Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis la dernière mission de Mordekaiser. En mal de contrats disponibles, l'Aigrefin s'était terré dans sa chambre et s'adonnait à l'entraînement physique et spirituel malgré ses récentes blessures. Il arrivait également qu'on le croise dans la salle d'armes mais il s'interrompait dès que l'un de ses confrères le rejoignait. Ses pensées était trop occupé pour pouvoir tolérer la présence d'autrui et il savait que si un autre Aigrefin lui adressait la parole, c'était bien d'avantage pour combler un silence gênant que parce qu'il souhaitait réellement faire sa connaissance.
Alors que l'homme était rendu à moitié fou par l'enfermement constant, le maître des ordres de mission ouvrit la porte de sa chambre sans même avoir pris la peine de frapper. Mordekaiser s'interrompit dans sa méditation, désagréablement surpris et cracha au nouvel arrivant malgré son grade :


"Quoi ?!"


L'intrus, grommelant comme à son habitude, ne tarda cependant pas à s'expliquer. Deux nouvelles recrues Aigrefin avaient disparu et ils auraient été vus pour la dernière fois aux abords des marécages. Connaissant la réputation de l'endroit, le chef de l'Ordre avait jugé bon de commencer les recherches par là-bas ; or, la plupart des Aigrefins étaient indisponibles et les rares qui l'étaient refusaient de s'occuper de cette affaire. Il ne restait donc que Mordekaiser. Ce dernier émit d'ailleurs un profond soupire de réticence mais songea que même une balade en enfer le distrairait après les semaines de pure passivité qu'il venait de passer.


"C'est payé au moins ?" Demanda l'héritier maudit en bon mercenaire sans même se poser la question de la dangerosité de la mission tant la réponse était évidente.


"Évidemment, on est pas des bêtes." Répondit l'autre.


Après s'être préparé comme à sa nouvelle habitude en revêtant son armure lourde et en emportant ses armes et un peu de vivres au cas où il ne pourrait pas rentrer au château dans la foulée, l'Aigrefin avait emprunté un cheval à l'écurie de l'oncle (ou du cousin, les souvenirs de Mordekaiser étaient un peu flous et peu lui importait de savoir quelle dénomination donner à cet antipathique personnage) de Thadea et était parti sans plus de cérémonie en direction des marécages.


Le voyage dura moins longtemps qu'il n'y parut et lorsque la forêt commençait à se décrépir, l'héritier maudit posa pied à terre et attacha solidement sa monture à un arbre. Les marécages devaient commencé ici et inutile de faire en sorte que la bête ne s'enlise bêtement dans un trou de boue.


Mordekaiser progressait lentement entre les arbres moussus et à moitié mort en faisant bien attention aux endroits où il posait les pieds. La verdure se faisait de plus en plus rare et bientôt le guerrier maudit débouchait sur une sorte de plaine brumeuse peuplée de corbeaux.


"Tu m'étonnes qu'ils aient disparu s'ils ont essayé de traverser ce truc." Murmura t-il pour lui-même.


C'est alors que le sol boueux se fendit à quelques pas de lui. L'Aigrefin dégaina instinctivement son épée et asséna un coup de garde, fausse de mieux, pour repousser la masse indescriptible qui s'était jetée sur lui. La chose roula sur le côté avant de redresser. C'était un zombie qui avait la forme de ce qui a du, bien des années plus tôt, ressembler à un gros chien. Cette créature était encore plus repoussantes que toutes celles qu'il avait été donné de voire à Mordekaiser qui pesta à l'idée de devoir combattre un autre mort-vivant sans avoir de quoi l’enflammer.


Avant que la bête ne puisse l'attaquer, l'Aigrefin dégaina son arbalète et sembla se concentrer l'espace d'un instant juste avant de tirer. L'impact ne stoppa pas le chien, en revanche, des lianes d'ombre enserraient ses pattes puis le reste de son corps pour l'immobiliser. L'héritier maudit avait lié son ombre à celle du projectile pour pouvoir ensuite contrôler celle de son opposant. La prison était de piètre qualité, mais c'était une idée futée.


C'est lorsque Mordekaiser arma un violent coup d'épée vertical pour trancher ce monstre en deux qu'il sentit une main arrêter son bras. Pris de surprise, il tourna la tête et reconnu l'armure de la Rose Noire pourvue d'un seul galon. Les deux recrues n'avaient pas disparu, elles étaient mortes ou tout du moins mortes-vivantes.


En tentant de mordre le guerrier maudit, le zombie Aigrefin précipita son visage putréfié dans le coude de Mordekaiser qui l'avait un peu aidé avant de le couper en deux d'un violent balayage horizontal de l'épée.


Ainsi dégagé, le mercenaire recula d'un bond. Son esprit fut alors interpellé par une autre considération : Si l'une des deux recrues était face à lui, où diable était l'autre ?

Une lueur naquit droit devant Mordekaiser, en plein cœur de la brume. L'homme resta un instant interloqué, ce demandant s'il s'agissait d'une nouvelle attaque portée contre lui. Cette fraction de seconde d'inactivité aurait bien pu lui coûter la vie si la lueur n'était pas devenu un trait de flamme qui manqua de peu de le transpercer. Cependant, il n'avait pas été visé. Il fit volte face pour savoir où l'objet avait atterri et découvrit le corps inanimé d'un autre zombie, une flèche de feu plantée au beau milieu du front. La personne à l'origine de ce tir venait de rendre un fier service à l'Aigrefin qui saurait le lui rendre.


Lentement mais surement, le mort-vivant en armure qui avait été mis hors combat par l'héritier maudit rampait en sa diction et fut accueilli par un coup de talon dévastateur sur le sommet du crâne, enfonçant sa tête ouverte comme une coquille de noix dans la vase sous la couche de boue partiellement solidifiée des marécages. Le chien se débattait pour se défaire de l'emprise de l'Aigrefin mais celui-ci put renforcer le contrôle qu'il avait sur son pouvoir, aucune autre source de distraction ne se présentant.


Un homme vint très bientôt à la rencontre du Chevalier déchu. C'était sans doute lui qui avait tiré pour abattre la créature qui avait tenté de prendre le combattant par surprise. Après avoir émit une observation, l'inconnu s'adressa personnellement à Mordekaiser.


"Je suis en mission. Enfin, elle touche presque à son terme. Deux de mes confrères ont disparu ici et j'ai été envoyé à leur recherche. J'en ai trouvé un mais impossible pour l'instant de repérer l'autre. Il a sans doute subi le même sort mais ne doit pas être loin. Je ne peux pas quitter les lieux avant de l'avoir retrouvé." Expliqua l'homme qui devait bien ça au nouvel arrivant.


Si l'homme avait fait attention et s'il avait connu l'ancien conseillé militaire des Aigrefins, il aurait noté d'étonnantes similitudes physiques et dans la manière de s'exprimer entre Kessler Evans et cet Aigrefin là qui ne faisait pourtant rien pour ressembler à son ancêtre. Pour ne plus être ennuyé par le chien, l'homme le traina sur le sol par une patte et fusionna son ombre à celle d'un arbre mort pour finir par le faire tomber sur le monstre, chose qui ne s'avéra d'aucune difficulté au vu de la configuration meuble du sol et de l'état de l'arbre. Une fois le chien complètement bloqué, l'Aigrefin s'en retourna à l'homme.


"Et moi Mordekaiser. J'imagine que vous dois une fière chandelle après ce que vous avez fait mais on verra ça plus tard, en attendant vous avez raison mieux vaut au moins s'éloigner d'ici."


Le cavalier rebroussa alors chemin en intimant son sauveur de le suivre. Il était persuadé qu'il arriverait plus ou moins à se rediriger vers la sortie des marécages en revenant sur ses pas.


"Et vous, Tashar ? Que faites vous ici ? Vous avez l'air de connaître l'endroit pour vous être aventuré à travers cette maudite brume." Observa Mordekaiser.


Après avoir entendu la réponse du rôdeur, l'Aigrefin fut interpelé par un cri étouffé. Il se concentra un instant et répondit du même cri pour que son émetteur réitère. Ainsi guidé, l'héritier maudit trouva l'autre Aigrefin, assis contre un arbre. Son teint était livide et son visage couvert de craquelures noires. Sa main était appuyée sur une plaie béante qu'il avait à l'abdomen. De sa bouche s'écoulait un torrent continu de sang.


"Ah, enfin, vous m'avez retrouvé." Articula péniblement la jeune recrue.


"Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis là. On a été attaqués, l'autre gars est mort mais moi j'ai réussi à m'enfuir malgré mes blessures. Quelque chose cloche avec cette endroit, elle aspire la vie elle-même. Avec tout le sang que j'ai perdu, je devrais être déjà mort, mais je ne veux pas me transformer en cette chose. J'en ai assez de lutter, tuez-moi, par pitié." Supplia le mourant.


Mordekaiser fut ébranlé par ce spectacle macabre et la détérioration répugnante du corps de l'humain, mais il témoigna d'aucune pitié.


"Je ne tue pas les Aigrefins. Ma mission est terminée, je devais vous retrouver, pas vous sauver ou faire ce que vous vouliez." Fit-il, gardant un minimum son sens de l'honneur.


"Vous ne savez pas ce que c'est ! Toute cette souffrance..." Répliqua l'Aigrefin à l'agonie dans un cri si déformé qu'on l'aurait à peine cru humain.

Il accorda alors un regard interrogateur à Tashar. Mordekaiser, en tant qu'Aigrefin ne mettrait pas un terme à la vie de ses semblables, mais l'homme n'avait aucune raison apparente d'être lié par ce principe. Qu'allait-il faire ?

Tashar avait raillé le nom de Mordekaiser. Celui-ci en eut le sourire aux lèvres. Ce n'était peut-être pas le nom que son père lui avait choisi, mais c'était celui qu'il s'était choisi lorsqu'il l'avait renié en même temps que tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin aux Chevaliers. A ce titre il s'était permis de répondre :


"Si, quant à mon nom de famille, on me l'a enlevé."


Son nom d'origine était Stark, comme Garen Stark, son père. Mordekaiser avait préféré ne pas révéler le nom d'Evans qu'il avait emprunté à son ancêtre du fait qu'à chaque fois qu'il se présentait de la sorte, on en profitait pour le prendre pour un fou, refusant de le croire. Lorsque Tashar eut sa petite conversation avec le mourant, il avait semblé à l'Aigrefin qu'il s'y connaissait pas mal en nécromancie. C'était sans doute la raison pour laquelle il avait immédiatement utilisé le feu pour vaincre le zombie et aussi celle pour laquelle il avait pu se permettre de vivre dans les marécages alors qu'il existait des millions d'endroits plus accueillants mais tout aussi discrets sur Nel Beraid. Cet homme devait avoir des choses à cacher, à garder secrètes pour une raison ou pour une autre. Dans tous les cas, ce n'était pas les affaires de Mordekaiser qui avait hâte de s'extirper de cet endroit.


"On raconte pas mal de choses bizarres sur cet endroit. On voulait vérifier par nous même et rapporter un trophée de chasse. J'imagine qu'on s'est plantés quelque part. Il y avait un type, accompagné de deux autres mais c'étaient des morts-vivant. Leur maître est un Mage Noir. On l'a rencontré un peu plus loin, après la plaine de brume un peu plus au Sud. Il cherchait quelqu'un qui vit ici, un certain Tashar je sais plus comment. Il veut lui faire la peau et récupérer des choses mais il n'a pas dit quoi. Vous devriez foutre le camp avant qu'il ne vous trouve, ce type est un vrai fou furieux. C'est tout ce que je sais."


Ce furent les dernières paroles que l'Aigrefin était parvenu à prononce avant de se répandre en gémissements à cause de la lutte contre la magie nécromancienne qui s'exerçait perpétuellement sur lui. Tashar avait fini par abréger ses souffrances mais ses dires n'avaient pas manqué d'éveiller la curiosité de Mordekaiser qui avait probablement trouvé du même coup l'occasion de s'acquitter de sa dette envers le rôdeur.


"Hors de question. Vous n'êtes peut-être pas faible, mais je ne pourrai pas vous rendre service si ce malade mental vous étripe. J'imagine que je ne serai pas de trop. Je déteste savoir que je ne pourrai jamais rembourser mes dettes, je suis comme ça. Que ça vous plaise ou non je vais vous suivre jusqu'à ce qu'on lui rende la monnaie de sa pièce. Je ne sais pas ce qu'il veut "récupérer" et à la limite je m'en fiche, ça ne me regarde pas. Par contre s'il tombe sur les "vieux souvenirs" que vous êtes venu brûler ça ne risque pas de lui faire plaisir et il vous traquera nuit et jour. Autant se débarrasser de lui tout de suite." Objecta le guerrier maudit.


"Vous le connaissez sans doute. Et si on commençait par aller voir du côté de votre ancien "habitat", on aura peut-être des chances de le trouver là-bas ? Je n'ai rien vu mais si c'est un Mage Noir les flammes ont du attirer son attention."

L'homme s'était exprimé de façon limpide. Il ne cherchait ni à fuir, ni à se cacher. Sa fierté ne l'empêchait pas d'admettre sa faiblesse à travers le fait qu'il ait perdu la majeure partie de ses pouvoirs. Ce qu'il avait conservé en revanche, c'était sa mémoire et notamment sa connaissance des marécages. Mordekaiser ne s'était pas aventuré trop profondément dans ces terres souillées et c'est sans doute ce qui l'avait gardé en vie. Avec un tel guide, la donne était différente. Le guerrier maudit semblait satisfait que Tashar ait accepté sa proposition et à ce titre, il accepta ses conditions.


Les deux hommes s'enfoncèrent dans les marécages et pendant tout le trajet, Mordekaiser fit de son mieux pour marcher dans les pas de celui qu'il suivait. Bientôt, ils arrivèrent à l'ancienne demeure du mystérieux rôdeur. Ce n'était plus qu'un tas de planches carbonisées dont s'échappait encore une envahissante odeur de brûlé.


Le Chevalier déchu constata que son acolyte n'y était pas allé de main morte. Son désir était bel et bien de détruire la totalité des choses qu'il avait pu stocker dans son ancien refuge. Sans un mot, l'Aigrefin approuva d'un signe de tête le plan de Tashar. Il allait observer les environs et tenterait d'assassiner sans préavis le Mage Noir qui paraissait redoutable en affrontement direct.
L'Aigrefin avait utilisé son ombre et ceux des arbres pour se hisser à la cime de l'un d'eux et utilisa son pouvoir pour se camoufler tant bien que mal. La brume et les torsions morbides des arbres instables l'aideraient sans doute.


Comme Tashar l'avait annoncé, il se tenait debout, à quelques pas de son ancienne habitation et attendait la venue de son ennemi. Quelques minutes plus tard, Mordekaiser remarqua un homme encapuchonné qui s'approchait discrètement dans la brume, à une dizaine de mètres de Tashar. Il ne semblait pas agressif et ses pas étaient suffisamment feutrés pour ne pas être entendus. Curieusement, il s'agenouilla et déposa quelque chose dans le sol, pas plus grand qu'une graine, avant de disparaitre mystérieusement.


Son rôle avait été celui d'un subalterne. Si le Mage Noir avait voulu attaquer Tashar tout de suite, il l'aurait fait directement. Cette chose devait constituer un piège où un autre artifice du même acabit.
C'est alors que l'Aigrefin remarqua un homme qui marchait paisiblement en direction du rôdeur, de face. Il ne cherchait pas à le surprendre. Son capuchon était baissé mais l'Aigrefin était trop loin pour pouvoir déterminer à quelle race appartenaient ses traits.


Le guerrier maudit était prêt. A l'évidence, il n'avait pas encore été remarqué et il avait une chance d'en finir sans même engager le combat. Discrètement, il sortit son arbalète et prit le temps de viser tandis que l'homme s'était immobilisé à une distance respectable de Tashar.


"Alors comme ça tu as vraiment tout détruit ? C'est la preuve que tu te sais trop faible pour continuer à protéger tes secrets. Tu n'auras bientôt plus à endurer ta propre leçon d'humilité, je peux te l'assurer." Avait-il dit le plus calmement du monde.


Le Mage Noir était distrait par Tashar, le moment était venu pour Mordekaiser d'agir. Cependant, à l'instant où il s'était apprêté à tirer, un corbeau vint se poser sur son bras et le fixait. Surpris, l'Aigrefin en résulta déconcentré et sans même le regarder, le Mage Noir jeta un éclat de flammes dévastatrices en sa direction. Pour ne pas être carbonisé à l'impact, l'Aigrefin dut volontairement tomber de son arbre pour se jeter au sol.


"Un Aigrefin qui essaye d'attaquer par surprise. Quelle vulgarité." Observa le mage.


L'héritier maudit avait compris ce qui l'avait trahi et la raison pour laquelle sa cible l'avait attaqué sans même le regarder. Il contrôlait les corbeaux et voyait à travers leurs yeux. Sans même se relever, le guerrier répliqua en tirant en direction du Mage Noir qui évita le projectile d'un simple pas de côté.


Du fait qu'il était face contre terre, Mordekaiser pouvait entendre quelque chose se déplacer dans la boue sous la pellicule de terre et de mousse du sol des marécages. Le sol se souleva de quelques centimètres dans une très large zone autour de Tashar.


"Foutez le camps !" Cria le guerrier à son allié, pensant que ce phénomène avait un rapport avec ce que l'autre individu avait implanté dans le sol quelques instants plus tôt.

Tashar avait réussi à éviter le ver géant sorti de terre. Durant l'ascension de celui-ci, Mordekaiser ne put s'empêcher de rester stupéfait face à sa taille étant donné qu'il était à peine plus gros qu'un grain de sable, un vulgaire parasite lorsqu'il avait été enfouit dans la boue par l'acolyte du Mage Noir. Tashar connaissait la faune de ces marécages comme personne et malgré sa prouesse, il n'était pas surprenant qu'il ne fasse pas avoir par une méthode aussi sournoise.


Le scientifique laissa ensuite le choix à son allié de combattre le mage ou le vers. L'Aigrefin parut hésiter un court instant puis finit par donner sa réponse :


"Vous avez l'air d'avoir des comptes à régler, tous les deux. Je crois que je vais vous laisser régler ça entre vieux copains." Railla Mordekaiser avant de se diriger vers la crevasse remplie de liquide vaseux et nauséabond laissée par le passage du ver.


Dans un grondement, le monstre ne tarda pas à refaire son apparition. Le chevalier noir avait anticipé cette attaque et s'était suffisamment décalé pour ne pas être emporter par la nouvelle charge ascendante du ver. Puis, il attendit, armant à deux mains un coup horizontal dévastateur, un sourire sadique au bord des lèvres. Selon Tashar, la bête était plus vulnérable à son extrémité inférieure. Il attendrait donc que le ver ne sorte complètement du sol pour l'attaquer.

Le moment fatidique arriva et l'Aigrefin enclencha sa frappe, aussi concentré que possible quand il vit une silhouette se précipiter vers lui, venant de devant. C'était l'un des zombis à la botte de l'autre Mage Noir.
Surpris, le guerrier dut s'interrompre et transformer son attaque en parade en barrant la route entre son assaillant et lui de sa large lame.

Un couteau onduleux frappa contre son arme. Déséquilibré, le mastodonte dut se servir d'une de ses mains pour saisir le bras de l'attaquant et le rejeter avec une force phénoménale à plusieurs mètres de là tandis que le ver fit trembler le sol en retombant lourdement dans les marécages.


D'une simple pirouette, le zombie reprit l'équilibre. Au dessus de la zone virevoltaient en tous sens un nombre incalculable de corbeaux.
C'est alors que Mordekaiser prit conscience de quelque chose qu'il avait eu tendance à oublier. L'Aigrefin blessé avait parlé de deux acolytes du Mage Noir. L'un d'entre eux venait de l'attaquer, mais où diable était l'autre ?


L'un des corbeaux prit forme humaine en plein air et un cercle de flammes apparut autour de sa bouche. L'héritier maudit tendit instinctivement son épée son direction de son adversaire et un cercle noir se forma autour de sa pointe. Un trait de flamme jaillit de la bouche du nouvel arrivant alors qu'un rayon ténébreux d'intensité égale émana de l'arme de Mordekaiser. Les deux attaques se rencontrèrent en plein air et s’annihilèrent dans une légère détonation.


Le zombie retomba au sol et alla se placer à côté de son semblable.


"Un Aigrefin avec des affinités arcanes. Inattendu." Dit-il alors que sa capuche s'était rabattue, dévoilant son visage rongé par la mort.


"Je suis le premier surpris." Répliqua l'héritier maudit.


Son endurance étant visiblement entamée, le ver sortit cette fois tranquillement de terre, s'enroula dans une large zone autour des deux morts-vivants et poussa un hurlement horrifiant à l'intention de Mordekaiser couvert du liquide muqueux, verdâtre et puant s'étant échappé de l'immense bouche de la chose.


"Wao ! Finalement si tu veux échanger tu me dis ! Tashar !" Fit l'homme à l'attention de son allié.