Doucement, je me réveillais. Ma tête me faisait mal, mes membres étaient lourds et je ne savais plus trop ou j’étais. Tout ce dont je me souviens, c’est que je m’étais un peu trop approché de Maléficium. Malgré tout ce que je pouvais attendre de cette cité, je m’étais dit que même les plus grands démons de ce monde n’avaient aucun intérêt à m’attaquer et encore plus à me capturer. Toujours accompagner de mon petit chariot, dans lequel je transportais des potions et des plantes que je vendais à ceux qui voulait bien me le prendre. Et ben je m’étais totalement trompé, alors que je venais à peine de traverser la frontière, un groupe de soldat noir me sauta dessus et je me souvenais juste d’un coup dans la nuque. Voilà tout ce dont je me souvenais.

Petit à petit, j’arrivais à me relever. J’avais une chaine plutôt lourde qui lié mes pieds et mes mains, assez longue pour que je puisse me lever et marcher, mais assez courte pour que je ne puisse pas courir. De toute façon ou voulaient-ils que j’aille ? J’étais tout seul dans une pièce plutôt noir, autour de moi se trouvait des engins de torture, d’ailleurs je me forcerais à ne pas les contempler. Il n’était pas difficile à deviner que j’avais peur, très peur. Au début je voulais crier, mais dans un endroit aussi macabre je me demandais à quoi cela servirais appart me créer encore plus d’ennuis. Des questions venaient trotter dans ma tête, surtout, celle où je me demandais ce que je faisais ici, et quel intérêt avait les gens de la cité noir à torturer un garçon comme moi ? Je ne faisais pas partie d’une organisation secrète, je n’avais rien de puissant, appart allumé une flamme sur mon pouce et ne pas réussir à l’éteindre, je ne savais rien faire d’autre d’aussi extraordinaire. Es-ce mes parents qui les ont avertis ? Eux qui n’avait aucun intérêt pour moi et qui au final m’avaient traité de monstre. Pour me consoler un peu, je me disais qu’ils voulaient tout simplement emprunter mon chariot. Peut-être voulaient-ils que je leur prépare quelques potions.

Puis, mon corps se figea lorsque j’entendis des pas résonner derrière la porte qui était devant moi. Je regardais a droit à gauche, comme pour trouver un ultime moyen pour me cacher, ce qui était tout bonnement ridicule. Cependant, mon corps avait réagi à cet effroi. Lorsque le grincement de la porte se fit entendre et que je vis qu’une silhouette devant moi. Mon corps s’était mis partiellement invisible. Tout le bas avait disparu, seul mon torse, mes bras et ma tête étaient visible. Même la chaine avait disparu, car j’avais remarqué que je pouvais rendre ce que je touche invisible…comme je ne le savais pas encore. Ainsi, je devais paraitre surement ridicule, mais je cherchais à connaître les coutumes locales afin d’être bien vu, devait on saluer, ne rien dire. Déjà mes yeux tombèrent à terre. Y paraissait qu’à Maléficium c’était un signe de provocation de croiser le regard de quelqu’un et j’étais probablement la dernière personne sur cette terre à vouloir provoquer qui que ce soit.

Aujourd'hui était une belle journée. En effet, après avoir quitté Calliopé, j'avais décidé de m'amuser un peu. Après avoir bu un verre dans la taverne et joué avec un mari infidèle dont à présent, sa gorge était tranchée et le corps reposait contre un urinoir improvisé des bas fond de Malificium, j'avais décidé d'aller torturer quelques malheureux.

A la base, j'avais pensé emmener le client du bar mais il était si pathétique et si gonflant que mes nerfs avaient laché et ses jours s'en étaient terminés. Du coup, j'arriverais sans proie ce qui était assez rare de ma part mais à présent que j'étais archimage, j'arriverais à m'en faire prêter un... et puis au besoin, un petit combat ne me ferait pas de mal contre un de mes confrères.

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas tenté de me tuer à la tour, cela me manquait presque. Deux hypothèses étaient possibles pour trouver une raison à ce fait : soit ils avaient à présent tous peur de moi, soit j'étais devenue suffisamment gradée pour qu'ils me respectent. Néanmoins, ne sachant pas vraiment à quoi m'en tenir, je restais en permanence sur mes gardes et surtout, je ne me reposais nullement sur mes lauriers.

J'avais fais quelques rencontres au sein des miens et même au niveau des rôdeurs mais je ne pouvais pas dire que j'étais fait des alliés fiables. Seul l'avenir me dirait ce que deviendrait ses graines que j'avais semé. Je n'étais pas comme ma grand mère, ni comme ma mère. Il fallait d'ailleurs que je rencontre d'autres aigrefins en plus de Mordekaiser. Je devais me faire aimer de là bas même si mon coeur s'était entiché d'un chevalier actuellement.

Je pénétrai à l'intérieur de l'édifice. Des lumières faibles, une odeur de sang et de putréfaction ainsi que de vieilles bougies m'accueillirent. Je portais une tunique rouge sang et un pantalon noir. Mes cheveux blancs étaient lachés sur mes épaules et mes armes étaient bien à l'abri. Un aigrefin marchait dans ma direction.

"Morgane! Tu me vois ravie de ta présence. J'ai apporté un cadeau."

"Oh? Quoi donc Cythor?"

"Vois par toi même."

Je lui souris et lui donnai deux pièces d'or pour le faire déguerpir. Je n'étais ni son amie, ni son amante. Cet homme était notre chasseur de proie. Il aurait pu offrir très bien son dernier cadeau à n'importe qui, j'étais juste la première mage noire qu'il avait croisé depuis son arrivée, voilà tout. Je m'approchai de la pièce et ouvris la porte calmement. J'entrai et souris doucement. Son obéissance me fit plaisir.

"Qu'as-tu fais pour atterrir ici? Pourquoi te cacher? Montres toi tout en entier."

Je n'étais nullement impressionnée par son sort d'invisibilité partielle. Cela ne serait que plus drôle à torturer. J'inspirai l'air et murmurai :

"Je dirais mage blanc ou mage rouge... Tu dois donc être un espion... C'est parfait!"

Je m'approchai de lui et lui envoyais une petite décharge électrique dans l'épaule droite pour le rendre un peu plus malléable.

"Dis moi ton nom."

Ma respiration s’arrêta lorsque la silhouette se transforma en une femme plutôt…spéciale. Je ne dirais pas jolie, car pour être jolie il aurait fallu qu’elle ait un bon fond, et avant même qu’elle m’adresse la parole, on pouvait déjà sentir que j’allais passer un sale quart d’heure. Elle me faisait penser à ma sœur, ma petite sœur qui est partie avec le reste de la famille. Elle avait pour habitude de mal tourner et que c’était mon rôle de la sortir de ce genre de pétrin. J’espérais qu’elle aille bien.

J’avais bien entendu les questions, sur les raisons de ma présence ici, mais elle parlait trop vite, je n’arrivais pas à suivre. Comment t’es-tu retrouvé là ? Remet toi visible ! Quel est ton nom ? Avant même que j’ai pu répondre à une de ces questions, elle me toucha l’épaule et m’envoya une petite décharge électrique ce qui me fit désagréablement sursauté, ne voulant pas subir un autre toucher électrique, je me concentrais sur mon corps pour le rendre visible à nouveau, mais ça ne marchait pas ! Alors que mes pieds et le boulet était revenu, voilà que mes bras s’effacèrent petit à petit. Avec son sort elle devrait être au courant…mais cette idée m’est rapidement sortie de la tête car je n’avais nullement envie de la contrarié, même si avec mes bêtise ça semblait déjà être le cas.

« Je suis désolé, mademoiselle, je n’arrive pas…je suis un peu embêter…je suis la parce que…ben je ne sais pas non plus, je suis herboriste et non mage. Je me déplaçais avec mon petit chariot de plante et on m’a assommé et je me suis retrouvé ici… »

Quel accueil ! Je me souviendrais de mon séjour à Maléficium. Je baissais donc les yeux en réfléchissant à ce que je venais de dire, c’était la pure vérité. J’étais loin d’égaler les mage rouge débutant et j’aurai bien voulu me tenir à l’écart de la magie, mais bon, le destin en avait voulu autrement. Puis, d’une tout petite voix, je me présentai enfin.

« Je me nomme Charly… »

Sur ces mots, j’éprouvais un peu de tristesse surtout en pensant au sort qui m’attendait ici. Réagissant à cela, mon invisibilité rendit mon corps à l’état normal. L’idée de sympathisé avec elle m’était venu à l’esprit, mais je n’avais pas trop envie de lui demander. D’après certains, il fallait voir le bon côté de chaque chose, même dans les plus mauvais, ne pensant à ça, j’arquais un sourcil. Non, elle bon, non, je ne pensais pas, cependant, je pouvais toujours regarder comment faisait elle pour lancer ses sorts, je serai même au première loge pour voir ça et même le sentir. J’espérais juste que le feu qui coulait en moi se tienne tranquille, je n’avais pas du tout envie qu’il sorte de sa propre initiative pour venir embêter la dame dans son travail et m’attirer encore plus d’ennui.

"Il m'a refourgué un incapable... Que la déesse maudite trucide tous ceux qui ont osé m'exaspérer aujourd'hui!"

Ma voix grondait. Une flamme apparut dans ma main et je la lançai contre le mur juste au dessus de sa tête. Ce n'était pas pour lui faire peur, enfin pas de prime abord, je passais juste mes nerfs. Je ne supportais pas la faiblesse... C'était viscéral! Voir un apprenti mage qui ne contrôlait pas un sort aussi simple que l'invisibilité me donnait une envie de lui arracher la langue... Sauf que j'avais besoin de lui... enfin je comptais me SERVIR de lui.

"Quel type de plantes? Des poisons contre Ibur?"

Je continuais mon enquête. J'avais repris une attitude calme voire méprisante. Je le fixais sans broncher. Aucune sympathie dans mon regard, ni geste. Il n'était rien pour moi, juste de la chair à canon que j'allais m'amuser à faire souffrir. Je n'avais aucun respect pour les mages rouges même si comparés à les mages blancs, je les appréciais un peu plus. Orpheus n'aimerait pas que j'agisse ainsi mais je m'en moquais. Dans la salle des tortures, c'était moi la reine des sévices.

"Enchantée Charly."

Je m'approchais de lui et passais une dague sur sa joue. La lame s'enfonça légèrement. Je recueillis une goutte de sang et l'humai. Je souris doucement et murmurai :

"Je me nomme Morgane Evans. Tu as de la chance d'être tombé sur moi... Je ne te gacherais pas."

Je fis quelques pas et m'assis calmement sur une table de torture face à lui. Je le fixais pendant de longues secondes permettant ainsi à ce qu'une ambiance remplie de stress plane dans l'air. Qu'allais-je bien faire?

"Donc tu te promenais et bim te voilà avec moi... Pas de pêché à te faire pardonner? Ta famille n'a commis aucun crime contre nous? J'ai du mal à croire que le sort soit si méchant avec toi... Je t'écoute. Sois convaincant si tu ne veux pas perdre un membre bêtement."

La dague réapparut dans ma main, je jouais avec elle calmement comme si ce n'était qu'un vulgaire morceau de tissu.

Morgane Evans…c’est qui ? La pauvre doit être constamment en train de mal mener les gens ici que personne ne doit la voir à la surface, ou se souvenir d’elle. Et je n’ai pas besoin de constater son savoir-faire, le mur au-dessus de ma tête en avait fait les frais. Si elle n’aimait pas les faibles, je pouvais déjà me considérer comme mort. Et j’étais mort de peur, mon corps tremblait sans mon ordre et depuis le coup du mur, ma température avait augmenté, je le sentais mais ça ne me gêner pas bizarrement, surtout après sa présentation avec la dague. Lorsqu’elle avait touché ma joue avec sa lame, je m’été crispé sans émettre de son

. Mais, mes pensées étaient ailleurs pour le moment. Cette femme voulait en savoir plus sur moi, voulait elle faire durer ma peur ? Savait elle qu’elle allait en terrain inconnu ? Car je savais qu’à un certain moment, mon corps se mettrait à flamber involontairement, mais après ? Car je savais que ce n’était pas ce genre de tour de passe-passe qui inquiéteront mon bourreau. Mais son intérêt se porta sur mes plantes…mais du poison ? Non, je ne fais pas de poison ! Jamais, pourquoi le ferai-je ? Bon appart si les désherbant compte mais c’est tout. Avec beaucoup d’hésitation, je me suis permis de lui répondre.

« Je…je suis spécialisé dans les potions de régénération…pas les poisons… »

Je n’étais pas mage, je ne me considérais pas comme tel, mais par contre, je reconnaissais mon talent particulier d’herboriste. La potion que les passants m’achetaient toujours était la potion d’énergie. D’ailleurs, sur le coup je me disais qu’il faudra que je me procure un nouveau chariot si jamais je sors d’ici. Les gens qui me sont tombés dessus ont du s’en débarrasser. Ma présence à Maléficium, ou du moins dans les alentours, était due à une plante sensible à l’humidité.

Pourquoi voulait-elle savoir qui je suis et comment étais je arriver là ? Un prisonnier était un prisonnier, non ? En tout cas je ne connaissais absolument pas ce monde-là.

« J’espérais que vous pouviez m’éclairé sur la raison de ma présence ici…je peux vous donner l’adresse de Monsieur Graps… il me menaçait qu’il vous appellera si jamais je n’étais pas à l’heure pour la livraison…ou Madame Drome…je ne sais pas. »

Pourquoi lui donnai-je les noms de mes clients ? En même temps je ne connaissais personne d’autre. Soudain mes yeux se mirent à s’ouvrir en grand. Et si c’était un de mes clients qui avait organisé tout ça. Alors je me demandais encore plus ce que j’avais fait ? Une erreur dans ma commande ? Pourtant j’ai toujours étais très soigneux et ponctuel. Je ne comprenais pas.

"En serais-tu capable? Ou es-tu tellement stupide que tu ne te fixes que sur une seule potion et non tous un tas?"

J'aimais la spécificité mais dans ce cas là. Il fallait savoir être maitre en tout pour pouvoir parer à toutes les éventualités. Les plantes offraient un grand potentiel et il était stupide de ne pas en profiter. Je n'avais pas ce savoir mais j'achetais régulièrement des potions au marché noir et en testait souvent ici d'ailleurs.

"Si tu fais des poisons, tu pourrais nous en fournir à un prix fort réduit et donc tu t'assurerais notre protection quand tu es à Malificium."

Etais-je sérieuse? Bien sûr. Il était toujours bon d'avoir de l'emprise sur une personne afin de pouvoir s'en servir à outrance. Et puis s'il voulait reprendre à un moment un peu trop de liberté, il suffisait juste le ramener ici et le torturer de nouveau pour lui rafraichir la mémoire. Cela ne serait pas un problème pour nous. Avoir un pion dans la Tour naturelle était toujours important sur l'échiquier de la vie.

J'éclatais de rire soudainement. Il était vraiment si stupide? Donner le nom de ses clients, même s'ils ne me disaient rien du tout, était très dangereux et il risquait d'avoir des représailles de leurs parts. En tout cas, c'était amusant de voir qu'il devenait rapidement bavard. Je m'approchais de lui et passais ma lame sur son cou, juste un effleurement. Je lui envoyais une petite décharge électrique dans le bras droit et murmurai :

"Pourquoi te trahiraient-ils? Tu es sûr que tu n'as rien fais de mal hormis commercer sur nos terres, choses qui est réservé aux mages noirs... Ne vois-tu pas là un affront? Je suis sûre que tu n'es pas si bête... Tu es donc un espion! Que nous veut les mages rouges? Dis moi tout où je t'arrache le foie!"

Il mourrait assurément si j'agissais de la sorte. Il ne fallait pas être médecin pour le savoir. Je le fixais avec un sourire sadique. Je m'étais éloignée de nouveau et je fouillais dans les différents outils présents dans la pièce à la recherche de celui qui serait parfait pour lui faire le plus grand mal.