L'Incendie et le Givré ; la suite.

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Brusque traverse la cour du Château Abandonné pas si abandonné a vive allure. Aucun aigrefin ne vient s'interposer, et de toute façon, si un d'entre eux avait la mauvaise idée de se mettre en travers du chemin de Brusque, ce serait probablement la dernière chose qu'il serait en mesure de faire ou, au minimum, mettre un terme à sa carrière. Un aigrefin ayant tous les os broyés n'est pas très efficace. Le son des sabots frappant les dalles de la cours laissent soudainement place au son étouffé des sabots sur la terre battue aussitôt que Brusque franchit les portes.

Thadea jette un coup d'oeil derrière elle et constate que Dave, le cheval de Mordekaiser, suit Brusque avec vaillance. C'est un brave bête. Il y a certes une distance, mais rien de dramatique et le sucre fera bientôt effet. Le cheval pourra franchir une plus grande distance en suivant Brusque. Ils franchissent donc plusieurs kilomètres à vive allure, Brusque sautant les rares obstacles de la plaine, bien que la plupart du temps, il passe littéralement à travers lorsqu'il s'agit de buissons. Il semble que pas grand chose puisse l'arrêter quand il est sur sa lancée. À plusieurs reprises, Thadea jette un coup d'oeil derrière, surveillant l'allure du cheval qui la suit. Aller aussi rapidement et aussi longtemps n'est pas préoccupant pour Brusque, elle connait ses limites. Par contre, Dave, elle sait qu,il ne supportera pas très longtemps le rythme de Brusque. Aussitôt que Dave commence à montrer des signes d'un début de fatigue, elle fait ralentir Brusque à une vitesse plus raisonnable. Le petit trot. Wallace ne lui pardonnerait pas d'avoir épuisé une de ses bêtes à mort. Elle préfère donc la ramener en santé, bien qu'épuisée, parce que ça, ça ne manquera pas d'arriver.

- Je suis d'avis qu'il vaut mieux s'approcher le plus possible aujourd'hui, camper le plus près possible et aller visiter notre ami, récupérer ou non ce qu'il nous doit et ensuite franchir le plus de distance possible avant la nuit, dit-elle en laissant Mordekaiser et Dave la rejoindre, elle et Brusque. Mieux vaut dormir avant d'aller faire cette visite de courtoisie qu'après. Qu'il paie ou non, surtout s'il paie, je me doute qu'il tentera de récupérer son magot. De ce que j'en sais, il préfère dépenser son argent à ne pas payer qu'à nous payer. Question de fierté probablement. Faudra essayer de lui faire passer cette envie, c'est mauvais pour notre réputation.

L'Incendie et le Givré ; la suite. Thadba13

Suivre la monture de Thadea s'était avéré difficile pour Dave. Le cheval montrait des signes de fatigue évidents : Sa respiration se faisait lourde et Mordekaiser pouvait entendre des gémissements toutes les dizaines de foulées environ sans compter qu'il donnait des coups de bassin à son cavalier, et ce involontairement, à cause du poids qu'il représentait. Consciente que la bête ne serait probablement pas ramenée entière à son propriétaire en continuant à cette allure, l'Incendiaire ralentit la cadence et bientôt, le moins gradé des deux arriva à la hauteur de sa supérieure. Décidément, ce Brusque était vraiment robuste.

La jeune femme profita de la proximité avec son subordonné pour lui livrer son plan. D'un hochement de tête, il acquiesça.

"Oui tu as raison. Inutile d'engager un combat avec toutes ces lieues dans les pâtes. Et l'effet de surprise sera probablement meilleur si on lance l'assaut de bonne heure." Dit-il avant de reporter toute son attention sur la trajectoire que suivait Dave d'un pas toujours un peu lourd.

Les deux aventuriers poursuivirent leur périple encore un bout de temps. La première heure, ils avaient avalé des kilomètres supplémentaires, le produit que l'écuyer avait administré aux chevaux ayant fait effet. Plus tard, la monture de Mordekaiser montra de nouveau des signes de fatigue, proches de l'épuisement cette fois. L'homme n'était pas un tendre et surtout pas avec les bêtes, du moins d'ordinaire. Cependant, l'état de Dave commençait à devenir préoccupant et il se vit contraint d'en tenir Thadea informée.

"On devrait sans doute s'arrêter sans vouloir te commander, la nuit tombe et ce cheval va tomber raide mort s'il fait cent mètres de plus." Avait-il annoncé.

Suite aux directives de l'Incendiaire, que ce fut sur le champ ou quelques minutes plus tard, le groupe avait fini par s'arrêter. Ils étaient proches du Lac mais pas assez pour que des éclaireurs puissent les remarquer, à condition bien sûr que la planque du débiteur de la Rose Noire se trouve bien aux abords du lac. Les aventuriers auraient pu combler sans problème la distance qui séparait le château du Lac en une seule fois, mais cela aurait pris beaucoup plus longtemps. La vélocité impressionnante de Brusque avait poussé Dave à puiser dans ses ressources. De plus, Mordekaiser commençait à ressentir la faim et la fatigue malgré sa robustesse. Il n'en savait rien, mais il supposait qu'il en allait de même pour Thadea.

"Ça m'a l'air d'être un bon endroit ici. Je suppose que tu sais encore mieux que moi comment monter un campement et surtout comment s'occuper de ces chevaux. Il serait sans doute préférable de ne pas faire de feu, cela pourrait attirer l'attention de nos ennemis. J'attends tes ordres." Dit l'Aigrefin respectueux de sa hiérarchie.

Mordekaiser accepte son plan. C'est une bonne chose et il approuve non seulement d'un "oui tu as raison", mais aussi d'arguments pour l'appuyer. Thadea hoche la tête. Bien, il ne dit pas oui pour dire oui, il saisit vraiment l'impact de cette décision. C'est bien. C'est mieux que certains aigrefins qui font ce qu'on leur ordonne sans se poser de questions. Bon, d'accord, poser des questions n'est pas la meilleure idée du siècle, mais tous les aigrefins hauts-gradés ne sont pas persuadés que seules leurs décisions sont les bonnes. Thadea préférait que les recrues réfléchissent par elles-mêmes, bien que, dans certain cas, ceux qui obéissent aveuglement soit aussi utile.

- Le petit déjeuner me semble parfait pour traiter l'affaire. Ils sont en famille la plupart du temps.

Un sourire presque satisfait passe sur son visage. Avoir le contrôle sur la famille c'est souvent le meilleur moyen d'obtenir quelque chose. Elle ne compte tuer personne si Monsieur coopère. Dans le cas contraire, elle est bien prête à tuer n'importe qui de ses proches. Elle laisse Dave se remettre un moment, peut-être une heure ou deux avant de relancer le quatuor aigrefins à fond de train. Plusieurs fois, elle se retourne pour surveiller l'état de la bête derrière elle et de son cavalier. Le cavalier se porte bien, mais la bête se pousse visiblement au maximum. Dave est une brave bête. Toutes les bêtes de Wallace sont de braves bêtes. Il les élève ainsi et il les choisit ainsi. Son haras est celui attitré aux aigrefins.

Mordekaiser, tandis que Thadea ralentissait un peu l'allure, vient la rejoindre et l'informe de l'inquiétude qu'il a à propos de Dave. Il propose de s'arrêter pour la nuit. Elle ralentit jusqu'à ce que les chevaux puissent être au pas, tranquillement. Elle avait l'intention de s'arrêter plus loin, mais elle jette un coup d'oeil au ciel, puis au terrain devant elle et, après un moment de réflexion hoche la tête. La distance entre le point qu'elle voulait atteindre et l'endroit où ils sont n'est pas assez grande pour que l'impact soit trop marquant.

- D'accord, mais allons un peu plus vers l'est, les vents dominants seront pour nous.

C'est donc tranquillement, sans pousser les chevaux que les deux aigrefins mènent leur monture pour trouver l'endroit parfait pour passer la nuit. Thadea met pied à terre et s'empresse de retirer les sacoches de Brusque et de lui retirer son caparaçon. Encore une fois, Mordekaiser approuve l'emplacement, mais le reste de ses suppositions agace un peu l'aigrefine. S'il sait monter à cheval, pas de doute qu'il sait s'en occuper. Les aigrefins, pour la plupart, s'occupent eux-même de leur monture. Tandis qu'elle termine de retirer l'armure de Brusque, elle répond à Mordekaiser.

- C'est possible que je sache mieux que toi, mais tu le ais sans doute aussi. Retire le superflu de ton cheval et installe ton coin pour dormir. Je m'occuperai de mon cheval et de mon coin. Elle lève les yeux vers le ciel. Il ne semble pas vouloir pleuvoir. Mieux vaut ne pas s'encombrer des tente et tout le gréement qui va avec. S'il se met à pleuvoir, on avisera.

Brusque libre de son armure, aussitôt que Thadea le relâche, s'éloigne pour aller se balader. Elle le laisse faire. Il reviendra. Elle en profite pour jeter un coup d'oeil autour. Elle se demande si c'est vraiment nécessaire de ne pas faire de feu. Thadea aime le feu... mais pour le moment, elle ne dit rien. Elle verra quand il fera nuit noire.

Thadea avait refusé que son subordonné s'occupe seul des chevaux en suivant ses ordres au fur et à mesure. D'un hochement de tête, Mordekaiser acquiesça. Il avait déjà passé près d'une semaine dans le château et c'était la première fois qu'il rencontrait un Aigrefin qui ne le considérait pas comme un sous-homme. Il n'allait pas s'en plaindre. Ainsi, il se mit au travail sans un mot et défit la scelle de son cheval, puis retira méthodiquement le mords et les rennes. Une fois la monture libre, elle comprit d'elle même qu'il était enfin venu le temps de se reposer. Elle s'allongea péniblement sur le sol, le souffle encore court et les yeux brillants.

Mordekaiser sortit de sa sacoche un grand bol qu'il déposa devant la bête avant de le remplir de l'eau de sa gourde. déposa quelques carottes à proximité du récipient pour permettre à Dave de se restaurer après avoir fourni tant d'efforts. Enfin, il s'occupa de lui même, déliant son armure lourde pour la disposer de manière ordonnée sur le sol. Sous son équipement lourd, Mordekaiser avait revêtu une chemise blanche à l'origine mais que le temps et la sueur avait rendue crème ainsi qu'un pantalon de toile brune et grossière.

Après avoir jeté un coup d’œil à sa supérieure, il déposa le sac contenant les vivre entre lui et l'endroit qu'elle avait choisi pour s'installer. L'homme sortit ensuite de son sac une couverture épaisse qu'il déposa non loin de son armure et de ses armes. Le confort spartiate ne lui était d'aucune gêne. Après tout, il avait passé plus de dix ans assis sur les pierres salles et glacées de la prison abandonnée dans les ruines du château de Naturalia, anciens quartiers des Chevaliers.

Quelques minutes avaient passées et le ciel s'était déjà revêtu de sa robe obscure. Mordekaiser s'assied en tailleur sur la couverture dans laquelle il avait prévu de dormir et accorda un regard à sa supérieure.

"Thad, ça fait combien de temps que tu bosses pour les Aigrefins ?" Demanda t-il non seulement par curiosité mais aussi par intérêt.

Il aurait aussi voulu lui demander d'où elle venait, mais il jugea cette question déplacée pour l'heure car si par malheur elle la lui retournait, il ne saurait quoi répondre. Ses souvenirs lui indiquaient qu'il avait autrefois fait partie de l'ordre des Chevaliers. Déjà, ce n'était pas le genre de choses qu'il fallait raconter à un Aigrefin et surtout pas à un supérieur ; ensuite ces souvenirs étaient si lointains et confus qu'il n'était même pas sûr qu'ils correspondent à la réalité.

Mieux vaut que Thadea s,occupe seule de sa monture. Mordekaiser semblait avoir un certain avenir, du moins dans la bande des Siderea, ce serait donc dommage qu'il perde un bras au profit de Brusque. Le cheval n'aimait pas les étranger, mais il tolérait leur proximité, jusqu'à une certaine limite. Il n'a pas vraiment le choix, mais quand on s'approche trop près, c'est très douloureux, voir handicapant. C'est pour cette raison que si Brusque est isolé des autres chevaux, il l'est aussi des autres aigrefins. Les Siderea arrivent à l'approcher tant bien que mal, mais avec les autres aigrefins, c'est risqué. Très risqué. Le box de Brusque était dans les écuries de Wallace, parce que Wallace est un Siderea. L'indomptable actuel comprent l'intérêt de garder Brusque à cause de sa puissance et que le nourrir est facile, mais ça le contrarie vachement que ce soit Thadea qui en ait hérité. Elle est une femme et en plus, c'est une Siderea. Les aigrefins Siderea sont doués, mais les autres aigrefins les considèrent comme des faux aigrefins, puisqu'ils s'acoquinent trop facilement avec les mages noirs de leur famille. L'indomptable considère les Siderea comme des fauteurs de troubles qu'il faut garder à l'oeil.

- Donne lui un demi-sucre que Ted t'as donné, ça le requinquera un peu, du moins assez pour qu'il se lève pour aller brouter un peu.

Thadea s'installe à son tour, un peu plus loin de Mordekaiser, surtout pour éviter que Brusque ne l'accroche par un bras au passage si jamais Mordekaiser venait à entrer à l'intérieur de la frontière invisible autour de Brusque. Elle sait que la prudence voudrait qu'il restent tous près l'un de l'autre, du moins pour se protéger des bêtes sauvages, mais Brusque est une bête sauvage qu'elle seul peut contrôler. Le risque est plus grand pour Mordekaiser d'être près de Brusque que loin de Brusque. Et puis bon, Mordekaiser n'était surement pas sans défense. En plus, les bêtes de Wallace sont bien levées, ce qui assure une protection de plus.

- Je me met loin pour te protéger de Brusque. Mieux vaut pas t'en approcher si je ne suis pas là. Dave et les chevaux de Wallace ont été élevé pour renâcler quand quelqu'un ou quelque chose s'approche. Ça nous permet de dormir un peu la nuit.

Il commence à faire sombre et Brusque est toujours un peu plus loin. Il doit avoir faim, puisqu'il renifle le sol. Thadea le laisse aller, elle sait qu'il reviendra bientôt s'il ne trouve rien. S'il trouve quelque chose, il reviendra après avoir mangé. La situation n'est pas assez critique pour empêcher Brusque d'avoir sa liberté habituelle. On lui a accordé cette liberté il y a plus de 200 ans, ce serait bête de la lui retirer. Et depuis 200 ans, il reste fidèle. Du coup, y a pas à s'inquiéter. La question de Mordekaiser au sujet du nombre d'année qu'elle est aigrefin la fait sourire. Elle semble prendre quelques secondes pour réfléchir et compte sur ses doigts.

- Ça fait... ça fait... un, deux, trois... depuis toujours, lance-t-elle en haussant les épaules. Mais elle prend tout de même le temps de s'expliquer. Tout le monde le sait de toute façon, mieux vaut qu'il le sache dès le départ. Mon père est aussi aigrefin. Il s'appelle Theophilus Siderea, mais tout le monde l'appelle Theo. Wallace est mon frère aîné, Ted, est mon cousin et Randy c'est le frère cadet de mon père. C'est mon oncle. Nous sommes les seuls Siderea à être aigrefin. Nous venons de Malificium. Les Siderea sont à la base des Mages Noirs. Nous sommes une branche unique d'aigrefins aussi liés à des mages noirs. Elle prend un air sérieux. Quand je t'ai dit plus tôt qu'on s'habituait d'être un dingue eh bien c'est parce que nous sommes proches des Mages Noirs, nous ne sommes pas très appréciés. Heureusement, nous sommes doués en quelque chose de particulier et on cogne fort, alors nous sommes encore en vie.

Elle sourit et hausse les épaules. Il l'aurait du un jour ou l'autre, mieux vaut que ce soit maintenant. Il peut bien en penser ce qu'il veut, elle est une Siderea et elle le restera.

Lorsque Thadea demanda à Mordekaiser d'administrer un demi sucre à Dave, Mordekaiser s'exécuta sans poser la moindre question bien qu'il se doutait que cette substance ne contenait pas seulement du sucre. Ensuite, l'Incendiaire expliqua à son confrère la raison pour laquelle elle s'était éloignée de lui et aussi celle pour laquelle elle avait refusé qu'il s'occupe également de Brusque. Ne doutant pas de la véracité de la chose, l'homme acquiesça d'un hochement de tête. Une fois que les deux aventuriers se furent installés, la conversation s'instaura.

Thadea raconta à son subordonné les raisons qui l'avaient poussée à devenir Aigrefin ainsi que quelques anecdotes concernant sa famille. Le guerrier l'écoutait attentivement avec un sourire discret. Nombre de personnes qu'ils avaient croisées plus tôt dans la journée étaient des Siderea, tout comme Thadea. Cette jeune femme avait suivi la voie de son père comme l'avait fait Mordekaiser à l'époque où il portait encore le nom de Garen Stark. Teophilius avait des raisons d'être fier de sa fille.

Le récit de sa supérieure rappela à l'homme son passé de Chevalier ; ce qui lui rappela à son tour qu'il n'avait jusque là pas eu beaucoup de chance. Mordekaiser avait été abandonné par ses anciens confrères y compris par son père pour avoir été suspecté d'un crime qu'il n'avait pas commis. Lorsque l'ordre de la Rose Rouge avait décidé d'emprisonner le jeune homme au fin fond d'une ruine, il n'avait que vingt ans et son père n'avait pas émit la moindre protestation. Où était-il désormais ? A quoi occupait-il ses journées ? Pensait-il toujours à son fils ou l'avait-il définitivement oublié pour la cause de son Ordre ? Le croyait-il mort ? C'était autant de questions que l'Aigrefin (qui l'était devenu faute de mieux) se posait.

Pendant une fraction de seconde, le visage de l'homme perdu dans ses pensées se tordit d'une fureur enfouie. Il n'avait aucune réponse à apporter à toutes ses interrogations, mais une chose demeurait certaine : quand l'heure sera venue, il serait fin prêt et prendrait sa vengeance sur tous ceux qui l'ont déchu. Son père, ou plutôt, Garen l'Ancien, ne ferait pas exception à cette règle.

Soudain, comme revenant de très loin, Mordekaiser se rendit compte qu'il était allé suffisamment loin dans ses pensées pour que Thadea se rende compte de son absence. Il lui accorda un sourire franc puis s'allongea en mâchant machinalement ce qu'il trouvait dans le sac de toile contenant les vivres. Il avait à peine mangé mais il senti rapidement la faim s'évanouir.

"Bonne nuit." Avait-il dit à sa supérieure en fixant la cime des arbres au dessus de lui.

Thadea ne perçut pas grand chose de la réaction de Mordekaiser. Ni dégoût, ni intérêt. Une écoute polie, mais sans rien relever. Elle ne sait pas trop si elle doit s'en méfier ou non. Sur le coup, elle préfère lui laisser le bénéfice du doute. Elle verra avec les événements comment elle doit le prendre. Pour le moment, c'est bien parti, mais tout peut changer si rapidement. Thadea a l'habitude de se retrouver à cinq contre le monde des aigrefins en entier. C'est pas la mer à boire. L'indomptable actuel est plutôt correct en son genre, bien qu'il n'aime surtout pas voir débarquer des Mages Noirs au Château Abandonné. Alors souvent, ce sont les Aigrefins qui prennent congé pour se rendre à Malificium. Mais il n'aime pas ça non plus. Il n'aime pas grand chose en fait. Il voudrait que tout tourne autour de lui, mais ce n'est malheureusement, enfin pour lui, pas le cas. Au contraire, les Siderea ont l'habitude de faire un peu tout pour le contrarier. Évidemment, les Siderea sont doué dans l'aigrefinerie, ce qui complique un peu les choses pour l'indomptable, mais évite beaucoup de malheurs aux Siderea. Mais bon, ça ne leur épargne aucunement les désagréments.

- Bonne nuit, répond elle, prenant pour acquis qu'elle fait le premier tour de garde.

Tout ça reste en suspend, le temps que Thadea termine de s'installer. Elle étend sa cape grise avant d'y poser sa couverture. Elle n'aime pas que sa couverture touche le sol, contrairement à sa cape qui se salira de toute façon. Elle place le tout, puis finit par se relever et de s'épousseter. Camper sans un feu la rend nerveuse. Elle n'en avait pas l'air jusque là, parce qu'elle était occupée. Maintenant qu'il ne lui reste qu'à dormir, le feu lui manque. Elle serre les lanières de ses brassards. À défaut de feu, ils sont essentiels. Mais ce serait bien un feu. Mais ils sont trop près. Elle le sait.

- J'vais faire une ronde, dit-elle en vérifiant si Funeste et Fatal sont bien au fourreau.

Mordekaiser ne savait pas si sa supérieure avait remarqué la profonde perplexité dans laquelle il s'était inconsciemment et progressivement plongé. Si cela était la cas, elle le garda pour elle. Cela valait probablement mieux : l'Aigrefin n'aurait su quoi répondre si elle lui avait posé des questions sur son passé à ce moment là. C'était en partie la raison pour laquelle Mordekaiser considérait qu'il n'avait pas de passé. Les évènements auxquels il avait pu participer avant son long séjour en prison étaient ceux auxquels le dénommé Garen Stark le Jeune avait participé. Garen Stark ayant été enterré par Mordekaiser lui-même, il s'était résolu à croire que son passé ne faisait plus partie de sa vie.

Thadea avait souhaité la bonne nuit à son subordonné qui n'avait écouté que d'une oreille. Lorsqu'elle ajouta qu'elle était sur le point de partir pour une ronde, l'homme lui répondit d'un air grave et distrait :

"Compris, je te relèverai dans une heure."

La nuit passa sans incident malgré le malaise dans lequel se trouvait l'Incendiaire de ne pas avoir pu faire de feu à cause de la proximité avec les ennemis. C'était la première fois que Mordekaiser partait en mission et par conséquent, même s'il connait tout de la théorie des rondes, il eut grand mal à l'appliquer et manqua par quelques fois de s'endormir à force de trop penser mais en Aigrefin déterminé à faire honneur à l'Ordre qui l'avait probablement sauvé, il tint bon et ménagea ses efforts avec ses temps de repos pour être toujours prêt à être réveillé par sa consœur et respectait ses temps de ronde, faisant parfois quelques minutes de zèle quand Thadea dormait encore et que lui avait perdu la notion du temps.

Le point du jour ne tarderait plus à se montrer, le voile obscure de la nuit se déchirant peu à peu pour laisser place à la lumière pâle et violacée du petit matin. En quelques minutes, Mordekaiser qui avait jugé s'être suffisamment reposé se préparait, vérifiant les réglages des sangles de son armure qu'il avait du défaire pour s'asseoir sur une pierre sans que ses côtes ne soient brisées par l'acier. Dave avait un peu plus tardé à se réveiller que son cavalier temporaire, devant récupérer des efforts qu'il avait fait la veille.

"Je crois que nous sommes prêts, je ne vois vraiment pas comment ils pourraient s'attendre à ce qu'on leur tombe dessus." Dit l'Aigrefin.

Elle prend le temps de faire sa ronde, Elle fait un large cercle au tour du camp, discrètement, tentant de voir à travers les arbres si elle ne verrait pas l'endroit qu'il devront atteindre le lendemain matin. Elle ne voit rien, mais c'est possible, ils sont plus loin qu'elle avait prévu au départ. Mais Wallie ne lui pardonnerait pas de ne pas lui ramener une bête, même si elle lui explique qu'il a été un brave cheva et qu'il a fait tout ce qu'il pouvait. Wallie tient à tous ses chevaux comme Thadea tient à Brusque. Malheureusement pour son aîné, ses chevaux n'avaient pas droit de la part de tous les aigrefins d'autant de considération. Elle dira à Wallie que Mordekaiser a bien prit soin du cheval. C'est lui qui a demandé à s'arrêter. Mieux vaut pour Mordekaiser de ne pas avoir un Siderea à dos dès le début. De toute façon, le nouveau finira bien par choisir son camp.

Elle revient vers le camp et elle l'atteint en même temps que Brusque. Il a du sang sur les naseaux, il a du chopé un truc à manger. Elle comptait bien lui faire manger un type ou deux le lendemain, mais mieux valait qu,il mange un peu ce soir, en effet, au moins il sera moins belliqueux. La nuit se déroule sans encombre, pas le moindre trucs à signaler. Elle n'a même pas vu un lièvre ou quoique ce soit d'animal dans le coin. Ça s'explique peut-être par la proximité de Brusque, mais bon.

L'aube se pointe et elle laisse Mordekaiser se préparer bien avant qu'elle ne montre signe qu'elle est réveillée. Brusque, comme chaque fois qu'elle dort à la belle étoile, est venu se coucher derrière elle et elle a passé les dernières heures au chaud. Elle n'ouvre les yeux que lorsque Brusque se met à bouger. Lui, qu'il y ait du mouvement autour, ça l'agace. Elle s'étire paresseusement.

- Je vais faire l'éclaireur, voir si le chemin est libre.

Elle se lève d'un bond, elle remet son plastron, mais laisse tomber le reste. Ça ira mieux pour faire l'éclaireur avec moins de poids. Elle fait l'aller retour en peu de temps, en plus de s'autoriser un moment d'intimité dont les détails n'ont aucune importance pour la suite. Quoiqu'ils en auraient peut-être eu si elle ne se l'était pas autorisé... enfin bref. Elle revient rapidement et bizarrement, elle ne charge pas les sacoches de Brusque sur le dos de l'animal. Elle lui remet son attirail, mais elle cale les sacoches non utilisées près d'un arbre et les dissimule sous es feuilles. Elle reviendra les prendre en passant. De toute façon, elle ne doute pas que Brusque aura beaucoup d'avance sur les chevaux. Sinon, elle reviendra les chercher plus tard. De toute façon, il n'y a rien de très précieux. Du matériel. C'est tout.

- C'est une bonne question, en effet. Mais je me doute que puisque nous avons incendié sa maison de Malificium, il doit savoir que nous allons revenir. Alors s'il est le moindrement paranoïaque, ils nous attends à chaque instant.

Tranquillement, sans se presser, Thadea resserre les sangles de ses brassards, et de ses jambières avec méthode et précision. Thadea se prépare à l'affrontement et elle en fait presque un sérieux rituel. Elleenfile ses épaulettes et les sangle aussi. Elle ne regarde pas Mordekaiser, comme si sa présence était parfaitement invisible. Elle ne s'adresse à lui que lorsqu'elle claque de la langue pour faire venir Brusque à elle. L'animal accourt aussitôt et renâcle de contentement. Il s'ébroue semble d'attaque.

- Donne un ou deux sucre à Dave. Il en aura bien besoin pour le retour, mieux vaut lui doner une dose d'avance et lui en donner une autre en arrivant chez notre ami.

Elle grimpe sur Brusque et celui-ci se cabre, question de montrer qu'il est ravi de repartir. Elle laisse Mordekaiser monter en selle.

- Le dernier arrivé fait le sale boulot ! le nargue-t-elle.

Et elle s'élance dans le chemin menant à leur cible.

Thadea avait mis un certain temps à se lever et à se préparer mais le détail explicatif de cette situation n'échappa pas à la nouvelle recrue. Tous les faits et gestes de l'Incendiaire était coordonnés à ceux de sa monture, comme si plus qu'un simple lien, une osmose s'était installée entre eux. Mordekaiser avait jeté des regards obliques et discrets à sa supérieur pour rendre compte de ce phénomène surprenant puis, lorsqu'elle fut fin prête, suivi ses directives, acquiesçant d'un signe de tête à ses mots. Toujours sans comprendre ce que pouvait être cette substance, l'Aigrefin en administra une unité à Dave qui la dévora sans retenue. Imitant sa comparse, le guerrier dissimula ses effets qui ne lui serviraient pas au combat dans un buisson.

Une fois les cavaliers bien en place sur leurs monture, Thadea lança une sorte de défi à son subordonné avant de partir au galop. Surpris, l'homme prit quelques secondes de retard puis finit par lancer Dave à la poursuite de Brusque. Rapidement distancés, Mordekaiser et Dave ne perdirent pas courage et parvinrent à ne pas perdre l'Incendiaire et sa monstrueuse monture de vue, arrivant toutefois bien après ces dernières sur un chemin bordé par la lisière de la forêt, tout près du Lac.

Il devait y avoir une habitation de fortune dissimulée quelque part par là. Instinctivement, l'Aigrefin fit le silence complet et fit ralentir Dave jusqu'à ce que le bruit de ses sabots battant le sol ne gêne plus à l'audition d'autre bruits qui s'étaient voulus discrets. L'Aigrefin n'entendit rien dans un premier temps mais rapidement, deux énormes molosses se mirent à aboyer furieusement avant d'être vomis par les arbres feuillus.

D'un geste précis, Mordekaiser qui s'était attendue à ce genre d'accueil, tira son arbalète de son emplacement, à sa jambe gauche et visa l'un des chiens tandis qu'une multitude de minuscules sphères d'ombre apparurent autour de son arme.
Dès que le chien qui se ruait sur lui fut suffisamment près, l'Aigrefin décocha son tir et tous les projectiles de ténèbres fusèrent dans une large zone autour du chien, le criblant. L'homme n'était pas habitué à tirer à cheval et pour cette raison, la grande majorité de ses projectiles manquèrent leur cible, néanmoins plusieurs d'entre eux touchèrent l'animal, le faisant rouler à côté de lui tandis qu'une trainée de sang se répandait sur son passage.

"Il n'est pas mort, c'était pas assez pour..." Commença Mordekaiser avant qu'une flèche ne vienne se loger au beau milieu de son dos.

Le cavalier chuta de sa monture, s'écrasant lourdement sur le sol. A la surprise du tireur, il se releva tant bien que mal et brisa la flèche plantée au travers de son armure. Il ne préférait pas imaginer ce qui se serait passé s'il n'avait pas utilisé son pouvoir de peau d'acier pour prévenir d'une attaque par surprise et s'il n'avait pas porté d'équipement lourd. Certes il était blessé, mais ce n'était rien à côté de la souffrance qu'il aurait ressentit sans ses deux protections.

L'Aigrefin pointa du doigt la cime de l'arbre d'où était provenue l'attaque, la silhouette d'un rôdeur embusqué se profilant.

"Il est là bas !" Fit-il à sa supérieure, oubliant presque les deux chiens à quelques mètres d'eux.

Le rôdeur n'était sans doute pas seul, d'autres mercenaires ou membres de la famille de leur cible devaient s'attendre à leur arrivée. Dans tous les cas, Mordekaiser savait qu'après l'échec de leur première offensive, leurs opposants ne se risqueraient pas à gâcher une seconde attaque pour comprendre ce qui avait sauvé l'Aigrefin d'une mort certaine. La prochaine cible serait donc Thadea. L'adrénaline montait en l'héritier maudit comme jamais, c'était donc cela, se battre pour la Rose Noire.

Brusque avale la distance comme il le ferait avec un morceau de cuisse bien dodue. Avec avidité. Il écrase la terre sous ses sabots comme si elle n'avait que peu d'emprise sur lui. Il est pourtant soumis à la même gravité, mais sa force le rend aussi agile qu,un paquebot. Une fois lancé, il est difficile de l'arrêter. Thadea détecte pourtant la lisière de la forêt et elle y met un frein. Oui, parce que ce n'est pas très prudent de se présenter toute seule chez ce mauvais payeur. Brusque s'arrête à la lisière de la forêt et renâcle et piaffe. Il est prêt au combat. Il hume l'air ambiant et piaffe au moment ou Mordekaiser arrive.

Thadea évalue déjà la situation. C'est une ferme, il n'y aura rien de plus facile à cramer. Quelques personnes marchent sur le terrain. Mais ils sont sans doute es employés. Elle se demande combien de gros bras ce mauvais payeur a sous la main. Des cheins se mettent à aboyer et Thadea détourne Brusque qui sent déjà le repas approcher. Elle préfère qu'il ne s'attaque pas tout de site aux chiens. Les chiens, c'est toujours dangereux. Mordekaiser s'attaque à l'un d'eux avec son arbalète. Excellente idée avant qu,il n'arrive sur les chevaux. Des sphères d'ombres prennent forme autour du carreau et elles fusent vers le chien, le touchant et s'enfonçant dans sa peau. Thadea ne peut s'empêcher d'émettre un hochement de tête satisfait. Bien, très bien. Il est doué ce bleu, dit-elle avant qu'il ne reçoive une flèche dans le dos. Ah les lâches ! Mais bon, elle ne s'attendait pas à mieux. Dommage pour sa recrue, mais elle ne se fera pas tirer dessus à cette hauteur. Elle déteste les lâches qui attaquent de loin. C'était visiblement un coup de semonce, car il ne tire pas une seconde fois. Thadea regarde Mordekaiser se relever, douloureux, mais il se relève.

- C'est ça le sale boulot, le nargue-t-elle.

Le temps que le tireur place une autre flèche, elle envoie Brusque vers l'arbre où il est embusqué et Brusque, bousculant douloureusement un chien se met à asséner de violents coups de sabots sur l'arbre.

- Allez, descend, je ne te ferai pas de mal. Tu ne sentiras rien, je te le promet, annonce-t-elle d'un ton qui n'a absolument rien de rassurant.

L'arbre oscille dangereusement et durant un moment, le tireur embusqué doit se tenir à l'arbre pour ne pas tomber. Ça laisse un moment de répit, jusqu'à ce qu'il en perde son arc court et qu'il se retrouve quatre mètres plus bas dans l'arbre, sans bouger. Thadea l'abandonne et Brusque piétine l'arc. Ça lui apprendra à tirer dans le dos des gens. Elle revient vers Mordekaiser qui se retrouve à faire face aux chiens. Mais il n'est pas seul, le brave Dave tient les chiens en respect avec ses sabots. Il n'est certes pas aussi fort que Brusque, mais il en a déjà frappé un qui n'ose pas trop rapprocher s'il ne trouve pas d'ouverture.

Arrivant par derrière, Thadea, sur le dos de Brusque, surprend les chiens. Enfin, c'est surtout Brusque qui surprend un des chiens en l'attrapant par la peau du coup et en le secouant comme un prédateur le ferait. Le chien couine et tente d'attraper le cheval, mais il se heurte au chanfrein de métal. Brusque se cabre, tenant toujours le chien entre ses dents. L'autre, déjà blessé, ne sait plus trop sur qui se jeter. Il opte pour ce qui lui apparait le moins menaçant, Mordekaiser.

Devant la réaction violente de Thadea à l'attaque du rôdeur dans le but de neutraliser ce dernier, Mordekaiser s'efforça de ne pas tenir compte de sa remarque, après tout, il avait tout de même failli y passer. Les démonstrations de force des deux chevaux, malgré leur virulence, ne furent pas suffisantes pour retenir les deux chiens simultanément. En voyant la bête blessée se relever pour l'attaquer, l'Aigrefin se hâta de charger un nouveau carreau sur son arbalète, craignant de ne pas pouvoir utiliser deux fois de suite son pouvoir de contrôle des ombres.

Habilement, il tendit son bras en direction du molosse mais trop tard, le chien monstrueux s'était déjà jeté sur lui et l'avait fait tomber à la renverse. Faisait rempart de l'avant bras au bout duquel se trouvait son arbalète, Mordekaiser évita cependant d'être touché à la tête. D'un coup de pied exécuta avec une force surhumaine, le mastodonte parvint à renverser le chien déjà affaibli. D'un puissant coup de poing de sa main libre, il lui brisa les côtes et la gerbe de sang dans un profond couinement qui émana de sa gueule témoignait d'organes internes broyés.

Avec un sadisme qui lui était inconnu, l'Aigrefin n'eut aucune hésitation à achever la bête d'un carreau tiré à bout portant en pleine tête. Ensuite, l'homme se redressa et entreprit de recharger son arbalète avant de se rendre compte qu'un homme aussi imposant que lui avait déboulé de la lisière de la forêt muni de deux épées rouillées pour s'attaquer à lui. Le guerrier préféra donc son épée lourde à son arme de jet.

Dès que son opposant fut à portée, le chevalier maudit engagea un grand balayage évité d'un pas de retraite par le nouvel arrivant. Mordekaiser avait laissé une grande ouverture et l'individu en profiter pour s'y engouffrer, visant le guerrier au visage pour ne pas se heurter à ses protections.
En se baissant un peu maladroitement, l'Aigrefin parvint à s'en tirer avec un blessure superficielle sur le haut de la tête. Satisfait de pouvoir contre-attaquer, l'homme asséna à son adversaire un violent coup de pied au niveau de l'estomac, utilisant son épée plantée dans le sol pour ne pas être déséquilibré par le poids de son équipement.

Le fermier fit un rouler boulé dans un cri de douleur, un sourire mesquin se dessina sur le visage de l'Aigrefin avant qu'il ne se rende compte qu'une demi douzaine des alliés de l'homme avec lequel il venait de croiser le fer se ruaient vers la zone de combat armés de fourches, de faucilles et autres instruments qu'il était peu recommandé de se recevoir en pleine face. Ces hommes là étaient bien trop nombreux et ils submergeraient les deux cavaliers et leurs montures en un rien de temps. Il fallait donc prendre l'initiative de les éliminer en masse avant même qu'ils ne puisse se disperser et attaquer individuellement.

"Thadea !" Appela Mordekaiser en pointant du doigt la petite foule qui courrait en poussant des hurlements de bataille.

L'odeur du sang emplissait les narines du guerrier tandis que le liquide en question coulait sur son visage. Si l'Incendiaire faisait un temps soit peu attention, elle se rendrait compte que son subordonné était méconnaissable, animé d'une volonté sanguinaire qu'on ne lui aurait pu soupçonner.

Ah, oui, décidément, Monsieur Mauvais Payeur les attend de pied ferme. Et du coup, Thadea se dit que deux aigrefins, c'était peut-être un peu juste pour le faire payer. Il en aurait fallut au moins trois autres pour bien faire les choses. Visiblement, il a beaucoup d'amis... ou alors, il les paie cher. Elle penche surtout pour la seconde option, mais c'est stupide, parce qu'à ne pas vouloir payer les aigrefins, ça lui coûte encore plus cher. Question de principe avait-on murmuré à ce sujet. Ah bon ? Quels principes ? Non, vraiment, ce type est vraiment un imbécile. Elle s'arrangera pour le ruiner complétement. Elle va incendier tout ce qui lui appartient. Tant pis s'il ne paie pas, il n'aura plus rien.

Brusque n'a pas encore lâché le chien, mais celui-ci est mort, pas de doutes à avoir là-dessus. Ou alors il n'est pas fort. La dentition surprenante de Brusque en travers le corps y est pour beaucoup. Thadea n'aime pas qu'on la prenne de revers. Et ça, ces fermiers armés d'outils qui n'ont rien à voir avec les affrontements, c'est très par revers. Et c'est très dangereux, ils ne savent même pas comment s'en servir. Ils risquent plus de dommage qu'elle et Brusque. Funeste en main, elle ne va pas laisser Mordekaiser les tabasser tout seul. Ils risquent de l'étouffer sous les cadavres qu'ils auront eux-même fait de ceux qui les précèdent. Non, le meilleur moyen, c'est de les devancer. Brusque fonce dans le tas, comme un dit, et Thadea repousse de Funeste les armes qui s'approchent trop de Brusque.

- Remonte en selle immédiatement, Kaissy!

C'est un ordre, y a pas de doutes. Elle lui a trouvé un surnom plus facile à appeler en cas d'urgence que Mordekaiser. C'est un joli nom, original et tout, mais c'est très long à prononcer. Kassy c'est mieux. Ils ne vont quand même pas rejoindre la ferme en courant une demi douzaine de fermiers aux trousses. Elle égorge de la lame dentelé un type qui s'est trop rapproché et le sang qu'il projette sur ses compagnons les refroidis un peu. Ils semblent se rendre compte que c'est dangereux. Ils gardent leur distances, parce que Funeste est une arme dangereuse. Brusque se cabre et envoie un coup de sabot dans la poitrine d'un autre type. Il s'effondre et il est tiré en arrière juste avant que Brusque ne lui écrabouille la carcasse. Thadea est encore très douce dans son affrontement. Ils ne sont que des fermiers après tout. Elle fait faire demi tour à Brusque et attrape par la dent du milieu une fourche qui passe trop près de son visage. Y mettant une force soutenue, elle repousse la fourche vers le bas, enfonçant le manche dans l'abdomen du fourcheur. Ça lui apprendra.

- Assez jouer, dit-elle avant d'asséner un puissant coup de pied au premier qui approche du côté opposé à Funeste, on a du boulot.

Brusque se cabre et frappe des sabots encore quelques types avant de leur rentrer dedans pour passer. Pour li faire de la place, Thadea brandit Funeste au niveau des têtes, ou plutôt des cous.

Sans se faire prier d'avantage, l'Incendiaire arriva à la rescousse sur le dos de Brusque et repoussait les uns après les autres les assaillants. Dans le feu de la bataille, la jeune femme cria l'ordre à son subordonné de remonter en scelle. Un instant, l'Aigrefin sembla se décomposer, peinant à croire ce qu'il venait d'entendre. L'air hébété, son hésitation prit une seconde.

"Kai...ssy ?" Répéta t-il en murmurant avant de s'exécuter, pressé par l'homme aux deux épée qui se relevait.

Le guerrier arma d'un geste adroit son épée lourde et attendit que Dave ne se lève au plus haut sur ses pattes arrières pour impressionner son adversaire. En guise de riposte, l'homme tendit ses deux armes au point de chute supposé de l'animal. A ce moment précis, Mordekaiser abattit son épée dans le vide, devant son adversaire. L'ombre de la lame se matérialisa alors pour aller heurter de tout son long le corps de l'ennemi qui s'effondra dans une gerbe de sang. C'était là l'une des techniques secrètes dont disposait l'Aigrefin, à savoir utiliser la lenteur apparente d'une arme pour en faire une attaque de plus longue portée et surtout bien plus rapide.

L'héritier maudit ne pouvait confirmer que son opposant avait succombé à ses blessures mais une chose était sûre : il lui serait impossible de poursuivre le combat dans ces conditions. Fort de sa victoire, le cavalier ordonna à sa monture de se lancer à la suite de Thadea et exécutait de larges moulinets de sa lame pour chasser les ennemis soit désarmés par sa supérieure soit déjà affaiblis par cette dernière. Le sang coulait à flot et celui de Dave en faisait partie. Le cheval n'avait pu devancer une attaque au flanc et le trait sanglant d'une faucille s'était dessiné sur lui. Malgré tout, il tenait bon.

Une dois au bout de l'allée, Mordekaiser se retourna. Il ne restait plus qu'une poignée d'ennemis en vie néanmoins une autre charge était nécessaire pour les mettre hors d'état de nuire. Confiant, l'homme accorda un regard sanguin à sa supérieure.

"Prête ?" Demanda t-il en attendant le signe de lancer l'assaut.

C'est alors que l'Aigrefin remarqua que le rôdeur qui les avait attaqué en premier était finalement descendu de son arbre et qu'il avait sortit une arbalète de secours semblable à celle de Mordekaiser mais dans un modèle moins encombrant. Depuis le bout du chemin la direction visée par le bras tendu était évidente, et c'était Brusque.

Décidément, ça ne se passe pas comme elle a prévu et ça la contrarie fortement. Elle s'attendait à ce qu'il affronte en pleine face sa dernière chance de payer, mais ça n'est visiblement pas le cas. En plus, il envoie ses employés de faire massacrer à sa place. Oui, ça lui aura couter plus cher de ne pas les payer. Quel imbécile. S'il croit que les aigrefins vont laisser tomber comme ça. Les aigrefins n'avaient pas perdu grand chose, sauf du temps à la poursuivre. Récupérer la somme valait encore la peine, mais pour le mauvais payeur, il avait déjà dépassé la somme.

un coup d'oeil à Kaissy, il s'en tire plutôt bien, mais Dave est blessé. Hum. Wallie ne sera pas très content. Pourquoi on ne lui a pas mit de caparaçon ? Certains aigrefins narguait parfois les chevaux de Wallace, parce que Wallie tenait à ce que ses chevaux soient recouvert d'un caparaçon. Les aigrefins boudaient cette protection sous prétexte que ça leur donnait l'air de filles en jupe. Étrangement, on ne narguait que les chevaux de Wallie et on évitait de provoquer Thadea au sujet de Brusque. Thadea défendait Brusque comme une mère défend ses petits et Brusque lui rendait l'appareil. Mais les chevaux de Wallie n'avaient rien à voir avec Brusque.

Elle se dégage de la foule et s'éloigne, assez pour qu'ils hésitent à la poursuivre, leur regard passant des morts ou des agonisants à la guerrière. Est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Étaient-ils payés assez chez pour se faire tuer ? Est-ce que leur veuve et leurs orphelins, ou leur vieille maman, auront-ils un montant d'argent assez substantiel pour survivre ? Ils avancent tout de même, sauf un qui définit que ça ne vaut pas la peine et il se pousse en vitesse. Sage décision, il vivra plus longtemps.

Pas la peine de s'énerver, ceux qui restent sont moins belliqueux qu'à leur arrivée. Se faire écraser par les sabot d,un cheval, c'est pas ce qu'il y a de plus glorieux comme mort. Thadea compte souvent beaucoup sur ce genre de comportement pour ne pas tuer tout le monde. Gaspillage de talents, estime-t-elle quand il s'agit de tuer des gens qui n'ont aucune technique de combat. Sauf lors des raid, mais le plus souvent, elle se contente de mettre le feu et elle le fait très bien. Du coup, quand Kaissy lui demande si elle est prête, elle tourne Brusque en direction de la ferme, tournant le dos aux fermiers, prête à s'élancer, mais elle perçoit le regard de Kaissy se tourner vers l'orée du bois. Elle tourne la tête et voit aussitôt le tireur embusqué qu'elle a désembusqué plus tôt. Il boite, mais son bras est tout de même droit et fort. Comme si ça pouvait protéger Brusque, Thadea tend la main vers le tireur dans l'ombre du sous bois. La suite se passe aussi rapidement qu'un carreau décoché. Il tire, on entend bien la corde qui se détend, mais on entend aussi un claquement sec avant que le tireur ne pousse une exclamation douloureuse avant de se jeter à terre. Visiblement, le carreau a rebondit sur on ne sait quoi, juste à quelques mètres de lui et la pointe s'est retournée comte lui. Est-ce que lui est bien payé ? Bonne question.

On ne touche pas à Brusque. Thadea assomme un fermier arrivé trop près d'un coup de pied et elle lance Brusque sur le chemin qui descend à la fermet. Oui, elle est prête. Au grand mots les grands moyens. Il ne veut pas payer ? Il reste bien caché chez lui ? Eh bien elle va le faire sortir. Elle range Funeste au fourreau et frotte ses brassards l'un contre l'autre. Une étincelle devient flamme au bout de ses doigts. Elle s'approche de du bâtiment principale de la ferme et lance une gerbe de flammes à travers les volets ouverts. Plus question de jouer maintenant.

- Allez, Tory chéri ! Montre-toi !

Visiblement, elle a fait mouche à travers les volets, touchant quelque chose d,inflammable, parce que le feu se déclare.

A la grande surprise de Mordekaiser, le carreau que le tireur avait décoché prit une trajectoire plus que singulière avant de se retourner contre lui. Le guerrier connaissait à peu près tous les dysfonctionnements qui pouvaient survenir du à l'utilisation d'un engin comme celui-ci, mais il n'avait jamais rien vu de tel. Il soupçonna sa supérieure d'être à l'origine de ça. L'heure n'était cependant pas à chercher des explications mais plutôt à se concentrer sur la mission qui avançait à grands pas. Thadea utilisa son pouvoir pour enflammer la ferme tandis que Mordekaiser tenait à distance le peu qui restait de leurs opposants. A chaque fois que l'un d'entre eux s'approchait de trop près des Aigrefins, il le visait pour l'inciter très fortement à reculer, ce que chacun fit.

Le temps passait et les flammes grandissaient, pourtant, la cible ne sortait toujours pas de sa cachette. Le guerrier prit une seconde de réflexion puis sauta du dos de Dave, visiblement très pressé. Sa peau se recouvrit d'un liquide grisâtre qui finit par se solidifier pour le protéger et il se précipita dans la ferme en flammes en en enfonçant la porte d'un coup de pied ravageur.

Rien ni personne à l'intérieur ne montrait signe de vie et tandis que la chaleur des flammes venait happer Mordekaiser, celui-ci repéra une porte grande ouverte au fond de la pièce dans laquelle il se trouvait. En un instant, il comprit : leur cible avait fuit par derrière pendant le combat, sans doute juste après l'incendie. Thadea devait certes maitriser ses pouvoirs, mais l'homme ne doutait pas qu'un feu de forêt allait bientôt se déclarer. Il fallait donc agir avant que toute chance de retrouver leur cible ne soit consumée par les flammes.

Mordekaiser se précipita à l'extérieur de l'habitat pour se retrouver à l'extérieur. L'acier qui le recouvrait disparut aussi mystérieusement qu'il était apparut, laissant de douloureuses traces de brûlures sur le visage du guerrier. Inutile de préciser que son manteau avait été entièrement rongé par le feu. Il entendait malgré le grondement des flammes les sabots d'un cheval s'éloignant de lui.

D'un sifflement, il appela Dave et attira l'attention de sa supérieure. Il bondit habilement sur sa monture en déployant une force colossale pour ne pas être gêner par son armure une fois que le cheval eut fait le tour de la demeure et se lança dans la direction du galop en hurlant à Thadea de le suivre pour couvrir le bruit de l'incendie.

Quelques secondes plus tard, l'Aigrefin vit se dessiner sur la bordure du lac la silhouette d'un cheval monté d'un petit homme encapuchonné. C'était leur cible, il n'y avait nul doute là dessus. Dave était plus rapide que la monture du mauvais payeur et ce sans doute grâce à la substance que la supérieure de Mordekaiser avait emprunté à l'homme d'écurie.

Pour être sûr de ne pas perdre leur objectif de vue, le guerrier visa droit devant lui avec son arbalète, prenant de longues secondes de concentration pour ne pas être déséquilibré de trop par le galop de Dave.

Le coup partit pour s'enfoncer dans la jambe du cheval poursuivi, à une petite trentaine de mètres du groupe de cavaliers noirs. Mordekaiser avait visé le dos de la cible principale mais toucher sa monture n'était peut-être pas plus mal. Au moins, il avait eu le soupçon de chance qui avait convenu. La bête et son cavalier s'effondrèrent en soulevant un nuage de poussière.

"On le tient !" S'écria l'Aigrefin sans freiner Dave le moins du monde avec pour projet sadique de charger ses ennemis cloués au sol.

Rien ne bouge dans le bâtiment principal. Rien du tout, sauf peut-être les flammes qui font éclater quelques vases. Elle fait le tour du bâtiment, avant d'aller voir si elle ne pourrait pas le trouver dans un autre bâtiment. Elle met le feu à une remise puis continue de tourner autour des bâtiments. Bon sang, avait-il mis les voiles juste avant leur arrivée ? Comment aurait-il pu savoir qu'ils approchaient ? Durant la nuit ? Non, ils avaient été prudents, c'était impossible, ou presque. Kaissy et elle devaient mettre la main dessus. La première fois, il était parti en avance. Cette fois, c'était impossible. Certes, ils devait les attendre, mais il n'avait pas pu filer avant qu'ils n'arrivent. Non, Torrigan ne peut pas être bien loin. Elle revient vers l'avant, pour prévenir Kaissy qu'ils vont fouiller les bois mais quand elle voit Dave, elle ne voit que Dave. Où est Kaissy ? Il était juste derrière elle..

- Kaissy ?

Elle jette un regard aux fermiers et ils fixent la maison en flammes. Eh oui, c,était un peu leur chez eux et tout partait en flammes et en fumé. Magnifique n'est-ce pas ? Mais ça n'explique pas où est Kaissy. Elle contourne les bâtiments, toujours sur le dos de Brusque, mais elle ne le voit pas, jusqu'à ce qu'il siffle et l'appelle. Oh, bon sang, il est vivant. Elle aurait été contrariée de perdre une recrue si rapidement. Elle revient rapidement vers l'endroit d'où il l'a appelé et elle s'élance à sa suite et constate alors son état. Mais où a-t-il bien pu se mettre durant tout ce temps ? À l'intérieur de la maison ? L'est malade ! Qu'est-ce qu'il s'amusait à faire là ?

- Mais t'étais où ?

Aucune réponse, il ne l'écoute pas. Bah, c'est pas grave, mais il va avoir froid plus tard. Et c'est pas dit que Rdhek sera content de devoir lui fournir un autre manteau. Radhek est radin, c'est bien connu. Et comme les aigrefins sont beaucoup à l'argent, eh bien Radhek doit fournir l'uniforme, autrement, comme on connait les aigrefins, ce serait n'importe quoi. Thadea le suit, Brusque avalant les distances, mais sans dépasser Dave , puisqu'elle ne retient. Brusque n'aime pas trop cette idée d'être relégué au second rang. Elle ne voit pas tout de suite la silhouette, puisque Kaissy est devant elle. Mais il tire avec son arbalète et elle entend le hennissement douloureux d'un autre cheval. Parce que que ce n'est pas Dave. Un nuage de poussière juste devant, elle se dit que Kaissy a touché sa cible. Elle aimerait bien voir avant qu'il ne soit trop tard. Elle réussit par entrevoir celui que Kaissy chasse et, jackpot, c'est ce cher Torrigan !

- Le tue pas maintenant ! Faut qu'il paie avant !

Elle espère bien que Kaissy se contrôle, autrement, ils vont devoir tout vendre le peu qu'ils tireront des cendres. Bruque prend l'avance nécessaire pour nuire à la course de Dave et à quelques mètres, Thadea met pied à terre.

- Bon matin Tory chéri ! Tu pars quand nous arrivons, c'est dommage ! Elle marche vers lui. Ça ne prendra que quelques minutes, le temps que tu me donnes ce que tu nous dois, et quand on aura réglé nos comptes, nous repartirons.

Elle semble si invitante.

Thadea et Brusque se rapprochèrent de Mordekaiser à une vitesse hallucinante et lui coupèrent la route pour ne pas qu'il aille piétiner le mauvais payeur par l'intermédiaire de Dave. Le cheval poussa un grand hennissement en se cambrant. Pour ne pas tomber à la renverse, l'Aigrefin du le tirer sur le côté et pivota en suivant sa supérieure du regard. Il eut un rictus mauvais mais avait fini par comprendre pourquoi l'Incendiaire l'avait stoppé dans sa folie meurtrière. Le guerrier prit un court instant pour reprendre ses esprits et se calmer en regardant la jeune femme descendre de sa monture pour aborder l'individu. Lorsqu'elle eut fini de lui parler, l'Aigrefin descendit à son tour de son cheval pour s'approcher tranquillement vers l'homme au sol et sa monture qui se débattait en poussant des hennissements pitoyables, ne parvenant pas à se relever à cause de sa blessure.

"Je n'ai pas de quoi payer ! Vous avez détruit tout ce que j'avais ! Pourquoi vous ne me laissez pas tranquille à la fin ?!" Répliqua le vieil homme au bord des larmes, submergé par la peur.

La botte de fer de Mordekaiser vint littéralement aplatir le bras droit du surnommé Tory dans un craquement horrifiant. La victime poussa un hurlement à réveiller les morts qui fit s'envoler les rares oiseaux cachés dans les arbres et qui n'avaient pas fui à la déclaration de l'incendie deux cent mètres derrière eux.

"C'est pas ce qu'on veut entendre ! Crache ton or ou on te torture avant de te trainer devant nos supérieurs. Je préfère t'avertir, tout ce qu'on pourra te faire ne sera rien à côté du traitement qu'ils te réservent." Déclara l'Aigrefin avec une autorité malsaine qu'il s'ignorait.

Le vieil homme pleurait désormais et ne parvenait pas à articuler le moindre mot parce qu'il était en état de choc. Devant son mutisme, le mastodonte dégaina son épée lourde et la planta avec violence dans le sol juste à côté de Tory, entaillant profondément la joue de ce dernier en prenant soin de ne pas lui infliger une blessure mortelle.

"Ce truc est plutôt lourd tu sais ? Si je recommence je ne peux pas te promettre que je ne te pèterai pas une cervicale."Informa l'héritier Evans pour effrayer d'avantage la cible. Après tout, n'était-ce pas ce qui leur avait été demandé à Thadea et à lui-même ?

Produisant un effort suranné, le vieil homme retrouva la parole, surmontant sa peur pour garder auprès de lui ses maigres chances de survie.

"Prenez le cheval, et ma bourse, c'est tout ce qui me reste. Vous ne tirerez rien en me vendant et puis s'il y a des survivants parmi les mercenaires que j'ai engagé vous pourrez toujours les revendre comme esclaves." Se défendit-il.

Mordekaiser jeta un œil au cheval en question qui tentait toujours de se relever avec les plus grandes peines du monde, chacune de ses tentatives se soldant par une nouvelle chute douloureuse.

"Il est blessé et indiscipliné, il se revendrait encore moins cher que sa scelle." Railla l'Aigrefin avant de réfléchir à la deuxième phrase de Tory.

"Attends... tu es prêt à réduire en esclavage tous ceux qui t'ont rendu service pour préserver ta misérable existence ? Tu es pire qu'un chien. Adieu, Tory."

Fit le colosse le plus froidement du monde en rechargeant d'un seul geste son arbalète avant de la pointer vers le visage de l'homme sanglotant. S'il n'avait même plus de quoi les payer, il ne pourrait plus demander les services des Aigrefins, le laisser en vie serait donc un non sens. Un instant, Mordekaiser eut une absence. Son regard était dénué de toute compassion et l'instinct meurtrier était tout ce qui subsistait. Ce n'était pas comme cela qu'il avait été élevé, en réalité, le revirement de comportement était tel qu'on aurait pu se demander s'il était lui-même. Son propre sang ruisselait toujours sur son visage. La douleur des brûlures et l'odeur du sang le plongeaient dans un état second. Un grand sourire malsain au possible se dessina sur ses lèvres.

"T'en penses quoi, Thad ?" Demanda t-il d'une voix pensive.

Non, les jérémiades de Torrigan, ce n'est pas ce qu'elle veut entendre. Le laisser tranquille ? Il veut blaguer, hein ? Le contrat a été remplis avec efficacité et précision, comme le sont presque tous les contrats des aigrefins. Ils avaient fait exactement ce qui leur avait été demandé. Mais Torrigan avait ensuite refusé de payer la seconde moitié de ce qui était du. Radhek devient très en colère quand des clients ne paient pas. Radhek aime les pièces sonnantes et trébuchantes. Radhek sait compter et il connaît la valeur des choses. Torrigan avait tenté de les rouler et ça n'avait pas plut à Radhek. Il devait maintenant payer le prix.

Thadea laisse Mordekaiser prendre les choses en mains. Ou plutôt en pied. Le craquement des os de Torrigan est horrible. Décidément, cette recrue a du potentiel. Les menaces de Mordekaiser font aussi un bel effet sur Torrigan. Peut-être pas celui escompté, parce qu'il aurait été plus amusant qu'il les nargue, mais quand même, Thadea imagine bien le plaisir de Radhek jouant aux fléchettes sur Torrigan. Un nain jouant aux fléchettes étaient plutôt incongru, mais le duergar était nul de toute manière. Mais bon, si ses tirs étaient imprécis, ils avaient une puissance considérable. Thadea laisse Mordekaiser mener les choses, parce qu'il se débrouille à merveille. Lisser mener les opérations par un petit nouveau ne lui pose aucun problème. Faut bien qu'elle voit comment Kaissy se débrouille. Et il s'en sort admirablement.

- Ce que j'en pense ? Elle fait mine de réfléchir, consciente que l'attente rend Torrigan dingue, en plus de la souffrance physique. J'en pense qu'il nous ment depuis le début, puisque ce qu'il a engagé, c'est pas des mercenaires, ce sont des fermiers qui protègent leurs biens. C'est pas chez lui, ici. On n'est que deux, si les "mercenaires" en question sont vivant, ils vont se tirer avant qu'on revienne. Il dit vrai pour un truc par contre. On ne tirera rien à le vendre. Il est trop gras et ses vêtements valent plus cher que lui, dit-elle en le détaillant avec un mépris évident. Par contre, à ce que je sache, il a une jolie et jeune épouse depuis que nous avons réglé l'épineux problème de la première et à mon souvenir, il avait aussi 2 filles de son précédent mariage et un fils aussi. D'eux, par contre, on pourrait tirer un bon prix, qui devraient couvrir une bonne partie de nos honoraires. Elle eut un rictus des plus mesquin. Notre Chef serait ravi d'avoir vos deux filles à son chevet toutes les nuits.

Bien que déjà pâle à cause de la douleur que lui avait infligé Mordekaiser, Torrigan semble pâlir d'une teinte de plus.

- J'en pense que nous allons effectivement prendre sa bourse, dit-elle en venant détacher la bourse de cuir d'un coup de Fatal, qu'elle lui plante en pleine cuisse, mais que lui, il ne sert à rien.

Sa conclusion est sans appel.

Dans un premier temps, Thadea analysa la situation et apporta à Mordekaiser de nouveaux éléments qu'il n'aurait pas soupçonné et qui eurent pour effet, en plus de provoquer sa grande surprise, de le ravir. Selon l'Incendiaire, Tory aurait deux filles qui devaient être des femmes ou presque. A l'évidence, cet homme était fauché comme les blés et s'il n'y avait plus rien à tirer de lui, deux charmantes demoiselles feraient surement l'affaire du chef des Aigrefins. Le guerrier maudit eut un gloussement mauvais qui dégénéra malgré lui en un puissant rire sordide. D'ordinaire presque taciturne ou en tout cas discret autant que possible, Mordekaiser était méconnaissable.

"Deux filles ? J'ignorais ! Mais que voilà une heureuse nouvelle qui change la donne, n'est-ce pas Tory ?" Observa le combattant en fixant le visage du persécuté.

Le vieil homme était au bord du gouffre. Aucun recours ne s'offrait à lui. Non seulement il avait été dépossédé de tout ce qu'il avait par la Rose Noire, mais de plus on allait s'en prendre à sa famille : ses deux filles qui représentaient sans l'ombre d'un doute les deux seules choses qu'il n'avait jamais aimé. Devant tant de cruauté, Torrigan était terrifié. Ses pleurs avaient cessé pour laisser place au plus grand dégoût. Cela était peu-être cher payé pour la somme qu'il avait détournée mais on ne dupait pas la Rose Noire. L'homme réalisa enfin que tout ce chaos aurait pu être évité s'il avait allongé quelques piécettes supplémentaires.

"Non, tout ce que vous voulez, mais pas mes petites. De toute façon, je ne vous dirai jamais où elles se trouvent." Supplia t-il avec froideur pourtant.

"On sait Tory, on sait. Mais on se démer**ra sans toi, la Rose Noire finit toujours par trouver ce qui l'intéresse, la preuve on a bien fini par te tomber dessus." Ajouta Mordekaiser faussement désolé.

Sans la moindre hésitation, l'Aigrefin activa le mécanisme de tir et le carreau vint sans détour se planter au beau milieu du front de Torrigan. Le chevalier déchu ne lui avait même pas laissé le temps de prononcer une dernière parole. Il s'était contenté de l'abattre froidement. Le contrat stipulait que Thadea et lui-même ne devaient pas tuer leur cible mais il précisait aussi que c'était dans l'espoir que la Rose Noire soit de nouveau rémunérée par lui. Dans sa jeunesse, l'ancien aspirant Chevalier avait beaucoup lu, il avait donc nécessairement appris à lire entre les lignes. Torrigan ne possédait plus rien. Il aurait donc été inutile de le laisser vivre. Et puis, ils s'étaient donnés tant de mal pour l'attraper que ce carreau en pleine tête valait tous les savons du monde. Enfin, l'Incendiaire avait implicitement donné l'ordre à son subordonné de l'exécuter.

Avec nonchalance, Mordekaiser mit son arbalète vide sur son épaule en contemplant son œuvre. Soudain il adressa un regard complice à Thadea.

"Que devons nous faire ? Aller chercher ses filles si tu sais déjà où elles sont ?" Demanda t-il.

L'incendie qui gagnait peu à peu sur la lisière de la forêt attira l'attention de l'homme. Les hautes flammes dansant dans les arbres les illuminaient.

"On va peut-être pas traîner." Commenta t-il avant de se rendre compte qu'un détail le chiffonnait.

L'Aigrefin attendit que sa supérieure retire son arme du cadavre avant d'empoigner ce dernier par le visage et de le balancer de toutes ses forces et d'une seule main dans l'étant. Sous l'effet de la force surhumaine du cruel héritier maudit, le corps fit un véritable vol plané avant d'atterrir bruyamment dans le lac. Quelques secondes plus tard, le cadavre remonta à la surface en empourprant l'eau environnante.

"Je suis prêt. A tes ordres." Acheva t-il.

Tandis que Torrigan gémit de douleur et mesure toute la portée de son malheur, Thadea ouvre la bourse et compte les pièces, tranquillement, sans se presser. Mordekaiser semble s'amuser de la situation et il nargue Torrigan qui a l'air si misérable. Il l'est. Torrigan est un misérable personnage qui s'est prit les pattes dans son propre merdier, patauge en ce moment dedans jusqu'au cou et qu'il va bientôt s'y noyer. Il mériterai pire, comme sort, mais les mauvais payeurs sont exécutés sans vergogne. Pensait-il vraiment s'en sortir vivant ? Même s'il avait payé, son temps était compté.

L'aigrefine aime bien le style de Mordekaiser. Froid, mécanique. Il aime tuer et ça lui plaît de voir la détresse de Torrigan, ça se voit. Il a ça dans le sang, visiblement. Pas de doutes, c'est un aigrefin. Thadea est un peu de ce genre. Mais Thadea n'aime pas les effusions de sang. Elle ne dépèce pas ses victimes et ne les éventre pas par plaisir. Elle aime tuer froidement. Elle aime les affrontements sanglants, mais pas trop. Elle aime donner la mort, mais pas nécessairement être recouverte du sang e sa victime. Elle n'est pas une Bloody Mary qui se baigne dans le sang des gens. Mais elle apprécie pourtant l'odeur métallique du liquide vermeil. Celui des autres, en tout cas. Et c'est vrai que c'est encore plus agréable quand elle le fait couler elle-même. Mais elle préfère encore plus quand elle fait couler le sang d'un autre tandis qu'ils s'affrontent furieusement.

- T'inquiète, le feu, c'est mon truc.

Mais l'attention de Thadea se reporte sur l'incendie. Une vraie merveille. Elle récupère Fatal et essuie le sang sur le propre manteau de Torrigan. Elle range Fatal au fourreau. Elle ne répond pas immédiatement aux questions de Mordekaiser, comme si elle réfléchissait aux questions et qu'elle tentait d'en découvrir les réponses. Pourtant sa réflexion est toute autre. Mordekaiser fait effectuer son premier et dernier vol à Torrigan. Il atteint l'eau dans une gerbe d'eau assez grandiose. Thadea se permet d'applaudir l'exécution. Oui, vraiment, elle aime son style spectaculaire. Il ne fait rien pour rien, c'est bien, ça. Par contre, la suite la contrarie quelque peu. Elle arrête de marcher et elle se plante devant Mordekaiser et agite Fatal devant sa figure. .

- Écoute Kaissy, arrête avec tes "à tes ordres" à tout moment. Parfois, j'ai l'impression d'entendre un chevalier et crois-moi, les chevaliers, avec nous, ils font pas long feu. Et puis, c'est agaçant, garde-ça pour Radhek, lui il aime bien ces trucs, mais n'en abuse pas.

Elle reprend le chemin, sans remonter à cheval tout de suite, mais elle siffle quand même Brusque qui s'est éloigné. Elle attend que le cheval soit à côté d'elle pour se remettre à parler, tout en ne cessant de jouer avec son couteau.

- Si j'étais Torrigan, où je cacherais ma jolie et jeune épouse ?

Thadea semblait satisfaite de la conduite de son subordonné. Ce dernier en tira un sourire satisfait. A vrai dire, lorsqu'il avait rencontré l'Incendiaire, il n'avait su que trop mal comment lui plaire. Au final il s'était contenté de faire ce qui lui passait par la tête et avait fait mouche. Cette première mission, bien qu'elle ne fut pas entièrement achevée à cet instant, se présentait plus que bien. Pourtant, la jeune femme ne manqua pas d'exprimer son mécontentement au guerrier lorsqu'il faisait preuve d'une subordination trop appuyée. Mordekaiser avait du se tromper quelque part car il pensait que les Aigrefins aimaient quand ceux sous leurs ordres ne se croyaient pas supérieurs à eux. A l'évidence il s'était trompé et à l'avenir il se contenterait de faire des observations uniquement lorsque Thadea le lui demanderait. Ce trait était sans doute le seul vestige de son ancienne vie dont il aurait à cœur de se débarrasser dans les plus brefs délais. Ainsi, il n'avait rien répondu aux menaces de l'Incendiaire et s'était contenté de se remettre en scelle. En se penchant, il examina la blessure de Dave et lui administra un sucre comme Thadea le lui avait demandé avant qu'ils n'attaquent.

A la question qu'avait formulé l'Aigrefine, l'héritier maudit resta un long moment perplexe. A vrai dire, il n'était pas Torrigan et heureusement pour lui. Pour cette raison, deviner où il avait bien pu envoyer sa femme et ses filles lui demanda un effort considérable. Jouant de sa logique, il fit partager à sa supérieure sa réflexion.

"Eh bien... A sa place, je serais complètement fauché. Je n'aurais donc aucune résidence secondaire où les cacher. Ce type ne pouvait sans doute pas les laisser partir à leur gré en leur donnant un peu d'argent parce qu'il n'en avait pas. Le seul endroit où j'aurais pu les cacher c'est chez un ami, ou du moins la personne la moins indigne de confiance que je connaisse. Tu saurais pas avec quel genre de tocard il faisait souvent affaire ?" Demanda t-il enfin.

Machinalement, le mastodonte rangea son arbalète à sa cuisse en repensant au petit incident qui avait eu lieu quelques instants plus tôt. Il se rappela aussi que Thadea comptait parmi ses confrères beaucoup de membres de sa famille et elle lui avait dit qu'ils étaient considérés à raison comme des marginaux par les autres Aigrefins. L'homme considéra donc qu'il était compréhensible qu'elle affirme son caractère particulier. Il ne risquait pas de lui en tenir rigueur car s'il avait pu le faire lorsqu'il était Chevalier pour prouver aux autres qu'il était loin d'être aussi faible qu'ils ne voulaient bien le penser, il l'aurait fait peu importe le moyen. En tout cas, ils étaient prêts à partir si Siderea avait un cap à leur donner.

Tout en revenant vers la ferme ravagée par les flammes, Thadea attache la bourse de Torrigan à son flanc. Ça fera quand même un petit apport à la dette du défunt mauvais payeur. Mais elle sent bien que quel chose cloche. Mais c'est sans parlé qu'elle remarque que ses reproches envers Mordekaiser ont laissé celui-ci perplexe. Il se contente de ne pas répondre. C'est une bonne réponse en son sens, mais c'était beaucoup plus un conseil qu'une menace. Pour elle, c'était seulement agaçant. Elle n'aimait pas ceux qui étaient trop obéissant et encore plus ceux qui affirmaient un à vos ordres mais qui n'en faisaient au final qu'à leur tête. Thadea jette un oeil vers la ferme en flamme et à ses habitants qui tentaient en vain d'éteindre les flammes. Il ne restera pas grand chose de toute façon, alors à part empêcher la forêt de cramer également, la chaine de seaux ne sert à rien. Mais bon, mieux vaut les laisser s,occuper, ils porteront moins leur attention sur eux. C'est toujours pratique le temps de se pousser avant que les victimes ne se révoltent. Thadea n'aime pas les victimes révoltées. Elles font n'importe quoi.

Mordekaiser répond à la question, à savoir, s'il était Tory chéri, où aurait-il caché son épouse. Il y répond en toute logique, mais sa réponse ne satisfait pas Thadea. Du moins, pas tout à fait. Quelque chose cloche, elle le sent, mais elle n'arrive pas à mettre le poing dessus.

- En effet, cet endroit est le dernier qui lui appartenait. Et c'est ici qu'on l'a trouvé. Mais je ne vois pas son épouse. À moins qu'elle soit caché quelque part, dit-elle, ne parlant visiblement que de l'épouse et omettant les deux filles. Un sous-sol peut-être sous la maison... non, Torrigan devait se douter que nous allions incendier la place... nous l'avons menacé de le faire et nous l'avons fait.

L'air pensif, elle grimpe sur le dos de Brusque avec la visible intention de s'en aller tout bonnement. Et c'est ce qu'elle fait. Tranquillement, sans se presser, elle s'éloigne de la ferme incendiée par le même chemin qu'ils ont prit pour arriver. Mais visiblement, elle ne craint pas cette fois d'être poursuivie. Torrigan est mort. Les aigrefins n'ont pas les pièces manquantes et elle ne sait pas où est sa femme et ses filles. Quelque chose ne colle pas.

- Dis, Mordekaiser, si tu avais une jolie et adorable épouse, que tu avais des dettes envers les aigrefins, si ceux-ci avaient incendié ta maison à Malificium et que tu savais qu,ils te chercheraient jusqu'au bout du monde... n'aurais-tu pas songé à mettre ton épouse en sécurité et avec de quoi survivre ?

Suite au raisonnement de son subordonné, Thadea prit le temps d'émettre ses propres objections. Selon toute vraisemblance, elle ne partageait pas l'opinion de Mordekaiser quant à l'éventuelle cachette de la femme et des filles de Torrigan. Elle en profita donc pour exposer son analyse à l'Aigrefin qui l'écouta sans broncher. Les deux hypothèses tenaient la route et il semblait qu'ils allaient devoir vérifier les deux successivement voire en formuler d'autres jusqu'à toucher à leur but. La jeune femme proposa ensuite à l'héritier maudit une nouvelle base de réflexion en lui demandant d'une façon nouvelle ce qu'il aurait fait à la place de Torrigan. Un long moment, il resta perplexe. Il était éventuellement envisageable que par quelques subterfuges l'homme ait réussi à doter sa famille de quoi subsister, cependant, selon cette hypothèse leurs nouvelles cibles pouvaient se trouver n'importe-où sur Nel Beraid à moins que l'Incendiaire n'ait un plan pour les localiser.

Après avoir passer un certain temps à formuler ce qu'il allait dire et de quelle manière, le guerrier de la Rose Noire finit par répondre avec la plus grande sincérité :

"Je ne sais pas Thadea, je n'ai pas de famille et il s'avère que tous les attachements que j'ai pu avoir étaient viciés et vains. Il est donc impossible pour moi de faire de telles suppositions. Sur ce point là nous sommes au antipodes l'un de l'autre. Toi qui as une famille, qu'en penses-tu ?" Lui dit-il pour lui retourner la question en quelques sortes.

Toutefois, pour ne pas laisser sa supérieure se débrouiller toute seule, il reconsidéra les nouvelles idées qu'elle avait avancées en montant une nouvelle réflexion tandis que l'incendie gagnait peu à peu du terrain sur eux et le reste de la forêt. Thadea n'avait pas l'air d'en être particulièrement inquiète et à ce titre Mordekaiser ne l'était pas non plus. Elle maîtrisait le feu et saurait donc bien mieux que lui à quel moment la situation deviendrait catastrophique malgré les efforts des mercenaires pour éteindre son œuvre.

"Sérieusement, je n'ai aucune idée d'où elles peuvent se trouver si ce n'est chez un collaborateur de Tory. Mais toi qui avait l'air de le connaître un peu mieux que moi, tu disposes peut-être d'autres éléments." Observa t-il.

L'Incendie et le Givré ; la suite. Thadba16

Si Thad lui pose la question, c'est qu'elle ne connaît pas la réponse. Ou alors qu'elle veut valider une réponse qu'elle a peut-être ou pas du tout. Ils sont deux, mieux vaux explorer en pensées toutes les pistes qui peuvent s'offrir à eux. Elle écoute par contre la non réponse de Mordekaiser avec attention. Sa réflexion n'est pas plus bête que la sienne. Après tout, outre l'effet que la possibilité de donner ses filles en guise de paiement a répugné Torrigan, rien n'affirme qu'il ne sont pas en mauvais terme. Après tout, même si ce n'est pas de reconnaissance publique, Torrigan était poursuivi par les aigrefins pour non paiement final du meurtre de sa première épouse. Les aigrefins sont des mercenaires qui n'ont que très peu de scrupules, mais les meurtres d'épouses ou d'époux étaient à une époque devenu chose tellement courante qu'ils avaient finit par fixer un prix exorbitant si la raison du meurtre était égale ou moins grave que "il/elle a gâché ma vie". Si les gens arrivaient à y mettre le prix, les aigrefins étaient au moins assurés que l'effort serait au moins amusant.

Thadea dévisage Kaissy un moment, l'air d'analyser ses paroles.

- Si je m'attirais volontairement des problèmes et qu'on me menaçait de toucher à ma famille, si elle est innocente évidemment, ce qui dans mon cas n'est pas une question à poser, je suppose que j'essaierais d'éliminer mes problèmes, un à un si possible. Mais éliminer les aigrefins un à un, c'est du suicide... Torrigan n'a pas choisit les bonnes personnes à flouer. Torrigan était un sale petit escroc, du coup, ses collaborateurs, il en compte par dizaine... mais de là à ce que ses collaborateurs protègent ses biens... je ne sais trop... ils auraient voulu avoir leur part de ce qui reste de Torrigan et sa famille n'aurait pas eu grand chose au final...

Elle continue d'avancer, la mine pensive. elle remarque que ça fait plusieurs fois que Brusque tourne la tête vers l'arrière. Elle tourne la tête à son tour et remarque la blessure de Dave. Elle secoue la tête et tst tst tst de désapprobation. Bon, ils doivent s'éloigner un peu, par prudence et ensuite soigner Dave. Wallie ne sera pas content si elle lui ramène une bête infectée. Brusque ne se fait que rarement blesser. Sa peau est raide et coriace. Elle se doute que les écailles y sont pour quelque chose. Ça lui permettra aussi de réfléchir à la méthode de pensée de Torrigan. A-t-il vraiment tout perdu ?

- Peut-être les-a-t-il laissé à quelqu'un de sa famille, avec ce qu'il avait de plus en pièces que cette bourse. À ce compte, ce sera difficile de se faire payer. Mais pas impossible.

Oui, bon, après avoir perdu la vie, il est fort probable que Torrigan ait tout perdu. Mais ses filles et son épouse actuelle ?

- Et ne te fais pas d'illusions. Les aigrefins ne sont pas une grande famille. Si tu cherches des attachement qui ne sont ni viciés ni vains, tu n'es pas dans la bonne voie. Et ne te rapproche surtout pas de notre Chef. Il aime bien voir ses meilleurs éléments s'affronter et s’entretuer. Les recrues aussi, d'ailleurs.

L'Incendie et le Givré ; la suite. Thadba17