[Terminer]Nostalgie [Miranda]

Le fleuve radieux. C'était à se demander comment il était resté intact. En deux cents ans, il ne semblait pas avoir changé du tout. Vaykat se rappellerais toujours de cet endroit puisque c'est là où il a combattu Arielle avant de faillir mourir. C'était la première fois depuis sa renaissance qu'il revenait au fleuve. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait été poussé à revenir à l'endroit de sa ''presque'' mort. Le combat entre lui et l'ange avait duré longtemps et l'affrontement avait fait souffrir la nature environnante et même après tant d'années, les arbres portaient les marques de la faux du démon. La clairière dans laquelle ils s'étaient battue n'était pas très loin de la rivière. Vaykat pouvait reconnaitre le lieu facilement : l'herbe avait été brulée par les pouvoir incandescent de l'ange et l'explosion de la bague du démon avait fait pousser des plantes crée par l'énergie pure d'Arielle.

À cette penser, il jeta un regard à son bras gauche qui avait été marqué à jamais par la destruction de l'anneau. Il se remémora ces aventures d'il y a deux cents ans et il n'a pas pu s'empêcher de penser à Sylvaenne, la chef des éclaireur. Elle l'avait aidé, alors que personne ne l'aurait probablement fait à retrouver ses pouvoirs. La plupart de sa force avait été scellée lorsqu'il était encore tout jeune par sa propre soeur. Sylvaenne pue briser les chaînes qui retenaient la force du démon et avait libéré le Vaykat d'antan. Mais sa force nouvelle n'avait pas été suffisante pour le permettre de survivre au combat contre Arielle. La scène se déroulait encore dans son esprit, il se rappelait chaque mouvement, chaque mot qui ont été dit dit durant la confrontation.

Maintenant qu'il avait survécu, il avait perdu pratiquement toute la force qu'il avait autrefois possédé. Il ne pourrait sans doute pas la retrouver sans monter les échelons une fois de plus. Mais, se serait beaucoup plus difficile maintenant puisqu'il avait perdu sa seule amie et la seule personne qu'il avait probablement aimé. Éclipse lui manquait et, même s'il ne voulait pas l'accepter, sa perte avait causé une grande douleur chez le démon. Il ne pleurerait pas, il ne pouvait pas se permettre ce moment de faiblesse. Au lieu d'alimenter sa tristesse, le départ d'Éclipse alimentait sa rage. C'était peut-être une réaction commune mais, sa colère n'était que grandissante et il ne pouvait pas la contenir indéfiniment.

Le démon s'avança sur les lieux de sa mort et pris Trahison d'une main. Il l'amena devant lui et observer longuement la lame dénuée de vie. Avant, elle aurait réagi à son attention. Éclipse lui parlerais et ils passeraient du temps ensemble dans un monde différent en entrant en communion. Mais désormais son arme n'était plus qu'une lame affutée faite pour tuer. Il caressa distraitement le plat de l'arme du bout des doigts. Le temps qu'il avait passé avec les humains l'avait certainement adoucie et rendu plus près de ses sentiments. Ses réflexions furent interrompue par des bruits derrières lui. Il releva lentement la tête et posa sa main gauche sur le manche de Carnage. Son corps disparut soudainement avant de se retrouver devant la source du bruit. Il avait son cimeterre pointé sur la gorge de celle qui l'avait vu. Il lui faisait face, seul son regard bouillonnant de colère était visible. Son masque blanc n'exprimant aucune émotion. Il se rendit compte qu'il pointait son arme sur une femme et ses yeux semblèrent s'adoucir mais, il restait à la fois remplit de colère.

''Que faite vous ici mademoiselle ? Je ne pense pas que vous êtes au bon endroit. Vous m'avez suivis ?''

Longtemps la sidhe s'était demandée si Nelberaid n'avait pas été que l'immense champ de bataille d'une guerre qui avait duré plus qu'une poignée d'années. Il semblait que chaque détour recelait son lot d'esprits de soldats tombés au combat. Certains se lamentaient mais d'autres s'évertuaient à poursuivre une bataille qui avait été perdue, ou gagnée, depuis déjà bien longtemps. Cela en devenait presque usant tant cette violence en devenait gratuite et les mentalités complètement hermétiques à ce qu'il pouvait se passer autour d'eux… Miranda avait du apprendre à ignorer certains de ces esprits sous peine de non seulement perdre un temps précieux mais aussi une partie de sa raison à essayer de trancher un nœud gordien à la seule puissance de ses paroles. Cela ne l'empêchait pas pour autant d'être parfois violemment prise à partie au sujet de débats qui n'avaient plus lieu d'être.

Elle faisait donc en sorte d'éviter les lieux à problèmes ou de fuir sans autre forme de procès lorsqu'elle sentait qu'elle ne parviendrait à jamais à compromis. C'était exactement ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant. Confrontée à un spectre particulièrement revêche et envahissant, la jeune femme avait préféré détourner sa route pour ne pas avoir à le subir trop longtemps. C'était un peu trop compter sur son sens de l'orientation qui s'était révélé au delà du désastreux… Autant dire que cela ne lui réussissait pas vraiment et qu'elle regrettait amèrement que Gem ne soit pas à ses cotés aujourd'hui.

C'est ainsi qu'elle se laissa guidée par le bruit de la rivière estimant, à raison, que si elle parvenait à suivre le cour d'eau elle finirait tôt ou tard par tomber sur quelqu'un qui serait certainement à même de lui indiquer la ville ou le village le plus proche. Lorsqu'elle fut en vue du fleuve radieux elle discerna une ombre, visiblement humanoïde qui se tenait sur sa berge. Etant en position de faiblesse, non seulement ce n'était pas une foudre de guerre mais elle commençait à avoir quelques kilomètres dans les jambes, elle préféra s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un quelconque bandit de grand chemin attendant. Alors même qu'elle écartait une branche pour avoir une meilleure vue, elle ressentit le contact glacé d'une lame sur sa gorge et se figea instantanément.

Si son regard exprima un temps la surprise il ne tarda pas à se faire impénétrable, reflétant presque à la perfection le masque de son, soudain, agresseur. Une réaction de peur ou d'hystérie ne ferait qu'aggraver la situation et elle le savait pertinemment. Au lieu de tomber en pâmoison ou de chercher à fuir elle préféra écarter légèrement les bras de son corps, mettant ses mains en évidence sans pour autant les monter plus hautes que son buste, signifiant ainsi qu'elle ne comptait pas s'emparer d'une quelconque arme. Et qu'elle était pacifiste à défaut d'être soumise.

-Je pense que vous avez parfaitement raison sur un point, je ne suis définitivement pas au bon endroit… Mais je ne vous suivais pas, j'arrive à peine et j'avais dans l'espoir de retrouver ma route.

Initialement elle avait surtout l'intention de lui demander sa route mais maintenant qu'il se tenait face à elle, la sidhe estimait qu'elle n'aurait certainement pas cherché à l'accoster. Il n'avait peut-être pas la mine patibulaire du bandit de grand chemin mais le masque n'était pas un élément qui inspirait une confiance délirante…

-Maintenant, si je vous ai dérangé en quoi que ce soit Messire, je peux très bien aller me perdre un peu plus loin. Voir à l'opposé…

Son regard se reporta alors sur la lame pointant sa gorge avant qu'elle ne hausse un sourcil en guise d'interrogation. De toute façon elle ne « bougerait » que s'il cherchait à l'achever. Pour l'instant elle espérait qu'il soit suffisamment galant pour la relâcher.

Le regard du démon était fixé sur les yeux de Miranda. Elle avait été surprise par son apparition, mais son visage restait calme et ne semblait pas trop paniquer. Vaykat n'aurait probablement pas hésiter si la personne aurait été un homme. Ces origines d'incubes le poussait à aimer les femmes et considéré les mâles comme des obstacles. Il démon jeta un coup d’œil à chacune des mains levée de la shaman. Elle n'avait pas l'air de vouloir chercher à se défendre. Elle lui révéla être perdue et qu'elle cherchait son chemin hors de la forêt. Le démon baissa le regard un instant, examinant le corps de Miranda avant de se stopper sur l'épée qu'elle portait. Elle était en mesure de combattre. Vaykat ne voulait toutefois pas se confronter à elle.

Il retira la pointe de Carnage de sur la gorge de la femme avant de le rengainer. Il gardait un œil sur elle, au cas où elle tenterait un coup en traitre. Son regard se calme et il poussa un léger soupire. Il se massa la nuque puis repris la parole.

''Pardonnez-moi mais, je suis sur mes gardes. Je me nomme Vaykat. Quel est votre nom?''

Obtenir des excuse de la part de Vaykat était choses rare. Miranda pouvait se sentir chanceuse pour qu'il ai des regrets vis à vis sa soudaine montée d'agressivité. Il ajusta sa capuche qui avait légèrement retomber vers l'arrière lors de sa téléportation. Il se demanda alors si il devrait l'aider. Après tout, il connaissait les environ pratiquement à la perfection.

''Je peux vous guider hors d'ici si vous voulez. Vous allez à Bénécius?''

Il se sentait généreux aujourd'hui c'était presque bizarre même. Peut-être que la tristesse qu'il ressentait lui donnait envie d'être pas si mauvais pour une fois? Il ne savait pas trop... Il se dit qu'un peu de compagnie lui ferait probablement du bien. Il n'avait pas trop envie d'être seul en se moment, Éclipse revenait sans cesse hanter ses pensées. Aider Miranda à sortir des lieu lui changerais les idées. Bénécius n'était pas très loin, une trentaine de minutes de marche et ils y seraient Le seul danger restait les petit brigands qui trainait dans le coin. Même la région bénéfique n'était pas a l’abri des criminels. Ils étaient vicieux et n'hésitaient pas à attaquer en groupe. Le démon ne pouvait pas laisser une femmes seule aux prise avec une troupe de bandits. Si elle portait une arme, c'était surement car elle savait s'en servir alors elle ne serait pas un poids durant une éventuelle attaque.

''J'espère que vous savez vous servir de votre arme, je ne voudrais pas d'un poids mort si on doit se battre.''

Il serait mensonger de ne pas dire que Miranda éprouva une grande vague de soulagement lorsqu’elle ne sentit plus la pointe de la lame sur sa gorge. Même si elle était parvenue à garder son calme, elle n’avait jamais perdu de vue que sa vie ne tenait pas à grand-chose… Contrairement à elle, l’homme qui lui faisait face devait être plus que redoutable avec une arme. Si elle pouvait tenir tête à un ou deux brigands, un combattant aguerri n’aurait pas grand mal à la vaincre. Sa main se porta instinctivement à sa gorge, comme si elle voulait s’assurer qu’elle était effectivement en un seul morceau, réflexe peu nécessaire mais diablement humain… Elle réalisa aussi qu’elle avait besoin de déglutir pour pouvoir parler à nouveau avec aplomb. Ce n’était jamais le moment de la tension qui était le plus dur, c’était l’après, lorsque l’adrénaline se retirait, estimant qu’elle n’était plus utile à la situation. La sidhe aussi eut un petit sourire mais bien plus pâle et réservé que celui du rôdeur.

-Il serait plus juste que je m’excuse en premier lieu de vous avoir surpris. Je me nomme Miranda.

De son interlocuteur, la jeune femme n’était parvenue qu’à discerner une couleur de cheveux et, peut-être bien, un regard. Il était assez déstabilisant de s’adresser à quelqu’un qui portait un masque couvrant l’intégralité du visage. Nonobstant le fait qu’il semblait mieux disposé à son égard que quelques instants auparavant, elle n’avait pas spécialement envie de le provoquer. Or, pouvoir décrypter les expressions de son interlocuteurs pour mieux s’adapter était primordial… Privée de cet avantage, l’exercice se révélait plus « périlleux ». La jeune femme devait se garder d’aller trop loin avec Vaykat…

-Oui, je serai votre obligée… Toutefois, si cela vous dérange, il suffira juste de me remettre sur le bon chemin…

En aucun cas elle ne désirait le forcer à quoi que ce soit, du moins imposer… Même si elle soupçonnait qu’un refus de sa part serait clair et net. Il ne devait pas être du genre à s’ennuyer avec les soucis protocolaires… La jeune femme sourit en entendant sa dernière remarque, estimant que cela allait dans le sens de sa propre analyse. Elle acquiesça légèrement, posant sa main sur la garde de son épée.

-Je n’ai certainement pas le niveau d’un grand épéiste mais je saurai me rendre utile, ne vous en inquiétez pas…

Et si son épée ne parvenait pas à ses fins, il lui restait quelques tours dans son sac. La sidhe ne put s’empêcher de jeter un regard à la dérobée au visage de Vaykat. Maintenant qu’elle n’était plus menacée, elle pouvait à loisir observer ce qu’elle voulait. Ce masque était fascinant… Outre le fait que la pièce était remarquablement ciselée, il avait un effet assez pernicieux sur la créature curieuse qu’elle était. Elle mourait d’envie de savoir ce qu’il se cachait derrière et pourquoi il le portait. Mais la demoiselle était bien élevée, jamais elle ne se serait permis de le dévisager ostensiblement…

-Etait-ce sur votre route au moins...?

Vaykat vit l'intérêt que Miranda avait pour son masque. Il eut un léger sourire en coin, il avait l'habitude de ce genre d'attention. En 200 ans les choses n'avaient pas du tout changer. La curiosité humaine était quelques choses d'amusant pour le démon. Il se demanda d'ailleurs si c'était vraiment pour cacher son visage qu'il portait le masque ou si c'était seulement pour attirer les curieux. Il tourna le dos à la shamane et commença à marcher. Il commençait à avoir faim et il se demandait si la cuisine de Bénécius avait toujours le même goût.

''Un homme comme moi n'a pas de route. Je vais là où on m'envoie et en ce moment mon ventre veut que j'aille à Bénécius pour manger .''

Il ricana un peu. Il suivi la rivière pendant quelques minutes puis il s'arrêta et s'enfonça dans la forêt. Il remarqua plusieurs gravures sur les troncs d'arbre. Les couples d'amoureux semblaient être nombreux. Il écarta quelque branche de devant lui et ils arrivent enfin sur une petite route de sable. Il reconnut la piste comme étant le chemin vers la civilisation. Il tourna la tête pour regarder la shamane.

''Vous faite quoi dans le coin? Vous n'êtes probablement pas d'ici pour vous perdre.''

Il s'arrêta un instant puis remarqua des formes entre les arbres. Elles n'avaient pas été là lorsque les deux aventuriers étaient sortis du boisé. Vaykat fronça les sourcils sous son masque et devina ce que ces formes étaient. Il jeta un regard à Miranda, pour voir si elle les avait remarqués aussi. Le démon saisit le manche de Carnage alors qu'une des formes se mirent à bouger. Elle s'avança vers eux. La lumière du soleil dévoila que c'était un homme, habillé légèrement et portant un foulard qui lui cachait le bas du visage. Un bandit, bien sûr. Le reste de sa bande se dévoila à son tour. Ils était cinq en tout, ils portaient tous le même type de vêtement et d'arme. Un seul possédait un arc. Le premier qui était sorti pris la parole .

''Eh ben...Je n'aurais jamais penser avoir autant de chances. Deux voyageurs d'un seul coup. Les dieux nous sourient les gars!''

En guise de réponse, les autres se mirent à rire. Vaykat jeta passa un coup d'oeil sur chacun des membre de la troupe. Tous des humains. Il garda par contre le silence. Le chef de la bande s'avança vers lui.

''C’est un beau masque que tu as là. Je parie qu'il vaut très cher... Tu me laisse le voir?''

Les autres ricanèrent de nouveau. Le chef fit sa première erreur, il tendit la main pour attraper le masque. Aussitôt, le gantelet métallique du démon se referma sur le poignet de l'homme et l'enserra avec force. Le bandit laissa échapper un gémissement de douleur. Vaykat ricana.

''Tu n'es rien d'autre qu'un insecte. Si tu enlève ce masque la seule chose que tu verra sera ton trépas.''

Le démon entendit l'archer bander son arc derrière lui. Il saisit le gilet du brigand qu'il tenait et pivota sur lui-même plaçant le corps du chef dans la trajectoire d'une flèche. Le projectile se planta dans le flanc du bouclier humain. Il poussa un cri de surprise mélangé à de la douleur. Vaykat poussa ensuite l'homme au sol pour s'en débarrasser. Le bandit serra les dents et hurla à ses amis :

''Tuez-les!''

Vaykat dégaina alors Carnage et regarda Miranda du coin de l’œil.

''Deux chacun, après on ira manger à Bénécius'' Vaykat ria et se lança à la rencontre de ses deux adversaires.

L'homme masqué était pragmatique. L'endroit le plus proche pour se rassasier était bien Bénécius. Au moins ne le dérangeait-elle pas vraiment en se faisant escorter par lui… La sidhe se fit violence pour arrêter de scruter le masque de son ange gardien improvisé. Il lui donnait l'impression d'être quelqu'un de redoutable, dangereux et il lui semblait qu'elle n'avait la vie sauve que par un curieux caprice du destin. Et ce ressentit n'était pas uniquement issu du masque, c'était sa façon de se déplacer, de parler… La sidhe avait parfaitement conscience qu'elle venait d'avoir énormément de chance et ce sur plus d'un aspect…

Pour l'instant leur route se déroulait sans encombre. Elle aussi remarqua les nombreuses scarifications faites aux écorces par quelques jeunes naïfs énamourés. Pourvu qu'ils n'en croisent pas en train de batifoler… Cette habitude qu'avaient les humains la dépassait complètement. Si elle pouvait comprendre le sentiment amoureux, ce besoin presque maladif de faire en sorte que l'autre soit marqué comme une possession n'était certes pas de son goût.

-Je ne suis dans les environs de Bénécius que depuis peu. Disons que je n'ai pas encore les connaissances nécessaires pour me promener hors des sentiers battus… Mais comme je n'avais pas vraiment le choix, j'ai du prendre le risque.

Il n'était pas vraiment nécessaire dans dire plus… S'il avait envie de la considérer comme une simple donzelle écervelée qui ne savait pas où elle allait, elle ne s'en offusquerait pas. Ce serait toujours mieux qu'une shaman lasse d'affronter des esprits envahissants qui préférait prendre la fuite par des bois qu'elle ne connaissait pas… Les regrets de ne pas avoir Gem à ses cotés se firent d'autant plus présents… Elle aurait pu lui retourner la question s'il ne s'était pas arrêté. Ne voyant aucune raison directe, elle aussi scruta les alentours, ses doigts s'enroulant d'eux-mêmes autour de la garde de son épée. L'explication se présenta sous la forme d'un groupe de cinq malandrins visiblement désireux de profiter pleinement de leur chance.

Miranda fit un pas en arrière, comme si elle cherchait la protection de l'homme masqué. Ce n'était pas vraiment le cas, n'étant pas du genre à se cacher pendant qu'un autre se battait pour pousser des cris d'orfraie… D'expérience elle savait que les hommes avaient la mauvaise habitude de sous-estimer les femmes, surtout si elles avaient l'air faible et sans défense. Or c'était bien le cas de la sidhe qui paraissait plus dame égarée que combattante aguerrie. Et puis, se positionner en arrière de lui offrirait à Vaykat une plus grande liberté de mouvements… Yeux plus ou moins baissés de façon modeste, la jeune femme leur jetait de furtifs regards pour déterminer quelles étaient leurs capacités et ce qu'elle pourrait utiliser. Les choses ne tardèrent pas à s'accélérer lorsque le chef de la bande fit l'erreur de se mettre à portée de Vaykat…

Inutile de dire que les brigands choisirent d'eux-mêmes quelle cible ils voulaient attaquer. Deux d'entre eux se jetèrent sur le rôdeur sans prendre vraiment conscience qu'ils étaient déjà morts… Mais la shaman eut droit au brigand au regard le plus lubrique, ce dernier visiblement ravi de la proximité de la demoiselle. D'autant plus que la jeune femme brandissait devant elle une épée tremblante en reculant, lançant des regards désespérés derrière lui, vers l'homme masqué. Il ne semblait pas désireux de l'attaquer, cherchant plus à la coincer pour mieux l'attraper. La sidhe n'était intéressante que si elle restait en vie et il avait l'air d'avoir envie de s'amuser. La jeune femme tourna légèrement, les forçant à se positionner dans le même axe que Vaykat et ses propres ennemis.

-Allez ma mignonne, je suis sur que tu apprécieras si tu te laisse faire…

Son rire gras se figea dans sa gorge lorsque cette dernière fut traversée de part en part par une flèche. La brute s'écroula dans un gargouillis de sang immonde, la sidhe esquivant son corps d'un gracieux pas de coté. De l'autre coté, l'archer regardait son compagnon mort d'un air incrédule alors que la flèche qu'il destinait au rôdeur avait brusquement dévié sa course. En guise de réponse la shaman lui offrit un sourire froid, presque cruel. Son petit jeu de femme sans défense était finit mais il lui avait permis d'occire l'un de leur adversaire sans se salir. L'archer lâcha son arc, dégainant une dague avant de charger la jeune femme. Mais il s'arrêta en plein mouvement, se griffant brusquement le cou autour duquel le foulard qui lui masquait le visage venait de descendre, le nœud se resserrant dangereusement. Faisant pleinement confiance à Vaykat pour venir à bout de ses propres adversaires, Miranda continua à se concentrer sur le foulard, observant la vie se retirer lentement du visage de l'archer…

Porté par la violence, le démon resserra sa main sur le manche de son cimeterre. Le premier ennemis qu'il rencontra brandit son arme dans les airs, exposant le bas de son corps aux coups de l'homme masqué. Alors que l'homme abattit son arme vers le démon, celui-ci fit un pas de coté en envoyant la pointe de sa lame rencontrer le flanc droit du bandit. L'arme coupa les vêtements et passa à travers la peau du brigand. Il hurla de surprise et ne sembla pas chercher à se remettre en garde. Décidément, il suppliait Vaykat de le tuer. Mais, Vaykat était un sadique et il ferait en sorte de la faire souffrir. Le deuxième homme se joignit au combat en tentant de planter sa lame dans le dos du démon. Celui-ci disparut pour se retrouver derrière son second agresseur. D'un coup sec, le démon enfonça Carnage dans le bas du dos du bandit mais, pas assez loin pour toucher un organe vital. Il voulait pousser ses deux ennemis à se battre malgré leurs blessures, il voulait voir la douleur et le désespoir dans leur yeux. Retirant son arme du corps du brigand, Vaykat le poussa plus loin.

Les deux amis blessés se regardèrent et décidèrent d'attaquer ensemble. Ils gardaient tout les deux l'espoir de pouvoir venir à bout du démon. Malheureusement pour eux, ils n'étaient pas du tout organisé. Ils étaient comparables à des gamins auxquels on aurait donner des armes. Ils foncèrent vers Vaykat tenta un coup en pince de crabe. L'un d'eux attaquerais vers la gauche et le second vers la droite. Pour l'esquiver, le démon aurait dû reculer mais, il s'avança rapidement. Il abattit Carnage vers la droite, directement sur la main de son attaquant qui tenait l'arme. Il bloqua le second poignets avec sa main libre et laissa l'autre s'écraser au sol en hurlant de douleur. Vaykat plongea ensuite son cimeterre dans la cuisse droite de celui qu'il tenait. Il retira la lame de la chair et tira sur le bras, envoyant l'adversaire au sol. Face contre le sol, il exposait son dos dangereusement. Le démon aurait été fou de ne pas en profiter. Il s'avança et écrasa la main qui tenait l'épée avec son pied. Il jeta un coup d’œil celui dont il avait tranché la main. Il se pliait de douleur. Vaykat ricana et décida d'en finir. Il plongea carnage dans le dos de son ennemi, transperçant le poumon droit. Il se dirigea ensuite vers l'autre et lui envoya son pied à la rencontre des côtes de l'homme hurlant. Celui-ci fut retourné sur le dos par le coup et cessa de hurler en voyant le masque du démon et poussa un nouveau cri en sentant la lame lui verser la cage thoracique pour se rendre à son cœur.

Son combat maintenant fini, le nomade se retourna pour voir Miranda qui utilisait un pouvoir de télékinésie pour étrangler l'Archer avec son propre foulard. Son air cruel aurait fait frissonné le démon s'il n'aurait pas été aussi mauvais. Il attendit qu'elle aie finie pour s'approcher d'elle. Il remarqua alors le chef de la bande qui tentait de s'enfuir en rampant. Le faucheur se dirigea donc vers lui et observa la flèche brisée plantée dans le bas du dos de l'homme. Il leva le pied et écrasa violemment la flèche, l'enfonçant davantage dans le corps du misérable. Vaykat retourna auprès de Miranda et se pencha pour essuyer sa lame sur le foulard de l'archer.

''Partons. Nous somme tout près de Bénécius.''

Sans plus attendre, il se remit en marche. Ils suivirent la route calmement. La forêt autour de la rivière s'était calmée après le combat. On attendait les oiseaux chanter de nouveau. Le démon demeura silencieux durant quelques minutes mais, son ventre gargouilla de manière sonore. Le démon poussa un soupire et se dit qu'il avait hâte d'être à Bénécius pour une fois. La faim le tiraillait et il s'impatientait à l'idée de manger quelque chose. Il décida de commencer une discussion, pour se changer les idées.

'' Vous venez d'où au fait? ''

Il ne savait pas trop sur quoi discuter. Affamé, le démon n'avait pas grand sujet sur lesquels discuter. Pour l'instant, il ne connaissait pas assez sa compagne pour parler de choses plus sérieuse et plus personnelle. Il se dit qu'il attendrai d'avoir passer un peu plus de temps avec la compagnie de Miranda pour dévoiler un peu plus de ses pensées. Eh puis, les origines de la femme l'intriguaient. Elle avait quelque chose que les humaines ne possédaient pas. Elle avait ce petit quelque chose qui piquait la curiosité du démon.

Il y avait quelque chose de fascinant à observer la vie quitter le corps de ce malheureux. Plus la jeune femme était happée par ce spectacle et plus sa concentration se précisait, le foulard redoublant d’efficacité. Au loin elle percevait les éclats du combat de Vaykat, le choc du métal contre le métal, les râles des mourants… Mais ce n’était pas aussi attractif que le spectacle que lui offrait l’archer. Alors que la sidhe n’aimait aucune forme de violence, évitant soigneusement les combats inutiles, elle se retrouva presque prise au piège de cette situation, sentant quelque chose qui lui était complètement étranger remuer en elle. Un désir sombre et bizarre qu’il ne lui semblait avoir jamais éprouvé. Elle relâcha enfin le corps sans vie de son adversaire, le laissant tomber au sol comme une marionnette dont on aurait coupé les fils, avant de se tourner vers le chef, n’écoutant que cette pulsion sourde qui lui susurrait de faire de même avec lui.

Peut-être que le mouvement du rôdeur s’approchant d’elle la fit sortir de sa transe, à moins que ce ne soit un sursaut de sens commun mais son désir de mort étouffa dans l’œuf, lui laissant un arrière goût amer mais étrangement familier alors qu’elle observait Vaykat enfoncer la flèche d’un coup de pied judicieusement placé. Elle ne put s’empêcher de jeter un regard oblique aux cadavres qui étaient de son fait, ne parvenant pas à comprendre pleinement ce qui venait de se déclencher chez elle. Si la mort du premier brigand avait été rapide, elle avait joué la carte de la cruauté avec le second, trait de caractère qu’elle ne se reconnaissait pas. Cet homme avait une étrange influence sur elle pour qu’elle réagisse ainsi… La jeune femme masqua son regard troublé en remettant sa mise en ordre et en rengainant son épée, plus accessoire de diversion qu’arme redoutable…

-Fort bien, je vous suis…

La jeune femme le laissa la précéder avant de lui emboîter le pas. Inutile de lui laisser voir le trouble qu’avait occasionné leur court combat et, de toute façon, elle devait quelque peu récupérer. User ainsi de télékinésie pouvait vite se révéler fatigant… Si elle jaugeait correctement son effort habituellement, elle s’était laissée prendre au jeu et se retrouvait donc légèrement fatiguée maintenant. Son souffle, plus irrégulier et précipité qu’avant, en témoignait d’ailleurs alors que la foulée vigoureuse du rôdeur n’incitait pas au repos… Son esprit se torturait à essayer de comprendre sa réaction, s’horrifiant à chaque fois en peu plus en imaginant ce qu’elle aurait pu faire au chef si elle ne s’était pas promptement reprise. L’image d’elle enfonçant lentement la flèche dans la plaie en la faisant doucement tourner alors que son regard froid ne quittait pas son corps revenait sans cesse la hanter…

Ce fut à ce moment là que l’estomac de Vaykat décida de se rappeler à son bon vouloir, brisant en mille morceaux la réflexion de la sidhe. Elle ne put s’empêche d’avoir un léger éclat de rire tant le spectacle de cet homme redoutable tranchait avec ces besoins primaires. Même l’homme infligeant la pire des terreurs était enchaîné à de basses nécessités ! Mais son rire fut vite étouffé par la question qu’il lui posa. Il lui était difficile de répondre à cela, encore plus à quelqu’un comme lui, qu’elle ne parvenait pas encore à cerner complètement. Du moins pas suffisamment pour savoir s’il était vraiment sûr de rester avec lui…

-D’aucun endroit en particulier. J’ai bien trop voyagé pour me considérer originaire d’une seule terre.

Ce qui était encore plus vrai que ce qu’elle pensait… La sidhe finit par se retrouver au niveau de l’homme masqué. Bien que parler du passé soit quelque chose de douloureux du fait de son amnésie, leur discussion aurait au moins le mérite de lui faire oublier les récents événements…

-Bizarrement je n’ai pas encore trouvé d’endroit que je puisse considérer comme ma demeure. Un endroit où je me sente vraiment chez moi… Je dois être encore un peu trop étrangère…

Elle eut un sourire énigmatique, échos d’un passé lointain qui essayait désespérément de se rappeler à elle.

-Et vous Messire Vaykat ? Où vos pas vous ramènent-ils donc sans cesse ?

Durant leur marche, le démon remarqua des signes de fatigue chez Miranda. Il ne fit rien pendant un moment mais, il ralentit un peu pour lui laisser le temps de souffler. Elle avait donc voyagé beaucoup elle aussi. Le démon n'avait toujours pas trouvé un endroit qu'il pouvait appeler une demeure. Mais, en cherchait-il vraiment une ? La plupart du temps il ne fait que voyager entre les territoire, dormant dans les auberges et en vivant parmi les peuples de Nel Beraid. Il ne s'était jamais accroché à un endroit en particulier. Il ne cherchait qu'à créer le chaos autour de lui et manipulé les demoiselles en manque d'action. Maintenant qu'il y pensait, il se dit que les femmes de Bénécius devaient s'ennuyer avec leur mari. La plupart étaient le cliché même du chevalier servant ; des idiots prêts à se sacrifier pour leur peuple, servant la même cause honorable. Vaykat, lui, représentait l'inconnu. Il mettait un peu de piment dans la vie des bénéfiques.

''Moi non plus. Mais je ne crois pas que se soit bizarre. Je suis un voyageur. Je n'aime pas m'installer à un endroit fixe. C'est si ennuyeux.''

La faim le gagnait. Il s'impatientait à l'idée d'aller manger quelque chose de bien savoureux. Il n'accéléra pas et vit que Miranda l'avait finalement rattrapé.

''Mes pas me mène là où ils veulent. Je suis un homme libre. Les gens décide de s'installer en groupe, ils se sentent en sécurité lorsqu'ils sont plusieurs. Surtout les humains, ils sont faibles lorsqu'ils sont abandonnés. Ils ont peur de la solitude et ils n'ont aucune idée de la puissance qu'ils possèdent. Ils comptent tous les uns sur les autres pour se protéger, limitant leurs forces. Ils se disent qu'en étant plus nombreux, ils n'auront pas à fournir trop d'effort.''

Il parla avec une pointe de dégout. Vaykat n'aimait pas les humains, seulement leurs femmes. Les liens qu'ils entretenaient l'énervait et l'exaspérait. Peut-être était-il jaloux ? Après tout, le démon à longtemps été seul. Mais, c'était une décision qu'il avait choisie. Exterminer sa famille dans les neuf royaumes, tuer Eclipse puis les autres mercenaires... Tout cela avait été décidé par lui et il avait toujours été conscient de ses actes. Est-ce qu'il regrettait ? Il ne l'avouerait probablement jamais si c'était le cas. Il décida de changer de sujet.

''Les humain sont aussi formidables que décevant. Mais, j'ai beau me demander ce que vous êtes. Je n'arrive pas à deviner votre nature. Vous n'êtes pas une elfe, c'est certain, ni une humaine. Votre âme est bien plus étrange que celle d'une humaine. Vous avez quelque chose de froid en vous, de cruel. Mais, vous n'êtes pas une démone.''

Il continua de marcher. Il cru bon de s'expliquer un peu plus sur le sujet.

''Je suis un incube. J'arrive à identifier les femmes, recréer leur fantasme. Je peu lire en elles. Enfin, je pouvais... Mais j'ai un tout petit pouvoir résiduel qui me permet de différencier les femelles de chaques races. Mais, vous n'avez rien de commun avec les femmes d'ici.''

Il leva les yeux et pu voir au loin quelques bâtiments de Bénécius. On les voyaient facilement par dessus les arbres. Il jeta un coup d’œil à Miranda.

''Nous sommes bientôt arrivé.''

Peu à peu la jeune femme parvenait à reprendre son souffle, la fatigue, passagère, s’envolait au grès de la marche désormais plus tranquille. Elle répondit à la remarque de Vaykat par un sourire en coin. Elle non plus n’aimait pas particulièrement la monotonie. Même si elle appréciait grandement d’avoir un point de chute, un lieu où se réfugier quand voyager devenait trop difficile, elle ne parvenait jamais à y rester bien longtemps. Ses envies de découvertes la tiraillaient à nouveau, la poussant à reprendre la route pour quelques jours, quelques semaines, voir quelques mois. Mais elle se refusait à disparaître trop longtemps sans donner de nouvelles. Elyane était comme une sûreté pour elle, l’assurance que quelqu’un, quelque part, était à même de l’identifier et de lui rafraîchir la mémoire. Si jamais elle venait à la perdre à nouveau… Mais c’était un concept difficile à expliquer à un inconnu.

-L’inverse peut être tout aussi vrai parfois. La solitude peut parfois devenir pesante ou handicapante. Si l’on peut se suffir à soi-même dans la plupart des cas, il arrive parfois que la présence d’une personne différente puisse aider…

Le ton de la sidhe restait parfaitement neutre. Il s’agissait d’une pure constatation pratique et logique.

-Il s’agit juste d’association et de complémentarité. On ne peut pas tout faire parfois…

Au-delà des idéaux des uns et des autres, jamais elle ne pourrait soigner aussi bien qu’un mage blanc, ranimer un mort comme un mage noir ou élaborer des potions comme un mage rouge. Dans le cas présent elle n’aurait jamais retrouvé son chemin sans Vaykat… Et si lui désirait parler à un mort il aurait forcément besoin de son aide ou de l’un des siens. Une fois cette vérité assimilée et digérée, car il n’y avait aucune honte ou faiblesse à reconnaître que l’on ne peut pas tout faire, on abordait souvent la vie avec plus de calme. Le tout était de savoir correctement s’entourer.

-Je reconnais par contre qu’il y a une différence entre savoir que l’on peut compter sur quelqu’un pour ses compétences et s’appuyer complètement sur lui au mépris de ses propres possibilités. Il ne faut pas mélanger complémentarité et dépendance. Quant aux humains, vous avez parfaitement raison à leur sujet. Mais j’estime que c’est aussi ce qui fait leur charme. Les observer peut se révéler fort distrayant…

Cet homme avait une influence des plus étrange sur la shaman. Elle avait rarement l’occasion de développer ce genre de raisonnements et il lui donnait l’occasion d’extirper d’anciennes impressions de son subconscient. Comme le fait d’observer les humains par exemple. Aussi étrange que celui puisse paraître, elle avait l’impression que ce principe était teinté de jeu pour elle. Et cela faisait échos aux propos même de Vaykat. Il réveillait chez elle une part froide, cruelle et bien plus sombre d’elle-même. Une part qu’elle ne connaissait plus.

-Vous avez parfaitement saisi le fait. Je n’ai encore croisé aucune personne de ma race jusqu’à présent. Je suis ce que l’on appelle une « sidhe ». Certaines personnes nous considèrent comme des créatures féeriques, pensant que nous évoluons dans un stade perpétuellement enfantin à butiner de fleurs en fleurs… Une vision qui m’apparaît bien naïve à ce jour…

Même en étant quelqu’un de relativement pacifique, même en étant relativement douce lorsque l’occasion le demandait, elle trouvait cette vision ridicule. Malgré le tatouage ornant son dos, elle savait instinctivement qu’elle n’avait rien à voir avec ces fées caricaturales aux ailes de libellules, à la taille microscopique et au rire de clochettes…

Topic terminé

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