Il était l'heure de quitter enfin Naturalia pour rejoindre Bénécius. Durant son escale dans cette région, il avait apprit beaucoup sur lui même. Notamment auprès de Miranda qui lui avait fournit une piste sérieuse sur comment retrouver sa mémoire perdue. Fort de tout ces enseignements donc, il s'était aventuré dans la Forêt qui faisait la frontière entre les terres bénéfiques et les terres neutres. Les bois étaient sombre contrairement à ce qu'il aurait pu en penser avant d'y pénétrer...

Oh rien de lugubre, juste recouvert d'épaisses cimes qui formaient une voute impénétrable ou presque pour l'astre solaire. Les sous bois eux, étaient frais et paisible. On était loin du tumulte des alentours de la cité neutre ou même de ses places bondées de monde. Non, à part quelques lianes qui entravaient son chemin de temps à autre, c'était calme et serein... Mais pour combien de temps ? Avec la malchance maladive de Cirdan... Rien n'était plus sûre...

Se faufilant quand même tant bien que mal entre les arbres aux troncs immenses, il put entendre alors de très légers bruissements. Il se doutait bien de ce que cela pouvait être... Soit des animaux, soit des Druides sous forme animal...Ce qui revenait au fond au même, non ? Avant de partir, il s'était légèrement renseigné sur le chemin à suivre, c'est là que son informateur l'avait mit au courant des activités druidiques de la forêt...

Il espérait juste ne pas rencontrer Neelahn. Il ne s'était pas encore remit de leur rencontre et pourtant, cela faisait bien plusieurs jours. Il faut dire qu'elle avait mit sa patience à très rude épreuve, à tel point qu'elle avait été bien la seule, depuis longtemps, à lui faire perdre son sang froid aussi facilement... Il ne voulait certainement pas la rencontrer ici, ça non ! Aussi, à entendre ces bruits suspects, comme légèrement traumatisé par le caractère de l'elfe, il pressa le pas, voulant éviter tout contact avec eux si c'était eux bien sure. Si jamais ils étaient tous comme elle, vous vous rendez compte ?

Bien vite, les bruits s'atténuèrent et le Nomade pu reprendre une marche normale à travers la forêt dense... Il se demandait quand est-ce qu'il allait pouvoir en sortir... Surement pas tout de suite... En effet...

Plusieurs jours passèrent de marche et de repos, le tout s'alternant sans vraiment en voir le bout du tunnel. Il espérait pouvoir sortir de cet enfer vert qui n'avait de cesse de lui rappeler la Druidesse de son cœur enfin de son cœur, de ses cauchemars plutôt. Il n'arrêtait pas de penser à elle depuis qu'il était entré dans cette satanée forêt... Il finit par s'arrêter une nouvelle fois pour prendre du repos.

Il devait être aux environs de midi quand son ventre et celui de son serpent se mirent à crier famine... Mais dans sa besace, il ne restait plus grand chose. Le demi-elfe n'avait pas prévu que le voyage serait aussi long... Ils ne leur restait plus qu'un maigre butin et sans savoir si la route était encore longue, l'angoisse s'empara du Nomade... Puis repensant calmement, il se dit qu'il n'aurait qu'à chasser et le tour serait joué....

C'est alors qu'il se mit en chasse de gibier. Avec une épée, cela promettait d'être délicat mais... Avait-il le choix. Pas de corde pour faire de pièges, la forêt n'était à cet endroit plus de liane mais de buissons touffues... Allait-il tomber sur quelqu'un ou quelque chose dans cette immense étendue de verdure ? Se déplaçant dans les fourrés, il scrutait le moindre signe de vie, le moindre vent suspect...

C'est une journée ensoleillée et au soleil chaleureux, mais sous le couvert épais des arbres, tout reste un peu sombre et surtout, tout reste humide. L'air, le sol et la mousse sur les roches. C'est tout de même bien plus confortable ici que hors de la forêt. Parce que sous l'armure, le soleil est cuisant. Brusque pense la même chose et c'est pour cette raison qu'il a refusé de mettre un sabot dans les Plaines dévastées en matinée. Thadea s'est dit qu'une excursion en forêt ne lui fera pas de tort. Respirer l'air sains de la Forêt, c'est toujours une bonne idée avant de traverser les Plaines Dévastées. Elle peut bien attendre la tombée de la nuit pour traverser. Elle n'a pas de comptes à rendre avant quelques jours, c'est donc pas une journée qui fera la différence. De toute façon, y a rien de mieux pour se ressourcer que de passer du temps en forêt avec Brusque. Le cheval est un très agréable compagnon quand il n'y a personne d'autre autour.

Brusque n'est pas très chargé, deux sacoches, un caparaçon, le chanfrein et c'est tout. Elle non plus elle n'est pas très chargée. Elle porte son armure légère. Pas la peine de s'encombrer pour rien quand on n'a rien de spécial à faire. Et puis Brusque a beaucoup plus de plaisirs à galoper dans les sentiers quand il n'a pas de surpoids. Et puis, pour elle aussi c,est plus agréable. L'armure lourde, c'est d'un tel encombrement. Et puis bon, l'armure lourde, comme ça le dit, c'est lourd. Quand ils s'arrêtent, le soleil est déjà haut dans le ciel. Elle met pied à terre et elle retire les sacoches de Brusque. Elle le laisse filer, quelque temps. Elle trouve un cours d'eau et remplit sa gourde. C'est toujours une bonne idée d'avoir une gourde pleine. Elle s'assoit un moment et savoure la solitude de la forêt. Ce n'est pas parce qu'elle est aigrefine qu'elle n'est heureuse que lorsque la cacophonie de la bataille fait rage. Non, Thadea aime bien le calme et la tranquillité.

De son côté, Brusque, les naseaux au sol, semble flairer quelque chose d'intéressant. Brusque a un petit creux et il cherche à se rassasier. Une carcasse ferait bien l'affaire, mais ce qu'il flaire est bien vivant. Au pas, il se dirige à l'endroit où il flaire quelque chose de délicieux. Un humanoïde. Pour l'animal anthropophage, un elfe ou un humain, c'est pareil. Même les démons, c'est toujours mieux que de l'animal. Brusque suit l'odeur et finit par voir l'objet de ses désirs gourmands. Brusque se fait aussi discret qu'un prédateur. Ce qui, pour un cheval, est difficile à admettre, mais c'est bien le cas. Il attend sans bouger que sa proie à sa portée, puis ils bondit à travers un buisson et il s'élance.

Le chasseur chassé, vous connaissez ? C'est un principe très simple qui consiste à être chassé alors que l'on chasse soit même. Une sorte d'application spéciale et barbare de la loi du plus fort : si le chasseur n'est pas assez fort ou méfiant, il est lui même chassé et devient la proie. C'était un peu le cas cette fois-ci...

Le Nomade ne tarda pas à voir une masse informe ténébreuse passer au dessus de lui. Vu de dessous, il ne reconnu pas quel animal c'était. Il faut dire qu'il avait été surpris alors que c'était lui croyait surprendre... L’arroseur arrosé en plus d'être le chasseur chassé... quoi que cela revenait au même en fin de compte. Par réflexe, Cirdan avait cependant brandit son arme en direction de la silhouette qui lui faisait face.

La bête était étrange, un cheval. Que diable faisait un cheval comme lui, ici. Il n'avait pas l'air comme les autres d'ailleurs. Il avait un petit air agressif qui ne plaisait pas tellement au demi-elfe, pareil à une bête sauvage en quête de chaire fraiche. D'ailleurs pour un équidé, c'était d'autant plus étrange... La confiance n'étant largement plus au rendez-vous, il tint sa lame en direction de l'animal, le tenant en joue au moindre mouvement de sa part...

La seule chose qui retint l'attention du semi-être fut en particulier la bride que la créature portait encore sur son crâne. Cela voulait-il dire qu'elle appartenait à quelqu'un ? Mais qui donc aurait un tel animal comme compagnon ? Remarque, Cirdan n'était pas bien mieux loti avec son animal de compagnie, un Cobra Royal, il fallait bien avouer que c'était loin d'être courant... Gardant sous la menace de sa lame l'animal qui avait tout intérêt à ne pas avancer, vu l'agilité que Cirdan avait du fait de son accoutrement sans réelle armure, il recula légèrement cependant avant de vociférer à travers le désert de verdure.

« Hey ! Le proprio ! Si tu m'entends, rappel ta bête avant qu'il arrive un incident fâcheux ! »

Il ne savait pas si son message porterait jusqu'à celle à qui appartenait cette bête. Mais il ne quitta pas le défi du regard de l'animal. S'il reculait encore plus, il ferait montre de faiblesse face à elle et ça, il n'en était pas question. Ainsi, Cirdan fit un pas en avant à nouveau se tenant prêt à en découdre, solidement en garde.

Le vent dans le même temps commençait à se lever comme s'il suivait l'aiguisement de l'esprit du Nomade des Vents. Était-il déjà tant en symbiose avec cet élément majestueux et impétueux. Les bourrasques baignaient l'air entre le cheval et son opposant. Leur deux crinières volant au vent. Quand l'on y regardait de plus près... Il y avait un contraste saisissant entre la clarté de Cirdan et l’obscurité de Brusque, si affectueusement nommé...

Brusque se retrouve face à une proie armée. Bon sang, pourquoi les proies sont toujours armées ? Avant, c'était pas comme ça. Dans les marécage, quand il était jeune, les gens n'étaient pas si toujours si prêt à se servir de leur arme. Il faut dire qu'il était souvent le dernier espoir de bien des gens dans les marécages. Mais malheureusement, ça n'est plus le cas. Les temps changent et c'est choquant. Oui, bon, c'est pas exactement ce que pense Brusque, parce que c'est un animal après tout, mais il sait très bien reconnaitre que ce que tient sa proie, ça fait mal s'il s'en sert. Il voit beaucoup de gens en porter et il sait ce que ça ait aux autres, du coup, c'est dangereux, il le sait. Mieux vaut s'assurer qu'il ne s'en serve pas. Et Brusque connait la technique. Il la connait par coeur. Il la connait d'instinct puisque c'est ce qui lui permettait de survivre avant qu'il ne tente le coup sur une certaine Lilura Psitta. Brusque cesse d'avancer et piaffe sur le sol. Il observe Cirdan d'un oeil attentif avant de souffler. Il renâcle un peu, mais ne bouge pas, sauf pour étirer le cou, doucement, humant, semble-t-il, l'odeur de Cirdan.

Il pousse une hennissement plaintif et fait quelques pas à reculons avant d'en refaire la moitié par devant. Il s'ébroue et recule encore, comme s'il craignait l'arme. Il piaffe et renâcle, avant d'avancer d'un pas ou deux. Et là, il se couche devant Cirdan et renifle le sol, l'air de rien. Il est peut-être perdu, non ? Visiblement, il soit avoir un cavalier, il st bridé. Mais où est son cavalier. Il n'a pas répondu à l'appel de Cirdan. Ce cheval est peut-être perdu. Son cavalier est peu-être mort. Il se passe toute sorte de choses dans la forêt. Et des choses tragiques.

Brusque finit par se relever et il émet un autre hennissement plaintif.

Voilà que le cheval faisait un drôle de manège. Cherchait-il à déstabiliser le Nomade d'une quelconque manière ? Visiblement, c'était raté si c'était la tactique du canasson. Mais plus étonnant quand même fut qu'il avait agit de lui même sans cavalier. D'ordinaire, de tels manœuvres étaient orchestrées par des cavaliers avec une certaine expérience et maitrise du cheval...

Ne perdant rien cependant de sa superbe, le Nomade regardait l'équidé de face, sans prendre un seul mouvement de recul. Il le défiait jusqu'au bout, même après moult manœuvres d'intimidation de l'animal. Voir même le semi-elfe resserrait ses poings sur sa garde comme s'il s'attendait à un coup sournois. Il ne perdit pas non plus l'attention sur les alentours. Si le maitre arrivait ou s'il se faisait attaquer en traitre par lui, il se tiendrait prêt également...

Il reposa alors la question à haute et intelligible voix. Si personne ne lui répondait, il pensait finir par attaquer le cheval ou alors ce serait lui qui serait attaqué... Le résultat serait le même surement un des deux ou peut-être les deux ou aucun ne s'en sortirait indemne.

« Hey, y'a quelqu'un ? J'voudrais pas faire du mal à cette bête inutilement! Une monture comme ça, ça se sacrifie pas ! »

Il se demandait quel abruti avait bien pu laissé le canasson sans surveillance et se balader seul dans la forêt ou même l'avoir laissé s'enfuir sans tenter de le rattraper. Il fallait vraiment ne pas avoir de suite dans les idées... Si seulement il avait su à qui appartenait cette monture, il n'aurait pas émit un jugement aussi hâtif... Mais qui savait à combien de là Thadea se reposait et prenait un « bain de soleil ».

Les deux restèrent comme cela à se regarder de longues minutes, pas un ne voulait lâcher du terrain sur l'autre, il n'en était pas question. La prise ferme sur son sabre commençait à lui peser sur le bras, une crampe se fit bientôt sentir alors que l'animal ne paraissait pas s'épuiser le moins du monde. Il sentait une chose de spéciale chez Brusque, quelque chose de non commun. Daigho quand à lui n'osait sortir, les ruades de chevaux étaient une de ses grandes phobies, pas question de se risquer en dehors de la tunique de son maitre...

« HEHO » Finit-il alors par hurler, perdant momentanément son calme. Il ne comptait pas rester faire face à son assaillant pendant des heures ainsi... Ca non !

Pourtant, le cheval ne semble pas non plus enclin à céder du terrain. Bien que son arrivée fut fracassante que que sa taille impressionnant en impose, il n'est qu'un cheval, non ? Certes, il a tenté de chasser Cirdan, mais qu'est ce qu'un cheval pourrait y faire, sauf peut-être piétiner quelqu'un. Les chevaux se sauvent habituellement non ? Mais le cheval se retrouve face à une arme. Il a tenté d'amadouer sa proie, mais rien n'y fait, celle-ci ne baisse pas son arme et reste menaçante. Brusque ne va quand même pas lui tourner le dos, n'est-ce pas? Brusque ne tourne jamais le dos à son opposant, sauf pour l'ignorer et lui faire valoir toute son insignifiance. Mais ce type là est armée.

Brusque a un sale caractère et il est plutôt obstiné. Enfin, très obstiné et en particulier avec les étrangers. Et habituellement, les potentielles proies sont des étrangers. Hum, jadis il se nourrissait de proies. Maintenant, la plupart du temps, il se nourrit de victime. C'est presque pareil, mais ce sont surtout les victimes de Thadea et non les siennes. Quand Cirdan se met à crier, le cheval l'imite et hennit à son tour, en secouant la tête, comme s'il le narguait. Il le nargue sans doute, Brusque est un cheval d'aigrefins. Oui, Brusque est vraiment une bête détestable. Il piétine et il piaffe, visiblement aussi agacé que Cirdan. Allez, petite proie, laisse-toi faire ! Ça ira très vite si Cirdan est coopératif.

Cirdan hurle une seconde fois et encore, l'étalon se moque de lui en poussant un hennissement aigu. Cette fois, il ce cabre même un peu pour retomber lourdement sur le sol et piétine l'humus humide de la forêt. Oui, ouvertement, il se moque de Cirdan et ils ne sont que tous les deux semble-t-il. Le cheval recule de quelques pas et se met à tourner autour de Cirdan, en trottinant, à distance prudente, l'air joyeux semble-t-il. Une proie pour lui tout seul. une proie qui ne sera pas attendrie d'abord par les poings des aigrefins. Une proie qu'il aura chassé et piégé tout seul ! Quel bonheur !

Le cheval tournait autour de lui. Cirdan ne le perdait pas une seule seconde des yeux. Il ne savait que trop bien que les animaux ont tendance à être encore plus vif et imprévisible que les hommes. En effet, il avait pu en faire l'expérience à maintes reprises dans le désert durant ses années de vie là bas. Ça pour le comportement des bêtes, il en savait un rayon et le comportement de prédation du cheval, il l'avait déjà flairé depuis longtemps.

Mais plier face à un cheval, ce ne serait pas digne d'un guerrier Odarum. Il ne pouvait s'autoriser à perdre qu'en duel contre un autre humain, pas contre un animal. Soufflant nerveusement, il commençait à avoir la tête qui tournait à force de suivre l'équidé des yeux et surtout de se concentrer pour ne pas perdre un seul mouvement qui aurait pu être fatal. Il décida alors qu'il était peut-être temps pour lui de passer à l'offensive plutôt que de rester passif, l'arme braquée sur la créature.

Soudain, alors que le Nomade se concentrait, un vent violent commença à remuer l’humus au sol. Le faisait voltiger violemment dans les airs. Jusqu'à arriver à la gueule de la monture et plus particulièrement ses yeux. Profitant de la diversion, Cirdan se glissa contre un arbre et disparu littéralement. Il venait de se dissimuler contre lui. A présent, il avait l'avantage de la surprise. Ne faisant plus aucun bruit, il guettait alors les réactions de l'animal face à cette supercherie.

Daigho quand à lui, avait flairé aussi le bon plan et avait glissé le long de l'amnésique pour se glisser à son tour dans les buissons, devenant invisible sans même utiliser son pouvoir tellement la forêt était dense autour d'eux.

Apparemment la maitresse ne viendrait pas, ce n'était plus la peine que le voyageur du désert s'égosille à l'appeler à tort et à travers... C'était à présent entre lui et Brusque et rien qu'entre eux deux... Mais au grands maux, vu la taille de l'animal ça l'était, les grands remèdes...

Ce fut encore au tour de Cirdan de jouer. Se concentrant sur l'air ambiant, il commença à souffler doucement, presque imperceptiblement. Une autre de ses capacités qu'il n'utilisait que très rarement. Le désert avait en effet une atmosphère déjà suffocante mais, le souffle ardent des nomades était réellement utile... C'est ainsi que la température autour du cheval se modifia jusqu'à devenir étouffante, un vrai saunât. L'animal allait-il résister bien longtemps, allait-il fuir ? Ou avait-il une parade ? Même la bride devenait légèrement brûlante sur sa gueule.

Oui, il ne fallait pas provoquer trop l'homme-elfe, sinon, on finissait par le trouver et quand on finissait par le trouver... Et bien il se passait ce qu'il se passait en ce moment avec Brusque. Enfin, le cheval allait surement s'en sortir d'une quelconque manière bien que l'air était devenu presque irrespirable tellement il était chaud... Encore que, avait-il peut-être été habitué aux fortes chaleurs du feu de Thadea... Mais ça, le Nomade n'en savait rien... Il se contenta simplement de maintenir la température très élevée en continuant à souffler doucement...

Allez, bouge gentille proie. Brusque continue de trottiner autour du nomade et à piaffer. Il renâcle allègrement et secoue la tête. C'est un cheval très provocateur. L'oreille droite bouge, il vient de capter un sifflement au loin, très faiblement. Mais il n'a pas encore terminé avec ce type. Il veut y goûter. Et peut-être le ramener à Thadea. Ça lui ferait une belle surprise, non ? Avec peut-être une jambe en moins, mais il sait que Thadea n'aime pas trop cette partie. Elle préférai taper sur la gueule habituellement. De toute façon, elle ne les mange même pas, alors il peut bien lui bouffer une cuisse avant de le lui rapporter. Tout ça est très amusant, ça fait longtemps qu'il ne s'est pas amusé comme ça, tout seul. Tout seule avec sa proie.

Mais les choses se corsent quand le sol autour de lui se met à voler. Les kelpies comme Brusque vivent habituellement dans les marécages. Ils flottent entre deux eaux, jusqu'à ce qu'ils choisissent une proie et qu'ils effectuent une folle course et entraîner leur proie dans le fond du marais. Évidemment, lorsqu'ils sont sous l'eau, ils ne ferment pas les yeux. Une membrane transparente vient plutôt couvrir leur oeil pour éviter de se mettre pleine de trucs dans les yeux. Tout de même, tout ce vent, c'est désagréable, ça repousse le sifflement strident qui semble tout de même moins loin qu'avant, quoique avec le vent qui le porte ailleurs, difficile d'en être certain. Et puis sa proie vient de disparaître. Et ça, ça le met en rogne. Il sait qu'il n'est pas loin, il le sent. Brusque trottine encore un peu, passant là où était Cirdan quelques secondes avant, avec un grand coup de tête.

Contrarié de n'avoir rien touché, il rue dans l'arbre le plus proche, à hauteur de poitrine. L'arbre oscille dangereusement et le tronc est admirablement renforcé. Voyant que ça n' pas fonctionné, il rue dans l'arbre suivant avant de commencer à sentir la chaleur étouffante. Il n'y réagit pas vraiment au début, puisqu'il est habitué à la chaleur avec Thadea. Il se met donc à trotter en rond, cherchant à s'éloigner de cette chaleur désagréable. Mais du coup, ça le met en rogne et il se déchaine, ruant das le vide et émettant des hennissements stridents, presque surnaturels. Par contre, c'est nettement plus de la frustration que de la panique. Mais bientôt, il se calme, parce qu'il commence à suffoquer. Sa respiration devient haletante.

Ainsi donc, le cheval était résistant à la plupart des stratagèmes de Cirdan. Qu'à cela ne tienne, il utiliserait autre chose. Mais dans le moment présent, il était plutôt occupé à passer d'arbre en arbre pour essayer d'éviter de se faire broyer contre l'un d'eux. Et quand l'animal arrêta alors il pu souffler un peu. La chaleur suffocante avait finalement eut raison de l'agitation de l'animal... Enfin pour le moment, il ne défonçait plus des arbres et haletait, il y avait donc du progrès.

Le Nomade, en tout connaissance de cause, continua à exercer sa chaleur contre le cheval. Mais celle-ci ne durant pas très longtemps, elle commença légèrement à se dissiper. L'équidé pouvait alors ressentir la température redevenir petit à petit normale. Le demi-elfe, conscient de cet état de fait, resta bien planqué derrière son arbre, qui était à deux rangés d'arbre plus loin que ceux qui entouraient le kelpie.

Observant l'animal de loin donc, il le vit continuer sa ronde funeste en ronds concentriques. Cela lui faisait penser à un prédateur du désert, le tigre à dent de sabre. Il avait vu juste dès le début, c'était là bien un comportement de prédation. Ce qui le convainquit de rester bien dissimulé dans son coin. Il attendit alors sagement de voir ce que Brusque allait décider. S'il allait revoir son maitre ou sa maitresse ou s'il allait continuer à le chercher jusqu'à mettre le sabot dessus.

L'amnésique se tenait prêt, l'arme au poing à réagir au moindre pas de la bête. Il avait toujours été méfiant vis à vis des choses dont l'apparence était trompeuse à y réfléchir. Même dans ses rencontres humaines, il n'avait jamais fait totalement confiance, il restait sur sa réserve bien souvent... Les seules personnes en qui il avait réellement confiance étaient sa famille et son clan. Quoi de plus normale pour un Nomade me direz vous...

*Je devrais peut-être m'enfuir. Après tout, je n'ai pas envie de tuer la monture d'un autre homme. Si cela se trouve, il est honnête marchand ou même Nomade comme moi... Hey mais je raisonne comme Neelahn, faut que j'arrête de la fréquenter moi...*

C'est perdu dans ses considérations au sujet de l'elfette qu'il regardait l'animal, toujours attentif néanmoins. Qui a dit que les hommes ne savaient pas faire deux choses en même temps ? La forêt était bien calme excepté les ruades et les hennissements de Brusque. Dans cette partie de la forêt, il ne devait pas y avoir beaucoup d'animaux ou alors quelque chose les avait fait fuir. Il refusait de croire que ce fusse le cheval. Ce n'était d'ailleurs pas lui mais un prédateur bien plus menaçant...

Ce dernier restait caché dans les recoins sombres que formaient la cime des arbres un peu trop haut formant un dôme au dessus de leur tête. En réalité, un troll des forêts se tenait non loin, alerté par hennissements de l'animal et le bruit qu'avait fait Cirdan au début en appelant au maitre...

Il n'y a pas que le troll que les hennissement du cheval ont alerté. La maîtresse du dit cheval les a entendu. Et ça ne lui dit rien de bon. Le plus rapidement qu'elle le peut, elle avance en direction des derniers hennissement qu'elle a entendu. Elle pousse un sifflement strident de temps en temps, mais le cheval ne vient pas. Il doit nécessairement se passer quelque chose de grave, autrement, Brusque l'aurait rejoint plus rapidement que ça, elle en est persuadée. elle continue d'avancer en ligne droite, du moins elle le croit, même longtemps après avoir entendu le dernier hennissement de Brusque.

De son côté, Brusque reste tranquille. La chaleur a diminué, mis ça ne soulage pas ses bronches, et sa respiration n'est pas revenue à la normale. En même temps, il testait la patience de sa proie, parce que oui, il considérait toujours Cirdan comme tel. Les oreilles aux aguets, il sentait qu'il était toujours là, mais il ne le voyait pas. Il espérait bien entendre un bruit, un son, juste un froissement de feuilles, pour aller le fracasser sa délicate carcasse d'un coup de sabot bien placé. Il fait quelques pas, tendant l'oreille, puis s'arrête à nouveau et écoute aussi attentivement qu'un cheval peut avoir l'air d'écouter attentivement. Il agite les oreilles, nerveusement.

Quelque chose d'autre se trouve ici. Il ne sait pas trop ce que c'est, mais soudainement, il en oublie sa proie. Toujours aussi attentif, mais par sur la même chose, ni pour les même motifs, il dresse les oreilles et inspecte autour de lui. Il renâcle nerveusement et piaffe. Non, ce qui est là ne lui plait pas. Il recule, sans vraiment voir où est la menace, sans vraiment savoir ce qu'est la menace, mais il sait que c'est pas bon, mais pas bon du tout. C'est une odeur entêtante de crainte et de terreur, cette odeur qu'on sent non seulement par les voies nasales, mais qui transpire aussi par chaque pore de la peau. Brusque sait seulement qu'il ne doit surtout pas rester ici.

Ce qui anima soudainement Brusque le conforta dans son idée, quelque chose de bien plus malfaisant était dans les parages. L'animal avait l'air de vouloir fuir, de partir loin de cet endroit. Il soufflait, il reculait, il était comme paniqué, cela se sentait... Et pas que lui d'ailleurs, Daigho se serrait sur le bras de Cirdan, comme s'il avait voulu l'étrangler mais involontairement. Que pouvait bien faire cet effet là aux deux créatures...

Le Nomade se mit à regarder alentours, craignant de voir quelque chose ou quelqu'un arriver. Mais dans cet enfer vert, il n'y voyait pas grand chose si ce n'était les arbres feuillues et les buissons épais. D'autant plus que... allez repérer un Troll des forêts dans un univers tout de vert coloré. Autant dire que la tâche était foutrement difficilement, voir même impossible, sauf si l'on avait des yeux extrêmement perçant, ce que bien entendu le voyageur n'avait pas...

Il préféra donc rester planqué contre son arbre, bien dissimulé à l'aide de sa capacité. Il attendait de voir ce qui allait bien pouvoir arriver par la suite. Autour d'eux, des bruits sourds se mirent à retentir, la cadence était régulière et plus ceux-ci s'approchaient et plus l'on pouvait nettement distinguer à quoi ils pouvaient bien correspondre... La réponse était toute simple : Des bruits de pas, d'un truc gigantesque mais inconnu du moins pour Cirdan. Le Nomade s'accroupit alors ainsi encore moins visible mais surtout pouvant observer mieux le sol.

Pour l'instant, rien, seulement ces bruits qui se rapprochaient encore... Mais bientôt, on put entendre un cri plus sourd encore que les pas, plutôt un râle sinistre. Il y avait donc bien une créature qui s'approchait et au vu du timbre de voix de la chose, ce ne devait pas être inoffensif. Par simple réflexe donc, l'amnésique, aussi silencieux que possible, retira Déicilda de son fourreau. S'il se faisait surprendre, au moins il pourrait riposter... Pendant ce temps, que faisait Brusque ? Cirdan ne le calcula même pas, bien trop concentré à présent en essayant scrutant l'horizon du sol...

Il finit enfin par apercevoir un bout du Troll, plus précisément, son pied, une image indéfinissable par les yeux du demi-elfe, mais c'était gros, bien plus gros que ce qu'il avait pu voir comme pied jusqu'à présent. Même les plus grands scorpions du désert n'arrivaient pas à la cheville du mastodonte. Un frisson d’effroi parcouru l'échine du jeune semi-être enfin plus tout jeune en fait mais bref...

Puis les pas passèrent et Cirdan ne bougea pas d'un pouce... Le monstre semblait se diriger vers le kelpie. En effet, c'était lui qui faisait le plus de boucan. Le Nomade des Vents se demandait s'il allait porter secours à l'animal alors qu'il avait voulu le tuer tout simplement. Il hésitait tandis que le troll s'avançait... Qu'allait faire Brusque ? Thadea allait-elle arriver à temps alors qu'elle avait été alertée par les hennissement de sa monture ? La suite au prochain épisode...

Brusque n'a jamais vraiment fuit face à un adversaire. Mais celui qui se présente devant lui, il en a presque envie. Il sait que ce c'est, il en a déjà affronté, mais ils étaient plusieurs aigrefins autour. Ils avaient réussit à l'avoir en le submergeant par le nombre. Malheureusement, le nombre de Brusque se résumait à lui, et lui seul. Thadea n'était pas là. Les autres aigrefins non plus. Brusque, depuis qu'il avait quitté le marécage, après avoir été capturé à nouveau par Baalrae, n'avait pas quitté les Siderea. Les aigrefins Siderea. Il avait, depuis ce temps, partagé sa vie avec toujours un cavalier. Et il y avait eu Thadea.

Mais Thadea n'est pas là. Elle est loin et c'est mieux comme ça. Il sait qu'il devrait être avec elle et non face à ce troll des forêt. Enfin, s'il était avec elle face à un troll des forêts, tout irait bien. Mis Thadea est loin. Assez loin pour être en sécurité. Puis retentit le sifflement strident. Il est loin, mais pas assez loin, et derrière le monstre. Brusque piaffe, mais il ne recule plus. Il fait même un pas en avant. Un troll des forêt le sépare de Thadea.

- Brusque !

La voix est loin, mais elle a porté assez pour que le troll tourne la tête. Le troll a tourné la tête vers Thadea. Le troll ne regarde plus Brusque. Pour le troll, Brusque est un animal comme les autres. La voix, par contre, elle provient d'un humain. Et les troll préfèrent les humains, c'est bien connu. Et le troll fait demi tour.

De son côté, Fatal en main elle poursuit son avancée, en marchant rapidement. Mieux vaut ne pas courir, question d'éviter de se prendre les pieds quelque part et de s'étaler, elle ne sera pas plus avancée. Elle appelle Brusque de temps en temps et elle siffle. Elle n'a pas trop aimé l'entendre hennir de la sorte et elle craint le pire depuis qu'elle ne l'entend plus. Elle reste attentive à ce qui se passe autour, question de ne pas tomber dans une embuscade. Puis elle perçoit les vibrations et le son des pas. Elle s'arrête brusquement, Fatal au poing. A-t-elle bien entendu ?

Un troll des forêts, dans la forêt, ça avance étonnamment rapidement.

Observant la marche du Troll, Cirdan restait dissimulé contre son arbre. Il laissait seul le cheval avec la créature et pourtant n'éprouvait aucun remord. Il n'avait pas aimé être prit comme possible petite déjeuné d'un animal. Au lieu de cela, il regardait la peur de l'équidé et appréciait étrangement de le voir dans cette posture peu enviable. Enfin, il l'avait cherché aussi ce satané animal.

Mais ce qui le surpris alors, ce fut d'entendre au loin des sifflements et le timbre d'une voix lointaine. Cette dernière se rapprochait assez rapidement, mais nul bruit de course ne pouvait être entendu. Le Nomade remarqua également qu'il n'était pas le seul à avoir eut l'attention happée par cet événement... Hélas, le Troll également avait été attiré par cette voix et semblait se diriger vers elle. Qu'allait-il faire ? Prévenir celle qui allait se faire surprendre par la créature ou bien rester encore là à rien faire... Remarque...

Vu le bruit sourd des pas du bestiaux, il pensait que la femme qui venait à sa monture aurait le temps de le voir venir mais... Vu également l'ampleur des pas de la créature de la forêt, il serait sur elle bien plus vite qu'il ne l'aurait imaginé au départ. L'amnésique hésita encore. Il tenait alors toujours sa fidèle Déicilda dans ses poings. S'il ne prenait pas une décision rapidement, il serait trop tard... Finalement, son bon sens prima sur sa prudence, il se mit à courir au travers des buissons.

Au passage, il pu enfin entendre le nom du cheval, du moins, il le supposa. Il devait donc s'appeler Brusque. Ce nom fit légèrement rire Cirdan en cours de course, cela lui allait comme un gant à la pauvre bête. Et qu'allait-elle faire elle ? Secourir sa maitresse ou bien faiblir de peur devant le danger que représentait ce sérieux adversaire ? D'ailleurs, le Nomade des Vents ne se voyait pas affronter une telle bébête, ou peut-être accompagné qui sait mais surement pas tout seul. Faudrait être suicidaire, non ?

Enfin, il aperçu bientôt une femme dans sa ligne de mire. Le Troll était encore assez loin, visiblement il avait réussit à le devancer à temps. Bien que ce dernier se rapprochait quand même à grands pas... Le temps était compté. Perdu pour perdu, il s'écria. De toute manière, la créature des forêts était bien trop prêt pour qu'il puisse rester caché bien longtemps à sa vue.

« Hey ! Heeeey ! Faut pas rester là, y'a un Troll droit devant qui se dirige vers nous »

Il était encore à quelques mètres de Thadea, il espérait que cette dernière entendrait son avertissement. M'enfin avec les décibels qu'avaient déployés sa voie, même un âne sourd l'aurait entendu à des kilomètres à la ronde... Quoi que entendre ne signifiait pas comprendre et avec le rythme qu'il s'était imposé par la course, il parlait en saccadé même si dans sa réplique écrite, cela ne se voyait pas pour de raisons purement de compréhension...

Cela dit, du coté de l'aigrefin, voir quelqu'un débouler avec un sabre à la main et déblatérant des trucs quasi incompréhensible, cela pouvait porter à confusion... Il aurait pu être un guerrier fonçant sur elle en beuglant des cris de guerre, cela n'aurait fait aucune différence en fin de compte... On cherche à aider et on se retrouve dans ce bien belles positions hein... M'enfin, c'est la vie !

Thadea avançait rapidement, écartant les branches et suivant le chemin qui lui semblait le plus propice à avoir été emprunté par Brusque. La plupart du temps, elle choisissait le chemin dont les branches avaient été cassées, sans doute par le passage de sa monture. Elle espère qu'elle se rapproche un peu, parce que les hennissements de Brusque n'annonçaient pas de bon présages. Difficile d'estimer les distances dans une forêt. Surtout avec Brusque qui renâclait plus souvent qu'il ne hennissait. De toute façon, si quoique ce soit ose toucher à son cheval, elle l'étripe et répand ses entrailles sur treize kilomètres.

C'est bizarre cette impression de tremblement, comme si quelque chose de très lourd marchait... marchait de plus en plus vite. Thadea continue d'avancer, même si elle ralentis le pas. Quelque chose ne lui semble pas normal. Peut-être est-ce ce silence pressant ? Elle ne va quand même pas reculer, Brusque ne hennit jamais ainsi pour rien. Il devait avoir une bonne raison. Elle poursuit donc son avancée, jusqu'à ce qu'un type se précipite dans sa direction en bredouillant elle ne sait trop quoi. Elle pose la main sur Funeste, prête à s'en servir, mais elle lève les yeux juste un peu plus haut que Cirdan et elle se fige soudainement. En regardant juste un peu plus loin derrière le type. Et ça avance vachement vite. Sans attendre, et probablement parce que sa vie en dépend, elle fait volte face et se met à courir aussi.

Pas un son. Pas une seule exclamation de surprise. Thadea a, la plupart du temps, le sang froid. Il arrive qu'à certains contacts brulants, elle s'échauffe, mais en temps normal, elle garde son sang froid. Là encore, elle garde son calme. Ce n'est pas parce qu'elle court pour fuir la menace qu'elle panique, loin de là. Quoique de se faire poursuivre par un troll a quelque chose d'excitant. La bête gagne du terrain, tandis que Cirdan et Thadea en perdent rapidement.

- On se sépare !

Et elle bifurque brusquement.

Le gringalet saisit le principe et elle n'a pas besoin de le lui expliquer deux fois. Merveilleux n'est-ce pas ? Il file dans la direction opposée à Thadea. Comme prévu, le Troll s'arrête à l'endroit pile où les deux fuyards se sont séparés et il jette un oeil dans les deux direction, l'air pensif, il va même jusqu'à se gratter la tête, et il se décide enfin et choisit une direction. Pas celle de Thadea. Ça n'a rien d'étonnant, les troll savent d'instinct qu'il est plus prudent de choisir ce qui ne sent pas autant le sang des autres. Le troll s'élance donc derrière le gringalet qui l'a prévenu qu'un troll arrivait.

Tandis qu'ils courent tous les deux, Brusque vient rejoindre Thadea par la droite. Elle n'hésite pas longtemps à agripper la bride et à grimper sur le dos de sa bête. Elle n'a même pas freiné sa course. Malheureusement, elle n'est pas armée pour affronter un troll des forêts. Elle aurait peut-être eu un troll civilisé avec pour seule arme Fatal, mais contre un troll des forêt, l'usage seul de Fatal est du suicide. Mieux valait qu'elle se pousse sans demander son reste. C'est d'aileurs ce qu'elle fait, sans même regarder si celui qui l'a prévenu du monstre s'en sort. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire de toute manière, hein ? Elle n'a pas l'habitude de se soucier des étrangers, même s'ils l'ont prévenu d'un danger mortel.

Mais il semble que Brusque ne l'entende pas de cett oreille. Sans que Thadea puisse y faire quoique ce soit, il fait demi tour, même si l'aigrefine tire sur la bride. Il ne lui obéit pas du tout. Mais il ne faut pas se leurrer, ses raisons sont loin d'être charitable. En fait, Brusque a trouver le type bien avant le troll. Du coup, pourquoi il le lui laisserait hein ? Pas question, premier arrivé, premier servi. Le troll n'avait qu'à le prendre en chasse avant. Thadea peste contre Brusque, mais elle se dit qu'il tient visiblement à récupérer le type. Du moins, c'est ce qu'elle en conclut quand Brusque ralentit en rejoignant Cirdan. Thadea elle s'occupe beaucoup plus du possible retour du troll que de l'homme. D'un sérieux qui n'incite pas du tout à la camaraderie, elle lui tend la main.

- T'as le choix, tu grimpes ou tu t'arranges avec le troll.

Alors qu'il faisait chemin inverse, le Troll fit volte face bien plus vite qu'il ne l'avait prévu. Il dut alors se mettre à courir beaucoup plus vite et défraichir beaucoup plus rapidement pour espérer fuir la créature. Il avait un doute durant sa course folle concernant le fait que la femme en armure avait un quelconque plan autre que celui de le laisser se faire bouffer tandis qu'elle fuirait, les jambes à son cou. Dans ce monde, on ne pouvait se fier à personne aveuglément. Cirdan l'avait toujours sut et c'est ce qu'il se disait encore alors qu'il avait le Troll à ses trousse et la forêt vierge comme seule compagne dans sa fuite...

Mais, son opinion fut vite balayé quand il aperçu la jeune femme accourir au loin. A cette distance, il ne reconnu pas le cheval et quand bien même il l'aurait reconnu, avait-il d'autres choix ? Il se mit à courir dans sa direction, cheveux aux vents. La végétation était un peu moins dense et il pouvait alors mieux circuler mais... Pour la bête ce fut également le cas et il y avait également par conséquent moins d'endroits où se dissimuler. Il fut bientôt au niveau de la cavalière et de son étalon. D'un coup d’œil, maintenant qu'elle était plus près il reconnu le canasson. Il fit la moue un bref instant mais le râle rauque du Troll derrière lui le dissuada de faire plus de considérations. Saisissant le bras nonchalant de l'aigrefin, il se hissa sur la scelle avec elle.

Il était temps de partir, d'autant plus que la brute commençait à s'énerver. Balançant un gros rondin de bois qu'il venait de ramasser, de gauche à droite telle une massue. Cette dernière arrachait de gros lambeau de bois aux troncs avoisinants, preuve de l'extrême violence des coups et de la force certaine du monstre. Sa force n'avait d'égale que ses dents et ses acérées. Cependant, il fallait bien douter de la perspicacité de l'animal, un Troll, ce n'était pas spécialement intelligent et ceux des forêts ne dérogeaient surement pas à la règle, cela dit, ce n'était pas le moment de vérifier cette théorie. S'accrochant comme il put à la scelle, Cirdan attendait que le couple se presse assez pour ne pas finir à repas de troll... Remarque, peut-être que l'équidé n'avait rien à craindre, les trolls ne mangeaient peut-être que les humains ? Mais dans le doute, mieux valait aussi pour l'animal de fuir avec sa maitresse et le Nomade...

Cependant, le Nomade, même s'il avait sentit que ce ne fusse pas de gaité de cœur que Thadea était venu le secourir, ne put s'empêcher de montrer un temps soit peu de reconnaissance à l'égard de sa sauveteuse. Après tout, si elle n'avait pas été là et n'était pas revenue sur ses pas, qui sait comment Cirdan aurait finit... Sans doute en méchoui pour Troll affamé... Sort peu enviable en soit, vous ne pensez pas ? Et bien que ce fut un fait avéré, qui était le plus dangereux finalement, le Troll ou l’insoupçonné duo du cheval et de sa cavalière ? Avait-il choisit le bon camp ? Il aurait très bien pu se dissimulé dans les buissons et la laisser seule avec la créature mais ce n'était pas son genre, il avait un certain code de l'honneur. Si elle était venue le secourir alors il ne pouvait la laisser se faire frapper à son profit...C 'était ainsi...

« Même si ça semble pas de gaité de cœur, merci d'être revenu. »

L'honneur de Cirdan finira par le perdre un jour, moi qui vous le dit !

Il hésite. Il ose hésiter. Elle a fait demi tour pour revenir le chercher, risquant sa vie, parce que le troll est vachement rapide et qu'il semble particulièrement et il perd de son temps à elle à hésiter. Il ose faire la moue et il hésite ! Heureusement, pour lui du moins, il se ressaisit rapidement et lui attrape la main tendue. Elle le tire vers le haut avec une aisance déconcertante. Certes, il n'est pas très costaud, mais la poigne est solide et la force qu'elle met à le tirer est puissante, d'autant plus que c'est une femme et non un homme. Elle le hisse derrière lui et elle constate qu'il est habile quand même. Plusieurs se seraient affalés sur la selle, mais lui, il se tient. Un bon point pour lui, au moins, elle n'aura pas secouru un incapable.

De toute façon, elle n'y songe qu'à moitié, puisqu'elle s,occupe beaucoup plus du troll qui approche que du type qu'elle vient de ramasser. Elle ne saisit toujours pas pourquoi Brusque a fait demi tour, mais il semble se satisfaire d'avoir un second cavalier, ce qui est une choses rare en soi, puisqu'il fait demi tour sans hésiter et se remet au grand galop. Pas de doutes, la bête est puissante, parce que s'il ne semble pas aller si vite au départ, son accélération reste lente, mais il avance et peu d'obstacles peuvent se vanter de bien s'en sortir après son passage. Le cheval retombe lourdement sur ses sabots après chaque saut, chaque évitement, mais sa vitesse ne décroit pas une fois qu'il est lancé. sa cavalière principale est presque couchée sur son cou tandis que des débris d'écorces pleuvent autour d'eux.

Il prend le temps de la remercier. Ce n'est fichtrement pas le moment. Pourquoi ils font ça tandis que rien n'est encore gagné. Ils craignent de ne pouvoir le faire plus tard ? Dans ce cas là, à quoi bon ? Où alors ils se débarrasse ? Brusque fait un brusque écart tandis qu,un tronc se fracasse contre les arbres qu'il vient d'éviter. Thadea guide à peine le cheval. Il n'y a pas mieux que lui pour savoir où ils sont à l'abri. Son 340 degré de vision périphérique aide à presque tout voir du troll qui traîne quand même un peu derrière lui. Brusque est une bête vachement puissante, mais Thadea sait qu'il respire étrangement. Il ne tousse pas comme ça habituellement, même en sprint. Pas le temps. Elle tente d'éviter les branches qui se trouvent sur leur chemin, mais la plupart la fouettent violemment.

- La ferme...

Ça lui apprendrait tiens à avoir un sens de l'honneur assez exacerbé. Il venait non seulement de remercier dans le vent mais en plus, il venait se faire avoiner par l'autre ahurie de jeune femme en armure. Pour le coup, Cirdan n'était pas très enclin à être sympathique voir même exaspéré par tant d'agressivité alors qu'il, pour une fois, daignait remercier quelqu'un. Décidément, avec les femmes, il n'avait pas un succès fou le « jeune » Nomade, voir même le contraire au vu de la réaction de Thadea mais pas que d'elle. Cependant ses pensées préférèrent se recentrer sur le Troll qui les poursuivait... Il aurait dut écouter son instinct primaire plutôt que sa raison.

Bref, maintenant, il fallait survivre et même s'il n'aimait pas cela et qu'il le regrettait au fond de lui, il devait s'en remettre au cheval qui l'avait attaqué et sa barbare armée et armurée jusqu'aux dents. Bien que cela n'impressionnait pas notre héro, il fallait bien l'avouer, l'aigrefine était bien équipée contrairement à Cirdan. Mais chacun sa spécialité, elle devait être assez lente contrairement à lui, c'était là sa contrepartie. Le demi-elfe donc se contenta de s'agripper à ce qu'il put pour ne pas tomber du canasson qui effectuait une course folle de tout les diables. Rien ne résistait sur son passage et encore une fois le Nomade ne put s'empêcher de repenser à Neelahn, elle aurait fait un scandale à l'animal. Et voilà qu'un nouveau coup violent vint secouer le sol. L'amnésique tourna la tête et vit ce qu'il n'aurait jamais cru voir...

Le Troll qui les poursuivait venait de rencontrer un de ses congénères et les deux à présent se battaient pour qui aurait le droit de les poursuivre et de les bouffer. C'était là l'occasion rêvée pour prendre la poudre d'escampette rapidement avant qu'ils ne réalisent que les humains qui étaient leur proie venaient de se faire la malle à toute allure. C'est ce que visiblement l'équidé comprit puisque son allure, qui était déjà extrême, redoubla dans une ultime accélération pour se trouver définitivement hors de portée des cinq sens des Trolls des Forêts. Le Nomade préféra se passer de commentaire, posant sa main sur le manche de son katana, comme pour s'assurer que son arme était toujours là.

Qu'allait-il arriver une fois qu'ils se seraient arrêtés ? Le cheval allait-il en rester là ou ferait-il comprendre à sa maitresse l'affrontement qui avait eut lieu entre eux deux. Et puis, au vu du ton de la cavalière, était-elle aussi hostile que la dureté de ses paroles, car oui le « La ferme » était resté en quelque sorte en travers de la gorge de Cirdan alors que Daigho y était partiellement enroulé... ironique, non ?

La course folle dure de longues secondes, tandis que le troll, malgré la vitesse de Brusque, gagne du terrain. Thadea doit se rendre rapidement à L'évidence, Brusque fuit et elle ne sait pas du tout dans quelle direction il les entraîne et elle n'a plus du tout le contrôle de sa bête. Mais bon, franchement, tant qu'il les éloigne du troll, elle ne le retiendra pas. Heureusement, le second cavalier de Brusque sait au minimum se tenir sur un cheval. Il suit bien les mouvements pour ne pas nuire à l'élan du cheval surtout pour ne pas être désarçonné. Elle eut une brève pensée aussi au fait que la situation exigeait sans aucun doute qu'il s'accroche comme il peut à ce qu',il peut, mais elle se dit que ça aurait été très désagréable si elle n'avait pas porté son plastron de métal. C'était pas vraiment l'idée qu'elle se faisait de s'agripper comme il peut.

Elle tourne rapidement la tête pour découvrir une scène plutôt étrange. La rencontre de deux troll. L'un d'eux, elle n'aurait su dire lequel, ils se ressemblent tous, tentait de piquer la bouffe au nez de l'autre. Sur le coup, ils tentent de se nuire mutuellement, ce qui leur nuit à tous les deux puisque Brusque profite de cette diversion pur pousser sa course pour ficher le camp le plus rapidement. Sa course encore plus rapide laisse voir les arbres passer à toute vitesse à côté d'eux. elle se demande si Brusque a déjà couru aussi vite avant. Elle jette un autre coup d'oeil derrière et elle ne voit plus les trolls. Bonne nouvelle, mais elle laisse Brusque poursuivre sa course effrénée à travers la forêt, ne serait-ce que pour s'assurer que les trolls sont bel et bien semé.

Elle le laisse donc courir encore de longues minutes avant de tenter un ralentissement. C'est quand même grisant d'avancer à cette vitesse. Aussitôt qu'elle tire sur la bride, elle sait que quelque chose cloche. Habituellement, il réagit aussitôt. Mais il semble faire la sourde d,oreille. Elle tire une autre fois, tout en essayant de ne pas perdre l'équilibre. Il renâcle. C'est en voyant le cours d'eau entre les arbres, probablement le fleuve radieux, qu'elle comprend. La vitesse de la course et les deux cavaliers sur le dos de Brusque ont éveillé chez lui des instinct endormi depuis longtemps. Ses instinct de kelpie. La course effrénée, une victime sur le dos et le kelpie précipite sa victime dans le premier cours d'eau qu'il trouve pour la noyer et ensuite la dévorer. Il ne doit pas atteindre le cours d'eau. L solution est risquée, mais elle n'a pas vraiment le choix. Elle lâche la ride et elle pousse rudement le passager en bas de la selle. Avant de se laisser rouler à son tour. Elle espère bien ne pas rouler sur une racine, ça risque d'être douloureux. Moins qu'un tronc, par contre.

Elle a de la chance, elle ne roule sur rien de trop dur. Enfin, rien pour se briser un os. Elle se demande si le passager a eu autant de chance. Par contre, ça ne signifie pas que de ne pas se briser un os rime avec sans douleurs. Elle reste couchée une ou deux secondes sur l'humus humide de la forêt avant de se redresser. Elle jette un coup d'oeil au type qui se trouvait derrière elle.

- Bon sang... grogne-t-elle en se relevant péniblement. Hé, ça va ?

D'un pas chancelant, parce que ses muscles crient à la maltraitance, elle se dirige vers le nomade, tout en surveillant le retour de Brusque. Sans victime sur le dos, il n'ira pas jusqu'au fleuve. Il rebroussera chemin, si ce n'est déjà fait.

Au final, tout s'était bien passé non ? Cirdan n'avait pas été que « bénéficiaire » de sa malchance habituelle, non ? Mais cela n'allait-il pas tarder non plus ? Tout un tas de question qui resterait un mystère jusqu'aux prochains « Malheurs de Cirdan » parodie d'un roman non moins célèbre. Oui tout s'était bien passé car ils avaient put fuir sans se recevoir un coup de gourdin sur le coin du crâne, ce qui dans le fond n'était pas plus mal hein ? Même si le Nomade avait quelques réticences à être sur ce cheval, il préférait ce sort à l'autre. Qui aurait préférés l'autre sort à celui-ci, je vous le demande ! Et là où le bas blesse, c'est que la malchance revint au galop... façon de parler comme au sens propre. En effet, le demi-elfe avait bien remarqué que la jeune femme n'arrivait plus à contrôler son animal...

Il la voyait tirer la bride fortement mais rien n'y faisait. L'équidé se contentait de renâcler et de continuer de plus belle. Lui ne savait rien de cette monture si particulière, aussi, il ne pouvait se douter du funeste dessein que l'animal avait pour lui et peut-être même pour Thadea au fond... Cet instinct de Kelpie, ça c'était sure, le Nomade ne pouvait pas le connaître. Avez-vous déjà vu un Kelpie dans le désert ? Lui non, et vu la rareté des oasis, la chance d'en croiser un dans le désert était encore plus réduite... M'enfin bref. C'est aussi pourquoi il ne comprit pas pourquoi la cavalière l'éjecta purement et simplement du dos de la bestiole mais encore moins pourquoi elle également se jeta de la furie au galop...

Bien que l'Incendiaire finit au sol en roulades plus ou moins douloureuses... Il en était tout autre chose pour notre héros... Quand nous parlions de la malchance qui revient au galop, et bien la voilà qui revenait au galop. Mais tout d'abord, ce qu'il était arrivé à Cirdan pour commencer. Quand l'aigrefine, avec ses manière si délicates, l'avait tout bonnement rejeté de la scelle, le Nomade se retrouva dans sa chute, accroché au premier arbre dont la branche dépassait. Jusque là, cela aurait pu paraître pour de la chance mais... L'entourloupe résidait dans le fait que ce qui s'était accroché dans une branche, c'était l'écharpe nouée autour du coup du Nomade... Par conséquent, vous imaginez la suite ? A quelque centimètres à peine du sol, il se retrouvait pendu à la branche. L'étreinte du bout de tissus se resserrant lentement alors qu'il ne touchait toujours pas le sol. C'était vraiment un comble de se retrouver accroché si près du sol sans pouvoir le toucher et finir étouffé par sa propre écharpe, non ?

Fort heureusement, Daigho était là ! Le Cobra, par un prompt renfort s'était glissé le long de l'écharpe et par un jeu de crocs bien utilisés, d'ailleurs Cirdan n'aurait jamais soupçonné une telle utilisation de ces derniers, avait réussit à dénouer le nœud qui s'était noué autour du branchage. Le Nomade chut alors lourdement, se tenant la gorge et toussant fortement d'être passé à deux doigts de la mort. Il put répondre à la question, qui pour le coup paraissait désuète, de Thadea.

« Maintenant ouais, ça va » Il toussa encore une nouvelle fois avant de décider de rester par terre. Le serpent siffla alors.
« Ouais ouais, merci Daigho ! Ca va ! » Le cobra royal d'un air dédaigneux tourna la tête à son maitre.
« Quel caractère celui-là »

Et comme nous le disions, le malheur revenait au galop... Le Kelpie adoré revenait voir sa maitresse ou bien peut-être venait tout simplement finir ce dans quoi il avait été interrompu : Sa chasse. Oh bien sûre, Cirdan ne se laissa pas démonter et posa une main de sécurité sur le pommeau de son katana. Il se tenait toujours prêt de toute manière, et de toute manière également, il n'avait que peu confiance en la cavalière de l'animal anthropophage.

« Tiens, voilà l'assassin en herbe qui revient » lança alors le demi-elfe en voyant la ruée vers la chaire de Brusque...