Le passé est mort, mais le présent est à nous [Myrrh] [Terminé]

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Apparemment, l'arrivée de la charrette ne soulageait pas qu'elle car Luccia eu le même réflexe que sa consœur. En même temps, il n'y avait rien d'étonnant à cela. Et puis, d'un certain côté, les deux femmes avaient d'elles-mêmes choisie la difficulté en préférant les ramener vivant à Bénécius afin qu'ils y soient punis comme cela se devait. Il aurait été tellement plus simple de les tuer et de les laisser là, sans plus s'en soucier. Mais cette simple idée faisait horreur à la jeune elfe. En arriver là, c'était un peu comme commencer ressembler à ces êtres répugnants et pour rien au monde elle ne souhaitait devenir comme eux. Et puis, de toute façon, elle n'aurait pas eu le cran nécessaire à une exécution de sang-froid et elle le savait très bien.

Les paroles du charretier la firent légèrement tiquer. Il avait un sérieux accent mais semblait très compréhensif. En même temps, vu leur état et celui de leurs deux agresseurs, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour deviner ce qu'il c'était passé. La jeune femme hésita avant de répondre et se trouva finalement soulagée que sa consœur prenne d'elle-même l'initiative de répondre. Elle l'écouta avec attention, bien qu'elle se doute bien de ce que la druide allait dire, mais cela pourrait sans doute lui être utile pour l'avenir. Toute leçon est bonne à prendre. Luccia appuya ses paroles en lançant un regard à la jeune elfe qui acquiesça, espérant que l'homme accepterait de répondre à leur requête.

Un sourire éclaira légèrement son visage lorsque l'homme accepta de prendre en charge les deux malandrins. Même s'il tint à s'assurer auparavant que lui-même ne risquerait rien en vérifiant l'état de sa future cargaison. Mais assommés et emmaillotés comme ils l'étaient, les deux gredins ne pourraient vraiment lui faire aucun mal. De ce fait, l'homme descendit de sa charrette afin de commencer à charger ses nouveaux occupants à l'arrière de son moyen de transport tandis que Luccia se mit à griffonner un petit mot à l'adresse de ceux qui réceptionneraient cet étrange colis.

La manière d'écrire de sa consœur la surprit un peu. Il fallait donc présenter les choses avec autant de déférence où était-ce simplement un choix de la druide? Toujours est-il que sa lettre était on ne peut plus clair. L'essentiel y était dépourvu du superflu. Revoir cependant les aveux s'inscrire sur le papier lui firent à nouveau un choc, Myrrh n'ayant pas encore vraiment réussi à digérer ces mots. Mais ainsi utiliser, ils représentaient une preuve irréfutable en leur faveur. Elle espérait seulement qu'arriver à destination, des personnes intègres prennent le temps de bien lire ces lignes.

Le mot enfin terminé, les deux druides n'ayant rien de plus à y rajouter, ce dernier fut remis au conducteur de la charrette qui remonta sur son véhicule pour en reprendre les commandes. Derrière, les deux truands étaient toujours complètement hors-service et cela pour un bon bout de temps encore. Avec un peu de chance, ils ne se réveilleraient pas avant d'être arrivés au fond d'un cachot. Alors qu'il se préparait à repartir, le charretier vérifia une dernière fois que les deux drôles d'oiseaux derrière lui ne risquaient pas de tomber de son véhicule sur le chemin avant de se tourner à nouveau vers les deux jeunes femmes.

- J'm'excuse mais avec ces deux-là, j'pourrais point vous prendre à mon bord. Mais y a t'y aut'chose que je peux faire avant d'vous laisser là?

Le mot devait être claire et concis, pour que les récepteurs prennent le temps de le lire, mais devait contenir les arguments nécessaires pour incarcérer ces malfaiteurs, et prouver la bonne foi des deux druides. Bon, à priori, ça devrait passer. Et puis, ils ne devraient pas les relâcher de si tôt, se doutant qu'ils pourraient le regretter s'ils étaient amenés par la suite à apprendre qu'ils auraient encore frappé... Myrrh n'eut manifestement rien à redire concernant le mot. Luccia en conclut donc que la formulation lui convenait. Puis, l'homme vint leur demander s'il pouvait faire autre chose pour elles. Voir qu'il y avait encore des gens bons dans ce monde fit chaud au cœur à l'ancienne Gardienne Sacrée, qui le remercia le plus sincèrement possible.

« Vous faites déjà beaucoup en nous rendant ce service. Un grand merci encore pour votre bonté. Et, j'espère que vous ferez bonne route. »

Luccia lui offrit le plus beau de ses sourires, et l'homme acquiesça. Puis, il leur fit un signe de la main, signe d’au-revoir, puis ordonna à ses chevaux de se remettre en route. Le voyant s'éloigner, l'elfe sentit la pression qui rôdait sur ses épaules, et sûrement sur celles de Myrrh également, retomber d'un coup. Le calme après la tempête. Elle resta là, immobile, jusqu'à ce qu'on ne voit plus la charrette, mais que l'on entende seulement au loin le bruit des fers à cheval claquant sur les graviers. Bon, cette histoire se finissait plutôt bien finalement. Luccia avait accompli son rôle, et avait, en prime, rencontré une consœur, qui lui apparaissait comme sympathique, et dont elle ne doutait pas pouvoir lui faire confiance si l'avenir leur permettait de se revoir. Elle se reverraient d'ailleurs certainement, à n'en pas douter. La belle elfe blonde l'espérait même. En tant que druides, elles seraient même sûrement amenées à collaborer. Alors, ce n'était qu'un au-revoir...

« Je suis contente que cette histoire se soit 'bien terminée'. On se reverra très certainement dans quelques temps. Alors, à bientôt ! »

Elle l’étreignit amicalement, lui fit un sourire tout aussi amical, et se retourna en direction de la forêt. Le lendemain serait sans aucun doute encore une journée riche en émotion.

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Son chargement bien attaché et le mot de Luccia dans la poche, le charretier se prépara à reprendre la route. Son attention toucha sincèrement la jeune elfe lorsqu’il leur demanda une dernière fois si il pouvait faire quelque chose pour elles. Il y avait donc encore des gens avec de la compassion et de la bonté. Malgré la fatigue, elle lui sourit gentiment avec un petit signe négatif de la tête. Finalement, en les débarrassant de ses deux là, il faisait déjà tellement pour elles. Il ne serait pas juste de demander plus. D’ailleurs, elle réalisa que sa consœur avait le même avis qu’elle sur la question car les paroles qu’elle exprima étaient à peu de choses près celle qu’elle avait en tête. Cela aussi la fit sourire un peu plus.

Avec un geste de la main en guise de dernier au revoir, le conducteur remis son véhicule en route avant que celui-ci ne reprenne son chemin. Cahin caha, la vieille charrette commença à s’éloigner avant de finir par disparaître de leur vue, ne subsistant de sa récente présence que le grincement un peu sinistre du bois et le claquement des fers à cheval au loin, résonnant les pierres. Entre temps, le silence était retombé autour du Repos Éternel. Ce lieu devait bien porté son nom en règle générale mais aujourd’hui, on ne pouvait pas dire qu’elle l’avait trouvé très reposant. D’ailleurs, pour un cimetière, elle l’avait trouvé plutôt agité même. Enfin, cette histoire touchait à sa fin et cela n’était pas plus mal.

Comme par magie, le départ de la charrette avait provoqué la disparition lente mais graduelle de la tension ambiante. Comme si on venait de lui retirer des poids un poids trop lourd pour elle. Enfin, elle parvenait à respirer calmement. Laissant la tension s’en aller à sa guise, un profond soupir accompagna son relâchement. Même le petit primate perché sur son épaule semblait acquiescer le coup, cessant de faire le pitre pour simplement se blottir dans son cou, à moitié en train de s’endormir. Lui aussi avait eu sa dose de sensations pour la journée.

Alors qu’elle était un peu perdue dans ses pensées, la voix de Luccia la ramena à la réalité. Évidemment, maintenant que tout s’était ‘bien terminé’, il était pour chacune d’entre elle de reprendre son propre chemin. En tout cas, lorsque la druide parla de se revoir à une prochaine occasion, elle hocha de la tête avec vigueur et un grand sourire sur les lèvres.

- Moi aussi, je suis contente tout soit fini. Je serais ravie de te revoir, en espérant que cette fois-ci, les circonstances seront un peu moins…. Fatigante. Fais bon voyage et qui sait, à une prochaine fois alors.

La jeune druide lui rendit son étreinte avant de regarder Luccia s’éloigner jusqu’à disparaître en direction de la forêt. La main caressant négligemment la fourrure de son compagnon, la jeune elfe resta là encore quelques instants avant de se mettre elle aussi en route. Bénécius était grand et elle avait encore tant de choses à découvrir. Et puis, pour une première aventure, elle s’était quand même bien amusée, en y repensant après coup. C’est donc d’un pas qu’elle quitta ce lieu en direction de …. Ce que le destin lui réserverait.

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