Les chemins sont longs et nombreux. Celui qui serpente à travers la forêt d'Illusion n'est pas le plus sûr d'entre eux. Surtout pour un cavalier seul. Enfin, ce n'est pas un cavalier, mais une cavalière, bien que ça ne soit pas très visible puisqu'elle est recouverte de sa cape sombre. Mais un quelque chose dans sa silhouette et dans sa manière de suivre avec une aisance naturelle les mouvements du cheval laissent croire que c'est effectivement une femme. Et puis, elle n'est pas seule, puisque que c'est une cavalière. Une cavalière n'est jamais seule puisqu'elle a son cheval. On ne peut donc pas prétendre qu'elle est dangereusement seule. Enfin, ceux qui voudraient le prétendre s'exposerait à bien des douleurs et peut-être à une mort douloureuse.

L'après-midi touchait à sa fin et il était évident que la nuit allait bientôt tomber. Pas d'une seconde à l'autre, mais la nuit tombait souvent après l'après-midi. Mais heureusement, avant que la nuit tombe, il restait la soirée, ce qui lui laissait assez de temps pour se préparer pour la nuit. Le regard de l'aigrefine scrutait la forêt, à la recherche d'un endroit où camper. Elle savait qu'il valait mieux se placer en hauteur et le montée juste à droit semblait propice. Elle n'avait en fait pas grand chose à préparer, puisqu'elle dormait à la belle étoile, littéralement. Mais se coucher là, n'importe où n'était généralement pas une bonne tactique. Mieux valait s'installer à un endroit avant de dormir.

Elle fit donc l'ascension vers le haut de la pente douce et fit halte là où elle voyait bien la route. Un arbre tombé récemment allait lui permettre de voir la ciel et les étoiles, question de passer le temps avant de dormir et aussi lui procurer un peu de bois relativement sec. Pas que trouver du bois était primordial pour elle, elle arrivait à faire flamber n'importe quoi, mais le bois lui permettait de dormir sans être obligée de tenir le feu en vie. Elle mit donc pied à terre et elle attacha la bride de son étalon à l'arbre mort. Évidemment, elle ne pouvait pas se permettre de le laisser se balader trop loin. Elle pouvait avoir besoin de lui à tout moment. Ce n'était pas l'endroit idéal pour rester seule, elle le savait bien. Mais elle savait aussi qu'en cas de pépin, elle ferait cramer tout le périmètre. La forêt, ça brûle bien. Pas autant que les quartiers pauvres des villes, mais ça prenait rapidement.

Thadea creusa une dénivellation sur le sol, pour son feu de camp. Elle retira le plus possible de feuilles mortes, puis elle creusa aussi un cercle plus grand autour du feu. Elle y introduisit des affaires et Brusque. En cas de problèmes, ça lui ferait une folie barrière enflammée. Dans cette fosse peu profonde, contrairement au trou pour le feu, elle y mit des feuilles mortes en abondance. C'était dangereux, mais qui ne risque rien n'a rien, c'est bien connu. Thadea était assez intelligente pour éviter de prendre des risques pour rien. Ça l'avait sauvé jusqu'à maintenant.

Elle retire les sacoches attachés à son cheval et se met en frais d'aller explorer un peu aux alentours. Elle se garde bien d'aller trop loin, pour toujours entendre les son coutumiers de Brusque. Une petite ronde avant de s'installer pour vrai. Il ne faisait pas encore noir, mais le soleil baissait au-dessus des arbres. Quand il passera derrière, il fera noir. Mais en attendant, elle pouvait encore explorer et peut-être trouver quelques pousses d'ail des bois.

Neelahn n’habitait pas dans la forêt des illusions. C’était trop dangereux. Il était tellement facile de s’y perdre. Mais son père, lui, y avait vécu quelque temps et parfois, dans ses moments de nostalgie, il venait s’y rendre et laissait toujours sa fille l’accompagner. L’elfe appréciait beaucoup cet endroit. Même s’il ressemblait en tout point à sa « maison », il y avait toujours quelque chose de nouveau, quelque chose de différent qui apparaissait à chacune de ses visites. Le paysage n’était jamais le même. Les fleurs changeaient de couleur, les arbres n’étaient jamais à la même place.
Marchant avec entrain, Neelahn se remémora les bons moments passés avec son père. Elle se souvînt que, régulièrement, ils se perdaient. Alors qu’ils avaient prévu que de n’y passer qu’une demi-journée dans la forêt des illusions, ils leur arrivaient fréquemment de finalement y passer quelques jours, voire une semaine. Neelahn se rappela à quel point elle aimait ses moments-là. Lorsqu’elle était plus jeune, elle trottinait derrière son père (qui avait toujours dans ces moments là un teint pâle et le visage perlé de sueur, comme s’il était poursuivi par un fantôme). Il n’arrêtait pas de dire que ce serait la dernière fois, qu’il avait été trop stupide d’être venu ici et surtout, qu’il avait été trop bête d’avoir emmené sa fille avec lui. Mais comme d’habitude, ils finirent par sortir de la forêt des illusions chargés de bonne nourriture et de fourrures en tout genre. Et ce fut sans doute pour cela, qu’ils continuèrent à se rendre dans al forêt des illusions. A chaque fois, ils se disaient que rien ne pourraient leur arriver. Et puis, Neelahn était dotée d’une chance accrue. Avec elle, tout ne pouvait que bien aller. Enfin, ce fut ce qu’il croyait jusqu’à ce qu’il se fasse tuer par un marchand à Naturalia.

Comme à son habitude, Neelahn se promenait joyeusement dans la forêt, un arc et son carquois sur le dos. Elle tenait dans une main un gros sac tandis que l’autre tenait des lapins morts par les oreilles. Mais maintenant que son père avait rejoint l’autre monde, elle était seule, accompagnée de Tigrou.

« Hé bah… On n’y voit plus grand-chose ! »

La nuit était en train de tomber et l’elfe songea que ce n’était pas une bonne idée que de chercher le chemin du retour. Elle décida donc de camper à la belle étoile. Cela ne ravie pas beaucoup Tigrou. Il n’aimait pas la forêt des illusions. Il détestait tous ces bruits bizarres, ces créatures si étranges qui ne possédaient pas de nom, … Mais malgré lui, il avait une nouvelle fois décidée d’accompagner Neelahn. Il savait bien qu’elle s’en sortait toujours mais il fallait bien admettre qu’à certains moments, s’il n’avait pas été là, elle aurait eu le cou brisé…

« Ici, c’est sympa pour dormir, qu’est-ce que t’en penses ? »

Des fois, il était difficile de croire que Neelahn avait passé sa vie dans la forêt. Trop optimiste, elle choisissait parfois des endroits insolites pour dormir et ou avait des idées farfelues pour attirer le gibier.

« Grrrr…
_ Bon, d’accord, on va chercher ailleurs ! »

Elle se mit alors en quête de chercher un endroit paisible (à la convenance de son tigre blanc) où passer la nuit. Au bout de d’un quart d’heure de marche, elle aperçu une silhouette, apparemment, occupée à chercher de quoi se nourrir. Neelahn lui fit des grands gestes :

« Hého ! Moi j’ai du lapin ! On partage si vous voulez ! »

Tigrou regarda son amie, les yeux grands ouverts comme si elle était folle…

Thadea scrute la forêt, à la recherche d'un signe de déplacements, de mouvements étrangers. En même temps, elle cherche si elle ne trouverait pas quelques plantes qu'elle connaît et qui sont comestible. Évidemment, la botanique, c'est pas son art. L'ail des bois, ou peut-être quelque champignons. Sinon, elle se contentera de viande séchée. Mais avec un peu de gout et moins coriace, ce serait apprécié. Elle pourrait chasser, elle y arrive, mais c'est pas sa tasse de thé non plus. Elle préfère terroriser les populations et incendier les villages. Ça c'est son truc.

Le problème actuellement, c'est que la brume l'empêche de pousser plus loin son exploration. Elle préfère rester près que de risquer de se perdre. Tant pis pour la chasse. Elle réussit tout de même à récupérer quelques gousses d'ail. Dommage qu'elle ne trouve pas de champignons. Elle aime bien les champignons. Réchauffé et humidifié avec la viande séchée, ça lui aurait plu. Tant pis. Elle entend Brusque renâcler plus loin. Quelque chose l'agace. D'autant plus qu'il est attaché, ça, il n'aime pas, surtout quand quelque chose approche. Et soudainement, elle entend un cri effroyable. Il est d'autant plus effroyable qu'elle n'a pas entendu son propriétaire approcher. Maudite brume.

C'est une femme. La voix l'indique aisément. Ou alors une très jeune garçon, mais la silhouette qui approche n'a rien de juvénile. C'est effectivement une femme. Et elle agite des lapins en tous sens, visiblement ravie d'avoir trouve quelqu'un avec qui partager. Thadea remet Fatal, son poignard, au fourreau. Réflexe de tueuse, Fatal fait une sortie à la moindre surprise. Question de survie et elle compte bien ne pas y mettre terme bientôt. Bon sang, comment elle a fait pour ne pas l'entendre approcher ? Ou peut-être qu'elle l'a entendu, mais puisqu'elle ne l'avait pas vu, elle ne s'est pas méfié. Il y a toujours beaucoup trop de bruit dans la Forêt d'Illusion... à moins qu'il n'y ait pas assez de bruit suspect.

Quoiqu'il en soit, les rongeurs ont l'air appétissant. Et puisqu'on lui offre de partager si aimablement... doit-elle accepter ? On ne sait jamais avec ce qui traîne en forêt. C'est une elfe... une Aredhel, à ne pas en douter. La bête qui la suit est massive. C'est un gros chat. Elle lui jette un regard de biais, jaugeant la bête avant de reposer les yeux sur l'elfe. La proposition est alléchante, c'est le cas de le dire. Pourquoi refuser ? Ça semble à Thadea beaucoup plus profitable que ce qu'elle a déjà pour manger ce soir, c'est à dire pas grand chose. Elle esquisse un hochement de tête, mais elle ne répond pas clairement à l'invitation.

- Je me suis installée juste un peu plus haut, dit-elle en pointant la direction qui mène à Brusque.

C'était un oui, qu'elle accepte le partage des lapins. Évidemment, ça signifie également qu'elle est bien prête à partager son minuscule campement, mais elle ne le dira pas. On verra bien si l'elfe en profiterait. Un dernier coup d'oeil autour, elle s'assure que rien d'autre ne bouge, autre que l'elfe et son gros chat. Brusque ne sera ps particulièrement de bonne humeur, mais au moins, le félin n'avait émis aucune protestation agressive, c'était un bon point. Il lui suffit maintenant d'atteindre le campement avant le félin, question de rassurer Brusque. L'étalon n'est pas très porté sur les gros félins. Ni les gros canins d'ailleurs.

Elle rejoint donc rapidement Brusque et le détache. Mieux vaut qu'il puisse se défendre lui-même si jamais ça se passe mal. Elle lui caresse délicatement les naseaux. Il renâcle nerveusement quand le félin approche. Il piétine. Il n'aime pas ça.

- Je te conseille de rester à l'intérieur du cercle, informe-t-elle d'un ton neutre et sans émotions apparente.

Elle désigne le cercle plus grand qu'elle a creuse autour de celui plus petit du feu. Le cercle fait à peine trois mètres de diamètres et avec le soir qui tombe, il n'est pas très aisé de le voir. C'est le but en fait qu'un intrus ne puisse pas le voir.

Ouais, Thadea est bien prête à le croire. En fait, elle s'étonne elle-même d'y croiser quelqu'un. Surtout que c'est la Forêt d'Illusion, par la forêt des elfes. Mais en effet, les animaux aiment bien les forêts. Il n'y a pas trop de gens en forêt. Ça aide à la reproduction animale en général. De toute façon, c'est le propre des forêts d'abriter les animaux. Il y a les villes pour abriter les gens. C'est comme ça, il n'y a pas à discuter. De toute façon, quand on va se balader en forêt, c'est soit qu'on y va parce qu'on doit y aller, ou alors c'est justement pour fuir les gens. Les elfes aiment bien les forêts, mais c'est une autre histoire, ils vivent quand même dans des villes, même s'il y a des arbres. Peu importe. Thadea préféra taire la réplique acerbe qui lui vint.

- Oui, j'ai un cheval, répond-t-elle d'un ton neutre.

Elle aurait put ajouter que c'était vachement pratique pour les longues distances, mais elle ne dit donc rien. Elle s'empresse, par contre, de saisir le bride de Brusque. Elle connaît bien sa monture. Grand bien de fut, parce que Brusque ne réussit pas à planter ses dents dans le bras qui ose le toucher. C'était bien comme ça, parce que Thadea n'aimait pas trop ébruiter le nature de sa monture. Mieux valait que ça reste secret jusqu'au moment fatidique. L'effet était plus grandiose. Et puis elle se doute que le félin ne regarde pas sa maîtresse se faire dévorer avec plaisir. Il est probablement dressé pour attaquer si elle est en danger. Certaines personnes ont des bêtes plutôt exotique. Et le plus marrant, c'est qu'elles croient qu'elle réfléchissent comme les gens. Ça c'est marrant. Brusque, lui, réfléchit comme un cheval. Un cheval carnivore, mais comme un cheval. Il ne laisse personne le toucher, sauf s'il a faim. Mais c'est pas possible, il a bouffé un type qui a crut qu'elle était une bonne personne à voler. Certaines personnes sont si naïve. Brusque renâcle quand le tigre feule. Elle se demande qui aurait l'avantage entre le félin et le cheval. Probablement Brusque, parce qu'il est trop précieux pour qu'elle-même ne s'en mêle pas.

- Il n'y a presque rien sur les os d'un lapin. Avec un demi, j'aurai faim dans une heure.

Évidemment, elle aurait nettement moins mangé avec sa viandé séchée et les trucs à grignoter, mais bon, tant qu'à se faire offrir un lapin, mieux vaut en manger un entier. Elle doit avouer que la question suivante la laisse perplexe. Un autre fruit ? Parce qu'elle a le choix en plus ? Eh bien, c'est surprenant. Elle se contente de hausser les épaules et de faire une proposition. Pourquoi pas de toute façon, si l'elfe lui offre le choix, elle se doit de choisir franchement. À moins évidemment que ce soit un piège, mais elle voit mal cette elfe lui tendre un piège. Sans savoir pourquoi en fait.

- Le cassis, ne serait pas plus approprié avec le lapin ?

Oui, bon, ça ne paraissait pas vraiment si on se fiait à ses vivres, mais Thadea savait cuisiner, puisqu'elle était une femme. Oui, les Siderea étaient très au parfum des us et coutumes et de l'étiquette. Bref, c'était des chipoteurs et ils aimaient les petits plats dans les grands. Bref... elle la laisse à cette proposition et elle extirpe Funeste de son fourreau avant de l'abattre sur l'arbre mort pour, puisqu'elles feront visiblement griller le lapin, de parfaites broches temporaires. Pas trop sèche pour qu'elles brûlent trop rapidement, ni trop verte pour donner trop de goût à la viande. Bon choix quand même.

La soirée s'annonçait plutôt bien. Moins solitaire que prévu au moins. Pas que de partager du lapin et devoir protéger une elfe lui plaisait, mais Thadea était une profiteuse. Si l'elfe était vraiment agaçante, Thadea n'aurait qu'à avoir disparut au petit matin. C'était faisable.

Thadea tendit les branches préparées à l'elfe.

Faudrait qu'elle songe à lui demander son nom. Ne serait-ce que pour éviter de l'appeler l'elfe quand elle s'adresse à elle. Quoique en fait, ça n'a que très peu d'importance.

Thadea hausse un sourcil, incertaine d'avoir bien entendu. Elle, un esprit de la forêt ? Elle est bien bonne celle-là. À la limite elle pourrait être un esprit maléfique des villages. Incendier les villages, c'est son truc, par être l'esprit de le forêt. Mais bon, elle se débrouille, elle n'a pas le choix. C'est une question de survie, parce que les aigrefins se déplacent beaucoup. Elle ne dit rien et laisse glisser. De toute façon, elle ne sait pas trop ce qu'elle doit répondre à ça. Elle se contente de faire comme si elle n,avait rien entendu. C'était beaucoup plus simple comme ça pour Thadea que de tenter de comprendre que c'était un remerciement métaphorique. Elle aurait pourtant bien saisit une insulte métaphorique.

- Moi, c'est Thad, répond-elle sans vraiment y porter attention.

En fait si, elle y porte attention, mais elle se dit qu'elle venait tout juste d'y penser et voilà que l'elfe lui révélait son nom. elle se devait donc d'y répondre, puisque justement, elle trouvait ça plutôt agaçant de l'appeler l'elfe. quoiqu'elle aurait pu l'appeler Tu toute la soirée, mais Thadea trouve que c'est plus agréable de connaître le nom des personnes avec qui on passe la nuit. La plupart du temps, elle veille avec d'autres aigrefins et ils se connaissent déjà pas mal tous. Du coup, ils ne se demandent mais leurs noms. On ne lui demande jamais le sien non plus, parce qu'elle est une Siderea. Tout les aigrefins connaissent les Siderea.

Même si le cassis, aux dire de l'elfe était plus difficile à produire, il semble que l'elfe réussisse plutôt bien, parce que les baie de cassis qu'elle goûte n'ont rien de différent du cassis habituel. Sauf qu'effectivement, ils sont goûteux. C'est plutôt réussit. C'est une druide, à ne pas douter. Et si elle parait plutôt insouciante comme druide, elle a un certain talent. Du moins pour faire pousser les plantes. Ça peut être pratique. Elle se demande si elle peut en faire pousser n'importe où où si elle doit être dans la forêt. Mais elle ne lui pose pas la question. Ce n'est jamais une bonne idée de manifester de la curiosité. Elle tend la main vers le feu pour diminuer un peu sa flamme et accentuer l'effet de braise ardente. C'est préférable pour cuir de ne pas calciner la peau.

- Au fait, j’ai vu que tu avais une très jolie arme. Tu es une guerrière ?

Thadea ne peut s'empêcher de se regarder, question de bien s'assurer qu'elle a bien tout mit l'essentiel. Ah, oui, un coup d'oeil la rassure. Oui, elle a son plastron, des gantelets, son sabre, son poignard et son cheval bien protégé aussi. Ok, elle a délaissé l'armure lourde, mais elle n'en n'a pas besoin. La légère suffisait pour ce trajet. D'accord, techniquement, elle a l'air de tout sauf un esprit de la forêt. Ils portent moins de métal et plus de végétal les esprits de la forêt, non ? Oui, elle a effectivement l'air d'une guerrière. C'est rassurant à savoir. elle n'aurait pas aimé avoir l'air autrement. De plus, elle n'est pas n,importe laquelle des guerrière. Elle est aigrefin, de la famille Siderea. D'ailleurs, son plastron frappé de la rose noire ensanglantée devrait habituellement donner un bon indice de son statut. Mais elle doit avouer qu'il fait noir. Et puis, peut-être que la druide préfère involontairement ne pas savoir ce qu'elle est.

- Ouais, c'est ça, je suis une guerrière.

Neelahn regarde Funeste avec avidité. D'accord, habituellement, on ne prête pas ses armes et encore moins une lame telle que Funeste. Mais l'elfe ne semble pas représenter un danger quelconque pour le moment. Et puis Thadea était capable de tuer avec tout ce qui lui tombe sous la main. De plus, elle est à moins d'un mètre d'un feu. Vraiment, il n'y a pas grand chose à craindre de l'elfe. Et puis, bon, personne ne les regarde. Et puis Funeste est effectivement magnifique. Ce serait dommage qu'on ne l'admire pas à sa juste valeur. Thadea la tire donc de son fourreau et, tenant la pointe dans une main et la garde dans l'autre, elle la tend à l'elfe.

- C'est un héritage familial.

Elle se retient de dire que cette lame dentelée a tuer de nombreuses personne et encore plus de créatures. Elle se doute que ce n'est ps le genre de détail que préfère entendre l'elfe.

Thadea laisse Neelahn examiner Funeste sous tous ses angles. Et les angles de Funestes sont très aigus. C'est vrai qu'en forêt, c'est pas l'arme la plus utile, mais au premier affrontement contre quoi que ce soit, c'était parfait. C'était agréable de voir quelqu'un admirer son arme comme ça. Thadea n'en doute pas, elle peut être fière de Funeste. C'est effectivement une arme superbe et elle est vachement efficace. Tout de même, Thadea reste attentive à Neelahn qui manipule sa lame. Funeste est traître et les blessures qu'elle inflige sont profonde et inégales. Funeste, en pleine action. déchire plus qu'elle ne tranche et ne coupe.

- Oui, je suppose que si j'en usais pour la chasse, elle s’abattrait sur beaucoup de gibier, dit-elle en rangeant Funeste.

Oui, différent gibier. Elle doute par contre qu'elle ait l'habileté de faucher un lapin en pleine course. Avec de la chance, peut-être un cerf, mais il faudrait pour ça être deux. Une embuscade avec un qui effraie et guide la proie vers le second caché qui bondit à la dernière seconde. Elle arriverait sans doute à décapiter un cerf d'un coup, ou presque. Elle n'a jamais essayé en fait. Des gens, oui, mais le cou des gens est nettement plus petit que celui d'un cerf. Celui d'un cerf est large, il couvre les épaules... c'est une expérience à tenter, plus tard. Pour le moment, elle ne chasse pas le gibier. Elle tue les gens, ce n'est pas la même chose.

- Je ne crois pas que tu pourrais tenir une lame comme celle-ci, ricane-t-elle, sans de méchanceté, mais déterminant une évidence que l'elfe n'a peut-être pas saisie. D'un mouvement ample, Thadea dégaine Funeste dans un raclement vibrant et la pointe sur l'elfe, bien droite. Tenir Funeste à deux mains, quelques secondes, tout le monde pourrait y arriver. Mais le poids de cette lame à bout de bras devient un fardeau. Crois-moi, en te regardant, tu n'arriverais pas à manier Funeste bien longtemps. Je crois en effet que l'arc te convient mieux. Ta constitution délicate et vive serait plus propice au maniement d'un poignard ou d'une épée courte de facture délicate. Peut-être une rapière.

Thadea a tout un genre, surtout la nuit devant une flamme vive. Comme ce soir devant le feu où grille deux lapins. Les flammes se reflètent sur son plastron de métal, rendant presque sanguinolentes les goutte de sang de la Rose Noire, sur la lame nommée Funeste et dans les yeux sombres de Thadea. Elle garde la position une ou deux secondes, pour l'effet, puis elle rengaine Funeste. Ce n'est pas un jouet après tout. Neelahn se met à chantonner. Oh non, mince.. une fredonneuse. Il y a pire, elle doit l'avouer. Il y a des aigrefins qui fredonnent la nuit et c'est la plupart du temps insupportable. Les fredonnements sont dangereux, il empêchent, comme les bavardages, d'entendre ce qui se passe autour. D'ailleurs, soudainement, Thadea se fige et écoute. Même Brusque tend l'oreille.

- Shhhhht, Neelahn, ordonne-t-elle.

Ouais, peut-être qu'il n'y a rien, mais Brusque n'a pas pour habitude de renâcler pour rien. Enfin, quelqu'un d'extérieur pourrait dire que Brusque renâcle constamment, mais ce n'est jamais pour rien. Souvent, c'est parce qu'il n'aime pas quelque chose. Mais la plupart du temps, c,est simplement qu,il n'aime pas quelqu'un. Mais Thadea sait que ce n'est pas ce genre de son. Elle connait bien sa bête depuis le temps. Tout comme elle sait qu'il ne touchera pas aux lapins parce qu'ils sont cuits. Brusque aime la chair froide ou presque vivante.

- Oui, des bêtes de toutes les couleurs...

Thadea hoche la tête. L'elfe n'a pas tort. Contre une lame comme la sienne, une rapière a bien peu de chance. Quoique la chance vient souvent du talent et de l'habileté. La vrai chance, c'est 50-50 avec le malheur. Tu réussis ou tu rates. Tu vis ou tu meurs. C'est la seule chance que connait Thadea. La vie ou la mort. Il n'y en a pas d'autres. Le reste, c'est du talent ou non. La chance était hors talent. C'était le destin. La petite part dont elle n'avait pas le contrôle. C'était le défaut dans sa cuirasse, le grain de sable dans l'engrenage. Pour contrer la chance, il fallait connaître le futur et encore là, on pouvait le changer. Ça, elle ne était persuadée.

- Oui, bon, à moins de frapper le premier, dans ce cas là, on a toutes les chances qu'il soit incapable de frapper un second coup, dit-elle en attrapant son lapin. Du moins il faut faire pour. Si jamais tu te retrouves face avec une épée et un plastron de ce genre et que tu as une rapière, frappe au cou. Ça ne protège en général que les organes vitaux mais il y a des tas d'autres endroits pour paralyser ou empêcher ton ennemi de répliquer, informe-t-elle d'un ton détaché. Thadea hoche la tête une autre fois. Mais bon, en effet, tu serais plus efficace avec un poignard.

Thadea était une combattante, une guerrière. Elle savait théoriquement tuer avec tout ce qui lui tombait sous la main. Évidemment, elle n'avait pas tout mis en pratique, mais un jour, pourquoi pas. Tout de même, ses techniques d'affrontements étaient implacables. En pratique, elle gagnait à plate couture, ou elle perdait. Avec Thadea, il n'y avait pas de petites pertes, mais que de grandes victoires. Elle déchire un grand morceau de la viande cuite du lapin et la mâche doucement. L'air de rien, elle écoute les son autour d'elles. Si jamais quelque chose s'approche, elle le crame.

On pourrait croire qu'un cheval attaché par la bride à un tronc d'arbre s'occuperait à grignoter l'herbe ou les plantes à ses sabots, mais Brusque n'est pas ce genre de cheval. Contrairement à ceux de son espèce qui auraient la tête baissée à fouiller le sol, Brusque, lui, garde la tête haute et écoute les son de la forêt, ses oreilles oscillant au gré des bruits. Il ne semble pas tranquille. Il renâcle de temps en temps et piaffe en d'autres temps. Non, il n'est pas serein. Quelque chose l'inquiète et Thadea commence à croire de même. Pourtant, elle continue de manger avec un appétit modéré. Elle ne se gêne pas pour manger avec les doigts et elle déchire de long lambeaux avec ses doigts.

- Il f'est trfès bfien cfe lapfin, dit-elle, la bouche pleine et en continuant à manger.

Enfin, ce n'est peut-être pas le meilleur lapin qu'elle ait mangé de toute sa vie, mais c'est nettement meilleur que ce qu'elle avait envisagé de manger ce soir. C'est donc un très bon lapin pour le moment. La viande séchée, ça permet de survivre et ça nourrit, mais ça n'a rien de bon. Au moins, ce lapin est goûteux. Elle se permet un sourire. Un sourire bref, mais c'est un sourire. Les gens aiment les sourire la plupart du temps. Elle lui offre même un sourire qui n'a rien d'alarmant. Ou presque. On ne change pas sa nature et, théoriquement, la présence même de Thadea avait quelque chose d'alarmant.

- Ah ?

Qu'en sait elle, hein ? Thadea ne fait rien pousser, alors magie ou non, elle ne sait pas trop. comme le lapin, c'est tout à fait acceptable en comparaison avec ce dont elle comptait se nourrir avant l'arrivée de l'elfe. elle ne s'en plaindra pas. Bon, elle ne la félicitera pas non plus, mais elle a quand même dit que c'est très bien comme dîner. Elle ne vas quand même pas la louanger non plus. À l'espoir de Neelahn, Thadea ne peut s'empêcher de froncer les sourcils.

- Tout dépend de quoi sont capable les bêtes de toutes les couleurs...

Oui, ne dit-on pas que les insectes les plus colorés sont les plus dangereux ? De toute façon, elle ne sait pas de quelles petites bêtes colorées parle Neelahn. Mieux vaut en avoir le coeur net. Elle s'essuie les lèvres du revers de la main et elle se lève. Fatal en main, Funeste au fourreau, elle se dirige vers l'extrémité de son cercle, sans le franchir. Elle plisse les yeux, mais ne voit rien.

- Je vais aller faire un tour de garde. Restes ici et rappelle ton chat, je ne tiens pas à le prendre malencontreusement pour cible.

Elle prit une branche enflammée et elle franchit son cercle.

Non, ce n'est pas seulement la forêt. Enfin si, mais il y a quelque chose, ou quelques choses... à moins qu'il y en ait plusieurs. Bref, c'est dans la forêt et ça fait des bruits qui ne disent rien de bon à Thadea. Elle préfère avoir le coeur net à savoir ce que c'est. Thadea se mit en marche tranquillement et s'enfonça un peu dans la forêt. La branche enflammée lui prodigue assez de lumière pour voir à quelques mètres. Oui, parce qu'il fait noir maintenant. Brusque trépigne et Thadea marche dans sa direction. Mieux vaut le détacher. Il sera plus utile libre que entravé.

- Parce que c'est plus prudent si tu restes ici.

Elle détache Brusque et elle le laisse aller. Il ne s'éloigne pas trop pourtant, il reste tout proche. Thadea marche dnas la noirceur, éclairée par les flammes de la torche qu'elle s'est fait avec la branche et elle tente de percer l'obscurité. Elle entame une ronde autour du camp, les nerfs à vif, sur ses gardes. Elle ne voit pas ce qui peut provoquer ces bruits, mais mieux vaut les trouver avant qu'ils ne passent à l'attaque. Au moins elle saura contre quoi elle doit se battre. C'est toujours préférable. Elle a certes quelques idées de ce qui se cache, mais tant qu'elle n'en aura pas la certitude, elle préfère envisager un peu tout.

- Oui, c'est un bon chat, ça...

Elle aimerait bien que l'elfe se taise un peu, question qu'elle entende ce qui pourrait approcher. Mais l'elfe est très volubile. Ce qui n'est pas très prudent la nuit en forêt. Thadea se demande bien comment elle a survécut jusque là. Elle n'a pas le temps de réfléchir plus à fond à la question parce que l'elfe quitte soudainement la protection du cercle et elle informe de son idée de se joindre à elle.

- Non ! Tu reste dans le cercle ! Si tu veux te rendre utile, tire sur ce qui tentera de me sauter dessus. Et j'aimerais bien que tu ne me tires pas dessus si possible.

Oui, ça pourrait être pratique d'avoir une archère pour empêcher quoique ce soit de lui sauter dessus. C'est elle qui saute sur les gens par surprise, pas l'inverse. L'inverse ne lui plaît jamais. Elle a l'impression de s'être fait avoir, d'avoir un net désavantage quand elle n'a pas l'effet de surprise à son avantage. Elle poursuit son avancée autour du camp, cherchant à trouver le moindre indice de ce qui les espionne.

Oh... heureusement que Neelahn a déterminé que l'idée de tirer sur ce qui bouge et qui n'est pas eux est une bonne idée. Thadea aurait détesté avoir l'elfe sur les talons. Des plans pour qu'elle éventre l'elfe plutôt que ces trucs qui s'acharnaient à rester invisible et à lui taper sur les nerfs. Oui, mieux vaut que l'elfe à un endroit que Thadea sait qu'elle y est. D'ailleurs, l'idée serait que son tigre fasse de même. elle et Brusque ont l'habitude de bosse ensemble, mais un tigre... m'enfin, elle fera un minimum attention, mais faudra pas se plaindre si elle blesse le tigre.

- Non, je ne vois rien...

Il fallait être franch tout de même. Elle ne voyait effectivement rien du tout. Elle poursuit donc sa ronde autour du feu, scrutant les ténèbres. Elle a l'impression que comme les grillons, ce qui fait du bruit un peu partout cesse d'en faire aussitôt qu'elle se rapproche assez pour que la lumière l'éclaire. C'est désagréable de ne rien voir de menaçant, mais de le sentir si près. Elle aime savoir contre quoi elle se bat et aussi contre quoi elle va peut-être se battre. Et là, elle ne voit rien, elle ne sait même pas si c'est gros. Ça ne doit pas être si gros, autrement, elle aurait vu quelque chose. N'est-ce pas ? Et pourquoi ça n'attaque pas, hein ? Elle se balade depuis assez longtemps, ça devrait attaquer, qu'elle puisse en tuer un pour ensuite menacer les autres du même sort. Elle adorait faire ça.

quelque chose lui frôla la nuque, elle se retourna d'un bon, prête à asséner un coup de grâce. D'ailleurs, c'est ce qui serait arrivé s'il y avait eu quelque chose à hauteur d'homme. Mais non, il n'y avait rien, jusqu'à ce qu'elle entende Neelahn demander si elle l'a eu. Un rapide regard autour et elle voit effectivement la flèche.

- C'est moi que tu visais ?

Mais non, elle aperçu un tremblement au bout de la flèche. Neelanh avait effectivement touché quelque chose. Thadea s'en approche avec précaution. On n'est jamais trop prudent. Elle regarde ce qui s'agite encore un peu, une flèche à travers le corps.

- Ouais, tu l'as eu... je sais pas ce que c'est... ça ressemble à un gobelin... mais c'est pas un gobelin... ou alors ils ont une drôle de tête ici...

Elle n'a pas fait exprès ? Heureusement. Et heureusement beaucoup plus qu'elle ne l'a pas touché, parce que c'est la dernière chose qu'elle aurait fait de sa vie, sauf peut-être hurler en voyant approcher Thadea. Mais bon, ça n'était pas le cas. Thadea ne va pas la tuer ce soir. Enfin, pas pour le moment. C'est supposé être une bonne nouvelle. Thadea examine encore la créature quand elle entend Neelahn approcher. Elle soupire. Ne lui a-t-elle pas dit de rester dans le cercle ? Personne ne l'écoute jamais. Elle espère juste que l'elfe sait se défendre si jamais ces choses tapies dans l'ombre décident d'attaquer. D'ailleurs, Thadea s'étonne qu,il n'y en ait qu'un seul de visible.

- Il avait qu'à se montrer avant, dit Thadea, sans aucune pitié dnas la voix.

C'est moche ce truc de toute façon. Au moins, un gobelin, elle sait qu'elle doit les tuer. Ces trucs là, elle ne sait même pas c'est quoi au fait. Des gobelins elfiques, peut-être... elle ne sait pas trop, mais mis à part l'apparence, ils sont trop fancy pour être des gobelins. Thadea ne peut s'empêcher de dissimuler un sourire. Bon sang, c,est vraiment une elfe. Les elfes avaient l'habitude de ne tuer que ce qu,ils mangent. Mais bon, c'était qu,une rumeur, parce qu'il n'était pas question qu'ils mangent des humains ou autre. Les Siderea ne sont pas si chatouilleux au sujet de la source de leur viande, mais ils tuaient beaucoup pour rien, il faut l'avouer.

- L'enterrer ? Nan, donne-le à ton tigre, c'est pas à ça qu'il sert ?

Brusque, lui, reniflait la créature avec intérêt avant qu'elle ne bondisse et disparaisse dans les buissons, disparaissant trop vite pour qu'il ne se rende pas invisible. Il fait trop sombre pour suivre la flèche des yeux. Ce qui saisit Thadea, ce n'est pas tant la bête qui échappe à un coup de Funeste, mais le cri de Neelahn qui se répercute entre les troncs et qui renvoie un écho. Vraiment, c'est une excellente idée, ça, de hurler comme ça. Avec de la chance, elle va rameuter des voleurs. Au pire, ce sera pire. Peut-être que de partager la nuit avec Neelahn n'était pas une si bonne idée.

- Je me demande si son agonie sera longue avec une flèche en plein ventre. Elle se relève. Avec de la chance, ils auront comprit, s'il y en a d'autres, qu'il est plus sage de ne pas se montrer et de rester loin d'ici. Elle revient sans se presser vers le feu. Tu sais ce que c'était cette créature ?

Tout ce que Thadea sait sur cette bestiole, c'est que ça ressemble à un gobelin version elfique et que c'est vachement résistant, puisqu'il s'est tiré avec une flèche en travers le corps. Ce qu'elle craint maintenant, ce n'est pas l'agonie du truc, mais bien que sa famille, ses mais, ses connaissances et les amis de ceux-ci débarquent pour leur faire leur fête. S'ils sont doués d'intelligence, elle n'aura qu'à prétendre que la flèche a été tirée par Neelahn. C'était vrai de toute façon, et avec les grands yeux de l'elfe, si elle les mouille un peu, elle arrivera sans doute à se tirer de ce mauvais pas.

- Oui, joli...

Bizarrement, Thadea préfère savoir à quelles créatures elle a à faire plutôt que de les trouver jolies. Selon Thadea, c'est nettement plus utile de le savoir. Mais ça, elle ne le sait pas. Il faut dire que dans la forêt des illusions, les créatures ressemblent à ce qu'on veut, ou pas, qu'ils ressemblent. Du coup, Thadea se dit que c'est surement ça. Ça ne l'étonnerait pas qu'elle ait elle-même pensé aux gobelins, que ça l'agacerait vachement s,ils se faisaient attaquer par des gobelins. Mais pour l'idée que cette créature ait des ailes de libellules et des plumes sur la tête, elle se peut nier que ça doit être la version de Neelahn.

- Oui, des figues, pourquoi pas.

Ça lui est égale en fait. Elle ne mange pas souvent de dessert. Elle mange la plupart du temps ce qu'elle trouve ou ce qu'elle a déjà en main. Alors le dessert, c'est pas sa priorité. Mais bon, pourquoi pas, de toute façon, elles vont poireauter toute la nuit. Thadea tente d'entendre les bruits qu'elles entendaient avant, mais tout est vraiment silencieux. Même les grillons se sont tut. Elle ne sait pas trop si c'est une bonne nouvelle. Ils préparent peut-être à une attaque. Elle préfère quand même croire qu'ils se sont tirés, mais elle reste sur ses gardes. Elle se rassoit et elle avive les flammes. Ne jamais laisser mourir le feu. Surtout pas elle.

- Tu peux dormir, je vais surveiller.

Brusque apparait soudainement des fourrés et vient s'installer juste derrière sa maîtresse. Il se couche sur le sol et Thadea se cale contre lui. Thadea compte toujours beaucoup sur Brusque pour faire la surveillance. Il ne rate pas grand chose en frais de sons et d'odeurs.

Pas la peine de surveiller ? Non, c'est une très mauvaise idée. Relâcher sa vigilance est un signe de faiblesse et surtout très négligent. Comment survivre si on relâche son attention sur ce qui nous entoure ? Même les animaux ne relâchaient pas leur attention. Les animaux qui ont cette faiblesse ne survivent pas longtemps. Thadea Ne relâche que très rarement son attention sur son environnement, sauf peut-être chez elle. Mais encore là, relâcher son attention au Château Abandonné peut être tout aussi fatal qu'ailleurs. C'est vital pour un aigrefin de rester attentif, parce que l'un de leur passe-temps préféré est de se bouffer entre eux.

- Hum...

Peu importe ce que peut en penser l'elfe, elle surveillera cette nuit. De toute façon, seule, elle l'aurait fait. Elle se fie surtout sur Brusque pour la surveillance, mais elle ne dort jamais beaucoup. Elle se contente de somnoler la plupart du temps et de rester attentive aux son qu'émet Brusque. S'il devient tendu, elle se réveille aussitôt. Elle passe plus de temps avec Brusque qu'avec quiconque d'autre. Brusque a beau être une bête sauvage, agressive et avec un sale caractère, Thadea sait pourquoi Lilura Psitta, son aïeule, était si attachée à cette bête.

Elle laisse Neelahn s'installer pour la nuit, sans dire un mot. Elle n'en a pas le temps de toute manière, parce que l'elfe se couche, se couvre de sa couverture et semble s'endormir aussitôt. Eh bien, en voilà une qui ne souffre sans doute pas d'insomnie. Tant mieux pour elle. Thadea et Brusque observent le tigre qui prend un moment avant de s'installer confortablement. Brusque est beaucoup moins maniéré, il s'est installé pour dormir semble-t-il. Il semble moins craindre le tigre que le tigre le craint. C'est possible, parce qu'il est rare qu'un cheval sente autant le carnivore. Le tigre doit avoir du mal à le discerner. C'est presque amusant.

Ce qu'elle fait ici ? Ah, tiens, elle ne dort donc pas ? Il faudra que Thadea se méfie, si elle fait si rapidement semblant de dormir, elle devra prendre garde, c'est louche. Mais en même temps, même si c'est louche, pourquoi vient-elle de se vendre ? Décidément, cette elfe est difficile à cerner. Thadea se demande si Neelahn fait exprès pour être si naïve ou l'est-elle vraiment ? C'est difficile à dire. Elle joue bien son jeu. Ou alors elle est vraiment aussi innocente qu'elle en a l'air... c'est presque déprimant tant d'innocence chez une elfe.

- Je traverse la forêt d'Illusion pour atteindre l'autre côté.

Pour quelle autre raison pourrait-elle traverser la forêt ? Personne n'aime vraiment s'attarder dans la Forêt d'Illusion.

Hum… « l’autre côté »… C’était assez imprécis. Cela dépendait dans quelle direction allait la guerrière. On pouvait aller à plusieurs endroits en « traversant » la forêt d’illusions. Neelahn n’avait pas testé tous les chemins. En réalité, elle ne connaissait que celui qui menait à la forêt. Et encore. Il lui arrivait souvent de se perdre dans cette forêt et elle mettait parfois plusieurs jours avant de retrouver son chemin.
Mais bon. Thad’ ne semblait pas vouloir lui en dire plus. Peut-être était-elle en mission secrète pour un roi très important ? A cette pensée, elle ne put s’empêcher de sourire. Puisque c’était comme ça, elle ne lui demanderait plus rien sur le sujet !

« Bon, ok, ça me va. » dit-elle pour faire comprendre à Thad’ qu’elle respectait le fait qu’elle soit en « mission ».

Bien entendu, la guerrière ne lui avait pas dit une seule fois qu’elle était en mission. Neelahn s’était fait sa propre déduction toute seule. Et puis, en même temps, ça crevait un peu les yeux. La femme chevauchait une monture solide, elle avait sur elle une armure capable de résister à tous les coups et pour couronner le tout, elle avait sur elle une arme effroyable. Elle avait donc l’arsenal complet de celui ou celle qui partait en mission. C’était sûr !

Songeant à cela, Neelahn eût bien du mal à s’endormir. Une multitude de questions envahissaient son esprit. Comment les missions se passaient-elles ? En quoi consistait celle de Thad’ ? L’elfe aurait tellement voulu le lui demander mais elle savait que la femme serait sans doute dans l’incapacité de lui répondre. Elle avait sûrement dû promettre à son « roi » qu’elle ne dévoilerait rien à personne, même si on la torturait ! Ah ! ce que l’elfe admirait cette guerrière ! Mais la druidesse réalisa alors une chose : peut-être que Thad’ était en mission et elle ne savait pas elle-même en quoi cela consistait ? Neelahn avait déjà entendu ce genre de chose. Des gens partaient en mission, sans savoir ce qu’ils devaient faire. Il fallait se rendre sur le lieu pour tout découvrir. Ah ! Comme tous ceci semblait trépidant !

Et alors qu’elle pensait à tous ceci et qu’elle se faisait de formidables scènes de combat dans sa tête, Neelahn finit par fermer les yeux et cette fois-ci, elle s’endormit pour de bon. Elle rêva de petits lapins habillés de cote de mailles, pourchassant un essaim de papillons aux ailes tranchantes comme la lame de Thad’. L’elfe était le capitaine de cette armée de lapins et hurlaient aux escargots de tirer sur l’ennemi avec des trèfles à quatre feuilles…

« Dépêchez-vous de renverser du miel pour désorienter les libellules… »marmonna-t-elle dans son sommeil

Thadea s'attendait à ce que Neelahn pose des questions, pour en savoir plus, mais à sa grande surprise, elle acquiesce et n'insiste pas. Thadea attend quelques secondes qu'elle finisse par insister, mais après un moment, elle en déduit que ce n'est pas le cas. Thadea se demande bien ce que peut penser Neelahn de cette réponse si évasive. Ça n'a rien d'une réponse pour renseigner l'elfe et Thadea trouve étrange que l'elfe s'en contente. Elle lui semblait si curieuse de tout savoir. Elle finit par en déduire que l'elfe s'en fiche au final. Ou alors qu'elle y reviendra plus tard. Avec Neelahn, ça semble plausible.

Thadea a dit qu'elle ferait la garde cette nuit, mais habituellement, c'est Brusque qui le fait. Mais pour le moment, Thadea ne s'endort pas. Elle passe un moment à regarder autour, puis, machinalement, se met à jouer avec le feu. Elle reste aux aguets pur ne pas qu'elles se fassent surprendre par quoique ce soit. Les bestioles gobelinesque ne semblent pas se repointer. Neelahn s'agite un peu dans son sommeil. Thadea y jette un oeil. Elle dort encore. Elle doit rêver, pense Thadea. Pensée qui se confirme lorsque Neelahn ordonne de renverser du miel pour désorientes des libellules... bon sang, elle est franchement bizarre cette fille... pas étonnant qu'elle parle de bêtes multicolores. Thadea sourit et revient sur les flammes.

Agitant les doigts, elle fait s'envoler un oiseau de feu, avant de s'attaquer à d'autres petits oiseaux, puis des chevaux et enfin des silhouettes humanoïde. Mais elle se lasse rapidement de tout ça. elle finit par s'appuyer contre Brusque et elle ferme les yeux. Neelahn dort de toute façon. Elle peut bien dormir un peu aussi. Elle se réveillera de toute façon aussitôt que Brusque aura un geste. Brusque ne dormira pas, lui. Elle le sait bien, il ne dort presque jamais. Il n'a pas vraiment besoin de dormir, contrairement à elle. Elle écoute les respiration de Brusque et s'endort aussi. Pas trop dur par contre. Il faut rester prudent. Elle s'installe dans une somnolence réparatrice.

...

C'est le gazouillis des oiseaux diurnes qui la réveille. Elle ouvre les yeux et regarde autour. Brusque tourne vers elle un regard matinal. Elle s'étire et jette un coup d'oeil à l'elfe. Celle-ci semble dormir encore. Il fait sombre, c'est compréhensible. Elle jette quelques branches et ravive le feu. Ça jettera une faible chaleur pour faire disparaitre l'humidité de la nuit. Thadea se lève et roule sa couverture, et la fourre dans une des sacoches de Brusque. Ce dernier semble vouloir paresser un peu car il reste sagement couché tandis que Thadea se lève pour aller faire une petite ronde matinale.