Au réveil, l'Aigrefin avait remarqué que le lit de Cirdan avait fini par céder sous son poids. Avec un rire discret moqueur, le guerrier observa que le Nomade aurait sans doute mieux fait de suivre ses conseils. Après ce petit interlude, les deux hommes se préparèrent et partirent en direction du Temple Oublié. Ce n'était pas exactement le genre d'activité que Mordekaiser avait prévu pour cette journée avant de rencontrer Cirdan mais la proposition qu'il lui avait faite l'avait convaincu de changer ses plans puisque à vrai dire, il n'en avait pas. S'en suivit probablement l'une des plus longues marches que le guerrier aurait à faire de sa carrière. Les deux combattants étaient partis à l'aube pour arriver à destination sur les coups de midi. La connaissance des lieux de l'Aigrefin n'était que trop imparfaite et de ce fait il ignora les raccourcis qui se présentèrent ça et là aux deux aventuriers, préférant s'en tenir à l'itinéraire qu'il connaissait vaguement.


Non mécontents d'arriver sur place, les aventuriers prirent un court instant pour faire une halte juste devant le temple. Il aurait probablement été malvenu de se lancer dans cet endroit sombre et très mal famé sans récupérer de leur long voyage au cours duquel la communication entre les deux jeunes gens fut particulièrement lacunaire. Malgré la satisfaction de l'héritier maudit d'être enfin arrivé, il ne poussa pas pour autant de soupire de soulagement en découvrant l'aspect sinistre des ruines. Il s'était attendu à ce genre de décor mais n'avait pas imaginé qu'il aurait été aussi sordide. Le temps s'était couvert de sa robe moutonneuse et grisâtre sans compter que les nuages noircis par endroits menaçaient de faire gronder la foudre.


"Un Aigrefin ne sens jamais les choses, il est prêt, voilà tout. Si j'ai appris une chose depuis que je sers la Rose Noire, c'est celle-là." Avait répondu Mordekaiser à l'interrogation de son camarade avant de dégainer son épée lourde et d'en maintenir la garde sur son épaule.


Après avoir contemplé un peu solennellement les ruines, les deux aventuriers téméraires y pénétrèrent. Dès lors, une étrange impression les envahis. Certaines tâches de sang sur le sol et l'autel étaient encore fraîches, un sacrifice devait donc avoir eu lieu dans la nuit. Cependant, un autre élément étrange attira l'attention du Chevalier déchu : ils avaient traversé toute l'allée principale bordée de colonnades en morceau jusqu'à arriver à l'autel et ils n'avaient été accueillis par rien ni personne, même pas par le couinement d'un rongeur qui se serait aventuré là un peu comme eux sans savoir précisément ce qu'il cherchait et où le trouver.


"On dirait que quelqu'un est passé par là il y a peu, je n'aime pas ça." Observa l'Aigrefin.


"Les catacombes sont au niveau inférieur ; quelque part sous ces tas de ruines il doit y avoir une trappe. Si je devais cacher un trésor ici c'est au plus profond des entrailles du temple que je le ferai, personnellement." Ajouta t-il avant de rechercher le dit accès.


D'une seule main et parfois en utilisant sa force surhumaine ou avec une forte pression du pied, l'héritier maudit dégagea les endroits assez encombrés par les pierres pour dissimuler une trappe. Il fallut un bon moment aux deux aventuriers pour couvrir toute la surface du niveau principal puis Mordekaiser repéra un endroit déjà dégagé que Cirdan inspectait. Pourtant, il ne l'avait pas entendu déplacer les lourdes embuches qui gênaient le passage à cet endroit.


"On dirait que t'as trouvé." Lança l'Aigrefin.


Après avoir laissé un blanc il ajouta :


"En-dessous de toi."


Le Nomade marchait en réalité sur la trappe qu'ils recherchaient depuis un bon moment déjà.

Le pressentiment de Mordekaiser s'avéra être fondé lorsque Cirdan remarqua que la trappe avait déjà été forcée. Quelqu'un d'autre était déjà venu ici peu de temps avant eux. Peut-être cherchaient-ils la même chose et peut-être même étaient-ils encore à l'intérieur. L'Aigrefin n'aimait vraiment pas cela, mais il allait falloir se presser pour rattraper leur retard sur leurs concurrents bien qu'ils ignorent qui et combien ils étaient. Les deux hommes avaient néanmoins un avantage considérable : ils savaient qu'ils n'étaient pas seuls.


Sur l'initiative du Nomade, les aventuriers pénétrèrent les souterrains du temple. Comme dans la quasi-totalité des souterrains, il faisait noir, très noir. L'héritier maudit se frappa sur le front de sa main libre en se reprochant intérieurement de n'avoir pas pensé à ce genre de détails. Il jugea que si Cirdan lui posait la question, c'était que lui non plus ne savait pas avec quoi ils allaient bien pouvoir faire une torche.


"Si j'avais de quoi faire une torche j'aurais sans doute déballer le matériel avant d'entrer." Observa l'Aigrefin.


S'en suivi un instant pesant de silence durant lequel les deux jeunes gens se cherchaient dans le noir dans pourtant bouger trop brusquement. Tant qu'ils n'y verraient pas plus clair, ils resteraient bloqués.


"On fait quoi maintenant ?" Demanda l'Aigrefin à son employeur pour briser le silence.


Avant même que le Nomade ne puisse répondre, des pas se firent entendre depuis l'extérieur du temple. Quelqu'un s'approchait. S'en suivit des voix d'abord incompréhensibles. C'est alors que Mordekaiser sembla stupéfait. Il fallait qu'il entende de nouveau l'un des hommes qui avait parlé pour savoir s'il divaguait ou si ses craintes avaient une raison d'être.


"Les gars auraient du revenir depuis deux jours. Soit ils se sont perdus dans les souterrains, soit ils ont fait une très mauvaise rencontre." Dit l'un tandis que les pas se rapprochaient de la trappe.


"Entendu, mais qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ? Et qu'est-ce que c'est que cette odeur épouvantable ?" Demanda l'autre, plus autoritaire.


Le guerrier maudit avait reconnu cette voix. Il s'agit de celle de Gurip, un ancien camarade de Mordekaiser lorsqu'il était aspirant Chevalier. Il ne l'avait jamais beaucoup aimé bien que ce fut l'un des seuls qui ne le méprisaient pas. La seule chose qui inquiétait le combattant, c'était que même avant son emprisonnement, il respectait Gurip pour sa ténacité, sa discipline et surtout son grade. En effet, il n'en était pas au début de sa carrière et selon toute vraisemblance il n'avait pas pris de repos pendant l'emprisonnement de Mordekaiser.
Instinctivement, l'Aigrefin tira Cirdan par le bras et dut tâter les murs pour ne pas se fendre le crâne dans sa course furtive. Lorsqu'il trouva un couloir, Mordekaiser s'y dissimula avec son équipier. La trappe s'ouvrit brusquement.


"Désolé Monsieur, je me suis perdu pour venir jusqu'au temple et l'homme à qui j'ai demandé mon chemin m'a renverser son verre dessus." Expliqua le moins gradé des deux que l'Aigrefin ne connaissait pas.

"Retirez-moi cette horreur immédiatement." Ordonna Gurip.


Le subordonné retira alors son manteau et le laissa tomber au sol sans la moindre contestation. Il ne devait pas être mécontent de se débarrasser du vêtement collant et puant qui recouvrait son armure pour dissimuler son appartenance à l'ordre des Chevaliers pendant qu'il était à Malificium.


Les deux hommes allumèrent leurs torches et passèrent l'épée à la main dans un couloir voisin de celui dans lequel les deux aventuriers s'étaient cachés. De leur place ils n'avaient pas pu les voir, mais la torche de Gurip projeta son imposante ombre sur le mur juste en face d'eux. Après un long moment pendant lequel Cirdan et Mordekaiser pouvaient entendre les pas des nouveaux arrivants s'étouffer, l'Aigrefin poussa un soupire de soulagement.


*Je l'ai toujours trouvé terrifiant, ce type, il ne s'est pas arrangé.* Remarqua t-il pour lui même avant de remonter au niveau zéro du temple et de ramasser en tenant du bout des doigts le tissu.


"Au moins on a de quoi faire une torche." Dit-il à voix basse pour être sûr de n'alerter personne d'autre que le Nomade.


L'Aigrefin enroula alors le manteau autour de son épée et fit un nœud solide en retenant sa respiration pour ne pas être asphyxié par l'atroce senteur de cet alcool inconnu.


"Ça ne tiendra largement pas autant de temps qu'une torche classique mais ça devrait suffire. Vas-, montre moi ce que tu sais faire." Demanda t-il ensuite à son allié pour qu'il allume son épée.


Un court instant, il repensa aux Chevaliers qui étaient passés à quelques mètres d'eux et qui apparemment allaient chercher deux de leurs confrères introuvables. Peut-être aurait-il fallu expliquer à Cirdan qu'il connaissait l'un d'eux et qu'il fallait témoigner de la plus grande méfiance à son égard mais sa fierté l'interdisait d'évoquer son passer de Chevalier pour révéler des informations sur l'ennemi. Cette vie n'était plus la sienne. Et puis, les Chevaliers déclencheraient sans doute des pièges, ce qui éviterait à Cirdan et son acolyte de les affronter. L'Aigrefin espérait de tout cœur que Gurip soit tué avant qu'ils n'aient à l'affronter mais il savait au fond de lui qu'il ne se laisserait pas avoir par des guet-apens aussi vulgaires que ceux qu'ils rencontreraient dans le temple.

Le Nomade, bien plus agile que son allié, accéda en premier à la trappe avec l'aide du chevalier noir. De là, il attacha une corde au mécanisme d'ouverture pour permettre à Mordekaiser de le rejoindre. Décidément, son ingéniosité n'avait pas fini d'étonner le mercenaire. Dans un premier temps, l'Aigrefin se tracta d'une seule main à la corde en faisant appel à sa force surhumaine puis tendit aussi loin qu'il le put son bras armé pour permettre à Cirdan de se saisir de la torche de fer sans avoir à l'attraper directement par la lame. Ensuite, il cessa son effort et se hissa à l'aide de ses deux mains après avoir passé cinq bonnes minutes à se dandiner pour faire passer les différentes parties de sa lourde armure dans le passage. Une fois arrivé en haut, il se laissa choir lourdement sur le sol, transpirant presque de son effort.


"Quelle galère !" Lâcha t-il, sa patience ayant à l'évidence été largement entamée par cette péripétie.


Une fois que le Nomade eut démonté le dispositif qu'il venait tout juste de mettre en place, les deux aventuriers reprirent leur route dans le souterrain tandis que la lueur produite par l'épée de Mordekaiser commençait à faiblir à cause de la quantité décroissante de tissu combustible. Quelque peu inquiet, l'Aigrefin ne se laissa cependant pas abattre par ce fait et se dit qu'ils trouveraient bien un autre moyen de faire du feu.


C'est alors que Cirdan questionna son acolyte sur ce qu'il voyait. Dans un premier temps, l'homme hésita puis, après avoir fait un pas de plus, il remarqua que les murs comportaient de petits interstices et que la dalle sur laquelle il venait de poser le pied s'était enfoncée. Surpris il fit à voix haute :


"Piège ! Recule !"


Il se mit en garde : sa peau s'était recouverte de métal et il avait mis son arme en travers pour contrer d'éventuels projectiles. Cependant, rien ne se passa. Le piège avait déjà été déclenché trop peu de temps auparavant pour que toutes les fléchettes contenues dans les murs ne soient remplacées par d'autres.
L'Aigrefin poussa un soupire de soulagement en se disant qu'après tout ils n'étaient peut-être pas si malchanceux que cela. Il balada sa torche sur les murs et le sol pour ne constater aucune trace de sang, juste des fléchettes par dizaines qui jonchaient le sol. Il en déduisit que Gurip devait avoir repéré le piège et s'était arrangé pour qu'il se déclenche dans le vide. Ou alors, il était passé devant et l'avait encaissé sans difficulté. Mordekaiser tourna la tête pour accorder un regard qui en disait long sur son allié : c'était une nouvelle mise en garde quant aux capacités de ceux qu'ils poursuivaient.


Une fois cette petite frayeur dissipée, les deux aventuriers progressèrent de plus belle dans les entrailles du temple. Devant eux se proposait un long et étroit escalier descendant donnant sur une porte dont la serrure avait été forcée selon toute vraisemblance.
D'une main précautionneuse, l'héritier maudit ouvrit la porte en grand et découvrit une salle de très grandes dimensions et dont le sol était jonché par endroits de pierres émettant une lueur verte.


"C'est surement l'entrée des catacombes, mieux vaut ne rien toucher ici, ça doit grouiller de pièges." Remarqua l'homme en armure.


La suite promettait de proposer aux aventuriers de nombreux embranchements de couloirs pour permettre l'accès aux différents tombeaux. Ils n'avaient donc pas finis de tourner en rond s'ils ne trouvaient aucune trace de Gurip et de son subordonné.


Après avoir progressé quelques secondes dans la grande salle dont on ne voyait pas le bout, les deux jeunes gens arrivèrent à la hauteur de deux grandes colonnes de pierres bordant le chemin principal au beau milieu de la salle.
Subitement, les deux colonnes de pierres vertes s'effondrèrent en cascade pour laisser sortir de chacune d'entre elles un mort vivant en armure rouillée et partielle. Leurs yeux crachaient une lumière bleue à travers leur heaume et leurs longs souffles raisonnant dans la pièce glacèrent les aventuriers pourtant à plusieurs mètres d'eux.


L'un des zombis, celui dont les os étaient le plus découverts, traina derrière lui sa hache géante en se dirigeant vers Cirdan et Mordekaiser tout en poussant de lourdes plaintes.

L'Aigrefin se rappela de la seule fois qu'il avait combattu une créature de ce genre : c'était l'invocation de Morgane Evans. Il gardait de ces choses un souvenir pénible à cause de la résistance insoupçonnable de ces monstres ne ressentant aucune douleur. S'il avait su, il se serait renseigné sur comment combattre la nécromancie avant de s'aventurer dans ces souterrains.


"T'as une idée ?" Demanda l'Aigrefin encore sous le coup de la surprise à son compagnon.

Cirdan paraissait appréhender l'affrontement avec les morts-vivants au moins autant que Mordekaiser. Le guerrier maudit sentit le sang tourner dans ses veines sous l'effet de l'adrénaline et des gouttes de sueur froides perler sur son front. C'est le Nomade qui reprit pleinement ses esprits le premier et lança l'assaut avant d'être contré par la vitesse insoupçonnée de l'une de ces créatures. Pour éviter que les monstre de l'outre-monde ne contre-attaquent immédiatement après avoir repoussé Cirdan, c'est l'Aigrefin qui lança la charge en brandissant son épée dans un cri barbare.


Son épée enflammée fut contrée sans difficulté apparente par le mort-vivant visé mais l'homme, ayant observé la manière dont Cirdan avait été repoussé parvint à éviter cela en rompant rapidement le contact des armes et en se penchant sur le côté pour éviter d'être touché. Il asséna ensuite un puissant coup de poing dans l'abdomen de l'une des créatures qui se plia sous son armure.

En reprenant l'équilibre grâce à son épée appuyée sur le sol, l'Aigrefin exécuta un habile pas de côté pour passer dans le dos des monstres et d'une seule main, il exécuta une puissante frappe horizontale de son épée qui mit les deux opposants à terre avec une profonde entaille dans le dos.


"C'est moins difficile que ce que je pensais !" Clama le Chevalier déchu avant d'afficher une mine stupéfaite.


Des bulles de chair gonflaient dans le dos des monstres avant qu'il ne se reconstitue en témoignant néanmoins d'une excroissance mousseuse et repoussante. Ces cadavres disposaient de la capacité de régénération de cellules nécrosées. Jamais l'Aigrefin n'avait eu affaire à ce genre de choses. Comment expliquer que la régénération n'ait pas été complète ?


Avant de pouvoir trouver une explication, l'Aigrefin fut surpris par un coup de hache hasardeux mais dévastateur qui lui fut adressé par l'un des morts-vivants. L'homme n'eut le temps que de préparer une parade sommaire et fut projeté par la violence de l'impact contre une colonne des pierres précieuses qui s'effondra sur lui.


Sonné, Mordekaiser eut besoin d'une bonne minute avant de reprendre ses esprits. Sa tête entaillée par la chute de pierres lui faisait un mal de chien et il utilisa cette douleur pour la canaliser en tant que colère. En usant de sa force surhumaine, il se releva d'un seul coup, propulsant de part et d'autres de la pièce des morceaux de roche verte.


"C'est le feu qui coupe leur régénération. Quand tu dis que tu as un souffle ardant, c'est jusqu'à quel point ?" Cria l'homme en armure à son camarade qui avait un instant du faire face seul à ses opposants.


Pour ne pas laisser le Nomade être dépassé par les deux monstres, l'Aigrefin ramassa une pierre précieuse à ses pieds et la lança de toute ses forces sur l'arrière du crâne de l'une de ses cibles qui lui tournaient le dos. Déséquilibrée, la créature du planter sa hache dans le sol pour ne pas tomber en avant, cela laissait une bonne ouverture.

Le Nomade avait signifié à son camarade de galère qu'il allait devoir combattre seul pendant un moment. L'homme prit donc son courage à deux main car leur vie à tous les deux en dépendait. Sans plus de cérémonie, Mordekaiser s'élança vers ses adversaires en trainant son épée derrière lui. Il anticipa sans mal le coup de hache vertical de l'un des morts-vivants et l'évita d'un soudain pas de côté pour se rapprocher de celui qui était déséquilibré. Une fois à sa hauteur, il lui asséna un violent coup de garde dans le bas du dos. La créature se plia en arrière et tomba à genoux dans un hurlement de fureur.


Sans lui laisser le temps de réagir, l'Aigrefin exécuta un moulinet avec son épée et la décapita sans faire preuve de la moindre pitié. Le corps inanimé chuta lourdement sur le sol tandis que son semblable frappa verticalement Mordekaiser au bras. L'homme fut contraint de lâcher son arme enflammée et fit un roulé boulé sur le côté avant de se relever de d'ôter d'un seul geste sa protection brisée, révélant son bras couvert de métal mais ruisselant de son propre sang. Sans son pouvoir, l'héritier maudit aurait sans l'ombre d'un doute été démembré.


Tandis que la tête du montre vaincu se reconstituait formant une excroissance encore plus ignoble que la précédente, une sphère noire guère plus grosse qu'un œuf de poule se forma dans la main de l'Aigrefin à partir de son ombre. L'homme transpirait anormalement, c'était signe que son camarade en aurait bientôt terminé.
Pour gagner encore un peu de temps, le Chevalier déchu se rua dans un cri sur son opposant et fut contraint de bloquer de son bras couvert de métal le coup de hache qui lui était porté, lui tirant une plainte gémissante. De sa main libre, Mordekaiser enfonça la sphère de ténèbres qu'il tenait dans le thorax du mort-vivant laissant apparaître un trou béant à l'endroit de l'impact.


En guise de riposte, la créature qui n'avait pas bronché écrasa son coude contre le visage du guerrier qui recula de plusieurs pas et fut étourdit. Son nez brisé laissa échapper un torrent de sang qui couvrit toute la partie inférieure du visage de l'Aigrefin.
En tant que guerrier, l'homme ne pouvait se laisser abattre de la sorte et reprit ses esprits avant que la créature n'ait pu l'attaquer de nouveau. D'une foulée démesurée, Mordekaiser se rapprocha de sa cible et la saisit par les épaules avait de la porter au dessus de lui en faisant appel à sa force surhumaine et de la faire basculer violemment sur le côté en la soulevant.


Le monstre précédemment décapité s'était relevé dans une plainte mais l'héritier maudit, dans l'ivresse du combat ne la laissa pas attaquer et lui porta une série de violentes frappes directes du poing au visage. Celui-ci se déforma d'ailleurs tellement qu'il était avraisemblable qu'il eut été un jour humain.


L'air était suffocant et Cirdan ne tarda pas à signifier à son compagnon qu'il en avait terminé.
L'Aigrefin exécuta alors l'idée qu'il avait en tête et se recula d'un bond en frappant rapidement la tranche de ses mains couvertes de métal comme tout le reste de son corps par la même occasion.


Une déflagration ravagea la zone et Mordekaiser fut projeté en arrière avant de s'effondrer comme une masse sur le sol. Tout l'acier qui le recouvrait disparut et son armure était fumante. La chaleur intense l'avait quasiment épuisé et le coup qu'il venait de recevoir l'avait sacrément sonné. Il eut même de la peine à discerner ce qui se produisait.


Les deux morts-vivants poussaient des hurlements ininterrompus en se tordant dans tous les sens, des bulles de chair se formant et éclatant à la surface de leur peau à chaque seconde. Si l'Aigrefin n'achevait pas ces monstres rapidement, ils risquaient de recouvrer leurs pouvoirs ou encore de s'énerver d'avantage.

Péniblement, l'homme se releva et alla se saisir de son épée (dont le tissu avait d'ailleurs été entièrement consumé) pour trancher son premier assaillant en deux et en diagonale sans aucune contre attaque possible. Les mouvements des morts-vivant étaient nettement alourdis et il était beaucoup moins difficile de les combattre malgré l'état de Mordekaiser.


Relever se espadon pour achever le deuxième mort-vivant aurait demandé trop de temps et aurait exposé l'Aigrefin aux représailles de son seul adversaire restant. Devant la hache prête à frapper, l'héritier maudit assena un grand coup de poing dans un hurlement barbare au beau milieu de la tête de l'ennemi qui se décomposa en aspergeant tout ce qui se trouvait autour de lui d'un liquide grisâtre.

Le reste du corps de la créature s'écroula au sol. Les plaies des deux monstres grouillaient de bulles dégoutantes mais aucune ne parvint à refaire pousser un membre. Après quelques secondes, ce spectacle morbide cessa. Après avoir lancé un long soupire de soulagement, le Chevalier déchu reprit son souffle en grimaçant de douleur. Il accorda alors un regard à son camarade.


"Bien joué, c'est pas passé loin." Observa t-il.


Soudain, les colonnes de pierres précieuses autour d'eux s'effritèrent simultanément. On voyait déjà des armes et des bras décharnés s'animer à travers les cascades de pierres. Le plus inquiétant, c'était qu'il y en avait une bonne dizaine.


Après avoir lancé un juron des plus vulgaires, Mordekaiser se sentit pousser des ailes grâce à l'adrénaline leva Cirdan d'une seule main pour le mettre sur son épaule. Au terme d'une course effrénée dans le vacarme des chutes de pierres, l'Aigrefin atteint la porte du fond de la salle sans se retourner. Sans nul doute que ces pauvres bougres de morts-vivants avaient autrefois constitué une fière armée.

Avec précipitation, le mastodonte planta son épée dans le sol, ouvrit la porte, éjecta son arme dans le couloir éclairé de torches d'un puissant coup de pied, s'y engouffra et referma de sa seule main libre le battant en haletant. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il reposa le Nomade sur ses pieds en gardant son bras en écharpe pour l'aider à trouver l'équilibre.


"Tu peux marcher ou t'as encore besoin d'un peu de temps ?" Demanda le guerrier aux multiples brûlures sur le visage.


L'homme n'avait jusqu'alors pas eu le temps de faire attention, mais le couloir était bordé de torches. Les Chevaliers ne devaient plus être très loin. Pendant que Cirdan et Mordekaiser avaient tourné en rond dans les souterrains, peut-être avaient-ils également été retardés par les morts-vivants. Quoiqu'il en soit, ils progressaient à grands pas et les créatures apparues en masse quelques secondes plus tôt avaient fait silence. Quelque chose devait les empêcher de passer la porte, un sortilège ou la Déesse savait quoi d'autre. La magie n'avait jamais été le point fort des Aigrefins.

Le sourire satisfait de Mordekaiser lorsque Cirdan l'avait congratulé signifiait qu'il le lui rendait bien. Sans la capacité spéciale du Nomade, le combat contre ces créatures se serait éternisé et l'Aigrefin doutait qu'il aurait pu en ressortir vivant sans prendre la fuite. Le jeune homme s'était rapidement rétabli. Il faudrait sans doute attendre un petit moment avant qu'il ne puisse reprendre réellement le combat mais il n'était pas question d'affronter tout de suite de nouvelles créatures ou les Chevaliers.
Le couloir semblait sûr et même si les pièges avaient sans doute été déclenchés par ceux qui les avaient précédés et qu'ils ne s'étaient pas encore rechargés, la prudence était de mise pour les deux aventuriers. Finalement, ils atteignirent sans encombre le bout du couloir et se trouvèrent rapidement face à une lourde porte derrière laquelle on pouvait entendre la voix rauque du Gurip. L'héritier maudit fit la moue malgré lui lors de sa concentration et finit par secouer brièvement la tête à l'intention de son camarade auquel il répondit dans un murmure :


"C'est encore trop tôt. Si on veut avoir une chance contre eux il vaut mieux attendre qu'ils se soient réellement fatigués. Et puis, on est pas au meilleur de notre forme, nous non plus."


Quelques secondes plus tard, Cirdan et Mordekaiser purent entendre de lourds bruits sourds. A l'évidence Gurip avait décidé de prêter main forte à son subordonné. Le vacarme avait duré une longue minute puis le silence revint. L'Aigrefin bloqua sa respiration et incita le Nomade à faire de même d'une main posée sur son bras. Le silence pesant s'évanouit bientôt. Les deux Chevaliers avaient repris leur route et n'avaient pas repéré les deux aventuriers à en juger par le bruit de leurs pas s'éloignant.


Bientôt, on put entendre le bruit d'un combat résonner contre les murs de pierre. L'acier frappait de façon répétitive. L'Aigrefin retint encore un peu son camarade qui devait commencer à s'impatienter puis le bruit et les cris cessèrent. C'est à ce moment là que Mordekaiser ouvrit la porte. La salle suivante était un petit vestibule donnant sur d'innombrables tombeaux tous communiquant par de grands couloirs transversaux. L'Aigrefin s'engouffra dans celui ouvert par la roche brisée par les Chevaliers et suivi le son d'une voix trop lointaine pour être perçue distinctement.


Bientôt, les deux aventuriers arrivèrent dans la partie de la crypte où se tenaient Gurip et son subordonné. Le plus gradé était droit et demeurait inébranlable malgré les quelques blessures et enfoncements qu'il comprenait. Face à lui se trouvait le fantôme de Parl, allongé, le haut du buste appuyé contre le socle de sa tombe. L'être fantomatique qui n'avait pas accepté sa propre mort appuyait en grimaçant contre sa carotide entaillée tandis qu'un liquide bleu étincelant s'en échappait.


Le subordonné de Gurip, quant à lui, était dans un piteux état. Il tenait à peine debout et n'avait pas su tirer partie de son armure qui ruisselait de sang par tous ses espaces. Le nouveau combat qui s'annonçait risquait de réveiller les fantômes des autres morts de la crypte, les survivants auraient donc bien d'autres fils à retordre. Le véritable défi commençait ici et Mordekaiser espérait que son camarade en était bien conscient.


En sentant la présence des deux hommes derrière lui, Gurip fit volte face et la surprise s'afficha sur son visage.



"Garen ? Tu... Je veux dire, tu as bien grandit." Fit-il, désemparé.


"J'ai plus grandit que le mort que je suis supposé être, en effet, à supposer que je réponde encore à ce nom. Toi par contre tu as vieilli." Répliqua sèchement l'Aigrefin en lançant un regard noir à son ancien mentor.


Le silence s'instaura ensuite. Gurip remarqua la Rose Noire figurant sur le plastron du Chevalier déchu. Il sembla attristé mais n'en dit rien, reprenant rapidement son visage naturellement fermé et froid comme la pierre.


"Je suppose que vous êtes là pour l'anneau. Nous ne pouvons pas vous laisser le prendre. Parl, Ernest, vous voulez tous les deux protéger l'anneau, alors faites le. Vous êtes blessés alors faites équipe le temps de venir à bout de celui-là." Ajouta t-il en désignant Cirdan.


"Je dois m'entretenir avec l'Aigrefin." Acheva t-il avant de s'engager en direction d'autres cryptes en faisant signe à Mordekaiser de le suivre.



"C'est bon, j'y vais seul." Lança l'héritier maudit à Cirdan avant même qu'il n'eut le temps d'ouvrir la bouche.


L'Aigrefin lança un regard profond et sincère à son allié. Il était possible que ce soit la dernière fois qu'ils se voient et l'homme espérait que le cas échant, le Nomade s'en sortirait. Ensuite, le guerrier marcha d'un pas faussement tranquille vers Gurip, passait à côté du fantôme de Parl et du subordonné de Gurip sans même les regarder. Côte à côte, l'ancien Aspirant et le Chevalier confirmé se dirigèrent vers les cryptes les plus éloignées de celles du tombeau de Parl.


Une fois qu'ils furent tous deux assurés d'être suffisamment loin pour être sûr que leur combat ne connaitrait aucune interférence, ils s'immobilisèrent et se firent face sans un mot. Mordekaiser frappa alors violemment du poing dans la pierre, faisant tomber l'arche qui servait de porte.


"Tu comptes vraiment m'affronter seul ?" Demanda Gurip en voyant cela.


"Oui, et je veux être sûr que tu ne fuiras pas quand j'aurai l'occasion de te tuer. Je commence par toi puis j'anéantirai tout ton Ordre." Rétorqua l'Aigrefin.


"Et tu ne comptes pas m'attaquer ?" Fit le Chevalier en voyant la pose défensive de Mordekaiser.


"Je compte bien en arriver là, mais avant, j'ai quelques questions à te poser." Répondit l'homme.


"J'ai bien peur de ne pas être disposé à te répondre pour l'instant, je n'ai pas encore perdu assez de sang pour que tu puisses me contraindre à quoi que ce soit." Acheva Gurip en dégainant son sabre.


Le Haut-Chevalier était encore plus imposant que la dernière fois que Mordekaiser l'avait vu. A côté de lui, il ressemblait à un microbe et le géant de la taverne qui lui avait donné une petite correction n'aurait pas eu plus fière allure. L'affrontement s'annonçait rude. La dernière pensée de l'Aigrefin avant de se plonger corps et âme dans ce chaos alla à Cirdan.

Encore une fois, les évènements s'enchainer et s'écoulaient sans vraiment que les deux protagonistes ne puissent y faire grand chose. Ils se contentaient d'attendre. Cirdan suivait religieusement, contrairement à ses habitudes, les directives de son compagnon d'arme car lui seul savait ce qui les attendait. Ainsi, ils passèrent la porte, le Nomade pu voir à quel point ce sous-terrain était impressionnant de longueur. Rien qui faisait foncièrement peur, loin de là et puis il fallait se lever tôt pour faire peur à Cirdan, non juste impressionnant. Ils avançaient donc prudemment suivant de près maintenant le groupe de Gurip et son subordonné et de leur position semblait venir des bruit sourd de métal et de bataille...

Le souterrain visiblement regorgeait d'encore bien des piège et autre créature malignes. Le groupe de nos compagnons s'arrêta à nouveau pour observer ce qui se trouvait finalement devant eux et qui n'était autre que le groupe chevaleresque et son magnifique forfait. L’amnésique n'eut guère le temps d'amorcer quoi que ce soit que Morde prit les devant et au lieu de se jeter tête baissé, Cirdan comprenait que l'Héritier maudit veuille s'occuper de ses affaires tout seul. De toute manière il allait avoir bien à faire lui aussi. Tout juste après que Mordekaiser ai accepté le défi de son ex-compagnon d'arme, d'ailleurs le Nomade demanderait explication après coup, ce dernier fit effondrer délibérément l'arche de la porte, fermant l'accès total au combat entre les deux paladins inversés. Maintenant, c'était Cirdan versus fantôme et subordonné sacrément amoché mais encore vaillant et Mordekaiser versus Gurip. Le combat s'annonçait palpitant...

Une seule chose avait un drôle d'effet sur notre héro, jamais il n'avait combattu de fantôme, il n'était même pas sure de pouvoir le toucher en fait. Comment frapper quelque chose d'intangible ? Avec de la magie bien sure ! Quand à l'assistant de Gurip, Ernest qu'il devait s'appeler d'après ce que le Nomade avait entendu avant que l'accès ne soit clôturé, il le jaugeait du regard. Tout trois finirent par sortir leur arme et se tinrent prêt à en découdre. Un brin de vent commençait à se lever, on pouvait sentir dans la brise toute la détermination qui était celle de Cirdan lorsqu'il se mettait en condition de combat. Tenant fermement le manche de Déicilda, les trois ne semblaient rien vouloir lâcher, pas un premier assaut. Il faut dire que celui qui se jetterait à l'eau serait le premier à être analysé par l’œil avisé au combat du Nomade des vents.

« Alors les gars, on s'endort ? J'suis qu'un sauvage Nomade pour vous, non ? Vous ne devriez pas avoir de mal à me mâter ? »

Le bretteur choisissait la provocation pour inciter un des deux à sonner le début des festivités. Pour ne faire que plus de provocation, une rafale de vent ébranla le fantôme, seul chose qui pouvait le toucher vu que l'arme de Cirdan n'était pas magique. Serait-ce temps d'expérimenter de nouvelles techniques d'aéromancie ? Pourquoi pas... Se concentrant sur son arcane fétiche, il devait visualiser ce qu'il voulait faire. La rafale qu'il venait d'envoyer revint vers lui alors et commença à tourner autour de son katana. Le Nomade, sans réellement savoir ce qu'il faisait, commençait à expérimenter l'enchantement d'arme à l'aide d'essence magique. Restait à savoir si cela allait être concluant. Les deux adversaires ne semblaient pas plus impressionnés que cela. Ils attendaient encore plus visiblement du « sauvage ».

La tension était à son comble, le premier coup d'estoc était imminent et notre Nomade luttait pour garder l'enchantement sur Déicilda...

[ Dans ton prochain post Morde, tu pourrais me dire ce que mes deux adversaires ont dans le ventre? Juste un tit synopsis de leur pouvoir que je sache comment les jouer sauf si tu veux les prendre à ta charge ^^ ]

Le Chevalier et le fantôme échangèrent une grimace. Ils étaient loin d'être ravis de devoir combattre le Nomade côte à côte, mais ils savaient qu'ils ne risquaient pas de s'en sortir, ni l'un ni l'autre, s'ils ne faisaient pas équipe. Dans le combat qui les avaient précédemment opposés, les deux alliés momentanés avaient appris à connaître leurs pouvoirs. Ce fût le fantôme qui engagea les hostilités en premier. Affaibli, il tendit un bras en direction de Cirdan et un mur de terre jaillit sous ses pieds, beaucoup plus large devant lui afin de le forcer à reculer pour ne pas être broyé contre le plafond des cryptes.


C'est alors que le mur s'ouvrit de lui-même juste devant le Nomade pour laisser apparaître le Chevalier en pleine course, l'épée courte qu'il tenait pourtant à deux mains entourée d'une aura de flammes et tachant de profiter de l'effet de surprise pour prendre l'ascendant sur Cirdan. Les pouvoirs d'Ernest étaient la raison pour laquelle il avait été choisi pour épauler Gurip, maître de l'élément de glace. Si les choses tournaient mal pour eux et que Gurip était contraint d'utiliser ses pouvoirs pour bloquer un accès, Ernest pourrait toujours l'ouvrir si toutefois il était séparé de son supérieur.




Pendant ce temps, dans l'une des autres cryptes s'engageait l'affrontement entre les deux paladins. Dans un premier temps sans utiliser leurs pouvoirs, comme jaugeant les progrès que chacun avait pu faire en dix ans, les deux hommes échangeaient des phrases d'arme dans un duel à l'épée. Les chocs étaient constants et provoquaient un fracas terrible. Après un instant, les deux guerriers reprirent leurs distances. Mordekaiser était très légèrement blessé à la joue tandis que Gurip était parvenu à bloquer et à éviter tous les assauts de son adversaire. Quelque chose avait éveillé l'attention de l'Aigrefin.



"Tu vises clairement mes points vitaux, cependant, je ne ressens de ta part aucune volonté de me tuer. Pourquoi ?" Observa le plus jeune des deux hommes, visiblement agacé.


"Je ne vois absolument pas de quoi tu parles." Répliqua le Chevalier sans la moindre conviction.


Gurip était un homme exemplaire. Il ne mentait que pour protéger les plus faibles que lui et uniquement lorsqu'il n'avait pas d'autre choix. Ce mensonge ci avait été pour son seul et unique compte et à ce titre, il transpirait dans ses paroles.
Pour ne pas laisser le temps à son ancien subordonné de poursuivre la discussion qui le mettait mal à l'aise, le haut gradé se rua vers lui et frappa horizontalement de son arme. La trajectoire avait été plus qu'évidente et Mordekaiser n'eut aucun mal à le bloquer avant de faire appel à sa force surhumaine pour rejeter le bras de Gurip sur le côté d'une simple pression de l'épée. La garde de son adversaire était grande ouverte et dans un hurlement barbare, l'Aigrefin abattit son arme lourde verticalement à la base du cou de celui-ci.


Contre toute attente, la lame s'arrêta nette dès qu'elle mordit la chair du Chevalier. Avec un sourire mesquin que l'héritier maudit lui ignorait, le Paladin tendit une main vers lui pour tenter de saisir son crâne.
Sans attendre, Mordekaiser fit de rapides pas de retraite et se trouva bien vite hors de portée de son adversaire, cependant, son épée était reliée à Gurip par une traînée de glace qui ne cessait de croitre et l'arme de l'Aigrefin fut rapidement emprisonnée.


Pour ne pas être pris au piège et vaincu aussi facilement, le guerrier maudit lâcha délibérément son arme et se recula, stoppé uniquement par le mur du fond de la crypte. En manipulant la trainée de glace, le Chevalier ramena l'arme de son adversaire à lui et la planta dans le sol avant de l'observer. L'Aigrefin pesta en comprenant que son ennemi s'était laissé attaquer volontairement.


"Pas trop mal, pour un Aigrefin. Je vois que tu as au moins appris à réflé..." Railla Gurip avant de s'interrompre en penchant subitement la tête sur le côté. Une goute de sang perla sur sa joue.


"Et je vois que tu n'as pas perdu trop de réflexes pour un vieillard. Par contre tu parles beaucoup plus. Ça ne te ressemble pas. On dirait que tu es mal à l'aise." Rétorqua Mordekaiser, son arbalète vide tendue devant lui en direction du front de son ancien supérieur qu'il avait raté de peu.



Gurip parut choqué. Il avait lu dans les yeux de l'Aigrefin une volonté inébranlable et un instinct meurtrier qu'il ne lui aurait jamais imaginé même après ce qui s'était produit entre lui et l'Ordre de la Rose Rouge.
Une lame d'ombre grandit dans la main de l'héritier maudit. Elle était plutôt longue et sa forme était instable malgré l'obscurité de l'endroit censé faciliter l'utilisation de ce type de pouvoir. Mordekaiser lui-même avait du mal à lier son ombre à sa main pour manipuler son arme spectrale comme une épée classique.



"De la magie... Alors tu as..." Balbutia Gurip.

Nul ne peux refuser le combat. Surtout pas Cirdan. Depuis des années maintenant, la brette était une de ses raisons de vivre. Quand il tenait une épée dans le creux de ses mains, rien ne pouvait l'arrêter. Ni homme, ni Dieu et encore moins un fantôme datant de l'avant guerre. Cependant, il lui faudrait un temps d'adaptation, c'était là le premier spectre qu'il combattait. Alors qu'en ce qui concernait l'humain, il savait à quoi s'attendre coté maniement des armes. C'était cela d'avoir cent soixante dix ans d'entrainement farouche dans les pattes. Et bien qu'il se soit tenu prêt à combattre, le Nomade ne put qu'être surpris par l'immense mur qui jaillit du sol juste en dessous ses pieds... Et comme prévu, il recula.

Néanmoins, un mouvement fait, ne doit jamais être fait sans pouvoir lui donner une suite. Ce qui fit que dans son bond d'avant en arrière pour ne pas se faire écrabouiller entre le plafond et ce mur , Cirdan avait dégainé son épée et avait pu, de justesse, dévier la lame du deuxième assaillant qui ne put que frôler le bras provoquant par la même et tout de même une sévère entaille dans ce dernier. Le Nomade eut un léger grincement de dent de s'être fait avoir de la sorte... Mais bon, ils étaient deux contre un et même s'il était plus en forme que les deux réunit, ce n'était pas une raison pour être en avantage considérable par rapport à eux. Maintenant le demi-elfe se retrouvait entre les lames des deux équipiers de fortune. Quelle situation... enviable ?

Cependant, il était loin de se laisser démonter pour si « peu » bien que ce fusse déjà beaucoup. Et il n'avait guère le temps de penser au sort de Morde, car il avait déjà beaucoup à faire avec ses adversaires. D'ailleurs, ces deux là ne lui laissèrent pas plus de répit que cela, par chance seulement un des deux pouvait tangiblement le toucher avec une lame... Quoi que l'autre aurait très vite fait de l'attaquer par des piques de terres que cela n'aurait pas étonné Cirdan une seule seconde... Le chevalier tout fait de chair et d'os prit l'initiative cette fois. Armant son épée courte en avant dans une nouvelle charge rapide, aidé par la vitesse accrue innée à sa caste de chevalier. Pour sûre, notre Nomade amnésique aurait bien du mal contre cet adversaire là... Sans compter que le fantôme réitéra son galop d'essai avec un nouvel obstacle de terre. Un promontoire juste derrière les appuies de Cirdan, destinés à le faire trébucher en arrière.

Or, il n'allait pas reculer. La meilleure des défenses, c'est l'attaque, telles étaient les paroles que le doyen du clan Odarum, celui qui avait formé au combat le semi-être, lui avait insufflé durant son entrainement. Prenant donc appuie et non pas déséquilibre sur la marche de terre, il s'élança dans le vent qu'il venait de créer par la même occasion afin d'accélérer son mouvement et déstabiliser en vent contraire le chevalier dans son assaut. La lame de Déicilda vint croiser celle du chevalier dans un bruit sourd et lourd. Les lames ainsi entrechoquées, Cirdan donna un coup de pied vers l'avant afin de faire reculer à nouveau Ernest. Ils reprirent tout trois une position défensive. Le Nomade était à présent contre le vrai mur de la salle alors que les deux autres étaient en triangle autour de lui. Se concentrant l'amnésique fit virevolter l'air ambiant autour de lui, provoquant de violentes rafales destinées à déstabiliser les deux adversaires.

Ne pouvant pas tenir le regard sur Cirdan du fait de ce vent violent, ce dernier en profita de l'aveuglement générale pour s'élancer vers Ernest, lui portant un coup d'estoc phénoménale dans le ventre, plantant son épée de part en part au travers de son estomac. Le sang macula la toge blanche et bleue de Cirdan. Il retira son katana alors que dans son dos, le fantôme qui avait reprit ses esprits, notez le jeu de mot, venait d'invoquer à nouveau une drôle d'avatar de terre, un Golem de Roche qui donnerait bien du fil à retordre à notre héros. Quand ce dernier posa ses yeux sur la créature, ils s'écarquillèrent. Mais n'ayant pas le temps de réagir plus que cela, le bras de l'immense chose s’abattit dans le dos du Nomade qui fut balancer à travers la pièce contre le mur lourdement. Il se rattrapa de justesse, genoux à terre, une gerbe de sang jaillissant sur le sol formant une étoile pourpre.

« Kof kof. Toi le fantôme, tu l'emportera pas au Paradis... » L'autre ne répondit que par un murmure alors que l'être de roche se mit en marche lente vers Cirdan...

[Désolé moi aussi pour le retard ^^']

[Maintenant c'est moi qui bats des records de retard ! Désolé, j'étais chargé.]


Les cris et les coups des guerriers qui se livraient à une bataille épique dans les cryptes voisines retentissaient, troublant le silence pesant qui s'était instauré entre Gurip et son ancien subordonné.


"Oui. J'ai développé mes pouvoirs. Pas surprenant qu'ils n'aient rien à voir avec les pouvoirs des Chevaliers, après ce que vous m'avez fait subir." Rappela le mastodonte avec un regard rempli de dédain à l'égard du gradé.


Sans attendre d'avantage, l'Aigrefin concentra son énergie autour de sa lame pour envoyer une vague d'ombres virulentes à l'attention de Gurip. La vague alla s'écraser contre le bouclier de glace de l'homme d'honneur, formé par réflexe.
Lorsque le Chevalier retira son bouclier de devant lui pour retrouver la vision sur son ennemi, il ne le vit plus. Soudain, en baissant les yeux, il se rendit compte qu'il s'était baissé juste devant lui pour lui adresser une furieuse attaque ascendante.


Dans un sursaut, le Chevalier recula à toute hâte, ce qui ne l'empêcha pas d'être blessé par la lame de Mordekaiser.


De nouveau à distance, les genoux pliés, Gurip constata la déchirure faite sur son armure et le sang qui s'écoulait de son menton et de sa lèvre fendue. Il s'en était fallu de peu. Surpris, le Chevalier n'eut même pas le temps de préparer sa contre-attaque que le mercenaire plongea sur lui, la lame tendue droit devant en direction du front.


Ne voyant aucune autre possibilité, le Chevalier se saisit à deux mains de l'arme de fortune de son adversaire, la bloquant à quelques centimètres de sa tête. C'est alors que la lame d'ombre s'agrandit et vint entailler le front du gradé qui avait cependant évité d'être tué en penchant la tête en arrière et en déviant la trajectoire de l'attaque vers le haut.


Gurip diminua alors son emprise sur Mordekaiser pour libérer son bras armé et le frapper directement dans le ventre de sa lame qui s'entoura d'une épaisse glace.


Repoussé par la trainée de magie, l'Aigrefin fut bientôt prisonnier des glaces contre le mur. Gurip, plutôt que de poursuivre son action pour décapiter son ennemi, se retira. Sa main tremblait mais il pensait avoir suffisamment de répit pour se reprendre.


L'héritier maudit concentra la totalité de son potentiel de force pour briser la glace qui l'entravait dans un hurlement de rage.



"BATS-TOI !! Qu'est-ce qui t'arrive vieux débris ? Tu es tellement choqué que je veuille te butter que tu as oublié comment te servir de ton arme ?!" Vociféra Mordekaiser tandis que le flux d'énergie autour de sa lame d'ombre s'intensifia et qu'une aura noire et virevoltante l'entourait.


Sans répondre, Gurip tendit une main vers les pieds de l'Aigrefin. La glace brisée se mit à briller avant d'exploser, projetant des tessons dans toute la pièce.


Mordekaiser aurait sans doute été grièvement blessé s'il ne s'était pas protégé en utilisant son pouvoir de peau d'acier. Son sang ruisselait sur ses joues jusqu'à ses dents serrées et à travers son armure brisée.


L'armure de Gurip était également endommagée par les précédents assauts de son ancien subordonné. Tranquillement, l'homme retira sans difficulté les parties inutilisables de son plastron, révélant une large cicatrice au niveau de son torse.


Evans sembla interloqué. Gurip était le plus endurant et le plus coriace des Chevaliers. Jamais il n'avait entendu dire qu'il avait été blessé de la sorte.


"Cette cicatrice, Garen, c'est toi qui me l'a faite." Fit l'homme d'une voix triste.


"La nuit où tu as tué tes camarades, tu étais comme possédé. Comme j'étais de surveillance dans ton secteur, j'ai accouru en entendant le vacarme et je t'ai trouvé là, au beau milieu du dortoir avec tous ces cadavres autour de toi. Tu n'as rien dit, mais j'ai vu dans tes yeux une flamme effrayante. En réalité, c'était la seconde fois de ma vie que j'avais réellement peur. Ces yeux, je ne les avais vu qu'une fois : Lorsque j'ai combattu Kessler Evans juste avant la grande guerre contre le Royaume des Cieux et qu'il m'a laissé pour mort sous la Cascade Enchantée. Tu comprends mieux la menace que tu représentes maintenant ? J'ai eu tellement honte de cette blessure et je voulais tant te protéger que personne d'autre que nous ne le sait. Ma faiblesse et ma honte m'ont empêché de raconter ce qui s'était passé aux autres, quand ils t'ont emmené. Je suis tellement, tellement désolé Garen. Mais cela n'a plus aucune importance, je vais réparer mon erreur et laver l'honneur des Chevaliers en te tuant." Avoua ensuite Gurip.


Pendant de longues secondes, Mordekaiser ferma les yeux. Tout son corps tremblant était parcouru par une immense vague de chaleur. Les seuls sons qui s'échappaient de sa bouche étaient des grognements sinistres avant qu'il ne se redresse subitement pour hurler à pleins poumons :


"FOUTAISES !!"


Le cœur déchiré de l'Aigrefin par l'incroyable vérité provoqua en lui un bouleversement. L'aura d'ombres qui l'entourait s'intensifia à tel point qu'il en parut noyé et que seul son visage restait visible. Ses yeux baignés de larmes et de furie se plongèrent dans ceux du Haut-Chevalier qui avaient repris leur neutralité exaspérante.



"Oui... C'est bien de ces yeux là dont je voulais parler."

Après un instant de silence relatif et un nouvel échange de regard, les deux hommes lancèrent l'assaut dans des cris guerriers, les armes brandies en l'air. Les lames s'entrechoquaient avec frénésie, chacune mordant tour à tour la chair de sa cible sans qu'aucun ne prenne de réel avantage au début.


Mordekaiser se sentait pousser des ailes. La rage qui l'habitait avait toujours été sa plus grande source de pouvoir et le fait que Gurip lui ait permis d'éclater au grand jour ne faisait que le rendre plus instable et dangereux encore. Au bout d'un moment, la lame d'ombre de l'Aigrefin s'immobilisa contre le sabre du haut gradé. Les dents serrés, le corps tendu, Mordekaiser tenta de communiquer sa colère en fixant Gurip. Contre toute attente, celui-ci eut des yeux tristes et détourna le regard, ne pouvant supporter la haine de son ancien subordonné.


Tandis que l'héritier maudit entreprit de détourner l'arme de son adversaire pour l'attaquer directement à la base du cou, il se rendit compte que ses pieds étaient immobilisés par une épaisse couche de glace dont la progression était toutefois ralentie par l'aura noire qui l'entourait.


Il n'en fallut pourtant pas plus pour que le Chevalier retourne la vapeur et écarte le fer d'ombre de son ennemi. D'un violent coup de bouclier dans le visage, Gurip parvint à faire valser Mordekaiser qui s'écrasa péniblement au sol. Il avait oublié que le haut-gradé aussi possédait une force surhumaine.


Assommé, l'Aigrefin essaya tant bien que mal de se remettre debout, toute tentative se soldant par un échec. Ne pouvant lutter, il s'allongea sur le dos en se redressant juste assez pour voir son adversaire. Son aura noire et son épée d'ombre avaient toutes deux disparues.


Le doyen des deux hommes marcha tranquillement jusqu'au benjamin et s'arrêta à moins d'un mètre de lui.


"J'ai tout fait pour éviter ça, Garen. J'espère que tu en es conscient. J'espère aussi qu'un jour, tu pourras me pardonner." Déclara t-il solennellement.


Mordekaiser avait envie de lui hurler de s'expliquer, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Le Chevalier leva sa lame haut devant lui, prêt à l'abattre sur son ancien subordonné pour lui donner la mort. L'Aigrefin n'avait aucun moyen de réagir. Devant sa défaite, il ferma les yeux et l'image de tous ses anciens camarades lui revint.


*Tant pis.* Se disait-il pour dédramatiser ce qui ne pouvait l'être.


Le bruit de la lame perforant la chair se fit entendre, mais Mordekaiser était toujours en vie. Il ouvrit les yeux pour comprendre ce qui venait de se passer et trouva Gurip, s'enfonçant sa propre épée dans l'abdomen jusqu'à la garde. Interloqué, l'Aigrefin n'avait pas les mots.


De la lame du Chevalier s'échappa la glace caractéristique de son pouvoir dominant. Bientôt, elle eut recouvert tout son corps, le transformant en statue. Dans la vie comme dans la mort sauf dans ses tous derniers instants, Gurip était parti le visage neutre et fermé, digne.


Sans autre explication que la dispersion du pouvoir du défunt, il se mit à neiger dans la crypte de minuscules et nombreux flocons comme les larmes que le Chevalier n'avait jamais versé. L'un des serviteurs de la Rose Rouge les plus hors-norme avait fait une immense preuve d'honneur ce jour là. Enfin, son pêché avait été réparé bien qu'il dut en payer le prix du sang. L'homme qui n'avait pas supporté d'avoir failli à protéger ses semblables s'était donné la mort. Quand l'Aigrefin comprit cela, il se contenta de soupirer et de faire semblant de ne pas en être atteint. Sa prochaine choppe, il la lèverait en secret en l'honneur de Gurip.


*Allons voir comment s'en sort l'autre tête brulée.* Se dit-il.


Pendant ce temps, Ernest possédé se tenait presque victorieux devant un Cirdan épuisé. Le Chevalier et le fantôme avaient rivalisé d'ingéniosité et de talent pour venir à bout du Nomade mais en avaient payé le prix et avaient abattu toutes leurs cartes. Se préparant à l'assaut final, le fantôme dans le corps d'Ernest commit l'erreur de ne pas écouter les discrets bruits de pas derrière lui.


Sans autre forme de préavis, une lance d'ombre vint traverser le Chevalier en entrant dans son dos pour ressortir au beau milieu de sa poitrine. L'homme tomba à genoux mais ne semblait pas vouloir lâcher prise.


"Besoin de moi ? Où est l'autre ?" Fit l'Aigrefin.

Selon les dires du Nomade, le fantôme et le Chevalier étaient devenus une seul et même personne. Surpris de l'action qu'il venait d'accomplir sans le savoir, Mordekaiser acheva ses deux adversaires d'un seul coup en tranchant tout ce qui pouvait l'être en remontant sa lance vers le haut avant de la faire disparaître dans une effusion de sang. De nouveau sans vie, le corps d'Ernest retomba lourdement sur le sol.


Le Nomade restait fier, mais il ne payait pas de mine. Les deux guerriers étaient épuisés, c'était une évidence. Il ne faudrait pas qu'ils s'attardent trop dans ce tombeau toutefois ils ne pouvaient repartir tout de suite. L'Aigrefin s'exécuta à la demande de Cirdan, analysant le contenu de sa besace pour en faire la meilleure application possible.


En appliquant les onguents sur les blessures du Nomade, l'héritier maudit ne put s'empêcher de penser qu'il avait sacrément morflé. Malgré son sourire en coin, il n'en ferait pas la remarque. Il savait que les guerriers avaient horreur qu'on leur rappelle qu'ils auraient pu mieux faire.


Lorsque l'Aigrefin en eut fini avec les plaies de son camarade, il l'enserra de bandages. C'est alors que l'homme tourna la tête vers l'étrange socle d'où était apparu le fantôme. Il se débarrassa en quelques gestes de toute la poussière qui le recouvrait avant d'utiliser sa force et non sans mal pour déplacer le couvercle. A l'intérieur se trouvait un squelette dans des habits en lambeaux. A son doigt, une bague. Il n'y avait aucun autre trésor dans le tombeau. Ce bandit était mort ruiné.


"Je suppose que c'est ça que tu cherches." Dit Mordekaiser en tendant à Cirdan l'anneau qu'il venait d'arracher au doigt du squelette.


Sans autre commentaire, l'Aigrefin aida son allié à se relever et mit son bras en écharpe autour de son cou pour le soutenir et l'aider à marcher.


"Tes saignements se sont arrêtés, mais on ferait mieux de trouver un hospice ou quelque chose du même genre avant de se séparer. Le temps que les onguents fassent effet tu dois tu reposer. On doit d'abord se tirer d'ici." Fit l'Aigrefin, la tête pleine des révélations que lui avait fait Gurip.