Les yeux de Marika furetaient sans bouger d’un millimètre. Si Gala ne la connaissait pas aussi bien, elle croirait que sa sœur était perdue dans ses pensées. Mais elle était bien trop entraînée pour ça n’est-ce pas ? Marika devait sûrement épier le moindre mouvement, le moindre bruit autour d’eux. Elle n’en laissait rien voir, mais elle devait sûrement avoir peur. Après tout, c’était la première fois qu’elles traversaient une forêt.. étant donné que le désert n’en regorge pas tant que ça. Toutefois, si elle avait effectivement peur, Marika n’en laissait rien paraître avec son regard si fixe et ses yeux si froids. Montée sur Arco, droite comme le tronc d’un arbre, elle faisait figure d’une telle.. autorité. Gala assise derrière elle s’y cramponnait bien, mais pas pour la raison que les gens pourraient escompter. Les deux jeunes nomades avaient été exilées, et elles évoluaient loin de leur patrie sans l’avoir vraiment voulu, surtout Gala. Se raccrocher comme ça à sa sœur.. c’était comme se raccrocher à une partie de chez elle.

-Tu es en train de t’en dormir, c’est ça ? demanda subitement Marika d’un ton sec et clair.

-Non, répondit à voix basse et dans un demi-sourire la petite fille de quatorze ans. Je me disais juste que la forêt était belle. Tu imagines des forêts faites de sable, comme des arbres à la façon des roses des sables ?

Pour toute réaction un sourire franc apparut sur le visage de Marika, sans qu’elle ne fasse d’autre mouvement. Si Gala avait peur, elle ne le montrait pas non plus. Très courageuse la petite, mais pas à l’idiotie non plus, et elle sentait bien qu’il leur faudrait bientôt faire une pause pour se reposer et accessoirement manger. Par chance, elle savait faire du feu en forêt et il leur restait des provisions de leur dernier arrêt dans un village : de la bonne viande de bœuf séché ! accompagné de ses pattes sautés – froides certes – mais avec l’incomparable sauce typique de leur tribu, ça ferait merveille ! Mais à part ça, non, elles n’étaient pas des goinfres. En fait.. si Marika, un peu quand même, mais cela ne l’empêchait pas de continuer à surveiller les alentours. Mais tout cela ennuyait tellement Gala que brusquement, elle sauta à terre. Avant que le droit de l’aînesse à la rabrouer ne se fasse entendre, la petite avait déjà répliquée qu’elle voulait marcher, et se mit ainsi à gambader devant Arco.

Marika la surveillait de ses yeux plus que sévères désormais, qu’elle gamine à n’en faire qu’à sa tête. Agacée, elle sortie un petit morceau de pain et de fromage qu’elle se mit à manger tranquillement, ayant lâché ses rennes. Elle se m’était souvent à manger quand elle devait surveiller Gala.. Allez pas demander pourquoi, c’est inexplicable ! Toutefois, cette fois, la jeune femme eut bien mal fait d’une certaine manière. Même si elle continuait de garder un œil sur la petite, sa bouche remplie de sa bonne pitence n’eut pas le temps de réagir quand elle la vit brusquement courir vers un renard. Oh, s’il n’y avait eu que le renard mais non ! En un clin d’œil, quand Marika l’avait vu se jeter sur lui, son esprit en alerte avait immédiatement deviné qu'un renard comme ça.. c'était une belle proie sur laquelle tirer ! – impossible d'en être sûre mais Marika aurait mis sa main au feu qu'elle avait vu quelque chose bouger ! Instinctivement, sa réaction était là : si un chasseur tirait, il toucherait Gala. Alors, se jetant d’un bon de son cheval et tirant son fouet, elle l’envoya s’enrouler autour de la poitrine de sa petite sœur pour l’entraîner en arrière presque aussi tôt !

En tout cas, ne vous étonnez pas si le renard a eu le temps de s’enfuir.

Marika était restée impassible face à la situation. Bien sûr, elle savait très bien jouer de son fouet – pouvant ainsi éviter que les crochets n’aillent s’enfoncer dans le frêle corps de Gala – mais il lui resterait quand même une belle marque rouge sur la peau. Toutefois, c’était mieux que ce qui l’attendait, ne put-elle s’empêcher de penser en glissant un coup d’œil vers le mouvement sur le côté. Agenouillée près de sa sœur en une seconde, Marika l’aidait déjà à se relever alors qu’un énergumène turbulent sortait des buissons pour leur.. crier dessus dirons nous, pour rester correcte. Marika n’y fit pas le moins du monde attention – en fait, ça semblait être comme si il n’existait pas. Elle lui avait jeté un bref coup d’œil et c’était tout. A sa manière de parler, il pouvait toujours courir pour que la jeune femme s’intéresse à lui.

Par contre, Gala, elle, semblait terrifiée. A peine l’avait-elle entendu crier qu’elle était venue se réfugier derrière Marika, un regard de peur fixait sur cet homme. Pourtant, de part son attitude et sa tenue, elles auraient juré qu’il était nomade. Soupçon qui vint en un éclair se confirmer à son vocabulaire. Toutefois, cela n’aida pas le moins du monde Marika à faire attention à lui. Se retournant vers Gala qui la serrait toujours autant, elle la força à se retourner et l’aida à monter sur Arconel. Juste après, Marika allait enfin faire de même quand le jeune homme dénia se calmer et décliner son identité. Main sur la selle, marquant une pose, la jeune femme semblait se demander si elle devait faire un quelconque effort. Ils avaient tous leur problème et manquer de politesse n’arrangeait jamais rien. Ok, Marika n’était pas l’amabilité et la courtoisie personnifiée, mais à défaut d’être positive, elle n’était pas non plus… négative. Mais bon, elle pouvait bien faire un effort. Après tout, il s’était présenté, elle pouvait au moins en faire autant si elle voulait un minimum montrer l’exemple de la politesse et non faire comme lui.

-Marika Danam.

C’était une des premières fois qu’elle déclinait son nom entier. C’était sûrement parce que c’était un nomade, elle se devait d’être un peu plus complète. Ça ne servait à rien d’obstruer un pan de son identité. Ça aurait semblait… impoli. Décidément, la politesse en ce moment. Chassant cette idée, Marika secoua brièvement sa tête, pour se concentrer plutôt sur le nom qu’elle avait entendu. Helkar… Voilà quelque chose qui ne lui était pas inconnu, mais cela remontait à loin tout cela. Marika était plus une combattante qu’une historienne dans sa tribu mais avec son grade, elle avait un minimum de culture auquel elle se pliait avec plus de respect que de goût.

-Hum.. votre nom est chargé d’histoire dites-moi.. finit par murmurer Marika plongée dans ses pensées, comme si elle essayait de retrouver tous les pans de l’origine de ce nom dans sa mémoire.

Cette pensée semblait avoir quelque peu calmé Marika. Pas qu’elle voyait cette personne avec plus d’estime que la manière dont elle l’avait perçu dès le premier instant mais elle semblait avoir pris compassion. Et le pire, pas à cause de son nom. Non. C’était plus… une compassion venant de la situation. Un nomade ne sort pas forcément beaucoup du désert alors survivre dans tous ces territoires inconnus, certains pouvaient avoir plus de difficultés que d’autres après tout. Et puis bon, ils étaient tous deux nomades. Si leur peuple était connu à l’extérieur pour être des gens solitaires, cela ne voulait pas dire qu’ils manquaient de solidarité. Ainsi son visage toujours ferme et dur se mua pourtant avec plus de simplicité et de calme, comme elle aurait regardé un membre de sa tribu. Changement marquant dans sa présente attitude. Lâchant son cheval, elle se rapprocha finalement de lui – armes rangées bien sûr.

-Tout d’abord, je ne relèverais pas votre manque total de politesse, quel paradoxe sachant que c’était précisément ce qu’elle faisait. Mais je peux vous proposer de partager notre repas en réparation du désagrément que vous a causé ma sœur, termina-t-elle sans autre lueur que ceux de la neutralité dans le regard.

Tandis que Gala observait Raos d’un air complètement affligé et désolé.

Non, décidément. Oui décidément, Marika avait bien envi de passé son chemin. Déjà que d’ordinaire elle n’accordait que peu d’attention aux autres mais là, là, elle y voyait encore plus rien et strictement aucun intérêt. Restant impassible, elle n’était pas énervée, ni même agacée. Certes, elle n’aimait pas ce genre de personne mais qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’il soit comme ça ? Il aurait touché sa sœur en chassant, là oui, ils auraient eu un certain différent à réglé. Mais bon, en attendant, elle n’avait rien de plus à dire. En tout cas se demanda-t-elle quand même vaguement d’où il pouvait tenir ce mauvais caractère, avant de passer à autre chose. Reprenant son morceau de pain au fromage, elle se mit à le grignoter nonchalamment en écoutant tout de même la suite des dires du nomade.

Apparemment, ils avaient en plus trouvé un repas ! Fantastique, cela faisait une raison en moins de s’attarder. Si Marika avait été orgueilleuse, elle n’aurait même pas baissé d’un coup de l’œil le regard vers le toutou qui venait de rapporter le… renard. Mais en soit, elle n’avait rien de fiers simplement parce qu’elle s’en fichait. Ça avait du bon au fond, d’être un peu débonnaire ! Coulant un regard vers le fameux animal, elle put sans peine en déduire qu’il était originaire du désert. En tout cas, il avait une sacrée taille. Ça pouvait facilement vous.. tomber dessus et vous bloquer au sol pour vous déchiqueter ça. A prendre en note au cas où, avant d’énerver cet individu peu gracieux. Cela ne lui gênait pas trop d’affronter un nomade mais un nomade et un familier, c’était plus agaçant. Marika avait un cheval mais… comme la plus part des gens le savent.. les chevaux, c’est des montures pas des combattants. En temps normal.

Toutefois, elle ne s’attarda pas trop sur la considération de ce gros.. animal (contrairement à Gala qui avait les yeux rivés dessus de frayeur… ou alors était-ce à cause de renard mort entre ses dents qu’elle trouvait tantôt si mignon ?) car la seconde proposition de ce jeune homme l’interpela. Faire camp commun ? Tous ses muscles se figèrent un instant quand il proposa cela. Est-ce qu’elle allait vraiment passer le reste de la journée avec lui ? Marika était peut-être débonnaire mais elle avait aussi un certain sens du sociale avec les nomades et celui-là ne l’y engageait pas du tout, du tout. Surtout avec son attitude envers Gala (sans parler qu’elle n’avait pas envi que Gala soit traumatisé par la vue du renard, auquel elle avait sûrement déjà trouvé un nom, dépecé et mangé). Mais bon.. mais bon… mais bon… Non pas de mais bon, décidément, pour une fois Marika ne voyait que des raisons de passer son chemin. Ce gamin semblait très bien savoir ce débrouillé après tout. Tous ses grands enfants du désert à la lignée prestigieuse et à la fantastique prétention qui les rendaient exceptionnel, bah… voilà. Marika n’en avait aucune opinion précise, elle détestait juste les imbéciles de son genre colériques sous prétexte d’avoir une tragique histoire. Oui oui, au final, Marika a elle aussi des opinions, pas que des votes blanc non plus !

Donc pendant tout ce temps elle était restée à manger tout en le regardant de son air calme et simple, comme quelqu’un l’aurait fait dans une situation normale. En fait, elle réfléchissait juste, et la conclusion était bien de s’en aller – comme sa réflexion l’avait porté depuis tout à l’heure. Toutefois, avant qu’elle n’est pu prononcé le moindre mot, la petite Gala descendit maladroitement du cheval (pied coincé dans l’étriller…) avant de se dirigé vers ce fameux Raos Helkar. Ses yeu étaient toujours remplis d’une certaine peur mais son regard rayonnait constamment de cet éclat de joie qui l’habitait.

A présent à quelques pas de lui, le visage un peu gêné maintenant, elle fouilla la sacoche qu’elle gardait constamment sur elle (même pour dormir) et en sortit un petit tissu dans lesquels étaient enroulés des gâteaux sablés au parfum de fleurs qu’on trouvait dans les oasis du désert. C’était elle qui les avait fait avant de partir et elle en avait apporté tout une tripotée. Ayant elle-même reconnu que c’était un nomade en voyage, elle s’était finalement dit que ce serait un bon moyen de se faire pardonné. En plus, devant le silence qui régnait… ça sentait vite l’orage venir ! ça allait donc peut-être détendre l’atmosphère.

-Tenez, c’est moi qui les aie faits. Vous en voulez bien ? Ils sont d’origine de chez nous, termina-t-elle en baissant les yeux vers le sol et vers le compagnon de Raos. Et toi alors, tu veux des caresses ? demanda-t-elle tout innocemment en tendant la main vers lui, les yeux pétillants.

Ahlalala, ces enfants. Des touches à tout !

Ah Gala, Gala, Gala… Décidément, elle aurait toujours le don de faire sourire Marika. Elle se demandait bien d’où elle tirait son caractère en tout cas, ça ne venait ni de leur mère, ni de leur père. Toutefois, Marika était restée quelque peu crispée lorsqu’elle s’était approchée de Raos et son gros chien. De bonnes attentions ne sont pas toujours très bien accueillies, mais tout sembla bien se passer. Et Marika se détendit face au laxisme dont venait faire preuve sa nouvelle connaissance. Il ne savait pas faire que râler tiens, un bon point pour lui. Toutefois, sa méfiance resta sur ses gardes un peu plus quand elle la vit se mettre à jouer avec le fameux gros toutou, rire tout déployé. Gala riait tout le temps, elle souriait tout le temps aussi. Enfin, elle était toujours de bonnes humeurs. Mais Marika savait qu’au fond, c’était nécessaire plus que réel. Les rares moments de réalité étaient… hé bien, rares. Elle se perdit un instant à regarder sa petite sœur avant que la remarque sourde de Raos ne la rembrunit. Mais ne s’arrêtait-il donc jamais ?

Marika ne fut même pas offensée par sa remarque qui aurait mis en rage plus d’une personne. Chez les nomades, la famille, reste assez sacré mine de rien. Même si tous les nomades en forme une très grande par leur attachement solitaire justement, lorsque des clans se formaient, ce genre de remarques pouvaient vite être perçu par une insulte. Mais le lien qui unissait Gala et Marika était si étrange, simple et fort que la jeune femme n’en eut qu’un pauvre sourire amusé, et assez vague. Rien de méchant n’y transpirait, seulement une étrange lassitude qui n’avait en réalité rien à voir avec le moment présent. Et cette lassitude avait fait s’envoler tout le reste. Une attitude renforcée par la suite des paroles du jeune homme, qui n’eurent pas plus d’importance. ‘Se remettre en question’, quel blague. A quoi cela lui servirait ? Hop elle repart, elle va dire aux siens ‘c’pas possible, j’peux pas occuper cette responsabilité’. Ce n’était plus le genre de questions qu’elle avait le droit de se poser si elle ne voulait pas se mettre à douter, perdre ses moyens et les plonger toutes les deux dans des problèmes diverses.. à éviter.

Décroisant ses bras, Marika accueillit d’une main Gala qui venait de revenir vers elle. Elle avait continué à jouer avec le splendide toutou les écoutant jusqu’au bout calmement et toujours en jouant. Et puis, elle s’était levée pour repartir vers sa sœur car pour sa part, elle était un peu agacée. Chose rare chez elle, très rare, qui n’arrivait que lorsqu’on se servait d’elle pour contre les siens. Ce que venait de magnifiquement faire cet étranger en qui elle avait brièvement placé sa confiance un instant. Toutefois, elle ne dit rien et vint juste se placer à côté de sa sœur, un peu moins rayonnante pour toujours de bonne humeur. Cependant, Gala qui savait que Marika ne s’en prenait jamais ouvertement aux gens à moins d’être dans une colère monstre, très rare donc, décida de répondre à sa place. Car Gala, d’une grande innocence et gentillesse était quelqu’un de bien moins renfermé et très expressive.

-Vous deviez écouter ce que vous venez de dire avant de parler.

En clair, cela ne le regardait pas, quoiqu’il pouvait avancer. Il n’avait strictement aucune connaissance sur elles, ni rien d’autres qui lui permettaient ce genre de remarques ou de jugements. Gala avait quatorze ans, elle n’était pas une gamine non plus. Et ayant été élevé parmi les siens à la dure, comme le voulait la tradition, elle était déjà plus que capable de se débrouiller seule. Du moins.. chez elle. En dehors.. c’était.. autre chose quand même. Et Gala qui ne restait jamais sur un reproche, reprit quand même un peu plus loin.

-Mais j’aimerais bien quand même rester un peu avec vous et.. hum.. le gros toutou, murmura-t-elle avec timidité, encore plus vers la faim car elle n’avait su comment nommer cette espèce de grosse boule de poils autrement. On peut ? termina-t-elle en jetant un coup d’œil à Marika.

Cette dernière resta sans répondre un instant, les yeux observant sa petite sœur. Depuis de longues secondes, l’esprit et l’attitude de Marika s’était calmée. Peut-être à cause même des remarques déplacées mais percutantes de Raos. Elle ne les voyait pas comme vrais, mais ni fausses non plus. C’était plus complexe, et c’était tout ça qui l’avait ramené à ce qui avait déclenché sa lassitude. Balayant tous mauvais ressentiments car… cela n’avait pas vraiment d’importance au fond. Devait-elle donc se sentir blessée pour si peu ? Il y avait tant de choses plus importances en jeu en ce moment… Aussi releva-t-elle la tête, d’un regard calme mais avec des yeux plus lumineux.

-Etes-vous toujours d’accord ? reprit-elle pour faire écho à ce que venait de demander Gala. Je n’ai rien contre vous. Et je ne pense pas que vous ayez des griefs antécédents à moi étant donné que vous ne me connaissez pas. Nous avons fait une longue route, et bien plus nous attend encore sûrement. Je suis désolée si je peux vous paraître d’une certaine animosité, mais je veux bien accepter votre proposition.

Et rien d’autres. Marika s’était platement excusée simplement, sans justifications quelle qu’elle soit. Ce Raos devait n’en avoir rien à faire et elle ne voyait pas en quoi cela le concernait de toute manière. L’important était seulement de se reposer et d’être en sécurité ce soir avant de reprendre la route. Le reste.. le reste était sans importance, ou du moins, d’importance moindre. Querelle, fierté, jugement, considération. Cela n’avait pas l’ombre d’une importance comparée à sa sœur, et que cela vienne d’elle ou de lui.

Une chance que la provocation n’est pas cours chez elle, sinon, ça aurait été mal partie entre eux. Un nomade exactement comme lui et c’était parti pour un combat à main armée pour avoir le dernier mot. Au final, Marika n’était ni vraiment agacé, ni vraiment enthousiasme en tout cas. Elle lui trouvait une terrible suffisance mais bon, on ne pouvait pas vraiment dire que ce n’était pas caractériel des nomades… Et puis, ça n’avait aucune importance. Raison pour laquelle la jeune femme ne réagit pas d’un iota quand Raos s’éloigna en les ignorants royalement. Elles étaient encore moins signifiantes qu’un chien, ne put-elle s’empêcher de penser dans un sourire en coin en voyant le fameux toutou s’en aller avec la même démarche que son maître.

-Tu crois… que je l’ai vexé ? murmura Gala les yeux perplexe.

Un large sourire se dessinant sur les lèvres de Marika, elle lui répondit que non : c’était juste quelqu’un qui semblait ne pas avoir de temps à perdre en discussion futile. Il semblait avoir un diable de sale caractère, ou alors était particulièrement misanthrope. Quoiqu'il en soit, les reproches ne vinrent pas à l'esprit de la jeune femme. Tout simplement parce qu'au fond, la réaction ne semblait pas totalement déplacée. Au fond elle, la jeune femme avait eu l'étrange impression de tourner en rond dans cette discussion. La seule raison qui l'avait pousser à accepter au final était qu'un autre visage aurait fait du bien à Gala, mais niveau protection, cela n'avait pas grande importance. Cela ne la dérangea pas qu'il s'en aille, au contraire, c'était plutôt comme se dire... enfin ils en avaient fini !

-Tu sais le pire, c’est que je crois qu’il doit bien être un des derniers à s’excuser quand il est en faute, ne put s’empêcher d’ajouter Marika d’un amusement doux alors que les deux compères étaient déjà hors de vue.

La forêt, ça fait rapidement disparaître les gens. Chose que Gala devrait peut-être se mettre en tête maintenant, et rester sur Arconel. Mais l’instant de rires chaleureux était passé et Marika était de nouveau songeuse. La vérité était que les nomades n’étaient pas si courants que ça hors de la terre. Que faisait-il ici ? Interrogative, la jeune femme ordonna d’un signe de tête à Gala de remonter sur le cheval.

-Et essaye d’y rester cette fois, ajouta-t-elle.

Un sourire désolé sur le visage, Gala se recroquevilla un peu sur elle. Pourquoi avait-il était si méchant ? En fait, elle ne comprenait pas vraiment ce que le ‘je n’ai pas de temps pour ça’ venait faire là. Elle n’avait pas rencontré beaucoup de nomades en dehors de ceux de sa tribu mais n’espérait pas du tout que tous ressemblent à ça…

-Tu crois qu’on va le revoir ?

-Je n’en doute pas, répliqua Marika en levant les yeux au ciel.

C’était toujours les gens avec lesquels on ne s’entendait pas qu’on finissait par recroiser un jour où l’autre. Quel bazar cette roue de la fortune… Attrapant la bride d’Arconel, Marika reprit son chemin d’origine qui était, heureusement, loin de la route qu’avait pris le nomade…