Se transformer en colibri avait des avantages comme des inconvénients. D’un côté, on pouvait se déplacer plus vite, ce qui serait plutôt bien pratique pour trouver le chemin de la « sortie » avant qu’une tempête ne se lève ou qu’une bande de charognard ne se jette sur vous. D’ailleurs, se transformer en oiseau diminuait de moitié les chances de se faire manger par une bête. Et se transformer en colibri permettait d’échapper à presque toutes les créatures de se ce monde. Mais d’un autre côté, se transformer en petit volatile signifiait aussi que les bagages allaient être abandonnés. Plus de nourriture, plus de gourde, … Certes, quand on savait faire pousser des plantes, ne pas avoir de provision sur soi n’était pas un problème, sauf lorsqu’on était au bout de ses forces. Et à vrai dire, Neelahn ne se voyait vraiment pas se balader toute « nue » dans la forêt. De plus, le terme « balade » ne convenait plus du tout à la situation…

Ah ! Ce qu’elle se maudissait ! Elle aurait dû écouter Tigrou. Bon, certes, il ne parlait pas mais lorsqu’elle lui avait proposé d’aller visiter le désert, il s’était contenté de lui montrer son derrière et était parti en courant. Au début, l’elfe avait cru qu’il était parti se remplir le ventre avant de partir visiter le désert. Après l’avoir attendu quelques heures et s’apercevant qu’il n’était toujours pas revenu, elle finit par se vexer. Neelahn reconnaissait avoir des goûts bizarres mais elle ne comprenait pas tous le temps que certaines de ses idées étaient complètement farfelues. Après avoir boudé pendant quelques minutes, elle finit toutefois par pardonner son tigre et avait sautillé joyeusement en direction des collines de sable. Mais maintenant qu’elle était seule et perdue dans cette grande étendue de poussières, Tigrou commençait à lui manquer.

Trainant son bagage derrière elle, Neelahn avançait péniblement. Derrière elle, des traces de pas et son sac marquait le sable, indiquant précisément le chemin qu’elle empruntait. A un moment donné, elle se retourna et constata les empreintes qu’elle avait laissées derrière elle. Elle se questionna un instant. Était-ce prudent ? La réponse fut alors rapidement trouvée : elle marchait depuis des heures et n’avait rencontrée personne sur sa route.

« J’en… ai… marre… »

Elle se fit du mal à elle-même en s’imaginant se téléporter dans sa forêt. Elle se voyait assise contre un arbre, devant un feu de camp accompagnée d’un bon gros morceau de viande. Tigrou était là aussi, allongée à côté d’elle en train de déchiquetée sa nourriture…

« J’étais pourtant persuadée d’avoir toujours marché droit devant… »

Mais après avoir dit cela, Neelahn se rendit compte qu’elle s’était écartée du chemin qu’elle s’était tracée en tête lorsqu’elle avait vu un fennec. Intriguée par l’étrange petite bête, elle l’avait suivi de loin et l’avait contemplé en train de combattre un scorpion. Elle se rappela alors à quel point elle avait été émerveillée mais elle se maudit ensuite d’avoir continué bêtement à marcher droit devant elle et de n’être pas retourné sur ses pas. En plus, cela n’aurait pas été difficile avec ses traces de pas. Pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Pourquoi ne s’était-elle pas ennuyée à ce moment là ? Le paysage était toujours le même : du sable, du sable et encore du sable.

« Poualala… »

Mais après cette parole peu transcendante, elle finit par voir de la lumière au loin. Un sourire illumina tout d’un coup son visage. Finalement, il n’y avait pas qu'elle qui avait eu la stupide idée de se balader dans le désert !

N’importe quel être se serait méfié. Certes, lorsqu’on était perdu au beau milieu de nulle part, voir de la lumière possédait toujours un petit côté rassurant. Pourtant, ce n’était pas parce qu’il y avait de la lumière qu’il fallait baisser son attention. N’importe qui se serait approché avec méfiance et aurait trouvé cela bizarre de ne voir personne. N’importe qui aurait trouvé cela d’autant plus étrange de voir un sac posé près d’un feu de camp sans personne pour veiller dessus en plein désert. On aurait pu croire alors que le propriétaire était parti chercher quelque chose et, dans ce paysage dénudé d’endroit pour se cacher, il aurait été facile de le repérer. Mais là, tout semblait anormalement vide et cela ne choqua pas un seul instant Neelahn.

A un moment donné, elle avait cru sentir passer quelque chose entre ses pieds mais elle n’y fit pas bien attention. La nuit était tombée et, parfois, un petit vent soulevait un peu de sable.
Tout en avançant vers le feu, Neelahn eût la lumineuse idée de lever la tête au ciel. Elle fût alors émerveillée par la vue qui s’offrait à elle. Dans la forêt, les branches feuillues des arbres dissimulaient souvent le ciel, si bien qu’il était impossible de voir toutes les étoiles.
Et alors qu’elle avançait, la bouche ouverte et les yeux rivés sur ces petites lumières scintillantes dans le ciel, elle trébucha sur le sac posé près du feu de camp (abandonné ?). Elle bascula en avant et se prit une bonne poignée de sable dans la bouche.

« C’est pire que d’avaler de la terre. »

Elle toussota un peu et tenta de recracher tous ce qu’elle avait. Trouvant qu’un mauvais goût restait sur son palet, elle sortit de son sac une gourde d’eau et bu quelques gorgée. Puis, elle s’assit en tailleur près du feu et regarda autour d’elle. Personne, comme depuis des heures. Elle jeta un regard en coin au sac abandonné et fit mine de n’y prêter aucune attention. Elle avança ses mains près du feu, non parce qu’elle avait froid mais plutôt par habitude.

« Arrête de me regarder comme ça ! Tu me perturbes ! »

C’était étrange. Neelahn avait la désagréable sensation qu’on la regardait, sauf qu’il n’y avait personne. Du coup, elle s’en prenait à ce pauvre sac oublié par son propriétaire.
Le dos bien droit, elle tourna une nouvelle fois la tête en direction du bagage et, sur un ton qui se voulait sérieux (mais qui ne le fût pas réellement), elle lui dit :

« Ce n’est pas poli de fixer les gens avec insistance. »

Puis, comme si elle s’était rendue compte que discuter avec un sac était ridicule, elle regarda ailleurs et décida de s’occuper. Un mini figuier poussa à une vitesse anormalement grande tout près d’elle. Lorsque les fruits furent assez mûrs, l’elfe les cueilli aussitôt avant que l’arbre ne dépérisse et entama son dîner.

« Bon, d’accord ! Viens par là ! »

Elle tira le sac abandonné près d’elle et déposa deux petites figues dessus. Pas un seul instant elle ne songea à l’ouvrir pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. En fait, à sa façon de le traiter, on aurait même pu croire qu’elle le prenait pour un animal. Ou pas.
En effet, après s’être remplie le ventre, elle s’empara du sac à provision et le posa sous sa tête. Puis, avant de fermer les yeux, elle lança tout haut :

« Ne vous en faîtes pas, je garde juste votre sac pour que personne ne vous le vole ! »

Puis, avant de s’endormir, Neelahn songea que si Tigrou avait été là, il l’aurait sans doute pris pour une folle. Mais elle, elle savait bien qu’elle ne l’était pas. Elle manquait juste d’un peu de compagnie. C’est tout.

Ses rêves étaient flous et dénudés de sens. Tigrou portait une robe et avait les griffes rosées. Il lui courait après, criant qu’il avait trouvé un « homme à dépoussiérer ». Et Neelahn, tous ce qu’elle trouvait à faire, c’était de manger des tartes aux orties en beuglant qu’elle était un papillon.
Puis, quelque chose lui piqua le cou.

Dans son sommeil, la druidesse se retourna et donna une petite tape à l’endroit où elle avait sentit un petit pique. Endormie et habituée à la forêt, elle croyait qu’un moustique s’était déposé sur elle. Elle grogna un peu mais ne se réveilla pas. Lorsqu’on vivait au beau milieu d’une végétation dense, il ne valait mieux pas avoir le sommeil trop léger. Paradoxalement, de fâcheux incidents pouvaient survenir si on dormait trop à poing fermé… Et Neelahn faisait partie de cette catégorie de personne. Mais, étrangement, rien de grave ne lui était arrivé jusqu’à présent.

« Tigrou, pas maintenant, c’est trop tôt ! »

Difficile de confondre une fourrure avec les écailles d’un reptile et une voix d’homme… Et pourtant, pour certaines personnes comme Neelahn, confondre les deux étaient bien possible. Doucement, elle poussa l’animal du pied (mais de toute façon, celui-ci était déjà parti rejoindre son maître). Puis, elle se retourna. Elle sembla agacée par son « coussin » trop dur qu’elle tapota un peu. Finalement, comme si c’était une poupée de chiffon, elle le prit dans ses bras. Son sommeil devait être sans doute très profond car le poids de cette « poupée » ne l’interpelait même pas. Mais en réalité, il fallait savoir que la poupée chiffon de Neelahn, c’était son tigre blanc et ce fut sans doute pour cette raison qu’elle ne remarqua rien. Et puis, de toute manière, elle dormait et quand elle dormait, il fallait bien admettre qu’elle était un peu bête. Certaines personnes penseraient qu’il n’y avait pas que dans son sommeil que Neelahn était stupide mais ça, c’était une autre histoire…

En tout cas, l’elfe dormait vraiment et si le demi-elfe tenait à reprendre son sac, il devrait sans doute la secouer un peu. Ou alors, il pouvait toujours tenter de lui arracher le sac et partir sans un mot. C’était ce que faisait Tigrou lorsque la druidesse tenait dans ses mains quelque chose qu’il voulait.

Finalement, le coup de pied réussi à la réveiller. L’elfe cligna des yeux et se retourna. Elle se retrouva nez à nez avec le cobra. Neelahn n’avait pas particulièrement peur des serpents mais elle craignait de ce qui pouvait arriver si on leur faisait peur. Elle sourit bêtement et murmura un « salut ». Puis, doucement, elle se releva et agita ses longs cheveux blonds où le sable était venu s’incruster pendant son sommeil.

La druidesse esquissa ensuite un joli sourire en direction de l’inconnu. Il avait les bras croisés, comme s’il attendait impatiemment quelque chose. Et ce fût à ce moment là qu’elle se rendit compte d’une chose :

« C’est à vous le sac ? »

Non… Ça ne pouvait pas être vrai… Il n’était tout de même pas resté debout à attendre bêtement qu’elle lui rende ses affaires alors qu’elle dormait ?! Il était trop mignon !
Le sourire qu’elle lui adressait s’étira jusqu’à ses oreilles. Neelahn ne connaissait pas le prénom de cet homme mais elle le trouvait déjà fort attentionné et sympathique.

« Je l’ai gardé précieusement à côté de moi pour pas qu’on vous le vole. »

Et ce fut tout à fait sincère. Neelahn avait cru bon de veiller sur le sac de l’homme. Dans le désert, il suffisait qu’une tempête de sable ne se lève et hop ! Tout s’envolait (elle ne l’avait jamais vu de ses propres yeux mais ce fut ce que ses amis lui avaient rapporté) ! Il ne fallait pas non plus oublier les innombrables créatures qui rôdaient dans le coin. Attirée par la nourriture, elles ne se gêneraient pas de venir dépouiller l’homme de tous ses biens sans se soucier de lui. Et puis, il y avait aussi les personnes malhonnêtes. Certes, dans le désert, on n’avait peu de chance de tomber sur quelqu’un mais cela pouvait tout à fait arriver. La preuve, Neelahn venait de faire connaissance avec un charmant jeune homme…

« C’est très imprudent de laisser ses affaires sans surveillance, vous savez ? J’espère pour vous que vous n’avez pas laissé trainer des objets de grandes valeurs ! »

Ce n’était pas un reproche mais plutôt un conseil précieux que donne la mère à sa famille. Cela n’avait rien de méchant. De plus, même si elle avait arrêté de sourire, ses yeux pétillaient de joie et sa voix étaient enjouée.
A deux mains, l’elfe se saisit du sac de l’inconnu et le lui tendit. Ah ! Ce qu’elle aurait aimé que Tigrou soit là ! Il se serait sans doute très bien entendu avec cet homme et surtout avec le cobra qui, elle le devina toute seule, devait être son meilleur ami. Mais bon, cet idiot de félin avait préféré rester dans la forêt. Pour cette fois-ci, il s’était montré bien peureux. Il ne savait pas ce qu’il ratait !

« Bah… »

Étrange personnage. A l’entendre, on aurait presque pu croire qu’il aurait préféré que Neelahn se mette en colère et ne l’insulte de tous les noms les plus immondes de Nel Beraid. Mais pourquoi l’aurait-elle fait ? Il ne lui avait rien fait de mal. Il l’avait simplement réveillé. De plus, quelle délicate attention ! S’il ne l’avait pas fait, elle aurait pu dormir pendant toute une journée entière. Le sable aurait alors eu le temps de l’ensevelir toute entière.
Non. Vraiment. Elle avait beau réfléchir, elle ne comprenait pas en quoi son comportement pouvait être inhabituel. Mais finalement, ce n’était peut-être qu’une question de mœurs et coutumes…

« Hé ! Pauvre cobra ! Vous allez le blesser le pauvre ! »

Pauvre bête ! Que lui avait-il fait pour mériter un tel coup de pied ?
La druidesse se précipita vers le sac de l’inconnu et s’assura que le serpent n’avait rien. Elle n’osa cependant pas le toucher, de peur qu’il ne le prenne mal et se décide de la mordre. L’elfe n’aimait pas qu’on fasse du mal aux animaux (sauf lorsqu’il fallu se remplir la panse…) mais elle n’était pas prête à sacrifier sa vie pour l’un d’eux, sauf s’il se révélait être son ami.
Voyant qu’il avait l’air d’être en parfaite santé (quoi que… il avait l’air un peu affamé mais cela ne prouvait en rien qu’on le nourrissait mal…c’était peut-être un morfale comme Tigrou…), elle se releva te jeta un petit regard accusateur à l’homme. Non mais vraiment, il pouvait faire attention tout de même ! Ce n’était pas parce qu’il ne pouvait pas parler qu’il fallait le traiter comme un vulgaire balai !
Neelahn s’apprêtait à tenir un long discours sur la façon de traiter les animaux mais l’inconnu lui tînt des propos qu’elle jugea farfelu à propos du sac qu’il avait laissé sans surveillance.

« Vous avez un peu mauvais caractère… »

Simple constatation… Et pour prouver qu’elle ne voulait pas se battre avec lui, encore une fois, elle lui adressa un sourire amical. D’ailleurs, en règle générale, les gens ne souriaient pas beaucoup. En fait, on pouvait même dire qu’ils passaient leur temps à bouder pour un oui ou pour un non. En ce qui concerne l’elfe, il lui arrivait rarement d’être triste ou en colère. Pour elle, partout où elle allait, elle trouvait toujours quelque chose qui lui donnait le sourire.

« Vous savez, pour moi, la nourriture, ce n’est pas un problème… Puis, j’ai déjà tous ce qu’il faut sur moi. »

Du doigt, elle montra à l’homme le figuier qu’elle avait fait pousser avant de s’endormir. N’étant pas prédisposé à survivre dans un désert, il s’était décharné pendant la nuit mais, après quelques secondes, les feuilles reprirent de leur couleur et des fruits commençaient à mûrir à grande vitesse. Avec cette petite démonstration, l’elfe songeait que cela suffirait à faire comprendre à l’inconnu ce qu’elle avait voulu lui dire.

Tigrou aussi était un ventre sur patte et elle était même sûre qu’il mangeait deux fois plus que le serpent ! Mais ce n’était pas une raison pour le frapper. S’il avait envie de manger, pourquoi le priver ? Il fallait bien se nourrir…
Neelahn regarda distraitement l’inconnu se curer l’oreille… Pouah ! C’était dégoûtant ! Même elle qui vivait dans la forêt savait mieux se tenir. Mais bon, lorsqu’il s’agissait d’un homme, on pardonnait toujours ces écarts de bienséance…
L’elfe tourna la tête et essaya de graver dans sa tête les gestes de l’homme mais pas parce qu’elle les trouvait délicat et subtil, n’est-ce pas ? Non, la druidesse voulait mémoriser cet instant pour se souvenir que ce bipède était sale et qu’il ne fallait pas l’approcher si elle tenait à garder son hygiène… Neelahn aussi n’était pas propre… En tant que druidesse, il lui arrivait parfois de prendre la terre entre ses mains et rappelons que la terre était sans doute la chose la plus sale de tous ce qui pouvait exister sur ce monde. Issu de la décomposition des débris végétaux par les insectes, les vers de terre, les champignons, les bactéries, l’humus était ce qu’il y avait de plus présent là où Neelahn habitait. Mais étrangement, voir des personnes travailler la terre était toujours moins répugnant de regarder quelqu’un se curer l’oreille…

« De rien, joli cobra ! »

Ah ! Neelahn trouvait cela tellement formidable ce lien que pouvait relier une personne avec un animal. L’inconnu était capable de comprendre son reptile sans que ce dernier n’eût besoin de parler. Avec Tigrou, c’était pareil. Parfois, il suffisait à l’elfe de le regarder pour comprendre exactement ce à quoi il pensait.

« Hé ! »

Neelahn reçu du sable sur le visage. Elle toussota un peu et ses yeux se mirent à pleurer. Apparemment, quelques grains s’y étaient incrustés.

« Ce n’est pas très gentil… »

A ce moment, on aurait pu se demander si ce furent les grains de sable ou si c’était la tristesse qui l’avait gagné qui la faisait pleurer. Les yeux rivés au sol, l’elfe renifla un peu et sortit un mouchoir pour essuyer ses larmes. Pourtant, sa bonne humer revînt au galop lorsque l’homme lui proposa de l’accompagner, même s’il lui avait lancé au préalable quelques mots désagréables.

« Attends-moi ! »

Elle cueillit les figues de son arbre et couru à toute vitesse rejoindre l’inconnu. Partir vers l’inconnu sans prendre son petit-déjeuner était plutôt déconseillé. Elle dévora ses fruits en peu de temps. Elle n’avait pas apporté grand-chose avec elle, préférant voyager léger. La druidesse avait tout de même prit soin de remplir deux gourdes d’eau et avait apporté de la viande séchée. Ce n’était pas qu’avec des fruits qu’elle allait trouver la force de traverser tout le désert. Toutefois, depuis qu’elle s’était perdue, Neelahn avait préférer économiser ses réserves de viande, juste au cas où. Certes, elle était de nature trop optimiste mais elle connaissait les dangers du désert. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, elle s’était renseignée avant de mettre les pieds dans ses collines de sable bien que sa perception du mot « renseigner » était assez étrange, puisqu’il consistait à demander simplement s’il y avait beaucoup de choses à voir....

« Puisqu’on va faire un bout de chemin ensemble, on se tutoyer maintenant, hein ? Comment tu t’appelles ? Moi, c’est Neelahn. D’habitude, Tigrou m’accompagne toujours mais là, il a préféré rester dans la forêt. »

Elle proposa ensuite à l’homme quelques figues. Elle jeta aussi un coup d’œil au cobra. Elle savait que les fruits ne l’intéresseraient pas mais par politesse, elle lui tendit tout de même une figue. Ah ! Ce qu’elle était contente de se faire de nouveaux amis !

Économiser ? Drôle de notion. Pourquoi devrait-elle faire cela alors qu’elle pouvait faire apparaître toutes sortes de fruits et légumes ? N’avait-il toujours pas compris qu’elle était une caisse d’approvisionnement sur pattes ou craignait-il simplement qu’elle ne puisse pas se servir de son pouvoir lorsqu’ils en auraient besoin ?
Mais soit, puisqu’il ne voulait pas manger, Neelahn ne le força pas. Elle pensa alors que la mère de Cirdan aurait été très mécontente si elle voyait que son fils ne se nourrissait pas assez. On voyait bien qu’il ne s’entretenait pas. Il suffisait de voir ses cheveux ; ils étaient aussi blancs qu’un mage centenaire et édenté ! Et non seulement ils étaient blancs mais en plus, il ne les coupait pas, ce qui lui donnait des allures de fillettes musclées. Une idée taquine traversa alors l’esprit de l’elfe qui se demanda si Cirdan accepterait qu’elle lui tresse la chevelure. Et, au-delà de la tête qu’il pourrait avoir, cela lui serait plus pratique que de garder des cheveux détachés. Il faisait tellement chaud dans ce désert qu’elle se serait bien volontiers transformé en colibri !

Un sourire en coin, elle s’amusait à imaginer son guide avec un chignon ou une fleur dans les cheveux. Elle commençait à s’ennuyer dans ce désert. Partout, on ne voyait que du sable. On aurait pu se trouver n’importe où, le paysage aurait toujours été le même, ce qui rendait très vite lassant la petite excursion que Neelahn avait choisi de faire.
Plus tard, elle imagina Cirdan avec une robe et du maquillage. Elle ne put s’empêcher de pouffer de rire mais se garda bien de révéler à haute voix ses petits délires. Et même si elle se moquait un peu de l’homme, elle fût toutefois persuadée que ses cheveux devaient être aussi doux que celui d’un bambin. Ils lui rappelaient l’hiver, le pelage de Tigrou et, pour une raison mystérieuse, une bonne soupe à l’oignons*…

La tête dans les nuages, Neelahn avançait donc sans réellement regardait aux endroits où elle posait les pieds. Elle était même tellement ailleurs qu’elle percuta violemment la main de Cirdan lorsque celle-ci lui barra la route.

« Hein ? Quoi ? Euh… non. Que se passe-t-il ? » dit-elle comme s’il venait de la réveiller

Ses yeux sondèrent le sol mais ne virent rien de dangereux. Cirdan aurait-il attrapé un coup de soleil ? Ah ! C’était la première fois que Neelahn mettait les pieds dans un désert et elle se disait que ça serait sans doute la dernière fois ! Non seulement, le paysage était ennuyeux à mourir mais en plus, on y crevait tellement de chaud qu’on finissait par avoir de stupides hallucinations et… Oh ! Cirdan avait finalement raison !
Bouche bée, la druidesse contempla la bête qui sortait de sous le sable (on aurait pu utiliser le mot « admirer » mais cela aurait été une caricature trop grossière de la situation qui, rappelons-le, n’avait strictement rien de drôle !). Pendant sa balade dans le désert, Neelahn avait eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises ces petites bêtes à pinces mais là, c’était la première fois qu’elle en voyait un aussi gros !

« Wouah ! Elle est trop belle ! Hey ! Salut toi ! Moi, c’est Neelahn, et toi ? »

Mais alors qu’elle était en train de se présenter au gigantesque scorpion, Cirdan lui demanda si elle savait se battre. Ses yeux faillirent alors sortir de leur orbite. Il n’avait tout de même pas l’impression de tuer cette bête ! Elle ne leur avait rien fait et elle était tellement magnifique ! Cet homme avait vraiment attrapé un coup de soleil !

« Hé attends ! Elle veut peut-être nous dire bonjour et nous avertir qu’il y a un danger dans la direction que nous sommes en train de suivre ! »

Neelahn regardait le katana de Cirdan et on voyait nettement que l’arme l’effrayait mille fois plus que la bête géante. Paniquée à l’idée qu’il lui fasse du mal, l’elfe fit pousser une liane. Celle-ci vînt s’entourer autour de la taille de l’homme et la tira doucement en arrière.
Puis, soudainement, elle repensa aux paroles qu’il lui avait sorti. Il l’avait conseillé de rester en arrière pendant qu’il s’occuperait du scorpion. Décidément, il était trop mignon ! Toutefois, il n’avait rien à craindre. Ce n’était qu’une petite bête inoffensive. Elle n’attaquerait sans doute pas si elle ne voyait aucune menace. Il fallait à tout prix que Cirdan rengaine son arme. Il allait lui faire peur !

« Mais non, on ne va pas mourir ! Arrête de l’embêter ! »

Dépitée, Neelahn aperçu Cirdan trancher la liane qu’elle venait de faire apparaître comme si ce n’était qu’une petite brindille.
Et alors qu’elle s’avançait vers lui, une bourrasque la percuta de plein fouet. L’elfe n’eût même pas le temps de l’apercevoir arriver sur elle qu’elle était déjà tombée au sol. Certes, pour le coup, la veinarde n’avait pas eu beaucoup de chance mais il valait mieux se faire renverser par un petit coup de vent que de se retrouver dans la situation délicate de Cirdan, n’est-ce pas ?
Une nouvelle fois, la face de la pauvre Neelahn* se retrouva à bouffer du sable. Elle se releva péniblement et secoua la tête. Une mèche de cheveux entre ses doigts, elle fut déçue de voir que celle-ci était parsemée de grains. Certes, ce Cirdan était mignon mais il aimait bien l’embêter !
Sortant une brosse de son sac, la druidesse s’acharner à enlever le sable incrusté sur sa chevelure pendant que l’homme s’entêtait à bomber du torse devant le scorpion. D’ailleurs, il fini par récolter des ennuis et la druidesse décida de ne pas intervenir. Il lui avait demandé de rester derrière et de ne pas le gêner. Alors voilà, elle faisait ce qu’il lui demandait !

Lorsque le scorpion se retourna vers elle, la jeune femme lui adressa un joli sourire et lui dit que, de toute façon, Cirdan était une grosse tête de mule et qu’elle était vraiment désolée. La bête se retourna et la druidesse s’assit en fleur de lotus avant de continuer à démêler ses cheveux. Pourtant, une chose attira une attention. Elle releva les yeux en direction de la bête géante et constata avec effroi qui lui manquait deux pattes !

« Cirdan ! Arrête, tu lui fais mal ! »

Pour la seconde fois de la journée, Neelahn se mit à pleurer. Et cette fois-ci, personne ne pouvait se tromper ; c’étaient des larmes de tristesse qui coulaient le long de ses joues. Qu’avait fait le scorpion de si mal pour mériter de souffrir ainsi ? Comment allait-il continuer à survivre dans ce milieu si rude s’il lui manquait deux pattes ? Comment parviendrait-il à se nourrir et à fuir ses ennemis ? Cirdan ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait… Oui, c’était sûrement ça…

« Arrête, ça suffit ! » hurla-t-elle

Et pourtant, elle le savait, il ne restait plus aucune issue possible. Le scorpion avait trop souffert et la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de le tuer. Ainsi, il ne ressentirait plus la douleur et il serait en paix.
Pendant que Neelahn murmurait des paroles elfiques, des lianes sortirent du sable et vinrent s’enrouler autour du scorpion, tentant de l’empêcher d’avancer. N’ayant jamais fait face à un scorpion géant auparavant, elle ne savait pas quelle partie il fallait viser pour le tuer d’un coup sec. Elle ne voulait surtout pas lui faire davantage du mal. Ce que Cirdan venait de lui infliger était déjà beaucoup trop. Elle ne voulait pas en rajouter. Sa flèche, pointée en direction de la bête, hésitait sur sa trajectoire. Finalement, la druidesse finit par baisser son arc.

« Dépêche-toi de l’achever, s’il te plaît. » souffla-t-elle à Cirdan

Puis, elle entama un chant elfique pour que l’âme du scorpion puisse trouver la paix dans l’au-delà. Tête baissée, l’elfe essuya ses larmes. Elle ne voulait pas voir l’elfe tuer le scorpion ; ou plutôt, elle ne voulait absolument pas voir de quelle manière il mettrait fin à la vie de la pauvre créature. Alors, les yeux fixés sur le sable, elle continua chanter doucement…

Ouais. Tu parles.
« le plus rapide possible »… Neelahn avait cru qu’il y avait plutôt mis une éternité ! Elle n’avait pas une seule seconde levée les yeux sur le combat, attendant que l’homme vienne lui annoncer que c’était fini. Et quand il la remercia pour l’aide qu’elle lui avait fournie, tous ce qu’elle trouva de mieux à faire, c’était de ramasser du sable pour le lui balancer à la figure.

« Imbécile ! »

S’il n’avait pas été aussi crasseux, l’elfe l’aurait probablement martelé de coups de poing. Mais visiblement, l’espèce de matière verdâtre dont il était recouvert l’en dissuada. Et elle en fut d’autant plus écœurée en voyant que cela n’avait pas l’air de trop déranger Cirdan. Décidément, cet être était vraiment sale !

« Tu devrais te laver. Tu es répugnant. »

La druidesse jeta alors une de ses gourdes d’eau devant l’homme et se dirigea vers le cadavre du scorpion. Elle s’arrêta à quelques pas de lui et fouilla dans son sac. Sa main saisit un récipient vide. Elle en avait toujours un sur elle, au cas où elle tomberait sur une belle découverte.
Une dague vînt se planter dans l’aiguillon du scorpion. Minutieusement, Neelahn recueillit dans sa grande fiole le venin qui y coulait. N’étant par surchargée par la nourriture, l’elfe avait pu transporter plusieurs boîtes et récipients dans son sac. Pour la première fois, elle rentrerait le sac plein.
Et pendant que le venin coulait dans la fiole, Neelahn fit le tour de la grosse bête, tapotant la carapace du bout de la manche de son arme. Elle avait l’air résistante et ses amis trouveraient sûrement quelque chose d’utile à faire avec. De plus, l’elfe se disait qu’elle en vendrait aussi une partie au marché de Naturalia. Ce genre de chose devait sans doute avoir une petite fortune.
Cherchant alors un endroit où elle pourrait retirer une partie de la carapace du scorpion sans l’abîmer, la pointe de l’arme s’enfonça dans le cadavre. Neelahn n’avait pas assez de place dans son sac pour tout récupérer mais elle se disait que ce serait déjà amplement suffisant.

Non mais franchement ! Pourquoi Cirdan avait-il provoqué cette malheureuse bête ! Elle ne leur avait rien fait ! Mais bon, l’elfe tenta de se consoler en songeant qu’elle rentrerait le sac rempli de souvenirs. D’ailleurs, en parlant de son sac, elle y sortit plusieurs chiffons et essuya les morceaux de carapaces qu’elle venait de retirer.

Il lui arrivait rarement de s’énerver. Pourtant, avec Cirdan, Neelahn avait l’impression d’être devenue une autre personne. Si elle s’écoutait, l’homme aurait été accroché la tête en bas sur un cactus. Il lui avait sorti une réplique, comme si elle était en train de profaner un cadavre. Pour une fois, elle eût l’intelligence de se taire, s’étant dit que si elle répliquait, il allait enchaîner sur une de ses autres réponses cinglantes. Elle ne voyait pas ce qu’elle faisait de mal. Le scorpion était mort. Son corps ne lui servirait à rien là où il irait. Pour elle, une enveloppe corporelle, c’était comme un vêtement. Certes, lorsqu’on se retrouvait avec un bras en moins, c’était plutôt ennuyant mais lorsqu’on mourrait, ce genre de chose n’avait plus d’importance.

Lorsqu’elle termina de faire son « commerce », elle rangea toutes ses affaires dans son sac et n’oublia pas de récupérer sa fiole. Elle avait de la peine pour le scorpion mais il était trop tard pour réparer les erreurs d’un sombre crétin qui voyait le mal partout.
Elle se demanda alors si elle allait continuer à le suivre ou si elle devait suivre son chemin seule. Il avait l’air de bien connaître le désert et il aurait sans doute capable de lui montrer une nouvelle variété de plante, un animal qu’elle n’avait jamais vu auparavant ou même un endroit où il n’y avait pas que su sable, du sable et encore du sable. Pourtant, malgré l’optimiste débordant qu’elle possédait, Neelahn dut de faire face à une vérité : depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ils se disputaient comme chat et chien.

« C’est par où pour aller à la forêt, s’il te plaît ? »

L’elfe s’était plantée devant Cirdan, son sac à dos remplir sur l’épaule. En sentant le poids de son bagage, elle réalisa alors qu’il lui serait un peu pénible de rentrer chez elle à pieds. En se transformant en colibri, elle n’aurait sans doute pas eu de problème pour faire le chemin jusqu’à la forêt. A vrai dire, elle aurait même eu la possibilité de rentrer dix fois plus vite mais elle n’aurait alors pas pu transporter son sac…

« Comment tu t’es fait tous ça ? »

Elle venait de remarquer les nombreuses balafres de l’homme. Où avait-il mis les pieds pour recevoir autant de blessures ? Cela n’avait pas du être facile pour lui. Mais alors qu’elle commençait à avoir de la compassion pour Cirdan, elle se donna mentalement une claque. Elle n’avait pas à être triste pour lui. En repensant au pauvre scorpion, Neelahn pensa que ses cicatrices étaient dues à d’autres affrontements stupides qui n’avaient pas lieu d’être.

« Non, en fait, je m’en fiche. » dit-elle alors aussitôt après avoir posée sa question.

De toute façon, elle ne le connaissait pas et elle n’avait pas à lui poser de question sur sa vie.

« Alors, tu sais ou pas pour la forêt ? »

Croisant les bras, Neelahn attendait que Cirdan lui réponde. Au bout de quelques secondes, voyant qu’il ne disait rien, elle entrouvrit la bouche, s’apprêtant à reposer sa question. Elle réalisa alors que ce n’était pas la peine. L’homme l’avait bien entendu et avait délibérément choisi de ne pas lui répondre.
Les yeux ronds, l’elfe le regarda astiquer son arme. C’était la première fois qu’elle tombait sur ce genre de personnage. Pourtant, elle ne s’était pas montrée désagréable. Elle lui avait fait la conversation, proposer quelques figues et avait même gardé son sac pendant que, soi-disant, il la surveillait. Certes, lorsqu’on se montrait aimable et altruisme envers quelqu’un, il ne fallait jamais attendre quoi que ce soit en retour. Mais tout de même. Cirdan aurait pu au moins éviter de lui lancer du sable à la figure.

Les secondes passaient, Neelahn se sentait un peu bête à rester là, à attendre une réponse qui semblait ne pas vouloir venir. Pendant un instant, elle songea même à prendre son sac. Tant pis, elle se débrouillerait seule dans cet immense endroit rempli de rien du tout. Mais bon, elle aurait préféré que Cirdan lui dise par où se trouvait la forêt. Elle ne tenait pas beaucoup à tourner en rond.

« Bifurquer comment ? »

A gauche ? A droite ? Le faisait-il exprès ou quoi ? Il n’y avait même pas de route tracée dans le désert. Comment pourrait-elle savoir si elle tournait suffisamment dans une direction ou non ? …
Et voilà ! Il s’était déjà mis en route !
Après s’être assuré qu’elle n’avait rien oublié, Neelahn couru le rejoindre.

« Je sais que tu ne m’aimes pas mais si tu veux te débarrasser de moi, il faudra être un peu plus précis… A moins que tu sois incapable d’avouer que tu préfères que je fasse un bout de chemin avec toi… »

C’était la conclusion qu’elle s’était faite. Si Cirdan avait vraiment voulu se débarrasser d’elle, il lui aurait indiqué exactement le chemin à suivre pour rentrer chez elle. Elle aurait suivit ses indications et il aurait pu retrouver le calme plat du désert.
Mais bon, l’elfe comprenait aussi que voyager tout seul au beau milieu de ces interminables étendues de sable n’avait rien de très joyeux. Avoir quelqu’un à ses côtés (aussi pénible soit-il) permettait de sentir moins seul. Bien sûr, l’homme avait son cobra mais celui-ci n’avait pas l’air très bavard et préférait passer son temps à dormir et manger.

« Moi en tout cas, même si tu as mauvais caractère, je t’aime bien. »

Et c’était sincère. Même si depuis le début, il lui donnait des envies de meurtres, il lui avait proposé de l’accompagner et s’était débrouillé devant le scorpion géant sans lui demander de l’aide. Évidemment, elle continuait encore à lui en vouloir d’avoir tuée la bête. C’était peut-être une créature rare et, en la tuant, Cirdan avait contribué à son extinction. Pauvre scorpion.

« On va marcher pendant longtemps ? »

Oui parce que, Neelahn avait déjà beaucoup marché et elle aurait bien aimé retrouver sa chère forêt… Elle n’avait pas mal aux jambes mais elle n’aurait pas dit non à une petit brise ou un petit coin d’ombre.

Mouï. Bon. Ok. C’était un bel argument. Mais bon. Neelahn aurait préféré avoir raison. Toutefois, les paroles de Cirdan lui permirent de monter un cran de plus dans l’estime de l’elfe (en même temps, ce n’était jamais très compliqué de monter dans l’estime de Neelahn…). Même s’il avait mauvais caractère, c’était quelqu’un de bien, qui obéissait à des règles de conduites tout à fait honorables. Bon nombre de personnes, trop épuisée par la chaleur du désert, n’aurait pas pris la peine de venir en aide à des gens en difficulté. Mais Neelahn n’était pas en difficulté, n’est-ce pas ? Elle ne l’était jamais. Elle cherchait seulement le chemin le plus court pour rentrer chez elle. Elle ne mourrait pas de soif et aucune créature dangereuse ne lui courait après dans l’intention de la dévorer. Tout allait pour le mieux du monde.

« Oh ! »

Ah bah voilà ! Cirdan reconnaissait enfin qu’avoir quelqu’un avec qui marcher ne lui déplaisait pas ! Le sachant susceptible, Neelahn ne répondit rien. Ses lèvres ne purent toutefois pas s’empêcher de s’étirer en un large sourire, reflétant ainsi clairement ce qu’elle pensait. Finalement, elle avait eu raison !

« Wouah ! »

Son instinct ne l’avait pas trompée. Neelahn avait bien fait de suivre Cirdan car la voici devant une oasis ! Une vraie !
Lorsqu’elle aperçut de loin, l’elfe s’était frotté les yeux. Elle avait entendu parler des mirages qui donnaient aux yeux l’impression de voir une étendue d’eau mais qui en réalité n’en était rien. Mais au fur et à mesure qu’elle approchait, il ne put y avoir aucun doute : c’était bien un oasis qui se dressait devant elle !

« T’es trop fort ! »

Elle serra fort le nomade dans ses bras, trop heureuse de tomber sur un coin du désert où il y avait des arbres et même des oiseaux ! Elle le relâcha aussi très vite pour courir jusqu’au point d’eau. Son sac tomba au pied d’un des grands palmiers. Approchant à grandes enjambées, Neelahn fit fuir les oiseaux qui s’abreuvaient au bord du lac. Elle rit bêtement, un peu confuse de leur avoir fait peur.
Puis, tout d’un coup, elle disparu. Il ne resta plus que ses vêtements et… une petite boule qui avait l’air de chercher la sortie sous cette pile de tissus.

Lorsqu’il réussit à voir la lumière, le petit oiseau tourna la tête à gauche, puis, à droite. Il vînt faire quelques prouesses aériennes sous les yeux de Cirdan. En plus du physique, un petit vrombissement caractéristique put alors indiquer au nomade qu’il s’agissait d’un colibri. Puis, il vola sur place, semblant contempler le nomade pendant un bref instant et alla faire le tour de l’oasis. L’oiseau s’arrêta devant plusieurs fleurs et les butina quand elles avaient l’air de lui plaire. Mais dans l’ensemble, il avait plutôt l’air de s’amuser. Il alla explorer le sommet des palmiers et piqua en direction du sable. Difficile de suivre l’oiseau du regard sans avoir le tournis.

Puis, après avoir jugé qu’il fini d’explorer tout l’oasis, il fonça en direction du lac. A cette vitesse, on aurait facilement pu croire qu’il voulait en finir avec sa vie en se noyant (bien que cela ait pu paraître étrange après le petit tour joyeux qu’il avait fait).

« Ah bah ça fait franchement du bien ! »

A la place du colibri qui venait de faire « splash ! » dans le lac se tenait désormais Neelahn. L’eau lui arrivait jusqu’au cou. Elle fit un petit coucou de la main aux animaux qui étaient près d’elle. Ils la regardèrent un instant avec des yeux ébahis et finirent par tous décamper à grande vitesse. Une nouvelle fois, elle éclata de rire.