Nuit d'enfer ( Miranda)

Au piment de l’outre-tombe, voilà un nom qui colle parfaitement avec la cité de Maléficium. Qui aimerait se poser la pour souffler un peu et laisser les voyages loin derrière, apparemment, beaucoup de gens, car l’auberge était constamment plein, et l’ambiance n’avait absolument rien a voir avec l’établissement de Bénécius. Dison que si il n’y avait pas de bagarres, des injures fusant à tout va et des ivrognes couchés au sol, c’est qu’il y avait un problème. De plus la nuit ne tardait pas à tomber, mais heureusement le temps était sec, comme si cela changeait quelques choses au paysage tout aussi lugubre. Ce soir-là, devant les portes de l’établissement, un groupe d’homme discutait à pleine voix.

« Je te dis que j’en ai eu pour 200 pièces d’or ! J’me suis enfin débarrassé de ce larbin. »

« Le mien j’arrive pas à le vendre, il faudrait que je trouve un de ces naïfs de Naturalia. »

« Hé les gars, c’est quoi ça là-haut ? »

En levant la tête et en cherchant bien, on pouvait apercevoir une silhouette d’un oiseau, pour les plus expérimenté, il s’agissait d’un aigle royale, mais que faisait-il ici, et puis surtout pourquoi tournait-il autour du bâtiment comme ça ? En fait, il s’agissait d’une nouvel ami d’Edalion, c’était son partenaire, son coéquipier. Et d’ailleurs, le chevalier se trouvait à deux pâtés de maisons, adossé dans une ruelle sombre. Il était toujours vêtu de la même manière, la même posture, les mêmes mimiques. Là, sa main gauche recouvrait son œil caché, il était en train de se servir du lien qui unissait le volatile et le guerrier. Yazariel, tel est son nom, avait la capacité de partager sa vue avec Edalion. Et la les deux équipiers étaient en mission. Du haut du ciel, le chevalier voyait donc l’ensemble du bâtiment et puis surtout le groupe d’individus qui en fait était des esclavagistes. Edalion avait pour objectifs de les neutraliser. Il s’était porté volontaire, car ce sont eux qui lui ont détruire la moitié de sa vie. Ce n’était pas par vengeance qu’il était là, mais pour que justice soit faite !

Les cibles décidaient d’entrer dans le bâtiment, le chevalier Hélioz pressa la pas pour les suivre. Il n’était pas très discret, enfin, si une de ses connaissances trainaient dans le coin, on le reconnaîtrai facilement. Il espérait juste ne pas croiser l’autre mage noir, une certaine Morgane. Car il était déjà venu ici à titre personnel pour trouver ces hommes, mais c’est sur le chemin de la sorcière qu’il tomba. Une fois à l’intérieur, Edalion s’empressa de pas rester debout, il serait trop visible, il fila vers une de ces tables en acajou vers le fond. Jusque-là, la chance lui sourit, car il avait une vue discrète sur la grande table du centre ou déjeunaient les esclavagistes. Edalion devait attendre le bon moment pour agir, et si il n’arriverait pas aujourd’hui, il continuerait le lendemain jusqu’à les attraper. Dehors , l’aigre se posa sur le toit, il savait quoi faire si il voyait un danger.

Malificum n'a jamais été un endroit où il fait "bon vivre". Si l'adage était exact pour les étrangers qui ne savaient pas suffisamment se défendre, il l'était aussi pour les autochtones. La misère faisait plus d'une victime et qui ne payait pas ses dettes pouvait fort bien finir esclave ou, pire, dans le caniveau pour faire office de "corps frais" pour nécromancien... Ce contexte particulièrement difficile avait tendance à exacerber certains bas instincts plutôt qu'une certaine solidarité. Aussi mieux valait-il ne faire confiance à personne, surveiller ses arrières et faire en sorte de savoir correctement se défendre. Et éviter les nids à problèmes comme pouvait l'être n'importe quel endroit pouvait présenter une forte concentration de mages noirs, aigrefins ou rôdeurs... Le Piment en faisait largement partie même s'il ne figurait pas en haut de liste contrairement à la gorge du rubis maudit, l'antre du diable étant hors catégorie...

Lorsqu'Edalion s'installa rapidement dans la salle, il put constater que les lieux étaient déjà assez remplis. Il n'avait pas eu de difficultés pour trouver une table mais la salle était tout de même occupée aux trois quart. Cela ne l'empêchait pas d'avoir une vue dégagée sur la table de ses cibles mais il ne pouvait pas voir le comptoir et l'accès aux cuisines de façon "normale", trop de gens se trouvant sur la trajectoire pour que le coup d'oeil soit "naturel"... Quelques serveuses s'activaient au niveau des tables déjà occupées, prenant les commandes des clients déjà présents. Toutes ne semblaient pas "heureuses" d'être là. Les plus récalcitrantes portaient un torque de cuivre gravé de runes entrelacées qui laissait peu de doute sur leur condition. Ces dernières étaient certainement des esclaves au service de l'aubergiste, le collier évitant que quelqu'un ne parte avec l'un de ses "biens". Ou que l'un des dits biens ne cherche à prendre la poudre d'escampette probablement...

Une jeune demoiselle rousse, visiblement ici de son plein gré, s'approcha de la table des esclavagistes d'une démarche chaloupée laissant largement présager comment elle pouvait aussi se faire de l'argent de poche. Elle se pencha, dévoilant ainsi une large partie de sa poitrine, sur l'épaule de l'un des hommes pour prendre sa commande. Edalion n'eut pas à beaucoup tendre l'oreille pour entendre les rires gras fuser de la table des trois hommes, ces derniers prenant visiblement plaisir à être servis ainsi... Par contre le regard du chevalier fut attiré par un mouvement inhabituel en provenance de la zone des cuisines. Une serveuse venait d'en sortir mais ce n'était pas tant ce mouvement que son attitude qui dénotait suffisamment pour qu'elle attire ainsi l'attention. Là où la faune locale faisait sombre et bassement terrestre, la personne qui se dirigeait maintenant vers sa table avait le port altier et dégageait un charme éthéré qui ne semblait pas appartenir à ce monde. Ni à ce milieu... Même si son passage provoquait quelques remarques grivoises ou des regards concupiscents, aucun ne cherchait à l'intercepter ou ne se permettait un geste déplacé. Probablement de peur de mourir gelé, foudroyé sur place par un regard inquisiteur...

-Que désirez-vous que l'on vous serve Monsieur?

Ce ne fut qu'une fois face à lui qu'Edalion reconnut Miranda. La sidhe était bien plus "terne" qu'au moment de leur rencontre, son regard légèrement voilé comme si elle faisait en sorte de tenir son esprit soigneusement éloigné de l'endroit où elle se trouvait. La preuve en était, elle ne reconnaissait pas le chevalier car elle ne le regardait pas, elle fixait un point juste au dessus de sa tête pour donner vaguement la donne. Et autour de son cou brillait à l'éclat des bougies l’infamant torque de cuivre et ses funestes runes...

Alors qu’Edalion tentait le plus discrètement possible de garder un regard sur la table des esclavagiste, il tenta de relever des informations utile, bien qu’il n’entendait rien, il observa les accessoire autour de la table. Une dague par personnes, y en a même un avec un petit fouet, certains avaient une grande bourse. Bref, des objets futiles pour le moment. Il fallait qu’il les neutralise lorsqu’ils seront seuls, car si le chevalier les attaquait de front, on prendrai le groupe d’homme pour des martyres ou des victimes surtout dans ce genre d’endroit. Puis l’un d’eux, le plus ballonné , sortit une série de nom sur du papier avec un chiffre dessus. Surement le prix et le nom d’un esclave à côté. Ces scélérats étaient en train de marchander devant pleins de gens et sans aucune conscience. Edalion était en train de se dire que c’est peut être comme ça qu’il fut vendu il y a longtemps.

Alors qu’il fixé la table, une silhouette vint le perturber en lui demandant ce qu’il voulait à boire. Dans un sens, être ici sans avoir un verre en face de soi peut être mal vu. Mais il fallait prendre une boisson de l’endroit. Le guerrier se doutait qu’il ne servait pas du lait chaud ici. Et dans un automatisme le plus total, il lui répondit sans quitter ses cibles des yeux.

« Un rhum , stp Miranda. »

Et la il venait de percuter, il fixa la serveuse en fronçant les sourcils pour mieux la regarder et surtout pour avoir une confirmation de son identité, et malheureusement c’était elle. Il aurait préféré ne pas la rencontrer ici. Elle devait surement avoir ses raisons, mais elle avait l’air totalement déconnecté, n’oublions pas qu’elle est shaman et les esprits n’était absolument pas le domaine du chevalier. Alors en parlant en serrant les dents, tout en regardant ailleurs pour voir si on les regardait. Ça c’est sûr, avec une fille aussi belle que Miranda, forcement il devait avoir des hommes se rinçant l’œil ou le porte-monnaie.

« Miranda ?!, qu’es ce que vous faites là ? »

Il avait envie de claquer des doigts pour la réveiller, mais il devait limiter les gestes trop voyant, alors il avait une autre solution. Il découvrit partiellement son cache-œil et avec un petit tour de magie, il prit le contrôle de la main de Miranda pour pincer son avant-bras opposé. Il retira aussitôt son emprise et remit son bandeau correctement. Malheureusement, deux des clients réclamait la fausse serveuse pour avoir à boire, si les deux voulaient garder leur anonymat, elle ne devait pas tarder. Il espérait juste qu’elle était revenue à elle.

« Belle bout de femme hein ! »

Au moment ou elle était partie, voilà que le voisin de table se mit à discuter avec le chevalier. ET par malchance, il s’agissait d’un gars ivre avec une grosse barbe grise tachait de bière et de bave dont l’haleine pouvait tuer un chacal. Edalion prit sur lui-même et lui répondit.

« Elle est bien plus que ça. »

Maintenant qu’elle était la, le stress le gagnait, il pianota ses doigts sur la table. Et son regard passa de la belle Miranda à la table aux esclaves. D’un côté il se sentait moins seul tout d’un coup, mais pour lui, il devait prendre soin d’elle car elle en avait fait tellement pour lui qu’il ne pouvait pas se permettre qui lui arrive malheur. Dans le cas présent, il fit attention à ceux qui avaient la langue pendue quand Miranda passait près d’eux.

Un premier élément vint sortir la jeune femme de sa torpeur. Son nom... Bien entendu même son "propriétaire" ne savait pas quel était son véritable nom. Elle avait soigneusement gardé cette information, dernier rempart contre un avilissement total. On lui avait donc attribué un autre. Claudia... C'était toujours mieux que "poupée" ou ma "mignonne", surtout prononcé comme ces pourceaux pouvaient le faire... Alors pour que quelqu'un l'appelle Miranda dans ce bouge, c'était qu'elle se trouvait forcément face à quelqu'un qui la connaissait... Le second élément qui la sortit complètement de sa torpeur fut le mouvement qu'elle effectua elle-même, mais contre son gré, pour se pincer. Elle ne connaissait qu'une seule personne à même de forcer les gens à bouger selon sa volonté. Un chevalier qu'elle avait rencontré aux portes de Bénécius il y avait des éons de cela, du moins c'est ce qu'il lui semblait. Le voile sur ses yeux se leva peu à peu, la ramenant à la triste réalité mais vers aussi un peu d'espoir, celui d'avoir trouvé quelqu'un qui serait à même de la sortir de ce mauvais pas... Elle baissa enfin le regard pour découvrir le visage qu'elle avait pensé trouver. Edalion se trouvait bien face à elle et semblait visiblement aussi étonné de tomber sur elle qu'elle sur lui.

-Edalion...?!?

Le chevalier n'eut aucun mal à sentir ce mélange d'espoir et de détresse dans le ton de sa voix. Elle porta instinctivement la main à son torque, ce dernier sembla l'oppresser bien plus maintenant qu'elle s'était à nouveau ancrée dans cette réalité. La jeune femme eut un pauvre sourire... A force de conditionnement elle avait parfaitement entendu sa commande ainsi que les deux demandes. Elle inclina légèrement la tête en signe de soumission, n'ayant pas vraiment d'autre choix...

-Je reviens rapidement avec votre commande et je me ferai un plaisir de vous tenir compagnie...

Ce genre "d'attention" était encouragé par la direction car la présence des serveuses à table poussait, normalement, à la consommation. Jusque là Miranda ne s'était jamais abaissé à cela mais avec un peu de chance l'aubergiste estimerait juste que c'est le métier qui rentre... Elle s'empressa d'aller chercher les deux autres commandes, esquivant avec grâce et, malheureusement, une certaine habitude, les quelques rares intrépides qui voulaient profiter d'elle un peu plus que de raison. L'aura de dédain glacé qu'elle générait autour d'elle la préservait tout de même de la majorité des ennuis et les deux clients impétueux ne cherchèrent pas longtemps à la retenir, la laissant filer vers le comptoir. Elle eut visiblement une petite discussion avec l'aubergiste, arguant qu'elle allait s'occuper personnellement de l'homme borgne pour l'instant. Elle sut user d'arguments frappant pour qu'il l'accepte, lui rappelant qu'elle était tout de même une marchandise de choix et qu'il risquait de perdre gros s'il la tuait pour une simple broutille... Le teint rubicond, l'homme la laissa faire sous promesse qu'Edalion débourse plus que pour un simple verre. La sidhe revint bientôt le plateau chargé, prenant soin de servir les deux inconnus avant de retourner à la table du chevalier.

-Je serai votre serveuse attitrée pour la soirée...

Elle déposa le verre de rhum devant lui avant de se glisser à ses cotés. Ce n'était pas parce qu'elle était autorisée à s'occuper de lui qu'elle pouvait pour autant s'assoir à sa table... Mais à voir comment faisaient les autres serveuses, il ne serait pas trop difficile de communiquer avec lui sans que quiconque ne puisse surprendre leur échange. Elle se plaça dans son dos et glissa les deux bras autour de son cou, ses lèvres se rapprochant de son oreille. Même dans cette attitude un peu "coquine", Miranda gardait une certaine classe. On avait plus l'impression d'une amante saluant son compagnon que d'une péripatéticienne cherchant à ferrer un client potentiel...

-Si vous saviez comme je suis heureuse de vous trouver ici. Depuis qu'ils m'ont passée ce collier, je ne suis même plus capable de dialoguer avec les esprits... Mais qu'est ce qui vous a poussé à venir dans un tel endroit...?

Au léger tremblement qui parcourait les bras de la demoiselle, il n'était pas bien difficile de comprendre que cette situation la pesait. Si elle portait ce collier ce n'était certainement pas par choix. Si elle travaillait là non plus... Et le chevalier était sa seule lueur d'espoir depuis un petit moment...

Edalion n’en revenait pas, Miranda se tenait la et vue son visage, elle n’était pas ravie d’être la. Au début, le chevalier pensait qu’elle était en mission, une quête personnelle, une personne à retrouver ou à suivre. Mais lorsqu’elle dévoila qu’elle était esclave de l’aubergiste, le sang du guerrier fuit un tour complet en quelques secondes. C’était impossible ! Comment ? Pourquoi ? Comment peut-on oser faire ça à une femme tel que Miranda, c’était inhumain. D’ailleurs le côté humain du chevalier le commanda d’aller assassiner l’aubergiste, il se sentait même prêt à tuer toute la salle pour la libération de la shaman. Les esclavagistes avaient fait l’erreur de trop, qui est de s’attaquer à une personne chère à son cœur. Du coup, son objectif se modifia. Sa priorité était de délivrer Miranda, et ensuite mettre la main sur ces scélérats ! Son côté chevalier avait su le maîtriser pour ne pas dévoiler un signe de colère si ce n’est le regard qui s’était assombrit.

Miranda comptait sur lui et elle jouait le jeu pour pouvoir rester près de lui. Le guerrier devait faire de même afin de rester constamment en liaison avec elle. Il avait bien noté le collier qui lui privait de ses pouvoirs et qui manifestement ne pouvait pas s’enlever à la force des bras, appart avoir une force surhumaine, ce qui n’était pas le cas. Il y avait un verrou et donc par déduction l’aubergiste devait l’avoir sur lui ou dans ses affaires personnelles. Plusieurs solutions s’offre à lui pour la libérer. Soi, il la racheté , pour lui c’était la solution la plus pacifique et Miranda et plus valorisant que tout l’or du monde, mais dans un sens, cela contribuerait à prendre part à ce commerce et puis bon, Edalion n’était pas pauvre, mais ne roulait pas sur l’or non plus. La seconde option consistait à lui soutirer la clé, c’était une solution envisageable. Alors qu’elle lui avait servi son rhum et qu’elle passa derrière lui pour glisser ses mains sur lui. Edalion posa une de ses mains sur la sienne et lui répondit discrètement en tournant ses lèvres vers l’oreille.

« Je suis là et je ne partirai pas sans vous. et justement je vais mettre un terme aux esclavagiste qui se trouve dans cette salle. »

Il voulut boire une gorgée de ce rhum, mais ça fait longtemps qu’il n’avait pas bu de l’alcool. Comme un grand, il pris une gorgée, mais il se pétrifia pendant deux seconde, puis avec une grimace, il avala. Il venait de boire le pire rhum de sa vie. Comment pouvait-on penser à en reprendre ? Ils le vendent vraiment ? C’est quelques choses qu’ils ont fait eux même, ce n’est pas possible. A ce moment-là , l’ivrogne qui lui avait parlé allait mettre la main au fesse de Miranda. Edalion lui prit la main.

« Pas touche, elle est à moi pour la soirée, tien, je te laisse mon verre en guise de consolation. »

Voilà, il s’était débarrasser de ce pétrole qu’ils appellent du rhum, et en plus, il venait de montrer aux autre qu’il ne partagerait pas Miranda. Bon, il fallait agir au plus vite, tout d’abord, localise la clé, ou quelques chose qui permettrai d’ouvrir ce fichu collier. Ensuite, libérer Miranda et à eux deux, arranger un peu la conscience de tout le monde ici. Celle qui pouvait avoir les meilleurs informations ici, c’était la victime, alors, comme si il l’allait déposer un baiser sur la joue il demanda :

« Que peut tu me dire sur ces hommes la bas et sur ton geôlier ? »

Et puis, il déposa quand même le bisou sur la peau , il se disait que c’est peut être sa première acte de bien qui lui ai donné depuis un bon moment. En tout cas elle pouvait compter sur lui pour la sortir de là. Il analysa l’aubergiste, comme les autres d’avant. Un homme organisé, vu d’ici, un petit poignard à la ceinture, une bourse sur l’arrière gauche, et une chaine liant sa ceinture à un trousseau de clé. Avait-il vraiment la clé sur lui ? Ou était -elle ailleurs ?

Il est étonnant de constater combien quelques simples mots peuvent apporter un immense réconfort. Entendre de la bouche même d'Edalion qu'il ne la laisserait pas finir ses jours ici redonna à Miranda un peu de coeur au ventre, du courage et de la volonté qu'elle avait du soigneusement enfouir en elle pour ne pas trop souffrir dans sa condition d'esclave. Le chevalier avait beaucoup de mérite... Même si sa désagréable expérience serait certainement plus courte et moins "difficile" que la sienne, elle comprenait mieux ce qu'il avait pu subir durant sa période d'esclavage. Et le ressentit qu'il éprouvait envers l’engeance qui osait traiter les êtres vivants comme de vulgaires objets utilitaires n'en était qu'encore plus justifié à ses yeux car elle partageait désormais le même sentiment de par son expérience. Certes, elle ne pouvait que s'en prendre à elle même pour avoir été "prise" lors de cette rafle mais à cinq contre un lorsqu'il y avait des enfants dans le lot, elle pouvait difficilement faire le poids... Au moins était-elle parvenue à offrir une porte de sortie aux enfants avant de se faire prendre. Elle qui n'était pas une combattante hors pair, elle avait rapidement capitulé lorsqu'ils étaient parvenus à la priver de ses pouvoirs. Elle n'était même pas certaine que ses confrères étaient au courant de sa situation...

La sidhe fut reconnaissante à son comparse de lui éviter un geste malheureux envers le client ivre. Elle risquait gros si elle repoussait l'un d'entre eux avec un peu trop de "véhémence" car cela nuirait au détestable commerce de l'aubergiste. Edalion n'eut aucun mal à la sentir se crisper avant de se relâcher et de pousser un petit soupir de soulagement. Sans compter que le chevalier ne perdrait pas grand chose aux changes. Depuis qu'elle travaillait ici elle était à chaque fois un peu plus étonnée de constater qu'il y avait des habitués et que ces derniers revenaient. Avec ce qui leur était servi elle était à peu près persuadée que chaque gorgée devait significativement raccourcir leur espérance de vie. Ou au moins leur percer l'estomac chaque jour un peu plus...

La jeune femme releva légèrement la tête afin de mieux observer les cibles qu'il venait de lui désigner. C'était effectivement des membres des habitués et elle n'avait eu à les servir qu'une seule fois, expérience dont elle se serait évidemment passée. Mais bien que déconnecté de cet environnement détestable, elle était tout de même parvenue à noter certains détails, certaines informations que son esprit avait engrangé sans pour autant les analyser dans l'éventualité où cela pourrait se révéler utile par la suite. Si elle voulait fuir. Ou survivre un peu plus longtemps. Dès le début elle avait su qu'ils faisaient partie des plus dangereux, de ceux qui sont à la base de n'importe quel trafic d'esclaves. Si ils vendaient et achetaient comme beaucoup à Malificium, ils allaient surtout les chercher à la source...

-Et bien...

La shaman s'interrompit, papillonnant un peu, surprise par le baiser qu'elle venait de recevoir sur la joue. Edalion ne pouvait pas savoir que la demoiselle n'avait encore jamais eu ce genre de "contact physique". Même en étant coincée ici, elle était parvenue à soigneusement éviter toute situation compromettante. Elle évitait d'être touchée ou de toucher qui que ce soit... Le chevalier était bien la première personne à parvenir à réaliser ce petit exploit et la jeune femme ne savait pas spécialement comment réagir à cela. Elle avait certes conscience qu'il ne s'agissait que de comédie mais la rareté du geste ne pouvait être ignorée. Et c'est en cela qu'elle fut quelques instants troublée, avant que son esprit ne refasse la part des choses et n'estime qu'il y avait certainement plus urgent à traiter. Comme lui donner un maximum d'informations sur les esclavagistes et son maître actuel... Il serait toujours temps, plus tard, lorsqu'ils seraient tous deux en sécurité, d'analyser exactement ce qu'elle avait ressenti.

-Ces trois là sont des habitués des lieux. Il n'est pas rare que suite à leur passage de nouvelles serveuses apparaissent. Et d'autres disparaissent. L'aubergiste doit être l'un de leur meilleur client car à travers lui ils s'offrent une "vitrine" pour leurs marchandises... Dans l'ensemble lorsqu'ils viennent ici ils parlent un peu affaire au début du repas et finissent complètement ivres à la fin. Dans ces moments là il vaut mieux les éviter car ils cherchent à profiter du personnel... Mais ça peut aussi être un bon moyen de les isoler si vous avez besoin de les voir entre quatre yeux.

Elle pouvait fort bien faire en sorte d'être l'enjeu d'une nouvelle vente ou d'autre chose. Bref, en sachant qu'Edalion était là, elle pouvait fort bien servir d'appât pour lui, cela ne la dérangerait pas. Et elle tenait à lui apporter toute l'aide nécessaire pour arrêter ces détestables personnes...

-Quant à l'aubergiste, c'est quelqu'un de très organisé qui ne se laissera pas bêtement avoir par l'alcool ou les plaisirs de la chaire. Son maître mot est l'argent... Quiconque se présentant à lui avec la promesse d'une affaire pouvant lui rapporter une belle somme trouvera en lui une oreille attentive. La plupart du temps il entraîne ces potentiels associés dans son bureau pour parler plus tranquillement. Il jouxte la cuisine mais je ne suis jamais parvenue à entrer dedans. Je suppose que c'est là qu'il garde son argent et ses trésors. Et la clé des colliers...

Prétextant lui caresser la joue d'un doigt, elle orienta légèrement son visage afin que son regard tombe sur deux tables bien précises, non loin des portes. Il y avait deux personnes à chacune des tables, habillés de cuir et capuchon rabattu sur la tête. Bien qu'on ne puisse voir toutes les armes, il était évident que ces individus étaient mortellement dangereux...

-Et ceux là ne sont pas des clients. Ils servent de videurs à l'aubergiste s'il a besoin d'un soutien armé... Ils interviendront au moindre signe de l'aubergiste. Vous avez une idée de comment procéder?

Edalion écouta attentivement les instructions et les informations que lui offrait son amie. D’abord, il y avait ces trois hommes à la table. En somme, ils étaient la source de tout ce mal. S’ils kidnappaient les jeunes filles pour en faire des esclaves, ils devaient être stoppés impérativement. Avec eux, il y avait celui qui en profitait pour augmenter sa bourse. L’aubergiste, le geôlier de Miranda, d’après elle, c’est l’argent qui lui servait de carotte pour avancer, et il cacherait ses objets importants dans un bureau après la cuisine. Donc, si il voulait libérer Miranda et par la même occasion tous les autres, c’est lui qui fallait neutraliser. En l’attrapant d’abord, les trois esclavagistes risque de s’enfuir pour aller organiser leurs affaires ailleurs. De plus, grâce à la shaman, il nota quatre nouvelles têtes qui sont, les videurs ou les gardes du corps de l’aubergiste. Il ne fallait pas les négliger, et ils semblaient dangereux. Pourtant, c’est par eux qu’il faudrait commencer.

L’idée du chevalier était de supprimer les gardes, afin de pouvoir menacer l’aubergiste pour qu’il lui donne la clé. Le neutraliser, et enfin passer sur les trois autres une fois ceux-ci ivre. Comme ça, ça avait l’air facile, et pour lui, il était hors de question de mettre Miranda en danger tant qu’elle portait son collier. Si seulement il pouvait mettre la main sur cette clé en premier, ça serait encore plus facile. Et pourquoi pas faire trembler toute la pièce, créer un moment de panique pour faciliter la suppression des gêneurs, mais encore une fois certains des acteurs en profiterai pour disparaitre. Il fallait donc attendre, attendre que certains s’enivre, que d’autres baissent leur garde et que les forts disparaissent. Mais il ne pouvait pas rester comme ça à attendre, il fallait préparer le terrain. Il eut une idée, instaurer un climat de confiance entre lui et l’aubergiste et un climat de tensions entre le reste des acteurs.

« J’ai une idée, continue à m’appuyer, ça va m’aider, mais si jamais il arrive quelques chose, je passe en force jusqu’au bureau, je te libère et faudra faire le nettoyage, mais je préfère éviter, car je ne sais pas de quoi ils sont tous capable. »

Edalion se leva et se dirigea vers le bar pour parler à l’aubergiste. Il prit sa posture droite, et son visage se durcit et ses pas étaient décidés. Aussi tôt s’était-il approcher du gérant que les quatre gardes pointèrent leur regard sur le chevalier. Le responsable du bâtiment regarda le guerrier de haut attendant de savoir ce qu’il voulait, un autre verre ? Une autre serveuse ? Mais il ne s’attendait pas à la proposition suivante.

« Dis donc, ils sont nase tes gars, ils laissaient passer des gens douteux. »

Dans un grand air, il fit signe à un de ses gardes de venir jeter Edalion dehors, sans même vérifier si les propos du chevalier étaient justes ou pas. Ce n’était pas vraiment au programme, mais ça pourrait faciliter la suite. Edalion attendit que le garde soi derrière lui. Sans utiliser une compétence surnaturelle, le guerrier pivota rapidement sur lui-même pour frapper le garde au visage. Avec l’élan, il lui rentra le nez dans le crâne et tomba sur le dos. Avant que les autres ne rapplique, le guerrier pris la dague à la ceinture du mort et la lança sur l’ivrogne qui lui avait pris le verre de rhum. Mais il ne l’avait pas tué, il avait visé sa poche de la quelle tomba d’innombrables objets volé, des bijoux, des pièces d’or, tout sorte de chose. Toute la pièce s’arrêta pour contempler l’ivrogne qui enfaite été un masque pour un voleur. Le chevalier l’avait remarqué très vite. La première fois qui lui avait parlé, ses poches semblaient vides, alors que quand il lui avait donné le verre de rhum ses poches semblaient pleines et lourdes.Il aurait pu le laisser tranquille, mais n’oublions pas que l’aubergiste est avide d’argent. Edalion prit les pièces et les déposa sur le comptoir.

« Je suppose que cela vous reviens, pour un établissement comme ça, je trouve que les voleurs ne sont pas très bien vu. Moi je cherche un boulot, et vous un autre homme. »

L’aubergiste avait complétement changé d’avis, ils envoya ses gardes s’occuper du voleur, il cacha les objets volé derrière le bar et il tendit la main à l’homme de la situation. De plus le faites d’avoir supprimer un de ses gardes , l’aubergiste se dit qu’avec lui comme nouveau, il ne sera que plus renforcé.

« Vous êtes un homme efficace Monsieur ? »

Il ne voulait pas qu’un telle homme se retourne contre lui, alors il voulait l’acheter avec des femmes et tout ce qu’il pouvait faire pour le garder dans sa poche. Edalion joua le jeu.

« Appelez-moi, Chase, je garderais un œil sur votre soirée , en échange, je demande cette femme-là. »

Le guerrier désigna Miranda, l’aubergiste était satisfait qu’il ne réclame pas d’argent, même si il ne voulait pas se séparer de sa Claudia, alors il tenta un compromis.

« Je peux pas vous la donner mais je vous la dédier pour la soirée, et à chaque fois que vous viendrez ici. »

Edalion accepta, il avait déjà l’aubergiste de son côté, et un garde en moins. Le reste de la salle continua son activité en se sentant rassuré d’avoir un garde plus efficace qui la surveille. Une fois Miranda à sa portée, il lui prit la main et la tira vers lui. Il joua le jeu du garde faible face aux charmes féminin, et il profita d’avoir Miranda contre lui pour lui glisser la suite de son projet.

« Mon but est d’offrir un maximum de services à ton geôlier pour qu’il baisse sa garde en me servant des défauts des autres, de ses investisseurs. il faudrait que tu me trouve des défauts, quelques chose qui pourrait me servir. Ou même si tu vois comme moi, une personne qui pourrait me servir, comme le voleur de tout à l’heure. Rassure toi, tu es bientôt libre. »

Edalion continua de veiller sur la salle. Pour l’aubergiste il faisait son boulot, et pour lui, il pouvait relever d’autres informations sans être douteux. A la guerre, c’était le camp qui possède le plus d’information qui gagnait.

Visiblement ce qu'avait dit Miranda avait fait naître un plan dans l'esprit du chevalier. C'était le principal et elle était prête à l'aider dans la limite de ses moyens. Pour l'instant elle était privée de ses pouvoirs et devait se baser sur ses seules capacités physiques. Et cognitives. Car maintenant qu'elle ne se savait plus seule, Miranda était prête à tout mettre en oeuvre pour sortir d'ici. Ce ne serait pas la première fois qu'elle jouerait la comédie pour attirer des hommes dans ses filets mais jamais, au grand jamais, elle n'avait fait cela sans l'assurance qu'il y avait quelqu'un qui se tenait de prêt à la sortir d'un mauvais pas. La dernière fois elle avait du faire face à un capitaine de navire bien peu reluisant et ne s'était permise de jouer à ce petit jeu que parce que Luccia assurait ses arrières. Aujourd'hui c'était au tour d'Edalion de veiller sur elle. Et elle avait parfaitement confiance en lui. Si jamais les choses tournaient trop mal pour elle, il saurait faire en sorte qu'elle s'en sorte. Et cette assurance était à double tranchant... Le chevalier pouvait être sur qu'elle le soutiendrait dans sa démarche. Ou dans le rôle qu'il comptait incarner... Car elle ne se faisait pas d'illusions, c'était en rusant qu'ils arriveraient à correctement s'en sortir, pas en fonçant dans le tas comme des sauvages. Ce ne serait que leur plan de secours. Elle resserra fugitivement son étreinte avant de lui rendre sa liberté de mouvement.

-Soyez prudent surtout.

Elle ne pouvait pas suivre l’homme à la trace alors qu'il se dirigeait vers l'aubergiste, cela aurait bien trop attiré l'attention sur eux. Au lieu de cela, elle se contenta de passer un chiffon sur la table qu'il venait de quitter, comme si elle la préparait pour de futurs clients. Cela lui permit d'observer la scène à la dérobée et, surtout, de surveiller les réactions des personnes autour d'eux. Elle ne savait pas exactement ce qu'il avait prévu mais elle devait se tenir prête à l'aider si le besoin s'en faisait sentir. Constatant que la sidhe n'était temporairement plus sous sa protection, le voisin de table ivre essaya de revenir à l'assaut, au grand désarroi de la jeune femme. Elle dut esquiver avec adresse ses tentatives pour l'attirer sur ses genoux, elle n'avait pas le luxe de se faire ainsi distraire. D'autant plus qu'elle ne put s'empêcher de se crisper en voyant l'entrée en matière d'Edalion... C'était un pari osé car elle ne savait pas vraiment comment allait réagir l'aubergiste et ses hommes. Et tout s'enchaina très vite... L'aubergiste fit appel à ses hommes de main mais le chevalier fut suffisamment prompt à réagir pour retourner la situation à son avantage. Comme beaucoup d'autres personnes dans la pièce, la shaman observait avec attention la scène et ne put s'empêcher de sursauter lorsque la dague vint découper les poches du voleur si proche d'elle. La jeune femme était assez bien placée pour voir le regard noir qu'il lança vers Edalion alors que ce dernier venait de le démasquer ouvertement.

Il n'eut fort heureusement pas le temps de faire quoi que ce soit, le reste des chiens de garde de l'aubergiste se jetant sur lui assez rapidement... De toute façon s'il avait montré la moindre véléité d'attaquer le chevalier, il en aurait été quitte pour un bon coup de chiffon, manié comme un fouet. Cela ne faisait peut-être pas bien mal mais c'était amplement suffisant pour déconcentrer quelqu'un, le temps que d'autres se chargent de lui... Elle laissa faire les gardes, prenant une distance prudente de l'espèce de mêlée tenue qui avait lieu, le voleur ne semblant pas bien décidé à se laisser ainsi faire. Visiblement, Edalion et l'aubergiste avaient du trouver un terrain d'entente car elle le trouva bien plus détendu, sans compter que le chevalier l'attira à lui, copiant ainsi certains comportements des lieux. Elle dut se faire violence et se souvenir qu'il s'agissait de lui et non d'un quelconque ruffian pour se laisser faire et ne pas réagir instinctivement. Et violemment...

Elle l'écouta attentivement, cherchant dans son esprit si certaines choses qu'elle avait pu remarquer durant ses services pouvait lui être utiles... Tous les clients n'étaient pas des pickpockets comme l'homme qui venait d'être sorti manu militari. Si Edalion voulait briller aux yeux de l'aubergiste et faire en sorte que sa relation avec ses fournisseurs soit ternie, il avait besoin de quelque chose de plus important, de plus gros. Et quelque chose qu'il pourrait surtout rapidement exploiter. Ils ne pouvaient pas non plus passer la semaine ici. Enfin... Miranda n'en aurait probablement pas la force... Ce fut finalement la serveuse rousse qui enlaçait l'un des trois fournisseurs qui retint son attention. L'idéal pour mettre ces trois là en porte-à-faux était de s'attaquer à la source à la qualité de leur marchandise... Chaque esclave qu'ils vendaient était soigneusement négociée, de ce qu'elle voyait... Et pour certains contrôles c'était quelqu'un de bien précis qui s'en chargeait. Celle qui chapeautait les nouvelles serveuses pour qu'elles sachent quoi faire... La jeune femme rousse. De ce qu'elle avait comprit, cette dernière était une associée de l'aubergiste sans pour autant avoir un lien quelconque avec lui. tout cela n'était qu'histoire d'argent... C'était elle qui confirmait ou infirmait la qualité d'une esclave. Et donc, son prix...

a nouveau elle dut se coller à lui afin que leur échange ne soit surprit par aucune oreille indiscrète. Certains ricanements qu'elle percevaient lui soulevèrent le coeur. Ils n'avaient certainement aucun intérêt à croire qu'elle ferait de même avec eux... Elle était prête à leur faire douloureusement comprendre s'il le fallait...

-Edalion? Voyez-vous la jeune femme rousse qui semble si proche de vos trois esclavagistes? Cette femme travaille ici, elle en charge le contrôle "qualité" des malheureuses qui finissent vendues ici. Officiellement elle travaille pour l'aubergiste, afin de pouvoir marchander au mieux... Et c'est officiellement dans cette optique qu'elle se charge toujours de les servir. Et de les mettre en confiance... Mais peut-être que si vous parveniez à distiller le doute dans l'esprit de l'aubergiste quant à son "honnêteté"... Peut-être ment-elle afin de faire gonfler les prix et obtenir ainsi une part du magot...

Et si les choses tournaient mal il y avait fort à parier pour que tout ce beau monde aille s'en expliquer ailleurs. Loin de la salle... Avec l'accusateur en première ligne. C'était là encore un pari risqué mais peut-être l'occasion de tous les isoler pour pouvoir leur régler leurs comptes. Ou, tout du moins, briser cette relation commerciale. D'autres viendraient jouer les fournisseurs mais ce serait déjà un début...

-Je peux encore jeter un coup d'oeil en salle voir si je trouve d'autres candidats...

Décidément, Miranda était d’une excellente efficacité vis-à-vis des informations. Edalion ne pouvait pas espérer une meilleur partenaire pour cette mission. Dommage qu’elle soit la en tant que victime. Alors qu’il se retrouva seul accoudé au bar, laissant Miranda à ses tâches officieuses. Donc, il devait garder son intérêt sur la serveuse de la grande table, peut être en tendant une oreille, il arrivera à découvrir le détail qui fera tout basculer et créer le climat de tension attendu. Déjà, vu du bar, cette femme avait une allure un peu snob qui trahissait ses ébats commerciaux. Pour elle, une main sur les fesses devait sans doute dire qu’un marché fut conclu. L’idée du chevalier était de casser la confiance que liait l’aubergiste à sa commerciale et comme le mot roi était l’argent, il devait donc s’en servir. En regardant la table de plus près, ils étaient encore en train de trier des noms sur des étiquettes, et les prix fusaient. Mais d’abord il fallait se rencarder un peu sur la valeur des filles.

« Dites-moi patron, combien vaut une de ces jolies créatures que vous avez la ? »

L’aubergiste, arqua un sourcil, il ne s’était pas imaginé que son nouveau garde s’intéresserai aux esclaves. Mais après un petit sifflement du dragueur d’Edalion vers une des serveuses, il avait volontairement sifflé une autre fille que Miranda, d’un pour la respecter elle, et de deux, pour montrer à l’aubergiste que le garde ne s’intéressait pas qu’à une femme. Alors, il n’avait aucune raison de ne pas lui cacher un ou deux prix. Il s’accouda au bar pour être proche de l’oreille d’Edalion, il ne voulait pas le crier trop fort.

« Alors, cette petite que je t’ai envoyé, son prix dois être dans les 2000 pièces d’or, et celle-là bas dans le fond que vous venez de siffler, doit être à 1500. Tu as des projets ? Ça t’intéresse ? La semaine dernière on en a vendu une pour 1000 à peine. »

Edalion venait de se donner un rôle dont il n’était absolument pas habitué et qu’il détesté, mais pour le bien et la liberté de Miranda, c’était nécessaire. Alors, il afficha un faux sourire complice au patron de l’établissement. Bon déjà, le guerrier n’avait pas les 2000 pièces d’or pour Miranda, d’ailleurs les 1500 non plus. Alors il insista pour qu’il lui donne des tuyaux.

« Dommage, j’aurai bien aimé vous en prendre une, un brin de compagnie durant mes voyages m’aurait fait le plus grand bien. Tu n’as pas moins chère à me proposer ? »

« Ecoute, si ça t’intéresse, va voir les trois type la bas, ils sont en train de jouer cartes sur table avec des nouvelles qui vont venir, va voir si il y en a une qui convient à tes économies. Et en même temps, tien moi au courant de ce qui se passe. »

Edalion hocha la tête et se dirigea vers la grande table, enfin il allait s’approcher suffisamment d’eux. Il aurait bien aimé les neutraliser à ce moment-là, mais Miranda avait changé la donne, et d’ailleurs c’est son patron qui était devenu la nouvelle cible. Ils étaient tellement occupés par leurs affaires qu’ils n’avaient même pas remarqué la présence d’Edalion derrière eux. Pour le moment la commerciale en question ne donnait pas de prix, juste ses avis sur la qualité des marchandises. Puis, un des esclavagistes, ayant déjà quatre verres dans le gossier s’adressa au chevalier.

« Vous, vu votre carrure et votre talent, je vous aurais vendu 5000 pièces d’or, pas mal le coup du nez dans le crâne. »

Edalion eu un sourire, mais au fond de lui-même il aurait bien voulu recommencer le procéder sur ce gros tas. Savaient-ils qu’en face d’eux y avait un ancien esclave, acheté pour se battre dans les arènes. Etant donné qu’il fut l’un des plus redoutable des combattants son prix s’élevé à plus de 20.000 pièces d’or, autant dire que ceux-là était des petits joueurs. Mais, c’était assez douloureux à y repenser, et c’est surtout pour ça qu’il voulait le tuer. Mais il y voyait là une occasion pour parler des prix.

« Vraiment ? Et les filles que vous laissez ici son à combien ? »

Là il laissa la parole à la femme en question. Sans regarder le faux garde, elle lui dévoila quelques prix.

« Ben celle qui était collé à vous, on la eu pour 2000, mais ma plus belle à faire est celle qu’on a vendu la semaine dernière, 3500 pièce d’or. Enfin bref, on s’est enrichie. »

Et voilà, elle venait de dévoiler la baguette qui allait causer sa perte, le chevalier avait noté également un papier à moitié couvert dans la poche de la robe, mais la main venait très vite l’enfoncer avec une petite frayeur que quelqu’un ne là découvre. Bref, maintenant, il suffisait juste d’un petit coup de main à la chance pour faire tomber la confiance. Mimant un air impressionné, le guerrier retourna au bar avec une tête un peu déçu. Il était temps d’agir.

« Alors, combien ? »

Demanda curieux le patron. Edalion souffla, et quand il dévoila le prix qu’il avait entendu sur celle de la semaine dernière, l’aubergiste se redressa et son regard changea. Et oui, Edalion venait de piquer là où ça faisait mal. Devant tout le monde, l’aubergiste cria après sa femme de confiance pour qu’elle vienne le voir. Edalion s’écarta un peu pour ne pas trop être mêlé à cette histoire. Une dispute s’engagea entre les deux, et qui avait pour sujet, les parts que chaque uns devaient avoir pour les ventes des esclaves. Vu comme ça, ça avait l’air naturelle, les clients étaient habitué et donc l’effet attendu ne se déclencherai pas, appart si un certain individu y jeta un coup d’œil. Edalion fit mine de se frotter son œil cacher, alors qu’il jeta son emprise sur la main de la femme qui était encore dans la poche, là où il y avait la feuille suspecte. Dans un élan de colère, la commerciale sortit involontairement la feuille et la claqua sur le comptoir. Elle, elle, elle n’y comprenait pas, mais l’aubergiste ne chercha pas à savoir, surtout lorsqu’il contempla les chiffres qui avait sur ce papier qui est enfaite, les comptes des messieurs de la tables, et surtout les bénéfices qu’il aurait dû se faire. Sans attendre, le patron décocha un revers de main dans le visage de sa traitresse. il exigea qu’Edalion l’emmène dans la cuisine.

Le guerrier s’exécuta, il poussa la femme vers la cuisine, mais entre-temps, il fixa Miranda du regard en espérant qu’elle comprenne qu’elle devait le suivre, que c’était une occasion en or de coincer l’aubergiste à l’arrière salle à l’abri des regards. Une fois dans la cuisine, le patron maltraita son ancienne employé en la ruant de coups, Edalion, devait rester devant la porte de la cuisine pour pas qu’il soit dérangé, en gros, il était le portier. Il voyait l’ensemble de la salle tout en écoutant ce qui se passait à l’intérieur. En tout cas il garda son regard sur son amie jusqu’à ce qu’elle comprenne.

Miranda avait fait de son mieux pour que le chevalier ait un maximum d’atouts en main. Elle ne savait pas quel pouvait être le jeu de leurs adversaires mais elle avait assez confiance en lui pour savoir qu’il saurait profiter avec sagesse de ses avantages. Comprenant qu’il devait maintenant passer à l’action, elle se décolla de lui et reprit le plateau qu’elle avait initialement abandonné sur le comptoir. Le tout était de ne pas traîner dans ses pattes afin de ne pas le gêner. Autant s’occuper de la salle et essayer d’obtenir quelques informations… Focalisé tel qu’il l’était sur son plan, il ne pourrait pas surveiller le reste de la salle, elle serait donc ses yeux et ses oreilles. Et au passage, elle vérifiait aussi comment allaient ses « collègues ». Car elle n’était pas la seule esclave de l’établissement et même s’il lui tardait de recouvrer sa liberté, elle ne pouvait décemment pas les laisser derrière elle. Ce n’était pas correct… On ne pouvait pas vraiment parler de solidarité entre elles, tout juste avait-elle obtenu quelques conseils blasés des plus anciennes, mais ce commerce humain la révulsait chaque instant un peu plus. Toutes n’avaient pas la chance de croiser un chevalier de leur connaissance apte, et prêt surtout, à les aider…

Elle entendit le chevalier siffler l’une des malheureuses… Il devait probablement essayer de faire croire à l’aubergiste qu’il s’intéressait à l’une des esclaves pour connaître son prix. Elle-même n’avait aucune idée de quelle somme d’argent était entrée en jeu lors de son échange. C’était assez étrange d’ailleurs car elle était relativement curieuse à ce sujet. Un peu comme si on pouvait juger de sa valeur au travers d’un simple chiffre… Probablement que sa coquetterie serait blessée par une somme trop « basse ». Mais elle regrettait d’ors et déjà de ne pas avoir été assez chère. Même si elle ne se faisait que très peu d’illusions sur les qualités des maîtres pour leurs esclaves, elle supposait qu’un acheteur à même de dépenser une somme colossale prenait un peu plus soin de ses acquisitions que d’autres. avec un prix élevé peut-être n’aurait-elle pas finit à servir des bières frelatées à une populations vicieuse et alcoolique… Miranda se força à penser à autre chose. Ce qui était fait était fait et tout dégradant soit son emploi, il lui avait au moins permis de revoir Edalion et d’obtenir de l’aide. Si elle avait finit au service personnel d’elle ne savait quel mage ou aigrefin de Malificium, elle ne serait certainement pas parvenue à entrevoir une porte de sortie. Et elle ne préférait même pas imaginer dans quel état elle serait à ce jour…

Finissant de débarrasser une table pour la préparer pour les prochains clients, elle vit du coin de l’œil qu’Edalion parlait désormais avec les trafiquants. Il devait avoir décidé d’obtenir quelques nouvelles informations pour pouvoir semer la discorde entre les deux parties. C'était ce qu'il ’ avait de plus prudent à faire plutôt qu’une attaque de front. Le plateau chargé de verres et d’assiettes sales, elle frôla leur table, essayant d’entendre ce qui s’échangeait. visiblement cela discutait de prix… Elle espérait vraiment que la rouquine s’était laissée aller à ses penchants avides pour rouler son associé dans la farine, ce serait toujours ça de moins à risquer en annonçant un mensonge… Leur querelle serait d’autant plus justifiée si la cause en était réelle. Ayant récupéré trois commandes au passage, elle abandonna son plateau chargé derrière le comptoir. Etant donné que l’aubergiste estimait que la priorité était la consommation, il ne lui grogna presque pas dessus pour sa façon de faire, lui plaquant un peu brusquement un nouveau plateau dans les bras. Plus cela allait, plus elle mourrait d’envie de lui faire goûter à sa propre brutalité. Si d’aventure elle parvenait à récupérer ses pouvoirs, l’homme risquait de passer un bien mauvais moment entre ses mains…

Elle repartit travailler les bras chargés de victuailles. Malgré tout l’auberge était relativement renommée pour certains de ses mets et certains venaient de loin pour en profiter. C’était bien quelque chose qu’elle avait du mal à comprendre en connaissant l’envers du décors mais elle se gardait bien de faire remarquer quoi que ce soit… Et même si elle ne trouvait pas la nourriture des lieux mirobolante, le fumet des plats qu’elle transportait commençait à lui mettre l’eau à la bouche. Le personnel n’était pas autorisé à manger avant le service. Ni pendant. Ils ne pouvaient manger qu’une fois leur travail terminé et leur pitance méritée. Et autant dire que les esclaves n’étaient pas ceux qui avaient la plus grosse part. Même si la sidhe n’était pas une grosse mangeuse, au contraire même, depuis qu’elle travaillait ici elle connaissait un peu trop bien la sensation de faim. Gardant son masque hautain et glacé, elle déposa les commandes devant les clients, prenant soin d’empocher l’argent qu’ils devaient. Ce n’était vraiment pas le moment de ruiner les efforts d’Edalion pour piéger l’aubergiste avec de bêtes soucis de comptabilité…

Lorsqu’elle se retourna vers le comptoir, le plateau vide, elle constata que la situation avait évolué. Les esclavagistes se regardaient en biais, se demandant ce que se passait et s’ils ne devaient pas lever le camp rapidement alors que l’aubergiste venait d’appeler la rouquine, son ton rubicond laissant présager une sortie comme lui seul parvenait à le faire. Du coin de l’œil, elle remarqua que certaines esclaves se recroquevillaient imperceptiblement, leur corps réagissant instinctivement à la colère de leur maître alors même qu’elle n’était pas dirigée vers elles. Jusqu’à maintenant elle était parvenue à réchapper au penchant violent de son maître, uniquement parce que son apparence était l’un de ses gagne-pain. Il ne pouvait pas abîmer quelque chose qui lui rapportait… Mais elle ne savait pas combien de temps cette « immunité » allait durer… L’engueulade ne dérangea pas outre mesure les clients, déjà habitués à un tel comportement. Le tout était que d’autres ne s’enfuient pas…

Elle adressa un discret signe de tête à Edalion pour lui faire comprendre qu’elle avait comprit, se dirigeant vers le comptoir. En cherchant un peu elle parvint à dénicher l’une des bouteilles que l’aubergiste gardait en réserve pour ses clients « spéciaux ». Elle l’emporta ainsi que trois verres qu’elle déposa sur la table des esclavagistes. Elle connaissait parfaitement bien leur coté pingre et alcoolique. Leur offrir un alcool hors de prix pour rien ne pouvait que les garder assis sur leurs chaises. Elle leur offrit un sourire professionnel mais glacial qui ne manqua pas de les faire rire. Après tout, ils savaient parfaitement qui été à l’origine de sa présence ici…

-Le Patron vous prie de l’excuser pour ce dérangement. Il vous offre cette excellente bouteille afin que vous puissiez patienter en toute tranquillité, le temps qu’il règle quelques détails.

Et puis ça ferait les pieds à l’aubergiste… Elle abandonna les esclavagistes à leur vice, espérant qu’ils seraient encore là, le temps qu’ils s’occupent de l’aubergiste. D’ailleurs, s’ils travaillaient vite et bien, ils pourraient fort bien les attirer dans la cuisine pour mieux s’occuper d’eux. La sidhe repassa derrière le comptoir et eut la satisfaction de constater que son plateau de vaisselle sale était encore présent, lui offrant ainsi une excuse en or pour aller en cuisine alors qu’il était en train de passer ses nerfs sur la rousse. Passant devant Edalion, elle lui désigna le plateau, comme si elle lui demandait l’autorisation de passer. Alors qu’elle passait la porte, elle lui fit un discret clin d’œil…

Elle prit la mesure de la situation en entrant dans la cuisine. La rousse était dans un coin de la pièce, recroquevillée en position fœtale pour encaisser les coups que faisait pleuvoir sur elle l’aubergiste. La grande majorité du reste du personnel avait quitté les lieux, profitant de cette pause providentielle. Ne restait que deux vieux esclaves, deux hommes ayant dépassé la cinquantaine et qui le surveillait comme du lait sur le feu, prêt à fuir si jamais il venait à reporter sa fureur sur eux. La shaman fut sur l’homme en trois pas. Trois pas qu’elle utilisa pour poser son plateau et empoigner l’une des grosses poêle en fonte vide. Elle l’abattit avec toute la force dont elle pouvait faire preuve sur l’arrière du crâne de l’aubergiste. Il y eut seulement un bruit étouffé qui ne changea en rien l’ambiance sonore de la pièce. Sonné pour quelques instants, longtemps elle espérait mais elle ne pouvait en être sure, il glissa au sol et s’effondra sur la rouquine qui ne réagit pas, probablement elle aussi inconsciente. Toujours armée de sa fidèle poêle, elle se retourna vers les deux esclaves mais ces derniers se contentèrent d’observer leur tourmenteur au sol, une faible lueur d’espoir dans leur regard.

-Attachez les, je vais chercher LA clé…

Et la jeune femme entreprit de chercher les clés de son bureau… Elle ne savait pas si c’était ce qu’avait prévu Edalion mais de voir la proie « facile » qu’avait été l’aubergiste avait été plus fort qu’elle. Toute sa frustration d’être captive était passée à travers ce seul coup plein de fureur…

Tout s’enchaina très vite et encore une fois, Edalion salua l’intelligence de Miranda et son idée de servir une bouteille aux esclavagistes pour les clouer sur leur chaise. Une fois la shaman dans la cuisine, Edalion veilla à y entrer aussi et aussi à bien verrouiller la porte qui séparer la cuisine du reste de la salle. Voilà l’aubergiste dans une sale situation, il n’était même pas conscient des agents qui se trouvaient autour de lui. Un chevalier, une shaman qui criaient justice et rancœur. A peine Miranda était dans la pièce, que le chevalier vit dans son regard l’envie et l’occasion de lui sauter dessus, de toute façon, si elle ne l’avait pas fait il s’en serait chargé. Il nota également l’utilité des poile en fonte et surtout du résultat. L’aubergiste était complétement hors-course effondré sur sa victime. Une victime qui participait aux ventes d’esclaves, d’un côté, elle avait déjà eu sa punition. Alors que la shaman disparut dans le bureau, le chevalier, lui, referma les portes du bureau pour laisser et protéger Miranda dans sa recherche. Puis il s’adressa aux deux hommes qui étaient dans le pièce. Des esclaves, encore et encore, il n’était pas question de les abandonner ici.

« Je m’appelle Edalion Hélioz, et je suis un chevalier de Bénécius, je viens mettre un terme à votre vie d’esclave…je vous emmène avec moi, vous avez juste à écouter très attentivement mes instructions. »
Les hommes n’en croyaient pas leurs oreilles et des larmes sauvages inondèrent leurs yeux. Edalion leur tapota l’épaule avec un sourire, oui, c’était une promesse, ils viendront avec lui, tous les esclaves d’ici seront libérés et il veillera à ce qu’ils commencent une vie normal dans la cité blanche et bien sur un suivi pour les traumatismes. Puis soudain, la porte de la salle s’ouvrit. Edalion se redressa rapidement, prêt à frapper, quand une autres serveuses fit son apparition, elle voulait juste prendre d’autres assiettes. Le chevalier referma la porte et tira la serveuse prête des autres hommes. Sur le coup elle avait peur et tremblait comme une feuille. Mais la peur fit place à l’espoir lorsque les deux hommes expliquèrent la situation à la jeune femme. D’ailleurs Edalion eut une idée pour rassembler tous les esclaves ici. Il s’adressa particulièrement à la serveuse.

« Ecoute moi, il faut prévenir toutes les autres de venir dans la cuisine, tu vas retourner dans la salle et tu vas leurs dire que votre patron veut les voir, je vais venir également. Et vous deux, à chaque fois qu’une fille entre ici, vous refermer la porte sans être vu et vous leur expliquait la situation. Aller on y va. »

Tout doucement, une organisation se mit en place. La serveuse exécuta les instructions à la lettre, même si les clients trouvaient ça louche, la présence d’Edalion pour appuyer les propos dès la serveuses les rassura, même s’ils réclamèrent à boire. Et au fur et à mesure, la cuisine se remplit d’une quinzaine de personnes. Dans la salle, les esclavagistes ivres, chuchotèrent entre eux comme quoi ça allait barder pour eux dans la cuisine et que probablement il y aurait des mortes et donc, les affaires reprendront du poil de la bête. La dernière serveuse passa la porte de la cuisine suivit du chevalier qui referma la porte derrière lui. Dans cette salle, l’espoir était en train de renaître, surtout quand ils virent leur geôlier inanimé au sol.

« Bon, je vais vous expliquer la suite, mon amie qui est dans le bureau est en train de chercher les clés de vos colliers, allait dans le bureau un par un pour vous le faire enlever. Ensuite vous revenez ici et j’organiserai la sortie. »

Edalion ouvrit le bureau pour voir ou en été Miranda, et pus surtout lui expliquer la situation.

« Tu t’en sors ? J’ai regroupé tous les esclaves dans la cuisines, des que tu as les clés, ils passeront un par un devant toi, pour que tu leur enlève ce satané collier. Ensuite, on organisera la sortie. Moi je vais voir si je ne peux pas piéger ceux que tu as enivrés. Ne t'inquiète pas pour moi. »

Edalion lui adressa un sourire complice avant de s’éclipser dans la pièce d’à côté. Il aimait quand tout se passait comme sur des roulettes. Mais alors qu’il allait dans la salle, il se prit la porte en pleine poire l’envoyant valsé au sol. Un des trois gardes restant était venu jeter un coup d’œil. Vu la situation, il empoigna les cheveux d’une esclave pour la prendre comme bouclier. Car le première chose qu’il vit quand il entra c’est son patron au sol et le petit jeu d’Edalion. Celui-ci , pas trop sonné , se releva et suivit le garde dans la salle devant tout le monde. Le masque était tombé, mais ils sont si près du but. La plus part des clients les regardaient comme des spectateurs dans un premier temps. Alors que le garde allait étrangler l’esclave qui criait de douleur. Le chevalier inspira et se concentra son cœur se mit à battre très lentement, et lui, il vit tout autour de lui bouger au ralenti, presque inanimé, du point de vue des clients, il disparut dans un reflet de vitesse pour réapparaitre derrière le guerrier. Il donna un coup dans la nuque pour lui faire lâcher la prise , puis il l’empoigna également par les cheveux et claqua sa tête contre le bar.

« On ne traite pas…une femme…comme…CA ! »

A chaque mot il claqua la tête de plus en plus fort jusqu’au dernier mot, il l’encastra dans le bois du bar. Les deux adversaires restant se levèrent pour se battre. Le chevalier avait juste eu le temps de relever la femme et la pousser dans la cuisine en ordonnant à tous de barricader la porte. La porte se referma, et des bruits de combat firent rage. Affolé, certain esclaves s’attroupèrent près de Miranda en annonçant ce qui s’est passé, même si le vacarme pouvait déjà en témoigner. Dans la salle , même certains clients tentèrent de se mesurer aux combattants, en vain bien sûr , tandis que d’autres sortaient en courant. Les trois baleines de la table qui était ivres ne bougeait pas d’un poil, encore une fois , Bravo Miranda. Apparemment, les deux gardes restant étaient les plus coriaces. Edalion arrivaient à esquiver ou à parer leurs coups, mais eux aussi. Puis malheureusement, le chevalier se prit dans le piège du deux contre un. Le plus costaud des deux, attrapa le guerrier par derrière, verrouillant ses jambes et surtout ses bras, tant dis que l’autre le frappait à pleine force dans l’estomac et le visage. Même qu’un moment, il sortit une dague pour en finir. Edalion ne pouvait rien faire, son œil gauche était bander et donc il ne pouvait pas se servir de son don, et la douleur de la brute derrière lui l’empêchait de se concentrer pour utiliser la magie.

« MIRANDA »

Ce fut le seul mot qu’il sortit de sa bouche au moment où il reçut un coup de lame dans l’estomac. Il était encore conscient, mais son sang coulait et l’agression allait se répéter…

Etant fort limitée dans ses possibilités, la jeune femme gardait la poêle à porter. Si jamais ce diable d’homme s’avisait à refaire un mouvement, elle n’hésiterait pas à lui asséner un nouveau coup derrière le crâne. Heureusement pour lui, elle n’eut pas à récidiver… Soulagée de constater que la personne qui se trouvait derrière elle était Edalion, elle entreprit de fouiller l’aubergiste avec frénésie. Habituellement, elle aurait rechigné à entrer ainsi en contact avec une telle personne mais nécessité faisait loi et elle n’avait pas le temps de faire la fine bouche. Si elle devait lacérer ses vêtements pour trouver les clés, elle n’hésiterait pas une seconde. Fort heureusement pour son mental elle n’eut pas à en venir à ces extrémités et elle finit par mettre la main sur les passes. Accroché à sa ceinture, le trousseau était relativement inaccessible puisqu’il était tombé face en avant. La jeune femme le retourna sans ménagement, l’assommant un peu plus au passage, pour lui arracher les clés. Elle laissa ensuite le couple aux mains des deux cuisiniers qui étaient allé chercher de quoi les attacher et les bâillonner.

Alors qu’elle se redressait pour se diriger vers le bureau, la porte s’ouvrit pour laisser place à une de ses camarades serveuse. Le chevalier fut prompt à réagir, étouffant dans l’œuf le cri qu’elle aurait pu pousser. La perspective d’une possible liberté était bien trop belle à ses yeux pour qu’elle les trahisse, ce qui ne manqua pas de rassurer Miranda. Les choses commençaient à s’organiser mais les risques allaient en augmentant avec le temps. Plus la salle se viderait de personnel, plus les clients risquaient d’être difficile à gérer. Au point de probablement alerter les autres hommes de main. Elle devait donc rapidement trouver la clé de ces colliers s’ils voulaient tous pouvoir fuir rapidement les lieux. C’était une course contre la montre, une épée de Damoclès au dessus de leur tête, tant ils avaient du improviser avec les cartes que le destin leur avait mis en main.

Laissant son ami expliquer aux autres esclaves ce qu’ils devaient faire, la jeune femme s’engouffra dans le bureau. Ce dernier était soigneusement ordonné et bien plus grand que dans ses souvenirs. Le fait de devoir trouver un si petit objet en un court laps de temps devait mettre à mal sa perception… Une partie du mur était recouverte de livres, le reste rassemblait une collection d’art et d’armes. Ce point était intéressant, offrant une possibilité aux anciens esclaves de se protéger si leur tentative de fuite devait finir en charge pour forcer le passage. Un immense bureau de chêne trônait au beau milieu de la pièce. Une bonne partie des recettes devait passer dans la décoration de cette pièce…

Elle focalisa ses efforts sur cet imposant bureau, commençant à le fouillant minutieusement depuis le plateau et chaque contenant, jusqu’au moindre tiroir. Au fil du temps elle entendait qu’il y avait de plus en plus de monde dans les cuisines. Le moment où ils finiraient pas être découvert commençait à dangereusement approcher. La disparition de toutes les serveuses en cuisine risquait de les faire découvrir. Mais malgré sa fouille minutieuse, elle avait presque littéralement retourné le meuble, elle n’était toujours pas parvenue à mettre la main sur cette satanée clé. Elle sentait presque des larmes de rage poindre à ses yeux. Si elle ne mettait pas la main dessus, ces esclaves seraient impuissants à se défendre. Et elle craignait qu’Edalion ne cherche à les protéger jusqu’au bout. Tout doué fut-il, elle ne se faisait pas d’illusions sur ses chances à un contre toute une auberge…

Au moment où la porte du bureau s’ouvrait, elle frappa de frustration sur le bureau. Il y eut une sorte de cliquetis et un tiroir secret s’ouvrit au niveau de l’un des pieds. Elle plongea dessus et en extirpa une petite clé de cuivre finement ouvragée. Elle était recouverte des mêmes étranges runes qui ornaient les colliers qui les maintenaient sous la coupe des esclavagistes. Edalion la trouva en pleine contemplation de la clé, encore incrédule de l’avoir ainsi trouvée. Elle n’eut pas spécialement le temps de lui demander d’être prudent mais la dernière partie de sa phrase ne lui plut pas du tout. Retourner voir les esclavagistes seul revenait à faire de la haute voltige sans filet. C’était très dangereux… Et le bruit qu’elle entendit en provenance de la cuisine confirma son horrible pressentiment. Elle devait faire vite pour aider Edalion, quoi qu’il en dise.

Miranda tâtonna autour de son collier jusqu’à trouver la minuscule serrure. Lorsqu’elle le déverrouilla, ce dernier tomba lourdement au sol alors qu’elle était prise d’un violent malaise. Brusquement toutes ses capacités magiques revenaient et elle chancela sous les cris des esprits. Cinq d’entre eux tournaient autour d’elle en criant pour attirer son attention, eux aussi portant un collier sur leur forme spectrale. Elle dut faire assaut de volonté pour reprendre les rênes de ses pouvoirs et les esprits se calmèrent en constatant qu’elle les entendait à nouveau. Elle les envoya surveiller la salle avant de commencer à recevoir les autres esclaves. La sidhe fit venir les deux cuisinier et une jeune femme en premier. Elle leur enleva rapidement leurs colliers, qu’elle garda précieusement avec le sien, avant de confier la clé à la jeune femme et de désigner les murs aux hommes.

- Armez vous et armez les autres, préparez vous à défendre votre sortie. Ne cherchez pas l’affrontement, faites juste en sorte de vous défendre. Il y a les contrats de vente de chacun de nous dans cette bibliothèque. Détruisez les pendant qu’un autre Libérera tous les autres colliers. Et tenez vous prêts à fuir. Je ne pense pas que nous puissions gagner encore beaucoup de temps…

Détruire les contrats leur assurerait une réelle liberté, ils ne pourraient plus être recherchés comme esclaves puisqu’il n’y aurait plus trace de cet état de fait. Elle s’élança hors du bureau et glissa presque vers l’aubergiste et la rousse. Cherchant à déterminer qui des deux serait le plus dangereux, elle jeta rapidement son dévolu sur son ancien maître avant de refermer son propre collier autour de son cou. C’était un peu à son tour de connaître la désagréable sensation d’être complètement privé de ses pouvoirs et de devoir obéir à quelqu’un d’autre. Alors que le collier se refermait et que les premiers esclaves libres, armés, se regroupaient dans la cuisine, les bruit d’un combat faisant rage retentirent depuis la salle. La shaman chercha à se diriger vers la porte mais les derniers captifs entrèrent précipitamment et se mirent à la barricader alors que certains d’entre eux, lui couper le passage, passablement paniqués.

La situation était en train de dégénérer et elle devait agir vite. Une évidence s’imposa à elle. Si les esclaves devaient sortir, elle ne partirait pas sans le chevalier. Il le lui avait promis. Elle ne le laisserait pas les affronter seul. Et d’un autre coté elle avait charge d’âmes. La garde allait arriver et elle ne se faisait aucune illusion sur le parti qu’elle prendrait. Elle avisa l’escalier miteux qui menait jusqu’aux quartiers des domestiques. C’était une solution… De toute façon elle ne pouvait pas non plus les envoyer se battre comme ça.

-Il est encore temps pour vous de prendre votre liberté…

Elle vit l’homme qu’elle avait chargé de la destruction des contrats lever un pouce et la jeune femme revint lui confier la si précieuse petite clé.

-… Le passage par ici est bloqué. La seule solution est de monter à l’étage et d’essayer de se disperser dans les rues adjacentes, si elles sont suffisamment vides, ou pas les toits pour mettre un maximum de distance entre l’établissement, la garde et vous. Restez les uns avec les autres pour vous protégez mais faites de petits groupes. Essayez de rester discrets. Ne vous inquiétez pas, cachez vous, nous vous retrouverons pour vous mettre en sécurité. Vite !

Elle frappa dans ses mains et ils se précipitèrent dans l’escalier. La shaman rappela les esprits à elle et leur confia la surveillance des anciens esclaves. Qu’ils veillent sur eux et qu’ils les suivent afin qu’elle puisse les retrouver par la suite. A cet instant, le cri d’Edalion retentit dans l’établissement, glaçant le sang de Miranda. En un instant elle se téléporta dans la salle, provoquant un moment de flottement par cette soudaine apparition. Son regard se porta sur le chevalier, en sang, puis sur la brute qui venait de le poignarder… L’homme fut brusquement soulevé du sol et projeté avec une force phénoménale au travers de la pièce, sans même que qui que ce soit ne le touche.

-Lâchez le.

Elle avait parlé avec un ton mortellement froid, un ordre au goût d’ultimatum. Dix lames courtes d’obsidienne tournoyaient furieusement autour d’elle alors qu’elle se rapprochait dangereusement de la brute qui enserrait encore Edalion. Son regard noir comme la nuit sans fin qu’elle lui promettait, était braqué sur lui. Un voile rouge avait recouvert son environnement et la sidhe ne se calmerait qu’une fois Edalion en sécurité. Elle n’avait même plus conscience de ce qu’elle faisait…

Tout de suite après le premier coup de lame, Edalion avait fermé les yeux se préparant à un deuxième coup. C’est dans ce genre de moment là où on voyait la vie défiler à toute vitesse. Même si le chevalier avait connu un état encore plus douloureux lorsqu’il était gladiateur et esclaves, il savait qu’un coup bien précis pouvait mettre définitivement un terme à la vie. Il a eu de la chance jusqu’ici, même qu’un jour il fut tellement blesser que pendant deux mois, il lui était impossible de se mouvoir, d’ailleurs, de nombreux cicatrices sous sa tunique en témoignaient. Puis, il entendit un grand vacarme puis une voix qui pour lui sortait des anges même, même si elle était glaciale à pétrifier un ours polaire. Mais peu importe, la chance ce soir, porté le nom de Miranda. Il ouvrit les yeux pour découvrir à la place de son tourmenteur, une shaman dont le regard voulait tout dire, et heureusement ce n’était pas le chevalier qu’elle fixait. Mais le garde qui le verrouillait sembler pas vouloir le lâcher usant du chevalier comme bouclier humain. Il fallait faire quelques chose, ce n’est pas qu’il ne faisait pas confiance à la fureur de Miranda, mais il préférait qu’elle ait le champ libre.

La douleur, sa vision que ce trouble, l’étreinte de la brute. Edalion luttait pour rester conscient. Puis il siffla de manière aigue, il ne voulait pas recourir à cet aide, mais il n’avait pas le choix. Après quelques minutes de silence, un cri strident se fit entendre depuis l’extérieur et dans un grand vacarme, un grand aigle royal fracassa la fenêtre en piquer fusant sur Edalion, au dernier moment, il se redressa pour griffer les mains du garde lâchant ainsi la prise. Edalion tomba à terre comme un objet inerte et sous un cri de douleur étouffé. Avec effort, il roula sur le côté jusqu’à arriver derrière le bar, à l’abri, pour le moment. Yazariel, l’aigle, se mit à emmètre de petit cris en voyant son ami dans cet état. Allongé sur le côté, le front contre le sol et les yeux qui luttaient pour rester ouvert, l’aigle poussa la main d’Edalion comme pour lui dire n’abandonne pas.

« Yazariel…cherche…va chercher…au campement… »

Le regard du chevalier croisa celui de l’aigle puis dériva pour croiser le regard de la shaman, il sourit et finit par tomber inerte au sol. La plaie était bien ouverte et le sang ne s’arrêtait pas de couler. Sans attendre, l’oiseau s’envola par là où il est arrivé et vola au dans le ciel. Il cherchait, encore, encore et encore. Avant de venir à l’auberge, Edalion avait établi un campement ou il à passer la dernière nuit. Edalion avait prévu de revenir après la capture des esclavagistes. Et pour cette mission, il avait prévu un sac de premier soin, il l’avait laissé près d’une pierre cacher par des fougères. L’aigle royale, après quelques minutes de vol, il piqua sur la place. Il fouilla les alentours et finit par mettre le bec sur le sac. Le retour fut plus long, car le sac était un peu lourd pour un volatile, mais pour Yazariel, Edalion passait avant tout et c’est ce qu’il lui donnait la force de voler jusqu’au bâtiment.

Il entra dans la salle, Miranda était accroupi près du corps du chevalier, d’abord l’oiseau cru à une agression, alors il émit un cri strident pour essayer d’effrayer, mais il sentit chez elle de la compassion, alors il s’installa sur le bar lâchant le sac par terre. Le sac contenait des bandages, du fil des aiguilles, mais aussi une gourde en peau sur la quelle était écrit « en cas d’urgent », il s’agissait d’un cadeau offert par les habitants et les mages de Bénécius. Car avant cette mission, Edalion était en permission et avait profité de ces jours de congé, pour travailler avec les ouvriers pour rénover le quartier résidentiel, il a été à la tour blanche pour s’occuper des enfants, bref, il s’était mêlé au quotidien de Bénécius. Le contenu de la gourde était un élixir de soin très puissant, favorisant la cicatrisation. Mais ça il n’y avait que le chevalier qui le savait et Yazariel qui ne pouvait pas parler à Miranda. Alors, il se mit à côté d’elle, et avec de multitude de petits cris, il désigna Edalion et l’intérieur du sac, il le gratta avec ses serres, tapant la gourde. Puis comme si ses émotions prenaient le pas, il se recroquevilla contre Edalion, sans gêner la shaman.

Dehors, les clients qui avaient déserté l’endroit, avaient attiré la garde, bien qu’elle était encore loin, le temps pressait. Les libérés était maintenant en haut sautant un par un d’un bâtiment à un autre. Bien qu’armé, ils ont du s’en servir uniquement pour favoriser leurs avancés, couper une corde, l’attaché à une arme pour en faire un grappin, détruire une serrure pour continuer. Bref, pour le moment, ils s’en sortaient bien.

En temps normal, Miranda était quelqu’un d’assez pacifique. Elle évitait les conflits et, autant faire se peut, les combats. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle ne savait pas se défendre, au contraire. Elle estimait juste que faire couler le sang ne devait être que l’ultime alternative. La jeune femme préférait, et de loin, user de mots pour résoudre un problème. En de très rares occasions, lorsqu’elle était placée au pied du mur, il lui arrivait de dévoiler une nature plus dure et plus sombre. Un aspect de sa personnalité qui semblait être un reliquat de ce qu’elle avait pu être avant de perdre la mémoire. Aujourd’hui, elle n’avait pas à s’amuser, à se montrer cruelle. Seul un voile de fureur recouvrait sa conscience et elle ne poursuivait qu’un objectif : éliminer les deux brutes qui avaient blessé Edalion. A cet instant, bien qu’elle ne maîtrisât plus vraiment ses instinct, elle en était encore à se contenter de les mettre hors d’état de nuire. Ce n’était qu’une réponse à l’agression du chevalier et la réflexion n’était pas plus poussée…

L’irruption de l’aigle royal dans la pièce surprit tout le monde, en particulier la shaman et seule un éclair de lucidité lui permit d’éviter au dernier instant un geste malheureux. Elle se retourna en sursautant vers l’oiseau, toutes ses lames s’étant brusquement orientées vers lui. Heureusement pour eux, la brute fut aussi surprise et ne parvint pas à mettre à profit cet instant. Garde baissée, elle aurait fait une cible de choix mais, encombré par le corps du chevalier, il restait limité dans ses mouvements. Le vol du rapace s’acheva droit sur les mains de la brute qui lâcha enfin Edalion. Dès que son corps ne lui servit plus de bouclier, deux lames fusèrent droit sur la brute, se plantant profondément dans son torse. Il eut un cri de douleur avant de s’effondrer au sol en convulsant, un arc électrique apparaissant par intermittence entre les deux lames…

Pendant ce temps là, Edalion en avait profité pour rejoindre la relative sécurité du bar, donnant une mission à son aigle. Leurs regards se croisèrent et il lui sourit. Avant de sombrer dans l’inconscience… La sidhe ne vit même pas s’envoler l’aigle. Elle se dirigea droit vers l’homme qu’elle venait de faire tomber au sol et appuya du bout du pied sur la lame qui dépassait encore de sa poitrine. Il eut un grognement de douleur, essayant de bouger, mais la jeune femme appuya encore plus fort, lui arrachant cette fois ci un cri de douleur.

-Je te promets qu’au moindre mouvement je prendrai un plaisir rare à t’observer te vider de ton sang.

Mortellement froid, son ton n’appelait pas réplique. De toute façon, la brute était immobilisée. Il ne savait pas comment elle s’était prise pour l’électrocuter et envoyer valser son partenaire mais il avait bien constaté qu’elle pouvait se révéler redoutable maintenant qu’elle avait recouvré ses pouvoirs. Serrant toujours les quelques colliers qu’elle avait enlevé, elle en profita pour en glisser un autour de son cou et de le verrouiller. Elle fit de même avec l’autre brute même si elle ne semblait pas décidée à se relever. Restaient les esclavagistes… Ils étaient suffisamment enivrés pour rester plus ou moins amorphe, sans comprendre vraiment ce qui était en train de se passer autour d’eux. Les vapeurs d’alcool les empêchaient d’avoir les idées claires mais ils risquaient de poser problèmes sur le long terme. Et malgré l’envie dévorante de les tuer sur place, elle ne pouvait pas se le permettre. Ils étaient les derniers clients en salle… Reposant une nouvelle bouteille face à eux, elle ne fit même pas l’effort de leur offrir un sourire factice.

-Querelles de personnel. Profitez pleinement c’est tournée générale pour dédommagement…

Elle s’empara alors d’un torchon et se pencha vers Edalion. Elle était horrifiée de le trouver ainsi inanimé et aussi pâle… Elle pressa le chiffon sur la blessure, essayant d’endiguer la perte de sang au maximum. Combien elle regrettait de ne pas avoir les capacités de soin de sa tante… L’aigle refit son apparition à cet instant, lourdement chargé d’une sacoche qu’il laissa tomber juste à coté d’elle. L’oiseau semblait intelligent, et inquiet pour son ami… Ce sac devait contenir quelque chose qui pourrait les aider. Les mains couvertes de sang, elle le retourna sur le sol, fouillant le contenu fébrilement. Du matériel de soin… Dans des mains terriblement inexpérimentées. Certes, elle avait bien une idée des gestes à exécuter, mais elle n’avait aucune expérience. Elle avait juste vu sa tante faire…

-Edalion, je t’interdis formellement de mourir ici. Tu as encore trop de choses à faire et je te promets que je ferai en sorte que ta mort ne soit pas reposante si tu ne m’obéis pas ! !

Elle dégagea la zone de la blessure, faisant abstraction des autres cicatrices qu’elle pouvait voir et s’empara d’une bouteille d’alcool fort. Ce rhum était imbuvable mais il aurait au moins une certaine utilité… Nettoyer la plaie. D’un geste vif, elle découpa une banda dans sa jupe et l’imbiba d’alcool. Elle nettoya fil et aiguille et s’approcha de la plaie.

-Je suis désolée…

Elle nettoya la plaie aussi rapidement, délicatement et doucement que possible avant de jeter le chiffon au loin. La sidhe eut une grimace et essaya de se souvenir des gestes d’Elyane avant de piquer. Une fois encore elle essaya de le recoudre en minimisant la souffrance qu’elle pouvait lui causer. Tout en faisant le plus rapidement possible. Ce n’était l’affaire que de trois à quatre points afin d’endiguer une partie du flot de sang, mais elle savait que si la garde finissait par les trouver là, ils risquaient plus qu’un coup de couteau vicieux… Faute de savoir comment faire, elle finit l’ensemble avec un très beau nœud de couturier… Concentrée à l’extrême sur sa tâche pour ne pas penser à l’inquiétude qu’elle ressentait pour le chevalier, elle prépara les bandages avant d’observer la gourde. Elle la déboucha pour la renifler avec prudence. L’odeur n’était pas assez agressive pour être un désinfectant quelconque… Plus une potion…

Estimant qu’une potion contenu par un sac de soin ne pouvait foncièrement pas empirer la situation, elle imbiba une autre bande de tissu de sa robe avec une partie du flacon, avant d’en faire un tampon qu’elle apposa sur la blessure. Puis elle se servit des bandage, emmaillotant le chevalier avec une efficacité toute relative. Elle essaya de serrer au maximum et de faire en sorte que cela tienne mais la sidhe n’était vraiment pas certaine que cela tiendrait… Ce faisant, elle avait du redresser le chevalier, plus ou moins en position assise, faisant en sorte que son torse repose sur le sien pour avoir les deux mains de libres pour pouvoir le panser. Lorsqu’elle en eut finit, elle le remit en position allongé, posant sa tête sur ses jambes. Constatant que la gourde de potion était encore largement remplie, elle essaya de lui en faire avaler quelques gorgées…

-Allez…

Elle jeta un œil à l’aigle, ne sachant trop comment faire.

-Ne pourrais-tu surveiller l’arrivée de la garde ?

L’aigle regarda quelques instant Miranda se transformer en soigneuse. Il sentait que la situation allait s’améliorer, alors sans jouer le têtu, il s’envola de quelques battements d’aile pour atterrir sur le rebord de la fenêtre et guetta la moindre apparition de personnage hostile. Il ne pourrait surement pas se battre, mais au moins prévenir, c’était toujours ça. Edalion lui avait appris à reconnaitre ce genre d’individus, à leurs façon de marcher, les mots qu’ils pouvaient employer, leur coordinations, bref tout un tas de détails que les animaux étaient sensibles. Dans la rue, les derniers passants avant désertaient les lieux pour laisser un calme froid. Puis petit à petit, il sentit dans sa tête que son ami chevalier revenait à lui. Cette sensation était liée au don que possédait l’oiseau. Il était capable de partager sa vision avec Edalion. Alors qu’il pouvait le partager il n’hésita pas une seul seconde. Ses yeux se mirent à briller légèrement, tout comme l’œil caché d’Edalion. Alors qu’il avait les yeux fermé, il voyait sans problème ce qui se passait dehors à travers les yeux de Yazariel.Puis d’un coup, Edalion se redressa pour prendre Miranda et la tirer vers lui la plaquant entièrement. A peine quelques secondes après, une volée de flèches fusa à travers la salle. Le chevalier s’écarta d’une position, un peu compromettante. Il était réveillé, il avait encore mal, les petite grimaces en témoignaient, mais il avait repris des couleurs et pas mal de force.

« Je te dois la vie, merci Miranda…Mais restons pas là. »

Les fenêtres étaient dangereuse, la cuisine était close, il ne restait plus que l’étage. Edalion siffla , mais différemment de la première fois, en plusieurs à-coups. Immédiatement, tout en conservant le lien de vision, l’oiseau s’envola hors de l’établissement pour voler haut dans le ciel, ainsi, Edalion avait maintenant une vu d’ensemble et pouvait donc anticiper les attaques des ennemis. Il se releva doucement, il prit la main de la shaman. Elle avait était esclave, lui, la mort l’avait invité, heureusement Miranda avait réussi à lui faire décliner l’invitation. Alors maintenant, il n’était plus question de la perdre. Ensemble ils se mirent à marcher rapidement vers l’escalier. Le chevalier se mit à couvert lorsqu’il voyait une autre rafale de flèche arriver et Miranda pouvait les couvrir avec sa télékinésie. Le guerrier en profita, à travers l’aigle, pour voir ou était les esclaves libérer. Apparemment, ils étaient près d’un chariot et attendait la venue de leurs sauveurs. Miranda et Edalion se retrouva au bord de l’auberge, sur le toit. Mais il y avait pas mal de distance entre l’auberge et le prochain bâtiment.

« Couvre moi, je vais nous faire un pont. »

Avec sa blessure, le chevalier ne pouvait pas compter sur une simple poussé d’adrénaline pour user de sa magie, il fallait se concentrer. Et dire que son contrôle de la terre était le don qu’il savait le moins utiliser, il allait voir maintenant ce qu’il savait faire. Il fixa le sol de manière intense tout en tendant sa main. Ça venait, il sentait la magie lui parcourir les veines. Petit à petit, le sol trembla et un pont prit forme, juste assez large pour une personne. A nouveau, il prit Miranda par la main, et traversa le pont de terre. Une fois de l’autre côté, il n’avait plus qu’à aller de l’autre côté du bâtiment, et le chariot était la en bas. Avant de se mettre en route, Edalion se retourna pour lâcher son emprise sur la terre. Il en profita pour changer la forme de la passerelle et la couper en une multitude de projectile en forme de pointe. Il les envoya en l’air et les laissa retomber dans la zone ou les archers tiraient. Effets ou pas , pendant un instants, Miranda et le chevalier ne se soucieront plus d’eux. Ils repris le chemins, courant sur le toit du bâtiment voisin. Une fois au bord du toit, les esclaves, juste en bas leurs disaient de sauter dans la paille qui se trouvait à l’arrière. Alors qu’ils étaient presque sortit d’affaire , Edalion se permit une plaisanterie.

« Je suis plus que ravi de t’avoir retrouvé, mais honnêtement, je préfère t’empêcher de te faire détroussé à la porte de Bénécius que venir me promener sur les toits de Maléficium avec toi »

Sur le coup, il voulut continuer avec une autre phrase, mais il se tut et sauta en premier. Il aurait juste voulu lui dire que même si elle était en danger aux entrailles des mers, ou au sommet du monde, il serait toujours là pour lui tendre la main peu importe le prix à payer. Ses pensées furent vite stoppées par le choc de l’atterrissage, ils avaient mis de la paille, mais pas beaucoup en épaisseur, heureusement qu’il n’y avait que quatre mètre à sauter. Il se releva tant bien que mal et tendit les bras pour rattraper la shaman, mais le temps qu’il fasse ça, elle s’était tout simplement téléporter à côté de lui sur le chariot. Bon, au moins, c’était l’intention qui comptait. Mais ce n’était pas fini, il fallait quitter la ville maintenant. Edalion ordonna à tous de monter dans le chariot, il prit les rênes et fonça à travers les rues. Il comptait sur Miranda encore une fois, pour lui faciliter le passage et couvrir la voiture. Mais au bout d’un moment, il y avait le revers de la médaille. Edalion avait fait beaucoup d’effort depuis le breuvage de soin, trop d’effort, alors petit à petit, il sentait des points de côté arriver et des courbatures arriver et le chariot commencer à tanguer.

La jeune femme désespérait de voir le chevalier reprendre ses esprits. Elle avait improvisé, reproduisant des mouvements qu’elle avait pu voir sans savoir s’ils étaient adaptés à la situation. Et en ayant conscience qu’elle n’avait pas assez de talent pour les soins pour pouvoir affirmer qu’Edalion s’en sortirait. De même, elle avait pris un risque en misant sur le contenu de cette gourde sans le connaître. Elle avait fortement espéré qu’il s’agissait d’une quelconque potion de soin mais rien ne disait que ce n’était pas en fait un simple somnifère… Délicatement, elle passa deux doigts un peu en dessous de son nez, fermant quelques instants les yeux pour se concentrer sur l’élément qu’elle cherchait. Elle ne put s’empêcher de sourire en sentant le souffle chaud la chatouiller. Au moins était-il encore en vie. Mais s’il ne se réveillait pas, ils allaient avoir des problèmes…

Elle détourna donc son attention de lui, parcourant les lieux du regard à la recherche de quelque chose qui lui permettrait de déplacer Edalion. Elle n’avait pas beaucoup de force mais avec le bon outil, elle pourrait faire des miracles grâce à sa télékinésie. Focalisée comme elle l’était sur cette recherche, elle ne décela pas les signes avant coureurs du réveil du chevalier. Poussant un petit cri de surprise, elle se retrouva brusquement basculée en arrière, plaquée au sol par son « patient ». Sur l’instant, elle cru qu’il ne l’avait pas reconnu et avait agit instinctivement en cherchant à maîtriser son potentiel agresseur. Mais elle vit ensuite la pluie de flèches s’abattre autour d’eux. Le réflexe du chevalier fut le bon et elle n’eut même pas à dévier les projectiles pour les protéger.

La sidhe ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire en constatant qu’Edalion reprenait un peu du poil de la bête. Certes, il était toujours blessé et elle estimait qu’il ne risquait pas de gagner la prochaine course… Mais elle préférait le voir comme ça qu’inconscient en train de baigner dans son sang… Sauf qu’ils n’avaient pas vraiment le temps d’en dire plus. Elle se contenta donc d’acquiescer à sa sage décision de quitter les lieux, même si leurs possibles sorties étaient assez restreintes. La seule chose positive fut qu’elle constata que les tirs de la garde étaient tels que les quelques personnes encore présentent dans la salle avaient été touchées. Les trois esclavagistes et l’une des brutes présentaient des blessures. Quand à celui qu’elle avait envoyé voler, elle soupçonnait que la réception avait eu raison de lui… Ce n’était pas une mauvaise chose s’ils venaient à mourir. Ils représentaient les derniers témoins des événements et permettraient donc à Miranda et Edalion de ne pas être recherchés par la garde de façon « trop » active. Les descriptions des autres témoins seraient probablement trop flous pour que l’on mette un nom sur un visage…

Serrant la main du chevalier, elle le suivi vers les escaliers. Elle restait concentrée, prête à dévier toute flèche qui se dirigerait vers eux. Quant elle put voir les fenêtres, elle fit en sorte que les volets de bois claques et se ferment correctement… Cela les protégerait d’une nouvelle slave et éviterait que les gardes ne puissent voir leurs visages. Mais ce genre de protection ne serait pas éternelle et elle savait qu’ils n’allaient pas tarder à entrer en force dans l’auberge pour les attaquer de front. Leur seule chance était la fuite comme les autres esclaves avaient pu le faire. En passant par les toits… Là encore elle obéit à Edalion, restant soigneusement concentrée. Avec la tombée du jour il n’était pas toujours facile de voir arriver les flèches vers eux mais elle prenait toujours soin de les repousser. Si elle n’avait pas été fatiguée, elle en aurait profité pour soigneusement viser et les renvoyer vers leurs propriétaires mais elle devait se contenter d’un simple effet boomerang. Certains archers furent touchés mais pas assez à son goût…

A sa grande surprise, le chevalier fit apparaître un pont, au prix d’un certain effort… La jeune femme se mordit la lèvre, fixant la chemise encore tâchée du sang du combattant. Elle ne parvenait pas encore à se téléporter avec d’autres personnes… Combien elle le regrettait maintenant ! Cela leur aurait permis de fuir les lieux en économisant de terribles efforts à Edalion. Elle ne savait pas comment il allait exactement mais une telle dépense d’énergie et leur fuite à travers toit ne risquaient pas d’arranger sa blessure… A nouveau elle se laissa rassurer par sa main dans la sienne, le laissant la guider sur le fine passerelle pendant qu’elle continuait à chercher de possibles projectiles… Ils touchaient au but. Plus ils mettraient de distance entre eux, mieux ils s'en sortiraient. Alors qu'elle sentait que les esprits qui veillaient les esclaves n'étaient plus loin, elle constata que le chevalier avait encore un tour dans son sac. La jeune l'observa transformer son pont en arme de destruction qui vint sérieusement ralentir leurs poursuivants. Au delà du geste impressionnant elle s'inquiétait pour sa santé... Les efforts qu'il venait de faire n'étaient pas très sains... Et ils devaient encore descendre. Aussi le surveilla-t-elle de près, prête à intervenir si jamais une complication afin qu'il ne se blesse pas plus qu'il ne l'était déjà.

La phrase du chevalier fit sourire la shaman. Elle aussi aurait préféré le revoir dans des circonstances moins "épiques"... Mais elle restait redevable envers le Destin. Sans lui, elle ne savait pas comment elle aurait pu se sortir de ce mauvais pas. Et elle était à peu près persuadée qu'elle ne serait pas la seule à lui en être reconnaissante, tous les esclaves qui leur faisaient signe depuis la charrette lui devaient leur vie. A nouveau elle regretta de ne pas pouvoir téléporter Edalion avec elle quelques étages plus bas. Bien qu'il soit solide, son saut ne dut rien arranger à ce qu'elle avait essayé de soigner sans grande efficacité. Une fois à ses cotés, dans la rue, elle lui sourit, complice.

-Je suis heureuse de t'avoir revu moi aussi. Je promets de me faire pardonner pour ces retrouvailles tellement "houleuses"...

Elle le laissa prendre la direction des opérations, restant en peu en retrait à l'avant de la charrette. Elle allait avoir besoin de concentration pour ce qu'elle comptait faire... Les cinq esprits présents allaient l'aider à sauver tous ces gens, comme ils avaient déjà essayé de le faire alors qu'elle ne pouvait pas les entendre. Peu à peu ils s'installèrent autour d'eux, formant ainsi un bouclier qui les protègerait temporairement des sorts et des attaques physiques. Cela ne durerait pas éternellement et ils allaient devoir faire vite, mais cela lui permettrait de se focaliser sur d'autres détails. Comme dégager la route en repoussant les obstacles. Sauf que leur course risquait de trop attirer l'attention et, surtout, d'achever les dernières forces de son ami. Elle se plaça donc derrière lui, passant ses bras au niveau de ses épaules et posant ses mains sur les rênes alors qu'il était assit à diriger l'attelage. Cela lui permettait ainsi d'être bien plus stable et de se reposer un peu sur elle.

-Si nous fuyons avec pertes et fracas ils vont se jeter à nos trousses. Ralentis un peu et prends ces venelles. Nous n'attirerons pas beaucoup l'attention et nous pourrons rejoindre des axes parallèles...

C’était vrai, ils ne pouvaient pas rester sur le chemin principal, sinon ils seraient poursuivi jusqu’à Bénécius et sans forcément y arriver indemne. Edalion devait rester concentrer, mais les secousses tapaient sur la blessure du guerrier qui gémit de douleur de temps à autres. Sans parler des douleurs physique et mental du à ses efforts pour s’échapper de l’auberge. Il devait se ménager, mais il se connaissait bien, il ne relâchera pas les bras tant que tout le monde ne sera pas à l’abri. Alors que tout allait de plus en plus mal pour sa santé, il sentit une présence se coller à lui et les mains de Miranda l’aidaient à tenir les rênes. Cette présence, depuis le début, avait pour effet de redonner un coup de fouet à la détermination du chevalier. Alors, il secoua la tête et se concentra sur son objectif actuel. Il n’avait pas de carte, et les rues et chemins lui étaient inconnus, mais lorsqu’il tourna encore et encore, sur des chemins toujours plus petit et où il n’y avait personne, il semblait sûr de lui. Encore une fois, c’était grâce à la vision qu’il avait du ciel à travers Yazariel. De là-haut, il voyait les chemins qui étaient bondés, et il voyait également les poursuivant.

« Tiens, prend les rênes, je dois avertir Bénécius de notre situation, pour qu’ils soient prêt à s’occuper de ce petit monde que nous amenons. Continue tout droit, quand tu verras une grande fontaine sans eau, tu prendras à droite, tu te retrouveras sur un chemin en pavé, et un moment, ça sera de la terre, au bout, il y aura des champs, une fois qu’on les aura traversé, on sera en dehors de cette cité. »

Doucement, tout ne maintenant une de ses mains sur sa blessure qui lui faisait mal, il laissa la place à sa copilote et lui à la sienne. Sauf qu’au lieu de lui maintenir les mains comme elle le faisait, il arracha sa tunique, pour se retrouver totalement torse nue, son armure, il l’avait laissé à l’auberge, elle était éventré et donc plus utile. La tunique bleu lui servit de support et il lui fallait de quoi écrire, d’abord il hésita, mais vu la situation, il ne se posa pas plus de question. Il trempa son index dans sa blessure pour en prélever du sang, bien sûr, il fit une grimace, car ce n’était pas le geste le plus doux qu’il ait fait. Une fois son message écrit, il y avait mis comme quoi, Edalion allait bientôt arriver avec un chariot rempli de gens à soigner. Une fois de plus, il siffla à Yazariel. L’oiseau piqua vers le bas pour se poser à côté du chevalier. Avant d’attacher la tunique, il la déchira pour qu’elle soit le plus léger possible et enfin il l’enroula autour d’une des pattes de l’aigle.

« Va au château, puis à la tour, tu m’attendra la bas. Aller vas ! »

Après une caresse de la part de son ami, le volatile disparut dans le ciel en quelques puissants coups d’ailes. Il était le seul parmi eux à être en pleine forme, il y arrivera sans problème. A peine il fut partie, qu’Edalion manqua de tomber de la voiture, il n’avait pas anticipé le dernier tournant. Par reflexe il avait passé ses bras autour de la taille de Miranda. Ils étaient bientôt arrivés aux champs. Mais le petit problème, c’est que la, ils seront visible et vulnérable. Mais l’avantage, c’est qu’ils seront sur un chemin de terre, et donc Edalion allait pouvoir s’en servir, sans trop de mal. Ici la terre était moins compacte qu’à l’auberge. De plus, les esprits de Miranda leur offraient une excellente défense. Le chevalier avait même songé à faire un leurre. Mener leur poursuivant sur une fausse piste. Alors il commença à se concentrer, il fallait qu’il se ménage, et c’est pour ça qu’il ne souleva que de la poussière, mais assez de poussière pour en faire un brouillard. Devant le chariot, il avait formé comme un tunnel de poussière pour ne pas gêner la conductrice. Petit à petit, deux nuages se formaient. L’un partit avec eux, et l’autre sur un autre chemin qui menait à la grande porte de la cité.

« Encore un petit effort, on est presque sortit de là »

Soudain arriva un danger, un des esclaves partit en arrière et tomba, mais le chevalier, lâcha toute emprise, et bondit de toute ses forces sur l’arrière du chariot pour le rattraper. Il le tenait bien, mais la frayeur de l’ancienne serveuse, qui s’accrochait de tout son poids sur le guerrier le fit basculer au sol. Après quelques rouler boulet, Edalion se retrouva à plat ventre sur la route, et la femme dans l’herbe sur le côté de la route. Tant bien que mal, le chevalier, plus déterminé que jamais de releva. Il boitait, se tenant les endroits douloureux. Miranda allait surement s’arrêter, mais il ne fallait pas les retarder. Même s’ils étaient à moins d’un kilomètre de la frontière. Il récupéra la serveuse, qui n’était qu’égratigné. Elle passa son temps à s’excuser, bien sûr, la fatigue, le stress, le danger, la douleur, voulaient qu’Edalion commence à l’injurier, mais il prit sur lui-même se concentrant sur la route. Miranda devait pas être loin.

Elle ne savait pas comment il faisait mais Edalion parvenait à les guider au travers des ruelles de Malificium avec une facilité déconcertante. Ils se seraient probablement mainte fois perdus s’il n’avait pas pris la tête de leur petite troupe… Il faudrait qu’elle pense à lui demander son secret lorsqu’ils seraient en sécurité. Peut-être était-il régulièrement venu ici pour aider des gens comme ces pauvres diables ? Mais elle en doutait un peu. Il serait certainement activement recherché par la garde s’il avait été si actif dans la région… Elle ne put s’empêcher d’avoir un léger sourire en coin en se remémorant leur première rencontre et la façon dont ils étaient allés voir Erek pour prouver la bonne foi du futur chevalier. Aujourd’hui elle pourrait témoigner de vive voix qu’il était largement à la hauteur des espérances de l’ordre… Courage, honneur, dévouement, abnégation… Tous les chevaliers n’étaient pas comme lui !

Mais son abnégation risquait bien de lui coûter la vie cette fois-ci. Elle observait avec inquiétude les signes évidents de la douleur… Et avec l’énergie qu’il dépensait sans cesse pour faciliter leur retraite précipitée, il risquait d’empirer encore la situation. La sidhe lui aurait bien demandé de se ménager, mais elle ne se faisait que très peu d’illusions, il n’en ferait probablement qu’à sa tête. Il allait vouloir attendre qu’ils soient tous en sécurité pour se permettre de prendre un peu soin de lui… Même ainsi, alors qu’il lui laissait les rênes, ce n’était pas pour prendre quelques instants, c’était juste pour s’acquitter d’une autre tâche… Elle acquiesça pour lui faire comprendre qu’elle avait comprit la route à suivre et prit place, non sans quelques difficultés à cause de ses jupons déchirés.

-Essaye de te ménager tout de même… Comment pourrai-je tenir ma promesse si tu ne parviens pas à atteindre Bénécius avec nous ?

Elle quitta la route des yeux pendant quelques instants pour lui adresser un petit sourire malicieux. Mais derrière cette « gentille pic », elle surveillait soigneusement le chevalier du coin de l’œil. Même si écrire un message ne devait pas être un exercice trop difficile, malgré sa désapprobation à le voir user de son propre sang, sa position n’était pas vraiment très aisée avec la carriole qui tanguait à cause des modifications du terrain… Voyant l’aigle partir chargé de la précieuse missive, elle plaça ses espoirs en lui. Les mages blancs finiraient bien par envoyer des gens à leur rencontre. Des soigneurs mais, surtout, des personnes qui pourraient protéger tout ce beau monde… A regarder l’oiseau, elle ne remarqua pas le chaos sur la route et la charrette roula bien dessus, faisant tressauter tout le monde. Elle vit alors Edalion partir en arrière et se rapprocha vivement de lui dans l’espoir de le rattraper. Ce fut lui qui eut le réflexe le plus prompt, passant son bras autour de sa taille. La sidhe constata que la position était étonnement agréable… Mais elle se refocalisa rapidement sur la route, essayant de garder à l’esprit qu’il y avait des sujets bien plus urgents.

Et elle fit bien, car la poussière du chemin commença à envahir leur environnement. Elle lança un regard au chevalier et eut la réponse à sa question informulée. Etant donné son niveau de concentration, le phénomène devait être de son fait. C’était finement pensé pour protéger leur fuite et perdre leurs possibles poursuivants… Difficile de savoir si sa remarque était destinée aux anciens esclaves ou à lui-même pour se donner encore un peu de courage. Il donnait beaucoup de lui-même pour leur survie et elle se refit la promesse de chaudement le remercier à leur arrivée. Elle lui lança un sourire encourageant, étant limitée dans ses mouvement pas les rênes. Peut-être était-ce aussi bien ainsi… Si elle avait fait un geste peut-être aurait-elle entravé Edalion dans son action. Peut-être n’aurait-il pas rattraper la jeune fille. Mais peut-être ne serait-il pas tombé de la charrette…

L’action fut presque trop rapide pour elle et il lui fallut quelques instants pour prendre véritablement conscience de ce qu’il venait de se passer. Jetant un regard en arrière, elle constata avec effroi qu’elle avait perdu le chevalier et l’un de ses passagers mais, surtout, qu’elle ne parvenait déjà plus à les voir. Se redressant sur sa position, elle tira de toutes ses forces sur les rênes des chevaux pour les forcer à stopper leur course. L’arrêt de la charrette fut un peu brouillon et brutal, sans compter qu’emportés par leur élan, ils avaient mis une certaine distance entre leurs deux passagers perdus. Elle ne put s’empêcher de se lever et de se retourner, essayant vainement de scruter la poussière pour voir au travers… Elle ne pouvait malheureusement pas s’éloigner trop loin de la charrette. Si on les découvrait, elle devait pouvoir repartir rapidement. Et étant recherchés, elle ne pouvait pas se permettre de les appeler…

-Essayez de voir si vous les voyez…

Ses moyens étant fort limités, elle fit la première chose qui lui vint à l’esprit. Elle siffla… Un sifflement long, haut et clair…Ce n’était pas pour appeler un allié, comme l’aigle par exemple, c’était une façon comme un autre de les aider à se localiser et avait le mérite de rester assez « impersonnel » et discret. Puis, de toute façon, elle ne supportait pas de rester ainsi inactive.

Il respirait doucement mais fort, il boitait mais essayait de garder une allure pas trop lente. Sa blessure lui faisait mal, mais il resserra les bandages. Sa détermination battait de l’aile, mais sa mission le rassurait. Tant qu’il n’était pas sorti de là, il devait penser qu’à sauver ces gens et Miranda. A côté de lui, la femme qui était tombé du cheval, elle disait rien, mais son regard inquiet, passait de devant à derrière en une fraction de seconde régulièrement. Elle n’était pas trop amochée, heureusement pour le chevalier sinon il aurait dû la porter. Devant eux, la poussière retomba lentement, ils pouvaient, petit à petit, distinguer la silhouette du charriot, il n’était pu aussi loin et pas aussi loin qu’il croyait. De plis, il lui avait semblé entendre un sifflement en provenance de devant, c’était surement la shaman qui essayer de se aire localiser, et de cette façon, c’était judicieux. Alors qu’il allait ordonner d’accéléré le pas, voilà que l’ancienne serveuse se mit à crier en regardant derrière. Il se retourna, et vit une flèche arriver sur elle. Et sans attendre, il s’interposa pour se prendre le projectile dans l’épaule par derrière avant de tomber à plat sur le ventre.

« Courez au charriot, et dites leurs d’attendre un peu et si je ne viens pas, qu’ils partent ! »

Apeurait, la femme se mit à cavaler vers Miranda pour l’avertir, même si ceux du chariot devaient aussi les voir en tout petit, mais surtout pour se sauver. Edalion quand à lui se mit d’abord à genou, avec le front par terre, le visage crispait de douleur. Décidément, il faudrait qu’il pense à aller à la tour pour demander à ce qu’on lui retire toutes ces cicatrices, ça commençait à faire beaucoup. Alors qu’il se redressa, il s’attendait à voir tout une armée, mais ne faite, il ne s’agissait que d’un guerrier à cheval, brandissant un arc et une épée dans l’autre main. Pourquoi était-il tout seul ? Etait-il le seul à être passé par la en se disant, « on ne sait jamais ? Pour son adversaire, c’était un défi, bien qu’inégal vu l’état du chevalier. Edalion n’accepte jamais les défis, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait rien à prouver et que cela ne servait à rien, ça, il le savait de son séjour dans les arènes. Mais là, la situation était différente, Edalion ne pouvait pas courir, ça lui faisait un pouvoir en moins, l’adversaire le faucherai sans aucun scrupule. Donc l’affrontement était inévitable. De plus, le guerrier noir avait quelques choses qui intéressaient le chevalier, son cheval ! Il s’agissait donc, de ne pas le blesser.

Alors doucement, Edalion se mit face à lui et se mit en garde, même son épée il l’avait perdu, il se retrouva face à un combat à mains nues. Il eut même un sourire car il se disait que ç’était de mieux en mieux. Mais son sourire disparut, lorsqu’il se retourna pour contempler le chariot au loin. Les esclaves qu’il avait libérer, et plus particulièrement Miranda. Il lui avait fait une promesse, il devait la tenir coute que coute. Alors qu’il la fixa, le sol trembla sous la course du cavalier noir. Il avait commencé à charger sans prévenir. Voilà aussi pourquoi Edalion n’aimait pas les duels, il y en a toujours un pour être déloyal. En même temps qu’il se retourna pour faire face à son adversaire, Edalion arracha enfin son bandeau pour découvrir son œil blanc. Son emprise vint non pas sur le cavalier, mais sur les pieds du cheval. Clouant les sabots au sol, le guerrier passa au-dessus du cheval pour tomber sur le dos devant Edalion. Il n’était pas un meurtrier, mais quelqu’un de juste, c’est pourquoi, même si la colère du chevalier voulait le tuer, il écrasa le crâne du guerrier noir à coup de talon pour l’assommer. Peut-être avait-il tort de ne pas tuer les gens d’ici. Sans attendre, il grimpa sur le cheval après avoir récupérer l’arc et l’épée. Le voilà presque comme un vrai chevalier. Un cheval, une épée, sans armure, sans tunique, une allure de blesser de guerre sans parler de la flèche qui était encore logé dans son épaule. Mais au moins, il n’avait plus à marcher. Le cheval partit en courant vers le chariot.

« Désolé du retard, »

Il fit un clin d’œil à Miranda lorsqu’il lui adressa ces mots avant de partir devant et d’ouvrir la marche. Normalement, tout devrai aller maintenant. Il n’y avait plus de poursuivants, enfin, pour le moment, et il était à deux pas de sortir de ce trou. Le voyage jusqu’à Bénécius serait qu’une formalité par rapport à leur chemin ici. Malgré la douleur et la fatigue qui s’accumulait au reste des dégâts, Edalion gardait sa posture droite sur le cheval, mimant quelques grimaces de temps en temps. Comme si pour lui, le mal était derrière lui et que maintenant tout était une question d’endurance. Il se disait même qu’il avait perdu l’habitude de souffrir au combat, depuis ces 3 ans. Son corps était devenu une armure organique très solide, mais il restait néanmoins un humain, et cette fois, il se disait qu’il songeait à se ménager

Malgré les sifflements, elle n’entendait aucun réponse… Et elle ne pouvait empêcher son imagination de partir sur des routes sinistres. Peut-être qu’Edalion, ou la jeune femme, s’était sérieusement blessé en tombant ? Peut-être qu’ils s’étaient retrouvés nez à nez avec la garde ? Peut-être qu’ils ne parvenaient plus à les rejoindre… Si elle avait été seule, elle aurait immédiatement fait demi-tour. Mais pour les pauvres hères qui fixaient eux aussi cette portion de route, elle ne pouvait se permettre de prendre des risques inconsidérés. Ils semblaient tous fatigués et ne redécouvraient leur liberté que maintenant… Certains devaient avoir quelques capacités, comme Edalion et elle, mais des années de servitudes avec ce catalyseur de magie autour du cou leur avait fait oublié ce détail… Ils avaient tout à réapprendre d’une vie normale… Ce qui était regrettable car ils auraient alors pu les aider.

A force de scruter le mur de poussière, elle constata qu’il commençait à devenir clairsemé, permettant de mieux en mieux voir ce qu’il y avait derrière. Il lui sembla discerner deux silhouettes. Edalion et la jeune femme qui était tombée un peu plus tôt probablement… A cette distance, en se concentrant pour maintenir le bouclier activé, la shaman ne put qu’être témoin. Elle vit la haute silhouette sombre du cavalier se dessiner loin derrière eux. Bien qu’elle ne puisse distinguer les détails, elle sentit au plus profond d’elle-même que cet homme juché sur son cheval allait leur causer de nouveau ennuis… Miranda ne vit pas la flèche mais elle vit distinctement le chevalier s’effondrer au sol, sa protégée revenant en courant vers eux. Et l’abandonnant sur place. Pendant une très courte fraction de seconde elle sentit la rancœur monter en elle. La rancœur par rapport au fait qu’elle était bloquée, impuissante ici ainsi que par rapport à cette femme qui abandonnait celui qui l’avait aidée… Mais dans l’état des choses c’était probablement la meilleure chose à faire. Sa raison l’emporta, tempérant ce ressentit alors que l’ancienne esclave atteignait enfin le chariot. Elle lui jeta un rapide coup d’œil avant de refixer l’horizon, priant silencieusement pour qu’Edalion ne se relève avant que le cavalier ne soit sur lui…

-Vous n’avez rien ?

La jeune femme secoua la tête avant de remonter dans le chariot où elle alla sangloter dans les bras de l’un des esclaves le plus âgé. Ce son sembla apaiser la colère de la sidhe… Elle aussi devait se sentir bien impuissante. Il était difficile de voir ce qu’il se passait exactement. Elle pouvait juste dire qu’Edalion s’était relevé, prêt à se défendre. Visiblement, elle s’était inquiétée pour rien car il lui sembla que son adversaire tombait bêtement de son cheval alors que ce dernier pilait devant le chevalier. En quelques secondes l’affaire était réglée, le cavalier sonné au sol et le cheval ayant changé de propriétaire… Elle accueillit son ami au niveau du chariot avec un sourire rassuré avant que ce dernier ne se fige en découvrant l’empennage de la flèche qui dépassait encore de son épaule… Elle s’était bien doutée qu’il avait fallut ce genre d’arme pour le faire tomber un peu plus tôt mais de voir le projectile encore fiché dans sa chaire…

Le cheval prit la tête, ouvrant la marche. Ils réalisèrent qu’une grande partie de leurs efforts avaient payé qu’une fois qu’ils eurent franchi les portes de la ville. Ils ne pouvaient pas encore fêter leur victoire car Bénécius était encore bien loin mais ils savaient qu’ils pourraient bien plus facilement semer leurs hypothétiques poursuivants en étant en pleine nature. La shaman essayait de pousser leurs chevaux à leurs extrémités sans pour autant les tuer. Il lui tardait de ressentir un minimum de sécurité… A moins que les mages blancs ne viennent à leur rencontre et ne fassent en sorte de les téléporter, la route serait tout de même longue et éreintante. Parvenue au niveau d’Edalion, elle garda le silence quelques seconde…

-Il faut nous vous enlevions cette flèche avant de continuer…

Ce n’était ni une question, ni un conseil… Plutôt un injonction. S’il continuait à chevaucher ainsi blessé, il n’allait faire qu’aggraver la situation. Si elle s’était écoutée elle l’aurait forcé à rester allongé dans la charrette… Mais il ne se laisserait certainement jamais faire. Le minimum était donc d’essayer de bander au mieux ses blessures pour qu’il tienne le coup jusqu’à ce que des soigneurs expérimentés puissent le prendre en charge. Après tout ce qu’ils venaient d’endurer, elle n’avait aucune envie d’avoir à rendre hommage à un héros mort au combat. Elle en avait assez autour d’elle pour cela…

Ensuite, une fois que tout le monde se serait posé pour vérifier que personne n’était blessé, ils reprendraient la route… En espérant rencontrer les mages blancs avant d’avoir à frapper à la porte de leur tour. Elle essaierait de tenir jusqu’au bout mais elle savait qu’une fois que les esclaves et Edalion seraient en sécurité, elle s’effondrerait comme une masse. Elle sollicitait beaucoup ses pouvoirs alors qu’elle venait de passer un certain temps à en être complètement privée… Mais elle se promit d’attendre que le chevalier soit entre de bonnes mains !

» Carnet de Miranda
» Miranda Tolmed
» Toujours en vie! [Miranda]
» Recensement. ( Miranda)
» [Terminer]Nostalgie [Miranda]

Nuit d'enfer ( Miranda)

Nuit d'enfer ( Miranda)

Sujets similaires

Sujets similaires