Révélations (PV Edalion)

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-Les apparences sont souvent trompeuses Sire Edalion et l’on m’a apprit à savoir voir au-delà de ces dernières…

Sur cette dernière phrase, ils s’étaient mis en route. C’était donc d’un commun accord qu’ils avaient décidé de partager un moment ensemble. De toute façon si elle-même avait des questions à lui poser, elle ne doutait pas de la véracité de la réciproque… Même si elle n’avait aucunement parlé aux esprits de façon directe, elle savait qu’ils avaient trop interférés pour qu’elle soit d’une discrétion sans faille. Sans compter la façon dont elle avait tenu le malandrin en respect. Elle avait remarqué que d’autres personnes que les shamans étaient à même de déplacer des objets par la seule force de leur pensée mais ce phénomène restait suffisamment rare pour qu’il éveille l’intérêt des témoins…

La jeune femme n’avait rien à redire sur le choix du chevalier en matière d’établissement de boisson. Le chaudron étoilé, lorsqu’ils furent à ses portes, avait l’air d’un établissement tout à fait respectable et, surtout, chaleureux. Or, s’ils devaient remuer un passé douloureux, un peu de chaleur humaine ne pourrait que leur faire le plus grand bien… Lorsqu’ils passèrent les portes, la sidhe fut frappée par une agréable odeur de miel et de cuisine alors que des rires se faisaient entendre ici et là sans pour autant que la viande saoule que l’on pourrait craindre en de pareils lieux ne soit présente.

L’aubergiste les accueillit d’un sourire franc, les laissant se placer à leur aise. Instinctivement Miranda chercha une table plus au calme que les autres et qui offrirait une vue dégagée sur les accès. La jeune femme n’avait rien de particulier à craindre mais elle espérait que l’attention permettrait au chevalier de se sentir encore plus à l’aise. Elle opta donc pour une petite table ronde collée à l’une des fenêtres, les vitraux colorés offrant une myriade d’ombres forts esthétiques… Alors qu’elle s’installait elle constata que bon nombre de clients portaient la robe blanche de l’ordre qui dirigeait Bénécius.

La sidhe offrit un sourire à Edalion alors qu’elle lissait machinalement la nappe blanche de ses mains. L’endroit était vraiment très agréable et elle espérait se souvenir de l’adresse afin d’y revenir à l’occasion. Elle regrettait seulement de ne faire que le découvrir. Se souvenir de lui aurait été nettement plus excitant pour elle. En tous cas elle était certaine qu’il n’y aurait aucun risque d’esclandre ici. Le patron devait jalousement veiller sur le calme offert à ses clients…

-Le Chaudron Etoilé est vraiment un excellent choix. L’établissement est très agréable… Je crois que je n’étais encore jamais venue ici…

Ah ! Le chaudron étoilé ! Rien qu’en voyant le bâtiment, on pouvait tout de suite savoir que c’était une bonne adresse. Miranda et Edalion ne se faisait pas attendre pour y entrer. Ils avaient pas mal de choses à ce dire et c’était un très bon endroit. Mais avant de se préoccuper de ça, Edalion voulut savoir si le patron allait le reconnaître ou d’autres habituer. En entrant, l’aubergiste les saluait d’un grand air joyeux, s’inclinant devant Miranda et serrant la main d’Edalion. Le chevalier affichait un sourire à son tour et malheureusement, il avait trop changé pour qu’on le reconnaisse. D’ailleurs, il n’y avait pas beaucoup de monde à ce moment-là. Ils pourront ainsi s’occuper sans avoir un bruit de fond plus ou moins dérangeant, mais le propriétaire semblait faire attention à ce genre de détail.
Edalion laissait Miranda choisir la table et son choix était satisfaisant. Une table discrète près d’un mur. En plus, le combattant appréciait la décoration de la table. Une nappe blanche, contrastant deux sets de table bleu et centré par une petite plante et sur la droite deux petites bougies discrètement allumées. Une fois installé, il se permettait de lui répondre :

« Eh bien, je suis ravi de vous faire connaître un tel endroit. Mais rien n’a changé depuis le temps, juste l’aubergiste qui a pris de l’âge. »
En parlant de celui-ci, il venait avec un petit carnet pour prendre leur commande accompagner d’un sourire et d’un paquet de petites plaisanteries dont les clients raffolent. Edalion laissait les paroles à la dame et puis il choisit une spécialité de la maison, un nectar à la menthe. Et il était surpris de voir que cette commande était encore d’actualité. Une fois le nécessaire noté, le couple se retrouvait tout seul à nouveau.

« Je prenais ce nectar depuis mon enfance, j’en buvais tellement que je recevais gratuitement à certaines occasions. J’avoue que cette époque me manque un peu, pas vous ? »

Edalion avait commencé à faire allusion au passé son aucune retenu, ils étaient là pour ça, mais aussi pour profiter d’un endroit tranquille et d’un petit repos bien mérité. D’ailleurs, Edalion enleva son long manteau et découvrait ainsi une tunique noir sans manche, laissant deux bras modestement musclés et sur le cou, un pendentif en forme de bouclier apparaissait. Le voilà à son aise

Ne connaissant pas la moitié du contenu de la carte, Miranda aurait préféré prudemment calquer son choix sur celui de son compagnon de route, commandant la même chose que lui au souriant aubergiste mais sa galanterie ne lui permis pas un tel stratagème. Elle se rabattit donc sur un hydromel, boisson qu’elle avait déjà goûté une fois ainsi que sur la spécialité de la maison, quelle qu’elle fût… L’aubergiste n’était pas désagréable et connaissait bien son métier mais il avait une façon paternaliste à observer Edalion et la sidhe qui agaçait légèrement cette dernière. Elle sentait clairement qu’il y avait méprise sur eux et qu’il les voyait comme un petit couple d’amoureux. Ce genre de quiproquo pouvait avoir ses avantages parfois… Mais, dans le cadre de l’auberge, cela sous-entendait surtout un personnel peut-être un peu trop au petit soin avec eux, ce qui n’aiderait en rien à un dialogue discret…

La jeune femme apprécia qu’ils puissent être à nouveau seuls une fois l’aubergiste parti. Elle écouta les paroles du chevalier, affichant un léger sourire, peut-être nostalgique. Elle aussi avait du être enfant, cultivant une passion immodérée et bien peu sage pour certaines saveurs. Elle aussi avait du avoir ses préférences et ses envies ainsi que des lieux qu’elle fréquentait avec assiduité. La sidhe ne perdait pas espoir qu’un jour quelqu’un la reconnaisse, ce serait alors une nette évolution par rapport à sa situation actuelle…

-Je ne saurai vous répondre Edalion. Je n’ai jamais bu de nectar de menthe…

La shaman eut un sourire, masquant grâce à un trait d’humour le fait qu’elle n’était pas en capacité de répondre vraiment à sa question. Elle savait que s’ils devaient parler il faudrait qu’il y ait un véritable échange. C’était du donnant donnant, surtout quand il était question de révélations. Mais cette absence de passé n’était pas vraiment ce qu’elle comptait dévoiler au chevalier… Elle opterait probablement plus sur une explication de ses fréquents regards étranges et de sa manie de parler seule…

En tous cas si Edalion se permettait ce genre de remarques c’était qu’il était suffisamment à l’aise pour commencer à évoquer certains éléments. Son passé notamment. A elle d’essayer de poser les bonnes questions pour ne pas le brusquer et parvenir à connaître l’explication de son comportement face à la garde. La sidhe détailla quelques instants son pendentif… Un bouclier. Non, vraiment, elle ne voyait aucune explication logique à sa fuite. A moins que leur agresseur n’ait eut raison et qu’il cache un passé de rapine…

-Vous êtes né dans une famille de chevalier ou la vocation vous est venue plus tardivement ?

La question de la shaman résonnait quelques instants dans la tête d’Edalion et son regard se perdait dans le sien, comme si il essayait de trouver la meilleurs réponse possible Es ce qu’enfant, Edalion a voulu devenir un combattant ? Encore une fois c’était une époque si lointaine et envieuse. Durant quelques instants, il se revoyait avec son père dans les champs en train de le labourer ou de récolter ce s’ils avaient semé ensemble. Il se souvenait aussi des soirs où il passait son temps à rendre la vie de sa mère la plus agréable possible en lui rendant de multitudes de services. Oui, le jeune Edalion ne tenait pas en place et débordait d’énergie, mais avait-il, ne serai ce qu’une fois voulu quitter cette vie-là ? Avait-il envisagé ne serai ce qu’une fois que tout ne resterai pas comme ça ? Edalion sortait de ses pensées en affichant un sourire et avant de répondre, il se demandait comment la shaman allait réagir selon la réponse. Allait-elle rire ? Allait-elle être étonnée ? Alors il se lança enfin dans la discussion.

« Eh bien, avant mes douze années, je ne savais pas tenir une arme, les seuls soi-disant armes que je maniais étaient les outils qui me permettait de cultiver les champs de mes parents. Je suis fils de fermier, rien de plus, rien de moins. Et si j’aurai eu le choix, ça serai un fermier qui serai assis devant vous aujourd’hui. »

Les boissons arrivaient enfin, l’aubergiste les déposait devant chaqu’un et repartait aussi tôt s’occuper des autres clients. Edalion appréciait ce moment de discrétion, il pouvait parler librement. Aussi, avant de continuer, Il but une gorgée de son fameux breuvage. Ca n’avait pas du tout changé depuis toutes ces années, le gout était doux et la menthe descendait doucement dans la gorge, laissant une saveur agréable à la fin de la gorgée. Il était limite entrain de bénir l’inventeur d’une telle merveille. Et donc pour justifier son acte de boire, il continua à parler.

« Que savez-vous des combats clandestin ? Des gladiateurs ? Des marchands d’hommes ? »
Ces questions pouvaient paraitre bizarre, mais le chevalier était très sérieux et ne lâchait pas le regard de Miranda, mais durant ses suivante gorgées. Bien sûr, il voulait aussi en savoir sur elle, mais une chose après l’autre, il ne voulait surtout pas mélanger les histoires et donc perdre le fil de leurs récits. Tout d’abord il était important pour lui de connaître ses avis et point de vue.

Bien qu’étant d’un naturel curieux, la jeune femme ne chercha pas à brusquer le chevalier dans ses confidences. Tout le monde ne parvenait pas à parler du passé avec légèreté et désinvolture, elle était fort bien placée pour comprendre cela. Préférant lui laisser un peu de temps, elle reporta son attention sur la salle où ils se trouvaient et, surtout, sur les autres personnes attablées autour d’eux. Bien que l’heure soit appropriée pour une collation, ce n’était pas non plus la période d’affluence, donnant ainsi à la salle un rendu assez clairsemé qui n’était pas pour lui déplaire. Les quelques clients présents se faisaient discrets, préférant un chuchotis à la parole forte ce qui donnait un arrière-fond agréable.

La table la plus proche d’eux, bien que séparée par deux tables inoccupées, était le refuge d’un autre couple, plus formel et officiel celui-ci. La demoiselle avait les cheveux châtains, la taille fine et les joues roses alors qu’elle observait d’un air énamouré son compagnon, un grand blond à l’air emprunté dans un décors aussi « sophistiqué » dont les muscles mettaient à mal la chemise qu’il avait du exhumer pour l’occasion. Ils pouvaient avoir l’air mignon mais la jeune femme éprouva une sorte de malaise à leur vue, comme une pointe d’agacement devant l’étalage de leurs sentiments…

Edalion reprit fort judicieusement la parole à ce moment-là, détournant l’attention de la sidhe et étouffant dans l’œuf ses réminiscences… Ne s’étant même pas rendue compte qu’elle venait de frôler un souvenir et laissant la désagréable sensation s’étioler dans le temps, elle écouta attentivement le chevalier lui livrer le secret de ses origines. Des origines bien nobles si elle en croyait ses propos. Mais Miranda ne se moqua pas, ni ne sembla choquée de pareilles révélations… Il n’y avait rien d’ignominieux d’être issu ainsi de la terre.

-Si vous aviez eut le choix et que vous aviez repris l’exploitation de vos parents vous ne seriez certainement pas assis face à moi. Mais il n’y a pas de mauvaise « vocation »… Nous sommes justes issus des choix que nous sommes forcés de faire.

C’était une simple constatation qui n’était absolument pas destinée à le rabaisser ou quoi que ce soit. S’il était effectivement resté à travailler la terre avec ses parents, il ne serait certainement jamais intervenu de cette manière aux portes de la ville. Sans compter qu’ils n’auraient pas été attaqués par le marchand et n’auraient donc pas décidé de faire une halte au chaudron étoilé… La sidhe remercia l’aubergiste d’un rapide sourire. Le verre d’Edalion embaumait la menthe alors que le sien laissait se libérer un fumet soutenu de miel… Imitant le chevalier, elle prit une gorgée, le laissant ensuite continuer.

-Je n’en connais que les rumeurs qui ne manquent jamais de circuler en ville. Mais je sais que ces esclavagistes existent malheureusement bel et bien…

La sidhe n’aimait pas la violence… Imaginer que l’on forçait des gens à se battre pour l’argent et le plaisir de lâches n’était pas ce qu’elle préférait…

-Je ne cautionne pas la violence pour la violence et que certaines personnes puissent payer pour simplement assister au massacre d’un homme n’est pas quelque chose de normal à mes yeux. Quant aux combattants, tous n’ont malheureusement pas le choix je pense… Et personne pour vraiment les aider. Ces derniers sont alors tout autant victimes que ceux qu’ils tuent.

Edalion l’écoutait attentivement, elle semblait juste et d’un esprit bon, ça faisait plaisir à voir. Mais une fois son avis établit, il fallait lui expliquer pourquoi il parlait des combats clandestins et des arènes. Le chevalier replongea dans son verre sans quitter Miranda des yeux, ou plutôt de son œil. Oui, il fut gladiateur, il fut acheté comme un objet, il fut entrainer à tuer et à survivre, il fut un spectacle hors du commun pour certaines personnes. Mais dans ce monde-là, les organisateurs en veulent toujours plus, et les gladiateurs doivent se surpasser toujours plus. Avant d’être un chevalier, un gladiateur ou même un fermier, Edalion était un homme, c’est pourquoi il ne put s’empêcher de délivrer une larme qu’il essuya doucement du dos de sa main. Combien de fois aurait-il voulu verser une larme sans pouvoir le faire. Il reprit une inspiration et continua son histoire, mais il semblait être à nouveau à cette époque-là, comme si Miranda n’était plus là et que le restaurant se transformait en arène.

« Je devais avoir 12 ans, j’accompagnais mes parents dans un Nième voyage vers Bénécius. Alors que je dormais dans la charrette, j’ai entendu ma mère hurler et quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu mon père tomber avec une flèche au visage et ma mère fut décapiter sans retenu. Ces hommes étaient venus piller, point à la ligne ! Je me suis dit que j’allais rejoindre mes parents, mais au lieu de me tuer, comme j’aurai voulu le souhaiter à ce moment-là, il m’enferma dans un sac. Tout est allé très vite. Quand j’ai revu le jour, j’étais dans une arène de fortune, et à la vue de mon geôlier, j’ai su que je ne quitterai probablement plus jamais ce lieu. Il était intéressé par ma corpulence de fermier, et voulait la transformer en combattant…c’est dans cette arène que j’ai appris à être rapide, précis et être un tueur…à 13 ans j’étais devenu un gladiateur, tuant pour le plaisir, car si je ne tuais pas, c’est moi qui partais, mais étrangement, je ne voulais pas mourir, quelques chose me disait que je devais rester en vie…alors j’ai tout fait pour. »

Edalion détourna le regard, oui, il avait un peu honte, même si cette période lui a appris à se défendre et à être un homme dangereux. Même si la mort de ses parents était le plus dur, par la suite il avait subis encore plus dur, mais pour le moment, il ne voulait plus parler. Enfin pour le moment, son seul geste, fut d’ôter son cache-œil. Il dévoila alors son œil gauche, un œil entièrement blanc, maudit à ne plus pouvoir verser une larme, mais dans lequel on pouvait aisément voir son reflet. Cet œil allait expliquer la suite…

Faire remonter le passé à la surface et le dévoiler au grand jour peut parfois être particulièrement douloureux. Consciente de cela, la jeune femme laissa le chevalier complètement libre de s’exprimer. Silencieuse, elle se contentait d’écouter, essayant de ne pas porter de jugement sur ses actes passés. Après tout, elle n’était certainement pas la mieux placée pour cela. Et comme elle avait cru le deviner, les souvenirs d’Edalion n’étaient pas agréables ni joyeux. Du moins à partir du moment où ses parents furent tués sur la route… Elle comprenait mieux sa réaction face au jeune voleur, sa fuite alors qu’il était dans son bon droit et, surtout, les questions qu’il lui avait posé un peu plus tôt…

Il devait traîner cette vie passée comme un boulet lui interdisant toute réelle rédemption… Ce qui n’était pas vrai. Il avait seulement lutté pour sa survie. Même le meilleur des hommes peut être transformé en monstre si l’on sait comment s’y prendre. Alors un enfant de douze ans… Seul, ayant assisté au massacre de ses parents… Cela n’avait pas du demander beaucoup d’efforts à ses geôliers… Même si la jeune femme savait qu’elle ne devait pas le juger, il lui semblait que le jeune homme cherchait désespérément à se justifier d’actions accomplies sous la contrainte…

-Vous ne devriez pas avoir honte…

Le tout était de soigneusement choisir ses mots. La jeune femme laissa courir ses doigts le long de son verre, cherchant dans ce contact frais un peu d’inspiration…

-Il n’y a rien de honteux dans la lutte pour la survie. Vous ne vous êtes pas mis dans cette situation de votre propre chef et ce serait faire preuve de mauvaise foi que de penser que vous aviez une chance de rejeter en bloc le concept de la vie que l’on vous a imposé alors. Vous n’aviez que douze ans et vous étiez fragile suite à cette attaque… Une cible de choix comme n’importe quel enfant.

S’il fallait chercher un responsable, si quelqu’un devait avoir honte, ce devait être ces personnes qui n’hésitaient pas à décimer une famille juste pour faire du profit dans une arène… La sidhe parvint à garder un visage impassible lorsqu’il lui montra son œil blanc mais elle ne put cacher la fraction de seconde où elle eut un léger geste de recul, surprise. Ce n’était pas tant que son visage en devenait repoussant mais elle pressentait chez cet œil quelque chose d’anormal dont on devait se méfier…

-C'est un souvenir qu'ils vous ont laissé?

Edalion lui sourit un instant, pour lui montrer qu’il lui remerciait qu’elle soit aussi compréhensive. Il était rare qu’Il était rare qu’il racontait ainsi son histoire, et il y a eu des moments où les gens se limitait à de la pitié ou de la tristesse. Mais Miranda avait compris qu’il n’avait pas le choix et qu’à cette époque-là, il n’avait pas la force mentale et physique de s’opposer à de tels agresseurs. C’est aussi pour ça que le chevalier se permettait de découvrir son œil pour accentuer son histoire sur ce détail, un détail qui l’a changé du tout au tout. Son œil semblait sonder le mental de celui qui le regardait, ce n’était pas si éloigné que ça, car Edalion possédait un pouvoir étrange. Mais avant, il devait expliquer :

« Quelques années après, j’ai eu une blessures à l’œil, une flèche qui avait réussi à m’atteindre. Et d’une étrange sympathie, mon geôlier me proposa de me soigner, car il se révéla être un magicien hors pair. J’étais devenu un homme très rude et très difficile à tuer et donc j’ai pensé qu’il voulait me récompenser, ou relâcher mes chaines .Et donc, avec un sort dont il avait le secret, mon œil se répara et devint blanc, comme vous pouvez le voir et me octroya un don particulier… »

Dans certains cas, les actions expliquaient mieux que les mots, alors Edalion regarda Miranda d’une manière intense, et c’est alors que son œil blanc s’illumina légèrement. Alors que Miranda tenait son verre en main, le chevalier commanda au bras et à la main de Miranda de déposer le verre et de le lâcher, c’est tout. Normalement, il n’avait pas besoin de faire plus pour qu’elle puisse comprendre, il avait tout simplement la manipulation corporelle, il pourrait vous faire gifler avec votre propre main. Mais, Edalion avait en tête un effroyable souvenir, alors il continua son récit.

« Lorsque j’ai découvert ce don, j’avais pensé m’entrainer avec et m’en servir pour m’échapper. Mais ce fut aussi ma malédiction, ce malicieux, qui m’avait soigné, m’avait aussi donné une soif de mort, comme si une rage me consumait et pour la calmer je devais tuer…Mon geôlier en voulait toujours plus. Même les blessures légère ne me faisaient plus rien tellement cette rage me consumait. J’avais conscience de mes actes, mais mon corps ne s’arrêtait pas. J’étais devenu l’attraction favorite des spectateurs, mais aussi mon pire tourment .Alors que je croyais vivre le pire en tuant un après l’autre mes adversaires contre mon gré. On décida de m’employer dans des missions plus sombres. Deux mages noirs aux services de mon geôlier me mettait sur les grand chemin quand une charrette passait…je n’épargnais personne…homme, femme, enfant, animaux…et eux avaient juste besoin de se baisser pour piller…et c’est comme ça que les gens se rappelle de moi comme l’itinérant de tout à l’heure…il y a eu des survivants qui ont dû alerter pas mal de gens qu’un fou dangereux rodait sur les grands chemins et c’est contre cette image que je me bat aujourd’hui…. »

Edalion remettait son bandeau et prit une gorgé de sa boisson. Maintenant, Miranda savait presque tout, et aussi ce que lui reprochait le marchand de la ruelle. Peut-être avait elle aussi comprit que les gardes pouvaient vouloir le mettre au fer sans chercher à l’entendre, car ses actes pouvaient les motiver à l’attraper sans entendre un seul mot de la part du chevalier.

La jeune femme avait pressenti juste en supposant qu’Edalion avait un passé douloureux. Mais plus le chevalier dévidait le fil de son histoire plus elle réalisait qu’elle était encore loin de la vérité… S’il était déjà marqué psychologiquement par ce que certains l’avaient forcé à faire, il l’était aussi physiquement. Cet œil blanc lui rappellerait chaque jour dans quel enfer il avait évolué et ce qu’il avait été forcé de faire pour y survivre. C’était particulièrement vicieux et cruel de la part de ce mage…

Bien que comprenant le chevalier et éprouvant un minimum d’empathie pour lui, elle n’apprécia aucunement d’être ainsi manipulée. Même s’il s’agissait là d’un raccourci fort efficace sur les propriétés réelles de ce globe oculaire laiteux, le fait de ne pas être maîtresse de ses mouvements était très mal vécu par Miranda. C’était un sentiment fort désagréable et le mécontentement de la jeune femme ne fut perceptible qu’une infime fraction de seconde, la demoiselle sachant se tenir. Mais pendant ce très court instant son regard flamboya de désapprobation avant qu’elle ne se reprenne fort vite. Elle plaça alors sa main sous la table, ne pouvant s’empêcher de fermer et rouvrir le poing afin de s’assurer du retour complet de son contrôle…

-C’est une capacité… « Intéressante »…

Mais déjà Edalion continuait son récit, dévoilant enfin ce qui le poussait vraiment à fuir la garde. Ainsi était-il connu et reconnu pour ses exactions passées, réalisées sous la coupe d’un maléfice. Il allait être difficile de faire changer les mentalités à son sujet en effet. Et la garde l’aurait certainement arrêtée sans même lui donner l’opportunité de s’expliquer… Combien de personnes comme ce marchand attendait de mettre la main sur lui pour accomplir leur vengeance, juste ou non ? Cet homme vivait avec une épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tête…

-Je comprends mieux votre réaction à présent. Mon seul témoignage n’aurait pu empêcher la garde de vous enfermer dans une geôle en attendant de vous juger pour vos actes passés…

Si la petite démonstration de tout à l’heure lui avait souverainement déplu, elle ne se montrait pas pour autant terrorisée ou inquiète. Si les amnésiques avaient tendance à courir après leur passé, ils avaient surtout apprit à vivre solidement ancrés dans le présent. Elle se basait donc sur ce qu’elle avait vu de lui pour se forger sa propre opinion. Edalion était peut-être redoutablement dangereux mais il avait surtout acquit le statut de gentilhomme à ses yeux…

-Il vous faudrait vous rendre auprès du dirigeant des chevaliers afin d’acquérir sa protection en rentrant dans son ordre…

Edalion ferma un instant les yeux, prit une grande inspiration et se redressa sur sa chaise. A présent, il devait se concentrer sur ce qu’il devait faire. Il venait ce conter son histoire et avec elle, il avait retrouvé la douleur des souvenir, mais aussi la promesse qu’il a fait à ses sauveurs, il était déterminer à réduire les mages noirs aux silences. Il prit son verre le termina et observa un instant Miranda, il avait remarqué que la petite démonstration de tout à l’heure l’avait déplut, en même temps, qui aimerait être manipulé de la sorte ?

« J’étais venu en ville pour cela, je devais rejoindre le château et rejoindre officiellement le rang des chevalier, et c’est là que je vous ai vu, en entrant dans la ville. Je tâcherai de reprendre ma route plus tard. Je suis heureux que vous comprenez ma situation, je dois ma vie aux mages blancs, ce sont eux qui m’ont sauvé, et depuis j’ai juré de m’opposer aux malveillants, peu importe leurs formes. Mais assez parlé de moi… »

Oui, le chevalier avait déjà beaucoup parlé, et voudrai entendre Miranda. Même si elle ne dirait pas tout, il adorait écouter les histoires diverses et variés. Et donc, qui était cette femme e, face de lui. Cette femme aussi belle que la pleine lune, avec un esprit suffisamment large pour écouter n’importe quelles situations. Elle aussi devait avoir quelques choses de spécial, car les gens qui font voler un poignard ne sont pas courants et plusieurs fois, il l’a vu regarder dans une direction insolite et parler dans le vide. Et d’où venait-elle ? Peut-être qu’il n’apprendra rien ou que très peu, mais il l’a considéré comme une amie, et il interviendra aussi souvent que possible en cas d’ennui.

« Je possède quelques capacités, c’est certains, mais vous aussi, je me trompe ? »

Oh ! Le chevalier se retourna vers l’aubergiste et lui fit un signe de « deux » avec ses doigts, et apparemment il avait compris, qu’Edalion voulait un deuxième verre. Et son attention revint sur Miranda.

Le jeune homme avait donc eut la même idée qu’elle. Se placer sous l’autorité directe d’une figure éminente de la cité lui accorderait une sorte de sauf-conduit qui lui permettrait de faire ses preuves sans qu’il n’ait à fuir la garde. Mais il aurait aussi à essuyer la jalousie probable d’autres membres de son ordre. Dans un univers où le mérite, le courage et l’honneur étaient maîtres mots, Edalion risquait d’avoir du mal à se faire une place. Si le dirigeant devait être assez sage et avisé pour comprendre qu’il avait d’ors et déjà gagné le droit de faire ses preuves, les autres risquaient fort bien de lui tenir rigueur de son passé sans avoir l’intelligence de comprendre ce qui l’avait poussé à ceci… Cette recherche de Rédemption était noble de sa part, louable même, et la sidhe ne pouvait qu’espérer un heureux dénouement pour son compagnon de tablée…

Une légère gêne traversa le visage de la jeune femme. Elle n’aimait pas parler d’elle, estimant qu’il n’y avait rien d’intéressant à mentionner. Peu adepte du mensonge, le sujet de son amnésie finissait toujours par ressortir, provoquant une sorte de mélange entre malaise et pitié chez son interlocuteur. C’était une situation qu’elle n’appréciait pas, ayant brusquement la sensation d’être dotée d’une quelconque difformité physique. Fort heureusement pour elle, Edalion lui offrit un échappatoire qu’elle ne put refuser. Parler de ses pouvoirs et de ses morts était certainement un moindre mal à ses yeux.

-Mon pouvoir de télékinésie n’a rien de bien exceptionnel… Mais je concède qu’il peut se révéler fort pratique dans des situations périlleuses. Je crois qu’il s’agit de la première capacité que je me suis découverte et que j’ai pris plaisir à cultiver.

La sidhe eut un sourire avant de remuer son index, le faisant doucement tourner. Face au chevalier, son verre vide commença à lentement tourner sur lui-même avant que la jeune femme n’arrête de jouer avec.

-Mais j’imagine que ce n’était pas vraiment ce pouvoir là qui vous intrigue… Je n’ai jamais cherché à être discrète dans mon utilisation de mon autre capacité car cela n’a pas lieu d’être. Même si certains voient mes activités d’un mauvais œil car on m’associe un peu trop facilement aux nécromanciens. Si j’évolue dans le domaine de la mort c’est uniquement via les esprits avec qui je communique. Mais, forcément, cela me pousse à fréquenter plus souvent les cimetière que la sagesse populaire ne le tolère…

C’était à son tour de jauger comment le chevalier prenait sa révélation. Certains le prenaient fort mal et elle avait peur que cela soit le cas d’Edalion. Non pas qu’il ne possède pas une assez grande ouverture d’esprit, ce serait plutôt le contraire après ce qu’il avait vécu, mais elle avait peur qu’il ne comprenne que certaines de ses anciennes victimes ne le quittaient plus…

D’après ce qu’elle venait de dire, Edalion notait le côté magique de Miranda. Comme si lui était fait pour être au corps à corps et elle à distance. Le chevalier s’accouda sur la table croisant ses mains et cachant sa bouche, comme pour réfléchir ou plutôt s’imaginer ce que peut être la télékinésie ou le dialogue des esprits. Pour la télékinésie, il fut rapidement satisfait par la petite démonstration sur son verre vide. D’ailleurs, l’aubergiste avait vu la scène et heureusement, il était bon spectateur et préféra remplacer le verre vide par un plein.

« Je me suis toujours poser la même question au sujet de ce don, es ce que la force physique et la force de levage par la pensée était liées ? Si vous soulevez une chaise avec vos mains, ou avec la pensées, es ce que le résultat sera le même ? »

Edalion était intéressé, aussi, cela servait de culture général, mais aussi une information précieuse s si jamais il avait à faire à un tel adversaire. Puis Miranda lui révéla qu’elle avait accès aux esprits, du moins les voir et le dialogue. A ce moment-là, Edalion se redressa sur sa chaise et se caressa le front. Il venait de se rendre compte de ce que Miranda pouvait voir. Comment devait elle réagir à voir tous ces morts ? Une habitude ces surement installé, mais pouvait elle les ignorer ? Ou devait-elle subir leur gémissement ?

« J’admire votre don, j’imagine que ce ne doit pas être tous les jours faciles. Que vous disent-ils en général ? »

Pendant quelques secondes, Edalion venait de réaliser que Miranda aurait probablement croisé les esprits des victimes de sa rage passée, des gladiateurs tué et particulièrement ses parents…Edalion se frotta le visage et se conviant de ne pas abuser d’elle et préférant ne rien savoir sur ce sujet-là. Il but de manière rapide son verre au trois-quarts et souffla avant de revenir au regard de Miranda.

La question d’Edalion était d’une innocence rafraîchissante. Elle-même se l’était posée au début de son apprentissage, cherchant à déterminer quelles étaient les limites de son pouvoir… Il y avait eut quelques cuisants échecs avant qu’elle ne soit capable de réaliser le petit tour qui lui avait sauvé la vie dans la ruelle. Plus le temps passait et plus elle gagnait en puissance et précision. Et en concentration surtout. Les premiers temps avaient été particulièrement difficiles par rapport à cela, la sidhe ne parvenant jamais à faire le vide suffisamment rapidement pour être efficace. Maintenant cela revenait à scinder sa personne en deux, l’une très calme et se focalisant sur l’objet qu’elle voulait faire bouger, l’autre s’assurant qu’aucun danger immédiat ne la menaçait. Car c’était là aussi qu’un pouvoir nécessitant une telle concentration pouvait devenir dangereux. On en oubliait bien trop facilement le monde qui vous entoure…

-La télékinésie me permet de compenser ce que je n’ai pas en force physique actuellement. Au tout début il sera bien plus facile de soulever un simple caillou avec sa main que par la force de sa pensée… Maintenant cela tend à devenir le contraire même si je suis loin de soulever des montagnes. En terme de combat, par exemple, si je vous donnais un coup de poing vous auriez certainement l’impression d’une simple caresse… Par contre, si j’y ajoutais ma télékinésie en cherchant alors à repousser avec force votre maxillaire je pourrai probablement vous casser la mâchoire…

La jeune femme eut un sourire malicieux, comprenant parfaitement la raison de la curiosité du chevalier. C’était un combattant aguerri qui ne manquerait jamais l’occasion de s’instruire…

-Ce pouvoir dépend entièrement de la force de la volonté de son possesseur. Et de son expérience, comme partout ailleurs… Si un garçonnet a l’habitude de l’utiliser depuis ses tendres années et qu’il a un puissant mental, vous aurez à vous en méfier tout autant que d’un puissant guerrier…

La sidhe n’eut aucune difficulté à percevoir le malaise de son interlocuteur. Comme elle l’avait craint, il comprenait peu à peu à quelles informations elle avait accès. Avant même qu’il ne raconte sa vie dans les arènes, elle savait déjà qu’il avait du sang sur les mains et que certaines personnes en appelaient à la vengeance. Le tout était d’aborder le sujet avec délicatesse pour ne pas plus le choquer. Comme souvent lorsqu’elle dévoilait ses capacités bien qu’ici Edalion le prenne avec douceur… Il lui était arrivé de provoquer de très violentes réactions, certaines personnes comprenant brusquement qu’elle était à même de sortir quelques squelettes des placards…

-Comme toute capacité, il faut apprendre à vivre avec. Mais je vous rassure, tous ne sont pas agressifs ou ne cherchent pas à se plaindre. Certains sont justes là, attendant que quelqu’un puisse faire passer leur message. Ou ils se contentent de veiller sur ceux qu’ils aiment ou apprécient…

Ce fut à son tour de prendre une longue gorgée de son verre…

-Je peux comprendre que vous ne vouliez pas assombrir cette journée avec de tels sujets…

La sidhe eut un sourire, montrant qu’elle restait à sa disposition mais qu’il lui était tout à fait possible de changer de sujet. D’ailleurs, elle lui en offrit l’opportunité.

-Désirez-vous que je vous accompagne jusqu’au château ? Je pourrai témoigner en votre faveur en racontant la façon dont vous avez agit…

Edalion ferma les yeux un instant pour penser aux esprits de ses victimes. Il réalisé qu’il était possible que depuis tout ce temps certaines d’entre elles le maudissaient en gémissant des souhaits de malheurs à un vivant. Mais maintenant que cela était fait, le chevalier se rappela de son serment, le jour où il a pu échapper à son emprise, le serment d’être un justicier et de rendre l’honneur qu’il avait perdu. Alors Edalion rouvrit les yeux et s’approcha de la shaman. Il avait peut-être trouvé le moyen de leur faire passer un message, bien qu’il se doutait qu’ils devaient l’écouter depuis tout ce temps, mais cette fois il était plus que jamais conscient de leur présence, et au final, cela ne serai pas plus mal, ils pouvaient ainsi être le témoin de la promesse d’un guerrier.

« Miranda, pouvez-vous dire…enfin, je veux dire…leur faire passer un message de ma part. Qu’ils sachent que je ne vis que pour leur rendre l’honneur que je leur ai enlevé et que je serai leur bras de la justice dans ce monde…si possible bien sûr, je ne voudrais pas abuser de votre don. Et je…non laissez tombez… »

Edalion se redressa et bu son verre, il était sur le point de vouloir parler à ses parents, mais au fond de lui il savait qu’ils étaient là à le soutenir, tout ce qu’il voulait savoir c’est si son retour d’amour leur arrivé tel qu’il voudrait qu’il soi. C’était assez perturbant pour lui de savoir qu’il avait la possibilité de leur parler par l’intermédiaire d’une médiatrice. Puis, Miranda le sortit de ses pensées, en lui proposant de se rendre au château. C’était une bonne idée, mais elle n’était pas obligée.

« Votre compagnie me fait beaucoup de bien Miranda, mais n’avez-vous pas quelqu’un à voir ? De la même manière que vous, je peux vous proposer de vous y accompagner et ainsi vous protéger, bien que je doute que je sois indispensable pour ce détail. C’est comme vous voulez, mon amie. »

Sur les derniers mots, il affichait un grand sourire. Oui, elle était une amie, même si il avait noté qu’elle avait délibérément esquivé le récit de son histoire et qu’aucune de ses phrases ne pouvait permettre au chevalier de venir sur ce sujet. Mais de son côté, Edalion, n’avait nullement insisté, préférant lui laisser la liberté de lui raconter quand bon lui semblera. Tant qu’il pouvait profiter de la sympathique présence de Miranda, le chevalier gardait le sourire. Même dans ses sourires malicieux, ou dans son regard qui semblait tout comprendre, Edalion y trouvé de l’intérêt à converser avec cette femme. Et surtout, il était content qu’elle ne testa son pouvoir de télékinésie sur sa mâchoire…aie !

[ustify]Les gens n’avaient pas vraiment besoin des shamans pour parler aux esprits. Ils avaient besoin d’eux pour entendre leur réponse, voir la comprendre… Lorsque le chevalier se pencha vers elle pour lui demander ses services, il n’eut pas conscience qu’il y avait déjà des gens autour de lui qui épiaient la moindre de ses paroles. Ces esprits, déjà présents lors de leur petite altercation, suintaient désormais le scepticisme, accordant bien peu de crédits au serment du chevalier… Ils s’éloignèrent légèrement, n’en laissant qu’un auprès d’Edalion, un guerrier assez massif dont la mort n’avait pas du être indolore et paisible. Il planta son regard froid dans celui de la shaman, articulant des mots audibles par elle seule…

-Ils n’ont pas besoin d’intermédiaire pour vous voir et vous entendre. Ils vous surveillent… Vous paroles sont de miel mais ils n’auront foi qu’en vos actions. Ils jugeront de votre rédemption en étant témoin de cette dernière. Ils vous garderont à l’œil jusqu’à ce que vous vous rachetiez. Ou vous parjuriez…

La menace était claire. De beaux serments ne suffiraient pas à les apaiser, Edalion devrait tenir sa promesse à la lettre s’il ne voulait pas provoquer le courroux des esprits. Etant donné leur nombre et leur colère, elle craignait que le chevalier ait quelques difficultés avec eux si jamais il venait à faire un écart, meêm involontaire. Il était parfois difficile de comprendre le raisonnement des esprits. Ils avaient vraiment une logique qui leur était propre… La sidhe eut un sourire avant de poser sa main sur celle d’Edalion, cherchant à le rassurer suite à ses propos assez sombres.

-Ne vous inquiétez pas… Malgré leur colère ils se sont engagés à vous donner une chance, et même s’ils seront des juges plus difficiles que la garde cela signifie qu’ils n’ont pas été entièrement consumé par elle. Leur pardon n’est pas un espoir impossible. Sans compter que tous n’ont pas de rancœur envers vous…

Elle serra sa main avant de lui rendre sa liberté.

-Mais si jamais vous veniez à rencontrer une difficulté avec eux, ou que vous désirez vous entretenir avec certains d’entre eux en particulier, n’hésitez pas à venire « abuser » de mes dons…

La jeune femme était rassurée que le chevalier ne prenne pas ombrage de sa manière, bien peu délicate, d’esquiver les questions sur son passé. Elle n’était pas vraiment prête à avouer qu’elle n’en avait plus vraiment. Sa façon de l’appeler son amie était touchante, d’autant plus que cela ne faisait pas longtemps qu’ils s’étaient rencontrés, le destin pouvait parfois être farceur…

-Ne vous tracassez pas pour moi, je suis presque à destination. Contrairement à vous, je ne suis pas pressée par le temps. Je ne vous cacherai pas que vous me rassureriez en allant voir votre futur dirigeant au plus vite…[/justify]

Edalion savait ce qui lui restait à faire par rapport aux esprits. Même si il se demandait qu’es ce qu’un esprit pourrait lui faire si il ne peut ni le voir ni l’entendre ou même le sentir. Mais son serment était aussi pour lui, autant que pour eux. Il fut ravi que Miranda lui propose d’aller au château avec lui. Il n’aurait pas imaginé être ainsi accompagné en sauvant une dame d’un petit délit. Il se rappela ce petit voleur qui devait se jouer de la garde, bien que ce soit triste, le voir ainsi esquiver les gardes le faisait sourire. Ce gamin avait de l’avenir, Edalion espérait simplement qu’il choisira les bons chemins. Son verre était vide, il était prêt à se lever de table, il attendait juste sur Miranda.

« Bien, nous irons au château alors, il n’est pas compliquer à trouver, on le voit de loin. Mais savez-vous qui est le dirigeant ? Car moi, je n’en sais absolument rien. »

C’est vrai, il venait comme ça sans vraiment savoir à qui il aurait à faire. Il s’imaginait qu’il devra prouver sa valeur ou quelques choses dans ce genre-là. De plus qu’il était conscient de la présence des esprits, il était encore plus déterminé à lever son arme aux services de la vertu. Il avait également entendu dire que les soldats et les chevaliers qui vivaient là-bas, avait une grande fierté, peut-être un peu trop déplacée. Il pensait qu’il allait faire tâche au milieu de tous ces gens, mais d’un autre côté, il ne sera pu seul pour combattre, il fera partie d’un groupe de combattant. L’esprit d’équipe, voilà qui serait totalement nouveau pour Edalion. Il fut sorti de ses pensées lorsque Miranda déposa sa main sur la sienne.

« Vous êtes quelqu’un de bien Miranda, et je vous remercie du fond du cœur pour votre aide. Et vous pourrez toujours compter sur moi. »

Edalion lui sortit son plus beau sourire, mais c’était surtout ses yeux qui étaient les plus sincères. Puis, le chevalier fouilla ses poches et en sortit quelques pièces pour les donner à l’aubergiste qui passait par là avec un plateau chargé. La galanterie et la générosité étaient très marquantes chez lui, peut-être un peu trop selon certains.

[HRP : tu fais encore un post et je commence la bas ? ou on en fait encore un chaqu’un ?]

Laissant quelques pièces afin de remercier l’aubergiste pour son service sur la table, la jeune femme se leva en lissant sa tenue du plat de la main. Elle avait beau réfléchir, aucun nom, ou visage, ne lui venait en tête. Le dirigeant des chevaliers avait du se faire particulièrement discret ces cinq dernières années et cela fit naître une pointe d’inquiétude chez elle. Connaître la personne à qui on allait faire une requête était primordiale si l’on voulait pouvoir dominer le débat. Partir avec un tel inconnu pouvait se révéler fort handicapant pour Edalion. Raison de plus de pouvoir présenter un témoin de ses bonnes actions…

-Je suis bien obligée de reconnaître mon ignorance. La seule chose que je connaisse au sujet de la caste des chevaliers est qu’elle est basée au château… Je suis navrée de ne pas pouvoir être d’un plus grand secours.

Mais la sidhe savait aussi ce qu’étaient sensés représenter les chevaliers : des hommes honorables, respectueux et dignes de confiance. Pour l’instant Edalion remplissait parfaitement ces critères à ses yeux. Elle ne doutait pas un seul instant de la réussite de son entreprise. S’il n’était pas chevalier de naissance, il l’était assurément de cœur. Il ne restait qu’à officialiser cela au regard des hommes. Elle entraîna le jeune homme vers la rue, s’arrêtant quelques instants sur le pas de la porte du Chaudron Etoilé avant de se faire engloutir par la foule.

-Je vous retourne le compliment Edalion. Je ne doute pas qu’on l’on veille sur vous et que l’on saura me prévenir si vous aviez besoin de moi…

Elle eut un sourire, lançant un coup d’œil fugace au-dessus de l’épaule du chevalier. Tous les esprits qui le hantaient n’étaient pas rancuniers à son égards et certains d’entre eux veillaient plus sur lui qu’ils ne le tourmentaient. Elle savait qu’en cas de besoin ces derniers pourraient la retrouver sans peine pour la prévenir. Ou lui transmettre un message. Avec sa vivacité d’esprits, le chevalier ne manquerait pas de rapidement comprendre cet état de fait…

-Allons-y. Je suis certaine que tout se passera bien…

LE tout était d’obtenir audience. Une fois cette difficulté contournée ou surmontée, la cause d’Edalion serait entendue et certainement comprise…

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