se forger une image représentative, aussi fallait-il tomber sur quelques bonnes âmes conteuses de vieilles fables.

Vradash ronronna de plaisir sous les caresses de la demoiselle, il fit un petit mouvement de la tête pour recevoir plus d'affection. Ce capricieux ne changera donc jamais. Le lion eut tôt fait de lui pardonner, plissant malicieusement les yeux, comme un enfant devant une tarte flambée.

« Je pense que vous vous êtes fait un nouvel ami! »

Sigrid secoua la tête en signe de négation à la question de Luccia.

« Contrairement à vous, je n'étais pas encore née. Je n'ai que 123 ans ma chère Luccia, bien trop jeune pour avoir connu les tumultes du passé. Je n'en retiens que les nombreux récits que l'on en a fait. »

" Bon. S'être intéressée aux récits de cette époque est déjà une bonne chose. "

" En tout cas, je suis ravie de rencontrer une descendante d'Alicia... Et, une descendante sympathique en plus ! "

" C'est vrai qu'elles sont bonnes ! "

[désolé pour le retard T.T]

Une fois qu'il eut sa dose d'affection et qu'il sentit qu'il n'y avait aucun risque de danger avec la dénommé Luccia, le lion repartit en quête de nourriture, abandonnant son amie aux bons soins de la jeune druide. La mage noire l'observa d'un œil vif, et reporta son attention sur son interlocutrice une fois que la boule de poil eut disparut derrière des buissons gorgés de fruits rouges. Luccia semblait bien plus âgée qu'elle...Elle devait avoir facilement passé le cap des trois cents ans si elle avait connu la guerre, et si elle avait rencontré Alicia Mayfair. Combien de fois ne lui avait-on pas raconté les légendaires histoires d'antan, où justice et bien se mélangeaient avec une affection particulière. Dommage qu'elle ait pris une autre voie...une destinée bien différente de ce qu'auraient pu imaginé ses ancêtres, elle qui venait d'une famille de mages blancs. Quelle ironie...

Elle ne répondit que par un bref hochement de tête à la remarque de la druide. Friande de lecture et d'histoire, il était normal pour la mage d'avoir fait connaissance avec le passé, surtout si il impliquait le nom de ses ancêtres. Elle aimait sentir le papier usé glisser sous ses fins doigts, et sentir l'odeur de poussière danser entre chaque page. Sigrid était une grande adepte des vieilles bibliothèques qui respiraient les âges, elle pourrait s'y noyer des journées entières. Elle aimait l'ambiance de ces lieux, un subtil mélange de plénitude et de tranquillité. C'était comme si elle était devant son foyer, confortablement installée sur son vieux fauteuil, à boire une soupe chaude qui lui brûlerait sans doute le bout de la langue. Un vrai délice.

Un sourire étira les lèvres de Sigrid qui était aussi enchantée que Luccia de cette rencontre. Les créatures de la nature étaient sans doute celles à qui elle accordait le plus de respect et de sympathie. Ils étaient les rares personnes à qui elle ferait preuve d'un tant soit peu de clémence...Elle lui répondit d'un franc sourire lorsque cette dernière s'empara d'une mûre.

« Le plaisir est partagé ma chère Luccia! Mais dites-moi, vous avez éveillé ma curiosité...Si j'ai bien compris, vous avez connu Alicia Mayfair? J'aimerais que vous m'en dites plus sur elle...J'aimerais savoir...de la bouche d'une créature qui l'a côtoyée de près...quelqu'un qui a connu la guerre d'antan...Si ce n'est pas indiscret? »

Quelle situation étrange ! Se retrouver là, en train de manger des mûres au beau milieu de la forêt, en compagnie de la nièce d'Alicia Mayfair en personne, deux cents ans après... Luccia avait, mine de rien, du mal à y croire. Et, on aurait pu croire à un mensonge, d'autant plus qu'à première vue, l'aura de cette femme présentée sous le nom de Sigrid était sombre. Et pourtant, la druide savait qu'elle ne mentait pas. Le physique ne trompait pas, c'est pourquoi la coïncidence serait trop forte. Elle ne douta donc pas une seconde de ses paroles. Cependant, le détachement de Sigrid par rapport à sa tante, morte à ce jour, était surprenant. Peut-être ne partageaient-elles pas les mêmes opinions, chose qui aurait pu les éloigner ? Ou peut-être que la demoiselle s'en moquait complètement étant donné que, vu son âge, elle ne l'aurait pas connu.

'Une créature' ! Ahah... Cette manière de désigner Luccia la fit sourire. Et, même si ce n'était probablement pas fait exprès, la femme brune n'avait pas tord, quand on voit la double apparence que pouvait prendre l'elfe. Mais quand même, cet emploi l'amusa. Sigrid demanda, par curiosité, ce que la belle druide pouvait dire d'Alicia Mayfair. C'était étonnant de peut-être apprendre des choses à propos une personne que l'on a côtoyé quelques fois à un membre de sa famille. Elle lui répondit d'abord avec un sourire, la taquinant sur ses propos :

« La créature que je suis vous dirais qu'il est bien dommage que vous n'ayez pas connu votre tante ! »

Puis, plus sérieusement, elle reprit :

« Tout ceci est un peu vague. Je me souviens de sa détermination à vouloir remporter la guerre... Elle s'y attendait, elle me l'avait dit. Mais je n'aurais jamais cru qu'elle avait à ce point raison. Je me ferais un plaisir de vous éclairer, surtout sur un membre de votre famille, mais il vous faudrait être un peu plus précise... Que voulez vous savoir à propos d'elle ?»

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[T'inquiètes.]

» [ Nos brises effacent toute empreinte ] (Luccia / Lorkathim)
» Les ordres sont les ordres! [PV Luccia] (Terminé)
» Trouve la sortie ou perds la vie [Raven & Luccia]
» Un navire dans la cour ! [Miranda & Luccia]
» L'appel du nain (Quête) [Krys & Luccia]

Wild Whispers [Luccia]

Wild Whispers [Luccia]

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