Le manoir Siderea est immense. Vraiment imposant. À travers les saules, il semble être une montagne... enfin, disons une colline en plein marécage. On raconte des tas de trucs sur l'origine du manoir. Certains prétendent que c'est Thadea Première en personne qui a fait les fondations du manoir, usant de ses pouvoirs sur l'eau pour empêcher le manoir de couler. D'autres prétendent que c'est Raul Vitium et sa capacité à contrôler la terre qui a permis de pouvoir assoir solidement le manoir. La vérité est probablement qu'ici, il y a du roc sous le marécage. Mais ça ne signifie pas que tout le reste est faux. Le marécage n’envahit jamais le manoir, même dans les sous-sols et la base ne coule pas dans le marécage. De toute façon, de la vérité, tout le monde s'en fiche.

Le manoir est incontestablement de noble famille. Ou alors, ce sont des parvenus de longues dates. Tout est luxueux, presque à outrance. Devant la porte principale se dresse un monumental escalier. Malgré le faste et le luxe, les colonnes, voir des paravents de pierre soigneusement décoré ont été placées de manière à offrir nombre de protection en cas d'attaque. les assaillants risquent d'avoir la vie dure une fois les portes ouvertes. Surtout que la réputation des Siderea s'est souvent fait sur ce que raconte le seul et unique survivant. La Première s'assurait de toujours garder un survivant. Les survivants, c'est ce qui raconte l'histoire. Juste après les gagnants.

Mais pas le temps de visiter, le garder, trainant des pieds, précède Vaykat dans un dédale de couloirs, plus ou moins droits qui poussent à s'interroger sur la possibilité que tout ça soit réel, sinon, l'architecte était un imbécile, parce que faire des couloirs comme ça, c'est... carrément insensé. Vaykat doit surement se dire aussi que c'est impossible que le manoir soit si grand, tant le temps pour s'y rendre lui semble long. Tout ça pour finalement revenir dans le hall d'entrée du coté opposé où il débuté son parcours et prendre la première porte juste après les paravents de pierres. Et évidemment, escorté du bruit insupportable du garde qui traine des pieds.

La pièce où Vaykat est introduit est un grand salon à l'ambiance feutré. Enfin, l'ambiance serait feutré si des éclats de rires de femmes ne venait pas brimer le tout. À une table, Thadea est assise, devant un gigantesque bouquin, Fatal à la main et elle semble expliquer quelques rudiments théoriques du combat à un tout jeune garçon, tandis que trois autres femmes-filles, des Siderea, puisqu'elles se ressemblent toutes, et visiblement des mage noires, vu le stricte minimum de tissus qu'elles portent, sans rien laisser voir, mais tout imaginer, coiffent l'aigrefine, tortillant les longues mèches noires. C'est une toute jeune blondinette, la seule blonde, au visage de porcelaine, vêtue de rose pâle, qui remarque l'intrus. Le garde s'est éclipsé aussitôt. Elle dévisage Vaykat une seconde, puis un étrange sourire glisse sur ses lèvres, brièvement, très brièvement, parce qu'aussitôt, elle laisse tomber la brosse et se met à hurler.

- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Les dames sursautent, tandis que la seule à bondir sur ses pieds est Thadea qui, d'un même mouvement, envoie valser sa chaise, agrippe le garçon et le tire derrière elle et fait face seule à Vaykat, puisque les trois autres ont parfaitement disparut derrière l'aigrefine. Seule la blondinette qui a hurlé est resté à sa place. Visiblement, Thadea n'est pas une mage noire. Si elle ressemble aux trois autres, elle n'est pas taillées comme elles et elle porte nettement plus de tissus que ses compagnes, mais tout de même, tout ce tissus en couvre nettement moins que son habillement habituel et son armure.

Et la blonde toute mignonne, voyant l'air surpris de toute le monde, éclate d'un rire sonore et cristallin, visiblement hilare de sa bonne blague. Et la blondinette rit, et elle rit ! Elle rit tant qu'elle en pleure. Ses compagnes sont nettement moins hilares qu'elle et reprennent assez d'aplomb pour se mettre à pester contre la princesse lorsqu'elles voient Thadea ranger Fatal.

- Bon sang, Ann, tu aurais pu faire tuer quelqu'un...

Toujours hilare, la dénommée Arselianne cesse aussitôt de rire et elle se dirige d'un pas presque dansant vers l'intrus. Elle se plante devant lui et, sur la pointe des pieds, tente de voir sous le masque, les mains croisées, parce qu,on ne l'a pas invité à toucher.

- Et à qui ai-je l'honneur ?
- Aucun honneur pour toi, dégage.

Thadea affiche un sérieux un peu trop autoritaire. Décidément, il faut faire sa place ici. L'adolescente au cheveux doré devance l'aigrefine et vient se blottir contre Vaykat, étirant le cou pour mieux le voir.

- Qui es-tu mystérieuse apparition, roucoule-t-elle avant de se faire brusquement arracher à la chaleur de Vaykat par le bras agacé de Thadea. Elle tend les bras vers Vaykat d,un geste théâtrale. Ne saurais-je donc jamais qui vous êtes, mystérieux mâle pl...

Elle se tait et baisse la tête, faussement repentante, mais le regard assassin que vient de lui jeter Thadea la menace du pire si elle termine sa phrase. Les autres demoiselles gloussent, parce que c'est toujours amusant de voir Arselianne en pleine action. Sauf lorsqu'on est sa victime, mais bon, chacun son tour. Thadea ne perd pas une minute et elle pousse Vaykat hors de la salle. L'une d'entre elle murmure quelque chose et elles éclatent de rire à l'unisson juste avant que la porte ne se referme.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-elle, sans doute un peu sèchement, mais elle vient d'être prise en flagrant délit de pure possessivité et elle tente tant bien que mal de le masquer par son air patibulaire habituel.

- Pas du tout, proteste-t-elle en se mettant à marcher dans les couloirs, encore.

Vaykat n'a pas d'autre choix que de la suivre, il risquerait de se perdre ici tellement tout est mouvant. Et puis si elle s'était mise belle pour lui, il ne l'aurait pas retrouvé dans cette position. Elle se serait assuré de surtout ne pas avoir Arselianne dans les pattes. Elle se doute aussi que le garde zombifié lui a fait faire le faux tour du propriétaire. Mais encore une fois, elle l'entraine dans les corridors, mais cette fois, elle lui fait grimper l'imposant escalier à l'entrée et elle bifurque vers la droite. Comme toujours lorsqu'elle est pieds nus, elle marche sur la pointe des pieds. L'exercice est beaucoup trop difficile une fois l'armure revêtu.

- Déjà ?

Elle hoche la tête, oui, c'est possible. Elle n'a pas compté combien de temps s'est écoulé depuis leur rencontre. Elle a eu tant de choses à faire. Elle se demande s'il l'a observé ou surveillé, parce qu'elle est au manoir depuis deux jours à peine. Est-ce un hasard ou s'est-il assuré qu'elle était là avant de se présenter ? Elle ne lui demandera pas. Il ne le lui dira pas non plus de toute façon. Pourquoi le ferait-il ?

- Ce sont de bonnes nouvelles ?

Elle ne lui demande pas non plus ce que sont les détails de ces nouvelles. Elle ne connait pas grand chose aux Nomades et elle se doute qu'il sait ce qu'il fait. Elle le fait entrer dans une grande pièce dont les immenses fenêtres, dont plusieurs sont fermées par d'épais rideaux, dévoilent un panorama magnifique sur le marécage. Comme presque tous les jours, une brume flotte au ras du sol. Des créatures agitent l'eau par endroit et un peu plus loin, un bâtiment totalement vitré, mais aux vitres sales trône dans la boue. Après avoir remarquer les fenêtre, ce sont les rayons de bouquins soigneusement reliés qu'on découvre. Les Siderea sont de nobles érudits. Ils savent tous lire, contrairement à Lilura et à Raul qui lui ne lisait que les symboles et signes nomades. Ils ont aussi tout lu les différents, plus ou moins sérieusement, écrits de leurs ancêtres et plus tard, leurs écrits iront garnir les rayons de la bibliothèque.

Mais la question est, qu'est-ce qu'elle vient foutre dans la bibliothèque des Siderea. Et pourquoi y a-t-elle amené Vaykat. Et bien non, ça n'a rien à voir avec un quelconque fantasme d'érudit. Elle entraîne Vaykat dnas un coin de la bibliothèque où se trouve une table, ou plutôt un bureau de travail. Funeste repose accroché sur le dossier de la chaise. Visiblement, elle y a passé beaucoup de temps. Il y a beaucoup de bouquins empilés sur le bureau, mais aussi une carte. Une carte du marécage, plutôt bien détaillée pour une carte de ces si mystérieux marécages, mais aussi du désert... mais cette carte-là est loin d'être aussi bien détaillée, bien que précise. Elle pointe aussitôt un point sur la carte. D'une écriture anguleuse, on peut y lire "Cité Engloutie".

- Est-ce que c'est difficile de s'y rendre ?

Aucune introduction, ou alors elle se sert de cette question comme entrée en matière.

Elle se contente d'hocher la tête. Bien, très bien, d'excellentes nouvelles de savoir que ce sont de bonnes nouvelles. Elle ne demande aucun détails. De toute façon, à chacun ses champs d'activités. Le rassemblements de peuplades, c'est pas son truc. Elle préfère le laisser faire. Il est de toute façon le mieux placer pour savoir ce que veulent les Nomades. Elle travaille à plus petite échelle, pour le moment. Les aigrefins sont nettement moins nombreux que les Nomades. Et surtout, ils sont moins dispersés. Ça facilite les choses. La proximité lui permet aussi de garder un oeil sur son statut. Même d'ici elle est au parfum de ce qui se passe là-bas.

Mais en attendant, elle fixe Vaykat, tandis qu,il regarde la carte et qu'il lit ce qui y est écrit. Il semble réfléchir un moment avant de répondre. À moins que ce soit elle qui soit trop pressée d'avoir la réponse ? Et la réponse de Vaykat lui plait plus ou moins. Elle trouve franchement que cette réponse manque de précision. Thadea préfère les droits aux buts et les sans détours. Et il met du temps à approfondit un peu ses pensées.

- Je me charge du danger, dit-elle sur un ton de parfaite évidence.

Elle est aigrefin après tout, le danger, ça la connaît et elle sait s'en défendre la plupart du temps. Ce n'est pas de ce genre de réponse dont elle a besoin. Pour ce qui est de la chaleur, elle croit bien s'en tirer, mais elle n'en a aucune certitude. Elle n'y a jamais mis les pieds, alors comment savoir ? Elle se débrouille comme une championne dans les marécage, par contre. Elle sourit lorsqu'il finit par dire tout ce qui comptait pour elle. Il est capable de s'y rendre. Par contre, elle esquisse une moue lorsqu'il demande pourquoi elle veut s'y rendre.

- Je veux quelque chose qui s'y trouve. Un artéfact. Enfin, je crois qu'il s'y trouve. Il n'y est peut-être plus, mais je dois aller vérifier par moi-même.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne lui dévoile pas l'objet qu'elle désire acquérir. Elle n'est pas certaine qu'il s'y trouve encore. Ce serait décevant qu'il ne s'y trouve pas au final. Et lui dire qu'elle a fait tout ça pour rien pour lui, elle n'est pas certaine de pouvoir l'assumer. Oui, certes, c'est grandement intéressé comme recherche. Ça donnerait évidemment un plus à Vaykat dans son rassemblement des clans Nomades. Et puis, il lui en a parlé, du coup, elle sait que ça va l'intéresser. Et si elle ne lui dit pas, c'est aussi pour savoir s'il prendrait ce risque sans savoir s'il y gagnera quelque chose.

- En combien de temps pourrais-tu m'y conduire et de quoi on aura besoin pour y aller ?

Décidément, elle a déterminé qu'il devait l'accompagner. Sans lui demander sa permission, faisant fi de tout autre événement qu'il aurait pu avoir prévu ailleurs que dans sa quête.

Elle hoche la tête. Oui, elle ait ça que le désert c'est dangereux. On le lui a assez dit quand elle était petite. Il faut savoir que les petits Siderea sont élevés et éduqués en symbiose avec le marécages. On raconte qu'ils ont une parfaite affinité avec les eaux vaseuses. Contrairement à elle qui est toujours mal à l'aise lorsqu'elle ne touche pas au fond de l'eau, ses soeurs, cousines, tantes et aïeules se sente dans leur élément dans l'eau. On prétend que c'est son affinité avec leu feu qui rend l'eau difficile à manipuler pour elle, mais elle sait bien que Lilura Psitta était très habile dans l'eau.

- C'est pareil à Malificium, on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus. Le marécage est aussi dangereux, mais je connais bien le marécage.

Pourtant, Thadea a fait comme tous les autres Siderea avant elle. Elle a traversé le marécage en solitaire. Elle connait le marécage par coeur, parce que les Siderea viennent du marécage. Mais le désert a toujours été la limite à ne pas franchir. Pourtant, maintenant, elle doit y aller. Bah oui, un artéfact. Il doit pourtant savoir ce qu'est un artéfact. Tout le monde sait ce qu'est un artéfact. Il cherche peut-être de quel genre d'artéfact elle a entendu parler et qu'elle veut. Il suppose peut-être que s'il n'a jamais entendu parler de l'artéfact, il n'existe pas. Mais il existe. Enfin, il a déjà existé...

- Oui, un truc magique. Un artéfact, quoi. Il y était. Une fois dans la cité, je saurai peut-être le trouver.

Elle n'en dira pas plus, parce qu'elle ne veut pas en dire plus pour le moment. Il n'a pas à savoir tant qu'elle n'aura pas mis la main dessus. Mais il déclare soudainement qu'il ne l'accompagnera pas. Thadea se fige et dévisage Vaykat durant une ou deux longues secondes. Sa mâchoire se serre. Visiblement, elle n'a pas apprécié la réplique. Des tas de répliques lui viennent en tête, aussi acerbes et assassines les unes que les autres. elle va même jusqu'à inspirer pour les laisser sortir, mais elle referme la bouche et expire. Elle inspire à nouveau et elle ne dit rien de tout ça. Elle se contente de quelque chose de beaucoup moins désagréable, et surtout de beaucoup plus vrai.

- Je... je n'ai jamais mis les pieds dans le désert. Tout ce que je sais, c'est que pour ma famille, c'est la fin de tout. Je ne peux donc pas compter sur eux pour venir avec moi. Tu es le seul Nomade que je connaisse à part oncle Bill. Mais il a plus de 60 ans, je me suis dit que c'était peut-être moins risqué d'y aller avec toi. Et comme tu es passé dans le coin avant oncle Bill... tu... tu as autre chose de prévu dans l'immédiat ?

Malgré ses dehors patibulaires et de femmes fortes, il ne faut pas oublier que non seulement Thadea est une Siderea, mais surtout, c'est une femme. Et c'est bien connu que les femmes obtiennent tout ce qu'elles veulent, l'air de rien. Le ton de sa dernière question a été posé presque à voix basse, d'un ton plus doux et un peu plus haut qu'à son habitude. D'un index propre et entretenu depuis peu, elle glisse sur la carte, dessinant des arabesques autour de la cité engloutie. Et si on y porte très attention, elle s'est peut-être penchée un peu vers Vaykat. Elle porte une robe qui offre une très belle vue, pourquoi ne pas en profiter ?

Thadea plisse les yeux. Oui, elle devrait savoir le trouver. Le hic c'est que Raul Vitium a beau être un de ses ancêtre, elle n'est pas de sa branche directe. Du coup et elle n'est pas non plus Nomade. Raul indique vaguement où il a caché l'objet, mais elle espère bien pouvoir se repérer. Mais les instinct de Nomades, c'est Vaykat qui les possède, pas elle. Elle compte bien ne pas faire tout ce trajet pour rien. D'un autre côté, elle comptait le faire plus tard. Attendre que Vaykat redonne des nouvelles, mais il l'a fait plus tôt qu'elle le croyait. Tant mieux, non ? Ce serait donc rapidement réglé.

- Le hic c'est que sans ton expérience du désert, je ne m'y rendrai peut-être pas, minaude-t-elle en se serrant un peu plus près de lui.

Pourquoi ne pas profiter de ses vices pour avoir le meilleur de lui ? Ce serait bête, mais vraiment très bête de s'en priver. Thadea est une opportuniste après tout. Et puis d'un autre côté, il doit accepter, parce que de toute façon, c'est pour lui. Pour elle par ricochet, mais pour lui à la base. Oh, elle le sait très bien, mais elle ne va quand même pas le lui dire. Elle n'a même pas à se forcer pour avoir l'air câline. Elle doit habituellement se faire violence pour user de tels artifices et là, ça lui vient tout seul. Non pas qu'il lui soit plus aisé d'user de perfides manipulations féminines envers Vaykat, mais parce que le comportement de séduction lui semble plus naturel envers lui qu'envers qui que ce soit d'autre. Mais pourquoi ne pas faire une pierre deux coups. Et puis, si elle n'avait pas vraiment pensé à Vaykat durant les dernières semaines, surtout parce qu'elle y faisait obstacle malgré le fait que ça lui ait sauvé la vie une fois, elle devait avouer que de se retrouver contre lui, là, maintenant, éveillait quelques souvenirs physiques encore plus excitant que ce à quoi elle s'était attendue. Et il finit par accepter.

- Oui, indispensable dans le désert, ronronne-t-elle.

C'était la stricte vérité, même si probablement, elle pourrait peut-être réussir à s'en sortir seule, mais elle préférait de loin y aller avec lui. Mais bon, après, il n'est sans doute pas si indispensable... non voyons. Mais elle s'en donnait le genre, puisqu'il était quand même un excellent atout pour récupérer l'objet... et ça lui reviendrait, du coup, s'il n'était pas là, elle aurait l'air de quoi lorsqu'elle lui ramènerait et le lui donnerait ? Non, il devait venir. Elle esquisse un étrange sourire lorsqu'il lui parle de son habillement et de la probabilité purement physique de leur rencontre.

- Je porte plus souvent cette robe que tu ne le crois, dit-elle en tentant de faire abstraction à la chair de poule qui se propage dans son dos.

Elle jette aussi un coup d'oeil à la carte. C'est une jolie carte. Celle de Raul Vitiom était plus simple. Thadea trouve que sa reproduction a plus précise. Mais Raul se fiait surtout à son expérience et à son instinct de Nomade qu'aux cartes. Et puis, Thadea ne pouvait pas non plus apporter la carte dessinée par Raul. Elle avait donc redessiné sa propre carte. Elle ne l'avait pas encore terminée. Mais elle pourrait y mettre la touche finale ce soir.

- Tu auras tout ce que tu veux et ce dont tu auras besoin. Tu n'as qu'à demander et tu l'auras. Tu devras penser à tout, vraiment tout, parce que je n'ai absolument aucune idée de ce qui sera utile. Elle relève sa provocation et elle sourit. Je ne me téléporte pas, si c'est ce que tu insinue. Faudra que tu marches toi aussi, parce qu'autrement, je ne réussirai pas à te suivre, en effet. En contrepartie, je ne te laisserai pas tout seul dans le marécage que nous traverserons pour atteindre le désert.

Eh oui, elle ne compte pas passer par la terre ferme, mais par un chemin dangereux, parsemé d'embûches mouvantes qui pullulent dans le marécage. Le genre de chemin qui se dérobe sous les pieds au moindre faux pas. Ce sera le chemin le plus rapide pour atteindre le désert en partant d'ici.

- Si nous partons à l'aube demain matin et que nous suivons la Grande Ligne, nous atteindrons la frontière du désert au coucher du soleil.

Après, il décidera si les premiers pas dans le désert se feront de nuit ou au matin suivant.

- Je manque de couleurs... eh bien...

Thadea hausse un sourcil. Il entend quoi par ça lui donnera des couleurs ? Il la trouve pâle ? Elle esquisse un légère moue, de toute façon, Arselianne n'arrête pas de le li dire. Mais bon, c'est pas comme si elle avait le temps, quand elle n'est pas ici, de se bichonner et d'esthétiquement prendre soin de son corps. Mais ça n'a pas d'importance, elle aura deux jours pour se cramer la peau au soleil de plomb du désert. Elle s'en réjouie d'avance... vraiment... mais elle n'y pense pas longtemps, puisque Vaykat vient glisser sa main sur sa joue, si délicatement qu'elle n'a d'autre réflexe que de se rapprocher d'avantage.

- Oh, mais ce n'est pas ma plus jolie robe, tu sais, répond-t-elle d'une voix douce, avec peut-être une pointe de provocation.

Oui, il faut dire que Thadea est beaucoup plus détendue ici que partout ailleurs. Elle ne craint rien ici, sauf peut-être les incursions spontanée d'Arselianne, mais ça n'est jamais vraiment dangereux. Et puis, c'est plus agaçant que stressant. La plupart du temps, il suffit de trouver une occupation à Arselianne pour s'en débarrasser. Ou bien lui lancer un défi. Arselianne adore les défis. Mais elle n'est pas non plus totalement stupide. M'enfin, c'est Arselianne. Tout ça pour dire que Thadea ici est beaucoup plus détendue, plus calme et elle ne subit pas sa paranoïa habituelle. Du coup, avec Vaykat à proximité, ça ne peut que la mettre dans un état beaucoup plus propice au jeu de la séduction que lors de leur première rencontre.

Oh oui, ils pourraient avoir toute la soirée et probablement une bonne partie de la nuit. Elle répond à la question d'un hochement de tête, très lent et d'un haussement de sourcil plus qu'explicite. Elle a un léger frémissement lorsqu'il glisse ses doigts dans son dos nu. Elle se serre contre lui, sans démontrer la moindre résistance, quand soudainement, il annonce qu'ils devraient se préparer. Elle bat des paupières a une ou deux reprises, le temps de saisir ce qu'il a vraiment dit. Il a vraiment dit ça ? Quand il s'éloigne, la confirmation est faite. Il a vraiment dit ça. Rien du tout ne parait dans le comportement de Thadea. Ni contrariété, ni déception, ni rien du tout. C'est un peu comme s'il ne s'était absolument rien passé. Elle regarde Vaykat énumérer ce dont ils ont besoin et elle hoche la tête, indéchiffrable. Elle se charge de plier la carte, l'air de rien.

- C'est tout ce dont on aura besoin ? Pas de problème, c'est facile à trouver.

Elle s'empare de la carte et elle lui fait signe de le suivre. Il l'aurait suivi de toute manière. Elle sort de la bibliothèque et traverse les couloirs.

- Horace. J'ai besoin de couvertures... Elle s'arrête brusquement en plein milieu du couloir et recule de deux pas. Horace ! Vu le manque de réaction, elle plonge la main dans le recoin sombre et un bruit sourd se fait entendre. Horace ! Dans un froissement de ce qui ressemble à du papier sec, une silhouette s'extirpe du recoin sombre. C'est visiblement une momie desséchée, mais richement vêtue comme un domestique. Ah enfin. Horace, j'ai besoin de couvertures chaudes pour des nuits froides, de quoi allumer des feux pour six nuits, sans te préoccuper des allumettes, ça ne sera pas nécessaire. J'ai aussi besoin de provisions au stricte minimum pour six jours et surtout de l'eau pour autant de temps. Trouve-moi aussi des torches et je me charge du reste.

Et elle plante là le domestique momie qui se met à avancer en trainant les pieds. Thadea se remet aussi en marche avant de s'arrêter brusquement.

- Hé, Horace ! Tu dois avoir rapporté ça à la bibliothèque à ma table avant la nuit noire.

Et cette fois, elle se remet en marche, question de s'occuper du reste.

Thadea se sert bien assez elle-même lorsqu'elle est au Château Abandonné, où elle agit comme n'importe quel autre aigrefins. Le seul qui se laisser servir au Château, c'est Radhek, parce que c'est le chef. Ici, au Manoir, elle profite de ce que sa noblesse peut lui apporter comme avantages. Se faire servir par des zombies et des morts vivant est une de ces choses. Ça lui laisse plus de temps pour se reposer, bavarder avec ses cousins, tantes, cousines, oncles et le reste de sa fratrie. Enfin, habituellement, ça lui laisse plus de temps pour tout ça. En ce moment, elle se dit que ça lui laissera plus de temps pour préparer ce dont ils auront besoin pour traverser le désert et aussi profiter du corps de Vaykat, qui avance quelques centimètres derrière elle. Ses pas la mènent d'ailleurs dans cette optique dans la direction d'un endroit nettement plus confortable que le sol près de la cascade.

Elle se fige et retient une exclamation de surprise lorsque Vaykat la saisit par la taille. Thadea a beau être plus détendue ici, la surprendre ainsi ravive toujours durant une fraction de seconde ses instinct agressifs. Aussitôt qu'elle fait le lien entre l'attaque et Vaykat derrière elle se laisse aller contre lui et devient aussi douce qu'un agneau. Enfin, peut-être pas, faut pas exagérer, mais quand même. Elle offre son cou au baisers, visiblement ravie de ce changement d'idée. Ne voulait-il pas se préparer maintenant ? Il a visiblement changé d'idée. Excellente nouvelle, parce qu'elle n'a pas du tout l'intention de terminer les préparatifs avant Horace.

- Nous avons beaucoup de temps, Horace doit rapporter ce que tu as demandé à la bibliothèque et je ne me dirige pas vers la bibliothèque, ronronne-t-elle. Savourant avec délices les baisers dans son cou, elle glisse une main sur la nuque de Vaykat et se serre encore un peu d'avantage contre lui, comme si elle trouvait qu'ils sont encore trop loin l'un de l'autre. Tu es sur que tu veux voir mes robes ? Sans s'éloigner, elle fait un demi tour et se retrouve face à Vaykat. Elle glisses ses bras autour de son cou. Je pensais à un endroit plus confortable ou il y a moins de vêtements, moins de courants d'air et surtout moins de miroirs.

Aucun doute à avoir, l'éclat dans son regard, outre la lueur incandescente qui brille lorsqu'il fait sombre, est plus qu'explicite. Elle trouve aussi qu'ils ne se sont pas vu depuis longtemps. Elle aurait pu attendre longtemps avant de ne plus supporter de savoir si c'était un coup de chance. Mais maintenant qu'il est là, tout près, si près elle aurait bien du mal à cacher son impatience. Elle ne tient pas non plus à cacher son impatience. Pourquoi ? Elle n'a pas non plus envie feindre l'inaccessible. Sa famille féminine dirait sans doute qu'il faut toujours se laisser désirer jusqu'au bout, mais non seulement elle n'a pas envie de se laisser désirer bien longtemps, mais en plus, elle voit bien qu'il la désire vraiment, du coup, pourquoi se languir ?

Le trajet vers la chambre de Thadea n'est pas très long. Quelques pas de plus à peine. Elle a jadis choisit une chambre très près du sol, là où elle peut voir les écuries et le terrain de jeu de Brusque. Du coup, Brusque est aussi près d'elle et il ne s'inquiète pas. Brusque prend son boulot de garde du corps et de fidèle destrier très au sérieux. C'est une pièce modeste, pas très grande, mais richement décoré. Des tentures épaisse de velours aux armoiries de la Première rendent les murs de pierres moins glaciales. Bien que la plafond soit haut, un lustre assez volumineux enlève un peu de hauteur à la pièce. Un foyer orne le mur opposé à la fenêtre et les outils de travail de Thadea prennent le reste de la place. Dans une alcôve à l'opposé de la porte son lit est recouvert d'un épais couvre-lit richement brodé. Thadea est une noble après tout. On peu aussi y voir une vanité, dont le miroir est recouvert d'un tissus de velours noir. Une table dans un autre coin et une chaise, ainsi qu,une bibliothèque bien garnie. Thadea est une noble érudite.

La première chose qu'elle fait en entrant dans sa chambre, après avoir fermer la porte, est de fermer aussi la porte de son garde-robe, masquant ainsi le grand miroir. Avec les miroirs, Emeridienne espionne tous les résidents du manoir. Tout le monde résidant au manoir le sait et du coup, aucun d'entre eux ne possède de miroir là où ils n'en veulent pas. Thadea en possède un dans son imposante armoire plus dégarnie que les autres, mais le choix reste tout de même impressionnant pour qui n'en a pas l'habitude.

La seconde chose qu'elle fait est d'aviver les flammes du foyer, qui visiblement n'étaient que braise sous les bûches, puis elle incendie le lustre qui jette une lumière chaude dans la pièce. Elle se dirige ensuite vers le pied du mur et y jette une étincelle. Aussitôt, une traînée enflammée court le long du mur, entre les tentures, accentuant un peu la luminosité de la pièce, mais surtout en amplifiant la chaleur du foyer. Thadea n'aime décidément pas avoir froid dans ses appartements. Elle préfère la tiédeur sèche d'un bon feu, chose qui n'est pas aisé dans le froid humide du manoir. Mais les autres résidents s'y trouvent confortable. Elle jette un coup d'oeil à son environnement couleur feu, sang et lames avant de revenir vers Vaykat.

- Bienvenue chez moi, susurre-t-elle à l'oreille de Vaykat, tout en détachant et en laissant tomber sur le sol, derrière Vaykat, la cape humide et sans doute un peu boueuse.

Elle lui fait faire demi tour et elle le pousse délicatement, à reculons, jusqu'à ce qu'il se retrouve les talons collés à la base du lit de Thadea, mais elle le pousse une dernière fois, l'obligeant ainsi à s'assoir sur le lit. Elle s'agenouille devant lui et lui retire ses bottes, une à une, faisant fi de la boue qui laisse une traînée sombre sur sa robe et les laisse au pied du lit. Thadea a un peu d'avance sur Vaykat en frais de moins de vêtements sur le dos. Elle doit rétablir l'égalité. Derrière Thadea, Vaykat peut apercevoir une jeune femme, blanche, translucide.

- T'occupe pas, c'est une lavandière, murmure-t-elle tandis que la jeune femme diaphane disparait.

Oui, c'est un passe-temps qui lui plait assez doit-elle avouer. La première fois, il a pu se faire plaisir à jouer sur son corps, elle compte bien en profiter à son tour, bien que cette idée soit tout à fait malléable. Peu importe si c'est qu'elle aurait pu prévoir ou non, elle compte bien profiter de chaque instants près de Vaykat, à moins qu'au final, tout ça l'ennuie, mais elle n'en est pas là. Au contraire, elle vient tout juste de commencer et vu la première expérience, elle est parfaitement ouverte à en tenter une seconde, voir plus si cette deuxième expérience s'avère aussi mémorable que la première. Évidemment, le contexte est différent, très différent, mais c'est d'autant plus amusant, question d'éviter la monotonie.

- Je ne crois pas, parce que à part hurler pour annoncer une mort prochaine et faire la lessive, elle ne font pas grand chose de concret. Nous les laissons faire la lessive pour éviter qu'elles nous embêtent, explique-t-elle aussi naturellement que s'il s'agissait d'un couple d'oiseau venant fait leur nid dans le toit du manoir. Peut-être Ann arriverait à en tirer quelque chose, mais ça ne serait toujours que des mots. Il n'y aurait que les miroirs pour trahir ce qui se passe ici et comme tu peux voir, je prend des précautions, avoue-t-elle en désignant le miroir de sa vanité recouvert.

Ça lui est si familier. Tout ça lui vient de son apprentissage, de sa vie, ici, au manoir. Vaykat lui saisit le bras et la tire vers lui. Elle ne proteste pas et vient le rejoindre. Elle est toujours agenouillée, elle s'est seulement étirée pour venir goûter au baiser de Vaykat. Elle n'en a pas encore finit avec lui, mais un intermède si savoureux mérite qu'on s'y attarde. Ses mains glissent sur la nuque de Vaykat, emprisonnant le tissus du col entre ses doigts et y suivant la lisière, pour rejoindre les boutons à l'avant. Elle a à peine le temps de saisir le premier bouton qu'il commente. S'impatiente-t-il ? Et pourquoi donc ?

- Je sais, et je m'applique à rétablir l'égalité, dit-elle en faisant sauter le premier bouton.

Grimpant à son tour sur le lit, elle tire un peu sur sa jupe pour avoir un peu plus de latitude et elle emprisonne Vaykat entre ses cuisses, non sans négliger les boutons. Elle les détache un à un, glissant ses mains sur Vaykat entre chaque, ponctuant chaque réussite par un baiser, évitant de le toucher entre chacun. Une fois le dernier bouton détaché, elle remonte doucement, s'insinuant sous le gilet et détermine au touché quelle sorte de chemise il porte en dessous. Visiblement le même genre que la dernière fois. Enfin, celle qu'il a déchiré au début du combat. Et dire qu'ils ont commencé par se taper dessus. Feront-ils l'inverse ce coup-ci ? On verra bien.

Elle vient enrouler ses bras une fois de plus autour du cou de Vaykat avant de les écarter pour libérer les épaules du démon de son gilet. Elle pousse le tissus épais vers le bas, jusqu'à ce que Vaykat se libère les bras et elle remonte, glissant ses doigts sous la chemise et l'entraînant dans le même mouvement ascendant.

Prendre parfois le temps de bien faire les choses est parfois bien plus amusant que de se précipiter. Elle n'aurait probablement jamais dit les choses ainsi jadis, mais en ce moment, elle croit fermement que de profiter de chaque parcelle de la peau de Vaykat est vraiment la chose la plus agréable du monde. Maintenant qu'elle a accès à beaucoup de peau, elle compte bien s'en rassasier du bout des doigts, des mains et aussi probablement des lèvres et du bout de la langue. Elle y est allée un peu au hasard, durant la nuit à l'extérieur, mais il ne fait pas sombre dans la chambre de Thadea. Elle peut donc aussi se contenter les yeux. Mais Vaykat ne lui laisse pas le temps de profiter de la situation et il s'attaque à sa pauvre robe sans défenses. Elle en profite quand même un peu pour suivre des doigts sa musculature avant de prendre ensuite le fil d'une scarification et d'en suivre le tracé. Magnifique ? Elle l'écoute à peine, profitant de sa proximité pour sentir sa peau contre la sienne, pour sentir ses lèvres dans son cou. Elle laisse s'écouler de longues minutes, à profiter de la situation avant de se dégager et de s'attaquer au derniers vêtements que porte Vaykat.

Le dit dernier vêtement de Vykat ne résiste pas longtemps à l'intrusion de Thadea. Il glisse aisément dans la direction que lui impose Thadea, sans émettre la moindre protestation et encore moins de résistance. Découvrir Vaykat totalement nu dans ce nouvel environnement dépasse de loin le plaisir auquel elle s'était attendu. Debout près du lit, mais juste hors de porté de Vaykat, elle prend un moment pour observer son oeuvre. Oui, parce que c'est elle qui l'a mis à nu, il est difficile de le nier puisqu'il n'y a personne d'autre qui aurait pu le faire. Elle pourrait le faire languir davantage, mais elle-même n'en a pas envie, au contraire. Avec une économie de mouvements et une aisance machiavélique, elle détache la ceinture de sa robe, simple lanière parsemée de pierreries qui retenait le tout sur ses hanches. Le tissus glisse le long de ses cuisses et touche le sol dans un froissement feutré. Elle revient lentement vers Vaykat, mise à nue à son tour. Les flammes projettent des ombres orangées sur sa peau, découpant quelques cicatrices plus ou moins fraîches. Elle pose un genoux entre les cuisse de vaykat et se hisse sur le lit, posant son autre genoux sur le matelas et elle vient chercher les lèvres de Vaykat avec la délicatesse d'une araignée.