[TERMINE] Par le sang et dans le sang [PV Morgane]

[Précédemment]

Après avoir fourni tant d'efforts pour récupérer la dague des Steel, les deux aventuriers parcoururent non sans mal la distance qui séparait le Temple Oublié du mouroir sur l'initiative de Morgane qui connaissait Malificium bien mieux que son comparse.

A leur arrivée, les deux jeunes gens furent accueillis sans une once d'hospitalité ou de nonchalance. La vieille femme grimaçante sous son capuchon avaient conduits Morgane et Mordekaiser dans une petite salle crade, sombre et humide à l'étage pourvue de deux lits en piteux état séparés par un rideau de tissu grossier et d'une fenêtre. La raison pour laquelle les deux aventuriers épuisés et blessés n'avaient pas eu droit à une place au sous-sol était sans doute que la matrone avait reconnu les traits des Steel dans le visage de la Mage Noire.

Longtemps, l'Aigrefin était resté pensif et silencieux. Assis sur le lit le plus proche de la fenêtre, il perdait son regard dans le voile nocturne rendu granuleux par la poussière recouvrant les carreaux.

Songeant à tout ce que lui avait dit le démon dans le Temple ainsi qu'à toutes les choses qu'il avait découvert sur Morgane et qui le liait à elle, le guerrier ne se rendit même pas compte qu'il parlait à voix basse.

"Comment peuvent-ils prétendre soigner des gens ici ? C'est dégueulasse."

Ce nom, Elzear Mochdilym, hantait l'Aigrefin. Qui avait-il été pour Garvera Steel et quel rôle avait-il bien pu jouer dans la vie de Morgane ? Dans ses pensées, l'héritier maudit revoyait le regard que lui avait lancé le démon. Il était persuadé qu'ils allaient se revoir tôt ou tard et que lorsqu'ils auraient à se faire face de nouveau, un seul en ressortirait vivant.

Une main sur la hanche, Mordekaiser pensait sa plaie du mieux qu'il le pouvait. Il pensa alors qu'il avait été obligé d'abandonner ce qui restait de son épée dans le temple pour ne pas être encombré inutilement. De toute façon, rien n'aurait pu réparé cette lame brisée.

Une résurgence de la douleur tira l'homme de ses pensées alors qu'il s'était évertué jusque là à ne pas regarder Morgane, par timidité, pudeur ou encore crainte.

*Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent ?* Pesta t-il intérieurement sans même savoir depuis combien de temps ils étaient ici.

La route jusqu'au mouroir me parut infiniment longue. Je ne pensais pas qu'on était si loin du centre de la ville en étant au temple... je comprenais quelque part pourquoi ma mère l'avait choisi comme cachette... les religions étaient moins à la mode que par le passé... du coup, les lieux de culte étaient abandonnés... et surtout très isolés...

Mais quand on était blessé... ceci paraissait être catastrophe. Nous finîmes par y arriver. L'endroit ne respirait pas la bonté, ni l'hygiène mais avons nous le choix? Nous ne pouvions pas aller à Bénécius... ni à Neutralia... Donc nous faisions avec les moyens du bord.

Par contre, Mordekaiser avait de la chance. La femme qui nous accueillit me reconnut. Et comme les Steel avaient une très bonne réputation... niveau crainte, nous allâmes directement dans la zone des non expériences... Nos vies continueraient donc leur long trajet. Nous n'aurions pas de fin tragique. C'était déjà cela.

Notre chambre... n'était pas des plus luxueuses. J'eus la nausée en m'allongeant sur mon lit mais il fallait que je me repose. Je jetais un regard à l'aigrefin. J'étais très inquiète de son état. Elzear l'avait grandement amoché. Je retirais doucement ma tunique et mon pantalon. Mon corps était dans un état lamentable... tant d'égratignures... et ce bras cassé... je soupirai...

"En tout cas, s'ils ne se magnent pas, on va devoir les chercher à grands coups de pompe."

Une devouée à notre santé entra. Son teint blafard et son regard morne n'inspiraient pas confiance. Elle portait une bassine rouillée avec de l'eau "claire" et un torchon. Elle commença par nettoyer les plaies de mon partenaire. Elle me lança juste un onguent pour que j'en recouvre mon bras.

"Vous n'avez pas deux bassines?"

Un regard mauvais me répondit... Cela allait être bien long... Mais une vieille femme entra finalement avec le même attirail. Je poussai un soupir de soulagement. Elle s'occupa de mes égratignures... pas de douceurs... Je me retenais de hurler lorsqu'elle gratta ma plaie infectée par les griffes du gobelin... Si elle continuait ainsi, j'allais lui arracher la gorge... Mon regard se tourna vers Mordekaiser... La pâleur de son visage depuis la fin du combat me préoccupait grandement... et nos soigneuses étaient si lentes...

Quelques membres du personnel du mouroir avaient fini par entrer dans la salle où Morgane et l'Aigrefin avaient été laissés pour compte. Sans faire beaucoup de commentaires, les soigneuses s'approchèrent de leurs patients. Tournant le dos à la Mage Noire, Mordekaiser retira avec un gémissement plaintif ce qui restait de son plastron et prit appui sur le lit à l'aide de ses avants bras tendus derrière lui.

Sans accorder un regard à la jeune femme qui s'occupait de ses blessures, il la laissa faire et se mit à sourire en retenant des plaintes. C'était presque comme si elle faisait exprès de lui faire mal tout en le soignant. Quelques fois, il chancelait de gauche à droite, manipulé sans concession par la soigneuse.

Cette séance de torture achevée, les plaies nettoyées et les onguents sur les brûlures appliqués, la jeune femme appliqua d'épais bandages sur toutes les blessures du guerrier en lui donnant une étrange ressemblance avec une momie. Ensuite, les deux soigneuses laissèrent à l'attention de leurs patients une chemise blanche neutre nettement plus propres que leurs propres habits, les draps ou même le reste de la salle sans l'ombre d'un doute pour éviter de réinfecter les plaies.

"Merci." Lança Mordekaiser presque ironique à l'intention du personnel une fois qu'il eut enfilé la chemise.

Remettre ses morceaux de plastron tout de suite lui aurait infligé des souffrances supplémentaires et pour ne pas rester complètement immobile, l'Aigrefin se leva et alla poser son front contre la fenêtre après l'avoir épousseté pour pouvoir voir l'extérieur sans vraiment le regarder.

Les femmes sortirent avec leurs chiffons et cotons imbibés de sang. Avant de fermer la porte, la plus âgée d'entre elles fit :

"Vous avez deux heures pour vous reposer, après, vous vous en irez. On a plus beaucoup de locaux disponibles et les malades affluent."

"Vous avez qu'à les envoyer au sous-sol." Répliqua le guerrier, incisif, qui connaissait par des ragots la réputation de l'endroit.

Sa remarque ne donna pas suite et Morgane et lui se retrouvèrent seuls.

Enfin, l'homme se retourna pour faire glisser son regard sur le corps meurtri de son alliée. Il espérait qu'elle aille bien mais n'en ferait aucun commentaire. Après tout, elle était une Steel et une combattante comme lui et elle n'apprécierait surement pas que Mordekaiser lui rappelle ses blessures.

"Elzear Mochdilym, ça te dit quelque chose ?" Demanda l'Aigrefin à Morgane en lui faisant comprendre qu'il avait accompli la mission qu'elle lui avait confiée.

Je me laissais faire. Je haissais dépendre des gens et encore plus quand je sentais que les compétences n'étaient pas super élevées pour mes soigneurs. Je soupirais devant tant de lenteurs. Je manquais de l'égorger plein de fois mais il faut avouer que la plaie que j'avais à cause du gobelin avait une meilleure allure à présent.

Elle passa des onguents sur mes bleus et banda mes plaies les plus graves. Je devrais éviter Orpheus pendant au moins deux trois jours sinon je risquais de l'inquiéter ou me faire réprimander... Je ne savais pas trop encore mais dans les deux cas, je n'avais pas envie de donner des explications. Chaque mission était unique et propre à l'autre... Pas besoin de faire des comptes et autant garder nos secrets intacts. Tant que nous nous retrouverions, c'était seulement cela qui comptait.

Je jetais un regard mauvais à la vieille dame. Elle voulait sérieusement que je mette cet habit? Non mais elle était sérieuse? Et puis cette couleur... Beurk! Mais ma tenue était dans un état lamentable, je n'avais donc pas le choix. Il faudrait juste que je parte rapidement vers le marché infernal pour réparer cet affront. Le tissu n'était même pas agréable au toucher mais cela m'évitait d'avoir une hypothermie car niveau chauffage cet hospice n'était pas le meilleur.

Je lui dédiais un nouveau regard mauvais quand elle nous demanda de partir dans deux heures. Je suis une Steel, je n'obéis à personne à part ma lame donc je ferais comme bon me semble et il fallait mieux éviter qu'elle m'asticote si elle ne voulait pas des ennuis.

Mordekaiser prit la parole. Je tournais mon visage dans sa direction et eus un doux sourire. Il avait été un bon copilote. Je sortis ma dague et jouais avec, c'était en partie grâce à lui que je l'avais, je ne l'oublierais pas. Le nom qu'il énonca me laissa perplexe quelques secondes ceci à cause de l'état de fatigue dans lequel j'étais.

"Il s'agit de l'amant de ma grand mère... Il fut un temps où ma famille était reliée à la sienne grâce à cet union. Deux mages noirs chez eux, une ombre et une mage noire... Un joli quatuor... Elzear devait protéger ma mère en cas de mort de Garvera... Mais des choses se sont passées... Ma grand mère refusait qu'on parle de lui... Son nom était devenu interdit dans notre manoir et j'avais interdiction d'approcher lui ou bien son frère Aradel... Je ne sais pas s'ils sont morts ou s'ils sont retournés dans les enfers..."

Je repris ma respiration. Tant de souvenirs me revenaient.

"Pourquoi? Que t'a t'il dit? Je sais que Sammius se méfiait de lui..."

Pour être exacte, il en voulait à ma grand mère de le préférer à lui... même s'il était avec Alayna à l'époque, leur relation a toujours été très ambigue...

En quelques mots, Morgane expliqua à l'Aigrefin du mieux qu'elle le pouvait l'histoire d'Elzear Mochdilym ou du moins le lien qu'il avait avec la famille Steel. Les pièces du puzzle s'assemblaient dans l'esprit de Mordekaiser qui aurait été content d'en savoir plus long que la Mage Noire si la situation n'avait pas été aussi grave. Avant que la jeune femme ne semble troublée par les souvenirs remontant à cause des révélations qu'elle venait de faire, le guerrier avait capturé son visage satisfait. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu cet air sur le visage de quelqu'un à qui il avait rendu service. N'y avait-il que de la magie noire, du sadisme, de la tristesse et du désir de destruction dans le cœur de cette femme ? A l'évidence non, mais Mordekaiser n'en fit rien, préférant garder pour lui les sensibleries quant aux âmes plus vertueuses qu'elles ne voulaient le paraitre propres aux Chevaliers.

"Ecoute, Morgane. Je ne sais pas si tu es prête à entendre ça mais... C'était lui. Elzear est vivant. Il ne m'a rien dit de spécial seulement il m'a épargné alors qu'il lui aurait été très facile de m'achever. Comment te sens-tu ? Comment le considères-tu ?"

L'homme laissa le temps à son alliée de répondre avant de contourner le lit, d'écarter au maximum le linge tendu qui servait de séparation plus gênante qu'autre chose entre la Mage Noire et lui puis s'assit sur le rebord du matelas, face à son interlocutrice. A vrai dire, Mordekaiser ignorait si la Steel avait compris qu'Elzear Mochdilym était le démon qu'ils avaient suivi, il préféra donc lui laisser le temps de digérer la nouvelle avant de poursuivre :

"Un frère ? Si Elzear Mochdilym est toujours vivant et surtout s'il est de retour, il y a de bonnes chances pour que son frère le soit aussi. Juste au cas où, que peux-tu me dire sur cet Aradel ? Et que comptes-tu faire maintenant que tu as récupéré ta dague ?"

C'est alors que l'Aigrefin remarqua qu'il manquait quelque chose ; comme une présence nuisible qu'il n'avait pas ressenti sans doute par inattention depuis un bon moment.

"Au fait, où est passé ton..."

En tournant la tête sur sa gauche, Mordekaiser comprit. Il vit Morphée assis à quelques centimètres de lui et le regardant fixement. Trop digne pour admettre qu'il avait été surpris, l'héritier maudit se contenta de cracher presque comiquement :

"Ça aurait été trop beau qu'il ne soit pas venu fouiner. Je l'avais presque oublié."

A cet instant précis, il se souvint que Morphée pouvait parler. Il plissa les yeux et jura intérieurement.

"Vivant?"

Je restais ébahie. Certes, j'avais eu l'impression qu'il me touchait dans le temple oublié mais les fantômes sont parfois de très bons illusionnistes... Donc tout était possible. Ma mère n'avait jamais été complètement certaine de son décès alors que ma grand mère oui... Enfin, elle avait toujours souhaité que cela soit le cas car sinon elle aurait du le tuer elle-même. Les Steel haissent la trahison plus que tout.

"Je suis choquée mais ca va... Ce que je penses de lui? Il a ruiné la vie de ma grand mère... Elle l'aimait... Il s'est passé un truc entre eux... Il n'était pas à ses côtés lors de l'attaque des anges... Elle ne lui a jamais pardonné... Elle a été blessée là bas... et n'a jamais pu vraiment sans remettre... Je lui en veux... Nos familles étaient liées... On ne fait confiance que très rarement... La déception a donc été immense tu t'en doutes..."

J'étais confuse. Un millier de sentiments différents agissaient en moi. Garvera m'avait interdit d'aller dans les portes démoniaques pour vérifier la mort de ceux qu'elle avait apprécié dont l'un aimé. La guerre avait mis fin à cette possibilité. En effet, les anges avaient refermé le portail des enfers ainsi que celui qui permettait d'accéder aux morts... mais aussi aux paradis... En tout cas, il n'y avait jamais eu de tombes à leurs noms aux cimetières... C'était la seule preuve que j'avais... Ils étaient donc peut-être en vie... Mais pourquoi épargner Mordekaiser? Qu'avait-il de spécial?

"Je doute qu'Aradel soit là et je suppose qu'Elzear a du repartir... Ce sont des êtres instables à l'arrogance monstrueuse et aux capacités démoniaques importantes. Ma mère a mis beaucoup de temps à supporter le frérot qui se comportait comme un goujat envers la gente féminine... Ma grand mère après la séparation avec son amant a souhaité la mort de toute cette famille... Par conséquent, je ne les ai pas côtoyé enfant... ou si c'est le cas, je ne m'en souviens pas."

J'avais eu une vie trépidante. Mon père et ma mère avaient de nombreuses relations militaires et amicales... Tant de visages étaient passés devant mes yeux avant la dernière guerre et après celle-ci... J'avais une liste de ceux que je devais retrouver... dont Syrka même si ma mère doutait qu'elle ait survécu... mais celle-ci était en tête de liste.

"Ce que je souhaite faire? Continuer à augmenter ma puissance. M'entrainer à l'arène par exemple. Apprendre quelques sorts à la bibliothèque. Faire quelques achats... Et toi?"

Il parla alors de Morphée. Mon chat s'était fait discret depuis la fin des évènements dans le temple. Il avait été blessé. Je l'avais emmené à moitié sonné. Il reprenait du poil de la bête comme nous. Il n'appréciait guère l'aigrefin et ceci semblait réciproque. J'éclatais de rire à ses dires et murmurai :

"Il me suit partout depuis que j'ai trois ans. C'est mon protecteur. Je ne peux pas m'en débarrasser. Sa présence te gêne? J'aurais préféré un dragon-fée mais il n'en existe plus apparemment... Même s'il y a toujours des rumeurs au sujet de cette race..."

Morgane sembla choquée de la révélation que venait de lui faire Mordekaiser. Il n'aimait pas voir la Mage Noir ainsi, comme si cela lui rappelait quelque chose. Tant de choses de son passé accablaient Elzear Mochdilym. L'Aigrefin se rappela alors des premières vision qu'il avait eues dans le temple. Même après sa supposée trahison, il avait toujours été là, tapis dans l'ombre et personne n'en savait rien excepté Kessler Evans. Il avait même tenté de soigner Garvera Steel après son combat contre un bataillon d'anges. L'héritier maudit préféra ne rien dire. Morgane n'avait pas besoin de savoir et si le démon l'avait souhaité, il le lui aurait dit.

La jeune femme comptait continuer à étancher sa soif de puissance qui ne faisait en réalité que grandir à mesure qu'elle tentait de l'assouvir. Ce jeu était dangereux, mais il était fardeau de tous les ambitieux et les désireux de vengeance qui peuplaient Malificium et Mordekaiser en faisait également partie. Lorsque la Mage Noire avait retourné la question à son allié, il eut un regard vide. Le visage de son père et de ses anciens camarades de qui il cherchait à se venger défilèrent dans son esprit cependant, il ne savait pas par quel bout commencer.

"Je n'en sais rien. Pour l'instant je vais voir si l'Ordre n'a pas d'autres missions à me confier, après, advienne que pourra. En tout cas, je suis content d'apprendre que tu ne t'opposeras pas au fait que je tue Mochdilym si nos chemins venaient à se recroiser."

Suite à la remarque de l'Aigrefin sur Morphée, Morgane s'était mise à rire. Surpris, le visage de l'homme s'éclaira brièvement également. Les deux aventuriers avaient vu la mort de suffisamment près pour un bon bout de temps. Autant saisir les quelques moments d'oisiveté qui leur étaient offerts avant de se précipiter de nouveau dans seuls les Dieux savaient quels tourments, quels marécages ou quelles cryptes hantées.

"Non je l'aime bien. Il est... Mignon. On manque de trucs mignons dans le coin. Enfin je ne dis pas ça pour toi bien sûr." Rectifia Mordekaiser qui faisait référence à l'ensemble de Malificium.

Il savait que sa remarque risquait de vexer Morphée, mais tous savaient que qui aime bien châtie bien.

"Les dragons-fées ? J'avais lu deux ou trois ouvrages sur les dragons mais ce ne sont que des légendes pas vrai ?" Ajouta t-il ensuite.

"Pourquoi devrais-je t'empêcher de quoi que ce soit? Elzear appartient au passé. Je dois regarder l'avenir et créer ma route. Donc il a essayé te tuer, je comprends ton désir de vengeance et au contraire, je l'appuie au lieu de te faire changer d'avis."

Je ne participerais pas à ce combat par mémoire de Garvera Steel mais je ne peux que comprendre l'appétit de mon partenaire. J'avais le même envers une autre personne. La vengeance est souvent l'huile motrice des maléfiques. A quoi bon le nier?

La séparation semblait être de mise tout du moins pour le moment car je sentais que l'aigrefin serait important dans ma vie. Pour une raison que j'ignore, ma famille a toujours été attachée aux chevaliers maudits sans pour autant qu'aucune d'entre nous n'est rejoint leurs rangs...

"Dis moi est-ce qu'il y a une descendante de Lilura Psitta parmi vos rangs à l'heure actuelle? Ou un homme qui ait du lien avec elle?"

Pourquoi une telle question? Parce que je venais de me souvenir que mon père et Sammius appréciaient grandement cette demoiselle au contraire de ma grand mère. Cela me rassurait de savoir que Mordekaiser pouvait compter sur quelqu'un de cette famille dans leur QG. J'aurais peut-être moins peur pour lui.

Morphée se sentant au centre de toutes les discussions vint se poser sur mes genoux. Je le caressai tendrement. Je souris aux dires de mon allié.

"Je suis plus beau que toi."

Je donnais une petite tape derrière la tête de mon compagnon et hochai la tête aux dires du blessé.

"Les dragons-fée seraient une légende comme beaucoup de choses sur Nelberaid mais j'ai bien rencontré une personne que je croyais morte... ma mère aussi... Alors tout est possible. Aurais-tu peur des légendes?"

Lilura Psitta ? Psitta ? Mordekaiser avait déjà entendu ce nom. A la grande époque de la Rose Noire, les Psitta étaient des guerriers d'élite occupant tous de hautes fonctions au sein de l'Ordre. Dans les mémoires de la confrérie que plus personne ne tenait aujourd'hui, les Psitta, en débit de leur grande vaillance et de leur puissance indiscutable, étaient décrits comme des être orgueilleux et entêtés s'illustrant par leurs frasques violentes et leur excès de zèle pour le bien de la Rose Noire. Cette description rappelait un peu Thadea à l'Aigrefin bien qu'elle ne lui ai jamais dit descendre de cette famille. Mordekaiser se rappela que la jeune femme lui avait confié descendre d'une famille de Mages Noirs. Faire le lien entre elle et Lilura Psitta en dépit de leurs ressemblances de caractère évident était donc impossible.

"Je ne crois pas non. Si c'est le cas je l'ignore. Pourquoi ? Quel est le rapport avec les Psitta ?"

L'héritier maudit ne releva la remarque piquante de Morphée que par le biais d'un sourire discret. Après tout il avait peut-être même raison. L'Aigrefin se préoccupait peu de ce genre de choses. S'en suivit une discussion sur les dragons-fées et les légendes.

"J'imagine. Mais si les légendes sont appelées ainsi, c'est qu'il y a une bonne raison à cela. Je crois que c'est plus rassurant de parler des dragons comme étant des "légendes". Ça suppose qu'ils n'existent pas ou plus. Je n'ai pas peur des légendes, je suis juste inquiet. Tu dois l'être aussi n'est-ce pas ? Que ferais-tu si demain tu te retrouvait nez-à-nez avec une bête gigantesque réputée pour sa puissance mais que tu pensais disparue depuis longtemps ? En tout cas tu as un chat qui parle et non pas un dragon-fée. C'est là où je voulais en venir."

Leur évidence amena ensuite Mordekaiser à poser son regard sur les blessures de Morgane. Elle avait beaucoup souffert, tout comme lui, pour récupérer la dague de sa famille. Ensuite, les yeux sombres de l'homme vinrent de nouveau se poser tranquillement dans ceux de la Mage Noire. Elle irait bien.

"Et si tu me montrais ce que peut faire ton nouveau bijou avant que nous allions célébrer cette journée ?" Lâcha t-il, sorti de nul part pour dissiper le malaise et le silence qui avait suivi sa contemplation des blessures de Morgane.

"Lilura Psitta était en quelque sorte l'un des bras droits de Sammius et une amie proche de mon père. J'avais envie de rencontrer son ou sa descendante... et je me disais que cela t'aurait fait un allié dans ton QG. C'est toujours bon à prendre... Dis... Est-ce qu'il arrive qu'on parle de mon père?"

Lors de mon enfance, on avait tenté souvent de me tuer... J'étais le fruit de deux personnes très puissantes, cela créait des jalousies. Ma grand mère, ainsi que mes parents, m'avait protégé au péril de leurs vies... Mais je n'étais pas certaine qu'à l'heure actuelle, toutes les menaces étaient disparues à jamais. Dans la Tour, on avait essayé de m'empoisonner il y a quelques mois mais la personne était tellement stupide que j'avais reconnu la substance au premier regard vu qu'il y en avait plein le rebord et que celui-ci n'était pas translucide... Donc j'arrivais à gérer... mais les aigrefins pouvaient être parfois si dangereux...

J'avais murmuré cela d'une petite voix... Avais-je peur? Non. C'était mon quotidien. Mais j'aspirais parfois à plus de sécurité et surtout à un peu de repos... Si seulement mes parents étaient encore en vie... les choses seraient bien plus faciles. Je fermais quelques secondes les yeux à cause de la fatigue mais surtout à l'émotion qui me serrait à l'heure actuelle la gorge. Il prit la parole. Je me concentrai sur ses dires.

"Je crois que j'essayerais de m'en faire un ami et s'il tente de me tuer, je combattrais."

"Si un dragon est devant toi, tu fuiras ma cocotte! En tout cas, tu ne pourras pas compter sur moi."

"On ne serait pas en sécurité dans la fuite, Morphée... stupide chat!"

Je lui donnais une pichenette alors que je savais qu'il avait raison. Il était impossible de savoir notre comportement face à un dragon. Je le découvrirais bientot... et je ne fuirais pas... mais je ne serais pas seule pour le tuer... Je lui souris doucement et sortis la dague magique. Je passais ma main dessus avec un profond respect. Je m'entaillais ensuite la paume avec l'arme et deux petits monstres velus, démoniaques apparurent à mes côtés. Ils avaient l'air si inoffensifs mais leurs crocs étaient acérés et ils étaient particulièrement peaux de colles pour leurs adversaires.

"Qu'en dis-tu?"

Les remarques de Morgane amenèrent Mordekaiser à reconsidérer son parcours au sein de l'Ordre depuis qu'il l'avait intégré. S'il avait contribué à rebâtir sa réputation, il ne s'était pas fait beaucoup d'alliés ni d'ennemis encore vivant pour représenter une réelle menace. Hormis Thadea, Morgane et Cirdan, l'héritier maudit ne connaissait personne. Pourtant, i y avait un bout de temps qu'il avait rejoint la Rose Noire. Il chercherait sans doute plus tard le descendant de cette Lilura Psitta.

"Si on en parle, ce n'est surement pas à moi en tout cas." Fit remarquer Mordekaiser.

Il était vrai qu'il connaissait peu de choses sur Kessler Evans. Ce qu'il en savait, il l'avait appris par lui-même après avoir compris qu'il était l'un de ses descendants éloignés. Cet homme semblait avoir posé sur lui une sorte de malédiction dont il ne connaissait pas encore les grandes lignes. Naturellement, Mordekaiser était inquiet à ce sujet mais il ne voyait pas ce qui pourrait lui arriver de pire. Cela l'aidait sans doute à relativiser ou au moins à oublier le temps d'une réflexion à quel point son futur était obscur.

Morgane invoqua ensuite deux créatures démoniaques à l'aide de sa nouvelle arme. L'Aigrefin eut un sourire amusé en détaillant du regard les invocations.

"Ces trucs sont affreux. Mais j'adore, du moins tant que tu en gardes le contrôle." Répondit le guerrier.

C'est alors que l'héritier maudit se leva péniblement pour aller récupérer son plastron et le passer par dessus sa chemise. A cause du mauvais état de son équipement et de ses blessures, l'Aigrefin manqua d'être déséquilibré en réalisant ce simple geste. Il eut un rire discret à l'intention de Morgane.

"La douleur s'estompe un peu ? Tu veux toujours boire avec moi ?" Demanda t-il.

"Pourquoi? Tu as quelque chose contre mon père?"

J'étais surprise... Pourquoi donc ils ne parleraient pas de leur ancien chef entre eux? Et pourquoi spécialement pas à Mordekaiser? Je plissais les yeux interrogative. Morphée, lui, faisait semblant de s'en moquer. Il aimait Kessler même s'il ne l'avait que très peu connu. De plus, si on disait du mal de mon père, cela voulait aussi dire qu'il risquait d'avoir des répercutions sur mon avenir... N'ai-je pas envie de rester proche des aigrefins juste au cas une guerre se déclarait et que je devenais chef?

D'ailleurs, rien que de penser au fait que je pouvais un jour m'asseoir sur le trône maudit, j'en avais des frissons de plaisir. Je ne comprendrais jamais pourquoi ma grand mère ne l'avait jamais récupéré et qu'elle l'avait laissé consciemment à Enma... C'était vraiment étrange quand on connaissait son ambition démesurée. Mais je chassais mes pensées pour me focaliser sur mon partenaire.

Celui-ci voulait que je teste ma dague magique. C'est avec un respect sans fin que j'activais son pouvoir. Mon sang coulait. J'appliquais un rapide bandage laissé par la guérisseuse sur la plaie pour éviter que celle-ci s'aggrave. J'étais déjà assez blessée comme cela. Morphée n'aimait pas les démons. Il s'était caché derrière mon dos et miaulait plaintivement. Je souris à Mordekaiser et je les fis avancer vers lui juste avant de disparaitre dans un éclat de rire.

"Je les trouves fabuleux. Ils semblent si inoffensifs... Mais crois moi ils ne le sont pas. C'était une des bottes secretes de la grande Garvera, ce n'était donc pas pour rien. Je suis ravie qu'elle soit enfin entre mes mains. J'ai l'impression que je commence enfin mon ascension dans l'ordre..."

Une sorte de passe d'armes... un test de passage fait par mon ailleul... Comme si à présent, j'avais vraiment le droit à être une nécromancienne à ses yeux. J'avais cette impression depuis notre arrivée... Je me sentais étrange... Je le regardais se lever, j'en fis de même péniblement. Ma tenue n'était pas des plus belles... mais cela irait.

"Si tu acceptes ma tenue de sauvageonne, cela me va. Plus vite on partira d'ici, mieux cela sera."

[Je te laisse ouvrir ^^ Envois moi le lien. Bisous]

[Suite]

» Captivité dans le donjon [Morgane]
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