{Libre} C’est la belle étoile qui a perdu son chat…

Aujourd’hui aurait pu être une bonne journée. Un peu de vent balayait le paysage, venant contraster le soleil qui brillait de mille feux. En tout cas, c’était agréable de se promener ainsi dans la matinée. Il n’y avait personne aux alentours, tout était calme et tranquille. L’on avait dit à Ilaria que la tour naturelle était un lieu incontournable à Naturalia, que ce soit par de l’extérieur, avec un magnifique jardin à ses pieds, de surcroît des roses, fleurs que la chroniqueuse appréciait particulièrement, et sa construction de marbre et de quartz, ou à l’intérieur car elle était réputée pour être magnifique et très vaste. Elle comptait donc l’explorer un peu, si on ne lui en interdisait pas l’accès, bien évidemment. S’abaissant vers les roses, elle effleura doucement l’une d’elles, qui brillait d’un rouge vif.

Cependant, il y avait une ombre à ce tableau, qui semblait vouloir ternir ses projets. Comme une mauvaise impression qui résonnait dans le cœur de l’étoile, dont elle n’arrivait pas à se séparer mais dont elle n’arrivait pas à cerner la nature. Mais quoi ? Il ne semblait y avoir absolument aucun danger par ici, elle était en territoire neutre. Et puis ici, qui voudrait lui faire du mal ? Non, vraiment, elle n’y comprenait absolument rien. Comme pour se donner du courage, elle tenta de se rassurer.

« Allons, allons Ilaria, tu deviens folle ma pauvre fille. Il ne se passe rien par ici, il n’y aucun danger »

Ily se releva alors. Devait-elle s’éloigner de ses lieux ? Seul le silence lui répondit, et soudainement, elle comprit. Ewimbë ! Le son de la clochette qu’il avait autour du cou ne tintait pas à chacun de ses pas, c’était cela qui clochait dés le début. Son chat n’était donc plus là, cela ne faisait aucun doute. Bon sang, mais où était-il passé cette fois-ci ? Elle ne l’avait tout de même pas oublié à l’auberge, elle l’aurait remarqué depuis longtemps dans le cas contraire ! Bien que son chat soit quelque peu taquin par moment, ce n’était pas son genre de s’éloigner ainsi, loin de sa maîtresse. A moins qu’il n’ait aperçu une souris ou bien un oiseau et s’était précipité sur sa proie ?

« Ewimbë ? Ewimbë, où es-tu ? »

Alors là, la jeune femme n'y comprenait plus rien. Elle ne l'avait même pas entendu s'éloigner, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il n'était pas dans les alentours, que devait-elle faire, maintenant ? Cela ne la rassurait pas, mais alors pas du tout.

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S'il y avait une chose qui n'avait pas changé en deux cents ans, c'était bien les alentours de la tour Naturelle. Il y avait une odeur fleurie, un parfum doux et délicat, une sensation de bien-être assez indescriptible qui vous rentrait par les narines et parcourait tout votre corps. Pas de doute possible, Ryugi était bien rentré à la maison. Avançant d'un pas lent. Lent, mais sans grâce. Un pas laid vers un palais. Ce qui était d'ailleurs assez étrange. Comment pouvait-il avancer de cette manière? Avancer vers la tour naturelle malgré sa rubéraphobie? La réponse était pourtant simple et se résumait en un mot. Bonk. Le bruit que fait un mur lorsqu'un gamin lui rentre dedans tête la première les yeux bandés. Aieuh! Quelle douce sensation. Ryugi ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais il y avait comme un sentiment de nostalgie, lorsqu'il était rentré dans ce mur. Comme si c'était vraiment là, qu'il était vraiment rentré chez lui alors qu'il n'avait aucune idée de pourquoi il pensait que ce serait chez lui. Et c'est pourquoi le jeune mage rouge rentra à nouveau dans ce mur. Trois fois. A la quatrième, il resta au sol et fit un signe de la main pour dire qu'il attendra que tout le monde soit passé.

"C'est cool d'être ici."

Sauf que, en se relevant (et en se recognant contre le mur), Ryugi finit par se casser un peu le nez. Oh oh. Problème... Et une vive lumière rouge se créa. Pas très forte, mais Ryugi brillait. Et... Pouf! Le revoilà comme neuf. Mais avec une petite faim. Après tout, il avait mangé il y a 30 minutes, donc, ce repas avait été zappé... Beuh. Tant pis. C'pas grave, il trouverait bien quelque chose à manger. Du moins, il le pourrait s'il pouvait voir, ce qui n'était pas le cas avec ce stupide bandeau. Mais au moins, il avait compris qu'il était devant un mur, et donc, qu'il fallait le contourner. Jusqu'à trouver l'entrée. Sauf que Ryugi s'était un peu trop éloigné du mur, courant presque un peu, et... Pouf. Sauf que voilà, ce pouf était un choc assez différent des précédents. La surface de contact était un peu plus... Molle.

"Hmmmm... Monsieur, ou madame, est-ce que vous êtes un mur?"

Parce que si c'était un mur, c'était vachement agréable de se cogner dessus. Manque de bol, il s'avérait que les chroniqueurs n'étaient généralement pas des murs. Enfin, généralement. Parce que tout peut arriver quand il y a de la magie et de l'espoir. Et donc, Ryugi attendit patiemment une réponse, attendant en effet l'approbation du mur pour pouvoir se cogner à nouveau dessus. Et ça deviendrait son mur à lui.

Tandis qu’Iaria regardait autour d’elle, cherchant son chat, elle aperçut quelque chose briller au loin. Impossible, c’était bien trop gros pour que ce soit le reflet de la clochette de l’animal qui se remarque ainsi. Elle continua de regarder les alentours, sans y faire trop attention, puis fixa de nouveau l’endroit où elle avait vu cette chose étrange, prise d’une mauvaise impression. Mais en lieu et place de cette lueur, se tenait ce qui avait l’air d’être une personne aux cheveux d’un rouge vif tels qu’elle n’en avait jamais vus. Un peu bizarre. Bon, elle devait sûrement avoir rêvé, ou alors c’était un sort que la personne avait lancé, et puis voilà. Si elle ne trouvait pas son chat par ici, alors il fallait demander aux gens si personne ne l’avait vu dans les environs.

La chroniqueuse se décida donc à se rapprocher de la personne pour aller le lui demander. Après tout, il était le seul dans les alentours, les autres entraient dans la Tour Naturelle et cela l’étonnerait qu’Ewimbë s’y soit aventuré à l’intérieur, elle lui avait inculqué le respect des propriétés, il n’entrait de lui-même que si sa maîtresse le lui avait autorisé. Drôle de coïncidence en tout cas, la silhouette s’approchait d’elle elle rapidement aussi, il lui fonçait même dessus, ce qu’elle n’avait pas remarqué au passage. Elle s’arrêta, et d’un geste rapide, elle chercha sa dague pour se défendre pensant qu’on allait l’attaquer, sans succès. Dans un dernier réflexe, elle ferma les yeux. Trop tard, la chose rouge l’avait percutée ...

Attendant quelques secondes, elle constata qu’elle était toujours vivante. Alors, ce truc ne voulait pas sa mort ? Elle rouvrit un œil, puis deux. Ca alors ! Un gamin ! Haut comme trois pommes, il avait vraiment les cheveux rouges vifs. Et son pantalon aussi, alors que son t-shirt était blanc. Waouh, alors elle n’était pas la seule à avoir des cheveux d’une couleur improbable. Et comme elle adorait le rouge, c’était tout simplement génial que tout comme elle, il associe le blanc et le rouge.

«Non, je ne suis pas un mur, et je suis encore bien trop jeune pour que tu m’appelles Madame »

Enfin ... Façon de parler, elle avait quelques milliard d’années, mais il ne fallait tout de même pas chipoter, surtout que le petit garçon n’y comprendrait probablement rien, qu’elle ait 18 ans mais qu’en fait elle vivait sur au fin fond de l’univers et qu’elle était une étoile avant donc que c’était pour ça qu’elle avait autant vécu. Et puis, un enfant, elle n’était même pas sûre qu’il sache ce que pouvait représenter trois milliards d’année, elle ne savait pas jusqu’où il savait compter après tout.

«Dis-moi, tu n’aurais pas vu un chat avec une clochette se balader dans le coin par hasard ?»

En fait, à bien y réfléchir, c’était une question vraiment stupide qu’elle lui avait posée. Ou tout du moins aussi stupide que la question qu’il lui avait posée, lui. Comment aurait-il pu avoir vu un chat alors qu’il avait un bandeau sur les yeux ? Pour le coup, elle était un peu bête. Venant d’un enfant, une question étrange était normale, mais pour une adulte, c’était impardonnable. Même si cela lui arrivait assez souvent tout de même, en fait.

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Une petite minute... Ryugi réfléchissait parfois, et ce fut étrangement le cas à cet instant. Parce que oui, cela lui arrivait parfois. Mais bon. Comment vient une réponse? Généralement, elle est exprimée sous forme de sons divers et variés dont l'enchainement dans un ordre très précis permettaient un déchiffrage afin d'associer un sens à ce code sonore. Cependant, l'émission d'un tel enchainement de sons ne peut être effectué qu'avec un organisme adapté nécessitant donc des instruments comme une bouche. Or, les murs ont beau avoir des oreilles, ils n'ont généralement pas de bouches. Donc, c'était plutôt idiot de poser une question à un mur si c'en était un. Après tout, qui sait si ce mur était masculin ou féminin? On dit certes un mur, mais cela pourrait très bien être une murette. Et qui sait s'il ne l'avait pas offensée?

Mais non, la propriété, euh non, la priorité était d'abord d'obtenir une réponse de ce mur ou de cette murette. Cependant, Ryugi avait évidemment la solution puisqu'il avait réfléchi. C'est drôle, et il se demandait même pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt. Parce que, en fait, c'était même évident! La première des choses à faire était de lui donner une bouche! Oui, mais Ryugi avait un problème. Il n'avait pas de peinture pour ce faire. Et ça, c'était un souci. Comment faire une bouche pour mur si l'on n'avait pas de peinture... Et surtout, si l'on faisait une bouche correcte... Les bouches sont le plus proche de la peinture rouge, et de ce fait, cela cause un véritable problème, comment peindre la forme d'une bouche sans regarder puisque ce sera rouge? Fort heureusement, le mur apporta lui-même (ou elle même) la réponse tant attendue.

"D'accord, monsieur! Ah, et moi, c'est Ryugi..."

Mais Ryugi marqua une pause. C'était la première fois qu'il entendait un mur parler, et il n'avait décidément pas une voix de monsieur mais plus de demoiselle. Cependant, c'était un mur, donc, il pouvait très bien être d'une nature différente. Après tout, les murs ont peut-être des voix de demoiselles quand ils sont jeunes. Et il l'a dit lui même qu'il était très jeune. Une minute. Trop jeune pour être appelée madame? Donc, les murs changent de sexe en grandissant! Trop bien! Ryugi venait donc de faire un grand pas dans le secret de l'anatomie murale, sur leur comportement hermaphrodite! Sauf qu'il a dit qu'il n'était pas un mur. Beuh.

"Mais tu sais monsieur le mur, c'est pas une raison pour ne pas assumer ton état de mur hein... C'est bien d'être un mur beau et fort! Surtout que dans quelques années, tu seras une belle et grande murette! Enfin non, je sais pas vraiment si c'est comme ça qu'on dit avec les murs féminins... Allez, un jour, tu te réjouiras d'être un mur."

Dans le genre persuadé d'une chose, difficile de faire mieux. Capable de vouloir prendre des gens assis pour des gens ternes et de leur convaincre de cela. Bah là, il était en face d'une demoiselle qu'il prend pour un mur et dont il fera tout pour qu'elle accepte son état de mur, et même dans l'idéal, qu'elle soit fière d'être un mur! Mais c'était pas gagné. Peut être l'une des tâches les plus ardues qu'il n'ait jamais eu à rencontrer. Surtout que ce mur recherchait un chat avec une clochette. Sauf que voilà, avec un bandeau sur les yeux, Ryugi se retrouvait confronté à un véritable problème.

"Dis, monsieur le mur, c'est quoi un chat?"

Ilaria ne répondit rien sur le coup, sous le coup de la surprise. Oui, en effet, elle s’attendait certes à ce que le petit garçon ne l’appelle plus madame, mais de là à l’appeler monsieur, c’était bien la première fois ... Depuis quand avait-elle l’air d’un homme ? Bon, certes, il ne pouvait pas la voir, c’était un fait. Mais bon sang, elle n’avait tout de même pas une voix masculine, si ? Non, au contraire, on pouvait difficilement faire plus féminin, avec sa voix douce et chaleureuse. Il devait sûrement d’être trompé et voulais dire mademoiselle, mais il s’était trompé dans ses paroles.

« Je suis une femme, pas un homme, Ryugi. »

Oui, mais non. En fait, c’était carrément qu’il n’avait absolument pas compris un traitre mot de ce qu’elle venait de lui dire, ou alors qu’il était trop têtu pour comprendre. Ah, les jeunes. Pourtant, il était assez grand pour comprendre non ? D’apparence, ce n’était déjà plus un bambin depuis bien longtemps. Ce n’était pas grave, la situation était très drôle quand on y pensait, elle ne put d’ailleurs se retenir de rire quand il parlait de mur et de murette. Elle n’avait jamais entendu ce mot d’ailleurs, il y avait bien les murets qui y ressemblaient, et qui n’étaient pas des murs. Mais non, les murs n’était pas masculins ou féminins, un mur était un mur et puis voilà. Un mur pouvait avoir un passé, oui, mais un genre, sûrement pas !

« Appelle-moi Mademoiselle, ou Ilaria c’est plus simple. Monsieur, c’est pour les hommes, et je ne suis pas un homme. Ni un mur non plus. Je suis une femme, une femme normale ».

Ca alors, il n’avait jamais vu de chat ? Ce n’était pas possible, de quelle planète ce gamin tout mignon débarquait-il pour ne pas savoir cela ? Ou alors il en avait déjà vu sans savoir ce que c’était. Peu importe, elle allait lui expliquer de la manière la plus simple possible en espérant qu’il ait vu Ewimbë dans le coin.

« Un chat, tu n’en a donc jamais vu, petit ? Un animal tout mignon et tout poilu et tout doux, avec des moustaches et une queue. Ca ressemble un peu aux tigres si tu connais, mais c’est beaucoup plus petit. Et bien moins dangereux. Le mien, il est tout noir, tout maigre, il a des grands yeux jaunes avec des pupilles noires et il a une clochette autour du cou, attachée avec un grand ruban rouge, et il a dû se perdre, alors je le recherche. Il est très important pour moi, c’est mon compagnon »

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Hmmm... Ryugi y comprenait de plus en plus de moins en moins. Parce que bon, la théorie d'un mur parlant mâle qui deviendra femelle mais qui avait une voix de demoiselle parce que les briques vocales de ce mur sont différentes des cordes vocales des gens normaux, c'était un peu tiré par les cheveux. Le bon sens logique voudrait que ce mur soit masculin, mais non, elle a dit qu'elle était une femme. C'était pas logique. C'était pas du tout logique! Bon. Un mur nommé Ilaria, qui disait mademoiselle. Elle est pas un homme. C'est normal, elle est un mur. Mais une femme. Une femme normale. Beuh, qu'est ce que c'est, la normalité pour les murs? Peut-être qu'il fallait qu'il revoie ses cours d'anatomie et de physiologie murale. Ou plutôt, qu'il commence à les étudier. Pour devenir un grand docteur pour murs, à soigner toutes les maisons pleines de murs.

"Enchanté Ilaria."

Bon. Changement de technique. Ryugi soupira. Il savait ce qui allait se passer. Mais bon, voilà quoi... C'était le seul moyen de répliquer. C'était la seule manière de faire. Le petit mage rouge ferma les yeux (même si cela ne se voyait pas sur son bandeau) et posa une main derrière sa tête, sur le noeud de son bandeau. Et donc... Ryugi tira d'un coup bien sec pour défaire le noeud... Gardant le bandeau dans sa main droite. De toute façon, c'était fait. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Et Ryugi ouvrit les yeux... Waaah. En effet, pour un mur, elle ressemblait vachement à une femme. Les murs ont donc ce genre de pouvoirs? C'était tout de même cool. Et en plus, elle était plutôt mignonne. Sauf que voilà... Il y avait du rouge autour d'elle. Beaucoup de rouge. Conclusion...

"WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!! TROP ROUUUUUUUUGEUH!"

Et Ryugi se mit donc à courir partout avant de se réfugier derrière la demoiselle, en s'accrochant à sa jambe droite et en tremblant de peur, pleurant un peu. Incapable de faire quoi que ce soit... A part s'accrocher à cette jambe en pleurant. Beuh. C'était rouge. Tout rouge. Tout rouge partout. C'était effrayant. Trop effrayant pour lui. Ryugi serra les dents et rassembla le peu de courage qui lui restait pour rattacher son bandeau. En écoutant les explications sur les chats. Parce que c'est tout mignon, tout poilu et tout doux. Comme sa peluche. Ou son ours. Plus comme son ours. Des moustaches. Hmmm... Ryugi pensait à prendre un pot de peinture. Noire. Faire de grosses moustaches noires à son ours pour qu'on le prenne pour un chat. Mais c'est petit. Or, petit, il ne l'était que sous l'autre forme. Bon. Autant donc chercher son chat.

"Bon. Alors, s'il a une clochette, on devrait l'entendre... Pis j'vais demander à mon nounours de nous aider!"

Et Ryugi décrocha sa peluche rose de sa poche, avant de le lancer devant lui. Pouf. Une peluche qui vola un peu avant de retomber lourdement sur le sol. Et... Puis... Rien. Tiens, c'est bizarre ça. D'habitude, il fait du bruit quand il sort. Comme des grognements. Ou des trucs dans le genre. Mais là, aucun bruit. Même pas de bruit de transformation. Quoi de plus normal, c'était pas la bonne peluche. Ryugi ramassa donc sa peluche, la remit dans sa poche, et en sortit une autre. Tout aussi rose, mais cette fois, on y voyait des signes jaunes dessus. Concentration, et lancer. Et pouf! Là, la peluche devint un vrai ours d'1m80 qui grogne. Et qui est toujours rose. Et qui s'approche de Ryugi en lui tirant sur le bras.

"Maieuh, je t'avais dit de prendre le dessert avant de partir Teneriel... Ca va encore me couter un bras tout ça. Mais après, tu m'écouteras et tu feras tout ce que je voudrais. D'accord?"

Et ainsi, le gros ours grogna gentiment. Avant de venir à côté de Ryugi, de lui prendre la main... Puis le bras... Avant de l'arracher d'un coup sec. Déversant ainsi un petit flot de sang un peu partout avant de faire briller Ryugi d'une aura rouge. Le bloquant sur une mimique de douleur. Tic. Tac. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Et pouf! La lumière rouge explosa un peu et Ryugi réapparut. Comme neuf. Pendant que l'ours grignotait le bras qu'il avait arraché tout à l'heure. Et pendant ce temps, le mage rouge le chercha à tâtons avant de monter sur son dos. Et d'inviter d'un geste de la main la demoiselle à monter dessus. Même s'il n'avait jamais essayé de porter un mur avant, vu la taille, il était possible que l'ours puisse supporter le poids.

"Tu viens? Il est gentil quand il a assez mangé. Et pis c'est plus agréable de faire une balade sur son dos pour le chercher, il entend et sent très bien, il le retrouvera peut-être. On cherche donc une clochette."

« Moi de même, Ryugi »

Bon, maintenant qu’il savait ce qu’était un chat, ce devrait déjà être bien plus simple non ? Mais pour l’aider à chercher s’il voulait bien, il fallait qu’il enlève son bandeau, ce qu’Ilaria allait lui dire. Seulement, visiblement, il était en train de le faire de lui-même, elle n’aurait pas à lui dire comme cela, au moins. C’était déjà cela. Mais la chose à laquelle elle ne s’attendait pas, c’était qu’il se mette à hurler dés que cela était fait, après l’avoir observée un instant en hurlant « trop rouge ». Ben quoi ? Oui, la tour au loin était de marbre rouge, la roseraie était rouge elle aussi, il y avait des maisons rouges pas très loin, elle avait des rubans rouges dans les cheveux et des chaussures rouges, lui-même avait les cheveux rouges, un pantalon rouge. Oh, et apparemment, à bien le regarder, ses yeux l’étaient aussi. Bon, et alors, il était où donc le problème ?

« Eh bien alors, qu’est-ce que tu as Ryugi ? Tu n’aimes pas le rouge ? Calme toi voyons, c’est juste une couleur, ce n’est rien, je suis avec toi »

Il s’était caché derrière elle, lui tenant la jambe en pleurant. Elle ne s’y connaissait pas pour rassurer les enfants, mais bon, tout ce qu’elle pouvait faire c’était lui dire qu’il ne risquait rien. Peu à peu, il lui lâcha la jambe et se calma. Tiens, elle avait donc réussi à le calmer ? Eh non en fait, il avait juste remis son bandeau apparemment. Oui, d’accord, elle voulait bien qu’il l’aide, mais comment comptait-il l’aider ainsi ? Et puis ce n’était certainement un ours en peluche rose qui allait arranger les choses. Ah les gosses, trop utopistes, un ours en peluche ne pouvait pas ...

Se transformer en vrai ours ... Ilaria recula un peu, sous le coup de la surprise. QUOI ? Il venait de lancer une autre peluche, et l’ours, tout rose, avait pris une taille monstrueuse, et ne semblait pas sympathique du tout à entendre ses grognements. Ce n’était pas possible, elle devait rêver. Ou avoir attrapé une insolation. Ou s’être endormie, parce que c’était vraiment du grand n’importe quoi. Et elle tomba carrément à la renverse lorsqu’elle vit que l’ours lui avait arraché le bras. Le gamin pissait le sang. Bon dieu, mais qu’est-ce qu’il foutait avec une peluche-ours transformable ?

« Euh ... Je crois que je vais me débrouiller, hein ... Merci quand même Ryugi. »

On pouvait ressentir à plein nez la crainte d’Ilaria. Ce n’était pas qu’elle avait peur mais ... Si, en fait elle était carrément totalement terrorisée par l’animal. Elle savait combien ces animaux étaient dangereux, elle avait eu plusieurs fois l’occasion d’en croiser lorsqu’elle vivait dans la montagne. Certes, il était rose, ce qui était complètement grotesque. Mais ce n’était pas mignon du tout, lorsque l’on savait que l’ours était en train de bouffer ce qui fut le bras du petit Ryugi. D’ailleurs, lui aussi, il lui faisait un peu peur à vrai dire, elle n’avait jamais vu un gamin pareil, qui se laissait arracher le bras au prix, elle supposait, d’une douleur extrême, et brillait pour en faire réapparaître un !

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"C'est pas que j'aime pas le rouge, mais... Comment dire..."

Le petit mage rouge tremblotait et frissonnait. Il n'y avait pas grand chose dans la vie qui ne lui faisait réellement peur, cependant, dans le pas grand chose, était contenu la couleur rouge. Et le jeune garçon ne savait pas vraiment ce dont il en était. Pourquoi? Pourquoi avait-il peur du rouge? Et à bien y réfléchir, il n'avait aucune raison d'avoir peur. Après tout, ce n'est pas parce que c'est rouge que c'est dangereux... Réflexion faite, Ryugi n'a absolument aucune crainte pour ce qui est dangereux donc ce n'est pas vraiment cela le problème. Juste une couleur. Ce n'était pas quelque chose qui allait mettre fin à sa vie, cependant, Ryugi ne demandait pas mieux. Bon. Sa définition de la peur était quelque chose qui le mettait dans tous ses états. Qui l'empêchait de faire quoi que ce soit de cohérent, de normal. Enfin, normal pour lui.

"Je sais pas... C'est comme si à chaque fois que je vois du rouge, ma tête explose et fait n'importe quoi... C'est... C'est... C'est pas justeuh."

Et le voilà désormais qui boudait perché sur son gros ours. C'était une scène tout de même assez attendrissante. Ou plutôt effrayante. Comment Ryugi pouvait-il avoir peur du rouge et pourtant ne pas craindre d'être dévoré, ainsi monté sur le dos du monstre rose? Tout simplement parce qu'il ne craignait que le rouge, et non pas la mort. Mais bon. Avec un bandeau sur les yeux, tout allait bien. Tout irait bien. Il faudra donc retrouver ce chat, et Ryugi était là pour protéger la demoiselle si besoin est. Bien que ce ne soit pas vraiment un bon protecteur et que de toute façon, c'était plus de lui même qu'elle devrait se méfier. Mais voilà, la vie était ainsi faite, et comme ce garçon, pleine de surprises et de curiosité...

"Au fait, Ilaria... Un chat... Ca a quel goût?"

N'ayant jamais vu de chat, Ryugi ne savait pas vraiment si c'était comestible ou pas. Cependant, même si cela ne l'était pas, il était toujours bon de savoir quel goût avait tel ou telle chose. Une belle lame en acier par exemple avait un goût assez amer, mais qui d'autre que lui serait assez fou pour le découvrir? Peut-être que lui-même est celui dans ce monde qui a gouté au plus de chose, et que personne ne le dépassera dans le domaine culinaire... Et donc, le voilà curieux sur le goût d'un chat.

"Parce que la viande d'ours est beaucoup trop dure et que sa peau est trop épaisse pour mes dents. En revanche, je sais que mon propre bras est bien tendre quoique faut bien le découper. Tu devrais goûter un de ces jours... Je cherche toujours l'assaisonnement ultime d'ailleurs."

Une réflexion assez morbide, mais non, Ryugi n'était pas vraiment fan du cannibalisme. Juste que quand on est un peu loin de tout, qu'on sait pas vraiment ce qu'est l'argent et que l'on a les bras qui repoussent, c'est assez pratique de pouvoir se mettre en état d'autophagie. Voire de se manger directement. Et étonnamment, Ryugi savait qu'il était bien meilleur avec du romarin, de la sauge et un peu de sel. Avec une feu doux, grillé pendant 4 minutes et 17 secondes à peu près, même s'il ne savait pas compter. Mais qu'il pouvait faire encore mieux. Après tout, il n'avait pas encore découvert le safran, le gingembre ou autre... Hmmm... Après tout, pourquoi manger son bras en accompagnement salé? Cela ferait peut-être un bon dessert? Et ça sentait bon en plus... Et oui, en cherchant, l'ours était tombé devant un restaurant. Le rappelant dans sa pokéball... Euh pardon, sous forme de peluche, Ryugi rentra donc sans aucune autre forme de préavis.

"Bonjour tout l'moooooooooonde! Ca sent bon par ici, vous auriez pas vu un chat?"

Dit-il avant de rentrer dans la première table, de tout faire dégringoler, et de se rendre compte que avec du sucre, son doigt était pas mauvais.

« Oui, ce n’est pas que tu n’aime pas le rouge, c’est simplement que tu en a peur. Un peu bizarre comme peur mais bon, après tout l’on n’est pas maître de ses phobies, c’est un fait »

Comment expliquer cela à un gamin haut comme trois pommes, elle n’en savait rien. Et à vrai dire, on s’en contrefichait un peu. Les peurs étaient comme ça. On a peur sans que l’on sache pourquoi, il n’y avait pas à épiloguer là-dessus. Peut-être avait-il été traumatisé par quelque chose de rouge dans sa petite enfance ? Quoiqu’il en soit, c’était quand même stupide d’avoir peur de ça, mais les peurs des gamins étaient toujours un peu comme cela. Irréfléchies. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas une raison pour bouger perché sur ce rose, mais certes terrifiant animal.

« C’est injuste, mais c’est comme ça, petit Ryugi. Tu en verras de bien pires dans ta vie. Bien pire que le rouge »

Et elle avait raison. Combien de fois les gens étaient-ils confrontés à leurs peurs à un moment ou un autre de leur vie ? Combien de fois vivaient-ils des épreuves bien pires que ce qu’ils pouvaient bien imaginer ? Elle-même avait déjà dû faire face à plusieurs attaques qui avaient failli causer sa mort. On n’était en sécurité nulle part ... Même si l’enfant lui, semblait relativement à l’abri pour le moment, si elle se fiait à son pouvoir qu’elle avait aperçu.

Plus elle l’écouta, plus ce gamin lui semblait être étrange. Ce n’était pas tous les jours qu’on entendait en quelque sorte qu’un gamin avait essayé de manger de l’ours et surtout ... De se manger soi-même. De l’auto-cannibalisme en quelque sorte, bien que le concept soit effectivement vraiment glauque. Et puis comment osait-il lui demander quel goût à un chat ? Il voulait qu’Ewimbë se fasse bouffer par son espèce d’ours aux allures décalées une fois retrouvé ou quoi ? Ou que lui-même le mange ? Elle ne le permettrait pas, non mais oh !

« Non merci, je ne me risquerais pas à goûter. Et non, un chat ne se mange pas, c’est très très mal vu, et je ne veux surtout pas que tu touche à mon chat. J’y tiens moi, à mon compagnon ! »

Tiens, l’ours avait bougé. Elle recula un peu, mais ce n’était pas vers elle qu’il se dirigeait, non ... Mais devant un restaurant. Oulà, s’ils ne faisaient pas quelque chose très vite, il allait rentrer, et Ilaria n’osait même pas imaginer la réaction des pauvres clients qui déjeunaient tranquillement. Par chance, le gamin fit rentrer l’ours ... Avant de faire du dégât par lui-même. Aïe, c’était mal parti ... Les clients, surpris, ne répondirent pas, ou répondirent pas la négative. Ils n’avaient rien vu.

« Eh bien eh bien, Ryugi Oh, j’y pense, petit mage, où est ta maman ? Elle ne va pas s’inquiéter de savoir que tu n’es pas auprès d’elle ? »

Au premier abord, il ne semblait pas être un gosse abandonné à la rue. Elle avait déjà eu l’occasion d’en voir, et regrettait parfois de ne pas pouvoir en prendre un sous son aile. Ils avaient l’air si malheureux, ces pauvres petits ... Et puis zut quoi, ce ne serait pas à elle de payer les pots cassés, c’est pour cela qu’elle demandait.

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"Manger un chat est... Très... Mal vu? Haaaaaan, intéressant ça : manger un chat donne des problèmes aux yeux chez ceux qui regardent. Je savais pas qu'ils avaient ce genre de pouvoir."

Et voilà que Ryugi découvrait une passion soudaine et inexplicable pour les chats : Si leur chair conférait des problèmes ophtalmologiques, c'est qu'il y a un truc caché là dessous. Etait-ce un gaz lacrymogène qui s'échappait au contact de la salive avec leur sang? Etait-ce une magie éblouissante qui aveuglait à chaque morsure? Etait-ce un sort qui faisait tourner la tête de tous ceux qui étaient par là? Trop fort! Cependant, cela expliquerait pourquoi les chats sont si précieux. Or, si Ryugi n'avait aucune notion de pudeur ou de honte, il savait que ce qui était à quelqu'un est à lui et ne doit pas être mangé. Sinon ça rend les gens tout tristes. Ou tout rouges. Ce qui était pire encore. Conclusion, il faudra faire beaucoup d'efforts, mais le mage rouge promettra de ne pas le manger. Ou plutôt de trouver un autre chat à manger. Pas le sien.

"Eh bien, faut croire qu'ils n'ont rien vu non plus. On va essayer ailleurs. A pied, cette fois. Ce sera plus marrant si je me cogne contre les bancs plutôt que ce soit mon ours qui les évite."

Heureusement qu'il n'avait pas causé trop de bazar dans ce restaurant. Mais après tout, Ryugi était un habitué des lieux, de plus, ceux qui ne le connaissaient pas voyaient bien qu'il était aveugle avec ces yeux bandés. Ou pas. Mais bon, Ryugi ne voyait strictement rien et c'était tant mieux. Tant de rouge dans ce restaurant. Donc, les deux personnes repartirent vite fait bien fait à la recherche du chat d'Ilaria. Sauf que l'idée même qu'avoir les yeux bandés ne lui permettait pas de voir un chat n'avait pas traversé l'esprit de Ryugi. Mais c'est pas grave, tous les chemins mènent bien au paradis, il finira donc par le retrouver tôt ou tard. Et boum. Ryugi rentra tête la première dans un mur. Et c'était trop dur pour être un chat. Donc c'était forcément un mur.

"Bonjour monsieur le mur, vous auriez pas vu un chat? A un de vos confrères non assumés qui a perdu le sien..."

C'est alors que la madame murette lui posa une drôle de question. Où était sa... Euh... Sa quoi? Le petit mage rouge chercha vite fait à l'intérieur de ses souvenirs l'emplacement de son dictionnaire et farfouilla à M. Maison, Malade, Manger... Pas de maman. C'est donc de travers que Ryugi regarda la demoiselle (bien que cela ne pouvait se voir avec ce fichu bandeau) avant de poser un petit temps de réflexion. Cherchant l'étymologie de ce mot (bien que Ryugi n'ait aucune idée de la signification du mot Etymologie) avant de répondre très simplement et très innocemment.

"C'est quoi une maman?"

Au fond, le petit Ryugi n’était pas foncièrement différent des autres petits garçons qu’elle avait vu. Pas qu’elle avait l’habitude de voir des enfants mais en général, elle savait qu’ils étaient toujours curieux de tout et que parfois ils étaient tout de même bien à côté de la plaque quand il s’agissait de certaines choses, certains concepts. Bon, en même temps, il y avait tellement de mots qui pouvaient être complètement interprétés de travers, surtout avec les expressions et les images par exemple, que c’était compréhensible. Mais ce n’était pas bien grave, car Ilaria était une adulte, elle, par conséquent elle pouvait lui expliquer ce qu’il ne comprenait pas.

« Non, Ryugi : Lorsqu’on dit que quelque chose est mal vu, ça ne veut pas dire que ça donne des problèmes aux yeux. Ca veut juste dire que c’est quelque chose de pas bien de manger un chat, parce que les gens préfèrent les chats vivants plutôt que morts. Ca me rendrait triste que tu manges mon chat, et tu n’aimerais pas que je sois triste, n’est-ce pas ?»

Encore faudrait-il que l’enfant comprenne ce qu’elle voulait dire par là. Elle avait trouvé l’idée de la tristesse pour ne pas l’inciter à manger des chats, car ça ne se mange pas. Tout simplement. Les p’tits lapins qui se baladent dans la forêt, oui. Les animaux qu’on élève pour les manger, oui. Les céréales, oui. Mais bon, allez expliquer ça, vous, à un gamin qui fait de l’auto-cannibalisme ...

« Euh oui ... Si tu trouve que c’est rigolo de se cogner, à ta guise. Tant que tu ne ressors pas ton ours, ça me va »

Mais bref, ils n’avaient pas trouvé le chat dans le restaurant, il leur fallait donc chercher ailleurs. Mais bon, c’était plutôt ironique que ce soit Ryugi qui tente de la mener vers l’animal plutôt que l’inverse, sachant qu’il avait toujours les yeux bandés, et donc qu’il n’y voyait rien. Mais bon, il connaissait surement bien mieux les lieux qu’elle, sachant qu’il était un mage rouge. Il semblait un peu jeune pour ça, en apparence et dans la façon de parler, mais bon, puisqu’il l’était, c’est qu’il devait bien avoir les capacités magiques pour cela. Et bim, il se cogna contre un mur. Un vrai cette fois. Aïe, il devait avoir bien eu mal sur le coup, le pauvre.

« Tu vois, les murs ne parlent pas, Ryugi »

Et il continuait à la prendre pour un mur. Non mais vraiment, il ne voulait pas admettre qu’il avait tort. Et encore, elle ne lui avait pas dit qu’elle était une étoile avant, car elle n’osait pas s’imaginer sa réaction. Elle n’avait pas envie qu’il ait envie de la manger pour savoir quel goût ça avait une étoile ... Et là, il s’était immobilisé. Comme ça. Ah, il ne savait pas ce que c’était une maman. Alors, il n’en avait pas. Enfant des rues, ou famille monoparentale ...

« Un papa alors ? Ou tu ne sais pas ce que c’est non plus ? »

Invité

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour la psychologie murale que venait de faire Ryugi en comprenant ces trois choses. D'une, il comprenait le concept de ce qu'il était mal vu de faire, car mal vu devenait pour lui synonyme de tristesse. Certes, c'était absolument pas la même chose, mais pour Ryugi, quand on est triste, on pleure et quand on pleure, on a plein de cette eau bizarre qui sort de nos yeux et qu'on appelle légèrement larme (quoiqu'à ce sujet, Ryugi avait déjà entendu parler de nectar divin de la dépression par un dégénéré psychotique, et comme le mage rouge aimait bien les oranges pressées...), rendant ainsi notre vue totalement floue et donc empêchant de voir quoi que ce soit correctement. Ce qui revient donc à peu près au même tant que le résultat était là.

Ensuite, il comprenait que les chats ne devaient pas être mangés. Ils n'avaient donc ainsi aucun pouvoir de mal-vision ou de contrôle oculaire, juste une question de propriété publique et donc qu'il valait mieux éviter. Du moins, s'il devait manger un chat, ce ne serait absolument pas un chat avec une clochette. Sauf que voilà, ce que Ryugi pensait des chats était une vision encore assez vague. Tout ce qui est poilu et de n'importe quelle couleur était un chat, du moment que c'était mignon et que cela avait quatre pattes. L'ennui, c'est que bien des choses pourraient être apparentés à un chat, ce qui n'allait pas vraiment aider. Une table par exemple. Bon, faudrait être débile ou aveugle pour confondre un chat et une table mais c'est pas grave, le mage rouge avait des circonstances atténuantes.

"Mais tu parles pourtant... Donc... Tu n'es pas... Tu es... Exceptionnelle! Haaaaan, comme j'ai de la chance de t'avoir rencontré!"

La troisième? Quelle troisième? Trois choses? N'oubliez pas le fait que Ryugi avait encore beaucoup de mal à compter lorsqu'on arrivait au deuxième chiffre. Oui, dans trois, il n'y en a qu'un, mais cela en fait deux en binaire. Ne demandez pas pourquoi Ryugi compte en binaire, disons plutôt que ce que je viens de dire ne compte pas. Revenons à nos moutons, le petit garçon cherchait donc à savoir ce qu'était un papa. Papa. Non, il ne le savait pas. Pas encore. Pas vraiment. Pas possible... Est-ce qu'un papa... Etait une forme absolue de négation double? Pour ainsi-dire une forme d'affirmation détournée par les pessimistes et les nihilistes sur le sens de la non-désapprobation? Quel merveilleux prodige était-ce de pouvoir parler, d'acquiescer tout en ayant une phrase à connotation négative! C'est en tout cas ce que pensait le jeune garçon qui donc préférait émettre un doute plutôt que de voir si sa théorie de négation double était bonne tout de suite ou pas.

"Aucune idée. Du moins, sauf si ça a un rapport avec les papillons."

Toujours est-il que le petit garçon continua sa route, yeux bandés. Contre le mur sur lequel il venait de se cogner. Ouch. Avait-il oublié que ce mur là était toujours présent? Non, mais il s'était dit que puisqu'il s'était déjà cogné une fois, le mur serait parti pour éviter qu'il ne se cogne une seconde fois. Après tout, ça doit lui faire mal aussi. Mais non. Apparemment, ce mur était donc là. Prêt à se laisser cogner une nouvelle fois dessus. Cela voulait donc dire que ce mur était masochiste. Qu'il aimait qu'on se cogne dessus. Très bien, alors, pour cela, Ryugi n'allait pas faire dans la demi-mesure. L'air ambiant le recouvrit légèrement, avant de se concentrer. Comme une légère protection. Et boum! Et boum! Et boum! Et au troisième coup, le mage rouge fit une petite pirouette avant de se relancer dessus. Sans savoir que sa pirouette l'avait bien dévié de sa trajectoire initiale... Pour l'envoyer en fait sur une porte à côté. Et donc...

"Haaan, le mur a fait un bruit bizarre d'un coup, je suis sur qu'on tient la bonne piste!"

Décidément, ce gamin lui donnait par moment vraiment l’envie de se cogner la tête contre le mur et lui dire qu’il est complètement stupide. Mais non, certes il était stupide, mais comme elle le pensait, oui, c’était un gamin, ça il n’y avait aucun doute. Peu importe ce qu’elle disait, peu importe ce qu’elle faisait … Il la prenait encore et toujours pour un mur alors qu’elle n’était qu’une pauvre chroniqueuse. Elle avait l’impression de parler à un mur. Oui, justement, parler à un mur. C’était l’expression pour dire de quelqu’un qui n’écoute pas. Sauf qu’elle, elle savait bien que c’était un gamin, et pas un mur.

« De la chance de m’avoir rencontrée … Mouais, si tu le dis. Je suis une chroniqueuse, pas un mur, et cela ne changera jamais, peu importe le nombre de fois où tu me diras le contraire, Ryugi. Mais soit ».

Elle commençait à en avoir un peu marre, elle avait d’autres chats à fouetter. Façon de parler, c’était plutôt Ewimbë qui la préoccupait à l’heure actuelle. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Elle s’en voudrait éternellement, il était tout petit, tout innocent. Elle avait déjà perdu assez de temps comme ça, il fallait soit qu’ils se dépêchent, soit qu’elle se débarrasse de lui, ce qui en fait serait peut-être la meilleure solution étant donné qu’il ne faisait que l’enquiquiner, sans doute sans le vouloir, même s’il avait l’air de bonne volonté.

« Non, rien à voir avec les papillons. Bon, laisse tomber cette histoire de papa et de maman, tu ne peux pas comprendre si tu n’en a pas. Moi non plus, je n’en ai pas. Oublie ça donc. Je voulais juste savoir qui s’occupe de toi d’habitude. Qui te donne à manger. Qui te donne des habits. Mais bref, ce n’est pas très important ».

Il n’avait pas l’air malheureux comme gamin, alors à quoi bon se faire du mouron pour rien. Elle en avait vu, des pauvres gamins des rues, et il avait l’air plutôt bien loti dans le genre ... Il se remit à cogner contre le mur. Et c’est qu’il continuait, en plus ! Complètement fou ce gosse décidément. Il se fit même projeter vers une porte ... Tiens donc, pas bête ça ...

« C’est pas un mur là, c’est une porte que tu viens de cogner, c’est pour ça que le bruit n’est pas le même. Viens donc, il est peut-être par là, c’est l’entrée de la Tour Naturelle »

Machinalement, elle prit la main du petit garçon pour qu’il se décale de la porte. Elle avait mal pour lui, à se cogner comme cela. Soupirant, elle entra. Aussitôt, deux gardes de ces lieux s’approchèrent, voyant une intruse. Sans doute la prit-on pour la grande sœur du petit Ryugi, en tout cas, puisqu’elle lui tenait la main, on se contenta de lui souhaiter la bienvenue. Comme quoi, finalement, c’était plutôt pratique d’avoir un mage rouge à ses côtés ...

« Bonjour, nous cherchons un chat noir avec une clochette, il s’est enfui, ne l’auriez-vous pas vu ? »

L’un des deux gardes hocha la tête. Oui, disait-il, il avait bien vu un chat se diriger vers un escalier descendant vers la droite. Il s’agissait des sous-sols, ils pouvaient aller chercher là s’ils voulaient. Heureusement qu’il avait son bandeau ... Même si les gardes devaient se demander pourquoi il avait cela sur les yeux ...

« Bon alors, on y va, Ryugi ? »

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{Libre} C’est la belle étoile qui a perdu son chat…

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