Il fut un temps où tout était tout beau tout rose, tout le monde s'aimait d'un amour visqueux et dénué d'intérêt, où les oiseaux chantaient chaque matin sans craindre de manquer de petits vers à manger. Ce temps là n'a pas duré parce que de tous les êtres vivants, les humains et tout ce qui s'y apparentent, ne peuvent pas vivre en harmonie. Toujours il y aura des conflits d'intérêt. On voit grand, on veut plus et on oublie qu'on est insignifiant comparé à l'immensité de l'univers. Les conflits engendres les guerres et ainsi de suite. C'est quand même grâce aux guerres que les héros naissent. Il est bien beau de faire des monuments en leur hommage, ce n'est pas comme si la pensée de quelques uns allait les ressusciter. Toujours il y a ces hommages aux morts, en mémoire à ces valeureux combattants morts pour défendre Naturalia. En vérité, eux ne demande qu'à pouvoir dormir tranquillement là où ils sont, sans que leur nom soit cité à tout bout de champ!

La dernière guerre… Orpheus n'était même pas né à l'époque, ni son père. Ni même son grand-père semble-t-il. Lui vivait dans les résultats du passé, incluant les changements divers comme le château qui était reconstruit à Bénécius après sa destruction à Naturalia. Il vivait dans les vestiges du passé, d'un affrontement qui ressemble d'avantage à un mythe et pourtant, plus que personne, il était prisonnier du passé. Son ancêtre, loin, loin, cet Integral Neiphereum, valeureux chevalier blanc et idiot de première aimé de tous, il marchait sur ses pas, il lui courrait après pour comprendre pourquoi il était si fascinant. Tout ce dont il était au courant, c'était qu'il avait abandonné sa famille pour aller faire on ne sait quelle bêtise et que plus jamais on ne l'avait revu.

Devant le mausolée d'Alicia Mayfair, le chevalier fixait de manière effrontée le visage de celle qui avait été amie avec son arrière, arrière, arrière grand-père. Tous ceux qui l'avaient connu sont morts aujourd'hui mais les descendants sillonnent encore les terres. Durant ses périples, il avait bien rencontré Morgane Evans, descendante d'Halloween Steel, meilleure amie du défunt chevalier blanc. Il avait également rencontré Raos Helkar, nomade et descendant du nomade qui formait avec le chevalier, les lames jumelles. Pourtant, aucun n'avait la réponse à sa question. Pourquoi avait-il préféré partir plutôt que de rester avec les siens? Avec son départ, le nom de Neiphereum s'était dégradé, aujourd'hui, il ne représentait plus grand chose. L'ancien chef des chevaliers qui s'envole sans donner d'explication, pour sûr que sa famille perd toute crédibilité. Et lui avait grandi avec ça, avec des moqueries, avec des punitions injustifiées d'instructeurs haineux pour on ne sait quelle raison. Il avait grandi avec une rancoeur particulière envers ce fantôme qui lui était impossible de rattraper, un fantôme qui n'avait laissé que deux choses: la lame blanche qu'il portait actuellement à sa ceinture, un bout de parchemin chiffonnée, griffonné avec des instructions presque indéchiffrables. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Orpheus le conservait très précieusement, le seul Neiphereum de la famille qui essaie encore de percer le mystère du chevalier blanc...

C'est à la place des héros que de nombreux morts sont enterrés et c'est là, qu'on a érigé symboliquement, une tombe pour lui. Marchant dans l'allée, les bottes du chevalier s'arrêtaient au niveau de la fameuse pierre. La végétation s'était emparée de la tombe vide. Personne ne s'en occupait, personne ne s'en souciait. La colère montait déjà en lui, comme le magma d'un volcan endormi. Sa botte cogna contre la pierre rageusement, déclenchant un effet second imprévu. Le plaisir de cogner dedans était moindre comparé à la douleur qui venait de naitre dans son orteil. Une tombe sacrément solide en plus de tout ça. S'adressant à la tête sculptée dans la plaque qu'il avait en face de lui, le chevalier cracha:

"Grrr, ça te fait bien rire là-haut de me voir galérer comme un force né hein? Tu ne perds rien pour attendre!"

D'une démarche bien moins naturelle que précédemment, le chevalier dépourvu d'armure comme la tradition de la famille s'était étendue jusque sa génération, Orpheus retournait voir le monument de la Mayfair et s'assit sur les escaliers qui menaient à l'entrée du mausolée. Ses recherches n'avaient toujours mené à rien. Distraitement, il sortait de sa poche, le bout de parchemin sur lequel il avait essayé de reproduire le plus fidèlement possible, le message laissé à Integral à ses descendants. Une écriture incompréhensible, des traits indisciplinés comme était l'auteur, une orthographe déplorable qui n'aidait en rien, déjà qu'il était impossible de lire ces pattes de mouche. Un long soupir s'échappait des lèvres du chevalier qui mourrait d'un ennui...

Broyer du noir à un si jeune âge. Qu'est-ce que ce serait lorsqu'il serait vieux et sénile? Si entre temps il n'avait rien trouvé sur Integral, est-ce qu'il serait un vieux papi gâteux prisonnier du passé qui serait en train d'insulter tous les enfants qui seraient en train de courir dans la rue sous son nez alors qu'il serait dans une chaise à bascule? Ce genre d'avenir ne l'intéressait pas, mieux valait mourir jeune que de devenir infect ou inutile. L'inactivité était le pire ennemi d'Orpheus mais même lui a besoin de s'arrêter de bouger de temps en temps. C'était la seconde fois qu'il venait ici, la première remontant à des années avant, alors qu'on lui expliquait l'histoire de ce cimetière et qu'on lui donnait le nom de différentes figures marquantes de l'histoire, dont celui du chevalier blanc.

Son esprit était secoué par un trouble constant qui le rendait plus fou de jour en jour si jamais il ne se trouvait pas une occupation. Il n'y avait qu'à voir la manière dont il lisait et relisait le bout de parchemin sans en comprendre un traitre mot. On lui donnerait un autre parchemin, il saurait le reproduire tout aussi fidèlement, tant il l'avait vu et revu, décortiqué signe par signe et trait par trait. Cela ne ressemblait toujours à rien de toute façon alors les efforts fournis n'étaient que pure perte de temps ce qui avait pour don de l'agacer d'avantage. Autre chose qui le mettait sur les nerfs, c'était le bruit alors qu'il essaie de réfléchir. Déjà qu'il ne réfléchissait pas souvent alors si on venait le déranger dans ces petites périodes, il ne pourrait jamais utiliser sa matière grise et ce serait désastreux.

Un boucan du diable était en train de se faire entendre de loin, surement plusieurs jeunes badauds qui veulent impressionner des veuves sur la tombe d'un défunt mari? Ou des gardes qui font leur ronde et viennent ici se cacher de leurs responsabilités? Queneni, toutes ces spéculations se révélaient faussent lorsqu'il levait les yeux. Le groupe de personne n'était en fait qu'une seule personne, le summum de la pire espèce humaine: une petite fille. Là, le chevalier s'attendait à une tirade de questions, il se noyait déjà sous les "tu fais quoi ici monsieur?" ou les "c'est une vraie ton épée?". La réponse à chaque fois aurait été "va voir ailleurs si j'y suis". Cependant, dans le cas présent, il n'y avait pas de questions de la part de la nouvelle arrivante mais toujours un vacarme provenant d'elle… mais d'où? Qu'importe, le chevalier lança, fort mécontent d'avoir à hausser la voix tandis qu'il était en périiode rare de pause.

"Et ça veut pas fermer sa bouche cinq secondes oui?"

Vu qu'il ne voyait pas l'escargot et que la femme ne pouvait avoir une voix masculine, Orpheus déduisait qu'il y avait d'autres personnes dans les allées et qu'il allait devoir leur fermer leur clapet. Tout aussi rageusement au moment où il avait donné un coup de pied dans la dalle de pierre, Orpheus se leva pour dépasser la petite fille, l'ignorer tout simplement par la même occasion pour esquiver la moindre de ses questions. Ce qu'il nota au niveau sonore l'interpella particulièrement. Cette voix qui n'arrêtait pas de parler, sans arrêt…

"Je ne sais pas comment tu fais ça, mais tu vas vite fait arrêter de faire tout ce boucan !"

Agresser la petite fille aussi pendant qu'on y est? Orpheus n'aimait pas les enfants mais il n'était pas encore assez pourri pour buter les enfants gratuitement. Au moins, ils hériteraient de son ton désagréable, néanmoins, il n'y avait pas mort d'homme ou de petite blonde pour l'instant. Et qu'est-ce qu'elle faisait plantée là? Elle s'était perdue? Perdue sa moman dans la rue? Oh non, il n'allait tout de même pas faire les baby sitters en l'aidant à retrouver sa génitrice. D'avance, tous les scénarii étaient en train de défiler dans l'esprit biscornu du chevalier, toujours arrêté devant l'inconnue et sans paraitre une seule seconde sympathique, enfant mignon ou pas, ils étaient tous dans le même sac de "sales gosses". Avec cette fâcheuse manie à se projeter trop loin et à se faire tous les cas de figure d'avance, le chevalier s'embourbait dans des méandres lointaines qui lui donnaient un air blasé. Oh et puis, il ne pouvait pas la laisser toute seule ici...

"Alors… qu'est-ce que tu veux?"

Dans le calme et la bonne humeur, Orpheus scrutait cette feuille incompréhensible. En réalité, il est rare de le voir calme ou de bonne humeur. Le plus souvent, il tire la tronche mais il a une belle gueule donc les dames lui pardonnent. Les chevaliers un peu moins mais dans le travail, l'humeur importe peu alors il pouvait faire la tête qu'ils faisaient du moment qu'il accomplissait la mission. Et encore, toutes les expressions faciales sont là pour mieux facilement lire en nous comme dans un livre ouvert. Si on revient victorieux avec une tête de cadavre, l'effet n'est pas le même que lorsqu'on revient le torse bombé en avant sur notre destrier. Quelle image pouvait donc avec cette petite fille en voyant s'approcher le blondinet qui était tout sauf commode. Clairement, il était agacé par le boucan et le faisait entendre parce qu'il était de ceux qui s'expriment lorsqu'ils veulent régler les choses rapidement. Au pire, on en venait aux poings et ce serait très vite réglé. La prétention de la voix n'avait aucune limite. Ce qui était incroyable c'était de voir quelqu'un qui se vantait encore plus qu'Orpheus.

S'approchant donc de la fauteuse de trouble, il essaya avec une très grande délicatesse de faire taire l'enfant ou le son qui provenait d'elle. Elle était peut-être ventriloque, qu'importe, elle n'avait qu'à aller s'entrainer ailleurs non? De tous les endroits de Naturalia, elle allait venir spécialement devant lui pour user de ses dons? Il avait, toujours, beaucoup de chance. Pas une fois la petite fille ne répliqua, elle n'en avait pas le temps, pas les moyens, peut-être qu'elle était muette et qu'elle s'entrainait à la télépathie, d'une voix d'homme? Bref, se calmant à moitié tout seul, le chevalier demanda tout de même ce qu'elle voulait et pour ainsi dire, il ne fut pas déçu. Le visage du chevalier passa de la surprise à la moquerie. Elle se fichait de lui c'est ça hein?

"C'est vrai qu'il est difficile de faire taire un escargot lorsqu'il s'y met."

Ce n'est qu'après avoir dit ça qu'il remarqua, effectivement, qu'il y avait un escargot sur le bracelet de l'enfant. Le son provenait réellement de là, la situation était totalement irréelle. Une blague, voilà de quoi il s'agissait. Avec tout le plus grand sérieux du monde, la petite blonde lui tendait la chose visqueuse en lui disant qu'il fallait lui dire de se taire. Est-ce qu'il avait la tête à savoir parler fermement aux gastéropodes? Bien sûr, sur son front, il était marqué "ami de la nature", cela se sentait et crevait effectivement les yeux. Le chevalier eut un mouvement de recul. Hey, un peu plus et il se prenait un escargot dégoulinant de bave au visage. Elle tenait sincèrement à l'attaquer avec un baiser baveux, c'était donc ça son plan? Sincèrement, elle pensait qu'il allait se mettre à l'attraper alors que la petite chose ne lui inspirait que du dégout? Avec l'impression d'être devenu complètement fou, le chevalier tenta donc une première approche.

"D'accord, huuuum… Auriez-vous l'obligeance d'arrêter de perturber le calme de ses lieux? - Est-ce que vous auriez, l'amabilité de tenir votre langue s'il-vous-plait? -"

Notez sue même face à un escargot, le chevalier se mettait à vouvoyer alors que la pauvre petite ne demandait qu'un peu de respect. Malgré ses neuf ans, elle méritait tout de même qu'on l'aborde avec toute la délicatesse qu'on devait à une belle dame dans la fleur de l'âge. Le gant du chevalier qui grattait nerveusement sa nuque indiquait qu'il perdait patience, très vite. Avec une extrême rapidité, Orpheus sortit une petite dague de sa ceinture et la pointa vers le gastéropode en lui criant dessus pour qu'il l'écoute enfin:

"Si tu la fermes pas, je vais t'ouvrir avec cette pointe pour voir de quoi tu es constitué vermine!"

Et hop, on retournait sur le tutoiement si naturel qu'on utilise pour n'importe qui. Bref, heureusement que son attention était déviée par la fille qui montrait Alicia Mayfair en lui demandant si elle était de sa famille.

"Non, il s'agit là d'une des amies d'un de mes ancêtres. Elle était mage rouge d'après les écrits et pour sûr, la couleur est vraiment mal adaptée au milieu d'un cimetière. J'étais juste venu, voir à quoi elle ressemblait"

Joli cimetière, c'est vite dit. Est-ce qu'on peut appeler des tombes bien rangées un joli cimetière? Orpheus soupirait en rangeant déjà son arme, oubliant pourquoi il l'avait si vite tiré de là. Cette petite ne lui avait toujours pas dit ce qu'elle faisait là. Oh, elle n'avait pas l'air de représenter une menace, il ne l'avait jamais vu comme tel, à tord probablement. Son sourcil se leva à la dernière question de l'enfant.

"Je t'ai tutoyé oui est alors? Vous préférez que je vous vouvoie peut-être ma chère princesse?"

Le ton arrogant et moqueur du chevalier n'était pas dissimulé, il ne faisait pas mine d'être sérieux pour le moins du monde. Au contraire, il était plutôt impressionné qu'on vienne le reprendre sur sa manière de faire, et surtout, être repris sur ce détail par une fillette de trois pommes de haut.

Voilà bien une première dans la courte du vie du chevalier, durant laquelle il devait hausser le ton envers une chose insignifiante pour la faire taire. Après tout, l'escargot dont les paroles ne tarissaient plus méritait des claques par dizaine pour troubler le calme à un tel point. Pour une fois que le chevalier voulait s'isoler pour ne pas exprimer sa haine envers un quelconque être vivant autre que son propre ancêtre, il était dérangé et était finalement destiné à exprimer sa haine envers toute chose. Au départ, on s'explique avec la petite fille parce qu'elle a l'air de comprendre ce qui se passe. Ensuite, l'attention est toute portée vers la source du sinistre qui était toute encoquillée. Une fois, on essaie de régler la question pacifiquement, une unique fois parce que tout de suite après, le chevalier aurait bien planté sa pointe dans le corps mou du gastéropode si la fille ne semblait pas le considérer comme une compagnie habituelle. Une enfant qui grandit avec comme animal de compagnie un escargot, qu'allait-elle devenir plus tard en étant adulte? Une femme qui pense en bavant?

"Oui, c'est ça, c'est ça…

L'escargot enfin silencieux, Orpheus semblait quand même se détendre un poil face à cette petite victoire du jour. Immédiatement, l'ambiance était différente. La voix de la fille n'était pas aussi désagréable que le flot incessant de paroles de Richard. Très vite, il se retrouvait à jouer le guide dans le cimetière en faisant la présentation du mausolée d'Alicia alors qu'il ne connaissait que ce qu'on lui avait raconté sans avoir d'avantage de détail. Bien entendu, le blondinet ne remarqua pas les réactions de la blondinette qui se retrouvait bien moins à l'aise et encline à apprécier la beauté de la femme. Enfin beauté, tout est relatif. Est-ce qu'on peut utiliser ce mot pour une elfe vieille de deux cent ans? La petite fille reculait donc pour mieux apprécier l'ensemble du bâtiment, ce à quoi il répondit en se contentant de se décaler un peu pour qu'elle puisse mieux voir et saisir l'essence de la splendeur qui s'en dégageait.

"En tout cas, elle devait avoir des gouts assez discutable, vu qu'il y a autant de rouge et de rose autour d'elle. Les mages rouges sont incompréhensibles lorsqu'ils s'y mettent."

Ne voyez là aucune forme de discrimination. Si jamais Orpheus était dans un tel cas de figure, il suffirait simplement d'expliquer qu'il discriminait toutes les races vivantes sur la planète, rien de plus, rien de moins, simple, clair, concis. Le genre d'évènement qui l'incitent à vouloir raser la surface du globe, c'était le genre de commentaire qui suivit. D'un coup, le chevalier regrettait bien d'avoir appelé princesse la petite. Il regrettait bien d'avoir pris rien que le temps de lui parler plutôt que de s'en être retiré auparavant. Elle se lança dans un de ces discours sur la politesse, et puis patatati, et puis patata. Il s'en fichait royalement de la manière il allait la nommer. Princesse si ça l'amusait, ça ne mange pas de pain, elle était contente et donc lui également puisqu'elle ne va pas venir le harceler pour une broutille.

"Loin de moi l'intention de vous offenser ma princesse, je ne pensais pas que j'avais affaire à une telle personnalité! L'éducation que vous avez reçu est tout à votre honneur."

Il pouvait bien faire les pires bassesses pour obtenir ce qu'il désirait, cette épreuve n'était pas la ardue qu'il ait eu à passer. Enfin, il lui prenait la petite main tendue et la baisa d'une élégante révérence, l'air d'avantage blasé qu'enchanté d'après ses propres propos:

"C'est un honneur mademoiselle Calliope Grey. Dans le cas actuel, il me semble qu'un chevalier serait plus à même de servir une princesse plutôt que l'inverse."

Le nom de l'escargot entra dans une oreille et ressortit immédiatement par l'autre. Cette bestiole insignifiante n'était qu'un souffre douleur potentiel si jamais il recommençait à déblatérer ses inepties. Bien, les présentations étaient faites et naturellement, Orpheus se sentait obliger d'en apprendre d'avantage sur sa chère Calliope qui était en train de lui voler son temps libre. D'un autre côté, les choses utiles à faire, il n'en avait pas des montagnes.

"Et vous êtes venue chercher quelqu'un de particulier ici ou bien n'est-ce qu'une banale promenade ?"

Oui, les mages rouges étaient incompréhensibles, c’était bien pour cela qu’ils étaient dangereux non ? Et c’était pour cela qu’il fallait les… ex-ter-mi-ner ! Non, le raisonnement de la petite mage noire n’était en rien vaseux et pas le moins du monde discriminatoire. Et puis c’est pas comme si ils n’avaient pas le choix, on ne naît pas mage rouge, on le devient. Par conséquent, ces gens là avaient choisis d’être des « parasites » comme on pouvait les appeler chez elle, et les parasites, il faut les enfumer avant qu’il ne vous envahisse. Ouah ! Elle était prête pour faire des discours enflammés sur le parvis en ruine de la Tour Sanglante ! Mais pour le moment sa future carrière de démagogue fut interrompue par l’impression que rendait ce nouveau titre de « princesse » que venait de lui accorder l’homme. C’était vraiment chouette, et puis elle se voyait bien avec une couronne… Sauf que peut être une couronne en or serait trop lourde pour sa tête, elle ne voulait pas choper de torticolis non plus. Bon, elle serait princesse juste pour le titre et pas pour la décoration…

Comme beaucoup de fille de son âge, Calliopé pouvait très vite tomber en extase face à une quelconque marque de gentleman attitude… Alors le baise-main vous pensez bien que c’était le top du top. La dernière fois que quelqu’un lui avait fait ça, c’était son frère et il en avait profiter pour lui chourer sa bague, elle avait du le poursuivre à travers toute la maison pour le rattraper et au final il lui avait mis la pâtée en l’envoyant au tapis d’un coup de coude… Elle avait du demander l’aide de sa mère pour retrouver sa bague… Bref, elle n’avait pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup de gens qui lui faisait des baises-mains dans sa vie, elle vérifia un instant d’un œil suspicieux qu’il n’en avait pas profiter pour lui piquer ses bagues, mais elle se souvint qu’elle n’en avait plus… Bon, comme ça c’était moins risqués. Car elle se voyait mal demander à un type de cette stature de lui rendre quelque chose, elle risquait encore de se faire envoyer par terre, et au bout d’un moment c’était assez blasant.

Elle entendit alors un mot qui la fit sursauter :

- Un chevalier ? Où ça ? Mais moi je veux pas me faire servir par un chevalier ! Ce ne sont que des… des…

Elle ne trouvait pas de mot, en temps normal elle aurait dit « brutes », « mysogine » mais pour lui moment ça lui sortait de l’esprit, elle fit plusieurs tours sur elle-même pour tenter de trouver où pouvait être ce chevalier annoncé, mais il ne lui vint pas deux secondes à l’idée que ça pouvait être l’homme avec qui elle discutait. Il avait pas une tronche de chevalier. Si ? Boarf… Il ne portait pas d’armure, CQFD ! Quand elle se fut un peu calmée après avoir remarqué qu’il n’y avait personne d’autre à part eux elle daigna répondre au charmant monsieur. Ce ne fut pas un grand sacrifice, elle adorait parler, pour le plus grands malheur de certains :

- Bah non, je ne cherche personne en fait… Je suis toute seule dans cette ville, mais parents sont restés dans notre manoir… Moi je suis venu visiter parce qu’on entend beaucoup parler de Naturalia chez nous, on m’avait dit que c’était tout rouge -quelle horreur, n’est-ce pas !- et je suis assez curieuse. Le truc c’est que j’ai presque tout vu en peu de jours, bon c’est vrai qu’il y a des endroits où je me suis pas attardée parce que ce n’était pas très intéressant… Franchement j’ai cherché la prison pendant un bon bout de temps parce que c’est toujours chouette à visiter ces coins là mais je n’en ai pas trouvé… C’est marrant, chez nous nous en avons une belle et il y a toujours des gens très gentils dedans… Et ce matin je me promenais par hasard et j’ai atterit ici sans faire gaffe. C’est vraiment plus jolis que chez nous aussi pour le coup. Notre cimetière à nous est assez mal entretenu… Mais c’est compréhensible, personne n’a trop envie de s’y attarder. Une fois j’y suis aller et j’ai eu affaire à une armée de mort vivant parce qu’un confrère s’amusait à faire un peu de nécromancie dans le coin. Il devrait y avoir des interdiction à certaines heures vous ne pensez pas ? Enfin, voilà, et vous pourquoi vous êtes là Messire ? Vous venez vous recueillir sur la tombe de l’amie de votre ancêtre ?

Elle n’avait pas besoin de reprendre de son souffle, elle avait de l’endurance dès qu’il s’agissait de causer.

Orpheus s'étonnait tout seul à se trouver encore là à discutailler alors qu'il aurait pu envoyer valdinguer cette petite peste et la faire retourner dans les jupes de sa mère. Il est fort à parier que son semblant de maturité y était pour quelque chose. Une fille de son âge est en train de jouer avec ses petites copines à la marelle, elles sont en train de s'occuper de banalité et de pleurer pour trois fois rien. Elle par contre, possédait un escargot bavard et n'avait pas peur de s'adresser à des inconnus, ni à les réprimander sur la manière dont ils s'exprimaient. Le chevalier aurait pu être un vil gredin qui enlève les petites filles, il venait même au départ pour déclencher un conflit à cause de l'escargot, néanmoins, elle n'avait pas perdu de son sang froid et avait expliqué clairement la cause de sa mauvaise humeur. Cela va de soi, le chevalier avait rapidement cerné l'affaire et réglé le problème de la petite chose en lui montrant un objet pointu et menaçant. Enfin, le repos que ses oreilles désiraient tant lui était offert.

Par contre la petite n'était pas vraiment une flèche. Il se disait chevalier mais elle ne semblait pas l'attribuer à ces gens là. Oh, encore à cause des habits. Tous les chevaliers ne se promènent pas en armure, la preuve, il était l'exemple même du chevalier qui n'avait jamais eu à porter de métal lourd sur le corps et pour se pavaner dans les rues. Lui n'avait besoin que d'être lui-même et c'était déjà beaucoup à supporter. Alors patiemment, il attendait la fin de la phrase avec un petit sourire en coin. Des… des… quoi? Les mots manquaient à la bouche de la pauvre qui semblait toute chamboulée. Ah, elle devait être de ces enfants qui croient au prince charmant ou au beau chevalier fondant à sa rescousse. Jamais Orpheus n'aurait pu penser que c'était tout l'inverse.

La suite, à dire vrai, il ne s'y attendait pas vraiment. Quand il pensait que l'escargot était une nuisance, finalement, son jugement devait être révisé. La fille dans un soudain élan, se mit à déblatérer des paroles et des paroles. Il les voyait couler de ses lèvres comme une source intarissable, une torrent sans fin qui était en train de le noyer sans merci. Et il était là debout, à encaisser ce choc brutal sans broncher, fidèle à lui-même alors que sa main tapotait nerveusement la garde de son épée. La découper en deux, ou bien lui faire peur en lui coupant les cheveux? Tuer son escargot et la regarder pleurer? Rha, il n'en pouvait plus de l'entendre parler! Il la voyait remuer les lèvres mais ne comprenait rien à ce qu'elle racontait. Quelques fois il pouvait chopper des bribes de mots mais son esprit semblait s'être fermé alors qu'il avait posé la question précédemment. La réponse n'était juste pas celle escomptée, bien trop longue pour mériter qu'il y jette un oeil critique.

Ce n'est que vers la fin que son esprit semblait retrouver tous ses moyens, lorsque la petite blonde se mettait à parler de "confrère" et de "nécromancie".

*Ne me dites pas que… Cette gamine est nécromancienne!?"

Elle parlait de cadavre comme on parle du beau temps, de l'art occulte comme d'une chose banale. Mais qu'est-ce qu'elle était au juste!

"Je… je ne sais plus pourquoi je suis là… Ah oui, l'amie, c'est ça, je passais juste voir à quoi elle ressemblait, ce n'est pas comme si j'allais pouvoir discuter avec elle. En tout cas, j'en ai assez vu pour aujourd'hui."

L'esprit embrouillé, le chevalier avait du mal à ranger les idées dans les bonnes cases de son cerveau. La petite semblait avoir toute sa tête. Par quelle magie réussissait-elle à réaliser une telle prouesse? C'était de la pure folie. Ce qui l'intriguait finalement, c'était ce qu'il avait compris de son petit discours.

"Alors comme ça vous êtes habituée à voir des morts-vivants? Ce n'est pas un peu… dangereux pour une petite fill… euh, princesse? Vous pourriez vous blesser avec tout ça."

Pas que la sécurité de l'enfant l'inquiétait particulièrement. Il y avait juste que Morgane utilisait cette magie et qu'obtenir des informations d'une autre source pourrait peut-être lui permettre de comprendre pourquoi tous les nécromanciens adoraient autant utiliser des cadavres comme arme.

C’était certain qu’il ne risuait pas de pouvoir discuter avec une morte… Parce qu’elle était bien morte ça c’était sûr ! Après peut être qu’il pouvait toujours essayer de discuter avec la statue… Mais question répondant, une statue ce ne devait pas être terrible-terrible. Bref, Calliopé était bien d’accord avec lui quand il disait qu’il n’était pas là pour faire la causette. Et quand il disait qu’il en avait assez vu, elle comprenait bien aussi, Naturalia avait beau être une ville assez riche question culture etc. il fallait bien avouer que ce cimetière n’était pas une merveille d’excentricité et d’originalité architecturale. Elle n’en garderait certainement pas un souvenir impérissable, beaucoup trop de rouge rosoyant à son goût… Il devait avoir à peu près les mêmes goûts qu’elle ce charmant jeune homme…

Par contre, s’il avait de bons goûts, il n’était pas très sensé. Sa remarque fit bien rire Calliopé, le genre de rire de petite fille quand on lui raconte une histoire drôle qu’elle crève d’envie de refaçonner à ses copines par la suite. Elle se retint pourtant de partir dans un fou rire qui aurait certainement duré plusieurs minutes et ce qui aurait pu énerver le brave garçon et les autres personnes qui se trouvaient dans le cimetière -après tout on ne devait pas trop rire dans un cimetière !

- Bah oui ! Des morts-vivants par chez moi ça coure les rues… Bon j’en rajoute un petit peu, c’est vrai que quelques fois les personnes sont vivantes mais ont tellement l’air de zombies qu’elles paraissent mortes…

C’était bien vrai, sa grande sœur s’était une fois fiancée avec un homme qui avait tout le temps une mine de mec fraîchement déterré… Calliopé avait même été persuadé qu’elle l’avait d’bord tué puis fait revivre juste pour s’amuser, mais elle dut se rendre à l’évidence qu’il était bien vivant après l’avoir vu convulser quelques minutes par terre suite à un empoisonnement… Du poison dans le thé si elle avait bien compris, il n’avait pas du plaire à Madame Grey… Mais là n’était pas la question, ce qu’elle voulait dans un premier temps c’était rassurer son gentil interlocuteur qui prenait tant soin de sa santé ; incroyable comme elle pouvait être de bonne humeur avec les personnes qui faisaient taire Richard et qui l’appelait « princesse » !

- Mais ne vous en faites pas, enfin ! Les morts ne peuvent pas me faire de mal tant que c’est moi qui les contrôle, puisque justement ils m’obéissent. Evidemment si je leur demande de me tailler en pièce, ils le feront, mais il ne m’est jamais venu à l’idée de le faire. Quoique ce pourrait être une bonne idée pour tester leur résistance. Vous savez je ne suis pas encore très douée et souvent les morts que je ramène à la vie ont plus l’air de marionnettes desséchées… Mais je sais que je vais m’améliorer ! Ma mère m’a toujours dit qu’on ne devient pas archimage du jour au lendemain… Et puis je compte faire de la nécromancie une de mes spécialités, mais j'aime beaucoup aussi l'étude des malédictions… Même si je ne suis pas super douée non plus…

En effet, ses malédictions avaient la sale habitude de fonctionner à l’envers ou alors de se retourner contre elle… Une fois elle avait innover en invoquant tous les dieux infernaux qu’elle connaissait afin que son adversaire tombe à chacun de ses pas, mais au final ce fut elle qui se rétama à chaque fois qu’elle tentait d’avancer dans la rue. La conclusion fut sans appel : une robe déchirée, plusieurs bleus, une mère pas très contente, un grand frère moqueur et une grande sœur hilare… Mauvais souvenir, mais malgré cela, elle avait toujours aimé lancer des malédictions. Et il y aura bien un jour où une d’entre elles fonctionnera ! Mais elle causait, elle causait, le pauvre homme devait se sentir tout débordé. Non pas qu’elle craignait de trop l’ensevelir sous un flot de parole, elle n’avait jamais peur de ce genre de chose. Non, elle avait plutôt peur qu’il se sente à l’écart de la conversation : Calliopé connaissait très bien les bonnes manières aristocratiques. Elle laissa donc fort civilement la parole à son distingué interlocuteur :

- Et vous, vous aimez la nécromancie ? Ou vous êtes plus portez sur une autre science… Ma sœur aime beaucoup les poisons par exemple. Mon frère lui question sciences c’est zéro, ce qu’il aime c’est la castagne… Mais c’est parce que c’est un homme… Non pas que je pense que tous les hommes soient comme ça hein !

Elle ne voulait pas l’associer directe à une brute épaisse comme pouvait l’être son frère… Il risquait de mal le prendre. Même si à la réflexion, il lui ressemblait un peu, à son frangin… Elle fronça les sourcils, elle n’alalit tout de même pas associer à sa famille toutes les personnes un tant soit peu blonde qui peuplent cette terre !

Deuxième fois qu'il rencontrait un nécromancien et tapait la discute avec, deuxième fois qu'il s'agissait d'une femme, à croire que les femmes nécromanciennes étaient toutes sociables tandis que les hommes préfèrent l'agresser avant de se faire tuer. Du coup, il était bien curieux de savoir ce qui passait par la tête de ces singuliers individus qui passaient leur temps avec des cadavres ce qui ne devait en rien arranger leur mental. La preuve chez cette petite demoiselle qui était à elle toute seule un véritable numéro de cirque avec son escargot trop bavard et elle qui lâche des phrases aussi longue qu'un monologue théâtrale faisait l'apologie du mal contre le bien. Tout aussi naturellement, elle racontait que les morts étaient partout chez elle quoique pas toujours. Alors qu'elle pouvait repenser à son défunt beau-frère, Orpheus s'imaginait la petite se promener dans Malicium. Même si il savait pertinemment que c'était exagéré, il la voyait bien acheter du pain chez un boulanger zombie, dire bonjour à un autre mort pour ensuite partir à l'école dont l'instituteur est un cadavre vivant. Elle, toute joyeux dans ce monde de pourriture, vivait sa vie naturellement sans encombre.

"J'ai hâte de voir le résultat lorsque vous vous améliorerez."

Il n'avait absolument pas hâte de voir ça. Il n'avait pas hâte de voir des morts sortir de terre pour lui serrer la main alors pourquoi dire toutes ces bêtises? Pour plaire à la petite fille? Il perdait son temps, c'était une évidence, un constat frappant depuis le début de cette conversation futile qui n'aurait jamais dû commencer entre un chevalier et une nécromancienne. D'ailleurs, il était censé l'embrocher et la ramener au château, certains extrémistes chevaliers auraient fait ça, sans faire abstraction du fait qu'elle n'était qu'une petite fille. Lui était une brute, il avait un caractère de cochon, était un vrai sadique et pourtant, il y a des sujets avec lesquels il n'arrive pas à réagir comme il le voudrait. La renvoyer chez elle sèchement, la gronder. Il était bien parti pour ça, si elle n'avait pas, par la suite, fait preuve de cette maturité qui lui en avait bouché un coin. Alors très bien, il s'agissait de manières qu'elle avait dû apprendre avec ses parents mais tout de même, il était impressionnant pour une petite de son âge de répondre à ses menaces et ses insultes avec autant de détachement. Les explications s'éternisaient et Orpheus faisait semblant d'écouter, de boire chacune de ces paroles. Lorsqu'on lui posa une question, il fut pris au dépourvu. Qu'est-ce qu'il aimait? Rien de tout ce qu'elle citait, c'était un fait.

"Je ne suis pas très nécromancien dans l'âme en effet. Je suis plutôt du genre à manier l'épée avec grande délicatesse et à découper ceux qui sont au travers de mon chemin. Je suis également bon pour quelques magies aussi!"

Finalement, cela revenait à un imbécile sans cervelle qui ne sait que se battre? Non, c'était un peu plus subtile que cela voyons! Il se battait lorsque c'était nécessaire… ou lorsqu'il était énervé aussi. Et puisque c'était souvent le cas, il avait tout le loisir de taper sur des gens lorsqu'il en avait envie. Son sale caractère c'était sa bête noire, la raison pour laquelle les gens ne lui cherchaient pas des noises en général, les gens censés du moins. Celle-ci, il ne la mettait pas forcément dans cette catégorie. Elle n'était pas idiote quoiqu'un peu naïve sur les bords. Au bout du compte, il n'avait pas eu le coeur à lui mettre la vérité en face, qu'il était un abruti de chevalier même si il n'en avait pas l'air, qu'elle le veuille ou non.

"Bon si ça ne vous dérange pas, je vais commencer à me diriger très lentement vers la sortie du cimetière. L'atmosphère ne plait pas plus que ça, je ne sais pas trop pourquoi…"

Et si elle le suivait et bien il l'aurait dans les fesses parce qu'il n'aurait pas le coeur à lui dire d'aller voir ailleurs si il y était. Il y a des personnes face auxquelles il ne pouvait réagir normalement. Les enfants en faisaient partis. Autant les nourrissons qui braillent son faciles à gérer en leur gueulant dessus et en leur fermant le clapet, autant les mômes qui ont un minimum de maturité sont plus difficiles à gérer. Mais de toute façon, pourquoi aurait-il peur de la vexer? En regardant fixement la bouille de Calliope, le chevalier soupira longuement. Ce regard, cette tête, elle ressemblait trop à cette petite soeur qu'il avait voulu avoir quand il était petit, plus maintenant bien sûr! Il s'agissait d'une envie, lorsqu'il était encore naïf lui aussi, qu'il aimait encore la vie plutôt que de cracher dessus pour ne se vouer qu'à la poursuite de son ancêtre…

"Vous avez l'intention d'aller quelque part princesse?"

Ce qui était le plus frappant, c'était la patience dont Orpheus faisait preuve depuis le début. Bon, mis à part le premier contact, la première réaction qui avait été de gueuler sur la petite fille qu'il pensait être la cause du bruit, il était relativement gentil, ce qui n'était absolument pas dans son vocabulaire. Il n'était pas un gentil et n'avait de chevalier que le grade car de corps et d'esprit, il était tout autre. Les chevaliers ne vont pas tuer aussi froidement que lui, ils ne torturent pas les gens pour obtenir des informations, du moins, pas aussi salement que lui. Au fond, il aurait tout aussi bien pu être de Malificium, si il n'y avait eu ces cheveux blonds un peu trop tape à l'oeil. En regardant Callipe, il se disait que finalement, les cheveux blonds étaient probablement passe partout vu qu'elle était nécromancienne. Si jeune et déjà si proche de la mort, si ce n'était pas malheureux.

Rapidement, il se façonna l'image d'un macho combattant. Conscient que ce tableau n'était pas en sa faveur, il ne tarda pas à ajouter une pointe de magie à son actif, histoire que la petite ait l'impression d'avoir affaire à un individu qui savait réfléchir malgré tout. Il n'était pas une brute puisqu'il faisait dans la dentelle, même pour combattre.

Bref, il se sentait comme un détourner de mineur en proposant à la petite de quitter le cimetière. Non, ce n'était pas ça, il voulait partir et si elle faisait de même c'était son problème! Il n'avait pas de bonbon sur lui après tout et il ne lui avait pas promis qu'il allait jouer avec elle, bien que cette dernière ne semblait pas être de celles qui jouaient avec des petites poupées de chiffon. Lorsqu'elle lui demanda son nom, Orpheus s'apprêtait à répondre, seulement, il aurait dû se douter que répondre ne serait pas chose aisée. La revoilà partie dans une longue tirade sans temps mort, sans reprendre sa respiration. Ses poumons étaient impressionnant et ses réflexions étaient toutes aussi étonnantes. Il réfléchissait oui, mais… à la manière de couper les gens?! Il lui passait quoi par la tête pour avoir des idées aussi saugrenues! Donc après qu'elle ait balancé tout ce qu'elle avait sur le coeur, le chevalier eut le plaisir de lâcher en toute franchise:

"Orpheus. Je m'appelle Orpheus."

Les histoires de bras de fer et autre, il les avait totalement ignoré, pensant que ce n'étaient que des histoires de petite fille. Si seulement il savait qu'un petit monstre pouvait le soulever avec son petit doigt se trouvait à côté de lui, il ne serait pas aussi détendu. Déjà vu l'heure, il n'irait surement pas à la taverne et puis vu qu'il n'avait rien à faire de la journée, il risquait grandement de se la coltiner pour un bon bout de temps. Mademoiselle Calliope Grey n'était pas une enfant qui avait peur d'être seule, elle était là en train de le suivre naturellement. Est-ce qu'à Maliificum on n'enseigne pas la prudence? A moins qu'on préfère que l'enfant se fasse agresser une fois pour que ça lui serve de leçon?

"Vu que je n'ai rien prévu, je pense que je vais aller à l'arène tuer du temps à regarder d'autres personnes se tuer."

Et éventuellement en tuer quelques-uns en les provoquant et prétendre que ce n'était pas de sa faute si ils avaient cherché les ennuis avec lui. La fille ne semblait pas abandonner l'idée de le suivre. Il faut dire que la vue du sang et de la mort ne devait pas l'impressionner. Ce qui pourrait lui faire peur, ce serait par exemple, une pièce de théâtre plein de papouille, de bisou et d'amour ainsi que de rose. A mieux y réfléchir, cela lui ferait également peur alors quitte à l'avoir avec lui, autant que ce soit dans un coin dans lequel il était à l'aise.
C'est ainsi qu'un chevalier quitta le cimetière avec un mage noir. Ca allait vraiment devenir une habitude à force...